MerveilleuseChiang-Mai

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TINTIN EN THAILANDE

TINTIN EN THAILANDE

 

 

 

 

Tout finit par arriver pour qui sait attendre.

 

Lors de mon installation à Chiang-Maï, voici maintenant quatre ou cinq ans, j'avais acquis quelques exemplaires d'une bande dessinée intitulée ''Tintin en Thaïlande''.

 

L'album venait tout juste de sortir et j'avais dû frapper à la porte de deux feux établissements, tenus par des Français, pour les acheter. Car les livres ne sortaient alors, et encore maintenant, qu'au compte-gouttes.

 

Comme ces tenanciers étaient honnêtes, j'ai la chance aujourd'hui de posséder de vrais originaux et non des tirages d'une édition pirate publiés sous le label ''Farang'' ou, pis encore, des copies de l'édition originale qui se vendirent alors dans un café dont le nom n'était pas sans rappeler celui de la capitale française et qui, aujourd'hui, n'existe plus ... lui aussi !...

 

Donc, avis aux amateurs et aux collectionneurs. Attention à ce que vous achetez concernant ''Tintin en Thaïlande'' !

 

 

Bref, comme j'avais passé un bon moment en lisant cette bande dessinée, tout à fait dans l'esprit d'Hergé, mais plus réservée aux gens de 17 à 77 ans ... que de 7 à 77 ans ... encore que ... l'envie de rencontrer son auteur, qui habite aussi Chiang-Maï, ne cessa alors de me titiller.

 

Hélas, à chaque fois qu'une personne était sur le point de me présenter cet homme, un contretemps venait toujours contrecarrer cette rencontre.

 

Alors j'avais fini par en prendre mon parti et par me dire que si la chose devait se faire, elle finirait bien par se faire.

 

Et ce fut ce qu'il advint tout récemment, alors que j'étais à des lieues de ce rêve de gosse !....


 

Le plus extraordinaire dans cette histoire, qui ne pouvait être qu'une histoire belge, ce fut la façon dont ma rencontre eut lieu avec Baudouin.

 

En effet celui qui me donna son adresse, voici seulement quelques jours, un Belge tout comme Baudouin, était loin d'être un inconnu pour moi.

 

Ce fut même l'une des toutes premières personnes avec qui je fis connaissance lors de mon arrivée à Chiang-Maï. Car nous avions alors un camarade commun, qui avait pris l'habitude de nous appeler pour que nous venions déjeuner en sa compagnie.

 

Mais Tintin et Baudouin ne furent jamais au centre, ni même au bord de nos conversations lors de ces repas.

 

 

Après quelques mois de collations communes, nous nous étions perdus de vue, cet homme et moi, dont j'ignorais même alors qu'il se prénommait Henri !...

 

 

Quatre ou cinq ans plus tard, c'est-à-dire voici maintenant tout juste deux semaines, alors que je rentrais chez moi en traversant le centre commercial de ''Kad Suan Kaew'', non pour faire des achats mais pour profiter de son air conditionné, mon regard fut attiré par un visage qui ne m'était pas inconnu et dont le mien était fixé par le sien.

 

L'homme en question était installé dans l'un de ces hauts lieux au label Yankee, où l'on fait de la ''food'', c'est-à-dire du ''bourratif alimentaire'', et non de la cuisine, et dans lesquels je ne mets jamais les pieds pour cette seule et unique raison ; d'autant que dans ce type d'établissement il ne faut surtout pas chercher son confort, et encore moins l'intimité.

 

Tout le monde voit tout le monde et parfois il vous suffit de tendre la main en passant, sans avoir à pénétrer dans la salle, pour saluer un client attablé que vous connaissez.

 

Ce fut d'ailleurs ce que nous fîmes, Henri et moi, car le visage qui ne m'était pas inconnu était le sien  !...


Nous échangeâmes alors quelques paroles de politesses car nous n'avions rien de particulier à nous dire.

