MerveilleuseChiang-Mai

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BOUDDHA D’EMERAUDE (LE). 2/3

 

Avertissement : Le présent texte appartient à un triptyque. Il fait suite au premier volet intitulé :

 

                                        BOUDDHA D'EMERAUDE (LE).1/3

                                                         (Première partie)

                                              La divine origine de l'image.

 

Classé dans : 10 LEXIQUE.

 

 

 

BOUDDHA D'EMERAUDE (LE). 2/3

 

                                           Deuxième partie :

 

                                L'ITINERAIRE LEGENDAIRE

 

                                      

 

 

Le bouddha d'émeraude dans sa tenue d'été au Wat Phra Keaw de Bangkok, situé dans l'enceinte du palais royal.

 

 

Poursuivons la lecture de la Jinakalamalini et voyons plus en détail quels sont les événements historiques sur lesquels le concepteur de la légende, et ses éventuels collaborateurs faisant fonction de conteurs, se sont appuyés pour donner plus de crédit à leur récit homérique, qui n'en demeure pas moins rocambolesque, confus, voire invraisemblable pour des gens d'aujourd'hui.

 

 

Lorsque commence la deuxième partie du Bouddha d'émeraude tout ne va pas pour le mieux à Pataliputra, (Patna) car les hommes s'entredéchirent pour des raisons de pouvoir temporel mais aussi, vraisemblablement, … et à mon avis … religieuses. (1)

 

Autrement dit le bouddha d'émeraude était en danger. Il fallait l'écarter de la folie destructrice des … brahmanes, toujours à mon avis et je vais m'en expliquer plus loin. (1)

 

Pour cela il est envoyé au Lankadvipa ou Sri Lanka. Un lieu particulièrement attaché à la personne et aux enseignements de Bouddha puisque l'île de Sri Lanka était alors comme le conservatoire de l'orthodoxie bouddhique conservatrice.

 

 

Au Sri Lanka donc, l'intégrité matérielle de l'image du Bouddha d'émeraude ne risquait aucun danger.

 

Alors aussitôt dit, aussitôt fait.

 

Puis sautant du coq-à-l'âne Ratanapanna, l'auteur de la Jinakalamalini,  poursuit en écrivant que …

 

… le roi d'Arimaddanapura (La ville de Pagan) Anuruddha (2) était doué de pouvoirs surnaturels dont celui de se déplacer dans les airs.

 

Alors comme ce roi voulait être en possession de tout ce qui se faisait de mieux, mais surtout de plus pur, concernant Bouddha et son enseignement il enfourcha son cheval volant et fonça droit sur le Sri Lanka en enjoignant à ses troupes de le rejoindre par bateaux.

 

Là-bas, pour être certain que les saintes écritures bouddhiques, les trois corbeilles et quelques précis de grammaire, soient identiques aux originaux, le roi Anuruddha les recopia de sa propre main ; puis, dès qu'il eut terminé son ouvrage, il chargea une partie des saintes écritures dans un bateau et le reste dans un autre avec la statue de pierre. (Sic) (Le bouddha d'émeraude)

 

Mais tandis que l'une des embarcations arriva à bon port, celui d'Arimaddanapura (Pagan) l'autre, celle où se trouvait la ''statue de pierre précieuse'' (sic) fut pris dans une tempête et s'échoua à … Mahanagara, c'est-à-dire la ''grande ville'' ou encore … Angkor Thom au Cambodge.

 

 

Au Cambodge, sous prétexte que cette précieuse cargaison était un cadeau envoyé par les dieux, le roi de la ville s'en appropria. C'était, selon lui, les dieux qui le récompensait de ses grands ''mérites''. (3)

 

A Pagan, dès que le roi Anuruddha eut vent de la destinée de son deuxième bateau, celui-ci enfourcha son cheval magique et prit la direction de Mahanagara … par la voie des airs.

 

Le roi d'Angkor Thom commença par refuser de se séparer de son ''cadeau''. Alors Anuruddha se fit menaçant au point de terroriser toute la population qui implora son roi de céder aux exigences d'Anuruddha.

 

Le roi d'Angkor Thom se vit alors contraint de rendre le précieux chargement à son propriétaire.

 

Anuruddha, sans doute au comble de la joie, emporta à dos de cheval tous les écrits sauf … la statue de pierre précieuse qu'il oublia et qui de ce fait devint célèbre dans tout l'empire Khmer … sous entendugrâce aux nombreux et extraordinaires miracles qu'elle accomplissait.

 

Cette mention qui est superflue pour un autochtone, parce qu'elle va de soi, ne l'est peut-être pas pour un Occidental quelque peu … cartésien, c'est pourquoi je me suis permis de la préciser.

 

 

Puis sans autre transition, Ratanapanna nous raconte comment la ville d'Angkor Thom fut détruite par le roi des Nâgas en provoquant une grande inondation ; et comment la statue fut sauvée des eaux et se retrouva dans une ville d'un pays voisin, Ayojjapura ou  Ayutthaya, où les rois et les habitants la vénérèrent fort longtemps.

 

Ensuite la statuette, dont les miracles étaient l'objet de sa convoitise, car elle était, disait-on, détentrice d'une puissance et d'un éclat sans borne, se retrouva successivement à Vajirapākāra, (Kamphaeng Phet) (4) puis à Jamrāyapura (Chiang-Raï).

