MerveilleuseChiang-Mai

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Wat LOK MOLI (Le) (วัด โลก โมฬี)

Wat LOK MOLI (Le) (วัด โลก โมฬี)

 

Adresse : Manee Nopparat road – 50200

Le Wat possède moult entrées sans portail.

Il est donc ouvert à tous vents et à toutes heures.

(Il se situe près de la porte Chang Phuak hors les murs)

 

Téléphone : 66 53 404039 – 66-86-420 3234

E-mail : watlok@hotmail.com

 

Le Wat est ouvert tous les jours et à toutes heures.

(La clôture du Wat et le Viharn n’ont pas de porte.)

Néanmoins pour entrer à l’intérieur des bâtiments ouverts au public il est préférable de se présenter entre 9 heures et 17 heures.

 

Intérêt : ♥♥♥

 

Le Wat Mok Moli possède un chédi datant du XVIe siècle, les ruines d’un ubosot, un très beau Viharn en bois de teck de style Lanna tout neuf, puisqu’il a été construit en 2003 et un mini parc d’exposition d’œuvres et de sanctuaires divers.

 

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 Photo 1 : L’Entrée du Wat Lok Moli

Photo 2 : Le plan du Wat Lok Moli : A = sanctuaire du roi Ketklao et de la reine Jiraprapa – B = Image de Phra Phrom – C = sanctuaire de Phra Mae Kwan Yin – D =  résidence de Phaya Ketklao (คุ้มพญาเกศ) C’est un lieu ouvert au public.

Photo 3 : Phra Khru Phaiboon Jetiyanurak Dr. (พระครูไพบูลเจติยานุรัฤษ์ ดร) ex Phra Ajarn Dr Duangkham Apiwathano (พระอาจารย์ ดร ดวงคำ อภิวัฒฺฑโน) L’assistant du supérieur du Wat Doï Suthep, responsable de la communauté du Wat Lok Moli. 

 

 

La signification du nom du Wat : Lok Moli โลก โมฬี

 

Le nom se compose de deux mots :

1/ Lok (โลก) qui signifie ‘’terre‘’ en tant que lieu, et de Moli (โมฬี).

2/ Moli ne manque pas d’orthographes en lettres romaines. Il y a Moli, Molee et Molih. (*)

En Thaï, ce mot a au moins trois orthographes : โมฬี (Moli), เมาลี (maoli), et โมลี (moli) trois mots dont la prononciation n’est pas tout à fait la même.

L’un d’eux pourrait appartenir au vocabulaire du Lanna et l’autre, à celui du Siam ?!.... Toujours est-il qu’ils veulent dire tous les trois : sommet, toupet, ou chignon.

 

Quant à ‘’Molih‘’ sa définition se rapporte à la touffe de cheveux que les brahmanes se laissent pousser au-dessus de la tête, à l’endroit du chakra bindu, là où se trouve le centre lunaire.

Ce chakra secréterait un fluide pouvant être tout aussi bien un élixir d’immortalité (amrita), qu’un poison mortel.

 

Dans les quatre cas il est toujours question de sommet, de toupet et à fortiori … de tête.

 

 

En résumé, l’aire du Wat Lok moli pourrait s’agir d’un site cinéraire ou jardin du souvenir voire une terre où reposent ceux qui étaient à la tête, ou au sommet du Lanna ; autrement écrit, la terre de repos des rois du Lanna … d’avant 1558, année de l’invasion birmane.

 

C’est effectivement au Wat Lok Moli qu’on été déposées, et que reposent encore, les cendres de quelques rois et de certains de leurs proches ayant vécu entre 1350 et 1558, comme nous allons le voir.

 

(*) Le mot ‘’Molih‘’, avec cette orthographe, ne manque pas d’intérêt.

1/ Il figure dans l’expression ‘’Tat molih‘’ (ตัด โมฬี) c’est-à-dire : ‘’couper la touffe de cheveux‘’ ; c’est ce que fit le prince Siddhārta avant de s’engager dans une vie spirituelle qui fera de lui … Bouddha.

La coupe du toupet est un rite royal qui fut abandonné en Thaïlande après 1932, année de l’instauration de la monarchie constitutionnelle et de l’abolition de la monarchie absolue. Ce rite aurait-il été l’un des symboles du pouvoir absolu ?... c’est ce que semble confirmer son abandon après 1932 !...

Au Cambodge, quand il s’agit de la famille royale, cette cérémonie porte le nom de : ‘’Cūlā Kantana Mangala‘’. Le rite était pratiqué dans chacune des classes sociales, mais sous un nom différent pour chacune des classes.

2/ Le Chakra bindu a pour divinité Shiva et pour symbole la Lune. C’est la Lune qui gouverne le Nord de Chiang-Mai et plus particulièrement la porte Chang-Phuak, la porte de la tête de la citée ?!...

 

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Photo 1 : Extrait d’une peinture murale du Wat Phuak Pia de Chiang-Mai intitulée ‘’La coupe du chignon près de la rive de la rivière Anoma‘’ (ทรงตัดพระโมลีริมฝั่งอโนมานที)

Le prince Siddharta coupe ses cheveux, et plus particulièrement son chignon, avant de s’engager dans sa quête spirituelle. (Photo 2007)

Photo 2 : Le prince Chulalongkorn (futur Rama V) vers l’âge de 12 ans portant le toupet. Cette photo de l’écossais John Thomson (1837-1924) date de l’année 1865. La tradition du toupet tomba en désuétude après le coup d’état du 24 juin 1932.

Photo 3 : Une image du Wat Lok Moli dont le personnage porte un chignon d’ascète ou ushnisha.

Cette protubérance crânienne est tantôt une bosse osseuse, tantôt un chignon, voire une flamme. Autrefois le mot ‘’ushnisha‘’ servait à désigner un turban. La coupe du toupet est vraisemblablement en rapport avec la coupe du prince Siddharta mais rien de précis ne me permet de le certifier. Si quelqu’un a une réponse ?... elle est la bienvenue.

Photo 4 : Extrait d’une peinture murale du cloitre du Wat Phra Doï Suteph de Chiang-Mai intitulée : l’épisode de la coupe du chignon (ตอนตัดโมฬี) ‘’Le poignard de pierres précieuses coupe le saint chignon, comme lors d’une ordination, au bord de la rive des eaux de la rivière Anoma‘’ (ภาที "ทรงพระขรรค์มณีตัดพระโมฬีอฮิฐานบรรพชาณรีมฝั่งน้ำอโนมานที‘’ Les textes disent à peu près la même chose mais le mot ‘’Moli‘’ s’écrit différemment.

 

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                       Le Viharn et le chédi du Wat Lok Moli (Photo de 2008).

