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KHOUANE - 2ème partie - LES PREPARATIFS DE LA CEREMONIE


KHOUANE … ou KHUAN … ou KHWAN … (ขวัญ)

 

                                 

                              DEUXIEME PARTIE

 

                                               

Les préparatifs de la cérémonie du rappel des khouanes.

 

        (พิธีบายศรี ''baci'' ou พิธีสู่ขวัญ ''sou-khouane'')

(พิธีทำขวัญ ''tham-khouane'' - พิธีรับขวัญ''rap-khouane'')

 

 

Nota : Le mot ''bāsï'' serait dérivé d'une expression cambodgienne, qui signifierait ''le riz de la prospérité''. Comme c'est autour du riz que s'articule toute la cérémonie du rappel des khouanes, le ''bāsï'' désignerait donc le riz offert lors de la cérémonie, ainsi que le plateau dans lequel il se trouve.

 

 

Rappel :

 

Les khouanes, malgré leur immatérialité, sont à l'image des hommes. Ils aiment être aimés, aimer, et comme eux sont à la recherche des offrandes, des honneurs et des plaisirs de la chair. L'alcool semble les attirer tout particulièrement.

 

Alors quand ils n'ont pas à porter d'eux ce qu'ils apprécient, ils s'en vont le chercher ailleurs en quittant délibérément et sans remord l'individu chez qui ils avaient demeure.

 

De ce fait cette personne en manque de ses khouanes se trouve affaibli, et devient vulnérable à tous les aléas de la vie courante.

 

Heureusement pour que tout rentre dans l'ordre, c'est-à-dire pour que les khouanes réintègrent leur demeure, et que l'individu retrouve la totalité de ses moyens physiques et psychologiques, il existe des cérémonies pour les faire ''revenir''. C'est le ''bāsï'' ou le ''sou-khouane''.

 

 

Ces cérémonies consistent à montrer aux khouanes, quelque peu primesautiers et inconscients des conséquences de leur départ, combien ils sont aimés et choyés au moyen d'offrandes, afin de les attirer.

 

Ensuite lorsque leur présence se fait sentir, ils sont invités et priés, au moyen de promesses et de compliments, de regagner la demeure corporelle qu'ils avaient quittée.

 

Enfin pour les empêcher de repartir une cordelette est liée autour des poignets des personnes ayant, ou supposer avoir, ( ?) suite au rappel, tous leurs khouanes à demeure.

 

 

 

Les khouanes sont censés quitter un individu par ses extrémités, c'est-à-dire par le bout de ses bras, donc de ses mains ; et aussi par un endroit situé au sommet de la tête, marqué parfois par un toupet de cheveux, qui s'appelle le ''khouane'', alors que le reste du cuir chevelu est rasé.

 

Ce ''khouane'', ou toupet de cheveux, symboliserait donc la ''porte d'entrée et de sortie'' que les khouanes empruntent pour entrer ou sortir du corps d'un individu.

 

 

La cérémonie du rappel des khouanes varie selon l'importance de l'occasion. Pour cette raison elles sont de plusieurs types, et selon les régions diffèrent quelque peu.

 

En Issan, à l'ouest du Lanna, une région qui était anciennement rattachée au Laos et où le basi est la grande coutume par excellence, il ya quatre types de basi.

 

1/ Le grand baïsi ou basi royal. (บายศรีหลวง) (Basi-luang)

2/ Le basi nome mèo (บายศรีนมแมว)

3/ Le basi   Pak-tcham (บายศรีปากชาม)

4/ Le basi klaï (บายศรีกล้าย)

 

 

(1) Le basi Louang (หลวง) Le mot ''louang'' signifie grand, important, voire royal. C'est donc la plus grande des cérémonies qui puisse exister dans le genre.

(2) Le basi Nome-mèo (นมแมว) L'expression ''Nome-mèo'' peut se traduire par ''lait de chatte''. Mais c'est aussi le nom d'une fleur de couleur jaune, très odorante et  identifiée en botanique sous le nom de Rauwenhoffia siamensis Scheff. Ce qui signifie que cette fleur est endémique de la région, et que peut-être son arôme ressemble à celui du lait de chatte ?....

En tout cas, cette fleur servait à aromatiser les desserts d'antan. Mais son goût n'est plus dans l'air du temps !...

               


Au Lanna la fleur jaune/orange qui est utilisée, est aussi très odorante mais elle s'appelle ''Dao-ruagn''. (ดาวเรือง) (Etoile phosphorescente) En Français c'est la rose d'Inde ou ''Tagetes érecta'' qui est originaire des Indes …occidentales. C'est-à-dire du Mexique du XVe siècle lorsque le nom d'Amérique'' restait à … inventer. Mais quand il fut trouvé, la rose d'Inde n'en devint pas pour autant la rose d'Amérique. Elle resta la rose d'Inde … à tout jamais.

 

A noter qu'un repas avec desserts, dans des régions pauvres, est un repas qui sort de l'ordinaire.

 

(3) Le basi Pak-tcham (ปากชาม) L'expression ''Pak-tcham'' se compose de deux mots, la bouche (ปาก) et le bol (ชาม) c'est-à-dire le bol de riz qu'on porte à sa bouche.

 

L'image se suffit à elle-même pour comprendre que ce sou-khouane est des plus simples, mais non pas des plus frugaux.

 

(4) Le basi Klay (กล้าย) Le mot ''klay'' sert à désigner un genre de bananier dont le fruit est consommé comme légume, un peu comme le fruit à pain. (*) On pourrait le considérer comme le sou-khouane des pauvres.

