MerveilleuseChiang-Mai

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AMOUR, BUSINESS ET TROPIQUE !...


AMOUR, BUSINESS ET TROPIQUE !...


                                                         ( ou SON PERE AVAIT RAISON !... ) 28/02/07

 

 



''   Mon fils n'est pas mort. Et j'en suis certain !

     Chez nous, on ne meurt pas comme ça !... ''

 

Ce furent les premières paroles que prononça le père de Jean-Luc en raccrochant le téléphone, et en regardant les siens d'un air grave et solennel.

 

Le vieux paysan Beauceron, contrairement à sa femme et à l'une de ses filles, refusait de croire l'inconnue qui venait de les appeler.

 

Une femme, qui dans un excellent Français et depuis Chiang-Mai en Thaïlande, les avait joints tout spécialement pour leur annoncer le décès de leur fils … Jean-Luc !...

 

Pourtant c'était bien dans cette ville que leur fils, Jean-Luc, alors âgé d'une cinquantaine d'année et veuf depuis trois ou quatre ans, était reparti pour la énième fois depuis environ une quinzaine de jours.

 

Car Jean-Luc, depuis le décès de sa femme, avait pris l'habitude de se rendre à Chiang-Maï une ou deux fois par an.

 

Ces voyages à l'autre bout du monde avaient commencé quelques temps après la mort de son épouse. A cette époque là, et à cause de ce décès, il était en pleine dépression. Son entourage ne savait que faire pour lui venir en aide.

 

Alors lorsqu'un jour Jean-Luc annonça à ses parents que des amis, partant en voyage organisé pour la Thaïlande, le sollicitaient pour se joindre eux, ses proches sans la moindre hésitation, l'encouragèrent à accepter.

 

Ils étaient alors tous persuadés qu'avec ce changement d'air leur fils allait aussi ''se changer les idées'', et très certainement retrouver la joie de vivre qu'il avait perdue.


Jean-Luc n'avait jamais foulé d'autres terres que celles de ses champs de blé. Alors son retour de ce périple asiatique fut attendu par les siens, avec impatience.

 

Mais lorsque le groupe rentra en France, ce fut sans Jean-Luc. Car ce dernier s'était fait … ''la belle'', lors d'une étape du voyage.

 

Jean-Luc s'était laissé séduire par le pays, mais aussi, et surtout, par l'une de ses créatures de rêve. Bref, Jean-Luc était tombé fol amoureux d'une femme du Lanna !...

 

 


Ce fut à l'occasion de la visite de Chiang-Raï, que commença son histoire d'amour avec cette femme, une chanteuse, nommée Khoune Eho.

 

Cette dernière chantait alors dans l'hôtel où il logeait, le ''Little Duck Hôtel '' ou ''l'hôtel du petit canard''.

 

Le soir de leur rencontre Jean-Luc, après avoir traînassé dans la ville, prenait un dernier verre dans le hall de cet hôtel, en compagnie d'un camarade de voyage et … de bringue. Ils devisaient donc tous les deux, quand la chanteuse vint à traverser le hall.

 

Pour fanfaronner les deux compères lui proposèrent un verre, qu'elle accepta à leur grande surprise !...

 

Très vite, les regards de l'artiste hypnotisèrent Jean-Luc qui se retrouva comme ''envoûté'' et, au petit matin, … sans plus très bien savoir comment … … dans la couche de l'artiste.

 

 


L'étoile de la chanson exerçait alors modestement son art tout à la fois  à Chiang-Rai et à Chiang-Mai. Deux villes qui sont situées à environ cent trente kilomètres l'une de l'autre.

 

Alors Jean-Luc, qui s'était mis à vivre aux côtés de sa dulcinée, tel un coq en pâte, se laissa véhiculer d'une ville à l'autre pendant plus d'un mois !....


Durant ces jours de pleine et entière félicité, le paysan beauceron, bien que près de ses sous, subvint tout naturellement, et sans qu'elle eût à le lui demander, aux besoins de la belle et … de sa fille !...

 

C'est dire qu'il était amoureux. Car en Beauce, ses sous passaient avant tout, et jamais il n'avait fait une entorse à cette règle de vie, y compris pour ses amours et encore moins pour celle qui devint la mère de ses enfants.

 

 

Heureusement pour Jean-Luc, et aussi pour ses finances, en Thaïlande tout comme en France d'ailleurs, les sentiments et l'administration font deux.

 

Alors lorsque sa dernière prolongation de visa toucha à sa fin, Jean-Luc dut rentrer au pays, triste et anéanti !......

 

Sa tristesse lui pesait d'autant plus que durant la semaine qui précéda son départ, il n'y eut pas un jour où sa bien-aimée éclatât en sanglots dès qu'elle le regardait.

 

Car elle aimait Jean-Luc, comme jamais il n'avait été aimé. D'ailleurs au cours de cette dernière semaine, lorsqu'il sortait de chez-elle, à son retour il la trouvait prostrée sur le lit, ou en larmes dans un coin de la maison.

 

Jamais Jean-Luc n'avait été aimé de cette façon. Et jamais il n'aurait cru qu'une femme puisse s'attacher à lui avec autant de passion et de fougue.

 

Bref, le moment de se quitter arriva. Alors les deux amoureux se promirent de s'écrire. Et Jean-Luc lui jura de revenir dans moins d'un an !...

