MerveilleuseChiang-Mai

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D - EXPOSITION DE PAPIERS- DÉCOUPÉS 2013 - SHANGHAI

         

          L'EXPOSITION DE PAPIERS- DÉCOUPÉS

      de la galerie Lin Ximing à Xujiahai (Shanghai)

 

                                 octobre 2013

 

 

En occident le papier découpé se résume aux ribambelles de personnages, d'animaux ou de figures géométriques qu'on accroche en certaines occasions pour décorer les lieux où vont se dérouler les festivités qui vont de conserve !....

 

 

 

En Chine ces ribambelles vont au-delà de la décoration. En général il s'agit d'une suite de tigres qui trouve naturellement sa place sur les murs et/ou au-dessus des portes et des fenêtres des maisons.

 

Ces demeures sont alors censées être protégées des mauvais esprits qui, du fait de la présence de ces tigres, par crainte, s'interdisent d'entrer dans les foyers où les ribambelles de tigres sont accrochées.

 

 

 

Par souci d'efficacité ces banderoles de tigres doivent être de couleur rouge. Car le rouge est synonyme d'harmonie, d'amour, de richesse et de santé. D'ailleurs, en Chine, lorsqu'une maison n'est pas parée de rouge ou de couleurs vives, les voisins se demandent toujours ce qui ne va pas dans la famille qui l'occupe.

 

 

 

Mais venons-en aux oeuvres de papier-découpé et dirigeons-nous vers leur lieu d'exposition.

 

 

     

 

 

 

Photo 1 : L'entrée de la salle d'exposition de papiers découpés.

Photo 2 : L'immeuble de la salle d'exposition Lin  

Photo 3 : La rue Shuangfeng et ses commerces près de la salle d'exposition.

 

 

 

En Chine, à Shanghai, non loin de Xujiahui, tout à côté du stade et de l'auditorium de la ville s'élève, rue Shuangfeng, un petit immeuble du genre ''Maison pour tous'' et à l'intérieur duquel se trouve une salle d'exposition exclusivement réservée à des expositions d'oeuvres en papier découpé.

 

 

 

Cet art, surtout spécifique à la Chine, porte le nom de ''Jiǎnzhǐ'' (剪纸 ou剪紙). Il remonterait bien avant le VIe siècle puisqu'il aurait connu son âge d'or sous les Han (206 av.JC et 220 ap. JC) c'est-à-dire voici plus de 2.000 ans ?!...

 

 

 

Durant tous ces ans, et selon les régions, le ''Jiǎnzhǐ'' s'est transmis de génération en génération. Certaines ont connu de grands artistes, mais leurs oeuvres ne leur ont pas survécu.

 

 

 

En 1843, avec l'arrivée des occidentaux, bon gré mal gré, Shanghai est devenue une porte ouverte sur le monde. De ce fait, tant pour des raisons économique que culturelles la ville a attiré vers elle des artistes et artisans de toute la Chine. Alors l'art du papier découpé a connu comme une renaissance.

 

 

 

La première école de papier découpé, qui fut créée à Shanghai, participa à cette renaissance. Les artistes comme Lin Ximing (1925-), aujourd'hui Président honoraire de l'association du papier découpé, et Wang Zigan lui donnèrent ses lettres de noblesse, et en 2009 le papier découpé entra dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.

 

 

 

     

 

 

Photo 1 : Le nouveau visage des berges (濱江新貌)

Un découpage de : 36 x 59 cm de : Sūn Róng Jié (孫嶸捷)

Photo 2 : Le président Mao Tsé-Toung visitant une usine (毛主席視察綱佚廠)

Un découpage de : 80 x 100 cm de : Dù Jiāqín (杜家勤)

Photo 3 : L'âme de Longhua (龍華魂)

Un découpage de : 60 x 85 cm de : Sūn Jihăi (孫繼海)

 

 

 

Photo 1 : Il s'agit de la berge du Huangpu (黄浦), le dernier affluent du Yang-Tsé-Kiang à Shanghai, et plus précisément du quartier ultra moderne de Pudong () où s'élève la fameuse ... ''piqûre''.

