MerveilleuseChiang-Mai

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CORYPHA UMBRACULIFERA LINN (Le)

TALIPOT DE CEYLAN (Le)

CORYPHE DE MALABAR (Le)

CORYPHA PARASOL (Le)

ลานเชียงใหม่ (Lane Chiang-Maï)

 

CORYPHA UMBRACULIFERA LINN

 

… sont des noms qui servent à désigner le palmier ci-dessous.

 

   

 

 

Ces palmiers s'élèvent sur la berge intérieure de la douve, qui cerne Chiang-Maï. Ils sont très exactement sur le côté nord de l'angle Nord-ouest, ou Chaeng Hua Rin (แจ่ง ห้วริน) pas très loin du centre commercial dit ''kad suan kaew''. (กาดสวนแก้ว)

 

 

 

Ce palmier a reçu bien d'autres noms. Tout d'abord par les indigènes vivant sur le même sol que lui, des noms tels que …

 

Alam tālipat (Malais), Bajarbutta (Hindi), Caretela & Codda-parma (Inde), Kudaippanai (Tamoul), Kudappana (1) (Malayalam), Pep En (Birman), San Xing Xing Li Ye Ye Zi (Chinois), Tallipot, (*) Talpot, talipât, Tāla pattra (3) Tala, Talagaha, Talaghas, Talagas (Ceylan), Tone Lane (ต้นลาน) Lane kagn kegn (ลานกางเกง) à Chumphon -

 

 

(1) Kudapana c'est-à-dire ombrelle-palmier. (Kudapana s'écrit avec un ou deux ''p'' selon les auteurs ?!...)

(2) Tallipot viendrait du Malais ''ālam tālipat''.

(3)Tāla pattra vient du sanscrit et signifierait au mot à mot ''Palmier-feuille'', c'est-à-dire … feuille de palmier ou palmier à feuilles (sous-entendu) de manuscrits ?!....

 

 

 

Puis Carl Von Linné (1707-1778), en 1753, dans sa 12ème édition page 729, l'a baptisé :

 

CORYPHA UMBRACULIFERA.

 

Il a comme synonyme :

Codda-pana Rheede (1693) – (Malabar)

Tallipot Knox

Saribus Rumphe … par erreur nous dit Denis Diderot dans sa grande encyclopédie !... (*)

 

 

(*) Carl Von Linné avait confondu deux espèces de Corypha, celle du Corypha umbraculifera et celle qui deviendra Corypha Rotundifolia Lamk, que Rumphius (1627-1702) avait appelé ''Saribus''.

 

En fait ce fut un peu plus compliqué que cela car il y eut l'intervention d'un certain João Loureiro (1717-1791) missionnaire et botaniste de son état, mais …  tout a fini par rentrer dans l'ordre. La personnalité de chaque type de palmier a bien été prise en compte !...

 

Conclusion : Le ''Saribus Rumphe'' n'est pas un synonyme du ''Corypha umbraculifera'' même si certains l'écrivent, mais de ''Corypha à feuilles rondes'' ou ''Corypha Rotundifolia''.

 

 

   

 

 

             Quelques palmiers tels qu'on les dessinait fin XVIIIe.

 

Image 1 : Une gravure représentant deux ''corypha rotundifolia''

 

Image 2 : Une gravure sur cuivre de Friedrich Gottlob Hayne représentant un ''corypha rotundifolia'', parue dans le tome 1 d'une encyclopédie illustrée allemande datée de 1799-1807. (Collection Rarasammlung – Université Humblot)

 

Image 3 : Une gravure tirée du même volume que la première image représentant de gauche à droite : un Caryota Urens ou palmier à sucre, un Borassus Flabellifer ou palmier rônier, et deux Corypha umbraculifera. (Il n'y a pas vraiment de différence entre les trois derniers palmiers ?!...)

 

 

 

Pour les auteurs anciens le Corypha umbraculifera était originaire de Ceylan (Sri lanka) et de l'Inde de l'Ouest. (Etats du Karnataka, appelé Mysore depuis 1956, et du Kérala).

