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A - CORRADO FEROCI (1892-1962) (คอร์ราโด เฟโรชี) 3


CORRADO FEROCI (1892-1962)

(คอร์ราโด เฟโรชี)

 

 

 

Avertissement : Je n'ai pas trouvé de livre sur la vie de Corrado Feroci alors j'ai été obligé de prendre en compte ce que j'ai pu glaner sur le net. Cependant j'ai vérifié autant que possible toutes les informations qui me sont tombées sous les yeux. Alors grâce aux temps du subjonctif et du conditionnel je devrais être très proche de la réalité.

 

 

 

 

 TROISIÈME PARTIE

 

 

 

           LA ''DEUXIEME'' PERIODE THAÏLANDAISE

  de

      SILPA BHIRASRI

 

          (1945 – 1962)    

 

 

     

 

 

              Silpa Bhirasi (Corrado Feroci) sculpté par ses élèves.

 

Photo 1 : Silpa Bhirasi par Misiem Yipintsoï (1955) (มิเซียม ยิบอินซอย)

Photo 2 : L'artiste Misiem Yipintsoï (1955) (มิเซียม ยิบอินซอย)

 

Photo 3 & 4 : Deux autres bustes de Corrado Feroci se trouvant dans le musée Silpa Bhirasi de l'université de Silpakorn. Le buste de gauche, un bronze de 72 cm de haut, est de Khien Yimsiri (1922-1971) (เขียน ยิ้มศิริ)

 

 

 

Résumé des deux premières parties.

 

Après avoir vu le jour à Florence, et assuré sa formation artistique dans cette même ville, Corrado Feroci insatisfait de sa situation répond à une offre du roi du Siam, Rama VI, qui cherchait alors un sculpteur.

 

Ils sont deux cents à poser leur candidature !....

 

Ce sera Corrado Feroci que le prince Naris choisira et … par la suite … protègera.

 

Dans sa nouvelle ''patrie'' d'adoption Corrado Feroci va vivre un rêve. Tout est à faire, ou presque. Alors il va se retrousser les manches et se donner corps et âme à l'art qui sera son seul et unique maître quelque soit la personne se trouvant au pouvoir.

 

Car Corrado Feroci ne va pas servir un homme ou un régime, mais l'art et une terre qu'il affectionne plus que tout au monde, y compris sa famille.

 

 

Hélas pour lui, et pour le Siam, un certain Plaek Phibun Songkhram (1897-1964) (แปลก พิบุล สงคราม) va prendre les destinés du pays en main et conduire le Siam, pardon … la Thaïlande … dans le sillage des forces de l'axe (Italie-Allemagne et Japon) des pays fascistes et nazis par excellence ; et ce n'est pas le moins qu'on puisse dire !...

 

L'axe commence par triompher, puis en 1945 la situation se renverse. Les alliés prennent l'avantage. Alors la Thaïlande sort de sa manche sa carte ''free-thaï''.

 

Des Thaïlandais auraient œuvré dans la clandestinité pour chasser les Japonais de leur pays ?!...

 

La couleuvre passe auprès des alliés, mais ''précautionneusement'' Corrado Feroci alias Silpa Bhirasi retourne au pays de ses ancêtres, et vraisemblablement avec la bénédiction des nouveaux maîtres de la Thaïlande, dont la plupart étaient en poste sous le régime de Phibun … avec leur carte ''free-thaï'' en poche … mais tout au fond … bien évidemment !...

 

 

Très vite la guerre froide va prendre le relais de celle qui vient de se terminer. Comme les américains, à l'instar des Japonais, vont avoir besoin de la Thaïlande sur un plan stratégique pour lutter contre le communisme, ils vont fermer les yeux sur les anciens états de service de nombre de personnalités ; et d'autant plus que la Thaïlande va être … très bienveillante à leur égard.

 

L'orage étant passé, et plus vite que prévu sans faire de vrais dégâts, Silpa Bhirasi est alors officiellement prié de revenir en Thaïlande.

 

Ce dernier, qui ne devait attendre que cela, répondra favorablement à la demande. Son … exil … n'aura été que de très courte durée.

