MerveilleuseChiang-Mai

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WAT SUAN DOK (Le) (วัดสวนดอก)

 

 

                                         Le Wat Suan Dok (วัดสวนดอก)

                                                            Ou

                             Le Wat Buppharam (วัดบุปผาราม)

             (Le temple du jardin fleuri ou du jardin aux fleurs)

 

                Le Wat Suan Dok est ouvert de : 6 heures à  22 heures

                     Adresse : 139, rue Suthep 50200 Chiang-Mai

                    Fax : 053-278.304 & Téléphone : 081- 2.892.355

                                                        

 

Avertissement : La création du Wat Suan Dok a été le berceau d’une … ‘’révolution culturelle‘’ … avant l’heure !... Ce Wat a été construit pour le Thera Sumana qui, avec la … ‘’bénédiction‘’ du roi Kü Nā, introduisit l’orthodoxie Cinghalaise et le Pāli au royaume du Lanna.

Alors dans cette chronique, il sera tout autant question du Wat Suan Dok que de l’Histoire du Lanna avec une grande ‘’H‘’. 

 

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Photo 1 : L’écriteau indiquant l’entrée principale du Wat Suan Dok

Photo 2 : Le plan actuel du Wat Suan Dok

Photo 3 : Le supérieur du Wat Suan Dok le 16.11.2015 – Phra Rāj Rājmuni ou Phra Racha Racha Muni (พระราชรัชมุนี)

 

Avant son extension Sud, qui correspond à l’aire du Wat Phra Chao Kao Tue, le Wat Suan Dok formait un quadrilatère d’environ 183 sur 176 mètres, et couvrait une surface d’environ 35 raï soit 560 m2 (5,6 hectares). Il comptait alors trois entrées, aujourd’hui il en compte cinq.

1/ L’entrée Nord n° 1 : C’est l’entrée principale. (Numérotée 2 sur le plan)

    Elle permet de passage d’un véhicule.

2/ L’entrée Nord n° 2 : Une entrée secondaire à quelques pas de la

    précédente. (Numérotée 13 sur le plan)

3/ L’entrée Sud : Elle se franchit à pied ou à vélo. (Numérotée 7 sur le plan)

4/ L’entrée Est n°1 : Elle se situe en face de l’ubosot et permet l’entrée

    De véhicules. (Numérotée 4 sur le plan)

5/ L’entrée Est n° 2 : Elle débouche en face du grand Viharn et ne

    permet que le passage de piétons. (Numérotée 3 sur le plan)

 

Intérêt archéologique : ♥♥♥♥♥

Intérêt historique : ♥♥♥♥♥

 

Les trois ‘’curiosités‘’ à ne pas manquer dans ce Wat sont :

1/ L’image de Phra Chao Kao Tue  (พระเจ้าค่าคิง) qui se trouve dans l’Ubosot. (Numéroté 5 sur le plan)

2/ La nécropole royale où reposent les cendres de la dernière dynastie des rois de Chiang-Mai. (Numérotée 12 sur le plan)

3/ Le Phra Chédi ou Stūpa. (Numéroté 10 sur le plan)

 

L’avant Wat Suan Dok :

 

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Photo 1 : Une vue d’avion de l’aire où s’éleva le Wiang Chet Lin ou Jethapuri, dont le périmètre est indiqué par des traits verts. Cette ancienne ville fortifiée est aujourd’hui  traversé par la route n° 1004 qui conduit au Doï Suthep.

Photo 2 : Une vue d’avion de l’aire où s’éleva le Wiang Suan Dok. Son périmètre est marqué par un trait vert et celui du Wat Suan Dok est indiqué par un trait jaune.

Photo 3 : Une vue d’avion du Wiang Suan Dok ou l’aire du Wat Suan Dok et du Wat Chao Kao Tue sont délimitées, donc indépendant. 

 

Le Wat Suan Dok s’élève au centre d’une ancienne place forte, ou ville fortifiée, le Wiang Suan Dok (เวียงสวนดอก)

 

D’après la chronique de Suvanna Khamdëng traduite par Camille Notton de lointains descendants d’un clan, ayant eu pour chef un certain Minarāja, auraient fondé une place forte ou ville fortifiée (Wiang - เวียง) au pied du Doï Suthep appelée ‘’Wiang Chet Lin‘’ (เวียงเจ็ดลิน).

Ce Wiang Chet lin est aussi connu sous le nom de ‘’Jethapuri‘’ à savoir : la ville fortifiée aux sept rivières. (*)

 

A une certaine époque, Wiang Chet Lin aurait connu une surpopulation. Alors les habitants décidèrent de la construction d’un nouveau Wiang, non loin du Wiang Chet Lin, le Wiang Suan Dok (เวียงสวนดอก) c’est-à-dire la ville fortifiée du jardin fleuri, ou du jardin aux fleurs. (**)

 

(*) Quelques vestiges de cette ville sont encore visibles de nos jours. Pour les découvrir il suffit de prendre la route conduisant au Doï Suthep, et de dépasser l’université d’une cinquantaine de mètres. Et là, sur la gauche, il y a une plaque commémorative. Cette route, la n° 1004, traverse le Wiang Chet Lin.

Concernant la datation du Wiang Chet Lin les avis sont partagés ; certains historiens pensent qu’elle a été créée avant Chiang-Mai tandis que d’autres sont persuadés du contraire. Personnellement, bien qu’étant un historien en herbe, je me range derrière les premiers, et je vais m’en expliquer un peu plus loin.

(**) Cette précision, donnée par la légende, contredit les personnes qui écrivent que Wiang Chet Lin aurait vu le jour après Wiang Suan Dok, c’est-à-dire à la même époque que Chiang-Mai.

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Photo 1 : Cette bute de terre est ce qui reste de l’enceinte du Wiang Suan Dok. Elle est visible rue Suthep au niveau des services cardiaques de l’hôpital Suan Dok.

Photo 2 : Ce vestige de fossé a été photographié depuis la cour des services cardiaques de l’hôpital Suan Dok. Il ne se voit pas depuis la route.

 

Quelques mots au sujet du Wiang Suan Dok et de Chiang-Mai :

 

Le plan du Wiang Suan Dok n’est pas sans rappeler celui de Chiang-Mai, le plan de Chiang-Mai celui de Sukhothai, et le plan de Sukhothai celui des temples Khmers, ce qui signifie, à mon avis, mais ce n’est que mon avis, que les khmers ne sont pas étrangers à l’édification du Wiang Suan Dok et de Chiang-Mai. Je m’explique.

 

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Photo 1 : Une vue d’avion du Wiang Chet Lin ou Jethapuri. Le périmètre de cette ville – vraisemblablement Lua – est de forme circulaire. La datation de ces vestiges prête à controverses.

Photo 2 : Le Plan de Lamphun – Le plan de cette ville Mône est en forme de conque, comme par exemple celui de la ville de Phrae. Lamphun date d’environ 750.

Photo 3 : Le plan de Chiang-Mai – Un plan de forme carrée.

D’où cette question : Qu’est-ce qui a fait que Chiang-Mai ait été de forme carrée ?...

Une intervention Khmère ?!... Car … (Lire la suite)

Photo 4 : Le plan de Sukhothai – Un plan de forme carrée.

Cette ville de forme carrée a été créée à l’origine par les Khmers. Son monument le plus ancien permet d’envisager comme période de fondation de la ville : Fin XIe – début XIIe.  

Photo 5 : Le plan d’un sanctuaire Khmer, le ‘’Pré Rup‘’. Il a été inauguré en 961, et s’élève dans la 1ère Angkor ou ‘’Yaçodharapura‘’. (Xe siècle)

Ce monument de forme carrée a un plan qui n’est pas sans points communs avec les deux précédents.

Nous reviendrons sur le centre du Pré Rup pour le comparer avec le Chédi du Wat Suan Dok et des Stūpas bouddhiques du sud de l’Inde.

 

D’après l’archéologue et historien d’art Français Jean Boisselier (1912-1996) le monument khmer le plus ancien de Sukhothai intra-muros serait le ‘’San Ta Pha‘’ (ศาล ตา ผา แดง). Il aurait été construit sous Sūryavarman II (vers 1113-vers 1150) le bâtisseur d’Angkor Vat. (1)

 

Sūryavarman II fut un grand bâtisseur, mais aussi un conquérant hors pair. Il emmena ses armées tout au nord de la Thaïlande, c’est-à-dire au-delà de Chiang-Mai, qui alors n’existait pas. De ce fait il n’a pas été sans construire des cités garnisons ou marches (2) comme par exemple Sukhothai, pour ‘’borner‘’ ou délimiter son empire, voire le protéger d’éventuels envahisseurs.

 

Si l’on tient compte de la chronologie de la Chronique ‘’Suvanna Khamdëng‘’ ce seraient des lawas ou luas (3) qui auraient construit tout d’abord le Wiang Chet Lin et ensuite le Wiang Suan Dok. Or la configuration des deux villes est totalement différente, la première s’inscrit dans un cercle et la seconde dans un carré ?!....

 

Ce nouveau concept de construction me conduit à penser que les Luas auraient peut-être bénéficié d’une influence extérieure, ou mieux se seraient - peut-être – mis au service voire alliés avec les Khmers, car la présence khmère dans la région était loin d’être épisodique.

 

Des chroniques rapportent que dès le Xe siècle des kroms (Khmers) stationnaient à cinq nuits de marche de Chiang-Saen, et que des armées venues du Sud de la Thaïlande se sont attaquées à Lamphun (Hariphunchaï.).

 

Ainsi, vers 924 Purabakusala Kambōjarāja (Kambōja) le fils de Surajitarāja, roi de Nakhon Sri Thammarat (Ligor), part à la conquête de Lamphun (Hariphunchaï), une ville située à 26 kilomètres de la future Chiang-Mai. Cette expédition se soldera par un échec.

 

Par la suite il sera question d’armées de Kambōjas (avec une ‘’s‘’) venant attaquer Lamphun, et cela à plusieurs reprises.

 

Alors, à mon humble avis, se pose la question de savoir où stationnaient les Khmers et, si au lieu de camper provisoirement, ils n’ont pas participé à l’édification du Wiang Suan Dok Maï Luang (เวียงสวนดอกใหม่หลวง) (La nouvelle et grande ville fortifiée du jardin fleuri ou aux fleurs) pour y ‘’stationner‘’ leurs armées et ainsi constituer un avant poste ?!... (4)

 

Avec le temps, à son tour, Wiang Suan Dok va devenir trop petit. Alors le besoin de construire une autre ville se fait sentir ?!... Neuf sethīs (5) choisis parmi les familles ou les clans les plus riches et les plus respectueux des cinq préceptes bouddhiques (6), vont se voir confier, pour chacun d’eux, la responsabilité d’un quartier de cette nouvelle ville qui fut appelée ‘’Nabbapuri‘’ c’est-à-dire : la ville (puri) des nabba (neuf) sous-entendu … sethīs.

 

(1) De nouvelles études donnent le règne de Jayavarman VII (1181-1201) comme étant l’époque d’édification du ‘’San Ta Pha‘’ (ศาลตาผาแดง) de Sukhothai. ?!...

Mais le résultat de ces études ne signifie pas que les travaux de Jean Boisselier soient obsolètes.