 

En fait avec le temps, et la progression des Européens à l'intérieur des terres d'Asie, ''on'' s'est aperçu qu'il proliférait aussi en Asie du Sud-est c'est-à-dire en Birmanie, en Thaïlande (Lanna) (*), au Laos, au Cambodge, en Malaisie et en bordure de la Chine du Sud. Avait-il migré ou était-il aussi endémique à ces régions ?...

 

Je n'ai rien trouvé concernant l'une ou l'autre hypothèse hormis le fait que le genre ''corypha '' se limitait à l'Asie du Sud-est y compris Sumatra, Java, Bornéo et les Philippines.

 

Aujourd'hui on le trouve dans la plupart des pays tropicaux, tant d'Amérique que d'Afrique.

 

 

 (*) Les trois espèces de palmier de type Corypha les plus courantes en Thaïlande sont :

1/ le corypha lecomtei Becc., ou Lane-Pa (ลานป่า)

2/ le corypha utan Lam. ou (elata Roxb.) ou Lane-Phru (ลานพรุ) et

3/ le corypha umbraculifera Linn., ou Lane-Mun- (ลานหมื่นเถิดเทิง) ou Lane-Wat (ลานวัด) ou encore … Lane-Chiang-Maï (ลานเชียงใหม่)

 

 

 

 

En rouge : L'aire géographique où poussent des palmiers.

Zone cerclée mauve : L'aire endémique du Corypha Umbraculifera

Zone cerclée en vert : L'aire où pousse la famille des Coryphas.

 

 

 

Petite analyse du nom ''corypha umbraculifera Linn''.

 

CORYPHA vient du latin Coryphaeus qui lui même vient du grec koruphaios (κορυφαος) qui signifie ''chef'', et dont la racine Koruphé (κορυφή) veut dire ''sommet''.

 

En Grèce antique le coryphée était celui qui dirigeait les chœurs, celui qui se distinguait des autres. Il était à la tête d'un groupe ou le chef d'un ensemble ; deux mots qui dans certains contextes sont synonymes.

 

Les palmiers du genre Corypha se distinguent de tous les autres de part leur grandeur et leur majesté. En tout cas pour l'espèce qui deviendra Corypha Umbraculifera les premiers auteurs décrivant cet ''arbre'' étaient unanimes. La plante les a tous subjugués. C'était une exception du genre.

 

Le faîte, ou le sommet  du corypha Umbraculifera atteint facilement les 40 mètres ; quant à son feuillage il est impressionnant et majestueux.

 

A noter que le mot ''Corypha'', dans les temps anciens, servait aussi a désigner trois montagnes d'Asie dont l'une s'élevait en Inde tout près du Gange !... Linné ne devait pas être sans le savoir. Alors l'homonymie a du aussi entrer en ligne de compte dans le choix du mot ''Corypha''.

 

 

UMBRACULIFERA se compose de deux mots, ''umbra'' et ''culifera'', qui tous deux sont issus du latin.

 

Le premier ''umbra'' vient de umbraculum un mot qui qualifie tout à la fois une cabane faite de branchages pour se mettre à l'abri du soleil, et un parasol.

 

En Espagne l'umbracùlo est un endroit recouvert de feuillages qui protège les plantes de la lumière et de la chaleur du soleil.

 

Il ya donc dans le choix de ce mot, la volonté de mettre en évidence l'ombre ou l'ombrage que procurent les feuilles de cette plante.

 

 

Le second terme, ''culifera'' vient de Fero, fer culi et latum des termes se rapportant au transport et à l'accompagnement de l'objet transporté.

 

Conclusion :

Le corypha Umbraculifera est une espèce dont il suffit de transporter les larges feuilles avec soi, pour se mettre à l'abri du soleil ou … de la pluie. Ses palmes ou limbes sont comme des ombrelles et se transportent avec tout autant de facilité … encore que … certaines d'entre elles peuvent peser jusqu'à 50 kilos ?!.... 

 

 

LINN est la norme abréviative de Carl Von Linné (1707-1778) un médecin suédois passionné de botanique. Sa passion va le conduire à entreprendre une classification des êtres naturels dont les plantes.

 

Sa classification basée sur le nombre d'étamines ne lui survivra pas. Mais sa nomenclature binominale est toujours en vigueur. Elle consiste à donner deux noms à tout nouvel individu.