 

La Thaïlande est un pays merveilleux où tout finit par s'arranger à la plus grande satisfaction de tous !... la preuve !

 

 

     

 

 

          Silpa Bhirasi (Corrado Feroci) peint par un de ses élèves.

 

A gauche & à droite : Silpa Bhirasi par Fua Haribhitak le meilleur élève peintre du maître, selon les dires de Silpa Bhirasi.

 

La photo de gauche est un pastel sur papier de 36X26 cm, réalisé en 1935.

La photo de droite est une huile sur toile peinte en 1962.

Elle fut présentée et primée lors des journées Silpa Bhirasi qui s'étaient alors tenues du 22 au 27 avril 1962. Quelques jours plus tard, le 14 mai à 20 heures 10, Silpa Bhirasi quittait notre monde.

 

 

Au centre : Fua Haribhitak ou Haripitak (1910-1993) (เฟื้อ หริพิทักษ์)

 

 (Les deux œuvres se trouvent au musée de l'université de Silpakorn. Fua Haribhitak en a fait don au musée par reconnaissance envers son maître, Silpa Bhirasi.)

 

 

 

 

De retour en Thaïlande, Silpa Bhirasi va se remettre à l'œuvre ou … aux œuvres en cours qu'il avait du laisser en plan.

 

Non satisfait d'œuvrer intérieurement tous azimuts, et de donner à de jeunes artistes l'éducation qui va leur permettre de devenir des ''maîtres'', à l'égal des occidentaux pour reprendre un leitmotiv cher à Rama V et à Rama VI, Silpa Bhirasi va s'employer aussi à les mettre sur le devant de la scène mondiale.

 

Alors en 1947, Silpa Bhirasi organise une exposition des œuvres de ses élèves en l'ambassade de Thaïlande à Londres. Cette équipée Londonienne sera aussi pour lui, l'occasion de fouler son sol natal pour une troisième fois et vraisemblablement de préparer le terrain pour de prochaines expositions.

 

 

Deux ans plus tard, en 1949 du 11 février au 10 mars, il mit sur pied la 1ère grande exposition nationale. Une exposition d'envergure où tout un chacun pouvait ''accrocher'' l'une de ses œuvres dans un des lieux promotionnels prévus à cette occasion, et proche du domicile de l'artiste en herbe.

 

Cette manifestation nationale aura été un tel succès qu'elle a toujours lieu aujourd'hui sous le nom des ''journées Bhirasi''.

 

Ce fut aussi cette année là qu'il retournera en Italie pour la quatrième fois et, avec toute sa famille. Mais il en repartira seul après un divorce à l'amiable en laissant ses deux enfants à sa femme. L'art passait bien avant sa famille.

 

Son deuxième enfant, un garçon prénommé Romano, avait vu le jour au Siam. Alors qu'il était enfant son père sculpta son buste qui est aujourd'hui au musée de l'université sous le nom de Romano Viviani, le nom de sa mère !...

 

 

     

 

 

                    1949 : PREMIERE EXPOSITION NATIONALE.

 

Photo 1 : Le grand lauréat de cette exposition dans la section sculpture fut Khien Yimsiri (1922-1971) (เขียน ยิ้มศิริ).

 

Photo 2 : ''le joueur de khloui'' comme je l'appelle mais qui en fait s'intitule ''Khloui-thip'' (ขลุ่ยทึพย์) c'est-à-dire ''Flûte divine'' ou encore ''La flûte céleste'', est un bronze de 55X38 cm.

Ce fut l'œuvre, aujourd'hui mille et une fois copiées, pour laquelle Khien Yimsiri reçut la 1ère médaille d'or de la catégorie sculpture de ces premières journées nationales.

 

Khien Yimsiri fit don de son œuvre au musée Silpa Bhirasi. Les copies sont nombreuses. Il y en a une dans la cour de l'Université Silpakorn. (Photo 4)

 

Photo 3 : ''La mère et l'enfant'' ''Mé-kap-louk'' (แม่กับลูก) un bronze de 85 cm de haut daté de 1951, et signé lui aussi … Khien Yimsiri. Un artiste de talent non ?....