 

Puis au moment de prendre congé, car la viande et les frites venaient d'être servies, j'aperçu près de lui, posé bien en évidence, et je compris par la suite pourquoi, la fameuse BD de ''Tintin en Thaïlande''.

 

Comme elle était dans un coffret cartonné de couleur blanche, je crus un instant que c'était la suite de la première bande dessinée qui venait de sortir.

 

Une histoire à la Hergé où, cette fois, les ''méchants'' devaient avoir la vedette ; alors que dans la première BD c'étaient les gentils qui l'avaient.

 

Mais Henri me remit les pieds sur terre et brisa mes illusions en me spécifiant que la suite n'allait pas tarder à sortir, mais que la BD qu'il avait n'était qu'une nouvelle édition de la véritable édition originale, celle de ''Bud E. Weyzer''.

 

 

Comme la viande venait d'être renvoyée par le compagnon de table d'Henri pour des raisons de cuisson, j'en profitai alors pour lui demander où je pouvais me procurer cet album, car c'est une excellente idée de cadeau.

 

Sa réponse fut nette et précise : Chez l'auteur lui-même !

 

Un instant durant je crus rêver. Mais j'avais bien entendu. Alors j'allais enfin avoir en face de moi le fameux Baudouin !...

 

 

Au moyen de croquis, Henri m'expliqua alors comment me rendre jusqu'à la demeure de ce créateur hors norme, qui habite dans la banlieue de Chiang-Maï !...

 

Ses explications me parurent un peu confuses, surtout vers la fin, mais comme son compagnon de table commençait à manifester quelques signes d'impatience, je fis comme si j'avais tout compris et je les laissai à leur viande et à leurs frites à la mode ... américaine, sans regretter de ne pas partager leur repas d'autant que je venais de déguster, et à moi tout seul, un excellent poisson grillé dans un restaurant thaï, situé à trois cents mètres de ''Kad Suan Kaew'' !....




A Chiang-Maï, il suffit d'avoir le nom d'un wat pour trouver une adresse.

 

Alors, comme j'avais le nom du wat près duquel demeurait l'auteur et dessinateur de ''Tintin en Thaïlande'', je devais, en principe, trouver sa maison sans trop de difficultés !...

 

J'écris bien ... en principe, car  j'allais m'apercevoir le lendemain que, contrairement à ce que je pensais, la langue belge ne m'était pas aussi familière que le français !

 

 

Donc le lendemain, et tout de suite après avoir déjeuné d'un coeur serein et l'âme légère, je mis le cap en direction du fameux wat.

 

Comme celui-ci était très bien indiqué j'y parvins sans aucune difficulté. Mais pour trouver la ''maison du Farang'', dont m'avait parlé Henri, ce fut une autre paire de manches !...

 

Heureusement au Lanna, les maisons habitées par des Farangs sont plus rares que les maisons où logent les autochtones. Et comme il n'y en avait que deux dans le coin, cela limita mes recherches.

 

 

La plus éloignée d'entre elles, une vraie villa à la docteur Müller, était carrément cachée derrière des rideaux d'arbres, avec une entrée protégée par deux ou trois portails successifs. Et dans cette citadelle, qui s'honorait d'inscriptions teutonnes, il y aurait, paraît-il, une bonne cinquantaine de chiens ... ai-je appris par la suite !....

 

La plus proche, beaucoup plus modeste que la précédente, n'était séparée du soï que de quelques mètres et au moyen d'une porte coulissante beaucoup plus symbolique qu'autre chose.

 

Elle avait un aspect gentillet, sans prétention, et sur sa plaque de baptême quelques mots fleurant bon le français laissaient présager qu'il devait s'agir de la maison que je recherchais.



Dès mon premier coup de sonnette, trois petits roquets noirs vinrent m'accueillir en aboyant avec autant l'envie de me mordre que de se faire caresser.

 

Puis une silhouette masculine, filiforme et fragile, à la démarche dégingandée, apparut derrière la baie vitrée de la villa. Elle avançait péniblement et se soutenait au moyen d'une canne.