(2) La marche est une aire géographique non loin d’une frontière dont l’objet est de protéger un royaume d’éventuelles invasions. Souvent un conquérant passait des accords avec des chefs de guerre locaux pour assurer une véritable défense à ces/ses avant-postes.

(3) C’était à l’époque les lawas ou Luas qui peuplaient les futures terres du Lanna. Les habitants d’une grande ville voisine, Lamphun créée vers 750, étaient eux, d’origine mône, et depuis le Ve ou VIe siècle des migrants taïs (*) venus du Yunnan s’installaient dans la région.

Les luas se seraient-ils mis au service des Khmers ou plus simplement alliés avec eux ?!...

(*) Le mot ‘’taï‘’ désigne différentes catégories d’individus venus du Yunnan, alors que le mot ‘’thaï‘’ concerne une certaine catégorie d’individus parmi les taïs habitants la Thailande.     

(3) Il est appelé Kambōja dans la Jinakālamālī.

(4) En 960, d’après des archives chinoises, plus de 60 états payaient tributs au roi khmer Rājendravarman II (889/90-910) dont l’empire était très étendu.

(5) Les neuf sethis (Jôtikasethi, Jātikasethi, Sethi Mūn Lan, etc…) sont des personnes fortunées, riches. D’après la chronique chacun d’eux aurait été à la tête d’une famille ou d’un clan.     

(6) Les cinq préceptes bouddhiques sont : (1) Pāna : ne pas tuer – (2) adīna : ne pas voler – (3) Kāme : ne pas s’accoupler avec la femme d’autrui – (4) Musā : ne pas mentir – (5) Sêp Sūra : ne pas céder aux drogues.

 

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Photo 1 : Une carte de la péninsule indochinoise situant les différentes villes dont il est question dans cette chronique.

Photo 2 : Une vue aérienne des environs de Chiang-Mai où j’ai surligné le périmètre des villes de, Chiang-Mai, Wiang Chet Lin et Wiang Suan Dok.

Pour facilité la lecture de cette carte les deux principaux Wat de Chiang-Mai ont été indiqués, mais sous le règne de Kü Nā le Chédi Luang n’existait pas.

Photo 3 : Une carte de la péninsule indochinoise où est délimitée par un trait de couleur mauve l’aire de culture bouddhique commune aux Taïs du Nord. Cette culture a eu pour départ le Wat Suan Dok de Chiang-Maï où résidait le Thera Sumana … C’est précisément ce que nous allons voir.

(Cette aire a été copiée sur un document de François Bizot intitulé : ‘’Le Bouddhisme des Thaïs‘’.)   

 

Une chronique, celle du Mahatera Fa Bōt raconte la mise en œuvre de ‘’Nappapuri‘’, une mise en œuvre qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle que rapporte la chronique de Chiang-Mai, à la différence que ce sont les Luas qui sont les maîtres d’œuvre et non  les yuōns de Mengraï ?!...  (*)

 

À la fin d’un chapitre de cette chronique le Mahatera Fa Bōt écrit à propos de ‘’Nappapuri‘’ : ‘’Le Praya Lua (roi) quitta la ville …. (**) La citée fut longtemps délaissée‘’. Puis il passe, sans la moindre transition, au règne de Mengraï qui va construire … Chiang-Mai.

 

Il faut habiter Chiang-Mai pour savoir que la végétation a vite fait de s’emparer d’une aire délaissée. Autrement écrit, quelques années plus tard (Combien ?...) Mengraï le fondateur de Chiang-Mai n’aurait fait que découvrir les fondations et quelques places d’une ancienne ville qui pourrait être Nappapuri ?!...

 

D’ailleurs dans la chronique de Chiang-Mai, Mengraï apprend que l’emplacement d’un bosquet intra-muros qui avait attiré son attention … avait … ‘’servi de demeure aux souverains d’autrefois‘’ ?!....

Cette information lui fut donnée de la bouche d’un vieil homme vivant dans les lieux, et qui lui-même tenait cette information de ses ancêtres.

 

Alors ?!... Chiang-Mai se serait-il édifiée sur  les restes d’une autre ville, voire sur un avant poste Khmer (Comme Sukhothai ?...) trop tôt abandonné pour y trouver aujourd’hui quelques preuves du passage des khmers ?....

 

Mais revenons au Wiang Suan Dok.

     

(*) Rien n’est écrit concernant une éventuelle collaboration entre Luas et Khmers. Mais ce n’est pas parce que ce n’est pas écrit que la collaboration ne s’est pas faite ?!...

(**) Pour des raisons de longueurs j’ai résumé cette fin.

 

Au fils du temps le Wiang Suan Dok va devenir le jardin de plaisance des rois de Chiang-Mai. Puis sous le règne du souverain Kü Nā, il va changer de destination, et devenir le centre de diffusion d’un bouddhisme d’une grande pureté venu du Sri Lanka.

 

Autrement écrit, le Wat Suan Dok va jouer un rôle de premier plan concernant la vie cultuel et culturelle du Lanna. Voyons comment.

 

 

Avec l’avènement du roi Kilanārāja ou Kü Nā (1367-1388) ou (1355-1385) (1) le Lanna est entré dans son âge d’or. Un âge d’or qui atteindra son apogée sous le règne du roi Tilokarāja (1442-1487).

 

Kü Nā fit introduire au Lanna l’orthodoxie Cingalaise ainsi que sa langue savante … le Pāli. Pour cela il s’attacha le concours du thera Sumana (2) dont la notoriété, depuis Sukhothai, était parvenue jusqu’à lui.

 

La mission du Thera Sumana fut de trouver un terrain d’entente pour élaborer une ordination bouddhique qui tienne compte tout à la fois de la tradition bouddhique propre au Lanna, un bouddhisme hérité des môns de Lamphun et, des réformes Cingalaises appelées … Mahāvihāra (3). Elles faisaient alors grand bruit et avaient été adoptées par les royaumes voisins,

 

Ce fut en décembre 1369 que le thera Sumana répondit, non sans se faire prier, à l’invitation du roi Kü Nā. Ce moine apporta avec lui le Dharmma en trois corbeilles et une relique qui, suite à des événements plus extraordinaires les uns que les autres, s’était trouvée en sa possession alors qu’il résidait à Sukhothai.

 

Dans un premier temps le thera Sumana demeura au Wat Phra Yuen (วัดพระยืน) (Le Wat du bouddha debout) avec sa relique (4) ; un Wat situé à l’Est de Lamphun, à environ un kilomètre de la ville, et face au Kwang (กวง) un affluent du Ping. (5) Suite à une arrivée en … ‘’fanfare‘’ le thera Sumana reçu le titre de ‘’Māhā Sumana Vannaratana Sāmi‘’.

 

Pendant ce temps le roi Kü Nā faisait transformer son jardin de plaisance en un monastère de forêt. La construction du Chédi commença en l’an 1371, et s’acheva deux ans plus tard, en 1373. Un mercredi du mois de Sāvana (Juillet/Aout) la relique du thera Sumana, à l’occasion d’une grande cérémonie, fut déposée dans la chambre du Chédi du Wat Suan Dok. (6) en pali le Buppharamceitiya. (7)

 

Les travaux d’érudition du Thera Sumana vont concourir au rayonnement, tant intellectuel que matériel, de Chiang-Mai ; car de nombreux élèves vont être attirés par son enseignement. Comme ces étudiants auront besoin de se loger, Chiang-Mai, parallèlement, connaîtra aussi une arrivée de main d’œuvre pour construire les bâtiments nécessaires aux nouvelles exigences matérielles. Autrement écrit des ouvriers ont du venir de Sukhothai ce qui expliquerait que le Chédi du Wat Suan Dok soit de style … Sukhothai ?!... (Le Chédi et le Viharn sont contigus comme à … Sukhothai – entre autres détails.)

 

Plus prosaïquement, pour conclure ce chapitre, disons que grâce au pāli, le roi Kü Nā va pouvoir s’assurer du contrôle des institutions religieuses. Les jeunes moines vont apprendre le pāli et le pāli sera la langue de la vérité vraie, celle du pouvoir en place. Celle dont le pouvoir va se servir pour s’attacher le sangha.

 

(1) Kü Nā (Million de rizières) reçut les noms de Phan Tu, Vesabhu, Tu Na et Kü Nā, Dhammikasayambhū, sans oublier son nom pali de Kilanārāja.  L’auteur de la chronique de Chiang-Mai écrit qu’il fut couronné à l’âge de quarante ans et qu’il régna de 1367 à 1388, tandis que celui de la Jinakālamālī précise qu’il devint roi à l’âge de 16 ans et régna de 1355 à 1385 ?!...

Pour rester au plus près de la vérité historique je me suis référé aux derniers travaux des historiens David K. Wyatt (1937-2006) et Hans Penth (1937-2009), originaire pour le premier des Etats-Unis et le second d’Allemagne.

Kü Nā a été le 1er souverain de la dynastie Mengraï à cesser de verser tribut (*) au prince Lúm Fạ des Hôs du Yunnan, représentant et vassal de l’empereur de Chine. Ce qui signifie que Kü Nā se sentait en mesure de s’affranchir, voire de résister aux Hôs, et pour cause … durant plus de 50 ans, de 1311 à 1368, la chine a connu une période de troubles. La dynastie des Ming (1368-1644) prenait la suite de la dynastie des Yuan (1206-1311) après 57 ans de luttes intestines.

Kü Nā a su mettre à profit cette vacance du trône Chinois, mais au-delà de cet affranchissement il va œuvrer à transformer son royaume pour le mettre sur un pied d’égalité, en matière religieuse et … politique, avec les plus grands de l’époque, et ainsi rehausser son prestige et son pouvoir. Car c’est lui qui introduisit le ‘’Mahāvihāra de Ceylan‘’ en son royaume, alors adepte du ‘’Theravāda des Môns‘’.

(*) Le dernier tribut demandé au roi de Chiang-Mai, celui de 1368, était le suivant : 9.000 karns (a) de riz, 20 harbs d’ivoire (1,2 tonne de défenses), 400 rams de tissus blanc (environ 750 mètres) et 1.000 bols ou plats en céramique de Chaesak (Vieng Papao ?) dont 500 multicolores, 300 blancs et 200 verts.

(a) Le karn correspondrait à une charge d’homme soit environ – à mon avis - 50 à 60 kilos ? D’ou au total : environ 500 tonnes)

(2) Le thera Sumana ( ?-1389) était un moine originaire de basse Birmanie ayant reçu une nouvelle ordination vers 1331, selon les nouveaux rites Cingalais, et des mains du maître Udumbara Mahasami (*) de Martaban. Cette ordination et l’étude du dharma avec cette sommité bouddhique lui conférèrent une grande notoriété. De ce fait le roi de Sukhothai l’invita à résider au Wat Pa Mamuang (วัดป่ามะม่วง) (Le Wat du bois des manguiers).

Alors qu’il était à Sukhothai, suite à des événements qui stupéfièrent jusqu’aux rédacteurs de certaines chroniques, Sumana se trouva en possession d’une relique de Bouddha qui ne fit qu’accroître sa renommée.