 

 

 

Bien évidemment, malgré toutes ses activités la sculpture reste sa tâche principale. Ainsi le prince de Songkhla va avoir l'honneur d'être sculpté par le maître. Et en 1950 son élève préféré Sanan Silakorn (สนั่น ศิลากร) se charge du moulage.

 

En 1954, du 28 septembre au 5 octobre, lui qui était plutôt casanier, va se rendre pour la cinquième fois en Italie, à Venise très exactement.

 

Cette fois c'est pour représenter la Thaïlande, l'un des 30 premiers membres de l'UNESCO, à la première Assemblée générale de l'Association des Artistes Indépendants pour ''étudier les conditions concrètes de la liberté des artistes'', et ''rechercher les moyens d'associer plus étroitement ceux-ci à l'œuvre de l'UNESCO''.

 

En 1952, toujours à Venise, la Thaïlande avait été représenté par Chitra Buabusaya ou Prakit (jit) Buabusaya (ประกิต (จิตร) บัวบุศย์) un artiste peintre qui vient de fêter ses 100 ans le 5 avril 2011 !...

 

 

   

 

 

A gauche et à droite : Prakit (jit) Buabusaya (ประกิต (จิตร) บัวบุศย์) (1911)

 

Au centre : ''India Laburnum'' une huile sur toile de 50X70 cm qui fut l'une des œuvres exposées à la Galerie d'art CP Seven de Bangkok du 6 au 30 août 2007 à l'occasion du 80ème anniversaire du roi Rama IX. Elle est signée … bon pied bon œil … (Il avait alors 96 ans) Prakit (Jit) Buabusaya.  

 

 

 

Outre ses sculptures en tous genres, ses cours, ses séminaires Silpa Bhirasi se consacra aussi à l'écriture sous forme d'articles, de livres et même d'un dictionnaire à l'usage des artistes siamois. (*)

 

 

(*) Liste de quelques articles et ouvrages de Silpa Bhirasi.

 

1943 – La théorie des couleurs

1944 – La théorie de la composition

1954 – Un article sur les caractéristiques du cheval du roi Taksin

1957 – Le patrimoine thaïlandais d'art ancien

1959 – Une nouvelle découverte de la peinture thaïlandaise

        -  Origine et évolution des peintures murales thaïlandaises.

1962 – Une recherche sur les peintures murales de l'école de Nonthaburi

1962 – Une appréciation de l'art de Sukhothai

 

Entre 1942 et 1944 un glossaire Italiano-Siamois.

 

 

 

 

Entre 1956 et 1959 la réalisation de monuments n'a pas cessé. En voici trois parmi de nombreux autres !...

 

 

   

 

 

Photo 1 : 1956/59 Le monument du roi Naresuan à Don Chedi dans la province de Suphanburi. (อนุสาวรีย์สมเด็จพระนเรศวรมหาราช)

D'après le prince Damrong Rajanuphab (1862-1943) (ดำรงราชานุภาพ), un historien frère de Rama V qui redonna à sa façon son passé au Siam, le Chedi de Suphanburi à été construit sur la demande du roi Naresuan pour commémorer sa victoire sur le prince Birman Minchit Sra (1446 ?-1593) (Mingyi Swa en Birman) le 18 janvier 1593 au lieu dit Nong Sarai.

Lors de ce combat singulier à dos d'éléphant le prince Birman fut tué et Ayutthaya retrouva alors son indépendance.

 

Le combat singulier était alors une pratique courante pour éviter des morts inutiles, en tout cas plus utiles à cultiver la terre qu'à agonir sur un champ de bataille. Une vie était alors très précieuse.

    

C'est près du Chedi que s'élève aujourd'hui le monument de Silpa Bhirasi qui fut assisté de Sitthidet Saenghiran (1916-1957) (สิทธิเดช แสงหิรัญ) Pakom Lekson (ปกรณ์ เล็กสน) et Sanan Silakorn (สนั่น ศิลากร) entre autres, pour le réaliser.