 

Le premier nom est un nom générique, commun à plusieurs espèces (Corypha) c'est le nom de la famille, et le second un nom spécifique, qui différencie de ses pairs ou cousins l'individu concerné (Umbraculifera).   

 

   

 

 

Quelques gravures mettant en exergue les qualités d'abri des feuilles du … ''codda pana'' comme aurait souhaité qu'on appelât ce palmier, Denis Diderot, et … ''Une manière de s'abriter soi-même de la pluie avec une feuille de Tolipat''.

 

Mais de ''codda pana'' et de ''Tolipat'' c'est Corypha Umbraculifera qui l'emporta au grand dam … peut-être ?... de Denis Diderot !...   

 

 

 

Le corypha umbraculifera Linn appartient à la famille des Arecaceae (Arecacées) ou palmae (palmacées) (*) ; une famille de plantes propre aux palmiers qui comptent plus de 2.500 espèces se répartissant en plus de 200 genres, dont le ''corypha''.

 

La plupart d'entre eux sont originaires d'Amérique et d'Asie, quelques uns seulement sont Africains.

 

 

C'est une famille de plantes monocotylédone, de ce fait ce ne sont pas des arbres mais … des herbes géantes. (**)

 

Ces herbes se présentent sous la forme d'une tige ou ''stipe'' appelée aussi ''caudex'', dont la hauteur varie selon les espèces, (60 mètres pour certaines d'entre elles) et qui se termine par un bouquet de feuilles.

 

Le stipe n'a pas de branche, mais des palmes ou des frondes, tantôt en forme d'éventail (palmées), tantôt ayant l'apparence d'une plume (pennées) ou encore alliant les deux types de palmes (costapalmées).

 

 

Nota bene : Compte tenu de découvertes récentes, de nouvelles classifications se peaufinent de jour en jour sans pour autant se juxtaposer. Alors dans un souci de simplicité je reste fidèle aux travaux des … anciens qui, je le sais, finiront par ne plus avoir cours. Mais en attendant que les botanistes d'aujourd'hui se mettent d'accord, la classification des botanistes d'hier est très bien faite pour le néophyte que je suis et peut-être que nous sommes ?!...

 

 

(*) Ces quatre mots de vocabulaire sont synonymes et employés couramment l'un à la place de l'autre.

 

(**) Le palmier n'étant pas un arbre, son bois – au sens botanique – et pour des raisons de constitution n'est pas une essence de bois ''traditionnelle''. Néanmoins la constitution de la tige de certaines variétés de palmiers possède des qualités qui font que son emploi, dans un domaine donné, peut être mieux adapté qu'un bois traditionnel.

 

 

 

Le genre corypha compte en Asie du Sud-est, y compris l'Inde et le Sri Lanka, six espèces :

 

1/ - Le corypha griffithiana Becc. Webbia (1921)

2/ - Le corypha lecomtei Becc. ex Lecomte, Bull. Soc. Bot. France  (1917)

3/ - Le corypha microclada Becc.

4/ - Le corypha taliera Roxb. (1820)

5/ - Le corypha umbraculifera Linn (1753) (Talipot –Lanka)

6/ - Le corypha utan Lam. (1786)

 

Nota bene :

1/ Il existe d'autres espèces de corypha de par le monde, y compris de nombreux synonymes, mais je ne m'en tiens qu'à l'Asie du Sud-est.

 

Le corypha umbraculifera Linn est une herbe qui peut atteindre entre 20 à 25 mètres de hauteur.

 

Il arrive à maturité entre 30 et 80 ans.

 

   

 

 

Les photos 2 & 3 concernent le même caudex. La photo 2 montre le stipe du Corypha Umbraculifera à sa base et la photo 3, quelques mètres plus haut.

 

 

 

Le caudex du corypha umbraculifera Linn se présente sous l'aspect d'une tige dont l'épaisseur se constitue au fur et à mesure de la pousse et de la chute de ses palmes.

 

Il contient de la moelle qui, d'après P.C. Briand auteur de ''Les jeunes voyageurs en Asie'' paru en 1820, se réduirait en farine et entrerait dans la composition de gâteaux qui auraient le goût du pain ?!...