 

 

L’histoire du Wat Lok Moli :

 

L’histoire du Wat Lok Moli commence sous le règne du roi Künā ou Kuena (1367-1388 ou 1355-1385 selon les chroniques) le 6ème roi de la dynastie Mengrai, (1) alors que Chiang-Mai portait le nom de ‘’Nabbisipura‘’.

 

Chao Künā était un fervent bouddhiste, un puriste, ce qui n’était pas le cas de la plupart de ses sujets encore très attachés aux pratiques animistes. De ce fait, pour que le bouddhisme d’obédience theravada se propage dans son royaume selon l’orthodoxie, dès qu’il fut couronné vers 1367 à l’âge de 40 ans, il fit construire de nombreux lieux de culte  (2), et invita des ‘’bhikkhus‘’ (3) ordonné au Sri Lanka (Ceylan) à venir s’installer dans son royaume. Car le bouddhisme Cingalais était alors, pour Phaya Kuena, le plus en conformité avec l’orthodoxie originelle.

 

(1) Le roi Künā (พญา กือนา) ou Kilanārāja (กิลนาราช) était le fils du 5ème roi de Chiang-Mai, Phā Yu (พญา ผายู) et de la reine Citradevi (พระนาง จิตราเทวี). Künā signifie ‘’million de rizières‘’ ; il fut aussi appelé  ‘’Song Sen Na‘’ dont la signification est : ‘’deux cent mille rizières‘’. Il eut encore comme noms … à sa naissance, Phan Tu … dans son enfance, Vesabhu et Tuna qui devint Kuna. C’est à partir de son règne que les historiens font commencer l’âge d’or du Lanna.

(2) Kilanārāja ou Kuena vers … 1369 fonde le Wat Phra Yuen (วัดพระยืน) (*) près de Lamphun … 1371 offre sa résidence de l’ouest d’où surgira le Wat Suan Dok … 1383 crée le Wat Doï Suteph … 1400 construit une crypte dans l’enceinte du Wat Phra Li Chiang (Aujourd’hui Wat Phra Singh) à l’attention du Phra Sihing. La crypte ne fut jamais terminée. Ces temples sont aujourd’hui, parmi les plus célèbres.

(*) En fait le 31ème (ou 33ème) roi Môn Phraya Dhammikaraja (vers 1043-1048) avait en son temps fait élever une statue d’un Bouddha debout haute de 18 coudées d’où le nom de : ‘’Bouddha Attarattha‘’, en cet endroit. Les peintures murales de l’ubosot relatent cet événement. (Phra Yuen -พระยืน- se traduit par Bouddha se tenant debout.)

(3) Le bikkhu est un membre ordonné de la communauté bouddhique, c’est-à-dire le Sangha. Il n’a pas d’équivalent en français mais le mot ‘’moine‘’ serait la traduction la plus adéquate.

Avant le règne de Kuena l’école bouddhique du Rāmana relevant de l’école Mōne avait les faveurs de tous. De ce fait ces moines se mêlèrent de plus en plus des affaires publiques, et furent amenés à brasser beaucoup d’argent … ce qui les éloignait insidieusement ( ?) de l’enseignement de Bouddha.

Dès son installation Chao Kuena, fervent dévot, fit la part belle à l’école bouddhique Cinghalaise qu’il jugeait plus orthodoxe, et en particulier parce qu’elle maîtrisait le pāli. L’arrivée du théra Sumana (เถระสุมน) conduisit à la fondation de la secte Sīhalabhikkus et au rayonnement de l’école Cingalaise.  

 

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 Photo 1 : Extrait d’une peinture murale de l’ubosot du Wat Phra Yuen de Lamphun, représentant trois des étapes de la création du Bouddha Attarattha.

En ce lieu, un 1er Wat, le Wat Aranyikaram (วัดอรัญญิการาม), fut construit vers 666 sous le règne de Nang Chamadevi. Ce Wat deviendra le Wat Phuttharam (วัดพุทธอาราม) sous le roi Dhammikaraja (พระเจ้า ธรรมิกราช) (vers 1047) et le Wat Phra Yuen (วัดพระยืน) sous le roi Kuena.

Photo 2 : Le chédi du Wat Lok Moli quelques temps après la seconde guerre mondiale.

Photo 3 : Une vue aérienne du Wat Lok Moli avant l’an 2.000. Cette photo est extraite du livre ‘’Thailand’s Chiang Mai‘’ de M.L. Chititewan Pete Devakul, paru en … 2000 !...   

 

 

Concernant la date de la création du Wat Lok Moli il n’y a pas de documents précis. Mais un texte révèle qu’à la demande de Chao Kuena, il fut créé un palais, (1) à l’extérieur et au nord de Chiang-Mai ; et que dans les dépendances de ce palais s’élevait le Wat Phram (วัด พรหม ou วัด พราม) ?!...

Peut-être était-ce le prédécesseur du Wat Lok Moli ?...

 

Quelques paragraphes plus loin on apprend que la dépouille de Chao Kuena (1385 ou 1388) contenue dans une urne en or, se trouve dans ce palais et qu’une armée ennemie s’en approche. Pour protéger le défunt roi il est décidé de transporter l’urne dans le quartier royal de Chiang-Mai. (2) Le projet se réalisa en perçant le rempart juste en face du Wat Phram, et en construisant un pont pour traverser la douve. (3)

Quel endroit, actuellement, répond le mieux à cette possibilité ?... Le Wat Lok Moli !...

 

Dans un autre texte il est écrit que Chao Kuena donna l’hospitalité à dix érudits (moines) qui accompagnaient Phra Anantathera, (4) en les logeant dans un lieu hors de la ville et près de la porte de la tête de la cité qui aujourd’hui porte le nom de Porte Chang Phuak.

 

Entre 1475 et 1477, durant un an environ, ce ‘’palais hors les murs‘’ servit encore à loger des moines venus participer au 8ème et grand concile bouddhique qui se tenait au Wat Photharam Maha Viharn c’est-à-dire au Wat Chet Yod. Il s’agissait alors de réviser les textes sacrés ou Tri-Pitaka. Cette assemblée exceptionnelle, présidée par Maha Thera Dhammadinna (มหาเถระธรรมดินะ), eut lieu sous le règne du 9ème roi du Lanna, Phra Chao Tilokarāja (1409-1441/2-1487) (พระเจ้าติโลกราช).

 

D’après l’auteur du livret consacré au Wat Lok Moli, non seulement cette résidence royale servait à l’hébergement des hôtes de marque, mais aussi de résidence au Sangharāja c’est-à-dire au patriarche suprême du royaume. Le ‘’pape‘’ du Lanna en quelque sorte ?!...

 

 

Autrement écrit le Wat Phram, qui n’avait aucune raison à l’époque de s’appeler ‘’Lok Moli‘’ (voir l’analyse du nom) était l’une des constructions d’un … ‘’palais royal hors les murs‘’ ou ‘’Palais royal champêtre‘’ servant, le cas échéant, comme résidence pour les hôtes de marque.