 

L'inauguration eut lieu le 25 janvier 1959 jour de la fête des armées. Ce qui en dit long sur la symbolique de ce monument.

 

Photo 2 : 1957 Le monument de Phraya Rasadanupradit (1857-1916) (พระยานุรัษฎานุประดิษฐ์). Pour œuvrer sur ce monument Silpa Bhirasi fut assisté de Sitthidet Saenghiran (1916-1957) (สิทธิเดช แสงหิรัญ).

 

Phraya Rasadanupradit ou Phraya Ratsadanupradit Mahison Phakdi n'était pas issu de la famille royale mais d'une famille chinoise. Un fait suffisamment rare pour mériter d'être signalé.

 

Cet homme se montra un excellent administrateur et développa entre autres la culture de l'hévéa qu'il introduisit à Trang, c'est pourquoi son monument s'élève dans le parc de cette ville du sud de la Thaïlande.

 

Photo 3 : Le monument de Phra Khruba Sri Vichaï (อนุสาวรีย์ พระ ครูบา ศรี วิชัย) qui s'élève au pied et au long de la route conduisant au Wat Suthep à Chiang-Maï.

 

Pour sculpter ce monument Silpa Bhirasi fut assisté par Khien Yimsiri (1922-1971) (เขียน ยิ้มศิริ) le sculpteur de ''La flûte divine''. En fait le maître n'aurait sculpté que la tête.

 

Une chronique est en cours d'écriture sur Phra Khruba Sri Vichaï un moine qui … ''remua'' le Lanna à une époque où les ''remous'' n'étaient pas très bien vus !....

 

 

 

En 1959 Silpa Bhirasi se sentant sans doute un peu seul et  écrasé par sa tâche va se … remarier avec une jeune fille de 38 ans plus jeune que lui. Il avait alors 67 automnes et elle 29 printemps.

 

L'heureuse élue Malini Kenny (1930-2008), dont le père était d'origine caucasienne et la mère thaïlandaise, était l'une de ses élèves.

 

Elle a du faire bien des jalouses, car il n'est pas rare que des élèves tombent amoureuses de leur professeur !....

 

Ils ne vivront ensemble que … trois ans, car le 14 mai 1962, Silpa Bhirasi s'éteindra des suites d'un cancer à l'hôpital de Siriraj (โรงพยาบาลศิริราช) de Bangkok. Il avait alors soixante dix ans, dont les quarante dernières années furent une passion ''artistico-thaïlandaise'' !....

 

Malini Kenny s'en ira finir sa vie en Italie où elle se remariera et s'éteindra sans avoir eu d'enfant à l'âge de 78 ans !... en 2008 !... il n'y a donc pas si longtemps !...  

 

Avant de rendre son dernier soupir Silpa Bhirasi lui écrira une lettre en forme de testament. (*)

 

     

 

 

Photo 1 : Le buste de Malini qui sortit des mains de Silpa Bhirasi et dont elle fit don au musée.

 

Photo 2 : La lettre en forme de testament que Silpa Bhirasi écrivit à Malini avant de rendre l'âme.

Vous remarquerez que si l'art passait avant les siens, il ne les oubliait quand même pas !...

 

Photo 3 : Le même buste de Malini mais au côté de celui de Silpa Bhirasi sculpté lui par Chalood Nimsamur (ชลูด นิ่มเสมอ) et tels qu'ils étaient exposés en 2011 au musée Silpa Bhirasi.

 

Photo 4 : Chalood Nimsamur (1929-) (ชลูด นิ่มเสมอ) le sculpteur du buste de Silpa Bhirasi de la photo d'à côté.

 

 

 

 


(*) Ma Chère Malini,

 

Lorsque ma mort viendra, je souhaite être incinéré, mais sans aucune cérémonie religieuse.

 

Je vous remercie de toute mon âme pour l'affection que vous m'avez donnée durant les dernières années de ma vie.

 

Mon ultime pensée est de vous souhaiter le bonheur et la sérénité que vous avez toujours manifestés lors de nos longues conversations portant sur les difficultés propres à nos vies et aux femmes en particulier. 