 

Les jours passèrent, les mois aussi, et les deux amants, comme promis s'écrivirent de longues et merveilleuses lettres d'amour … en Français !...

 

Car par bonheur, ou par chance, une des amies d'Eho pratiquait cette langue pour des raisons professionnelle. C'était une interprète. Le dieu des amoureux devait alors veiller sur eux !...



Au début de cet échange épistolaire cette amie rendit service, et sans qu'il fut question du moindre argent.

 

Et puis assez rapidement, sans doute parce que les lettres se faisaient de plus en plus nombreuses, à leur lecture Jean-Luc crut comprendre, que le coût de la traduction devenait une charge pour Eho.

 

Cependant il ne pouvait pas dire si c'était Eho qui le lui écrivait, ou si c'était l'interprète qui avait pris la liberté de lui faire comprendre que toute peine mérite un salaire !...

 

Alors Jean-Luc, sans chercher à en savoir plus, en ''lion superbe et généreux'' envoya tous les mois deux mille francs à Eho. C'est-à-dire environ trois cents euros !...

 


 

Mais quelques mois plus tard, quand enfin ils se retrouvèrent pour la seconde fois, Jean-Luc n'eut pas à regretter sa générosité.

 

Une fois encore il fut un homme comblé. Et il n'oubliera jamais l'émotion de ces retrouvailles ; surtout quand il poussa la porte de la demeure d'Eho.

 

Car juste en face de l'ouverture de cette porte, sur une table haute, posé bien en évidence sur une soucoupe à pied, il y avait un petit paquet de lettres !... ses lettres !...

Et la liasse était amoureusement enlacée d'un joli petit ruban de couleur rose !...

 

A la vue de ce tableau le grand et vigoureux Jean-Luc sentit ses jambes flageoler, son cœur se serrer, et ses yeux se cerner. Puis de grosses larmes glissèrent sur la peau lisse de ses joues, rosies par la confusion !...

 

Même au cinéma il n'avait jamais rien vu d'aussi beau et d'aussi touchant !...

 


 

Après deux mois de vie commune les deux amants durent se quitter pour la seconde fois. Bien sûrs ils se promirent de s'écrire. Et Jean-Luc jura de revenir le plus tôt possible.



Il tint promesse. Car deux ou trois mois plus tard, donc beaucoup plus tôt que prévu, l'impatient Jean-Luc frappait à nouveau, mais à l'improviste cette fois, à la porte de la maison d'Eho.

 

En débarquant ainsi, sans tambour ni trompette, Jean-Luc voulait faire une agréable surprise à sa bien aimée.

 

Hélas, s'il réussit à créer la surprise, cette dernière fut loin d'être agréable, tant pour Eho que pour lui et … l'autre !...

 

Car un autre homme était aux côtés d'Eho !... Et en face de l'encadrement de la porte, sur la table haute, posées bien en évidence sur la soucoupe à pied, il y avait aussi des lettres. Mais le paquet, ce jour là, était noué avec un ruban bleu … et non pas rose !...

 

Accusant le coup, mais la gorge nouée, Jean-Luc tout en désignant le paquet de correspondance, lança alors à l'homme qui se trouvait là, et en Français :


.-     Ce sont vos lettres je suppose ?...

.-     Comment le savez-vous ?...

.-     Je vois que nous sommes du même pays. Et bien tant mieux, ce sera plus facile pour nous expliquer.

 

Et ils s'expliquèrent … très courtoisement … tandis qu'Eho pleurait à chaudes larmes affalée sur son lit.

 

Pleurait-elle ses amours ou sur la fin de son petit business ?!.... Elle seule pourrait le dire !

 

Toujours est-il qu'après avoir découvert trois autres paquets de lettres, dont celui de Jean-Luc, au fond d'un tiroir, les deux hommes comprirent qu'Eho abusait, ou aimait ?... quatre Français !...

 

Ils comprirent aussi qu'elle les recevait à des périodes bien précises dans l'année pour ne pas qu'ils se rencontrassent ; et que chacun d'eux lui adressait, au minimum, deux mille francs par mois !... 

 

Eho gérait ses affaires de cœur comme une vraie businesswomen. (*)




Ce fut sans doute la traductrice qui téléphona aux parents de Jean-Luc. D'abord pour venger son amie et peut-être aussi pour apaiser sa rage et son courroux.

 

Car dans l'histoire, elle avait dû perdre elle aussi, la dîme que devait lui reverser Eho sur ses revenus français !....

 

 

En tout cas le père de Jean-Luc avait raison.

 

''   Son fils n'était pas mort. C'était certain !

     Car en Beauce, on ne meurt pas comme ça !... ''

 

 

Mais en Beauce comme ailleurs …

''Amour, amour, quand tu nous tiens

  On peut bien dire ''adieu prudence'' (**)

 

 

 

 

(*)   Depuis, Jean-Luc a revu Eho, mais sans qu'il fut question d'amour.

       Elle ne chante plus. Par contre elle dirige maintenant un petit atelier que ses … ''revenus'' lui ont permis de créer dans les environs de Chiang-Raï.

       Comme quoi l'amour mène à tout, y compris à des créations d'emplois !...

 

(**)  Jean de La Fontaine, Livre IV, fable 1 Le Lion amoureux.



16/03/2010
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