 

Lorsque cet homme apparut sur la terrasse de sa maisonnette, je vis alors que c'était bien un Farang.

 

Pour ne pas l'importuner inutilement, eu égard à son état physique, je lui demandais alors si c'était bien ici que demeurait l'auteur de ''Tintin en Thaïlande''.

 

Non seulement la personne en question me répondit dans la langue de Molière, et avec l'accent qui caractérise les Belges, mais qu'elle était l'homme en question, qu'Henri lui avait déjà parlé de moi, et que d'ailleurs Henri n'allait pas tarder à arriver.

 

 

Et comme dans les bandes dessinées de Tintin tout s'enchaîna comme par miracle.

 

Je n'avais pas fini de garer ma mobylette qu'Henri arrivait en voiture.

 

Alors je suis entré dans la demeure de Baudouin, avec Henri dans le rôle de Nestor, le serviteur du château de Moulinsart !...

 

 

Nous nous retrouvâmes assis autour d'une table à discuter de choses et d'autres tandis qu'Henri s'éloigna un court instant pour aller préparer à manger. Car il était venu rendre visite à Baudouin pour déjeuner avec lui.

 

Mais Henri, à fréquenter les fast-foods, a fini par se fâcher avec la bonne cuisine française. Car son plat tout préparé, qu'il venait d'acheter chez Carrefour, ne fut ni du goût de Baudouin et ... pas même du sien !...  


Baudouin n'était pas l'homme que j'imaginais. Mais je n'ai rien perdu au change !...

 

En effet, je croyais qu'il avait fait partie de l'équipe d'Hergé et que j'allais avoir affaire à un vieux monsieur de plus de quatre-vingts ans qui ne tarirait pas de souvenirs et qui me parlerait tout autant de lui que d'Hergé.

 

Or Beaudouin est mon cadet de cinq ans, et évidemment il n'a pas travaillé avec Hergé, ne l'a pas connu et n'a même jamais vu son ombre !...

 

 

Cependant Baudouin ne tarit pas d'anecdotes, tant sur Chiang-Maï où il vit depuis plus de trente ans  que sur sa vie personnelle où il fut un temps para ; lui qui, aujourd'hui, est tout chétif et tout malingre et en bien mauvaise santé.

 

Comme disait en son temps ma grand-mère Odette, '' Il a dû brûler sa bougie par les deux bouts''. !...

 

 

Mais déjà, du temps où il était militaire, selon ses dires, son physique ne plaidait pas en sa faveur.

 

D'ailleurs ses supérieurs, lors des défilés, le mettaient au beau milieu des rangs pour cacher la ''honte'' de la compagnie, un freluquet tout malingre que ses collègues, plus ''baraqués'', n'avaient aucun mal à dissimuler des yeux du public.

 

Cependant, la Belgique n'en était pas pour autant moins bien défendue. Car en crapahute le freluquet en remontrait à ses collègues ; certes beaucoup plus costauds, mais aussi plus lourds et peut-être moins souples que lui !...

  

 

Bref, j'étais venu cinq minutes, pour acheter un ou deux Tintin, et je suis resté a bavarder au moins deux ou trois heures en repartant avec cinq albums.

 

Car il n'y a pas plus mauvais vendeur que Baudouin, qui me laissait repartir sans me rappeler la raison de ma visite.


Henri, avec son ''Tintin '' posé négligemment sur une table d'un fast-food, se débrouille un peu mieux que son ami, mais le procédé reste très artisanal !...

 

Quant à moi je ne vaux guère mieux, car si j'étais parti en vérifiant le contenu de mon porte-monnaie, ce n'était pas avec cinq albums que je serais reparti, mais avec beaucoup plus.

 

 

Heureusement, j'aurai bientôt l'occasion de retourner rendre visite à Baudouin qui, maintenant, n'est plus un inconnu et chez qui je peux me rendre les yeux fermés sans avoir recours aux explications d'Henri !...

 

Un Baudouin qui, bien évidemment, et comme je l'ai déjà écrit, a perdu tous les lauriers que je lui avais tressés dans ma tête puisqu'il n'était pas celui que je m'étais imaginé !...