 

Les deux tours noires du fond ressemblent à celles de Xijiahui, un quartier qui est loin d'être dans le district de Pudong ?!...

 

 

 

Photo 2 : Ce qui m'étonne dans cet ouvrage, c'est la ressemblance du Mao  découpé avec l'original. J'ai vu l'an passé, dans ce même lieu, une série de portraits qui m'ont étonné.

 

D'après l'une de mes lectures, ce n'est donc pas à prendre pour argent comptant, il n'est pas rare qu'un artiste passe une dizaine d'heures sur seulement ... 1 centimètre carré de papier à découper ?!...

 

 

 

Photo 3 : En fait il s'agit d'un pot-pourri constitué de quelques édifices propres à Shanghai.

 

Au fond : la ''fameuse'' pagode de Longhua, dont les alentours en 2013, étaient en travaux afin de devenir un site touristique gigantesque.

 

À droite : la ... ''piqûre '' de Pudong.

 

À gauche : le nouvel aéroport international de Pudong dont le bâtiment principal est l'oeuvre de l'architecte français Paul Andreu.

 

Au premier plan : l'affluent du Yang-Tsé-Kiang le ... Huangpou.

 

  

 

       

 

 

 

Photo 1 : Scène d'un opéra ''Adieu ma concubine'' (霸王別)

Un découpage de : 106 x 78 cm de : Zhào Zīpíng (趙之平)

Photo 2 : Détail du Phénix de la joueuse de flute de la photo 4.

Photo 3 : Détail de la flûte de la joueuse de flûte de la photo 4.

Photo 4 : La joueuse de flûte appelant le Phénix (吹簫引鳳)

Un découpage de : 40 x 60 cm de : Zhāng Líndì (張林娣)

 

 

Photo 1 : Deux artistes de la tradition ''Jingju'' (Opéra de Pékin) interprétant une scène de ... ''Adieu ma concubine ''. L'un des 2.000 livrets anonymes, mais écrits par les lettrés d'alors.

 

Cette pièce historique se joue de conserve avec des danses dites ... des épées. Elle mobilise à l'heure actuelle 55 personnes dont, 35 acteurs, 10 musiciens et 10 techniciens.

 

Cette forme de théâtre (Opéra de Pékin) a vu le jour sous la dynastie des Qing (1644-1911). L'empereur Qialong (1736-1796) et l'impératrice Cixi (1835-1908) étaient des inconditionnels de ce type de spectacle.

 

Ce genre résulte de la fusion de quelques troupes de théâtres de provinces installés à Pékin dont les �uvres, des ''Huabu'' étaient synonymes de mépris car elles se jouaient sans règles précises contrairement aux ''Kunqu'' des lettrés aux règles rigides ... trop rigides pour évoluer !...

 

 

 

Fin XIXe et début XXe l'opéra de Pékin avait trouvé ses propres règles, et vers 1860 il alla à la conquête de Shanghai où en parallèle avec l'école de Pékin, se développa l'école de Shanghai de ... l'opéra de Pékin ou ... l'école de Shanghai du Jingju qui vers 1894 se composait uniquement de femmes contrairement à l'école de pékin où les rôles féminins étaient tenus par des hommes.

 

Le 16 novembre 2010 l'opéra de Pékin est inscrit au patrimoine immatériel de l'humanité de l'UNESCO.  

 

 

 

     

 

 

 

Photo 1 : Engraissement de volailles (養雞)

Un découpage de : 38 x 63 cm de : Li Ximing (林曦明)

Photo 2 : Les pêcheurs et leur pêche (漁歌─收獲)

Un découpage de : 80 x 110 cm de : Zhāng Yào Zhōng (張耀中)

Photo 3 : Labour d'automne (秋耕)

Un découpage de : 45 x 61 cm de : Lin Ximing (林曦明)

 

 

 

A partir des années 1950 le papier découpé connaît à Shanghai un véritable essor au point de voir naître un style nouveau ... ''le style de Shanghai'' dont l'une des particularités est l'inclusion.

 

Le papier découpé n'est plus d'une seule et unique pièce, mais se constitue de pièces rapportées de différentes couleurs.

