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LOY KRATHONG ET SES ORIGINES INDIENNES: (2ème partie)


LOY KRATHONG ET SES ORIGINES INDIENNES:

 

                                  Ou

 

        L'ENTREE EN SCENE DE YAMA

 

 

 

                   DEUXIEME PARTIE

 

 

 

Après avoir démontré au cours de la chronique précédente, que la fête des lumières  était à l'origine un rite agraire, nous allons à présent passer en revue chacun des cinq jours des festivités.

 

Comme il se passe beaucoup de choses lors de chacun d'eux, nous nous sommes vus dans l'obligation de scinder en deux parties cette rétrospective.

 

Dans la présente chronique nous verrons les trois premiers jours et dans la suivante les deux restants.

 

 

                            


 

Le dieu de la mort YAMA. Il porte aussi le nom de YAMARAJA ou DHARMARAJA, car il est celui qui juge si le dharma, c'est-à-dire la loi divine, a été ou non respecté par le défunt qui se trouve en face de lui.

 

C'est un dieu qui a vu le jour en Inde voilà plus de 4.000 ans et qui s'est décliné sous des formes et des noms différents dans tout l'Extrême-Orient, Mritya, (Mort) Kāla, (Temps) Antaka, Samana etc..

Au Tibet on le nomme Bra nye, Gshun-rje, Sgeg mo, en Chine, Yanluowang (閻羅王) ou le roi Yanluo, au Cambodge, Yom et au Lanna, Phra Yayom (พระยายม) ou Yayom (ยายม) 

 

 

 

LE PROGRAMME DES FESTIVITES :

 

 

Dipāvalī ou Divalī, s'étale non pas sur dix jours, comme la grande fête de Dussehra qui la précède de vingt jours, mais sur cinq.

 

 

1er JOUR :

 

DHANTERAS est le nom du 1er jour des festivités. Il peut aussi être désigné sous les noms de Dhan Trayodashi, Dhanvantari Trayodashi et encore quelques autres.

 

 

Dhan ou Dhanvantari (*) (Celui qui tourne en rond) est une divinité solaire qui est le médecin des dieux.

 

Trayodashi, (*) précise la position du jour dans le mois, en l'occurrence le treizième. (En sanscrit : trayodasa.)

 

 

 

(*) Ces précisions ne valent que pour le nord de l'Inde. Car en Inde chaque région a un calendrier qui lui est propre. Fort heureusement les pleines lunes sont les mêmes pour tout le monde alors chacun  vit à l'unisson des autres sans y perdre son … hindi ?!...

 

 

 

DHANTERAS est un jour plus particulièrement réservé au seigneur de la mort Yama Raj et à la mémoire des ancêtres.

 

Dans le védisme Yama et Yami sont mari et femme et les ancêtres de la race mortelle. Yama fut le premier mort et le roi des mânes, (Ames des morts).

 

Avec le brahmanisme Yama et Yami deviennent frère et sœur et Yama le dieu et le juge impitoyable des morts.

 

Plusieurs légendes sont attachées à ce premier jour.

 

L'une d'elles raconte comment Dhanvantari, ou Dhanwantari le médecin des dieux est sorti de la mer de lait pour apporter aux hommes les secrets de sa médecine ''Āyurveda''. (*)

 

 

(*) La médecine Āyurvéda est une médecine naturelle soignant au moyen des plantes. Elle est apparue en Inde lors de la période védique, une ère d'environ un millier d'années se situant entre 1500 et 500 av. J.-C. 

 

 

 

Une autre légende narre le stratagème mit en place par une jeune épouse pour faire échec à une prédiction.

 

Son mari, alors âgé de seize ans et fils du roi Hima, devait mourir d'une morsure de serpent le soir du quatrième jour qui suivait ses noces. Alors ce soir là, elle disposa tout autour de la couche de son conjoint de multiples petites lampes à huile.

 

Lorsque le dieu de la mort,  Yama Raj, se présenta sous la forme d'un serpent pour accomplir le destin, ébloui par les lampes il se lova sur lui-même et se laissa bercer par les chants de la jeune épouse durant toute la nuit. Cela tant et si bien qu'au petit matin sous le charme et un peu las, il s'en retourna d'où il était venu sans autre forme de procès.