 

Mais en contrepartie mon cercle relationnel s'est enrichi d'une personne à la fois sympathique, accueillante et passionnante à écouter, ce qui, tout à fait entre nous, vaut tout autant et peut-être mieux ... qu'une couronne de lauriers !....

 

 

Nota bene : (Juin 2014)

Baudoin vient de sortir une nouvelle édition de son Tintin :

Il est en couleur, et sous pochette cartonnée. (1.300 bahts)

 

 

ATTENTION :

 

Cette suite imprévue est nécessaire pour qui s'intéresse à l'aventure de Tintin en Thaïlande et de son auteur parodiste Baudouin de Duve.

 

                          DSC_6395.JPG
          Baudouin de Duve sur sa terrasse à Chiang-Mai (Décembre 2015)

 

 

Car ce qui précède a été écrit en 2014 et depuis deux années se sont écoulées. Alors vous lirez ci-dessous une partie de la lettre de voeux que je viens d'adresser aux membres de ce blog. Elle commence ainsi !....

 

Bonjour à toutes, à tous, et …

 

     …  Bienvenue aux nouveaux inscrits à cette lettre et …

              

                                                                 mes meilleurs vœux

... Je pensais pouvoir accompagner la présente d’une chronique sur le Wat Suan Dok, hélas je suis loin de l’avoir terminée mais elle touche à sa fin. Bref !... je pensais ne faire qu’une bouchée de ce sujet, mais le sujet m’a rattrapé alors !.... patience !....

 

En attendant, et à défaut d’une chronique, je vous propose de chercher les différences entre ces deux couvertures de ‘’Tintin en Thaïlande‘’.

 

                    Tintin en Thailande 01.jpg     Tintin en Thailande 02.jpg

                                          

Ces deux couvertures ont l’air identique et cependant l’une, celle de gauche, est l’œuvre d’un falsificateur, un certain Henri D., belge de son état, qui prétend être l’auteur de cette bande dessinée, et qui en a fait un véritable fond de commerce, tout du moins à Chiang-Mai ; tandis que l’autre, celle de droite, est l’œuvre du véritable auteur de l’album, c’est-à-dire : Monsieur Baudouin de Duve. Vous voyez que nous restons, non seulement en Thaïlande, mais … à Chiang-Mai.

 

Les différences entre ces deux couvertures sont nombreuses. Cependant regardez bien en bas et à droite, car c’est là que figure le nom de la maison d’édition. Le falsificateur, qui n’est pas à un emprunt près, s’est approprié le nom de l’édition à l’origine du premier piratage ‘’Farang‘’, alors que l’honnête artisan se présente sous le nom de son édition ‘’Editions Ziedaneky‘’.

 

Vous avez trouvé d’autres différences ?... Bravo !... elles ne manquent pas. Le jeu vous a diverti ?... alors sachez que vous n’êtes pas au bout de vos surprises car je prépare une chronique, très documentée avec l’aide de Baudouin sur ce fameux Tintin en Thaïlande et tous ses pirates dont Henri D.     

 

 

Cela prendra quelques mois, mais cela devrait vous intéresser. En tout cas, entre le faux et le vrai n’hésitez pas à faire le bon choix … puisque vous voilà prévenus.

 

  

En espérant que vous trouvez toujours plaisir à prendre connaissance de mes chroniques dont Chiang-Mai est le point commun, et en vous remerciant pour l'intérêt que vous leur portez, je vous rappelle que :

Si vous découvrez des fautes, (orthographe, grammaire, conjugaison) des erreurs, ou si vous avez des précisions à apporter, concernant mes chroniques n'hésitez surtout pas à me signaler les deux premières et à me communiquer les troisièmes. Car le blog n'en sera que de meilleure qualité ; à l'avance merci.

 

Bien à vous cordialement et … ''exotiquement''.

 

                                                                         Le Jean de la Mainate Janvier 2016.

 

 

 

 

 

 



13/11/2009
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