 

(*) Lire les deux chroniques à son sujet.   

 

 

 

Au Lanna le soukhouane (สู่ขวัญ) (le rappel des Khouanes) se confond souvent avec la thamboune. (ทำบุญ) (L'obtention de mérites) La célébration de ces deux cérémonies semble même se faire conjointement, et j'ai comme l'impression qu'alors, l'accent est mis sur la seconde au ''détriment'' de la première.

 

La thamboune, mais ce n'est que mon avis, serait entrain de reléguer dans les oubliettes de l'histoire la pratique du soukhouane, après s'être approprié de son ''esprit''.

 

Lors d'une tamboune il y a aussi la ligature des poignets, mais on vient surtout acquérir des mérites.

 

 

 

Une tamboune au Wat Wat CHEDI LUANG VORAVIHARN วัดเจดีย์ลววรวิหาร             

                             (Le temple du grand chédi royal.) Juin 2010

 

 

La fixation de la date de la cérémonie :

 

En principe la cérémonie est fixée longtemps à l'avance. Car il faut qu'elle ait lieu un jour faste et que les invitées puissent arriver à temps. Alors c'est un astrologue qui en détermine le jour.

 

D'emblée certains jours, comme les, mardi, jeudi et samedi, sont néfastes.

 

Cependant lorsque la cérémonie a lieu au débotter, comme à l'occasion de la visite d'amis inattendus, il suffit d'affirmer au moyen de formules adéquates et prévues à cet effet, qu'il n'y a pas de meilleur jour que le jour présent.

 

Alors dans ces conditions le jour ne peut-être qu'un jour faste. D'ailleurs à bien y réfléchir, le jour où des amis viennent vous rendre visite à l'improviste, ne peut-être qu'un jour d'exception et de joie, donc …un jour faste !...

 

 

 

Les préparatifs de la cérémonie :

 

L'objet central d'une cérémonie c'est le ''phā-khouane'' (พาขวัญ) ou le phāne-baï. (พานบาย) C'est-à-dire un plateau, tapissé et décoré de feuilles de bananier, et garnit d'offrandes destinées aux khouanes.

 

Ce plateau a pour but de leur montrer combien ils sont aimés et estimés ; et aussi, combien les hommes ont besoin d'eux.

 

 

Dans les cas les plus simples il s'agit d'un seul et unique plateau. Mais selon le degré de solennité de la cérémonie les plateaux se superposent les uns aux autres en nombre impair, étant entendu que seuls les rois et hauts dignitaires peuvent prétendre à un ''phākhouane'' de neuf plateaux.

 

Au phākhouane principal peuvent être joints d'autres phākhouanes, comme ceux apportés et préparés par des amis invités.

 

 

En règle générale, les offrandes sont les suivantes :

 

À l'intérieur du plateau supérieur, ou au centre du plateau unique, des cornets en feuille de bananier contenant des fleurs, si possible blanches, s'entassent en formant une petite pyramide.

 

Tout autour de ces cornets, ou sur les bords du grand plateau, sont disposés des petits cierges en cire d'abeille ainsi que des cordelettes en coton de couleur blanche d'une vingtaine de centimètre, les ''saï-sin''. (สายสิญจน์)

 

Ces brins de coton, qui serviront à la ligature des poignets, ont été au préalable aspergés d'eau lustrale.

 

           


Parmi les autres présents, répartis entre les différents plateaux, ou sur le plateau unique, il y a au moins trois œufs durs, les khaï-khouanes. (ไข่ขวัญ) Certains disent qu'il faut des œufs de canne, mais à défaut d'œufs de canne des œufs de poule à la coquille bien blanche font l'affaire.

 

Il y a encore trois bananes mûres, des pâtisseries, de l'argent, des bâtonnets d'encens et … des boulettes de riz gluant, du khao-nio. (ข้าวเหนียว) Elles sont contenues dans des feuilles de bananier ou des petits pots tressés, des ''hip-khao''. (หีบข้าว)

 

Il y a aussi un poulet bouilli entier, c'est-à-dire avec ses pattes, sa tête et …sa langue, c'est le kaï-khouane. (ไก่ขวัญ) Ce qui est une très belle offrande quand on connaît l'état de pauvreté dans lequel vivent les gens de l'Issan.

 

Parfois une tête de porc bouillie accompagnée de ses entrailles figure aussi parmi les présents. Marcello Zago précise que la tête de porc est l'offrande caractéristique dédiée à l'esprit protecteur du village.

 

 

Tout à côté du phākhouane se trouve un autre plateau contenant, outre une pièce d'étoffe, des objets de toilettes comme un peigne, un miroir, du parfum et des bijoux appartenant à celui pour qui le soukouane est prévu.

  

 

Enfin à tous ces présents viennent se rajouter, pour les uns une bouteille de lao-lao, l'alcool de riz de la région, et pour les autres carrément une jarre de riz fermenté et déjà bien alcoolisée.

 

 

 

Les auteurs religieux, qui sont d'obédience bouddhiste, ''oublient'' dans leurs écrits, sans doute pour respecter leur moralité, de faire mention du poulet, du porc et … de l'alcool !...

 

Pourtant cet alcool est plus que nécessaire, car comme chacun le sait les khouanes sont de bons vivants et ce n'est pas avec du vinaigre qu'on attrape les mouches.

 

 

 

Si voulez savoir comment se déroule un sou-khouane, vous êtes invités à lire la chronique suivante.

 



07/09/2010
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