 

 (1) Le mot ban (บ้าน) peut tout aussi bien désigner un village qu’une maison ou un palais royal. Alors il est difficile, parfois, de savoir ce que recouvre le mot. Dans le cas présent il ne peut s’agir que d’un palais. D’ailleurs peut-être a-t-il été construit en vue de remplacer la résidence Suan Dok que Chao Kuena donnera au Sangha (Communauté des moines.) vers 1371 ?... (Ce n’est qu’une suggestion)

(2) Le quartier royal de Chiang-Mai ou Khwang Chiang (แขวงเชียง) se situait au Nord-ouest de la ville, du côté du Wat Chiang Man.   

(3) Le rempart a été percé parce que l’acte de faire entrer un défunt dans une ville par l’une de ses portes portait alors, et peut-être encore aujourd’hui, malheur à la communauté. Cependant si un mort ne peut pas entrer dans une ville par une porte, il peut en sortir.

(4) Phra Anantathera (พระ อานนท์เถระ) était un moine d’obédience Cingalaise, dont la venue à Chiang-Mai, sous forme d’une délégation, répondait à une invitation que Chao Kuena avait faite vers 1365 à son maître le Théra Udumbaramahasāmi. Ce dernier résidait à Pégou, aujourd’hui Bago en Birmanie. (Myanmar)

C’est suite à la visite du thera Ananta que viendra s’installer au Phra Yun près de Lampun, le théra Sumana.

Un texte datant de 1367 relate la venue de cette délégation ; ce qui signifie que le palais royal du Wat Phram existait bien avant 1369 ?!... mais pas sous le nom de Wat Moli mais de Wat Phram.

 

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                                           Le Chédi du Wat Lok Moli

Ce Chédi dont la base est un carré de 19 mètres 85 de côté, mesure 39 mètres 40 de hauteur. C’est un très bel exemple de style Lanna. L’un des plus hauts de son époque.

Courant 2005 son sommet sera l’objet de quelques travaux afin de permettre la pose d’un nouveau parasol d’or, (Yot-chat-thong) (ยอดฉัตรทอง). La cérémonie de l’installation de ce parasol d’or sera présidée par le premier ministre d’alors, un enfant de Chiang-Mai, Monsieur Taksin Shinawatra (ทักษิณ ชินวัตร) et célébrée par Phra Thepworasithajarn (พระเทพวรสิทธาจารย์).

 

Photo 1 : Alors que les grands travaux de mise en œuvre commencent en 2001, c’est en 2005 que le Chédi s’enorgueillit d’un nouveau parasol d’or. (Photo 2008)

Photo 2 : Dans la niche ‘’Sud‘’, faisant face au Viharn, repose l’image d’un nouveau Bouddha, ‘’Phra Lok Moli‘’. A noter que le viharn est orienté face Sud et non Est, comme il est de tradition. (Photo de 2007)

Photo 3 : Dans la niche ‘’Est‘’ il y a un Bouddha en stuc qui date des dernières restaurations, c’est-à-dire … d’avant 1939. Les deux autres niches sont vides.

Photo 4 : Dans l’aire propre au Chédi, il y a une miniature de chacun des 12 Chédis duodénaires (Zodiac Chinois). Ici, au premier plan, il s’agit du Chédi du Wat Doï Suteph (วัดดอยสุเทพ) lequel est associé au signe astrologique ‘’chinois‘’ de la chèvre. (Photo 2015).

 

 

C’est en 1527/28 qu’apparaît le nom de Lokmoli ou plus exactement de ‘’Lōkamōlī‘’ à l’initiative du roi Ketklao (1526-1538 & 1543-1545) (1)  qui un an après son couronnement transforma le palais hors les murs (Ban Hua Vieng) dont j’ai parlé au début, en un monastère qu’il nomma  ‘’Lōkamōlī‘’. (2)

Un an plus tard il y construisit un Chédi et un Vihara (temple).

 

C’est le mardi 28 juillet 1545 qu’un terrible tremblement de terre mettra à mal le Chédi des Wats : Chédi Luang, Phra Singh et quelques autres.

 

En décembre 1545/46 les cendres et quelques ossements de Ketklao, à la demande de son épouse la reine Chiraprapha, première reine de la dynastie, furent déposées dans un petit stupa au nord du Wat Lōkamōlī.

 

Quelques temps plus tard, le roi d’Ayutthaya Phra Chairachathirat (พระไชยราชาธิราช) (1534-1546) (3), qui allait attaquer Chiang-Mai, devenu suzerain suite à l’allégeance de la reine Chiraprapha qui ne pouvait agir autrement, (4) débonnaire et grand seigneur donnera 5.000 pièces d’argent pour construire un Chédi afin d’y reposer les cendres de Ketklao.

 

 (1) Le roi Ketklao (เกษเกล้า) (1468-1545), 12ème et 14ème souverain du Lanna est aussi connu sous les noms de Phaya Muang Ket Klao (พญา พระเมืองเกษเกล้า) et de Phaya Ket Chettharat (พญาเกสเชษฐราช). C’était le fils du 10ème roi de Chiang-Mai, Phraya Yot Chiang Raï (พญายอดเชียงราย).

Ce roi assuma deux règnes, le premier se termina par sa destitution à la faveur de son fils, et le second par son assassinat. Il aurait été dément en fin de vie ?!...

(2) Lōka est un mot pāli qui a donné Lok, c’est-à-dire ‘’terre‘’. Mais la terre n’est pas précisément un … Lōka, car ce mot était employé pour désigner un concept beaucoup plus abstrait puisqu’il définissait un plan d’existence, un univers, ou encore un paradis céleste.

Une traduction plus précise de Lok Moli pourrait être le paradis des rois universels ; ce qui signifie que dès le début du XVIe siècle ce lieu devait servir de … cimetière royal.

(3) Le traducteur de la Chronique, Camille Notton, donne ‘’Părămmătrăichăk‘’ c’est-à-dire Borom Trailohkanat (1448-1488) en tant que roi d’Ayutthaya d’alors. Mais les dates ne coïncident pas. D’ailleurs, dans la traduction suit un astérisque qui spécifie ‘’je suppose qu’il s’agit de Phra Xăi Raxăthĭrăt‘’ c’est-à-dire Phra Chairachathirat (พระไชยราชาธิราช), ce qui ne peut être que le cas.