(*) La terminaison ‘’sami‘’ est la marque d’un titre que donnait le roi du Sri Lanka aux moines étrangers ayant reçu la nouvelle ordination de Lanka à Lanka. (Lire la suite)

(3) Les réformes bouddhiques Cinghalaises furent consécutives au retour du leader cheaps bouddhique au Sri Lanka. Jusqu’à la fin du XIIIe siècle ce leader cheaps était détenu par Nakhon Sri Thammarat (Ligor). C’est pourquoi vers le début du XIVe siècle le Sri Lanka va conceptualiser un bouddhisme de référence d’une grande pureté dont les ordinations seront les plus authentiques des ordinations ; autrement écrit ce modèle Sri Lankais devait être suivi par tous les bikkhus soucieux d’être dans la véritable voie dictée par le Bouddha.

(4) Le Wat Phra Yuen (วัดพระยืน) (Le Wat du bouddha debout) portait à l’origine le nom de Wat Bouddha Maha Sathan (วัดพุทธมหาสถาน) puis, à l’arrivée du thera Sumana,  celui de Wat Paphailuang  (วัดป่าไผ่หลวง) (Wat du royal et grand bois de bambou).

(5) Vers le XIIe siècle, et peut-être avant ( ?), il était d’usage pour les métropoles bouddhistes d’assurer leur protection au moyen d’une image d’un … ‘’Phra Attārasa‘’ dont le nom signifie un … ‘’Phra de 18 coudées‘’ (environ 9 mètres), 18 étant un chiffre sacré.

Le Bouddha debout ou Attārattha du Wat Phra Yun fut coulé à la demande du roi Thammikaraj de Lamphun alors citée mône entre 1127/1132. Ce … ‘’Ațțhārasahatthasamuggata Buddharūpam Katvā‘’ … de son vrai nom, ne mesurait en fait que 7 mètres 75 ?!... (*) En 1369, à l’occasion de l’arrivée du Thera Sumana, le roi Kü Nā fera couler 3 images de Bouddha debout qui seront installées aux côtés d’ Attārattha.

(*) La coudée varie selon la grandeur de chacun ?!... Ce n’est pas une mesure précise comme la brasse ou le pied … par exemple.

(6) Lors ou avant la cérémonie du dépôt de la relique dans la chambre du Chédi du Wat Suan Dok, une légende rapporte que la relique se serait dédoublée miraculeusement, alors qu’une autre nous dit qu’elle se serait brisée en deux ?!...

De ce fait, une moitié de la relique fut déposée dans le Chédi du Wat Suan Dok en 1373 et l’autre moitié, onze ans plus tard en 1384, dans la chambre d’un Chédi qui allait être construit au Doï Suthep.

Le texte racontant que la relique se serait brisée en deux, précise que les brisures ont été mises dans une urne en or.

(7) Le thera Sumana introduisit le Pāli au Lanna, alors quoi de plus logique pour que le nom du Wat Suan Dok soit … ‘’palisé‘’ en ‘’Buppharam‘’ c’est-à-dire le Wat des fleurs (Buppha) belles (ram).

 

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Photo 1 : Le Bouddha debout du Wat Saphan Hin de Sukhothai. Un Bouddha de neuf coudées protégeant la ville. (Photo du 13.02.2014)

Photo 2 : Une peinture murale en cours de réalisation en l’ubosot du Wat Phra Yuen. Cette fresque se rapporte, à gauche, à la réalisation et l’installation d’Attārasa au sein du Chédi du Wat Phra Yuen ; et en bas et à droite, à l’arrivée du moine Sumana thera au Wat Phra Yuen. (Photo du 11.04.2014)

Photo 3 : Le Chédi du Wat Phra Yuen de Lamphun. Les quatre images et le Chédi actuels ont été construits entre 1901 et 1907. Les quatre images de bouddha ne sont plus dans l’attitude du bouddha terrassant Mara, correspondant à la 27ème attitude Pagn Ham Yathi (ปางห้ามยาธิ), mais dans celle du bouddha debout semblable à la 39ème attitude, Pagn pra ap yun (ปางประหับยืน) (Photo du 21.05.2014)

 

 

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Photo 1 : Un vieux cliché du Chédi du Wat Suan Dok dont je n’ai pas trouvé la date de la prise de vue.

Photo 2 : Le Chédi du Wat Suan Dok en Décembre 2015.  (Photo du 14.12.2015).

Photo 3 : Une image du Chédi du Wat Suan Dok en 1882, due au Norvégien Carl Alfred Bock (1849-1932) auteur de ‘’Temples and éléphants‘’ paru en 1884. Cet ouvrage relate ses deux expéditions en pays Laos et Siamois. Notez la présence des éléphants au bas de l’escalier et le bon état du Chédi.

Photo 4 : Une quarantaine d’années plus tard … le Chédi du Wat Suan Dok (Photo NAT0c.1926-1931)

Photo 5 & 6 : Le Chédi du Wat That Klang (เจดีย์วัดธาตุกลาง). (Le Wat a disparu).

Pour le découvrir il suffit de se rendre porte Chiang-Mai, et hors les murs de  ‘’descendre‘’ la rue Suriwong. Le Chédi s’élève entre le Wat That Kham (วัดธาตุคำ) et le Wat Yang Kuang (วัดยางกวง) mais … sur le bord de route opposé. (Photo du 06.05.2014 et de 2010 pour la seconde) 

 

Le Chédi, (Numéroté 10 sur le plan) ou plus exactement le Stūpa du Wat Suan Dok (พระเจดีย์ทรงลังกา) (1) est le témoin d’une nouvelle architecture visant à glorifier la puissance du Bouddhisme et par voie de conséquence celle du souverain à l’origine de son édification. Car en tant que roi, c’est-à-dire Chakravartin (roi universel) un roi bouddhiste a pour mission sur terre de mettre ses pas dans ceux de Bouddha pour que s’accomplisse la loi cosmique, (le dharma). Il est comme le mandataire de Bouddha, son représentant sur terre, et de ce fait la gloire de l’un se confond avec la gloire de l’autre, d’autant que le Stūpa est au cœur de la vie bouddhique.  

 

Le Stūpa se compose de trois parties. Il mesure 40,94 mètres de haut, et s’élève au milieu d’une aire carrée d’environ 40 mètres de côté.

Sa première partie se constitue d’un soubassement carré, ou semelle, appelé tambour d’environ 20 mètres sur 20. Cette masse n’est pas sans rappeler le quadrilatère formé par la ville de Chiang-Mai.

Quatre escaliers de onze marches, au centre de chacun des côtés, surmontés d’une porte (toraṇa) à leur extrémité conduisent à une plateforme, (medhi ou pupphāddhāna)  c’est-à-dire un endroit où peuvent être déposées des fleurs.

 

Cette plateforme (pupphāddhāna) est la résultante de la différence des mensurations entre le diamètre du dôme qui repose sur le soubassement, et la longueur du côté de ce dernier. Une balustrade ou vedikā (Sopāna) borde, sur le périmètre du quadrilatère, ce chemin réservé aux dépôts de fleurs.

 

(1) En Thaïlande c’est le terme générique ‘’Phra Chédi‘’ qui sert à désigner ce qui ailleurs porte les noms de Stupa, Chaitya, Ceitya, Dagoba etc…

L’architecture du Chédi du Wat Suan Dok rompt avec celles des Chédis précédents construits à Chiang-Mai. Elle se rapproche des Stūpas bouddhiques indiens. Est-ce un mélange Indo-môn venant de Martaban auquel se rajoute un savoir faire de Sukhothai, je ne saurai dire mais … il y a de cela.

Ce Chédi est en fait un Stūpa car il contient une relique du Bouddha c’est pourquoi il s’identifie au corps du Bouddha. Pour être plus précis, les Stūpas contenant des reliques corporelles sont appelés ‘’dhātugarbha‘’ (Dôme des cendres).

Le Chédi du Wat Suan Dok porte aussi le nom de ‘’Phra Chédi Song Langka‘’ (พระเจดีย์ ทรงลังกา) c’est-à-dire ‘’Phra Chédi de forme Cinghalaise (Lanka)‘’.

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Photo 1 : le plan du temple Khmer le Pré Rup, dont l’architecture est totalement différente du Chédi Suan Dok, n’est pas sans faire penser au plan de la ville de Chiang-Mai mais aussi à celui du Chédi Suan Dok. (2 enceintes à 4 gopuras (Porte) – 5 tours sur la plateforme supérieure.) Jugez-en plutôt.

Photo 2 : Une maquette du Chédi en Jade blanc située derrière l’autel du grand viharn vu depuis l’Est. (Photo de 2007)

 

Au départ des rambardes des escaliers, se dresse un naga à cinq têtes, et non sept comme je l’ai lu (1), et autrefois, de part et d’autre de chaque escalier il y avait un couple d’éléphants, soit en tout 16 pachydermes.

 

Dans chacun des angles du pupphāddhāna s’élève un petit Chédi. De ce fait l’espace est traversé par cinq sommets, un sommet vers chaque point cardinal et celui du Chédi principal, celui du centre, vers le zénith.

Cet agencement n’est pas sans rappeler la cité des dieux des temples khmers et le plan de la ville de Chiang-Mai. (2)

 

 

Le dôme (Garbha, Anda ou udara) ou ventre constitue la deuxième partie du Stūpa. C’est à l’intérieur de celui-ci que sont déposées les reliques contenues dans différents coffrets.

 

Au-dessus du dôme, il y a la troisième et dernière partie. Il s’agit d’une construction à quatre faces appelée …harmikā (3), et à partir de laquelle se dresse un mât (Yūpa ou stambha) qui va porter les divers emblèmes honorifiques comme les parasols appelés aussi Chattra.

 

(1) Nombre de légendes racontent qu’une partie des cendres du Bouddha ont été confiée au roi des nagas. Ces nagas à cinq têtes sont donc là pour protéger la relique du Bouddha. A Chiang-Mai intra-muros je ne connais que le Chédi Luang qui soit doté de Nagas.

(2) La course du soleil détermine le sens de ‘’lecture‘’ de ces quatre Chédis qui, dans la cosmologie bouddhique Theravada sont porteurs de nombreux symboles.

Par exemples, ils symbolisent tout à la fois les points cardinaux, les gardiens de l’espace (1) - les bouddhas de notre monde (2) - le cycle des existences (Saṃsāra) (3) – les étapes essentielles de la vie de Bouddha (4) – les animaux du Lac Anotatta ou Anavatapa (5) – et bien d’autres encore !...   

Est : Dhataraṭṭhrāja (1) - Bouddha Kanakamuni (2) - la naissance (3) - la naissance de Bouddha (4) – La vache d’argent (5) –

Sud : Virūḷhakrāja (1) - Bouddha Kāsyapa (2) - la vie (3) - l’éveil de Bouddha (4) – le lion de cristal (5) –

Ouest : Virūpakkarāja (1) - Bouddha Sākyamuni (2) - la maladie (3) - l’enseignement de la doctrine par Bouddha (4) – le cheval de diamant (5) –

Nord : Kuvérarāja (1) - Bouddha Maitreya (2) - la mort (3) - L’entrée au Nirvana de Bouddha (4) – l’éléphant d’or (5).