 

 

 

Tout commence avec quelques artistes qui ... ''dépoussièrent'' le papier-découpé en s'orientant vers la nouveauté et en créant des oeuvres d'exceptions qui vont naître ou ... ''pousser comme des champignons'' d'après les auteurs chinois.

 

 

 

Deux artistes sont à la pointe de ce mouvement, Wang Zigan (王子) (1920-2000) qui se verra attribuer le titre honorifique de ''père du papier-découpé de Shanghai''. Outre ses oeuvres artistiques, il est l'auteur de deux publications en chinois ''Histoire du papier découpé de Shanghai'' (上海 ) et ''Création et papier-découpé'' ( 艺术 ).

 

 

 

Le second de ces artistes est Lin Ximing (林曦明) (1925 ou 1926) un peintre traditionnel qui s'engage dans la création d'oeuvres en papier-découpé en tant que tel.

 

Fidèle à la peinture livresque des lettrés il va s'appuyer sur l'art de la peinture à main levée pour moderniser et révolutionner le découpage. De ce fait ces oeuvres sont du brut de découpage mais respectueuses d'une mise en image traditionnelle.

 

 

 

     

 

 

Photo 1 : Un pêcheur solitaire un jour de printemps (春江獨鉤)

Un découpage de : 45 x 45 cm de : Madame Zhāng Xiùfāng (張秀芳)

Photo 2 : Retour de l'empereur Gāo Zǔ dans sa cité (高祖還) (Dynastie Han)

Un découpage de : 43 x 64 cm de : Wú Guóběn (國本)

Photo 3 : Domaine enchanteur (田園夢境)

Un découpage de : 45 x 45 cm de : Madame Zhāng Xiùfāng (張秀芳)

 

 

 

Wang Zigan (王子) compte aujourd'hui quelques disciples dont le talent est souvent récompensé. Parmi eux, et entre autres ... :

 

 

 

Wang Jianzhong (王建中) le propre fils de Wang Zigan qui n'est venu au papier-découpé qu'à l'âge de ... 38 ans et non à 13 comme son père !...

 

Non seulement cet artiste a repris l'héritage de son père, victime d'un accident vasculaire cérébral en 1993, mais il a mis au point la technique du papier-découpé dite ''qiaose'', ce qui signifierait littéralement ''coupe intelligente d'un papier de couleur''.

 

Zhào Zīpíng (趙之平) l'auteur de la scène ''Adieu ma concubine'' présentée plus haut.

 

Xi Xiaoqin (小琴) dont nous verrons le ''HERON'' tout à la fin de cette chronique est la s�ur de l'artiste précédent, Zhao Zaiping ou Zhao Ziping.

 

Li Shou Bai (李守白) dont nous allons voir quelques �uvres plus bas.

 

 

 

     

 

 

 

Photo 1 : La femme adultère (楊乃武與小白菜)

Un découpage de : 52 x 60 cm de : Chén Yùlín (沈育璘)

Photo 2 : Une cuisine familiale (江南農家灶)

Un découpage de : 80 x 110 cm de : Zhāng Xiùfāng (張耀中)

Photo 3 : Gâteaux de riz cuits à la vapeur (蒸年糕)

Un découpage de : 80 x 110 cm de : Qián Pǐng Róng (錢炳榮)

 

 

 

Il est beaucoup question de femmes dans les oeuvres précédentes. Alors c'est pour moi l'occasion de signaler que dans les temps passés, et peut-être actuels ?... dans certaines régions chinoises l'épouse était choisie en fonction de sa compétence à réaliser des oeuvres en papier-découpé.

 

 

 

Car, d'après les psychologues du cru, pour réussir un ''bon'' découpage ou papier-découpé il faut être diligent, patient et avoir le souci du détail. Bref !... nombre de qualités qui sont nécessaires à une femme pour bien tenir un foyer ?!...

 

 

 

Si deux êtres unissent leur destin, le jour de leur mariage le caractère ''Xi'' () en papier-découpé de couleur rouge sera l'un des éléments principaux de la décoration traditionnelle. Car les croyances populaires prétendent que ce papier découpé portera bonheur au nouveau couple.