 

Car le roi Mahabrahma, (*) alors roi de Chiang-Raï, à la tête d'une  armée de 80.000 hommes était allé la ravir à son voisin, mais … un autre texte dit qu'elle fut prêtée au roi de Chiang-Raï, Phromma, (*) par son ami le roi de Kamphaeng Phet.

 

Alors … allez savoir qui écrit vrai !...

 

Bref !... toujours est-il que le bouddha d'émeraude se retrouva à Chiang-Raï. Car il ne pouvait pas en être autrement … compte tenu de la suite des événements.

 

 

 

(*) Mahabrahma et Phromma désigne un seul et même personnage. Son nom est seulement écrit sous deux formes différentes, l'une en pali et l'autre en Thaï. Les faits se seraient déroulés entre 1390 et 1400.

 

Au Wat Phra Keaw de Chiang Raï il est gravé à l'entrée, que le Bouddha d'émeraude resta 45 ans à Chiang-Raï de 1391 à 1436. Alors ne soyons pas plus royaliste que le roi. Si c'est écrit … c'est … peut-être vrai ?!….

 

 

                                   

 

 

L'aire de la légende du Bouddha d'émeraude :

 

Itinéraire 1 : Le bouddha d'émeraude va de Pataliputra (*) en Inde à Anuradhapura au Sri Lanka, pour être mis à l'abri des iconoclastes.

 

Itinéraire 2 : L'itinéraire soi-disant emprunté par les bateaux d'Anuruddha.

 

Le rond marqué 2 représente aussi l'éventuel lieu de la tempête.

 

Itinéraire 3 : L'éventuelle dérive du navire transportant le Bouddha d'émeraude ?!... (Jolie dérive non ?...)

 

Itinéraire 4 : L'éventuelle intersession des dieux qui auraient – peut-être -déposé le navire tout près d'Angkor qui … n'existait encore pas !...

 

(*)Pataliputra fut une ville très importante pour les bouddhistes.

C'est là que résida l'empereur Ashoka (-274/-232) qui fit de l'Inde un Pays Bouddhique. C'est cet empereur qui y convoqua le 1er concile bouddhique, et c'est encore de Pataliputra que partirent neuf missions de …''dharmatisation'', à la demande d'Ashoka, dans les pays environnant dont … le Sri Lanka.

A la mort d'Ashoka la ville perdra   de son importance. Mais pour les bouddhistes c'est un symbole d'importance.

 

 

A Chiang-Raï pour avoir été enduite d'une couche de chaux elle échappera à la convoitise du roi Lakkhapuragama c'est-à-dire Chao Saen Muang Ma (1387-1411) roi de Chiang-Maï et … du Lanna, qui néanmoins repartira avec le Phra Sihala, une autre image de Bouddha doué de pouvoirs magiques.

 

Par la suite, dégagé de sa couche de chaux le Bouddha d'émeraude se retrouvera à Khelangganagara (Lampang) et Nagaramanipatimā c'est-à-dire Chiang-Maï !....

 

Enfin, l'auteur termine par ces mots …. Voilà comment la statue de pierre précieuse fut célèbre dans le pays de syāma. (Chiang-Maï, cœur du Lanna).

 

Fin de la deuxième partie de cette légende d'après la Jinakalamalini.

 

                       

 

 

A gauche : La carte de Thaïlande où sont portées les villes étapes du Bouddha d'émeraude, dont celles se trouvant au Siam où il aurait été, soi-disant, vénéré.

 

A droite : La carte du Lanna vers 1450 (*) où sont portées les villes où le Bouddha d'émeraude a véritablement séjourné.

 

(*) La carte a été réalisée à partir d'archives chinoises. Les deux zones en marron foncé représentent les Müangs vassaux de Chiang-Maï.

 

 

 

(1) L'auteur pour donner un certain crédit à sa légende se sert d'événements passés dont il a connaissance, mais qu'il est incapable de situer chronologiquement et géographiquement. Alors c'est aussi vraisemblable que Napoléon prenant le thé avec Vercingétorix à Brasilia.

 

Quatre exemples parmi d'autres :

 

Premier exemple : C'est au IIIe siècle, en 256, que la statue du Bouddha d'émeraude est emportée au Sri Lanka. Or, au troisième siècle le Bouddhisme connaît son âge d'or en Inde, et ne coure aucun danger. Alors pourquoi faudrait-il la protéger ?...

 

Par contre à partir du IVe siècle l'étoile du bouddhisme commence à décliner et le Brahmanisme va prendre sa ''revanche'' sur le bouddhisme. C'est à partir de cette époque que la statuette à tout à craindre pour son intégrité matérielle, car les symboles du bouddhisme sont carrément cassés. (a)

 

Deuxième exemple : L'auteur situe l'intervention du roi Birman Anuruddha en 656, alors que ce dernier, fils de Kunshö Kyaugphyû a régné de 1044 à 1077, ce qui fait, à 12 ans près, une erreur de quatre siècles !...

 

Troisième exemple : Ratanapanna conduit Anuruddha à Angkor Thom. Il semble ne pas savoir que la cité fut créée par Jayavarman VII (1181-1220) et qu'à l'époque d'Anuruddha Angkor Thom … n'existait encore pas !...