 

C'est en rappel de cette légende, qu'aujourd'hui des lampes, ''Yama diya'' sont placées en différents endroits de la maison pour éloigner la mort, mais  aussi pour l'honorer. Car des offrandes lui sont faites près d'un arbre sacré, un tulsi, (*) que la plupart des propriétaires terrien font pousser dans leur cour ou dans leur jardin.

 

Certains mettent aussi sur l'eau des rivières des petites lampes dont l'objet est de guider les ancêtres qui sont censés venir les visiter à l'occasion de ces fêtes.

 

 

(*) Le tulsi ou tulasī appelé par les botanistes ocimum sanctum, ou ocimum tenuiflorum est un cousin de notre basilic. C'est plus une plante qu'un arbre. Ses feuilles seraient un excellent antidote contre les nombreuses fièvres qui apparaissent lors de la saison des pluies. Il possède en outre de nombreuses propriétés curatives et est un des fleurons de la médecine … Âyurveda.

 

Là encore une légende se rattache à lui. Il serait l'une des réincarnations de Lakshmi et à ce titre il serait la partenaire d'un mariage annuel avec Vishnou.

 

Comme nous le verrons plus loin, avec le Brahmanisme la nature divine est partout et en toute chose, y compris le tulsi.   

 

 

      

 

 

YAMA le seigneur de la mort : (Les trois représentations sont Tibétaines)

Pour amener à réfléchir les fidèles sur le sort qui les attend en enfer, YAMA a fini par prendre une attitude d'agression, d'être sans pitié. Il est nu avec le sexe en érection, et tout bleu. On ne peut rien lui cacher, il sait et voit tout. C'est donc un juge sévère et inflexible.

 

Sa tête, de taureau ou de buffle, à trois yeux et est couronnée de têtes de mort. Il tient dans le creux de sa main droite un bâton ou un sceptre terminé par une tête de mort, (Le danda) et dans celui de la main gauche un nœud coulant et un crochet, (Le pasha).

Il chevauche un taureau qui crache le feu, les flammes de l'enfer.

 

Si après avoir vu ces images vous continuez à mal vous comporter … c'est à désespérer pour vous !...

 



2ème jour :

 

NARAK CHATURDASHI ou CHHOTI DIWALI, ou CHOTI DIWALI, KALI CHAUDAS ou encore le petit Dipāvalī sont des noms, entre autres, du deuxième jour des festivités.

 

 

Narak, Naraka, Narakasur, Narakasura ou Nakasur est un géant assoura (asura) à cinq têtes, qui comme Ravana met en danger le dharma, c'est-à-dire l'ordre cosmique, social et religieux. Alors pour la huitième fois, Vishnou va descendre sur terre pour se réincarner, (*) tuer ce ''démon'' et rétablir le Dharma.

 

Chaturdashi, (**) précise la position du jour dans le mois, en l'occurrence le quatorzième. (En sanscrit : chaturdasa.)

 

Chhoti ou Choti, (**) signifie ''petit''.

 

 

(*) Vishnou ne se réincarne pas spécialement pour tuer Narak. L'élimination de Narak n'est qu'un des épisodes du huitième avatar qui ne manque pas de rebondissements et de faits divers.

 

(**) Là encore ces précisions ne valent que pour le nord de l'Inde. Car en Inde chaque région a un calendrier qui lui est propre. Fort heureusement les pleines lunes sont les mêmes pour tout le monde, alors chacun peut se retrouver dans la diversité des calendriers.

 

 

 

La mort de Narak :

 

L'épisode du ''Maha-Bharata'' dont il va être question n'est qu'une parenthèse dans la longue histoire qui constitue ''la geste de Krishna''.

 

Là encore il s'agit de sauver la loi divine, le dharma, qu'un certain Narak maltraite. Son irrespect est allé jusqu'à ravir à Indra son dais, et à Aditi, la mère de tous les dieux, sa paire de boucles d'oreille. (*)

 

Narak a les mêmes pouvoirs que les dieux. Mais cette fois, c'est la mère du ''démon'' qui détient la possibilité de le faire passer de vie à trépas.

 

Pour cela elle n'a que quelques mots à prononcer, mais encore faut-il pouvoir les dire, car ils ont pour conséquence la mort de son fils.

 

 

Bref, comme il faut en finir avec ce provocateur, le dieu Vishnou, le dieu de la préservation, dans le cadre de son huitième avatar intervient à nouveau.