 

C'est son bourgeon terminal, et lui seul, qui assure son développement. Autrement dit, s'il gel ou s'il dépérit, pour une raison ou pour une autre, le palmier en fait autant.  

 

     

 

 

Photo 1 : Le faîte de la tige.

 

Photo 2 : Un pétiole en gros plan montrant les dents ou épines ( ?) qui s'érigent sur chacun de ses deux bords.

 

Photo 3 : L'extrémité du faîte d'un caudex et son bourgeon terminal, celui qui assure sa croissance. Les épines des rachis seraient-elles là pour le protéger ?...

 

Photo 4 : L'extrémité du pétiole, vu de dessous, là où prend naissance le limbe.

 

 

 

La palme ou limbe du corypha umbraculifera Linn

 

Le stipe de l'herbe se termine par un faisceau de 8 à 10 feuilles. Ce bouquet de feuilles, avec les anciennes encore en vie, forment une espèce de sphère dont le diamètre peut avoisiner les 15 mètres, et la circonférence une bonne cinquantaine de mètres.

 

La feuille ou fronde est portée par un pétiole denté, ou rachis, pouvant mesurer jusqu'à 4 m, voire plus, qui se termine par un limbe de type ''costapalmé'' d'environ 3 à 5 m.

 

Les feuilles meurent après quelques années et se détachent en laissant une cicatrice sur le caudex.

 

   

 

 

Photo 1 : Le limbe d'une fronde. Celui-ci se subdivise en segments rigides et parallélinervés, qui s'appellent des pinnules. Celles-ci sont liées entre elles sur le premier tiers de leur longueur, ensuite elles sont libres mais restent rigides.

 

Photo 2 : Une illustration d'antan d'un Tallipot, devenu Corypha umbraculifera, qui montre de toute évidence que l'auteur du dessin ne manquait pas d'imagination mais qu'il n'avait jamais du voir un palmier et encore moins un corypha umbraculifera.

 

Photo 3 : Quelques frondes montrant le pétiole et son limbe.

 

 

 

D'après les témoignages des premiers botanistes cette feuille pouvait abriter une dizaine de personnes, ce qui me semble quelque peu exagéré, mais il est vrai que certaines d'entre elles sont énormes et qu'il n'est pas rare que le poids d'une feuille ou palme atteigne les 50 kilos et puisse abriter une ou deux personnes.

 

Naguère les soldats d'Inde et de Ceylan en faisaient des tentes et les indigènes les utilisaient pour couvrir leur habitation.

 

   

 

 

N'ayant pas eu la chance de voir un corypha umbraculifera en fleurs j'ai du me résoudre à aller glaner quelques photos sur des sites ''confrères''. Alors rendons à César ce qui appartient à césar.

 

Photo 1 :http://www.diversityoflife.org/imgs/pgc4/r/Arecaceae_Corypha_umbraculifera_11624.html

 

Photo 2 : http://www.magnoliathailand.com/webboard/index.php?topic=9488.0

 

 

 

La fleur du corypha umbraculifera Linn

 

La particularité de ce palmier est d'être monocarpique, c'est-à-dire de ne fleurir et de ne fructifier qu'une seule fois dans son existence et ensuite de passer de vie à trépas au fur et à mesure du murissement de ses fruits.

 

La floraison s'opère entre la 30ème et 80ème année.

 

Celle-ci s'annonce par l'apparition d'une tige qui pousse tout au faîte de l'arbre. En moins de quatre mois elle atteint une dizaine de mètres et développent d'autres tiges (branches ?...) porteuses de milliers, voire de million de petits boutons.

 

Lorsqu'à lieu la floraison, c'est un véritable enchantement,  car c'est une immense inflorescence, composée de petites fleurs disposées en épis axillaires, qui s'offre à la vue des spectateurs.

 

Les fleurs sont de couleur blanche et jaune et dégageraient des odeurs désagréables et malsaines, d'après certains auteurs. Leur durée de vie serait de 3 ou 4 semaines.

 

Ce sont des fleurs hermaphrodites qui lorsqu'elles sont au sol feraient un excellent combustible ?!...  