 

Quatrième et dernier exemple :

L'auteur était tout aussi mauvais historien que géographe. Car comment un bateau partant du Sri Lanka, et pris dans une tempête, peut-il venir s'échouer à l'intérieur du Cambodge ?... à moins d'un super tsunami qui le fasse passer par-dessus la presqu'île Malaise ou bien sur … la main d'un dieu qui miraculeusement serait intervenue !... (Revoyez la toute première carte pour mieux comprendre.)

 

(a) Pour les passionnés d'histoire :

 

Un rapide tour d'horizon du bouddhisme en Inde :

 

L'auteur donne la date de 256 (IIIe siècle) concernant le transfert du Bouddha d'émeraude au Sri Lanka. Un lieu où la statue n'est probablement jamais allée, néanmoins il est bon à savoir que :

 

Le siècle de l'empereur indien Ashoka (-274/-232) et les cinq ou six suivants peuvent être considérés comme l'âge d'or du Bouddhisme en Inde.

Car le Bouddhisme, à la faveur de ses idées révolutionnaires, (*) quelques deux cents ans après l'extinction de Bouddha, s'était pratiquement répandu dans toute la péninsule indienne.

 

Lentement mais surement l'argent et l'intolérance, finiront par mettre à mal les préceptes qui firent le succès de ce courant de pensées. C'est donc après la dynastie des Kouchane (Ier – IIIe siècle) qu'à partir du IVe siècle décline le bouddhisme.

 

Par le biais du dieu Krisna une réaction prit naissance ; et sous l'époque de la dynastie des Gupta (320-510), l'hindouisme va devenir la religion officielle de cet empire dont Pataliputra n'est plus qu'une des grandes villes.

 

Sous les Gupta toutes les idéologies vont commencer par coexister en bonne intelligence. Mais les brahmanes n'attendent que l'occasion pour tordre le cou au bouddhisme ; car ils avaient failli disparaître à jamais à cause de lui.

 

Au cours du VIe siècle, après que l'empire des Gupa fut tombé en déliquescence, et pendant presqu'un siècle, apparurent de nombreux petits pouvoirs locaux dont aucun ne réussissait à s'affirmer.

 

Pour les brahmanes cette situation chaotique ne pouvait mieux tomber pour en finir avec le bouddhisme. Car … ''Il est incontestable qu'à un moment donné il y eut persécution de la part des brahmanes. '' (Léon de Milloué (1842-192 ?) directeur du musée Guimet et auteur d'un précis d'histoire des religions en Indes paru en 1890).

 

Au VIIe siècle le bouddhisme poursuit son déclin. Harshavardhana ou Harsha (590-647) sera l'un des derniers empereurs indiens bouddhistes.

 

Car il y eut encore entre 750 et 1070, dans le nord-est de l'Inde, la dynastie bouddhique des Pāla qui fut chassée par celle des Sena, eux brahmanistes.

 

Entre 629 et 645 d'après les moines chinois Faz-hian et Hiouen-Thsang les sanctuaires bouddhistes étaient pour la plupart abandonnés. Et nombre d'historiens précisent … ''dès le XIe siècle le bouddhisme n'existait plus dans l'inde qu'à l'état de souvenir … ''

 

Au Xe siècle le roi Rajaraja-Deva (955-985-1014-1018) de la 2ème dynastie des Chola (IXe et XIIIe siècle) originaire de la côte de Coromandel et d'obédience brahmanique va conquérir … le Sri Lanka !... dernier bastion bouddhique !... Cette conquête commence par la mise à sac de la capitale, Anuradhapura et se termine après 26 ans de combats en 1018.

 

Pour en savoir un peu plus : Reportez-vous à la 4ème partie de la Chronique ''Loï krathong et ses origines indiennes – Naraka'' – rubrique accommodats de vie.

 

(*) Les bouddhistes prônaient la suppression des castes, acceptaient parmi eux les intouchables, et niaient l'existence des dieux.

Nombre de roitelets pour échapper à la tyrannie des brahmanes apostasièrent en faveur du bouddhisme.

Ne plus avoir de comptes à rendre aux brahmanes, fut probablement l'une des raisons de la conversion d'Ashoka, bien qu'on n'en parle peu.

 

Les Brahmanes appartiennent à la première caste. Ashoka, tout empereur qu'il fut, n'était qu'un ksatriya et de ce fait, il appartenait à la seconde caste. Alors il devait respect et soumission aux brahmanes !... Ce qui devait être insupportable pour un empereur tel qu'Ashoka.

 

En Inde aujourd'hui encore, la conversion au Bouddhisme est la seule possibilité pour les ''intouchables'' ou ''dalits'' de trouver un statut social digne. Depuis 1956 le Bouddhisme retrouve une nouvelle jeunesse, au grand dam des … brahmanes. L'histoire est un éternel recommencement !...

 

(2) Anuruddha (1044-1077) qu'on trouve aussi écrit sous les formes suivantes … Anôratha, Anorata, Anuradha, Anawrahta, (Birman) Anawra-hta, Aniruddha (Sanskrit) Punakaraja, Punahamaraja et … de bien d'autres façons fut le grand fondateur de Pagan.