La preuve : Ayutthaya et Chiang-Mai sont alors en lutte. Ketklao, le roi de Chiang-Mai n’a plus sa tête, et son épouse, qui deviendra la reine Maha Thewi Chiraprapha (พระนาง มหาเทวีจิรประภา) (1545-1546) n’a d’autre solution que de prêter allégeance au roi d’Ayutthaya. (Lire la suite)

(4) Le prince ou vice-roi Thianracha (เฑียรราชา), futur Maha Chakkraphat (มหาจักรพรรดิ) (1548-1568) roi d’Ayutthaya, a mis à sac Lampang et Lamphun, deux villes du Lanna. Phra Chairachathirat, (1534-1546) le roi d’Ayutthaya, qui campe près de Chiang-Mai menace d’en faire autant avec elle. Que peut faire Maha Chakkraphat, en deuil et sans moyen pour éviter le sac ?... Se re-reconnaître vassal d’Ayutthaya.

En donnant 5.000 pièces d’argent Phra Chairachathirat se comporte alors en suzerain magnanime à l’égard d’un vassal exsangue.

 

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                           Le ‘’Prasatnokhasadiling‘’ (ปราสาทนกหัสดีลิงค์)

                                   Une tradition remontant à 1578/79 (*)

    Crémation de Phra Chan Kusalo (พระจันทร์ กุสโล) supérieur du Wat Chédi Luang

                          (17 janvier 2010 après trois jours de cérémonies.) 

Photo 1 : L’urne contenant la dépouille de Phra Chan Kusalo. Devant cette urne il y a une image (personnage) en cire de Phra Chan Kusalo.

Photo 2 : Le transport de l’urne jusqu’au ‘’Prasatnokhasadiling‘’.

Photo 3 : Le Prasat Nok Hasadi Ling contenant l’urne.

Prasat (chateau) (ปราสาท) – Nok (oiseau) (นก) – Hasadi (éléphant céleste) (หัสดี) – Ling (genre) (ลิงค์)

(*) En fait il s’agit du plus ancien témoignage retrouvé, ce qui peut signifier que cette tradition est peut-être plus ancienne ?!...

 

 

Le Chédi du Wat Lok Moli est donc un Ku (กู) ou tombeau où reposent les cendres de Ketklao et de quelques autres membres de la famille royale du Lanna, dont, son fils Thao Chaïkham (1538-1543) (ท้าวซายคํา) le 13ème roi du Lanna et son épouse la reine Chiraprapha (1545-1546) la 15ème souveraine du Lanna.

 

En 1578 ce sont les cendres de la reine Wisut Thewi (1564-1578) (พระนางวิสุทธิเทวี) (1) qui vont prendre place dans ce Chédi. Les funérailles de la 18ème et presque dernière représentante de la dynastie ‘’Mengraï‘’ seront ordonnancées par Phaya Sen Luang (พญาแสนหลวง) (2). Ils vont être à l'origine d’une nouvelle tradition dans la région, celle d’installer la dépouille dans un pavillon ou Men (Mont Meru) qui était appelé au Lanna, ‘’Vimāna‘’ (3). Ce ‘’Vimāna‘’ était posé sur le dos d’un gros oiseau mythique à tête d’éléphant, un ‘’Prāsāda Nok Hasadilinka‘’ ou ‘’Maïsoph‘’, que tirait un attelage d’éléphants.

 

Le texte dit qu’… après avoir ouvert une brèche dans le rempart pour permettre le passage du cortège, la porte était trop étroite, celui-ci s’est dirigé vers le Wat Lok Moli où eut lieu, dans un champ voisin, la crémation.

 

Ce Wat est donc bien un cimetière royal. A noter que la toute première résidence royale devenue le Wat Suan Dok a vu s’élever sur son sol au XIXe siècle … un deuxième cimetière royal.

 

 

 (1) Wisut Thewi était la quatrième et dernière enfant du roi Ketklao appelé aussi Phaya Ket Chettharat.

Le nom de Wisut Thewi  se trouve aussi écrit : Phra Nang Visuti, Phra Nang Visudhi Thevi, Visudhi, Visuddhadevi, Wisuttha Thewi, Wisutthatewi, Wisutthathewi, Wisutthithewi et aussi … Yuphin.

Nota bene : Certains prétendent que la reine Chiraprapha (1538-1543) et la reine Wisut Thewi (1564-1578) ne seraient qu’une seule et même personne ?!...

(2)  Concernant Phaya Sen Luang (พญาแสนหลวง) le titre de ‘’Phaya‘’ n’a rien de royal. La personne dont il est question était un noble de Chiang-Maï auquel le roi Birman Bayinnaung avait donné ce titre pour le rallier à sa cause.

Car conquérir une ville est une chose, et disposer de suffisamment de soldats et de fonctionnaires birmans pour l’administrer et la surveiller efficacement en est une autre. Le conquérant birman Bayinnaung se voyait donc, en plus des déportations, dans l’obligation de distinguer quelques nobles locaux (des collabos ?...) pour que perdure son empire.

(3) Le mot ‘’Vimāna‘’ sert à désigner un trône, un palais royal, un sanctuaire ou un palais céleste … c’est donc aussi … un ‘’prasat‘’.

 

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                                Phra Bouddha Santi Jira Borom Lokanat

                                           (พระพุทธสันติจิรบรมโลกนาถ)

 

Avant de construire un Viharn il convient de mettre à sa place définitive l’image (statue) du Bouddha, et ensuite de construire le Viharn autour de cette image. Car dans la plupart des cas les portes des Viharns ne sont pas assez larges pour permettre le passage de ces images aux dimensions exceptionnelles.

 

Phra Bouddha Santi Borom Lokanat contient deux reliques de Bouddha.

La première fut remise par le Sangharaja (*) du Sri Lanka au Dr Ruangdet Wongla (ดร.เรืองเดช วงศ์หล้า) qui la rapporta le 18 octobre 2003 au Wat Lok Moli ; le 1er novembre suivant ce fut le Sangharaja de Thaïlande, Phra Yanasangworn (พระญาณสังวร) qui remit aux bons soins du général en chef de l’armée royale, That Prommopakorn (พลเอกทัต พรหมโมปกรณ์) la seconde relique.

Ces deux reliques ont été introduites dans le corps et la tête de l’image (statue) lors de sa coulée le 6 novembre 2003.

(*) Le Sangaraja est le patriarche suprême, c’est-à-dire, en Asie du Sud-est, un pape à la dimension d’un état ou d’un royaume.

 

 

Photo 1 (7 février 2015) photo 2 et 3 (13 décembre 2009)

 

 

L’occupation Birmane :

 

De 1568 à 1774 les birmans occupent le Lanna.

 

En raison des déportations successives mises en œuvre par les birmans, pour des raisons de main-d’œuvre à bon marché et d’occupation plus aisée, à Chiang-Mai nombre de temples ont ‘’perdu‘’ leurs fideles et ont été plus ou moins abandonnés.

 

A l’évidence le Wat Lok Moli fut l’un d’eux. Il suffit pour s’en convaincre d’aller y faire une visite. Il n’y a pratiquement aucune trace de l’influence birmane. Je n’y ai vu, personnellement, que quelques lions de style birman, ce qui se résume à … rien, ou presque rien, tout du moins actuellement.