 

   

 

 

 

Les fruits du corypha umbraculifera Linn 

 

Le fruit ou ''pomme de bâche'' serait de la taille d'une grosse cerise et comme elle il aurait une peau lisse. De couleur verdâtre sa chair blanche serait ''succulente'' quoique un peu amère ?!...

 

Mais c'est un fruit qui ne se mange pas, (Insuffisamment de chair ?...) et qui met des mois à murir et à durcir, 14 selon certains auteurs ?!... et un peu moins d'après d'autres ?!....

 

Les fruits sont si nombreux qu'il y aurait de quoi, d'après de nombreux auteurs, ''nourrir toute une province'' ?!...

 

Au Sri Lanka ses noyaux étaient tournés, polis et peints en rouge, ce qui leur donnait l'aspect de coraux et permettait d'en faire des colliers. La coutume a-t-elle perdurée ?... je rien trouvé à ce sujet.

 

Au fur et à mesure de la maturité des fruits le palmier passe de vie à trépas.

 

 

Le ''bois'' du corypha umbraculifera Linn :

 

Comme écrit un peu plus haut, l'essence des palmiers est particulière. Ce n'est pas un bois au sens botanique. Cependant c'est un très bon matériau de charpente et surtout en tant que pilotis.

 

 

 

Des employés municipaux chargés de la propreté de la ville de Chiang-Maï débitant un rachis de corypha umbraculifera … mort ( ?...).

Etait-ce leur hache qui ne coupait pas, ou les employés qui voulaient économiser leurs forces, en tout cas ils ont eu maille à partir avec ce petit pétiole qui devait mesurer plus de deux mètres.

 

 

 

Petite pharmacopée du corypha umbraculifera Linn

 

Les spathes (*) des fleurs produisent une liqueur ou résine vomitive que les femmes ingurgitent/ingurgitaient ( ?) pour avorter ou faire ''sortir l'enfant mort''.

 

Avec les cendres des limbes certains indigènes composent un remède contre les ecchymoses, les enflures et les inflammations. Ce médicament porte le nom de ''ya-maha-nine'' (ยามหานิล) (remède du grand saphir)

 

 

(*) Les spathes ou bractées sont des petites feuilles situées à la base du pédoncule de certaines fleurs ou inflorescence.

 

 

   

 

Le petit plus !...

 

 

Autrefois au Lanna les textes sacrés, astrologiques et autres, étaient gravés sur des feuillets confectionnés à partir des pinnules du limbe de la feuille d'un palmier. (1)

 

 

 

 

Photo 1 : Des rachis de fronde de palmier encore soudés à leur tige.

 

Photo 2 : Un manuscrit dont les ''pages'' ou ''ôles'' sont issus de pinnule de palmier. (Photo EFEO)

 

Photo 3 : Un limbe de fronde, ou palme, de palmier et ses nombreuses pinnules.

 

 

 

En langue thaïlandaise ces feuillets s'appellent ''khamphi baï lane'' (ค้มภีร์ใบลาน) c'est-à-dire, littéralement, les saintes écritures sur feuille de palmier.

 

 

Pour obtenir ces feuillets de manuscrit, ou ''ôle'' (2) il fallait tout d'abord traiter les pinnules de la feuille par le biais d'une cuisson dans de l'eau de riz afin d'augmenter la longévité et la résistance des futures ôlles.

 

Après le séchage des pinnules, qui mesurent entre 4 ou 5 cm de large, ces dernières étaient découpées en bandes en fonction de leur destination. Alors cette longueur pouvait varier entre 25 et 50 cm, voire moins ou plus.

 

 

Lorsque le feuillet obtenu passait entre les mains d'un copiste c'était au moyen d'un style (3) que celui-ci reportait les textes ou dessins sur son support en ''feuille'' de palmier.

 

Puis après avoir terminé la gravure le copiste étalait sur le feuillet un mélange de résine et de suie appelé ''nam-mane-yang'' (น้ำมันยาง). L'objet de l'opération était de remplir et de noircir les creux des lettres et des dessins pour accentuer leur lisibilité.