 

 

 

     

 

 

                                   LES HABITANTS DE SHANGHAI (上海人家)

                         Un découpage de : 86 x 50 cm de : Li Shou Bai (李守白)

Photo 1 : Gros plan sur le visage du père de famille. 

Photo 2 : Plan d'ensemble de l'oeuvre.

Photo 3 : Gros plan sur le visage de la mère de famille.

 

 

 

Un visiteur ne pouvait pas passer devant l'oeuvre de Li Shou Bai sans s'y arrêter. C'est véritablement un chef-d'oeuvre à tous les niveaux, alors j'ai voulu en savoir un peu plus sur cet artiste et � je suis parvenu à trouver l'un de ses sites que je vous invite à visiter ... vous ne le regretterez pas.

 

http://www.lishoubai.com/

 

 

 

Li Shou Bai (李守白) (1962) est un artiste peintre et un maître sculpteur de la découpe de papier.

 

 

 

Il est né dans une famille d'artistes et s'initie aux beaux-arts dès l'âge de 6 ans avec son père. Il poursuivra ses études artistiques sous l'égide du peintre Lin Ximing (林曦明) et du maître de la découpe du papier Wang Zigan, les deux grands maîtres d'alors, de Shanghai.

 

 

 

Li Shou Bai est diplômé de l'Académie Arts et désign de Shanghai et appartient à de nombreux comités ou associations dont il est soit président, vice-président ou secrétaire général.

 

 

 

Pour vous mettre l'eau à la bouche concernant ses oeuvres j'ai repris de son site les réalisations qui suivent sauf la première, que j'ai photographiée moi-même, parce qu'elle comptait parmi les ouvrages exposé à la galerie ''Lin Ximing''.

 

 

 

       

 

 

                                   Quelques �uvres de LI SHOU BAI (李守白)

Photo 1 : Loisirs (悠閒) un découpage de 70 x 50 cm.

Photo 2 : L'été à l'entrée d'une ruelle (夏照弄堂口) un découpage de 70 x 48 cm.

Photo 3 : () un découpage de 68 x 48 cm.

Photo 4 : (·) une peinture de 70 x 70 cm.

 

 

 

Ces oeuvres, sauf la première, ont été puisées dans le site de Li Shou Bai, un artiste dont les travaux m'ont immédiatement conquis.

 

 

 

Les oeuvres 1 & 2 ''découpent'' deux ruelles de Shanghai qui aujourd'hui font partie du patrimoine culturel de la ville, laissé par les ... Français.

 

Le découpage 3 est une conjugaison entre le patrimoine culturel et l'idéal féminin traité au mode ''art déco''. Il y a comme une nostalgie des années 30 ?!...

 

L'oeuvre 4  est une toile de Li Shou Bai car, cet artiste a aussi la peinture comme corde à son arc !...

 

 

 

Pour mettre un point final à cette courte digression sur Li Sou Bai je livre à votre réflexion l'une de ses formules favorites : ''L'innovation provient de la découverte de soi '' (十分学七要抛三,各有灵妙各自探).

 

 

 

Mais revenons à notre exposition.

 

 

 

      

 

 

Photo 1 : Figure de Hockey (擊鞠圖)

Un découpage de 62 x 62 cm de : Zhōu Bīng (周 冰)

Photo 2 : Marcher dans l'eau sous un parapluie (雨中行)

Un découpage de 40 x 50 cm de : Madame Péng Mǐnmǐn (彭敏敏)

Photo 3 : Fidélité éternelle (忠孝節義圖)

Un découpage de 38 x 38 cm de : Lín Bāng Dòng (林邦棟)

 

 

 

En Chine le papier-découpé accompagne la vie de tout un chacun, le mariage comme nous l'avons vu mais aussi pratiquement tous les actes sociaux. De ce fait il est utilisé à des fins civiles et religieuses selon des rituels qui varient d'une région à une autre.

 

 

 

Par exemple, lorsqu'on fête l'anniversaire d'une personne âgée, ce sera le caractère ''Shou'' (寿) en papier-découpé rouge, qui signifie ''longue vie'' qui sera accroché aux murs où se dérouleront les festivités.