 

Merci de bien vouloir écrire à Romano pour lui demander d'avertir Isabelle et Dino de mon décès. Merci aussi de lui dire que je pars sans regret parce que je pense avoir fait œuvre utile en servant l'art de mon mieux.

 

Envoyez leur aussi mon amour, tous mes vœux de bonheur et de prospérité

 

Si les esprits ont le pouvoir de protéger et de bénir les vivants, je ne manquerai pas de le faire pour vous tous. Ce sera là mon dernier vœu.

 

Silpa Bhirasi (Corrado Feroci)

 

 

 

Selon sa demande, le 17 janvier 1963 à 17 heures son corps fut incinéré. Il le fut au Wat Thepsirintarawas  (วัด เทพศิรินทราวาส). Un temple situé tout près de la gare Hualampong (หัวลำโพง) de Bangkok et qui dispose, une exception à Bangkok, d'un crématorium.

 

La famille royale, par reconnaissance à l'homme et à son œuvre, a pris à sa charge tous les frais de la crémation.

 

 

 

Pour honorer son souvenir le gouvernement décida que le 15 septembre, jour de sa naissance, lui serait dédié à jamais.

 

Alors le 15 septembre 1984, à l'occasion de cette journée nationale ''Silpa Bhirasi'', un musée (*) lui a été consacré au sein de l'université de Silpakorn, et vraisemblablement dans les locaux qui lui servirent de bureau ( ?...)

 

En plus des objets personnels de Silpa Bhirasi et de quelques unes de ses œuvres, le musée expose aussi des tableaux et des sculptures d'un certain nombre de ses élèves, et non des moindres, qui en firent don au musée par reconnaissance. (**)

 

 

(*) La visite de ce tout petit musée peut se coupler avec celle du palais royal dont l'entrée se situe sur le trottoir d'en face. Un café fait l'angle des rues Naphraland (ถนน หน้าพระลาน) et Naphrathat (ถนน หน้าพระธาตุ), et l'entrée du musée est juste derrière ce café.

 

Le musée est ouvert tous les jours du lundi au vendredi (sauf les jours fériés) et son entrée est gratuite.

 

 

   

 

Photo 1 : L'entrée du musée. Photo 2 : Cette ancienne photo semble accréditer que le musée fut autrefois le bureau de Silpa Bhirasi. Photo 3 : Silpa Bhirasi sculpteur mais aussi secrétaire, administrateur ou que sais-je encore !... L'art conduit à tout !...

 

Ce petit musée est un peu poussiéreux et quelque peu ''surchargé'' mais gardé avec amour et renfermant des œuvres de qualités. L'accueil ressemble à celui que les religieuses de chez nous font à leurs visiteurs. D'ailleurs le musée est un vrai sanctuaire à la gloire d'un homme.

 

En sortant de ce musée, sur la gauche, 30 mètres plus loin, il y a le grand hall des sculptures de l'université. Une visite à ne pas manquer car il s'y trouve nombre de plâtres et de modèles ayant servi au coulage des multiples bronzes de Bhirasi et de ses élèves, qui s'élèvent un peu partout sur le sol de Thaïlande.

 

Avertissement : Ne demandez surtout pas aux badauds rencontrés aux alentours du ''musée Silpa Bhirasi'' où il se trouve ?... car tous, y compris les étudiants de l'université Silpakorn, vont vous indiquer le musée national qui est tout à côté ?!... mais qui ne correspond pas à votre demande.

 

   

 

Photo 1 : Le plan de l'Université Silpakorn – Photo 2 : Le hall des sculptures – Photo 3 : Parmi les objets personnels de Silpa Bhirasi … sa machine à écrire … devenue avec le temps … une antiquité … un objet d'art ?!... sait-on jamais !...

 

Même le plan de l'université, qui se trouve à l'entrée principale de l'institution, ne mentionne pas ce musée. Alors je me suis permis de porter quelques rectifications à ce plan au moyen de ronds.