 

Comme Ashoka, Anuruddha trouva avec le Bouddhisme theravada le moyen de se libérer, non pas du brahmanisme mais, du bouddhiste mahayana tantrique (ARI) dont les moines sombraient, trouvait-il, dans la dépravation.

 

Il fut convertit par Shin Arahan, un moine d'origine mône de Thaton.

 

Sa vie durant Anuruddha cherchera à posséder tous les textes ''originaux'' bouddhiques et les reliques du bouddha (dent).

Comme tous ces objets étaient déjà la propriété de fervents bouddhistes, et que ces derniers refusèrent systématiquement de s'en séparer, Anuruddha ira les prendre par la force. Une façon comme une autre d'agrandir son royaume.

 

C'est ainsi qu'en 1057 après avoir mis la main sur les textes sacrés détenus par le roi môn de Thaton, Manuha qui aurait régné de 1030 à 1057, il déportera toute la population de la ville, y compris son roi à Pagan, qui alors va devenir, en parti grâce au savoir faire des môns, une cité à nulle autre pareille.

 

Sous son règne le Sri Lanka fut occupé par la 2ème dynastie des Cholas de confession brahmanique.

 

Au Sri Lanka, Virajendra Ier (1055-1110) après 17 ans de lutte chassera les Chola de son île en 1073. Il entretiendra de bons rapports avec Anuruddha. Ainsi pour redonner au Bouddhisme la place qu'il occupait avant l'arrivée des Chola, en 1071 des moines Birmans viendront apporter leur aide.

 

C'est ce roi qui offrira à Anuruddha une réplique de la dent de Bouddha qui se trouve dans la ''Shwezigon'', une célèbre pagode de Pagan qu'il ne faut pas confondre avec la ''Shwedagon'' une aussi célèbre pagode mais … de Rangoun.

 

 

 

Photo 1 : La Shwezigon pagoda de PAGAN (Photo Wikipedia)

 

Photo 2 : La Shwedagon pagoda de RANGOUN (Photo du blog :

 http://meletdadou.blogspot.com/2010/12/rangoun.html )

 

 

(3) Le mot ''Mérite'' sert à désigner les ''actes de piété'' qu'un bouddhiste doit accomplir au cours de son existence. Car ce sera la somme de ces ''mérites'' qui déterminera la nature de son futur karma.

 

(4) A partir de ce passage, Georges Cœdès, le traducteur de la Jinakalamalini précise que la suite de l'histoire du Bouddha d'émeraude et celle d'une autre image, le Phra Sihing (*) sont identiques. Ce qui signifie que la fin de l'une des deux légendes à du servir de modèle à l'autre.

 

(*) Le Phra Sihing ou ''brah Varajettha Sihinga'' qui donc possède sa chronique, était au départ le Bouddha du Wat Phrashing de Chiang-Maï. J'ai écrit ''au départ'' car au cours des siècles il s'est ''miraculeusement'' démultiplié et on ne sait plus vraiment où se trouve l'original !... peut-être à Chiang-Maï ou … peut-être pas ?!...

 

 

 

Deuxième série de conclusions :

 

De la lecture des deux récits de ce passage se dégagent les remarques suivantes :

 

1/. Concernant la Jinakalamalini : Grâce à sa puissance extraordinaire le Bouddha d'émeraude sort indemne des pires difficultés. C'est donc bien une image miraculeuse aux pouvoirs exceptionnels qui est connue au sein de tous les pays bouddhiques theravada. 

 

Cependant je ne peux m'empêcher d'avoir la malignité de faire remarquer, d'une part que le roi du Sri Lanka s'en sépare sans aucune difficulté, et d'autre part que le roi Birman Anuruddha n'a pas le comportement qui correspond à la ''valeur'' de l'image puisqu'il … l'oublie sans même faire l'effort de revenir la rechercher ?!... ce qui était loin de correspondre à son état d'esprit.

 

Anuruddha était un homme qui ''collectait'', voire ''collectionnait'', en prenant de gré ou de force, jusqu'à faire campagne, nombre de saintes reliques ou images bouddhiques.  

 

2/.- Concernant la Ratanabimbavamsa : que je n'ai pas reprise pour écourter la présente chronique, d'autant que les deux versions concernant cet épisode sont pratiquement similaires à quelques détails près … néanmoins !....

 

Dans cette version il apparaît clairement que le Bouddha d'émeraude a préféré le Siam comme terre d'asile aux autres royaumes de confession Bouddhique theravada, à savoir le Sri Lanka, la Birmanie, le Cambodge et le Lan Xang (Laos) ; puisqu'on le trouve successivement à Ayutthaya, Kamphaeng Phet, Lop Buri et, à nouveau à Kamphaeng Phet. 

 

Comme par hasard le Lanna est passé sous silence !... Mais ce n'est pas un hasard comme nous allons le voir par la suite.

 

Bref !... le Siam, ne peut donc que s'enorgueillir et se sentir flatté de ce choix. Car il est l'heureux élu parmi les cinq royaumes bouddhistes theravada. Mais, et c'est ce qui est le plus important, le fait d'avoir séjourné (soi-disant) en priorité dans des villes siamoises légitime son appropriation par … les Siamois !... 