 

 

 

Comme les effets du caractère ''Shou'' ne sont pas éternels, lorsqu'une personne passe de vie à trépas, des papiers-découpés seront mis dans son cercueil pour l'accompagner et lui porter bonheur durant sa nouvelle vie, et, d'autres papiers-découpés porteurs de significations différentes, mais toutes destinées à porter bonheur au défunt,  seront brûlés lors de ses funérailles.

 

 

 

Les papiers-découpés servent aussi d'offrandes aux ancêtres et aux dieux. La fête des lanternes, le Yi Peng du Lanna, est la grande fête permettant d'honorer les ancêtres. Mais en cette occasion, le papier-découpé sert aussi à créer de magnifiques lanternes destinées à éclairer le chemin des mânes errantes ... et ... à protéger les vivants des esprits des défunts qui pourraient être mal intentionnés à leur égard.    

 

 

 

     

 

 

Photo 1 : Filet de poissons (埔魚圖)

Un découpage de 50 x 50 cm de : Zhāng Fāng Lín (張方林)

Photo 2 : Poissons (魚樂圖)

Un découpage de 31 x 44 cm de : Lín Bāng Dòng (林邦棟)

Photo 3 : Produit de la pêche (捕魚圖)

Un découpage de 45 x 45 cm de : Sun Rong Cai (孫榮才)

 

 

 

Les oeuvres 1 et 3 traitent du même sujet : ''Quatre hommes tendent un filet où sont pris des poissons'', symboles de richesses inépuisables.

 

 

 

Les deux artistes concernés sont originaires du Jiangsu (), une province côtière au nord de Shanghai, dont la ville principale est Nankin (南京) et où le papier découpé a fait son apparition au début de l'avènement de la dynastie des Ming (1368-1644).

 

 

 

Au fil des ans les artistes du Jiangsu se sont faits une spécialité des papiers-découpés destinés aux mariages, aux sacrifices, aux broderies, aux chaussures et au haut des portes en utilisant principalement des motifs de fleurs, d'oiseaux, de poissons et d'insectes.

 

 

 

 

 

Le bocal de poissons lui, est un papier-découpé d'un artiste venant du Zejiang (浙江) une province côtière au sud de Shanghai, dont la ville principale est Hangzhou (杭州).

 

 

 

Cette province bénéficie d'un environnement de rêve ; ses montagnes, ses plaines, ses îles, et surtout son magnifique lac de l'ouest ont été, et sont à l'origine de papiers-découpés de styles différents et uniques.

 

 

 

 

 

En résumé, un spécialiste reconnaît l'origine d'un papier-découpé, (La chine est immense, et nombre de provinces pratiquent cet art.) ; et un artiste de papier-découpé (non un artisan) est celui qui a su créer un style qui n'appartient qu'à lui. Le meilleur exemple est celui de Li Shou Bai (李守白) dont j'ai présenté quelques oeuvres plus haut. Il n'est pas le seul, et de loin s'en faut.

 

 

       

 

 

                                                                  ZEN (禪意)

                 Un découpage de 40 x 30 cm de : Madame Zhāng Mù Lì (張慕莉)

Photo 1 : Gros plan sur la tête de l'enfant.

Photo 2 : L'oeuvre en plan général.

Photo 3 : Gros plan sur la tête du vieillard.

 

 

 

Cette oeuvre fait partie d'un quadriptyque, un papier découpé en quatre parties, qui peuvent être accrochées indépendamment l'une de l'autre ... dans le cas présent.

 

 

 

 

 

Si j'attire votre attention sur ce papier-découpé en particulier, c'est parce que la poésie qui s'en dégage m'a touché avant même d'avoir été séduit par la composition de l'oeuvre.

 

 

 

Ainsi la tête de l'enfant est d'une expression plus vraie que nature. L'empreinte du ciseau est nette, sans fioriture et créatrice de vie. C'est un enfant qui écoute un vieil homme avec respect. Ses yeux, sa bouche et la position de sa tête sont en parfaite harmonie. Il n'y a pas la moindre discordance qui vient perturber la beauté de ce jeune visage et l'attention qu'il porte à ce qui lui est dit.    