 

   

 

 

Photo 1 : Une page de manuscrit en écriture du nord. (Lanna) (Musée du Wat Phra Kaew -วัดพระแก้ว- de Chiang-Raï.)

 

Photo 2 : Des manuscrits en écriture thaïlandaise rangés dans un meuble du ho trail du Wat Buppharam (วัดบุปพาราม) de Chiang-Mai, un Wat hors les murs situé rue Tha phae.

 

Photo 3 : Caisses dans lesquelles sont rangés les manuscrits. Celles-ci se trouvent à l'intérieur du ho trail du Wat Duang Di (วัด ดวงดี), un Wat de Chiang-Maï intra muros.    

 

 

 

Ensuite les ôles étaient perforées afin d'être reliées entre elles par liasse de 24 au moyen d'un cordon ''saï sanogn'' (สายสนอง).

 

Une liasse est appelée ''nagn-seu-phouk'' (หนังสือผูก) c'est-à-dire ''livre lié'' ou ''livre attaché'', ou plus simplement ''phouk''.

 

Un manuscrit se compose d'un ou de plusieurs phouk-s.

 

Pour protéger le phouk deux planchettes en bois, de même taille que les ôles, étaient rajoutées au-dessus et en dessous de la liasse pour faire office de couverture. Certaines d'entre elles étaient parfois richement décorées

 

 

Enfin pour conserver les manuscrits, les protéger des prédateurs entomologiques et des intempéries, ils étaient enveloppés dans des tissus et rangés dans des coffres.

 

Dans les temples ces coffres se trouvaient à l'intérieur du ''ho-trail'' (หอไตร) (4) C'est-à-dire de la construction sur pilotis ou surélevée, dans un but de protection, dont l'usage était celui de nos bibliothèques.

 

   

 

 

Photo 1 : Le ho trail du Wat Mae Kaew (วัด แม่กาว) au Nord-ouest de Chiang-Maï

 

Photo 2 : Le ho trail du Wat Muang Lagn (วัด เมืองลัง) au Nord-est de Chiang-Maï

 

Photo 3 : Le ho trail du Wat Kao Klagn (วัด เกาะกลาง) au sud de Chiang-Maï

 

Tous sont surélevés, mais celui du milieu répond le mieux aux normes de sécurité puisqu'il est au-dessus d'un plan d'eau. S'agit-il d'une … ''coquetterie'' ?... car aujourd'hui les livres saints sont imprimés à la manière occidentale et ne courent plus les mêmes dangers de destruction qu'autrefois. Mais … il y a toujours des archives des temps anciens à conserver et à protéger.

 

 

 

(1) C'était le palmier le mieux adapté mais aussi le plus courant dans une région donnée qui était employé. Ainsi par exemple en Birmanie c'était le palmier à sucre ou Borassus flabellifer L qui avait la faveur des Birmans ; alors qu'au Cambodge c'était le latanier ou ''corypha lecomtei Becc. ex Lecomte, Bull. Soc. Bot. Et au Sri Lanka … le corypha umbraculifera.

 

(2) Le mot féminin français ''ôle'' ou ''olle'', datant de la fin du XVIIe, aurait pour origine le mot tamoul ''ôlei'' qui signifie ''feuille''. Une ôle ou olle est donc un feuillet taillé dans le pinnule d'une feuille de palmier et destiné à servir de support manuscrit.

 

(3) Le style, que certains appellent aiguille à graver, se traduit par ''lek-djane'' (เหล็กจาน) au Lanna. C'est un instrument particulier dont l'usage n'est pas celui du stylet, une arme blanche avec laquelle il est souvent confondu.

 

(4) Le ho-trail (หอไตร) ou bibliothèque du temple s'appelle aussi ho-Dharma (หอธรรม) ou pavillon du Dharma.

 

 

Pour en savoir un peu plus sur la fabrication des ôles….

http://classes.bnf.fr/ecritures/arret/supports/textes/03.htm

http://www.chine-informations.com/guide/sutras-bouddhistes-sur-feuilles-de-palmier_3063.html


 

 

Maintenant le corypha umbraculifera Lin vous tire sa révérence et espère vous avoir fait passer un agréable moment avec ses petites histoires de famille.

 



30/12/2011
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