 

Par ailleurs le bouddha d'émeraude apparaît comme le palladium en qui le Siam peut avoir confiance. Il est certain qu'il protègera le royaume des pires catastrophes puisque lui-même a su triompher des drames et des désastres les plus terribles.

 

   

 

 

Quelques peintures murales retraçant les déplacements du bouddha d'émeraude :

 

Photo 1 : L'arrivée à Chiang-Mai du Bouddha d'émeraude. (Musée Indrakhin de Chiang-Maï)

 

Photo 2 : Une procession du Bouddha d'émeraude à Chiang-Raï. (*)

 

Photo 3 : Le Bouddha d'émeraude en route pour Chiang-Maï. (*)

 

(*) Ces deux dernières fresques se trouvent dans le sanctuaire du Wat Phra Keaw de Chiang-Raï où il y a depuis 1998 une copie du Bouddha d'émeraude.

 

 

Troisième partie de la saga du Bouddha d'émeraude :

 

Avec la troisième partie nous passons de l'irréel au concret ce qui ne veut surtout pas dire de la légende à la réalité. Car à chaque fois qu'il sera possible de jeter le voile de la légende sur les épaules du patent ou de l'Histoire … ce sera fait !...

 

Nous sommes dans une contrée où les peuples ont besoin de merveilleux. C'est comme ça et pas autrement.

 

 

D'après la légende … et un peu d'Histoire, le Bouddha d'émeraude aurait donc échappé à la convoitise du roi Lakkhapuragama (Chao Saen Muang Ma) (1387-1411) roi de Chiang-Maï (*) et du Lanna, parce que quelqu'un l'aurait enduite d'une couche de plâtre pour la rendre méconnaissable.

 

De ce fait ce roi serait retourné dans sa capitale, (Chiang-Maï) gros jean comme devant c'est-à-dire … sans la fameuse image du bouddha d'émeraude mais … avec celle du Phra Sihing qu'il aurait installé dans le grand Ku Luang, vers 1407 année de son incursion à Chiang-Raï. (**)

 

 

(*) Je rappelle que le roi de Chiang-Raï n'hésitait pas à s'allier avec le roi de Sukhothaï pour tenter de ravir le trône de son suzerain de Chiang-Maï. Alors que le roi de Chiang-Maï attaque celui de Chiang-Raï n'a rien de surprenant.

 

(**) Le Chédi Luang actuel fut construit sous le règne du roi Tilokaraja (1442-1477). Il ne s'agit donc pas de celui-là. Mais du ''grand'' Chédi ou ''Ku Luang'' qui l'a précédé, et que le Chédi actuel, le ''Chédi Luang'' a remplacé.

 

 

 

Cette image du Bouddha fut si bien maquillée qu'elle serait tombée dans l'oubli et aurait été placée par inadvertance ( ?) dans un chédi en cours de construction ; à moins qu'un moine, de sa propre initiative, l'ait placée sciemment dans un stupa, afin de la mettre à l'abri de nouvelles convoitises et surtout pour que Chiang-Raï soit protégée de tous les dangers …  ad vitam aeternam.

 

 

Bref !... le mystère demeure sur la manière dont l'image a été placée dans un stupa ?!...

 

Toujours est-il qu'en 1434 pour certains, et 1436 pour d'autres, soit presque 25 ans plus tard, elle fait une réapparition tonitruante et discrète à la fois.

 

 

Tonitruante parce qu'un violent orage s'abat sur le chédi du Wat Pa Yeah ou Pa Yiah (วัดป่าเยี้ยะ ou วัดป่าญะ), le Wat de la forêt de bambous de Chiang-Raï qui deviendra par la suite le Wat … Phra Keaw.

 

La foudre endommagea le stûpa à un tel point que les reliques qu'il contenait furent mises à jour et que le monument devait être réparé.

 

 

Discrète parce que l'image du bouddha d'émeraude fut d'abord considérée comme une relique parmi d'autres.

 

   

 

 

                   Le Wat Phra Keaw de Chiang-Raï (วัดพระแก้ว - เชียงราย)

 

Photo 1 : Son Chédi.

Photo 2 : Son temple.

Photo 3 : L'autel à l'intérieur du temple.

 

 

Pour éviter que les reliques contenues dans le chédi soient victimes des intempéries elles furent mises sous un abri pour la durée des travaux.

 

Mais lors de la remise en état du chédi, l'une des images, un bouddha doré, se fissura en divers endroits et plus particulièrement au niveau de son nez.

 

Intrigué par ces petites plaques de plâtre qui défiguraient le visage de la statuette, un moine se hasarda à en soulever quelques unes et, c'est ainsi qu'il découvrit que l'image n'était pas en plâtre mais en pierre précieuse.

 

Très vite cette découverte fit le tour de ville et concomitamment le moindre signe de bon augure fut attribué à la … ''découverte'', dont la popularité se conforta de jour en jour. D'ailleurs très vite les miracles qui lui furent attribués finirent par ne plus pouvoir se compter.

 

Ce genre d'attitude se poursuit encore de nos jours avec les amulettes !....

 

 

Malgré les datations différentes d'une chronique à l'autre, le roi de Chiang-Raï devait être alors Chao Yi Kum Kam (เจ้ายีกุมกาม), (*) le frère aîné du roi de Chiang-Maï. Une proche parenté qui ne les empêchait pas de se quereller … fraternellement !...