 

Cette fois encore il a forme humaine. C'est Krishna et sa partenaire est alors Satyabhama.

 

 

 

(*) Le dais, qui s'est métamorphosé en parasol de neuf étages chez les bouddhistes, est l'emblème de l'autorité suprême ; quant aux boucles d'oreille elles sont le sésame qui ouvre, ou qui ferme, l'accès aux voies auditives.

 

Pour que les dieux exaucent les prières et les suppliques des hommes il faut qu'ils les entendent. C'est aussi grâce à leurs oreilles que les hommes acquièrent la connaissance et le savoir c'est-à-dire l'enseignement védique.

 

Le Védisme a d'abord été de tradition orale, transmis de bouche à oreille. L'écrit n'est apparu que 700 ans av. J-C. C'est pourquoi ses adeptes attachaient une très grande importance à la parole solennelle, à sa puissance et … aux boucles d'oreille d'Aditi !....

 

 

 

 

Krishna est donc le personnage central de cet avatar ou réincarnation divine de Vishnou, qui est la huitième du genre, dans la série des dix. Et Narak n'est qu'un épisode de cet avatar parmi bien d'autres. 

 

Bien évidemment Krishna, (Vishnou) triomphera de Narak.

 

La loi divine retrouvera le droit de cité et Krishna poursuivra le cours de ses aventures.

 

 

Cependant, outre la célébration du triomphe du dharma sur le chaos, Narak chaturdashi commémore aussi deux autres événements, entre de nombreux autres qu'il serait trop long d'énumérer :

 

1/ La naissance du singe Hanuman Jayanti Hanumanji (*)

2/ L'arrivée du même Hanuman dans la ville d'Ayodhya pour annoncer à ses habitants la venue de Rāmā et de Sita pour le lendemain.

 

 

La troisième commémoration, celle qui met en valeur les talents de messager d'Hanuman, explique en toute logique pourquoi Rāmā et Sita ont trouvé sur leur route deux infinies rangées de petites lumières provenant toutes de petites lampes à huile ou à ''ghi'' (beurre clarifié) !....

 

Dīpāvalī aurait trouvé là son origine. Mais comme nous le verrons c'est loin d'être le cas, même si la légende fait vibrer les cœurs.

 

Selon certains, le soir de Narak chaturdashi aucune lampe n'est allumée, mais d'après d'autres ce ne seraient pas le cas. Alors ?!...

 

Il est vrai que l'Inde est un grand pays et que les traditions varient d'une région à l'autre ?!...

 

 

 

(*) Hanuman, Hanumat, Hanumon ou encore Marut-Putra, Anili Anjaneya, il y aurait ainsi près de cent huit noms à énumérer, est le dieu-singe qui se mit au service de Rāmā pour retrouver et délivrer Sita retenue prisonnière dans une île, vraisemblablement Ceylan, (L'actuel Sri Lanka) par le ''démon'' à dix têtes, Ravana.

 

Hanuman ne manque pas de parents. Mais ceux qui sont le plus souvent nommés sont, du côté paternel le vent Vâyu ou Marut, Maruta, les Marouts sont les vents ; et du côté maternel l'asparat Anjana.

 

Hanuman a été le général en chef de l'armée des singes du roi des Vanars (singes), Sugriva.

 

Il a la particularité de se métamorphoser à volonté, d'être doué d'une force surnaturelle, de pouvoir voler et surtout d'être le dévot exemplaire de Vishnou. Il est l'incarnation de la ''bhakti'' (dévotion).

 

Le jour de son anniversaire, lui aussi très controversé, correspondrait donc dans le cas présent au jour où il vient annoncer la bonne nouvelle aux habitants d'Ayodhya. Le hasard fait bien les choses !...  

 

 

 

     

 

 

Trois illustrations du Ramayana.

Photo de gauche : (*) Hanuman offre ses services à Rama. En arrière plan figure le frère de Rama, Phra Laksmana.

Photo du centre : (*) Hanuman a pris des proportions gigantesques pour aider l'armée des singes à traverser la mer.

Image de droite : Hanuman a les pieds posés sur le ''démon'' Ravana qui vient d'être vaincu et porte sur ses épaules Rama et Sita.

(*) Les deux scènes du Ramakian, le Ramayana Siamois, sont extraites d'une fresque se trouvant dans le temple du Bouddha d'Emeraude à Bangkok.