 

Quelques uns des artistes et ex-élèves qui firent don d'une ou de plusieurs œuvres au musée ''Silpa Bhirasi'' :

 

- Chalood Nimsamur (1929-) (ชลูด นิ่มเสมอ)

- Chamras Kietkong (1916-1966) (จำรัส เกียรติก้อง)

- Chamraung Vichienket (1931) (ชําเรือง วิเชียรเขตต์)

- Fua Haribhitak ou Haripitak (1910-1993) (เฟื้อ หริพิทักษ์)

- Khien Yimsiri (1922-1971) (เขียน ยิ้มศิริ)

- Prayoon Uluchada (1928-2000) (ประยูร อุลุชาฎะ)

- Sawasdi Tuntisook (1925-2009) (สวัสดิ์ ตันติสุข)

- Tawee Mandakwang (1925-1991) (ทวี นันทขว้าง)

 

 

   

 

 

Silpa Bhirasi posant avec quelques élèves dans la cour de l'université Silpakorn devant la sculpture intitulée ''L'archer'' (คนยิงศร) (1935-38) de Cham Khaomeecheu (1914-1942) (แช่ม ขาวมีชื่อ).

 

L'archer est toujours là, au même endroit comme vous pouvez le constater, ainsi que son plâtre dans le hall des sculptures. Mais si l'art est éternel les artistes ne le sont pas !...

 

Tous aujourd'hui ont disparu, mais Cham Khaomeecheu les a devancés sur une grande longueur puisqu'il mourut prématurément à l'âge de 28 ans à la suite d'une crise cardiaque !...

 

… de gauche à droite : Sanit Disabhandu (สนิท ดิษฐพันธุ์) (1922-2009) - Sitthidet Saenghiran (1916-1957) (สิทธิเดช แสงหิรัญ) – Pimarn Mulpramook (1912-1992) (พิมาน มูลประมุข) – Silpa Bhirasi (1892-1962) -  Sanan Silakorn (สนั่น ศิลากร) – Sawang Songmangmee (1918-1958) (แสวง สงฆ์มั่งมี).

 

 

 

   

 

 

Photo 1 : ''Village de pêcheurs'' (1960) (หมู่บ้านชาวประมง) une tempera sur toile de 89X110 cm de Damrong Wong-Uparaj (1936-2002) (ดำรง วงศ์อุปราช) Cet enfant du Lanna est né à Phan près de Chiang-Raï.

 

Photo 2 : ''Les amoureux du bord de l'eau'' (1959) (ริมธารรัก) une tempera sur papier de 73X92 cm de Prasong Pudmanuja ou Prasong Patamanuj (1918-1989) (ประสงค์ ปัทมานุช)

 

Photo 3 : ''Chanthaburi'' (1955) (จันทบุรี) une huile sur toile de 80X110 cm de Prayoon Uluchada (1928-2000) (ประยูร อุลุชาฎะ)

 

Nota bene : Toutes ces œuvres sont exposées au musée Silpa Bhirasi de l'université Silpakorn de Bangkok.

 

 

 

En 1992 un timbre fut émis pour le 100ème anniversaire de la naissance de Silpa BhirasiCorrado Feroci un 15 septembre 1892 à Florence.

 

 

L'Italie a toujours eu des liens privilégiés avec le Siam et au fils des ans ils se sont renforcés, Silpa Bhirasi a œuvré en ce sens.

 

Par exemple le 6 juin 2011, (*) date à laquelle s'est ouverte la 54ème biennale de Venise, et où la Thaïlande a son pavillon, à Milan la galerie Whitelabs (Whitelabs Galery) a présenté 14 artistes thaïlandais !... un beau doublet non ?...

 

Cette exposition était organisée par le ministère de la culture thaïlandais et parrainé par l'ambassade d'Italie en Thaïlande.

 

Comme des ''reproductions'' en disent plus sur un sujet que des centaines de mots, je vous laisse apprécier la qualité des œuvres présentés

 

Parmi eux quelques anciens élèves de Silpa Bhirasi comme … Prayat Pongdam (1934) (ประหยัดพงษ์ดำ)  Thawan Duchanee (**) (1939) (ถวัลย์ ดัชนี) des artistes qui ne sont plus tout jeune mais … si la valeur n'attend pas le nombre des années, le nombre des années confirme la valeur d'antan !...