 

Autrement écrit, la vie cultuelle a du s’éteindre à petit feu et, comme le signale nombre de blogs Thaïs, le temple serait devenu un refuge d’animaux sauvages.

 

N’oublions pas que Chiang-Mai fut abandonnée pendant une vingtaine d’années, de 1776 à 1796 ; et que lorsque ses libérateurs, dont Kawila, entrèrent dans la ville… des tigres s’y promenaient en maître.  ‘’… broussailles, lianes et rotins … tellement épais qu’ils servaient de demeures aux bêtes sauvages‘’ disent les chroniques.

 

Ce ‘’libérateur‘’ (Kawila) ne s’installera symboliquement à Chiang-Mai en tant que roi … nommé par Bangkok, que le dimanche 26 Mars 1797. (*)

 

En 1782 il fondera ‘’Vieng Pā Xang‘’ (Pasang) où il … ‘’siègera‘’ durant 13 ans car après la libération de Chiang-Mai il du d’abord la relever de ses ruines et ensuite … la repeupler … manu-militari.

  

(*) Dans sa traduction de la chronique de Chiang-Mai Camille Notton donne l’année de 1796, tandis que dans la sienne David K. Wyatt … penche pour 1797 ?!...

 

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                                          Le Viharn du Wat Lok Moli

C’est au cours de l’année 2002 que dans un style Lanna, un petit mur de briques a été élevé autour du Wat, et que les travaux d’édification du viharn ont commencé. Monsieur Montry Nawikaphon (มนตรี นาวิกผล) eut l’honneur et le grand privilège de poser la première pierre de ce vaste projet.

 

Photo 1 : Le mur ‘’Ouest‘’ du Viharn vu depuis l’entrée principale.

Rappel : Le Bouddha du Viharn fait face au Sud et non à l’Est, comme il est de tradition. Autrement écrit le Viharn est orienté Nord-sud, et non Est-ouest.

Photo 2 : La façade Sud, ou l’entrée principale, du Viharn.

Photo 3 : Détail du haut de la façade du Viharn.

Les motifs décoratifs reprennent, une fois de plus, quelques scènes traditionnelles du 547ème jataka intitulé ‘’Wessandorn, le prince charitable‘’ ; un conte bouddhique qui narre l’avant dernière réincarnation de Bouddha. L’un des chapitres les plus connus, le 6ème intitulé ‘’Chulaphon‘’ (จุลพน) (La petite forêt) est celui du chasseur tireur à l’arc ‘’Chetabut‘’ et de ses chiens tenant en respect le vieux et malhonnête brahmane ‘’Chuchok‘’ réfugié en haut d’un arbre.

    

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Les porteurs du projet, concernant la réhabilitation du Wat Lok Moli, avaient deux objectifs, redonner vie au Wat et mettre en valeur les caractéristiques et spécificités qui ont données ses lettres de noblesse à l’art du Lanna.

De ce fait ce Viharn est un fleuron qui vient enrichir le patrimoine propre au Lanna. Il est tout en bois, et ses boiseries intérieures, sans oublier le plafond, font de ce viharn un véritable chef d’œuvre qui mérite vraiment le détour.

 

Photo 1 : L’une des nombreuses baies constituées de tourillons avec en leur centre des motifs floraux.

Photo 2 : Le bas côté ouest du Viharn et quelques sièges du pays composant son ameublement. 

Photo 3 : Le haut de la porte ouest du Viharn. Au milieu des entrelacs figurent deux animaux mythiques, des ‘’Hemraj‘’ (เหมราช). Ils sortent tout droit de la forêt Himapan (หิมพานต์). Le ‘’Hemraj‘’ est un animal au corps de lion et à la tête de hong (cygne ou oie sauvage) voire, disent certains, de crocodile ?!...

Photo 4 : L’intérieur du Viharn vu depuis l’autel. Ce viharn est aussi un lieu de méditation.

Photo 5 : L’un des nombreux panneaux sculptés, dorés et recouverts de verroteries, accrochés aux murs et représentant une scène de l’univers bouddhique.

Le texte qui figure sur le cadre indique le nom du donateur de l’œuvre : (คุณ วรชัย ฤกษ์อำนวยโชค) et non la scène dont il s’agit. Certains noms sont en caractères romains car des … ‘’farangs‘’ (étrangers) comptent parmi les donateurs ; il y a aussi des sociétés donatrices.   

 

 

La vassalisation du Lanna par le Siam : (1775-1932)

 

Le Wat Lok Moli aurait retrouvé vie lors du ‘’règne‘’ du 8ème Chao Luang, Chao Inthawarorot Suriyawongse (เจ้าอินทวโรรสสุริยวงษ์.) (1897-1901-1909). Le Lanna était alors vassal du Siam.

Sous la gouvernance du 9ème Chao Luang, Chao Kaew Nawarat (เจ้าแก้วนวรัฐ) (1862-1910-1939) le Wat se vit offrir une image de Bouddha et un siège de prêche en bois sculpté.

 

Durant cette période, quatre supérieurs se sont succédés : Tou Chao Phong (ตุ๊เจ้าพวง), Tou Chao Kham (ตุ๊เจ้าคำ), Tou Chao Daeng (ตุ๊เจ้าแดง) et Tou Chao Toue (ตุ๊เจ้าตึ้อ). Puis le temple fut à nouveau abandonné, d’après les dires de Kruba Keo (ครูบาแก้ว) du Wat Dok Uang (วัดดอกเอื้อง) de Chiang-Mai intra-muros.

 

 

Au cours de l’année 1939, le 3 juin, Chao Kaew Nawarat (เจ้าแก้วนวรัฐ) alors roi de Chiang-Mai décède ; trois semaines plus tard, le 24 juin, l’homme fort du pays, Plaek Phibun Songkhram (1897-1964) (แปลกพิบูลสงคราม) change le nom du pays par ‘’Muang Thai‘’ (เมืองไทย) c’est-à-dire le pays des thaïs ou Thailande. (*)

 

Il met alors en place une politique nationaliste et de ‘’Thaïcisation‘’, puis après avoir mené un double jeu il prend le parti des japonais. Du fait de ces événements le titre de roi de Chiang-Mai tombe en déshérence.

 

 

Bref, après la seconde guerre mondiale, le Chédi du Wat Lok Moli va s’élever au milieu d’un Wat abandonné et d’une petite agglomération constituée de cabanes rafistolées, habitées par une population de déshérités, mais aussi de bâtiments en dur apparentant à des entreprises et à des gens non démunis. Ces nouveaux venus auraient occupé 90% de la surface du temple qui ne compterait plus aujourd’hui que 6.948 mètres carrés, soit à peine un hectare !... 0 hectare 70 pour faire un compte rond, au lieu des 7 hectares d’origine.