 

 

(*) Chao Yi Kum Kam n'hésita pas à s'allier avec le roi de Sukhothaï pour tenter de ravir le trône de Chiang-Maï à son frère. (Bis repetita placent)

 

 

 

Chao Yi Kum Kam, le Sangha, les hauts dignitaires et toute la population développèrent tout un culte autour de ce bouddha d'émeraude, et c'est à partir de ce moment là, à mon avis, que la légende a du commencer à se forger.

 

 

Hélas pour les gens de Chiang-Raï leur suzerain, le roi de Chiang-Maï, Phra Chao Sam Fang Kaen (1441-1442) (พระเจ้าสามฝั้งแกน) le 10ème descendant de Mengraï, en apprenant la nouvelle envoya tout aussitôt une délégation digne de la plus haute personnalité pour rapporter à dos d'éléphant … blanc … le bouddha d'émeraude à Chiang-Maï.

 

Aujourd'hui, comme pour se consoler de la perte de l'original qui ne sera resté dans la ville à la vue des fidèles que très peu de temps, une réplique à été sculptée, en tronquant volontairement certains détails, et trône dans un viharn  conçu tout spécialement pour elle au Wat Pa Yeah de Chiang-Raï dont le nom est devenu le … Wat Phra Keaw !...

 

Ce Wat mérite une visite d'autant qu'il possède un fort beau musée contenant de belles œuvres.

 

   

 

 

                   Le Wat Phra Keaw de Chiang-Raï (วัดพระแก้ว - เชียงราย)

 

Photo 1 : Le sanctuaire qui abrite le nouveau Bouddha d'émeraude de Chiang-Raï.

 

Photo 2 : Le nouveau Bouddha d'émeraude de Chiang-Raï, Phra Yok Chiang-Raï (พระหยกเชียงราย).

C'est la princesse-mère Srinagaraindra (ศรีนครินทรา) (1900-1995) qui en 1990, à l'occasion de ses 90 ans offrit à Chiang-Raï et ses habitants un bloc de jade venant du Canada afin d'y sculpter une réplique du célèbre bouddha d'émeraude trouvé dans ce temple.

Des artistes chinois se mirent à l'œuvre, et le 26 novembre 1998 sous les bons auspices de la princesse Galyani Wadhana, (กัลยาณิวัฒนา) (1923-2008) qui fut professeur de français, Phra Yok Chiang-Raï fut officiellement installé dans son sanctuaire.

 

Photo 3 : Le musée. L'un des aspects de ce musée qui privilégie l'art religieux du Lanna. Il est ouvert tous les jours de 9 heures à 17 heures, mais ferme à l'heure de midi. C'est un musée digne de ce nom où chaque pièce est accompagnée d'une explication. (L'entrée est gratuite.).

 

 

 

Le bon vouloir royal est une chose mais la volonté divine en est une autre, ainsi tandis que le cortège parti de Chiang-Raï se dirigeait solennellement et paisiblement vers Chiang-Maï, lorsque la piste bifurqua en deux directions, l'une vers Chiang-Maï et l'autre vers Lampang, l'éléphant qui transportait le bouddha d'émeraude, au lieu de suivre les ordres de son cornac, s'engagea délibérément et d'un pas assuré sur la piste conduisant vers Lampang.

 

Son cornac tenta bien à plusieurs reprises de le ramener dans la bonne direction mais l'éléphant, à chaque fois, refusait d'obtempérer.

 

Considérant que l'animal n'était plus en mesure d'assurer sa mission divine, l'image fut alors placée sur le dos d'un autre pachyderme. Mais ce dernier, tout comme son congénère, s'obstina à vouloir prendre la direction de Lampang.

 

 

Alors considérant qu'il fallait voir dans l'attitude des éléphants une volonté divine, tout l'attelage se dirigea vers Lampang où une demeure fut tout spécialement construite pour accueillir le Phra Bouddha Maha Mani Rattana Patimakon (พระพุทธมหามณีรัตนปฏิมากร) de son nom officiel, ou … le Bouddha d'émeraude de son nom le plus répandu !...

 

Il restera à Lampang au Wat Phra Kaeo don tao, (วัดพระแก้วดอนเต้า) un Wat construit tout spécialement pour lui, plus de 30 ans, de 1434 ou 1436 selon les versions, jusqu'en 1468.

 

     

 

 

       Le Wat Phra Kaeo Don Tao de Lampang (วัดพระแก้วดอนเต้า - ลำปาง)

 

Photo 1 : Le temple qui fut construit pour abriter le Bouddha d'émeraude. (Construit et vraisemblablement reconstruit à plusieurs reprises.)

 

Photo 2 : Derrière le temple cet éléphant commémore le passage du Bouddha d'émeraude à Lampang.

Le fait de passer trois fois sous le ventre du pachyderme porterait bonheur. En tout cas le père de famille qu'on voit sur la photo en est persuadé.

 

Photo 3 : Le temple vu depuis son chédi, et où s'élève une construction Birmane, témoin de l'occupation birmane du Lanna.

 

Photo 4 : Même vue que la précédente mais … voici bien des années !... (Je n'ai pas pu résister au plaisir de vous la montrer.)