 

 

 

Dans nombre de blogs j'ai lu que Narak serait le démon de la saleté, or n'en déplaise aux blogueurs concernés je n'ai pas trouvé la moindre ligne à ce sujet.

 

Par contre j'ai découvert que Narak ou plus exactement Naraka avait un homonyme et que cet homonymat n'était certainement pas du au hasard. (*)

 

 

Le Brahmanisme fait des mondes inférieurs la résidence des ''démons'' et ces mondes ont souvent été désignés à tort (encore que ?!...) (*) par le mot de ''Naraka'' c'est-à-dire ''enfers''.

 

Or les enfers s'appellent en réalité le ''patala''. C'est le cinquième enfer qui porte le nom de ''Naraka''. Un enfer destiné à tous ceux qui ont … ''laissé perdre les vertus de la famille '' et laissé place au vice et à l'impureté !...

 

Naraka n'est donc pas le dieu de la saleté, mais le symbole ou l'incarnation de celui qui est impur, c'est-à-dire qui ne respect pas le dharma, ce qui est très différent.

 

 ''Troublés par diverses pensées, enveloppés dans les filets de l'erreur, attachés dans les satisfactions de leurs désirs ils tombent dans l'impur Naraka'' (Le Mahābhārata 1-418)

 

 

(*) Il y a beaucoup à dire au sujet de Naraka, mais ce serait s'éloigner du notre. Cependant je vais y revenir, car il est très intéressant, mais dans une chronique particulière. Alors si le sujet vous intéresse, si vous voulez en savoir plus, vous savez ce qu'il vous reste à faire !....

 

 

 

Alors en ce jour, il ne s'agit pas seulement de retirer la saleté ou la crasse, mais de purifier les lieux et les corps pour recevoir et prier dans les meilleures conditions physiques, psychologiques et spirituelles la déesse Lakshmi.

 

 

La purification des lieux : Cette purification commence par un nettoyage de fond en comble, et se poursuit par des décorations diverses. (*)

 

Des guirlandes de feuilles odoriférantes d'asopalav, (**), sont accrochées un peu partout, sur les murs et au-dessus des portes ; des œillets jaunes (glagotas) font aussi partis de la décoration d'usage.

 

Mais la plus caractéristique des coutumes est celle des   rāngolis (***) qui sont tracés et composés à l'entrée des maisons et des boutiques en signe de bienvenue.

 

 

 

(*) Il n'est pas rare que quelques jours avant ces fêtes les maisons soient réparées, suite aux dégâts de la mousson dans la plupart des cas, et repeintes.

 

(**) L'Asopalav, ou polyalthia longifolia, voire sapin indien est un arbre sacré qui peut atteindre jusqu'à 30 mètres de hauteur. Il est aussi appelé goudjrati ou gujarati. Ses feuilles mesurent une quinzaine de centimètres et servent de modèle aux festons qui ornent les linteaux des portes des temples.  Il a pour principaux symboles la beauté et la santé.

 

(***) Les rāngolis ou kolams sont des dessins rituels réalisés à même le sol à l'entrée des maisons et des magasins. Ils se font au moyen de grains de riz, de farine de riz de différentes couleurs, voire de poudre de calcaire ainsi que d'épices colorées, et de pétales de fleurs.

 

Cependant le riz ou sa farine restent les éléments préférés des indiens pour réaliser ces rāngolis, car le riz est symbole de fertilité et le blanc est censé apporter la prospérité.

 

Dans les ''Puranas'' (Récits anciens) les rāngolis figurent au rang des 64 arts. Un art qui en général se transmet de mère à fille.

 

 

La purification des hommes : Cette purification concerne tout aussi bien le corps que l'esprit, et ne peut se concevoir sans un bain avant le lever du soleil.

 

Ce bain a une telle importance qu'il est considéré à l'égal d'une ablution dans la Gangā. Pour cette raison il porte le nom de ''Gangā Asnan'' et est tout aussi méritoire. C'est-à-dire qu'il donne des mérites qui ''adouciront'', en tout cas allègeront, le prochain karma.

 

 

En accomplissant ce rite il s'agit de suivre l'exemple de Krishna qui après avoir tué Naraka se purifia au moyen d'un bain d'huile à la demande de la mère de la victime.