 

 

 

La tête du vieillard est aussi frappante de vérité. Les plis de son oeil, le rictus de sa bouche et les quelques rides de sa joue concourent à mettre en évidence sa bienveillance et la tendresse qu'il porte à cet enfant.

 

 

 

Madame Zhāng Mù Lì (張慕莉) a créé avec son ciseau ce que d'autres conçoivent avec un crayon ou un pinceau, sans avoir quoique ce soit à leur envier, car son oeuvre a une âme.

 

 

 

        

 

 

Photo 1 : Un professeur et son élève ?!...

Photo 2 : Un sage en contemplation devant des bambous ?!...

Photo 3 : Un pêcheur en méditation ?!...

 

 

 

Ces trois oeuvres de Madame Zhāng Mù Lì sont les trois papiers-découpés qui accompagnaient celui présenté précédemment sous le titre de ZEN (禪意) ou Chán yì  un mot qui signifie, tantôt méditation et tantôt contemplation, c'est selon !...

 

 

 

     

 

 

Photo 1 : Retour du jeune vacher (牧歸圖)

Un découpage de 40 x 60 cm de : Mèng Qìnggāng  (孟慶剛)

Photo 2 : Zhuanqiao nostalgie (顓橋)

Un découpage de 30 x 42 cm de : Madame Zhōu Ruò Mèi (周若妹)

Photo 3 : Xixiang Ji (西廂記)

Un découpage de 67 x 44 cm de : Huánghǎi Xian (海仙)

 

 

 

Photo 1 : Meng Qinggang est originaire de Xuzhou (徐州) une ville du Jiangsu (), une province côtière au nord de Shanghai, dont la ville principale est Nankin (南京).

 

Cet artiste devrait avoir en 2013 entre 52/55 ans. C'est un homme corpulent qui manie les ciseaux avec un art et une dextérité à vous couper le souffle.

 

Il se démarque de ses confrères régionaux en créant des séries de figures historiques, de célébrités contemporaines, et d'empereurs.

 

Son coup de ciseau est simple, concis, brut et raffiné tout à la fois. Il suffit pour s'en convaincre de regarder son ''retour du jeune vacher'' qui personnellement m'a conquis dès que je me suis trouvé en face de l'oeuvre.

 

 

 

Photo 2 : ''Zhuanqiao nostalgie'' (顓橋鄉情) est l'oeuvre d'une institutrice d'école maternelle, qui a pris sa retraite en 2001, Madame Zhōu Ruò Mèi (周若妹). Cette femme de Shanghai a ... ''découpé'' un ancien quartier de banlieue, aujourd'hui partie prenante de Shanghai.

 

 

 

Photo 3 : Huánghǎi Xian s'est inspiré d'un grand classique, du genre Zaja dit aussi Théâtre du nord. Cette pièce a été écrite par le dramaturge Wang Shihu (西厢记| 王实甫著|) entre 1295/1307. Elle est connue sous les titres de ''Xixiang Ji'' ou ''L'histoire du pavillon d'occident''.

 

 

 

       

 

 

Photo 1 : Le héron (白鷺)

Un découpage de 35 x 28 cm de : Madame Xī Xiǎoqín (奚小琴)

Photo 2 : Retour ()

Un découpage de 135 x 70 cm de : Qián Pǐng Róng (錢炳榮)

Photo 3 : Gouttes d'amour (點點滴滴噯人心)

Un découpage de  72 x 50 cm de : Sūn Ping (孫 平)

Photo 4 : Chemise du dragon (龍鳳上衣)

Un découpage de  35 x 45 cm de : Xióng Chóngróng (熊崇榮)

 

 

 

Photo 1 : Une oeuvre d'une élève de Wang Zigan (王子), Madame Xī Xiǎoqín (奚小琴) de Shanghai, remarquable par la ligne du héron, la finesse des plumes et les touches de couleurs.

 

Pour en voir plus sur l'oeuvre de cette femme :

 

https://www.google.fr/search?q=%E5%A5%9A%E5%B0%8F%E7%90%B4&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ei=KrHBUs2GJq2XiAe-jIDgDA&ved=0CAcQ_AUoAQ&biw=1352&bih=570

 

 

 

Photo 2 : Ce papier-découpé de Qián Pǐng Róng (錢炳榮) a des traits commun avec un dessin humoristique qui ne dit pas ouvertement son humour.