 

 

 

En 1468, c'est le roi Phra Chao Tilokaraja (1441-1487 ou 1477) (พระเจ้าติโลกราช) ou Tilok qui occupe le trône du Lanna à Chiang-Maï. Il a alors une soixantaine d'années et son règne correspond à l'âge d'or du Lanna.

 

C'est lui qui demanda au moine Mun Dam Phra khot, (หมื่นด้ามพร้าคต) un ami d'enfance, qui alla étudier le theravada au Sri Lanka, de reconstruire le Ku Luang datant de la fin du XIVe siècle, un chédi qui tombait en ruine.

 

Les travaux prirent treize ans et le Phra Maha Cetiya Luang ou Chédi Luang (เจดีย์หลวง) fait encore aujourd'hui l'admiration de tous … grâce à l'UNESCO !...

 

A l'époque un Bouddha d'émeraude venant de Lopburi, et dont le chignon contenait une relique de la tête de Bouddha, y fut installé. Ce Bouddha n'est donc pas à confondre avec le nôtre, celui de Lampang qui viendra aussi au Wat Chédi Luang et aurait été installé dans la niche Est.

 

Le bouddha d'émeraude va rester à Chiang-Mai 85 ans, de 1468 à 1553.

 

   

 

 

Photo 1 : Le moine architecte Mun Dam Phra khot et le roi Tilokaraja donnant des instructions pour l'édification du Chédi Luang. (Une scène du musée Indrakhin de Chiang-Maï.)

 

Photo 2 : La face nord et ouest du chédi Luang le 15 janvier 2010. La cérémonie qui se déroule précédait de trois jours la crémation du patriarche Luang Po Chandra Kusalo (1917-2008) (จันทร์ กุสโล).

 

Photo 3 : Quelques moinillons du Wat chédi Luang attendant que les chaises se placent toutes seules … sans doute miraculeusement ?!... (Qui ne croit en rien n'obtient rien !... Mais au Lanna on croit en beaucoup de choses sans vraiment – à mon avis – obtenir beaucoup !...) (Une scène vivante prise devant la face Est du Chédi Luang, où se trouve la niche dans laquelle reposait naguère … le Bouddha d'émeraude.)

 

 

 

Malgré la présence du Bouddha d'émeraude à Chiang-Mai, depuis le premier quart du XVIe siècle le Lanna a amorcé son déclin et sa chute semble se précipiter.

 

Le grand tremblement de terre de 1545, dont souffrira le Chédi Luang, vient comme ''secouer'' les descendants de Mengraï pour qu'ils se reprennent, mais rien n'y fait.

 

Ainsi, aux environs de 1545 Phra Muang Ket Klao (1543-1545) (พระเมืองเกษเกล้า) roi de Chiang-Maï et du Lanna meurt assassiné !...

 

Il n'a pas de fils, mais il a marié sa fille Nang Yot Kamthip (นางยอดคำทิพย์) avec Pho Thisaratch (โพธิสาราช) (1520-1547) le roi de Luang Swat (ลวงสวาท) (Luang Prabang). De leur union est né un fils, Chao Chethavong Lan Xang (เจ้าเชษฐวงษ์ล้านช้าง) (1534-1572) ou Settha Wangso ou encore Chaiyachettan, et Chaiyasetthathirat … parmi d'autres noms !...

 

Comme Chao Chethavong Lan Xang se trouve être le petit fils du roi défunt, il est sollicité pour monter sur le trône de Chiang-Maï. Le Lanna et le Lan Xang pourraient ainsi, dans les années à venir, ne faire plus qu'un seul et unique royaume !...

 

La proposition est acceptée et Chethavong Lan Xang, âgé alors d'une douzaine d'années, devient Phraya Uppayo Vararaxa ou Phra Maha Uppayo ratcha Lan Xang (พระมหาอุปโยราช ล้านช้าง) roi de Chiang-Maï et du Lanna. (*)

 

 

(*) Selon les traductions certains titres ''familiaux'' de l'entourage de Chethavong, ainsi que les dates, changent. Mais le cours des événements reste identique. Alors comme le sujet est le bouddha d'émeraude j'ai laissé de côté les affaires familiales … sur lesquelles je reviendrai surement un jour ou l'autre !...

 

 

 

Après deux ans de règne Phra Maha Uppayo ratcha Lan Xang apprend le décès de son père et, que Luang Prabang est secoué par des émeutes pour des raisons de succession.

 

Le jeune homme, âgé tout au plus de 17/18 ans décide d'aller aux obsèques de son père et de remettre de l'ordre dans la ville.

 

Pour être certain d'y parvenir il se fait accompagner de soldats, de moines, de savants et emporte avec lui des textes et des traités sacrés ainsi que quelques saintes images dont … le bouddha d'émeraude pour mettre toutes les chances de réussite de son côté. Ce détail est important, car hier comme aujourd'hui religion et superstition ne font qu'un.

 

Son départ se fait donc au grand jour et non en catimini ; et avec la promesse de revenir au plus vite avec … le bouddha d'émeraude.

 

Mais Phra Maha Uppayo ratcha Lan Xang après avoir rétabli l'ordre, reste à Luang Swat (Luang Prabang) et garde avec lui … le Bouddha d'émeraude !...