 

Alors selon les traditions, mais toujours au petit matin avant le lever du jour, le dévot rompt un fruit amer dont il fait une pâte huileuse l'ubtan, qui ''contiendrait'' Lakshmi. (*)

 

Ensuite tout en se massant, il s'enduit le corps de cette préparation āyurvédique. Puis pour clore le rite il se lave avec de l'eau qui ''contiendrait'' Gangā.

 

Certains se lavent aussi la tête et se verse du kajal (**) dans les yeux pour éloigner le ''nazar kali'' ou le mauvais œil.

 

 

Parfois le rite se poursuit avec une offrande d'eau dite ''tarpana'' à Yama, le dieu des morts et une offrande de lampe à Naraka, l'incarnation de l'impureté.

 

Des habits neufs sont portés et, après un petit-déjeuner hors du commun, la journée se passe dans la joie et l'allégresse.

 

 

(*) L'ubtan ou uptan est un mélange qui varie selon les régions. Il peut contenir de la farine de pois de la poudre de noix, des herbes et bien d'autres ingrédients indiqués dans les traités de médecine āyurvédique. Par exemple, la poudre de la noix d'iluppai serait bénéfique pour les douleurs articulaires.

 

(**) Le Kajal est aussi un produit āyurvédique. Il est à base d'huiles végétales, de cire d'abeille et de beurre clarifié. Au contact de l'œil il emprisonne les impuretés que le liquide lacrymal n'a plus qu'à évacuer. 

 

 

 

Le soir, en certaines régions, les hommes sortent avec des flambeaux pour guider les pas de ceux qui ont quitté le monde de Yama, c'est-à-dire terminés leur peine en enfer et qui vont rejoindre le monde des ancêtres.

 

C'est aussi ce soir là que les démons et les fantômes victimes de malemort, (mort violente) et n'ayant bénéficié d'aucun rite funéraire, sortent dans les rues.

 

Les vivants qui veulent s'en protéger demandent alors secours à Hanuman, et ceux qui veulent les rencontrer vont porter leurs pas dans les cimetières et dans les lieux de crémation que la déesse Kali fréquente tout particulièrement le soir de Narak chaturdashi.

 

 

     

 

 

Quelques photos de rāngolis prisent … sur la toile du net.

 

 

 

3ème jour :

 

BARI DIVALI ou BARI DIWALI ou encore le GRAND DIWALI sont les noms qui correspondent au troisième jour des festivités, et dans le nord de l'Inde au dernier jour de l'année selon le calendrier vikram.

 

C'est le jour le plus important des cinq car il est consacré aux cérémonies religieuses.

 

La légende qui s'y rattache est celle du rāmāyana, et plus particulièrement l'épisode du retour de Rāmā et de Sita à Ayodhya, leur capitale.

 

Comme nous en avons déjà parlé dans la chronique précédente nous ne reviendrons pas sur le sujet.

 

 

Le programme de la journée :

 

Conformément à la veille chacun se lève tôt pour un nouveau bain, et chacun prépare le ''puja de Lakshmi'', c'est-à-dire la cérémonie dévotionnelle ou l'adoration rituelle à la déesse Lakshmi, qui se tiendra dans le courant de l'après-midi en la présence d'un brahmane.

 

Après avoir sacrifié au bain rituel, juste avant le ''puja de Lakshmi'', chacun s'empresse de mettre de l'ordre dans ses affaires. Ainsi pour beaucoup d'Indiens c'est l'occasion de clore les comptes de l'année, qu'ils soient de la famille, de la société, de la ville et voire de l'état.

 

Cela signifie qu'à la veille des festivités chacun s'est fait un devoir de régler ses dettes.

 

Lorsque les comptes sont clos, leurs livres sont déposés sur le petit autel de la maison, tout à côté des divinités présentes, parmi lesquelles figure la déesse Lakshmi.

 

Ces livres de comptes et ce rite ont une importance capitale qui a longtemps échappée aux Occidentaux.

 

C'est l'historien anglais Christopher Alan Bayly (*) qui à l'occasion de ses recherches a mis en évidence le rapport entre les livres de comptes et … le culte aux ancêtres.

 

Il explique que ces livres de comptes symbolisent la continuité intergénérationnelle. Ce qui signifie entre autres choses, que les ''héritiers'' d'un défunt héritent non seulement de ses dettes mais aussi de celles laissées par les deux ancêtres qui l'ont précédé.