Il serait trop long d’entrer dans les détails mais par exemple, dans un monastère, l’implantation des différents locaux dépend de ces symboles, le Viharn et son grand bouddha sont à l’Est, (naissance du Bouddha) les kutis, écoles, au sud, le Bouddha couché à l’ouest etc… etc…

(3) L’Harmikā est appelé au Sri Lanka ‘’devatā Kotuwa‘’ ce qui signifie la citadelle des dieux. Elle porte en pali le nom de ‘’Caturassa-caya‘’. Le parasol qui s’y trouve planté (y compris les bannières) est un don du roi dont la symbolique est la remise du pouvoir royal au Bouddha. Alors en retour le Bouddha, transmet son pouvoir spirituel au roi ?!... Autrement écrit, pour un sujet lambda le pouvoir royal est fonction de l’importance du parasol ou Chattra.

 

 

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Photo 1 : La porte sud. (Photo 2015)

Photo 2 : Détail du Nāga Nord de la porte Ouest. (Photo 04.01.2016).

Photo 3 : L’harmikā du Phra Chédi Suan Dok. (Photo de 2011)

 

 

Au sol le Chédi est encadré par une barrière appelée la pādavedika  c’est-à-dire la barrière (vedika) au pied (pāda) du Chédi. Cette  pādavedika détermine un espace de circulation entre elle et le Chédi appelé ‘’pradakṣinā-patha. Ce chemin est destiné à la circumambulation. (1) Cette  pādavedika ou barrière délimite un carré d’environ 32 mètres de côté.

Enfin sept Chédis, dont trois du côté Nord et trois du côté Sud, terminent cet ensemble architectural. Le 7ème, dans l’axe Est-Ouest a la particularité d’être consacré à Phra Chao Than Chai (พระเจ้าทันใจ). Avec ce Chédi Phra Chao Than Chai bénéficie de quatre niches, d’où un Phra Chao Tan Chai faisant face à chacune des directions cardinales. (2)

 

Le Chédi du Wat Suan Dok et celui du Wat That Klang (เจดีย์วัดธาตุกลาง) sont les deux seuls Chédis de style Sukhothai de Chiang-Mai ayant résisté aux épreuves du temps et à la ferveur religieuse. Car le fait d’être un très bon bouddhiste ne signifie pas qu’on soit un excellent architecte. (3)

 

(1) La circumambulation ou Pradakshina consiste à tourner trois fois autour d’un symbole comme une image de Bouddha ou un Chédi. Cette pratique permet d’obtenir des mérites et d’honorer Bouddha. Cette marche se fait en général dans le sens des aiguilles d’une montre. En d’autres circonstances, rites funéraires, la marche peut être de sens contraire.

(2) Phra Chao Than Chai (พระเจ้าทันใจ) est une image de bouddha qu’on trouve dans de nombreux temple. Son original aurait été réalisé par un artiste Birman en une journée, d’où son nom de ‘’Than Chai‘’ qui signifie ‘’tout de suite, immédiatement‘’.

De ce fait les croyances populaires lui prêtent le pouvoir de réaliser vœux et souhaits en temps opportun mais instantanément.

Certaines images d’un même type seraient plus puissantes que d’autres. A Chiang-Maï le Phra Chao Than Chaï le plus … ‘’efficace‘’ serait celui du Wat Doï Kham.

A noter que les images de Phra Chao Than Chai Nord et Sud du Wat Suan Dok sont identiques et correspondent à la dixième attitude : Bouddha en méditation, (Samādhi) mais elles sont différentes des images Est et Ouest qui elles correspondent à la neuvième attitude : La victoire sur Mara (Māravijaya) ?!...  

(3) Phra kruba sri Vichai, dont nous allons parler, a relevé le Wat Suan Dok de ses ruines sans vraiment se soucier de son architecture d’origine. La nécessité, celle de recréer un lieu de culte, a fait force de loi au détriment de l’architecture.

 

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Photo 1 : Le Chédi consacré à Phra Chao Than Chai (พระเจ้าทันใจ). (Photo 2015)

Photo 2 : L’une des niches du Chédi consacré à Phra Chao Than Chai

Photos 3 & 4 : Les deux types d’images de Phra Chao Than Chai (พระเจ้าทันใจ). (Photo 2006 & 2007)

 

L’image du bouddha assis du grand Viharn : (Numéroté 9 sur le plan)

 

Phra Chao Ka Khing  ou Phra Bouddha Pra Than :

(พระเจ้าค่าคิง / พระพุทธปฏิมาค่าคิง ou พระพุทธประธาน)

 

Le Viharn d’origine aurait été construit vers 1373 et la grande image du Bouddha assis réalisée entre 1374 et 1377, toujours sous le règne du roi Kü Nā.

Le Viharn d’aujourd’hui ou ‘’sala Kanpariane‘’ (ศาลาการเปรียญ) (La salle où prêche le diplômé en théologie.) daterait de 1932. Période durant laquelle œuvra sur les lieux Phra Kruba Sri Vichaï dont nous reparlerons.

 

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                    L’intérieur du Grand Viharn ou de la Sala Kanpariane

                                              (Numérotée 9 sur le plan)

Photo 1 : L’allée sud du Viharn vue depuis l’autel, au milieu l’allée centrale et en arrière plan l’allée nord. (Les murs sont à claire voie)   (Photo du 20.09.2015)

Photo 2 : L’autel avec ses images de Bouddha. Phra Chao Ka Khing est le Bouddha assis le plus grand.   (Photo du 24.12.2011)

Photo 3 : L’allée nord du Viharn vue depuis l’autel. (Photo du 27.05.2014)

Photo 4 : Détail d’un pilier. (Photo du 20.09.2015)

 

L’entrée du Lanna dans son âge d’or et le bouddhisme :

 

L’avènement du roi Kü Nā coïncide avec l’entrée du Lanna dans son âge d’or, mais aussi à de nouvelles réformes et pratiques du bouddhisme.

 

Avant le roi Kü Nā le bouddhisme pratiqué au Lanna était un bouddhisme Theravada hérité des môns de Lamphun tenant d’une tradition vieillissante, voire dormant sur ses lauriers.

 

Durant son règne Kü Nā œuvrera pour l’introduction d’un bouddhisme Theravada Mahāvihāra et de sa langue savante le … Pāli, c’est-à-dire pour l’introduction d’un bouddhisme purifié de ses scories mais venant de Birmanie (Martaban) et … non directement de Lanka, alors !....

 

En 1430, sous le règne de son petit-fils, le roi Sām Fang Kän (1401-1441/42), le Thera Mahā Dhamma Gambhīra (1) et ses Sihalabhikkhus, venus de Lanka, et non plus de Martaban, vont introduire au Lanna un bouddhiste selon l’orthodoxie du Mahāvihāra Siṅhalapakkha. Ces Sihalabhikkhus vont s’installer au Wat Pā Daeng (Le Wat de la forêt rouge) pour répandre leur doctrine issue directement du Sri Lanka.

 

Au XVe siècle donc, trois traditions bouddhiques ou sectes (Nikai, Nikāya ou faï (2) coexistent au Lanna.

1/ La tradition originelle héritée des môns de Lamphun, les Nagaravasis.

2/ La tradition dont le thera Sumana est à l’origine, (3) c’est la Faï Suan, c’est-à-dire la secte du Wat Suan Dok, les Pupphavasis.

3/ La tradition dont le thera Dhammagambhira est à la base, c’est la Faï Pa, c’est-à-dire la secte du Wat Pa Daeng, les Sihalabhikkhus.

 

En conséquence les rois du Lanna vont régner avec ces trois composantes du bouddhisme. Puis en 1452 le roi Tilokarāja (1441/2-1487), excéder par les … ‘’guéguerres de … Chédis‘’, suite au grand concile de l’époque,  prendra le parti de la secte Faï Suan au grand dam des Sihalabhikkhus qui devront se ranger derrière le Faï Suan pour continuer d’exister. Mais ils existeront surtout en vivant au fin fond des forêts et en se consacrant à la méditation. 

 

(1) Le Thera Mahādhammagambhīra était un moine qui en 1423, pour préciser 10 points concernant l’orthodoxie, partit à la tête d’une mission au Sri Lanka.

[Le Thera Sumana était décédé depuis une quarantaine d’années (1389).]

A Lanka tous les membres de la mission furent initiés et réordonnés selon l’orthodoxie du Mahāvihāra Siṅhalapakkha ou branche cinghalaise que le Thera Mahādhammagambhīra et les siens prêchèrent à leur retour vers 1430. Douze ans plus tard le roi Tilokarāja (1442-1487) pour éviter un schisme allait devoir intervenir et ouvrir un concile en 1452.

 

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Phra Mahā Dhamma Gambhīra bhikkhu dit Ñāṇagambhira, ou Phra Maha Buddhagambira Thera (พระมหาพุทธคัมภีร์เถระ) qui en 1413 devint le 2ème supérieur du Wat Nantharam.

Cette statue en ciment, d’environ 1,20 mètre de haut, s’élève dans un modeste sanctuaire du Wat Nantaram (วัดนันตาราม) ou Nantharam (วัดนันทาราม) de Chiang-Maï hors les murs (Sud).

 

Entre 1404 et 1413 le Sangaraja du Nord (patriarche suprême) résidait au Wat Nantaram. Ce Sangaraja portait alors le nom de Somdet Phra Dhammakitti (สมเด็จพระมหาธรรมกิติ) (1404-1413).  À une certaine époque, il lui fut confié un jeune garçon de 13 ans. Ce dernier, brillant élève, devint … Ñāṇagambhira. Il succéda à son précepteur à la tête du Wat Nantharam en 1413. En 1423 il serait parti au Sri Lanka, et en 1444 serait devenu le supérieur du Wat Suan Dok.

(2) Le mot ‘’Faï ‘’ viendrait de la langue Yuon, la langue du Nord.  

(3) Le fai Suan proposait deux types d’engagements, vivre au sein des villes et des villages ou vivre en-dehors. Les moines de la première catégorie, celle des ‘’gammavāsi‘’ ou résidents urbains, étaient tenus à l’étude explicatives des textes (c’étaient les plus nombreux.) ; les moines de la deuxième catégorie, celle des ‘’araññavāsi‘’ ou résidents forestiers se vouaient à la méditation, et vivaient en forêt ou au fond des grottes, au plus loin des communautés villageoises.

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             Le grand Viharn ou salle de prédication du Wat Suan Dok

                                               (Numéroté 9 sur le plan)

Photo 1 & 2: Le grand viharn en 1931. (Photo trouvée sur le net.)

Photo 3 : La façade (côté Est) du Viharn. (Photo du 27.05.2014)

Photo 4 : Le Viharn vu depuis le Nord/Ouest. (Photo du Louis CHU – novembre 2013)

 

Après le règne de Kü Nā le Wat Suan Dok n’aura pas suffisamment d’actualité pour que les chroniqueurs en parlent. Seule la chronique du Phongsawadan Yonok (PY) raconte que le roi Sän Muang Ma (1400-1401 ou 1385-1401), le fils du roi Kü Nā, avait eu l’intention d’y installer l’image du Phra Sihing et que, suite à un incident, cette initiative tourna court. (La légende de l’incident - une roue qui casse devant le Wat où sera installée l’image - n’est pas nouvelle et vraisemblablement … contestable.)