 

 

A Chiang-Maï depuis son départ et surtout celui du Bouddha d'émeraude rien ne va plus. La discorde et les calamités gagnent même tout le Lanna !...

 

 

Avec le temps, à Luang Swat, (Luang Prabang) Phra Maha Uppayo ratcha Lan Xang devenu le roi ''Setthathirath'' a maille à partir avec le roi de Birmanie. Ce dernier  ne cesse d'agrandir son royaume au détriment de ses voisins, et dans le cas présent ses voisins les plus proches sont … le Lanna et le Lan Xang.

 

Alors pour des raisons stratégiques évidentes, Setthathirath décide de quitter Luang Swat, qui va devenir Luang Prabang à son départ, et de faire de Vientiane sa nouvelle capitale.

 

Il met ainsi de la distance entre lui et la Birmanie et se rapproche de ses alliés Annamites.

 

 

En raison de cette décision, et après un séjour d'une douzaine d'années à Luang Prabang, ex Luang Swat, aux alentours de 1560 le bouddha d'émeraude part pour Vientiane où il restera pendant 215 ans … environ !....

 

   

 

Photo 1 & 3 : Deux des nombreux Bouddha dit d'émeraude disposés de part et d'autre de l'autel du temple de Lampang.

 

Photo 2 : Une carte donnant l'itinéraire du Bouddha d'émeraude depuis Angkor.

En rouge l'itinéraire légendaire.

Au Cambodge : 1/ Angkor

Au Siam : 2/ Ayutthaya – 3/ Kamphaeng Phet – 4/ Lopburi – 5/ Kamphaeng Phet.

 

En blanc : l'itinéraire historique.

Au Lanna : 6/ Chiang-Rai – 7/ Lampang – 8/ Chiang-Mai

Au Lan Xang : 9/ Luang Prabang – 10/ Vientiane.

 

Nota bene : Cette partie de la légende est, je le rappelle, très importante car elle valide le ''droit'' de propriété que le Siam s'est donné sur le Bouddha d'émeraude.     

 

 

Cette décision paraît d'autant plus sage qu'en 1558, soit deux ans plus tôt, la Birmanie a fait du Lanna son vassal. Cette vassalisation durera 217 ans de 1558 à 1775.

 

Dix-sept ans plus tard, en 1575 le Lan Xang connaîtra le même sort que le Lanna. Mais au fil des ans, au lieu de s'unir dans l'adversité, en 1694 le royaume se divise en trois états, Luang Prabang, Vientiane et Champassak.

 

 

De son côté le Siam n'échappera pas à l'hégémonie Birmane. Ayutthaya sera pillée une première fois en 1569 et carrément rasée en 1767.

 

Cependant, un homme nommé Taksin, (ตากสิน) (*) avec des fonds chinois et tout au plus 70.000 hommes va faire renaître le Siam de ses cendres, (**) et par la suite, comme les Birmans, mener une politique … expansionniste !...

 

Le vaincu d'hier va prendre sa revanche en régnant en maître et en despote, sur une grande partie de l'Indochine et, sans faire la moindre concession.

 

 

(*) Il ne faut surtout pas confondre le roi Taksin (ตากสิน) avec l'actuel ex-premier ministre en fuite et en exil Thaksin Shinnawatra (ทักษิณ ชินวัตร) dont se réclament les chemises rouges.

 

(**) D'après l'ambassadeur britannique John Crawfurd (1783-1868) en poste à Bangkok de 1821 à 1822 le Siam comptait tout au plus, lors de sa mission, 2.790.000 habitants dont 440.000 chinois. La France à la même époque comptait 32.000.000 d'âmes.

 

Une autre source, française celle-là et journalistique qui traitait du conflit franco-siamois de 1893, (Le Pellerin & Cie) donnait 9.000.000 d'âmes dont 450.000 vivant à Bangkok.

 

Les bons chiffres doivent se situer entre les deux.

 

 

 

Fin 1767 Taksin (1734-1767-1782) se nomme roi de Siam sous le nom de ''Borom Racha IV'' (บรมราช) et courant 1768 il envoie une délégation à Pékin pour signifier son allégeance à la Chine afin d'être officiellement reconnu comme le seul et unique roi de Siam.

 

Dans un premier temps la Chine des Qing ne donnera pas suite.

 

 

                                 FIN de cette deuxième partie

 

   

 

 

La face Est du Chédi Luang avec à l'intérieur de la niche, une réplique du Bouddha d'émeraude Phra Bouddha Djé Lim Sri Ratcha. (พระพุทธเฉลิมสิริราช) ou Phra Kéo Yok Chiang-Maï (พระแก้วหยก เชียงใหม่), un bouddha en jadéite noire, officiellement installé le 20 avril 1995, soit 442 ans après le départ de son modèle et à l'occasion du 600ème anniversaire de l'édification, non pas du chédi Luang, mais du Ku Luang qui précéda la construction du Chédi Luang, sous le règne de Chao Saen Muang Ma (1387-1411 environ). (Les 600 ans sont … très, mais très approximatifs !...)

 

 

 

Pour lire la suite se rendre dans : LEXIQUE et …

Cliquer sur : BOUDDHA D'EMERAUIDE (LE) 3/3



09/08/2012
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