 

D'ailleurs lorsque les comptes sont clos les ''comptables'', ou les gens présents, accomplissent un rite destiné à honorer les trois derniers ancêtres de la lignée paternelle et à offrir de la nourriture aux brahmanes ; ce qui n'est pas sans rappeler l'origine du rite de la fête chinoise des lanternes.

 

En certains endroits une pièce en argent à l'effigie de Lakshmi est frappée pour aller rejoindre dans un coffre familial toutes celles des années précédentes.

 

En principe ce ''magot'' ne sert qu'en cas d'extrême nécessité ?!.... Certains doivent avoir des fortunes !... Mais existe-t-il dans le monde une famille qui n'ait jamais connu des difficultés financières ?....

 

 

(*) Christopher Alan Bayly est l'auteur d'un ouvrage remarquable, traduit en Français et intitulé ''La naissance du monde moderne. (1780-1914) Il existe en collection de poche.

 

 

     

 

 

La déesse LAKSHMI, la fille de Bhrigou ou Brighu (Le craquement-du-feu-rituel) et de Khyāti (L'hymne-de-gloire). C'est l'épouse de Vishnou et la mère de Kāma le pendant d'Eros et de Cupidon.

Elle a cent huit noms dont, Cancalā ou Lolā, (L'Inconstante) Hirā, (Le Joyau) Indirā, (La Puissante) Jalādhipā, (La Reine-des-eaux) Lokā-Mātā, (La Mère du monde) Shrī, (La Beauté)  Shrī Lakshmī, (La Fortune).

 

 

Puja Lakshmi ou l'adoration à Lakshmi : (*)

 

C'est un brahmane qui vient tout spécialement officier et qui demande à la divinité, c'est-à-dire à Lakshmi de  ''descendre'' parmi ses adorateurs.

 

Pour ce faire des incantations, des prières et des remerciements lui sont adressés. Des offrandes de fleurs, de friandises, de fruits et d'argent, sont déposées à ses pieds. Ces offrandes sont appelées des ''prasāds''. (**)

 

 

 

(*) Au préalable les divinités ont été baignées et ointes de panchamitra, (*) puis devant chacune d'elles une petite lampe, ''diya'', a été allumée pour chasser les mauvais esprits.

 

(*) Le panchamitra est un mélange de lait, lait caillé, ghī ou beurre clarifié, miel et sucre.

 

(**) Un ''prasād'' ''prashad'' ou encore ''prasadam'' est une offrande destinée à une divinité. Les dieux étant à l'image de l'homme chacun d'eux à son prasād préféré. Ainsi Ganesh apprécie plus particulièrement les ''laddus'' c'est-à-dire les sucreries en forme de boule. Serait-ce un gourmand ?... son embonpoint le laisse supposer !...

 

Lors de la cérémonie les divinités imprègnent ces prasāds de leur grâce et les sanctifient.

 

À la fin de la cérémonie l'argent donné aux pauvres et les offrandes sont distribuées. Alors tous ceux qui les mangent sont comme ''remplis'' par la grâce divine. Ce rite me fait penser à la communion des catholiques.

 

 

 

Lakshmi est l'épouse de Vishnou. Elle se réincarne au gré des avatars de façon à toujours être à ses côtés. C'est aussi la déesse de la beauté, de la prospérité, de la fortune et de l'abondance.

 

Ce jour là elle est en compagnie de quatre autres divinités, dont les deux premières, comme elle, sont les épouses des dieux du tri-mūrti (trinité Brahmanique). Mais toutes, y compris les deux autres divinités, ne sont que des formes de la manifestation divine qui est … une. Je le rappelle, encore que !...

 

1/.- Maha Sārasvati qui est la mère des védas et selon les cas la fille ou l'épouse de Brahma. C'est aussi la déesse du savoir, de la connaissance, de la musique et des arts.

 

2/.- Maha Kali, qui est l'épouse de Shiva. C'est aussi la déesse de la destruction et de la création, ou plutôt de la transformation. Car si elle détruit ce qui n'a plus aucun intérêt, elle donne vie, énergie et santé à toute nouvelle entreprise.

 

3/.- Kuber ou Kouvera, Kuvera, qui est le trésorier des dieux. Il fut tout au début de son existence le chef des esprits des ténèbres. Puis il prit du galon, et devint le roi des génies Yakshas qui ne sont autres que les gardiens des trésors enfouis dans les entrailles de la terre.