 

Comme il est plus difficile d’expulser des squatters qui ont pignon sur rue que des squatters  lambda !....  le Wat n’est pas prêt de retrouver son espace d’antan !...

 

(*) En 1939 le roi Rama VII a abdiqué et c’est son neveu Anantha Mahidon (1925-1946) Rama VIII, alors âgé de 14 ans et poursuivant ses études en Suisse qui a été désigné pour lui succéder. Autrement écrit, à Bangkok, Phibun Songkhram a les mains libres pour gouverner à sa guise. Il vient de faire passer de vie à trépas 18 opposants après un procès ... d’opérette !... Les … autres n’avaient plus qu’à … ‘’bien se tenir‘’ pour rester en vie.

Ce dictateur, appelons un chat un chat, qui fit ses études militaires en France, Poitiers et Fontainebleau, rêvait d’un empire Thaï, d’où le changement de nom du pays. Alors il commence par s’attaquer au colonisateur français installé au Laos et au Cambodge qu’il veut annexer à la … Thaïlande. De ce fait dès la capitulation française du 17 Juin 1940, alors qu’il était question d’un pacte de non-agression entre les deux pays, il se rit du pacte, lance des campagnes anti-françaises et des harcèlements armés à nos frontières indochinoises. Cette politique conduira à des affrontements terrestres très défavorables aux Français très mal armés et à la célèbre bataille navale de Koh Chang qui se soldera par 300 morts du côté Thaï ainsi qu’à la destruction du quart de leur marine. Aucune victime et aucun dégât ne seront à déplorer du côté français ?!... et pourtant, là encore, nos bateaux n’étaient pas de première jeunesse ?!...

 

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                       Le sanctuaire de Phra Mae Kwan Yin (พระแม่กวนอิน)

                        (Kwan Yin s’écrit aussi Guan Yin ou encore Guānyīn)

 

Kwan Yin est une déesse qui porte secours aux gens qui souffre d’où son nombre considérable de bras. Car elle tend la main à tous. De ce fait elle symbolise la miséricorde et la compassion.

Elle appartient au panthéon du bouddhisme Mahayana (grand véhicule) et non Hinayana (petit véhicule) mais il n’est pas rare de la découvrir … de plus en plus … dans certains Wats de Chiang-Mai qui sont d’obédience Hinayana.

Kwan Yin serait l’une des formes ou réincarnation du Bodhisattva Avalokitésvara. Elle vient de Chine.

 

Photo 1 : Dans un premier temps Phra Mae Kwan Yin était sans abris. Puis un kiosque, œuvre de Monsieur Anurak Panyakorn (นาย อนุรักษ์ ปัญญากร) lui a été construit.

Photo 2 : Phra Mae Kwan Yin, trônant dans son sanctuaire d’un style néo-Lanna.

Photo 3 : Un sanctuaire c’est bien, mais l’image de Phra Mae Kwan Yin vue de dos ne manquait pas d’intérêt.  

 

 

La troisième et double renaissance du Wat Lok Moli :

 

Pour une troisième fois le Wat Lok Moli, tel un phénix, va renaître de ses … ‘’cendres‘’.

 

C’est le supérieur du Wat Doï Suteph, mais aussi le coadjuteur du Sangha de la 7ème région, Phra Theworasithajarn (พระเทพวรสิทธาจารย์) qui va prendre les affaires en main avec l’aide de quelques collaborateurs. (*)

 

Pour cela il(s) commence(nt) par rencontrer Somdej Phra Maha Rajamanklajarn (สมเด็จพระมหารัชมังคลาจารย์) du Wat Paknam (วัดปากน้ำ) de Bangkok et Phra Dhamma Sithajarn (พระธรรมสิทธาจารย์) du Wat Phrasingh (วัดพระสิงห์) de Chiang-Mai dont il(s) obtient (ent) l’aval.

 

 

Ensuite, pour mettre ce projet sous le feu des projecteurs, ses initiateurs font en sorte pour que la promotion du Songkran 2001, le nouvel an Thaï, ait lieu sur les terres du Wat Lok Moli, qui seront pour l’occasion essartées et magnifiquement agencées pour que puisse se dérouler une grande et belle cérémonie religieuse.

 

Comme cette promotion est fixée au 12 avril, que ce jour correspond au 705ème anniversaire de la fondation de Chiang-Mai, 705 moines participeront à l’événement et lui donneront ainsi le retentissement escompté.

 

Le jour de la cérémonie, vers les 16 heures, une tempête s’invite. En à peine une demi-heure elle dévaste tout, ne laisse rien debout mais … juste avant son départ elle a la délicatesse de laisser sur le sol un tapis de grêlons blancs qui saisit de stupéfaction toutes les personnes présentes. Alors ce qui était à l’origine un déluge devient … un miracle tant le spectacle qui s’offre à la vue de tous est impressionnant  …?!...

 

 

For de l’encouragement des forces de la nature ( ?...), le 4 mai une demande de changement de statut du Wat est adressée à l’association Mahathera qui, le 20 septembre répond favorablement. Alors le Wat Lok Moli passe du statut de temple abandonné, c’est-à-dire de Wat ragn (วัดร้าง) (**) à celui de temple normal, autrement écrit … de temple en activité.

 

Un grand pas venait d’être franchi pour que renaisse le Wat Lok Moli. Cependant les promoteurs du projet avaient encore du pain sur la planche pour voir aboutir leur dessein !...

 

(*) Le comité pour le développement du Wat Lok Moli se composait en 2014 de : M. Pramote Samakgarn (นาย ปราโมทย์ สมัครการ), M. Veerasak Khuankeo (นาย วีระศักดิ์ เขื่อนแก้ว), M. Chuan Phadwan (นาย ชวน ผัดวัน), M Wallop Namwongprom (นาย วัลลภ นามวงศ์พรหม) et M Prawit Tantalanukul (นาย ประวิทย์ ตันตลานุกุล)

(**) En 2004 il existait en Thaïlande 6.815 temples abandonnés.

 

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                          Le pavillon de la reine Maha Thewi Chiraprapha

                                   (พระนาง มหาเทวีจิรประภา) (1545-1546)

Photo 1 : Le pavillon abritant le bronze de la reine Maha Thewi Chiraprapha et celui de son époux le roi Ketklao. A gauche Guan Yin et à droite un lion birman.

Photo 2 : Gros plan de la tête de la reine Maha Thewi Chiraprapha.   

Photo 3 : L’image (statue) du roi Phaya Muang Ket Klao, (พญา พระเมืองเกษเกล้า), aussi connu sous le nom de  Phaya Ket Chettharat (พญาเกสเชษฐราช)

 

 

Pour le bon fonctionnement du Wat Lok Moli, le 9 octobre 2001 Phra Theworasithajarn en devient temporairement le supérieur. (Le temporaire dure encore) et un mois plus tard, le 9 novembre 2001, c’est la pose de la … première pierre par Monsieur Montry Nawikaphon (มนตรี นาวิกผล).