 

 

(*) La 54ème biennale de Venise célébrait le 150ème anniversaire de l'unité Italienne et … ce fut l'occasion pour les Thaïlandais de commémorer la mémoire du pavillon siamois qui fut l'une des attractions de l'exposition universelle de Turin en 1911, c'est-à-dire voici déjà … 150 ans !... comme le temps passe.

 

(**) Thawan Duchanee est aussi un enfant du Lanna, de Chiang-Raï très exactement.

 

 

 

   

 

 

Photo 1 : ''Famille'' (ครอบครัวน) une nouvelle déclinaison des fameux hiboux de Prayat Pongdam (1934) (ประหยัดพงษ์ดำ)

 

Photo 2 : Une nouvelle déclinaison de visages de  Vichoke Mukdamanee (1984) (วิโชค  มุกดามณี)

 

 

L'artiste suivant n'a pas participé aux festivités Vénitiennes. Mais son talent est tel que je ne pouvais pas présenter l'une de ses œuvres, celle qui a obtenu la médaille d'or à la 53ème édition des journées Silpa Bhirasi de 2007.

 

Ses toiles sont comme un miroir de la société thaïlandaise actuelle, alors évidemment elles ne sont pas sans provoquer de terribles réactions qui bouleversent et partagent le ''landerneau thaïlandais''. Lorsque qu'un miroir reflète une image peu flatteuse, beaucoup préfèrent casser la glace plutôt que de se remettre en cause !...

 

 

Avec cette œuvre Anupong Chantorn a mis le doigt là où cela faisait mal, à savoir … ''les moines ne suivent plus les préceptes de Bouddha, ils s'adonnent aux vices'' … (dixit le peintre)  alors évidemment les réactions ne se sont pas faites attendre, manifestations, grèves de la faim et cætera et cætera …. Il aura fallu l'intervention du roi pour mettre fin à toutes les protestations. 

 

Entre autres revendications il avait été demandé au président de l'université de retirer la médaille à l'artiste et sa toile de l'exposition. L'Université a tenu bon face aux détracteurs … bravo !...

 

La liberté des artistes doit rester entière. Silpa Bhirasi n'avait-il pas représenté la Thaïlande sur le sujet à Venise en … 1954 ?...

 

Photo 3 : ''Bhikku aux airs de corbeaux'' (*) (2007) (ภิกษุส้นดานกา) un acrylique sur robe bouddhique de 200X290 cm de Anupong Chantorn (1980) (อนุพงษ์ จันทร์).

 

Retenez bien ce nom, Anupong Chantorn. Il n'a que 30 ans mais ses œuvres sont fascinantes. Personnellement elles me transportent dans l'univers pictural de Jérôme Bosch et poétique de François Villon, fin du XVe et début du XVIe siècle.

 

Déjà, du temps de sa jeunesse, le grand Thawan Duchanee avait vu son atelier réduit à néant par des intégristes bouddhistes.

 

 

 

Que rajouter au sujet de ce parcours d'exception que fut celui de Corrado Feroci, et que dire de/en plus sur cet homme qui s'est consacré corps et âme à son art, mais sans vraiment pouvoir donner le meilleur de lui-même.

 

Car avant d'être un créateur il a surtout été un bon artisan exécuteur de commandes ; un ''chang dee'' (ช่าง ดี) comme disent les Thaïlandais et non un ''sinlapin'' (ศิลปิน) c'est-à-dire un artiste.

 

Car le propre d'un artiste est d'aller au-delà de la simple reproduction. Son œuvre doit toucher celui qui la contemple, et lui procurer des émotions physiques ou intellectuelles, voire spirituelles.

 

La légende ne dit-elle pas que Michel-Ange après avoir terminé son Moïse lui aurait dit en le fixant dans le blanc des yeux d'un air railleur ''Eh bien parle maintenant''.

 

Moïse resta muet, sans doute pour blesser Michel-Ange dans son orgueil et sa suffisance ?... mais malgré son silence ''le'' Moïse ne peut s'empêcher d'émouvoir ses visiteurs tant il est criant de vie. Depuis des siècles il n'a pas cessé d'interpeller nombre de curieux qui ne pensaient pas qu'une œuvre pouvait avoir une âme.