C'est donc Kuber, qui a la réputation de friser l'avarice, qui dispense, garde et contrôle les richesses des dieux.   

 

4/.- Ganesh ou Ganapati, Vighnaharta, qui est le fils de Shiva et de Parvati. C'est aussi le dieu de la sagesse et de la science. Il a le pouvoir d'écarter toutes les nuisances préjudiciables à l'intelligence. 

 

     

 

 

A gauche : SĀRASVATI ou la divinité suprême de la parole (Vāgadhidevatā) avec ses différents symboles, sa vīnā, (L'instrument de musique) son kamandalu, (L'aiguière pour diriger les éléphants) son pustaka, (Livre sacré) son aksamālā autour du cou, (Une guirlande de 50 ''grains'' autant que les lettres de l'alphabet) un padma, (Fleur de lotus) et deux de ses vāhanas, (Véhicules des divinités) un Paon et un Hamsa/Anser (Cygne/Oie sauvage). (L'oie est symbole de grâce.)

 

Au milieu : KALI, qui est une déesse complexe, dont le rôle est difficile à comprendre mais pas impossible à appréhender. Elle est une des nombreuses formes de la divinité (le divin) en général, et d'une suite de divinités en particulier (Parvatī, Durga).

 

C'est elle qui conduit tout un chacun au ''bonheur suprême'', c'est-à-dire à un état de béatitude éternelle après la mort. Mais pour se ''fondre'' dans ce qui … ''est et a toujours été'', il faut se détacher de son douillet bien être quotidien. Kali dévore tout ce qui existe.

 

C'est ce renoncement aux plaisirs terrestres, auxquels elle contribue sans relâche, qui effraie et qui la rend hideuse, terrible et noire parce qu'elle est sans concession. Mais comme disait Ramakrisna, ''Kali n'a pas le teint foncé, c'est son éloignement de nous qui le rend foncé'' !...

 

La peur de l'inconnu et du renoncement ne date pas d'aujourd'hui, Kali en est la preuve !...

 

Elle n'est donc pas une déesse sanguinaire mais une énergie dont chacun a besoin pour le plus grand bien de sa ''parcelle de divinité''.

 

A droite : GANESHA le dieu à tête d'éléphant ce qui lui vaut nombre de noms dérivés de cette particularité, Gajādhipa, (Le roi des éléphants) Gajākarnata, (Celui qui possède des oreilles d'éléphant).

 

Mais comme si ces noms ne suffisaient pas il est aussi connu par ceux de Ganadhyaksha, (Le chef des serviteurs de Shiva) GANAPATI, (Le chef des Ganas) Vināyak ou Vināyaka, (Le vainqueur des obstacles).

 

C'est le fils de la déesse Parvatī, (Bhavani) et celui de Shiva par adoption, car il aurait été créé par parthénogénèse, comme Jésus … Enfin un peu différemment puisque ce fut à partir d'onguent et de raclures de sa peau que Parvatī le conçu. Shiva était allé méditer et elle avait besoin de meubler sa solitude en son absence !...

Alors elle se fit son enfant … toute seule !...

Il a un frère, Kartikeya.   

 

 

 

Après la cérémonie donc, les offrandes (prasāds), alors imprégnées de la grâce divine, sont distribuées pour être consommées.

 

A cette dégustation, ou ce repas, suivent les pétarades nocturnes dont l'objet, hors le fait de divertir garnements et chenapans, serait d'effrayer et d'éloigner Alakshmi (*) et les esprits des morts.

 

Une autre version prétend qu'il s'agirait de faire savoir aux esprits qu'il est l'heure de quitter les lieux et qu'ils ne pourront y revenir que dans un an.

 

 

(*) Alakshmi ou Jyeshthā (*) est la sœur aînée de Lakshmi et … tout son contraire. Elle est laide et effrayante. C'est la déesse du malheur et de la souffrance et … de la ''mauvaise fortune''. L'expression étant à prendre dans son double sens.

(*) Jyeshthā signifie sœur aînée

 

 

 

Avec la programmation de ce troisième jour se termine cette chronique. Pour connaître le déroulement des deux autres jours et … un peu plus, il vous suffit de lire la chronique suivante.

 




01/01/2011
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