 

En effet, sous le règne de Tilokarat (1441/2-1487) (1) les écrits d’importances proviennent principalement de quatre Wats, les Wats Pa Daeng, Chet Yod, Phra Sihing, tous les trois de Chiang-Mai et du Wat Hariphunchaï de Lamphun, des Wats très liés à la personne royale. Le Wat Suan Dok n’est donc plus le … ‘’phare intellectuel‘’ qu’il avait été sous le thera Sumana. (2)

 

Il faudra attendre un siècle c’est-à-dire 1495, date de l’avènement du roi Muang Kaew ou Muang Kéo (1495-1526). (3) pour qu’il soit à nouveau question du Wat Suan Dok qui avait alors les faveurs de ce roi.

 

C’est d’ailleurs sous le règne de ce roi que vers 1520 le moine Phra Siri Maṅgala Thera (พระสิริมังคลาเถระ) écrivit en pāli son ‘’Cakkravāḷathīpani (จกกวาฬทีปนี) c’est-à-dire ‘’l’illustration de l’Univers ; un ouvrage qui met en exergue la cosmologie Bouddhique et surtout, l’importance de l’aura universitaire que pouvait revêtir la ville de Chiang-Mai à cette époque. Une aura qu’elle ne retrouvera jamais plus !...

Mais … revenons plus particulièrement au Wat Suan Dok

 

(1) Certaines années Tilokaraja aurait fait construire entre 20 et 50 Wats. De ce fait il serait à l’origine de plus de 500 Wats dans Chiang-Mai intra-muros et hors les murs ?!...  

(2) J’écrivais un peu plus haut que ‘’grâce au pāli, le roi Kü Nā va pouvoir s’assurer du contrôle des institutions religieuses‘’. Ce sera d’autant plus vrai que, sous le règne du roi Muang Kaew, les rédacteurs des principaux textes sont des moines araññavasi (moines de la forêt) parents, pour certains d’entre eux, de la famille royale ?!.... Le pāli a donc bien été l’élément qui a permis d’asseoir et de conforter le pouvoir royal du Lanna. Les plus grands chroniqueurs (J’hésite à écrire historiens) de cette époque sont les moines Sirimangala, (PY - XVIe) Phra Ratanapañña, (Jkm vers 1516 – Wat Chet Yod) et Phra Ñanakitti (Panasārāma vers 1490 ?...).

(3) Le roi Muang Kaew, (เมืองแก้ว) dont les auteurs d’antan s’accordent sur les dates de son règne, (1495-1526) vint au monde sous le nom de Ratanarājakumara. Son nom pāli fut Bilakapanattādhirāja ou Philokapanaddathiraj. Phra Siri Mangala, l’auteur de la ‘’Mangala-attha-dipani‘’ (1524) lui donne le nom de Lakavhayarajanatta ?!... Il y a aussi Tilokpnatdathirat, Kaeo Phutadipatiraja et bien d’autres encore ?!.... C’était l’arrière petit fils du roi Tilokaraja qu’il a cherché à surpasser.

 

L’image de Phra Chao Kao Tue : (พระเจ้าเก้าตื้อ)

(L’image de Bouddha pèsant neuf kotis) (1) (Numéroté 5 sur le plan)

 

En 1504/1505 une grande effervescence règne au Wat Suan Dok, car le roi Muang Kéo officialise la mise en œuvre d’une grande image de Bouddha ; une image mesurant plus de 4 mètres de haut, 3 mètres de large et  pesant … quatre vingt millions ?!.... (1)

 

Cette image, alliant le style de Chiang-Mai et celui de Sukhothai s’inscrit dans la lignée des images du Phra Sihing, c’est-à-dire des images de Bouddha dans la position de Māravijaya (Victoire sur Māra) (ปางมารวิชัย).

Commencée en 1505 elle ne sera terminée que cinq ans plus tard en 1510 et inaugurée (2) le 4ème jour de la lune croissante de Citra (Un mercredi de mars 1510). Cette inauguration sera suivie de cinq mois de festivités. 

 

L’image résulte de l’assemblage de huit (3) parties ou blocs coulés indépendamment les uns des autres. Dans son livre intitulé ‘’les images de bouddha‘’, Monsieur Tossapol Jangpanichkul (ทศพล จังพานิชย์กุล) écrit qu’à cause de son poids (entre 9 et 12 tonnes), il fut impossible de transporter l’image. De ce fait elle resta en place et devint le centre d’un nouveau Wat, le Wat Kao Tue (วัดเก้าตื้อ), qui finira par être rattaché au Wat Suan Dok, vraisemblablement, compte tenu d’événements à venir dont il sera question plus bas, après 1946 ?!...

 

Quand on regarde les plans du Wat Suan Dok, d’avant 1947, ce serait tout à fait possible ?!... d’autant qu’un Wat kao Tue a existé mais … un autre texte dit que l’image fut véhiculée ?!... alors qui croire ?!...

Cette image semble avoir été rénovée autour de l’année 1932, toujours lors de la présence de Phra Kruba Sri Vichaï au Wat Suan Dok.

 

 

(1) George Cœdès, (*) après moult explications, parle de quatre vingt millions sans donner d’équivalence en poids. Un autre auteur explique qu’un koti (ตื้อ) vaudrait approximativement 1 tonne d’où 9 kotis feraient 9 tonnes mais, quelques lignes plus haut le même auteur parle de … 12 tonnes ?!... cherchez l’erreur ?!.... (*) George Cœdès (1886-1969) est le traducteur de la Jinakālamālī … entre autres textes.
(2) Ce jour correspond en fait à la pose de l’usina (Espèce de flamme) sur la tête de l’image.
(3) A l’époque les techniques ne permettaient pas une seule et même coulée pour un tel ouvrage. Alors la statue fut conçue en huit morceaux (huit est un chiffre sacré) que les artisans assemblèrent. Quelques textes de blogueurs donnent 9 morceaux parce qu’ils intègrent l’usina qui est à compter à part.

 

 

 

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Photo 1 : Le grand viharn vu depuis le Sud/Ouest. (Photo du 29.09.2015)

Photo 2 : Ce plan officiel a – vraisemblablement - été réalisé en 1928, année lors de laquelle le ministère des affaires religieuses fit établir une carte du Wat Suan Dok. A noter que la nécropole royale y figure tandis que l’aire du Wat Kao Tue n’y est pas.

Photo 3 : L’ubosot abritant l’image de Phra Chao Kao Tue. (Numéroté 5 sur le plan)

L’ubosot vient d’être entièrement rénové. (Photo du 20.09.2015) 

 

Il y a à Bangkok, dans la salle du trône Phuttaisawan du musée nationale, un Phra Sihing de 73 centimètres de haut, qui serait semblable en tout point au Phra Kao Tue de Chiang-Mai ?!...

Comme j’ai lu que le roi Muang Keo ordonna de couler un modèle pour réaliser le Phra Kao Tue, ce Phra Sihing de Bangkok pourrait être ce modèle ?....  (1) J’écris bien … pourrait être ?!....

 

Cette image d’exception est aussi l’un des palladia (2) de Chiang-Mai. Elle a été inscrite au patrimoine national thaïlandais par le département des beaux arts le 8 mars 1935, dans la Gazette gouvernementale n° 52, section 75.

 

 

Les deux derniers événements, avant l’occupation birmane et relevant du règne du roi Phra Muang Keo, concernant le Wat Suan Dok, sont :

1/ en 1519 la construction d’un grand viharn.

2/ en 1524 la nomination, en tant que supérieur du Wat,  du Therādhipati   (เถระธิปัติ). (3)

 

La nomination de Therādhipati pourrait correspondre à celle de Phra Maha Dharma Phothi Thera le 14ème supérieur du Wat Suan Dok. (พระมหาธรรมโพธิเถระ) en 1511. (3) Mais s’agit-il du Wat Suan Dok (Wat Pupphārāma) ou du Wat Bupphārām de la rue Thaphae ?... Une ambigüité demeure à ce sujet ?!... Ce qui est presque certain c’est que le Wat va se vider de sa substance intellectuelle à l’arrivée des birmans.

 

(1) En 1795 le frère de Rama 1er, le prince Bovorn Racha Chao Maha Surasinghanart (1744-1803) de passage à Chiang-Mai a emporté à Bangkok un Phra Sihing qui daterait du XVIe siècle et dont le Wat d’où il a été … ‘’extrait‘’ n’est pas précisé ?!... Ce qui ouvre la porte à de nombreuses hypothèses, qui sont et restent que des hypothèses ?!...

(2) Palladia est le pluriel de palladium, et un palladium est une image protectrice, un genre de talisman protégeant la ville de Chiang-Mai. J’en ai, pour le moment, répertorié cinq, mais il y en a peut-être plus. En tout cas Chiang-Mai est bien protégée des dangers extérieurs.

(3) Il existe une liste des supérieurs ou abbés du Wat Suan Dok dont les dates sont à considérer avec précautions ainsi que les orthographes des noms des supérieurs ?... (Certains en ont plusieurs et je ne parle pas des.. homonymes) Cette liste commence ainsi : 1/ Phra Maha Sumana Thera (พระมหาสุมนเถระ ou พระมหาสุมณ) (1372-1390) – 2/ Phra Maha Kassapa Thera (พระมหากัสสปะเถระ) (1390-1404) – 3/ Phra Maha Nandapañna Thera (พระมหานันทปัญญาเถระ) (1404-1419) – 4/ Phra Maha Buddhapañāṇa Thera  (พระมหานันทปัญญาเถระ) (1419-1421) – 5/ Phra Maha Buddhagambira Thera (พระมหาพุทธคัมภีร์เถระ) (1421-1444) … etcetera (la liste est longue et.. souvent interrompue) le 14ème serait Phra Maha Dharma Phodhi Tera (พระมหาธรรมโพธิเถระ) dont la date de nomination est tantôt … 1501 - 1511 et 1524 ?... c’est au choix ?!...

 

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Photo 1 : Une ancienne image de Phra Chao Kao Tue trouvée sur le net. 

Photo 2 : L’image de Phra Chao Kao Tue (Photo de 2013)

Photo 3 : L’image de Phra Chao Kao Tue dont l’ubosot est en cours de rénovation. (Photo du 20.09.2015)

 

Nota bene : Cette image conforme à la neuvième attitude, la victoire sur Māra (Māravijaya) et … de la famille des ‘’Phra Sihing‘’ allie l’art de Sukhothai et de Lanka. Elle se démarque de l’art du Lanna (art de Chiang-Saen) sur les points suivants :

1/ Elle repose sur une semelle et non une fleur de lotus.

2/ Les jambes sont repliées sur le mode Lanka dit paryaṅkāsana ou ‘’virāsana‘’ c’est-à-dire posée l’une par dessus l’autre et non en mode ‘’Vajrāsana‘’ c’est-à-dire croisées.

3/ Le retour du manteau (sanghāti) sur l’épaule gauche descend jusqu’au droit de la main gauche alors qu’il s’arrête au niveau du sein pour les images Singh 1. Et quelques centimètres plus bas pour les images Singh 2. 

4/ La forme de l’uṣṇiṣa est celle d’une flamme (L’origine de cette ‘’flamme‘’ est Cinghalaise) et non celle d’un bouton de lotus.

Par ailleurs :

a/ Les doigts qui sont de même longueur indique l’influence de Sukhothai.

b/ La robe est de style Ayutthaya.   