 

Alors va s’élever un magnifique Viharn en bois de tek dans un style néo-Lanna ; car tout ce qui a été fait met en valeur le talent et la dextérité des artistes du Lanna, ainsi que l’originalité et la spécificité des arts de cet ancien royaume du Nord.

 

 

Au fil des jours le projet de la renaissance du Wat Lok Moli va faire le tour de Chiang-Mai et de ses environs. Comme il obtint l’adhésion populaire nombre de donateurs se manifestèrent. Il y eut même un don de 400.000 bahts. C’était celui de la reine Sirikit (สมเด็จพระนางเจ้าสิริกิติ์) qui tenait, à sa manière, à encourager cette double renaissance.

 

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Photo 1 : La résidence Phaya Ket, ou ‘’Koum Phaya Ket‘’ (คุ้มพญาเกศ). Ce bâtiment a été construit en 2006, dans un style néo-Lanna, en mémoire de Phaya Ketklao ou Phaya Ket Chetharaj. C’est en ce lieu que le supérieur du Wat, ou l’un de ses représentants, reçoit les fidèles.

Dans un ordre … propre au Lanna de nombreux tableaux, photos et images (Statues) pieuses y sont exposés. (Photo de 2007)

Photo 2 : Gros plan des stucs surmontant l’entrée de la résidence Phaya Ket. Il s’agit de Phaya Muang Ketklao avec à ses côtés deux soldats.

Photo 3 : Vue intérieure de l’un des derniers bâtiments sortis de terre courant 2014, dont la destination serait d’être un musée.

Photo 4 : Le palais épiscopale du supérieur du Wat Lok Moli ‘’Tamnak Somdej Lok-Moli‘’ (ตำหนัก สมเด็จ โลกโมฬี) ou ‘’la demeure du patriarche suprême‘’ construite sous la direction de Phra Ajarn Kitti Atikuno (พระอาจารย์ กิตติ อติคุโณ) et inaugurée le 5 septembre 2009 par le patriarche suprême du sangha de Thaïlande Somdej Phra Buddharjarn (สมเด็จพระพุฒาจารย์) aux côtés de Phra Thepkosol (พระเทพโกศล) le gouverneur ecclésiastique de Chiang-Mai et son gouverneur Monsieur Amornphant Nimanant (คุณ อมรพันธุ์ นิมานันท์).

 

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                        Les acteurs de l’inauguration du 5 septembre 2009

 

Photo 1 : Somdej Phra Buddharjarn (สมเด็จพระพุฒาจารย์) (1928-2013), fut supérieur du Wat Saket de Bangkok et en l’occurrence le représentant du patriarche suprême du sangha de Thaïlande.     

Photo 2 : Phra Thepkosol (พระเทพโกศล) le gouverneur ecclésiastique ou Primat de Chiang-Mai.

Photo 3 : Monsieur Amornphant Nimanant (คุณ อมรพันธุ์ นิมานันท์) le gouverneur de Chiang-Mai à l’époque. 

 

 

Pourquoi une double renaissance ?...

 

Parce que l’un des collaborateurs de Phra Theworasithajarn, Monsieur Wanlop Namwongprom (นายวัลลภ นามวงศ์พรหม), (*) veut redonner au Wat Lok Moli le rôle que jouait autrefois tous les temples.   

 

‘’ Dans les temps jadis, dit-il, les arts trouvaient leur origine et leur développement au sein des temples. Le temple était comme une école où chacun venait améliorer et puiser son savoir. Aujourd’hui le temple n’est plus qu’un lieu de passage, de ce fait la culture qu’il a engendrée se meurt.

 

Pour faire renaître l’art propre au Lanna et lui permettre de se développer il faut que le temple retrouve son rôle d’antan, c’est-à-dire celui de  centre d’apprentissage de tous les arts du Lanna. ‘’.

 

 

Alors en 2008 et dans un premier temps, compte tenu de la déclaration qui précède, l’espace situé au Nord-ouest et au nord du Wat a servi à exposer quelques œuvres en bois sculpté ; des artisans se sont installés dans des espaces indépendants, aménagés les uns à la suite des autres sous une longue véranda, (**) construite tout au fond du Wat.

 

(*) Monsieur Wanlop Namwongprom est chargé des relations publiques du Wat Phra Doï Suteph, membre du comité culturel de Chiang-Mai et juge.   

(**) Traditionnellement dans la maison kalê, la véranda, qu’il ne faut pas confondre avec la terrasse, est un espace couvert mais ouvert sur un ou deux côtés. C’est dans la véranda, après les gros travaux des champs, ou par mauvais temps que chacun œuvrait, seul ou en compagnie, à un ouvrage plus personnel comme le … tissage, la vannerie, la sculpture sur bois etc…  

 

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                           Quelques sculptures sur bois (Photos de 2008)

 

 

Par la suite, sur une aire extérieure au Wat, (des terres récupérées ?...) mais tout à côté, un nouvel espace a été aménagé pour exposer ces œuvres.

 

Mais la piété au Lanna étant ce qu’elle est, deux sanctuaires y ont été construits, l’un dédié à Phra Ganesha (พระคเณศ) ou Phra Phikanet (พระพิฆเนศ) et l’autre au roi d’Ayutthaya Naresuan le grand (สมเด็จพระนเรศวรมหาราช) (1555-1590-1605) qui fut à la tête d’un royaume qu’aucun de ses successeurs n’égala.

 

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Photo 1 : Le nouvel espace d’exposition d’œuvres en cours de réalisation. (Photo 2008)

Photo 2 : Le sanctuaire de Ganesha en septembre 2009.

Photo 3 : Le sanctuaire de Ganesha en avril 2013.

Photo 4 : Le sanctuaire de Naresuan le grand en 2013.

 

 

Pour être plus complet :

 

- à l’ouest du Chédi, à environ une dizaine de mètres, il y a le soubassement d’un ancien ubosot. Celui-ci, de forme carrée mesure une douzaine de mètres de côté.

- Depuis la rue Manee Nopparat une allée conduit à l’entrée Sud du Viharn. Une porte gardée par deux Kumphans ou Yaksas (*) s’élève au début de cette allée et derrière elle, veillent deux gros éléphants phuaks (blancs). Le Wat est bien gardé et bien protégé, d’autant qu’il y a aussi une image de Brahma ou Phra Phrom (พระพรหม) à gauche de la grande entrée principale.

 

(*) Les Kumphans (กุมพันธ์ ou กุมภรรณ), Yaksas (ยักษ์), Kumbhandas (กุมภัณฑ์) ou Kusmmandas sont des êtres surnaturels, des demi-dieux d’une force extraordinaire. Ils sont au service du roi Virulhaka ou Virulha le gardien du Sud. Il y en a deux magnifiques au Wat Chédi Luang qui gardent le pilier de la ville (Lak Muang).