 

A l'occasion du nouvel an Chinois 7 jours de congé sont octroyés à tous les travailleurs ; alors chacun cherche à fêter l'événement en famille. De ce fait, à cette époque, les trains sont bondés ... ce qui est un euphémisme.

 

Ici, le trait d'humour s'affiche en Chinois. Ce guichet de gare est un guichet de ... retour de vacances et ... de secours ... situé dans une petite gare lambda dont le guichet officiel a une queue encore plus importante. (Imaginez le départ à partir d'une gare comme celles de Shanghai où en temps ''normal'' déjà, ''ça'' grouille de partout.

 

Ici, il règne une certaine discipline, ce qui est loin d'être le cas pour qui connaît la Chine, chacun a un petit bagage, ce qui est loin d'être le cas pour qui connaît la Chine etcétéra ... etcétéra ...

 

Toujours est-il que chaque voyageur a une attitude qui lui est propre et que le ciseau a fait son �uvre sans ''blesser'' la moindre silhouette. C'est découpé avec netteté et précision. Le résultat est empreint d'harmonie et de grâce.

 

 

 

Photo 3 : Des gouttes de pluie tombent sur un fond de quelques flocons de neige. Ces gouttes d'eau sont l'occasion d'illustrer les devoirs qu'on les enfants vis-à-vis des aveugles, des handicapés moteurs et de la nature.

 

Ils doivent les aider et les protéger, tout comme les adultes les aident et les protègent ainsi que le soulignent deux autres gouttes d'eau placées pardessus celles qui leur sont consacrées.

 

 

 

Photo 4 : Xióng Chóngróng (熊崇榮) né en 1944, fut l'élève de Zhangyong Shou. C'est un artiste originaire de Yangzhou, province du Jiangsu dont les oeuvres lui ont conféré une renommée mondiale. Car il expose dans le monde entier, et de nombreux papiers-découpés lui sont commandés pour illustrer, entre autres choses, des timbres postes commémoratifs.

 

 

 

Ainsi, en 2011, l'année du lapin, les Etats-Unis et le Japon comptèrent parmi ses commanditaires.

 

  

 

L'une de ses oeuvres, commandée par les postes de Macao, un ensemble de 100 serpents, tous différents les uns des autres, lui a demandé plus de 6 mois d'ouvrage.

 

En fait cette oeuvre compterait ... 108 serpents, car 108 est un chiffre de bon augure. Seulement voilà, l'usage de l'emploi de la centaine en langage parlé l'emporte souvent sur le fait de vouloir mettre en évidence ... les unités.

 

 

 

 

 

                                                   Bord de l'eau (清明上河圖)

                        Un découpage de 27 x 103 cm de : Yú Zhōnghuì (余忠惠)

 

Nota bene : Cette photo du papier-découpé n'est pas très bonne, veuillez m'en excuser, mais la vitre de protection de l'oeuvre ne cessait de me renvoyer des reflets. Alors j'ai du faire avec.

 

 

 

Yú Zhōnghuì (余忠惠) est né en 1946 et pratique l'art du papier-découpé depuis plus de 50 ans. Il est détenteur de nombreux prix et récompenses. C'est l'un des nombreux artistes qui opère à Yueqing (乐清市) une petite ville de la province côtière du Zheijiang au sud de Shanghai.

 

 

 

Yueqing à défaut d'être considérée comme la capitale du papier découpé, est synonyme d'un papier-découpé de grande finesse, jusqu'à 150 trous, ou lignes, au centimètre carré dit-on ?!.... C'est aussi une petite ville où oeuvrent, au moyen de couteaux et non de ciseaux, de très grands artistes de papier-découpé. Car pour renforcer une tradition qui avait connu son âge d'or sous les Song (960-1279) et les dynasties suivantes, mais qui donnait quelques signes de faiblesse au milieu du XXe siècle, en 1950 quelques artistes créent le ''Groupe de production du papier-découpé''. L'un d'entre eux, Chen Zhaofen, se verra décerner en 1955, le titre de 1er couteau de Chine car à Yueqing, comme je l'ai déjà signalé, les artistes n'utilisent pas de ciseaux mais, un couteau à graver dont l'épaisseur de la lame ne dépasserait pas 0,35 millimètres ?!....