 

L’occupation birmane :

 

Sous le règne de Thao Meku (ท้าวเมกุ) ou Maeku  (1551-1564) l’âge d’or du Lanna n’est plus qu’un souvenir, et la main mise birmane sur le Lanna ne fait plus de doute. Le Lanna, avec Thao Meku, a déjà … ‘’composé‘’ …avec la Birmanie.

 

C’est pourquoi à l’arrivée des birmans, Chiang-Mai ne va résister … que pour la forme. Car le 31 Mars 1558, vers 21 heures, après trois jours de siège et quelques accrochages, les Birmans entrent dans la ville ; sept jour plus tard, le 7 avril 1558, Thao Meku le roi de Chiang-Mai, est à nouveau couronné mais en tant que roi, vassal du roi d’Hongsa (Pégou), Bureng-Naung (1516-1551-1581). (1)

 

Du côté du Sangha le supérieur du Wat Phra Sihing sera le premier à rendre hommage au vainqueur birman, (2) tandis qu’au Wat Suan Dok la plupart des élites quittent les lieux pour Luang Prabang et … la Birmanie.

 

Alors Suan Dok restera une école de méditation et de recherche mais ne connaîtra plus les riches heures qu’il avait vécues ; d’autant qu’au fil des ans les moines vont déserter le Wat, les constructions vont se délabrer, et le Wat va s’ajouter à la liste des Wats rouangs (วัดร่วง) c’est-à-dire … des wats abandonnés … qui se détachent de la vie active, comme les branches mortes se détachent de leur arbre.

 

Après plus de deux siècles d’occupation, les Birmans seront chassés dans la nuit du 14 au 15 janvier 1775 laissant un Lanna dépeuplé suite à diverses déportations dont le but était, entre autres, d’éviter tout soulèvement.

 

Les cérémonies qui vont faire de Kawila le roi de Chiang-Mai commenceront le 22 Mars 1797 (3) et ce dernier installera sa résidence non loin du Wat Phra Sihing.

 

Sous son règne 1782-1816 des images (statues) seront coulées, des temples rénovés, dont … le Wat Suan Dok !...

 

Le 1er avril 1806 (4) le roi Chao Kawila élève Chao Pañya Wajira (เจ้าปัญญาวชิระ) ou Phra Maha Wajira Pañya Thera (พระมหาวชิระปัญญาเถระ) du Wat Suan Dok au rang de Rachaguru (ราชครู) ou patriarche suprême des moines de la forêt, d’où le titre de Khruba Phra Maha Racha Guru Maha Thera (ครูบาพระมหาราชคุรุมหาเถระ) ; et le 15 avril c’est Chao Nantha (เจ้านันทะ) du Wat Sri Ket (วัดศรีเกิด), qui se voit conférer le titre de patriarche suprême de l’ouest (Sangaraja - สังฆราชา). Un autre vénérable, Phra Chao Gambhira (พระเจ้าคัมภีระ) du Wat Phan Tao (วัดพันเตา) se voit décerné lui aussi une haute distinction. Ces trois nominations se sont concrétisées au Wat Phra Singharam ou Wat Phra Singh.

 

Comme si l’occupation Birmane n’avait pas suffit pour mettre en pièces Chiang-Mai et le Lanna, en 1855 des tornades d’eau s’abattent sur la ville et mettent à mal de nombreux édifices dont les murailles,  le Ku Laï et le Viharn Laï Kam du Wat Phra Singh, et … le Wat Suan Dok.

 

Aujourd’hui, le visiteur ne découvrira de l’occupation birmane au Wat Suan Dok, sauf erreur de ma part, que deux images de style birman, un candélabre à sept cierges ‘’sat-ta-phan‘’ (สัตตภัณฑ์) et les quatre lions (chinthes) surmontant les deux dernières entrées du Wat, (Numéroté 2 & 4 sur le plan) créées – vraisemblablement – lors du rattachement du Wat Kao Tue au Wat Suan Dok.

 

(1) Le roi d’Hongsa, roi de Birmanie porte un nom aux nombreuses orthographes : Bureng-Naung, Bayin-Naung, Mangthratuco, (บุเรงนอง) (1516-1551-1581) - Burengnong (Poeng Phawa Min Taya) ?!... Il doit y en avoir d’autres ?!....

(2) Le supérieur du Wat Phra Singh a rendu hommage au roi birman à la demande du roi Thao Meku.

(3) Chiang-Mai est dans un tel état de délabrement que 22 ans (1775 date de libération de la ville et 1797 année de l’intronisation de Kawila) (*) auront été nécessaire pour lui redonner quelques couleurs. Car la ville fut loin d’avoir retrouvée sa prospérité d’antan, d’autant que les Birmans ne lâcheront prise qu’après une trentaine d’années jalonnées d’incursions et de tentatives de reconquête.

Par ailleurs, pour mieux contrôler la ville, les Birmans l’avaient vidée de sa population. Alors il a fallu la repeupler de force … manu militari. Ce qui signifie que le Wat Suan Dok est dans un état plus que déplorable, et d’autant plus qu’il est dans un coin perdu, loin de la ville, en pleine forêt.

(4) L’année de 1806 est donnée par la chronique de Chiang-Mai. Mais on trouve aussi … 1814 par ailleurs ?...

(*) Kawila ne reçoit le titre de Phraya Wachiraprakarn, (พระยาวชิรปราการ) c’est-à-dire roi de Chiang-mai de Rama Ier qu’en 1782.

 

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Photo 1 : Le Bouddha de gauche de style Birman de l’autel du Viharn. (Photo du 20.09.2015)

Photo 2 : Le candélabre à sept cierges bleus ‘’sat-ta-phan‘’ (สัตตภัณฑ์) sur la photo. (Photo 2009)

Photo 3 : Le Bouddha de droite de style Birman de l’autel du Viharn. (Photo du 20.09.2015) (Une plaque indique que ce Bouddha a été offert par une famille birmane.)

 

Malgré les efforts du pouvoir politique d’alors, Chiang-Mai ne se relevait que doucement de ses ruines et, à bien y réfléchir cette situation ne devait pas déplaire à Bangkok. Il valait mieux avoir un vassal faible que fort, mais là … j’extrapole … si peu cependant ?!....

 

Toujours est-il qu’en 1931, Jean-Yves Claeys (1896-1979) de l’EFEO, et qu’on ne peut pas accuser de partialité, fait paraître un article intitulé ‘’l’archéologie du Siam‘’. (1) Il écrit au sujet du Wat Suan Dok : ‘’… il est en ruine actuellement…. le Vihāra, toujours entretenu contient une statue de Buddha de grande taille … ‘’. Pas un mot sur Phra Chao Kao Tue ?!... 

 

Pourtant, aujourd’hui, au sein du Wat Suan Dok, des textes dont je n’ai pas tenu compte (2) mentionnent différentes rénovations  réalisées sous Kawila ?!...  mais à l’impossible nul n’est tenu. La tâche devait être immense. La splendeur des bâtiments était loin d’être celle d’aujourd’hui ?!...

 

(1) Sous le règne de Chulalongkorn dit Rama V (1868-1910) les fonctionnaires de Bangkok vont s’immiscer dans l’administration du Lanna et sous prétexte de faire front aux appétits des colonisateurs (Français et Anglais) le Lanna va être annexé par le Siam. Alors les soi-disant rois de Chiang-Mai ne sont plus en fait, que des Chao Muang (เจ้าเมือง) c’est-à-dire des gouverneurs. Mais en gardant le titre de roi, l’honneur est sauf et … sauve la face.

Conclusion : en 1931 il s’agit bien du Siam au sein duquel figurent nombre d’administrations provinciales appelées ‘’Monthons‘’ ; certaines d’entre elles sont issues du Lanna ?!...  

(2) Au Lanna il ne faut jamais prendre pour argent comptant les textes qui sont proposés à la lecture des visiteurs. Ainsi, d’après l’écriteau du Wat Suan Dok, ce serait en 1907 que Dara Ratsami aurait décidé le transfert des cendres de ses ancêtres. Or en 1907 elle était encore à Bangkok ?!...

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                                                 (Photo du 5 mai 2015)

 

                    La nécropole des rois du Nord de la dernière dynastie :

                                           (Numéroté 12 sur le plan)

 

En épousant le roi Chulalongkorn dit Rama V, la princesse Phra Chao Dara Ratsami (1) quitta Chiang-Mai, capitale du Lanna pour aller vivre à Bangkok, capitale du Siam. Elle restera à Bangkok 21 ans durant, sans jamais revoir sa terre natale, y compris pour les obsèques de son père.

 

Bangkok fut pour elle un véritable dépaysement ; entre autres, elle y découvrit les fastes et les coutumes de la cour Siamoise, ainsi que le monde occidental ; Car les architectes et les peintres Italiens y œuvraient tout azimut. Bangkok donnait alors naissance à l’art dit … Rattanakosin.

 

En 1908, son demi-frère le roi Inthawarorot Suriyawongse (1901-1909) roi de Chiang-Mai, se rendît à Bangkok. Elle demanda alors l’autorisation de revoir Chiang-Mai ; ce qui lui fut accordée.

 

(1) la princesse Phra Chao Dara Ratsami (1873-1933) (พระราชชายา เจ้าดารารัศมี) appartenait à la dynastie Chao Chet Ton, c’est-à-dire la dynastie des Kawila. Elle avait pour père Phra Chao Inthawichayanon et pour mère la reine Thipkraisorn Rajadevi ou Mae Chao Thep Kraisorn Phra Maha Dhevi (แม่เจ้าเทพไกรสรพระมหาเทวี). Elle était la demi-sœur de Phra Chao Inthawarorot Suriyawongse et de Phra Chao Kaew Nawarat, respectivement 7ème, 9ème et dernier roi de Chiang-Mai.

Elle fut mariée au roi Chulalongkorn (1868-1910) dit Rama V avec le titre de 5ème épouse royale. Ce mariage n’avait d’autre but que de montrer aux colonisateurs (Français et Anglais) que les liens entre le Lanna et le Siam allaient bien au-delà de la vassalité. A bon entendeur !....

Concernant la transcription romaine de ดารารัศมี on trouve Darasmi – DaRatsami et l’historien Thaï Sarassawadee Ongsakul l’écrit : Daratsami ?!... il reste aussi à savoir comment était prononcé son nom en yuon, la langue du nord, c’est-à-dire de Chiang-Mai à savoir … Dara Ratsami ?!...

 

 

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Photo 1 : le roi de Chiang-Mai Phra Chao Inthawichayanon (พระเจ้าอินทรวิชยานนท์) (roi en 1870 – investi par BKK en 1873 - 1897). Il est le père de Dara Ratsami et du roi Inthawarorot en photo ci-à-côté.

Photo 2 : Phra Rachachaya Dara Ratsami (พระราชชายา เจ้าดารารัศมี) (1873-1933)

Photo 3 : Phra Chao Inthawarorot Suriyawongse (พระเจ้าอินทวโรรสสุริยวงษ์) (1859-1901-1909) le 8ème et avant dernier roi de Chiang-Mai. (1897 - investi par BKK en 1901 – 1909). Il est le fils et sixième ( ?) enfant du roi  Phra Chao Inthawichayanon et de la reine Phra Chao Rinkham (พระแม่เจ้ารินคำ), (*) et … le demi-frère de Dara Ratsami.