Sous l’indépendance du Lanna c’étaient des kumphans qui gardaient l’entrée des Wats. Durant l’occupation birmane les lions ont remplacé les kumphans.  

Comme le Wat Lok Moli entend perpétuer la tradition du Lanna, Les quelques lions birmans s’y trouvant ont été réduits à des rôles … secondaires et deux kumphans ont été placés à l’entrée du Wat.

 

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Photo 1 : L’image de Brahma ou Phra Phrom (พระพรหม)

Photo 2 : La porte conduisant au Viharn vue depuis la rue Manee Nopparat (photo 2008)

Photo 3 : La porte conduisant au Viharn vue depuis le porche du temple. (photo 2015)

 

 

Conclusion :

 

Le Wat Lok Moli est en perpétuel transformation. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les photos de cette chronique. Cependant il ne faudrait pas que de nouvelles constructions, ou de nouveaux aménagements, même s’ils mettent en valeur l’architecture propre au Lanna, l’emportent sur la destination première d’un Wat, à savoir celle d’être d’abord et avant tout un lieu de culte et non un site touristique ou se pratiquent quelques rites auspicieux qui n’ont rien à voir avec le bouddhisme.

 

L’intérieur du Viharn se prête merveilleusement à la méditation, ce qui n’est pas le cas de son environnement, même s’il y règne une certaine sérénité qui tranche avec les bruits de circulation de la rue voisine. C’est pourquoi quelques arbres judicieusement plantés seraient les bienvenus car ils participeraient à la création de la douce atmosphère dans laquelle baignent nombre de Viharns du Lanna et qui fait quelque peu défaut à celle du Wat Lok Moli ; néanmoins la sérénité est là.

 

Un dernier point sur lequel je voudrai attirer votre attention, c’est la place que tient l’astrologie (*) dans ce temple … comme dans tous les autres du Lanna … mais dans celui-ci plus particulièrement.    

 

 

Bref, le Wat Lok Moli est un parfait exemple de ce qu’on pourrait appeler l’art néo-Lanna, c’est-à-dire l’art du Lanna du XXIe siècle, un art qui non seulement perpétue ce que la thaïcification avait relégué dans les oubliettes de l’histoire, mais qui le sublime.

  

N’hésitez pas à entrer dans le Viharn, et prenez le temps d’admirer, outre l’autel et ses images, les murs et le plafond. Ce Viharn est un petit chef d’œuvre du savoir faire des artistes du Lanna.

 

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             Deux des tableaux en bois sculpté et doré à l’intérieur du Viharn.

Photo 1 : Phra Ketklao appelé aussi Phraya Ket Chettharat (พพะญาเกศเชษฐราช

Photo 2 : Than Chao Khun Phraya Som Pho (ท่านเจ้าคุณ พระญา สมโพธ์) ou Phra Theworasithajarn supérieur du Doï Suthep posant devant les nouveaux bâtiments du Wat Lok Moli. 

 

Malgré le début de cette conclusion, il est regrettable que rien ne perpétue le souvenir du roi Kuena sans qui ce Wat n’existerait pas.

 

Dans l’esprit des deux lignes précédentes il serait tout aussi regrettable de ne pas rappeler que le Wat Lok Moli doit sa résurrection à Phra Theworasithajarn (พระเทพวรสิทธาจารย์), supérieur du Wat Doï Suteph depuis 1999, co-adjuteur du Sangha de Chiang-Mai depuis 2003 et co-adjuteur du sangha de la 7ème région depuis 2009.

 

(*) Les observateurs remarqueront que les animaux en terre cuite du zodiaque chinois, qui se suivent à la queue leu leu le long du Viharn, sont au nombre de 13 et non pas de 12. Nous sommes au Lanna et au Lanna l’éléphant est très vénéré alors bien souvent le ‘’cochon‘’ est remplacé par l’éléphant. De ce fait, sans doute pour ne fâcher personne, le cochon et l’éléphant sont tous les deux présents.

Aussi n’est-ce pas un hasard si le Chédi se rapportant à l’année du cochon ou … de l’éléphant se compose d’un … double Chédi ; Ce double Chédi se trouve au Wat Phra That Doï Tung (วัดพระธาตุดอยตุง) dans la province de Chiang Raï.

 

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Photo 1 : Mise en place des Kumphans devant l’entrée du Viharn. C’est Phra Theworasithajarn qui célèbre le rite de cette mise en place. (Photo 2008) (*)

Photo 2 : Phra Theworasithajarn. (Photo prise au Wat Chet Lin le 10 avril 2014.)

Photo 3 : (Photo 1er janvier 2014)

Nota bene : le Kumphan de la 1ère photo est le même Kumphan que celui de la 3ème  photo. Or ils ne sont pas semblables. Alors je vous pose deux questions :

1/ Avez-vous vu leur différence et 2/ qu’elle est cette différence ?... (**) 

 

(*) Pour la petite histoire et si les petits potins vous amusent :

Lors de la pose du Kumphan, son socle n’a pas pu prendre place dans la cuvette aménagée à cet effet, parce que trop grand ; alors il a fallu, pendant la cérémonie, aller quérir une masse pour casser les rebords de cette cuvette, et pouvoir poser le Kumphan sur son piédestal.

 

L’anicroche n’étonna et n’amusa personne (sauf moi) tant au Lanna ce type d’incident est … banal !... D’ailleurs pourquoi s’en émouvoir puisque de toute façon, et dans tous les cas … ‘’tout finit bien‘’.

Ce petit ‘’rapportage‘’, pas bien méchant, n’a d’autre objet que de vous montrer qu’au Wat Lok Moli la tradition est respectée jusque dans ce qui fait son sel ?!...

 

(**) Le kumphan est bien le même, sauf qu’il est dans un cas de couleur verte et dans l’autre de couleur rouge. Or au Lanna les kumphans, doivent être or et noir ou rouge et vert, comme d’ailleurs les lions des entrées, parce que chaque couleur a une signification bien précise et qu’en l’occurrence l’union de ces deux kumphans forme le son ‘’Aum‘’ c’est-à-dire le souffle du Vajra, ou … le souffle créateur auquel n’est pas étrangère la parole de Bouddha et par voie de conséquence … son enseignement.  

 

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                                               Un dernier regard …

Photo 1 : Le wat Lok Moli vers 2003. Les lions sont encore là, et … de même couleur ?!....

Photo 2 : Une fête se prépare, les moinillons installent le siège de prêche devant le Chédi. C’était en 2008.  

Photo 3 : Le Wat Lok Moli le 3 avril 2013.

 

 

 

                                                                    Jean de la Mainate – Février 2015

 

 

 



06/03/2015
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