 

 

Les œuvres de Silpa Bhirasi restent fixées à leur socle de pierre. Aucune ne donne l'impression qu'elle va s'en détacher pour prendre vie. Ce sont des œuvres carrées et figées qui n'ont pas d'âme. Le nombre l'a emporté sur la qualité. Il y avait un choix à faire et Corrado Feroci l'a fait.

 

D'ailleurs devant la tâche, Silpa Bhirasi a fini par ne plus sculpter que les têtes de ses sujets. La réalisation de leur corps était laissée à ses élèves.

 

Comment peut-on dans ces conditions être un véritable père ?... un excellent professeur … oui, mais un bon père … non !  

 

   

 

 

Il y eut d'abord le ''prince Naris'' en 1923 par Corrado Feroci puis ''Corrado Feroci'' par Khien Yimsiri  et … et cætera et cætera …

 

… alors il y a maintenant en 2011 … ''Le père et son fils'' (พ่อของลูกชาย) de Nonthivathn Chandhanaphalin (1946) (นนทิวรรธน์ จันทนะผะลิน) puis ''Regardness'' de Vichoke Mukdamanee (1984) (วิโชค  มุกดามณี) …

 

… et … pour connaître la suite … attendons l'avenir !...

 

(Les deux dernières photos viennent du site de WhiteLabs.)

 

 

 

Certains lui font le reproche d'avoir servi un dictateur pour qui le fascisme était une idéologie respectable. Ils n'ont pas tort, mais ne pas avoir tort ne signifie pas avoir raison.

 

Le cas des artistes en temps de guerre est toujours délicat à traiter. Assis dans un fauteuil il est facile de jeter des anathèmes. Alors avant de porter un jugement commençons par nous demander ce que nous aurions fait à l'époque dans son cas.

 

La guerre fait parfois de gens méprisables ou sans histoire des héros, alors que de soi-disant courageux deviennent des lâches.

 

Personnellement je me garderai bien de porter un jugement sur l'attitude de Corrado Feroci tout comme sur celle de Silpa Bhirasi, même si les deux hommes ne faisaient qu'un.

 

 

Qu'on le veuille ou non, Silpa Bhirasi a été apprécié par son entourage et c'est lui qui a donné aux artistes siamois puis thaïlandais une autre vision de l'art.

 

C'est grâce à lui si aujourd'hui la Thaïlande à des artistes de renommée mondiale. Car il a su encourager la créativité individuelle et donner l'enseignement adéquat pour permettre son développement. Ce qui n'était pas une mince affaire quand on sait que la culture judéo-chrétienne est une chose et que la culture bouddhique en est une autre.

 

Le jeune Anupong Chantorn nous prouve que les artistes Thaïlandais ont su se détacher de l'art religieux, tout en lui restant fidèle, acquérir leur propre vision du monde avec un esprit critique mais … sans jamais être irrespectueux !...

 

 

 

 

De Portoferraio, sur l'île d'Elbe au musée Silpa Bhirasi à Bangkok !... une sacrée carrière !...

 

 

 

 

Si ces quelques lignes en trois chroniques ne vous ont pas suffi, allez donc faire un tour sur les sites dont les adresses suivent.

 

Rama9art. concerne les œuvres de Silpa Bhirasi en général, et il y en a !... http://www.rama9art.org/silpa/biograp.html

Asiafinest. ne présente que quelques œuvres, mais en gros plans de Silpa Bhirasi, avec … de très belles photos sur Bangkok.

http://www.asiafinest.com/forum/lofiversion/index.php/t191267-450.html

Whitelabs. en appuyant sur ''En cache'' vous fera découvrir quelques autres toiles de l'exposition italienne.  http://www.whitelabs.it/sito/?p=418

ocac. C'est encore sur l'exposition italienne. http://www.ocac.go.th/news-detail-378.html

 

 

 

Merci d'avoir lu cette chronique jusqu'à cette dernière ligne.

 

 

           



02/08/2011
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