(*) Phra Chao Inthawichayanon eut onze enfants avec sept épouses différentes. (Rama V aurait eu lui … 153 épouses ?!...)

 

Après un voyage de deux mois et neuf jours, (aujourd’hui une heure de vol suffit ?!...) le 9 avril 1909 Dara Ratsami se serait rendue au Kuang Men (ข่วงมัน) (1) où se trouvaient les kus (2) de ses ancêtres, afin de leur rendre hommage. (3)

 

Ces Kus n’avaient rien de la majesté et de la grandeur des kus royaux de Bangkok. En a-t-elle été affectée ?... Toujours est-il que lors de son séjour de 6 mois elle prit la décision de créer, sur l’aire du Wat Suan Dok, au Nord-ouest du Wat, un lieu digne pour recevoir les cendres de la dernière dynastie des rois du Lanna, la dynastie des Chao Chet Ton. Ce lieu prendra le nom de ‘’Kus des Chao Naï Fa du Nord‘’ (กู่เจ้านายฝ่ายเหนือ) c'est-à-dire le reliquaire des rois du Lanna, voire la nécropole des derniers rois du Lanna.

 

Les travaux ont été réalisés courant 1909, et en 2015 les kus ont été restaurés.

 

(1) Le Kuang Men (ข่วงมัน) ou cour du Méru était le crématorium et cimetière royal de l’époque. Les textes disent qu’il était situé au Nord du pont Nawarat et sur la rive Ouest du Mae Ping. En fait il était là où est aujourd’hui le talat Warorot (Nom Thaï) ou Kad Luang (Nom Lanna). La bretelle qui relie la rue Thaphae à la rue Chang Moi porte le nom de … Thanon Kuang Men, un nom qui rappelle l’existence de cet ancien cimetière royal.

Quant au Ho Khum (palais royal) c’est aujourd’hui le Viharn du Wat Saeng Fang qui fait l’angle entre la rue Tha Phae et la rue … Kuang Men et c’était en cet endroit qu’était alors la porte Tha Phae. Vers 1878/79 le palais royal a été reconstruit en bois de teck, là où se trouve aujourd’hui l’ambassade américaine, et c’est en ce lieu que Dara Ratsami s’éteignit.

(2) Un Ku est un petit monument funéraire en forme de Chédi renfermant des cendres.

(3) Les cérémonies de crémations du roi Phra Chao Inthawichayanon se firent sans sa fille … Dara Ratsami.

 

 

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Photo 1 : La nécropole en cours de restauration. Au premier plan le Ku de Dara Ratsami et à droite celui de son demi-frère Phra Chao Inthawarorot (Photo du 27.05.2014).

Photo 2 : Le Ku de Phra Chao Kawila 1er roi de la dynastie Chao Chet Ton. (Photo du 14.12.2015)

Photo 3 : Le Ku de la princesse Dara Ratsami (Photo du 20.09.2015)

 

Après le décès de Rama V, La reine Dara Ratsami obtint l’autorisation de retourner vivre à Chiang-Mai, elle en foulera le sol en Janvier 1914. De conserve avec son frère Phra Chao Nawarat, alors roi de Chiang-Mai, elle chargera Phra Kruba Sri Vichaï qui rénovait alors le Wat Phra Sihing de remettre en état le Wat Suan Dok.

 

 

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Photo 1 : L’ancienne table d’orientation de la nécropole royale, qui aujourd’hui a été retirée … dommage ?!.... (Photo du 14.12.2014)

Photo 2 : Une photo de famille avec au centre la princesse Dara Ratsami (Photo datant des années 30)

Photo 3 : Photo se rapportant à la visite du roi Rama IX au Wat Suan Dok le 6 Mars 1958. (Photo de Nai Boonserm Satrabhaya.)

 

                   Liste des Kus des principaux Chao (princes) de Chiang-Mai

1/ Ku de Phra Chao Kavila (กู่-พระเจ้ากาวิละ) – 2/ Ku de Chao Thamma Langkā (กู่-เจ้าธรรมลังกา) – 3/ Ku de Chao Sri Kham Fan (กู่-เจ้าเศรษฐีคำฝั้น) – 4/ Ku de Chao Phutthawong (กู่-พุทธวงศ์) – 5/ Ku de Chao Mahotaraprathet (กู่-เจ้ามโหตรประเทศ) – 6/ Ku de Chao Kavilorot Suriyawong (กู่-เจ้ากาวิโลรสสุริยวงษ์) – 7/ Ku de Chao Inthawichayanon (กู่-อินทวิชยนนท์) – 8/ Ku de Chao Inthawarorot Suriyawong (อินทวโลรสสุริยวงษ์) – 9/ Ku de Chao Kaeo Nawarat (กู่-เจ้าเเก้วนวรัฐ) -10/ Ku de Chao Dara Ratsami (กู่-เจ้าดารารัศมี) -11/ Ku de Mae Chao Usa (กู่-เเม่เจ้าอุษา) -12/ Ku de Mae Chao Thipkesorn (กู่-เเม่เจ้าทิพเกษร) -13/ Ku de Mae Chao Rimkham (กู่-แม่เจ้ารินคำ) -14/ Ku de Mae Chao Thiphanet (กู่-แม่เจ้าทิพเนตร) – 15/ Ku de Mae Chao Jamru (กู่-แม่เจ้าจามรุ) – 16/ Ku de Chao Uttarakankosorn (กู่-เจ้าอุตรการโกศล) -17/ Ku de Chao Ratchabut (กู่-เจ้าราชบุตร) – 18/ Ku de Chao Ratcha Phakinaï (กู่-เจ้าราชภาคินัย) – 19/ Ku de Than Phu Yign Chatsuda (กู่-ท่านผู้หญิงฉัตรสุดา) – 20/ Ku de Chao Koh Kaew Pakai Kawin (กู่-เจ้ากอแก้วประกายกาวิล).

 

 

La rénovation du Wat Suan Dok du temps de Phra Khruba Sri Vichai : (1)

 

 

Phra Kruba Sri Vichai (1878-1938) est un moine qui a passé sa vie à relever de leurs ruines de nombreux temples du Lanna, plus de 108 écrivent les chroniqueurs, pour permettre aux fidèles de pratiquer dans des lieux adéquats et dignes.

 

A Chiang-Mai il a été à l’origine de nombreuses remises en état de temples, dont le Wat Suan Dok.

Les travaux ont commencé le 9 juillet 1931 (2) et se sont terminés 8 ou 10 mois plus tard en 1932.

 

Phra Kruba Sri Vichaï relèvera de ses ruines la salle de prières, ou ‘’sala Kan Pariane‘’ (ศาลาการเปรียญ) dont la particularité est d’être ouverte à tous vents. Il n’y a pas de porte de clôture, et ses murs sont à claire voie.

 

Il remettra en état l’Ubosot et son image, et semble-t-il aurait été partie prenant (sous toute réserve car je n’ai rien trouvé de précis à ce sujet.) dans la réalisation du Bouddha debout Phra Bouddha Ong Yuën (พระพุทธรูปองค์ยืน) tenant une gerbe d’herbes et regardant vers l’Ouest. Parfois il y a, au côté droit de ce Bouddha, un sac (de riz ?...).

 

(1) Phra Kruba Sri Vichai (พระศรีวิชัย) (1878-1938)  porte le titre de Saint patron ou Bienfaiteur du Lanna. Nak-bun-hègn Lanna (นักบุญแห่งลานนา). Il a été à l’origine de la route qui conduit au Wat Doï Suthep. Si sa vie vous intéresse, j’ai écrit deux chroniques à son sujet.

Lors de son passage à Suan Dok il semblerait qu’il n’y avait aucun supérieur en titre à la tête du Wat ?!...  On passe de 1814 à 1946 ?!...

(2) Jean-Yves Claeys (1896-1979) auteur de ‘’L’archéologie du Siam ‘’ paru en 1931 écrivait … ‘’Suan Dok en ruine‘’ … ‘’vihara entretenue‘’ …

C’est en 1931 que fut construite la chaire à prêcher encore visible aujourd’hui.

 

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          (Photo 1 : de 2007 avec un sac et Photo2 : du 14.01.2016 avec une gerbe)

 

Phra Kruba Sri Vichaï meurt en 1938. Son corps sera exposé durant 7 ans à la piété des fidèles et incinéré après des festivités encore jamais vues au Lanna le 21 Mars 1946. Puis ses cendres seront partagées officiellement entre 6 bénéficiaires (1) dont le gouverneur de Chiang-Mai. Un Ku, en dehors de la nécropole royale, lui sera consacré au Wat Suan Dok en 1947.

 

(1) En fait après vérification j’avais lu et vérifié que les cendres de Phra Kruba Sri Vichaï avaient été partagées en huit (Comme les reliques du Bouddha) (Wat de Bang Pang son village natal – Lamphun – Lampang – Chiang-Mai – Phayao – Phrae - Mae Hong Son et au Doï Ngom. A Chiang-mai c’est au Wat Suan Dok que reposent ses cendres. Mais vu le nombre de Kus censés contenir une relique de Phra Kruba Sri Vichaï les huit parts ont du être re-re-re-partagé ?!....

La rançon de la gloire sans doute ?!...

 

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Photo 1 : Un Kuti nommé ‘’Phra Kruba Sri Vichaï. (Numéroté 11 sur le plan) (Photo du 20.09.2015) Ce Kuti (maison de moine) aurait-il été habité par Phra Kruba Sri Vichaï ?...

Photo 2 : Le sanctuaire du Wat Suan Dok dédié à Phra Kruba Sri Vichaï. Celui-ci précède son Ku (Numéroté 8 sur le plan) (Photo du 04.01.2016)

Photo 3 : Un coup de neuf en 2014.

Photo 4 : Le Ku où reposent, à Chiang-Mai, les cendres de Phra Kruba Sri Vichaï. (Numéroté 8 sur le plan) (Photo du 04.01.2016).

 

En 1942 le Wat Suan Dok retourne à l’abandon !...

 

          ‘’L’arbre qui plie au gré du vent est un arbre qui survit à la tempête‘’ !...

                 (La suite illustre ce dicton … asiatique voire typiquement Thaïlandais !...)

 

Le 8 décembre 1941 les japonais débarquent en Thaïlande en vue d’envahir la Birmanie par l’Est et le nord. Mis devant le fait accompli Bangkok (1) se résout à les accueillir … en amis. C’est alors que Chiang-Mai devient un vaste camp militaire japonais et que de nombreux Wats sont réquisitionnés pour les besoins des garnisons. Les Wat Sri Suphan, Muen San (2), Chédi Luang et … Suan Dok,  Chao Kao Tue, sont du nombre.

 

C’est à l’aéroport et au Wat Suan Dok que stationna la célèbre 64ème Hayabusa Sentai (régiment aérien), une escadrille composée de Ki-43 dont la gloire avait été de détruire, pratiquement en totalité, la flotte aérienne alliée à Magwe en Birmanie. (3)

 

(1) En 1938 la Thaïlande connaît sont tout premier dictateur, plaek Phibun Songkhram, (1897-1964) un grand admirateur de Mussolini. Ce Phibun, qui fit ses études militaires à Fontainebleau en France, rêve d’un grand empire t’aï, pour cela il revendique des provinces indochinoises sous mandat français. Comme les Français n’accèdent pas à sa demande une guerre éclate entre la France et la Thaïlande.