 

Des artistes comme Yuzhong Han, Yu Zhong Cheng, Yuzhong Yang et Chen Pang Fang seront de l'aventure. Très vite cet artisanat passera au stade d'une petite industrie. Alors la décennie 1960/70 sera très prospère puis ... s'essoufflera à nouveau mais perdurera !....

 

 

 

Aujourd'hui à Yueqing, Linbang Dong est considéré comme l'un des plus grand maître du papier-découpé, mais des artistes comme Yuan Zheng Xun, Yuzhong Han, Chen Yuhua, Lu Faliang, Wu Wen Min, Lin Shunkui, Yulin Mini, Wu Xianhai et ... Yú Zhōnghuì sont aussi parmi les grands créateurs de Yueqing et ... de Chine.  

 

 

 

Le tableau de Yú Zhōnghuì :

 

 

 

Au bord de l'eau (清明上河圖) de Zhōnghuì est la reproduction en papier-découpé d'un extrait d'un célèbre rouleau horizontal de l'époque des Song. Le sujet du tableau n'est autre que la grande fête des lanternes (Le Yi Peng du Lanna) ou ''fête de la pure lumière'' qui se déroulait à ... Bianlang, aujourd'hui Kaifeng la capitale des Song sur les eaux du Huang He (黃河) ou fleuve jaune.

 

 

 

Les bateaux sont surmontés de gigantesques lanternes. Ces bateaux ne sont pas à confondre avec les ''bateaux-dragons'' dont le rôle était (est ?...) alors de participer à des compétitions fluviales.

 

 

 

Le tableau original qui a servi de modèle à ce papier-découpé est visible au musée de la cité interdite de Pékin.

 

Une reproduction sous forme de ''grand spectacle audio-visuel'' de ce tableau est aujourd'hui présentée au muséum de Shanghai.

 

De ce fait, ce rouleau fait l'objet d'une animation et d'une billetterie à part à l'intérieur même du muséum.

 

 

 

    

 

 

 

                                       ''La fête de pure clarté sur la rivière '' (*)       

Un extrait de l'�uvre original du peintre Zhang Zeduan (張擇端的) (1085-1145). (**)

         Ce rouleau horizontal en soie fut peint sous les Song du sud (1127-1279).

 

Cette réalisation de Zhang Zeduan surnommé Zhengdao mesure 528,7 centimètres de long sur 248 de large. Elle compterait 814 personnages, 60 animaux, 28 bateaux, 30 maisons, 20 charrettes, 8 palanquins et 170 arbres. Les peintres chinois d'alors exerçaient les fonctions de nos reporters et photographes d'aujourd'hui.

 

(*) C'est ce titre qui a été donné par les postes chinoises lors de la sortie d'une série de 9 timbres commémoratifs dédiés à cette oeuvre de Zhan Zeduan, le 8 octobre 2004.

On trouve aussi les titres de : ''Scènes de vie le long de la rivière'' ou comme à Shanghai ''Chingming festival''. Cette fête de ''Chingming'' ou ''Qingming'' est un hommage rendu aux ancêtres. 

(**) Ne prenez pas ces dates pour argent comptant. Par contre, et de façon plus précise, sa période d'activité aurait été entre 1111 et 1126.

 

 

 

Avec cette nouvelle chronique j'espère vous avoir fait découvrir un art dont personnellement j'ignorais tout. Un art qui n'a pas fini de nous étonné car, d'après Li Shou Bai, ''L'art du papier-découpé peut être étendu à d'autres matériaux ... '' voire ... poursuit-il, à créer des oeuvres en papiers-découpés en trois dimensions.

 

Encore une exposition m'a entraîné plus loin que je ne le pensais. Mais je ne le regrette pas et j'espère qu'il en va de même pour vous.

 

 

            ... et merci à Monsieur Louis Chu, un enfant de Shanghai, qui a éclairé ma ... lanterne sur bien des sujets. 

 

 

 

 

 



01/01/2014
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