C’est alors que d’autorité les Japonais interviennent pour mettre fin au conflit qui dessert leurs intérêts dans la région. Leur jugement favorise les thaïlandais qui deviennent de ce fait et de faits antérieurs … plus que leur obligé. Les français n’ont pu que limiter la casse faute de pouvoir intervenir militairement.

Treize jours après l’invasion Japonaise, le 21/12/1941 un traité d’alliance sera signé entre le Japon et la Thaïlande qui en Janvier 1942 déclarera la guerre à l’Angleterre et aux Etats-Unis.

(2) Les Japonais, en 1981, ont fait construire un mémorial à l’intérieur de ce Wat pour honorer leurs victimes ayant combattu en Inde, en Birmanie et au Lanna.

(3) Le Wat Suan Dok et Wat Chao Kao Tue sont dans le prolongement de l’aéroport, et à l’époque l’aéroport et les Wats étaient en pleine campagne, comme d’un seul tenant, alors qu’aujourd’hui … urbanisation oblige !... ce sont deux installations indépendantes et non ré-unifiable.  

Lampang était une base plus importante que Chiang-Mai.

Les tigres volants ou ‘’Flying Tigers‘’ étaient un groupe de 92 volontaires (AVG) d’origine Américaine commandé par le général Claire Chennault. Kunming en Chine était leur port d’attache. Ces ‘’Flying Tigers‘’ étaient les enfants d’une opération secrète soutenue par le Président Roosevelt à l’époque … neutre, mais il fallait ‘’aider‘’ le général Tchang Kaï-Chek en lutte avec le Japon ?!....

 

 

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Photo 1 :
Tout au bout de l’aéroport de Chiang-Mai … le Wat Suan Dok !... Cette photo trouvée sur le Web daterait de 1886 ?...

Photo 2 : Un Curtis P-40 Tomahawks des tigres volants, survolant et bombardant une escadrille japonaise de Ki-43 . (Peut-être s’agit-il du bombardement de l’aéroport de Chiang-Mai car les avions sont rangés et à découvert.

Pour les japonais les Curtis depuis Kunming en Chine, compte tenu de la distance, ne pouvaient pas les atteindre sauf que, les Curtis partis de Kunming avaient fait escale à Loiwing puis Namsang au Lanna ?!... Ce fut une vraie surprise pour les Japonais, et une catastrophe matérielle militairement parlant.

 

Le 24 Mars 1942 (1) une flotte américaine de 6 Curtis P-40 Tomahawks, les tigres volants, stationnée à Kunming en Chine, bombarde l’aéroport de Chiang-Mai et ses installations. La gare subira le même sort, le même jour, avec une flotte de 4 Curtis allant bombarder l’aéroport de Lampang. Et en décembre 1943 Chiang-Mai et Lampang connaissent un bombardement à grande échelle ?!... (Peut-être y en a-t-il eu d’autres ?...)

 

Rien n’est dit sur les éventuels dégâts (2) concernant le Wat Suan Dok et le Wat Chao Kao Tue qui pourtant étaient en première ligne. Par contre le coffre en bois de teck orné d’une feuille d’or et contenant la bannière à l’effigie de bouddha a été retrouvé …. Vide !... Où est donc passée la bannière ?... apparemment ‘’on‘’ ne l’a jamais su !...

 

(1) Avec ce bombardement Chiang-Mai connaît, vraisemblablement pour la première fois,  la célébrité mondiale. En effet le ‘’The New York times‘’ du 25 mars 1942 titrait ‘’Alliers in Burma smash 40 planes‘’ et suivait le nom de … Chiang-Mai. En fait 15 avions seront détruits à Chiang-Mai et non pas 40 ; mais ces 15 avions c’étaient plus que pouvait en perdre la 64ème Hayabusa Sentai en une année.

Le 6 avril c’était le ‘’Time Magazine‘’ qui mettait Chiang-Mai à la une.

(2) Le raid du 25 mars aurait fait 300 morts !... Beaucoup l’ignore mais Chiang-Mai et le Lanna ont payé un lourd tribut en vie humaines au cours de la seconde guerre mondiale.

 

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Ces trois photos concernant le Wat Suan Dok ont été trouvées sur le net sans la moindre légende. Alors celles qui suivent sont de mon fait et à ne pas prendre pour argent content. Je peux faire erreur, cependant !....

 

Photo 1 : Cette photo devrait dater d’avant 1930, c’est-à-dire d’avant les travaux de Phra Kruba Sri Vichaï, parce que le Chédi est debout alors que le Viharn demande réparation.

Photo 2 & 3 : Ces deux photos non signées, d’après la qualité de l’image et le type de ruines devraient dater de 1946. A mon avis il doit s’agir des dégâts fait par une bombe sur le chédi du Sud-Est lors d’un bombardement de l’aéroport.

 

 

1946 … la paix revient :

Le Wat Suan Dok se relève, une fois encore, de ses ruines :

 

En 1946 Phra Kru Sugandhatsin (พระครูสุคันธศีล) dit Luang Po Kamsaen (หลวงปู่คำแสน), (1888-1946-1976) le nouveau supérieur du Wat Suan Dok, se retrousse les manches, dirige la renaissance du Wat et, intègre – vraisemblablement – le Wat Chao Kao Tue au Wat Suan Dok.

 

A son décès quelques supérieurs lui succèdent mais ce sera Chao ajan Phra Amaravathi (เจ้าอาวาสพระอมรเวที) (1989-2008) dit Phra Mahawan Khémadjari (พระมหาวรรณ เขมจารี) qui, assisté de la professeure Ketsuda Chatuthai (เกษสุดา ฉัตรอุทัย), entre 2003/2006, redonneront un nouveau visage au Wat Suan Dok. Le Chédi et certaines décorations du grand viharn se couvriront d’ors.

 

… et en 1984 le Wat abrite un campus universitaire :

 

Ce campus est rattaché à l’université de Bangkok, la Maha Withaya Lay Maha chulalongkorn (นมหาวิทยาลัยมหาจุฬาลงกรณ์) Racha Withaya Lay Buddhist University Cette université, désignée aujourd’hui sous le nom de ‘’Chulalongkorn‘’ ou ‘’Chula‘’ (C’est plus court et plus dans le vent) a été  fondée en 1887 à l’initiative du roi Chulalongkorn (จุฬาลงกรณ์) dit Rama V (1853-1868-1910).

 

Avant Rama V, le Siam ne disposait que d’écoles tenues par des moines au sein de certains Wats. Avec la création de cette université il s’agissait alors de donner un enseignement supérieur aux moines, aux novices et aux laïcs du Siam. Le Siam devait se mettre sur un pied d’égalité avec les puissances occidentales. (Rama V fit deux voyages en occident, et son père Rama IV l’éduqua dans cette perspective : ‘’ne rien avoir à envier à l’occident.)

 

Les deux premiers campus furent créés en 1970, l’un à Nong Khai et l’autre à Nakhon Si Thammarat. Ensuite, en 1984 ce fut celui de Chiang-Mai au Wat Suan Dok, qui vit le jour. Ce dernier propose dix disciplines dont la psychologie bouddhique, la sociologie et l’anthropologie pour ne citer que celles-là.

 

En 1993 le campus s’est doté d’un premier bâtiment de trois étages, faisant vingt mètres sur quarante, et deux ans plus tard, une deuxième construction de quatre étages occupant une surface au sol de 10 mètres sur quarante est venue s’ajouter à la première. Ces bâtiments occupent le sol de l’ancien Wat Chao Kao Tue. 

 

Enfin, une activité missionnaire pour éduquer les enfants des tributs montagnardes du nord (Tak, Mae On Son, Phrae, Nan, Payao et Chiang-Mai – les grandes villes du Lanna ?!...) s’est développée dans le cadre de ce campus qui reçoit des étudiants venus du Cambodge, du Laos, du Vietnam et du Yunnan, une province Chinoise.

 

 

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Photo 1 : Le ficus religiosa du Wat Suan Dok. (Photo du 30.01.2016)

Photo 2 : Le Viharn du Wat Suan Dok vu depuis son entrée principale.

Photo 3 : Le ficus religiosa de l’ex Wat Chao Kao Tue. (Photo du 20.09.2015)

 

La visite du Wat Suan Dok ne serait pas complète si l’on faisait abstraction de quelques autres curiosités qui crèvent l’œil mais dont on passe à côté sans leur prêter attention.

 

Il y a, en entrant par la porte principale (Numéroté 2 sur le plan) tout de suite à droite un arbre de 20 mètres de haut et de 13,70 mètres de circonférence. (Je n’ai pas vérifié) C’est un ficus religiosa, l’arbre de la Bodhi, c’est-à-dire l’arbre sous lequel Bouddha a trouvé l’éveil. Cet arbre aurait plus de 600 ans. En fait il a du être planté lors de la création du Wat ce qui lui ferait 645 ans d’âge en 2016.

Tout prêt de l’ubosot (Numéroté 5 sur le plan) qui fut à l’origine un Wat à part entière, il y a aussi un autre ficus religiosa et … tout aussi impressionnant. Comme le Wat a été créé vers 1510, cet arbre devrait avoir, lui aussi, plus de 500 ans ?!...

 

Enfin, à gauche de l’entrée principale  s’élève un monument (Numéroté 1 sur le plan) en l’honneur d’un certain Phraya Phrom Woharn, dont la plaque précise ‘’Grand poète du Lanna‘’.

 

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Phraya Phrom Woharn (พระยาพรหมโวหาร ou พรหมินทร์) (1802-1887).

Photo 1 : Photo de 2012.

Photo 2 : Photo du 20.09.2015

 

Phraya Promwoharn ou Phromint (พระยาพรหมโวหาร ou พรหมินทร์) (1802-1887) était un enfant de Lampang, mais de haute lignée puisque  descendant de la dynastie des ‘’Chao Chet ton‘’ et plus précisément des ‘’Chao Chet Ton Nit-Noï‘’ (เจ้าเจ็ดตนนิดหน่อย).

 

Il était le fils du prince Saen Muang Ma (แสนเมืองมา) et de Mae Naï Chanat Peng (แม่นายจั๋นทร์เป็ง).

 

 

 

D’après ce que j’ai pu glaner, Phraya Promwoharn aurait été joueur, coureur de jupons, menant une vie quelque peu débridée, mais très grand homme de lettre, qui écrivait, entre autres, en langue du Lanna, le Khum Muang (คุ้มเมือง).

 

 

 

Il fit ses premières études au Wat Singh Chai (วัดสิงห์ชัย) de Lampang où il devint novice à l’âge de 17 ans. Puis il les poursuivra au Wat Chédi Luang de Chiang-Mai où déjà, il se faisait remarquer pour ses compétences exceptionnelles en tant qu’auteur.

 

 

 

Ordonné à l’âge de 22 ans, il défroquera vers celui de 25/26 ans. Puis en tant que laïc il commencera à gagner sa vie comme copiste de documents officiels et …auteur de lettres d’amour et poèmes qu’il n’était pas le dernier à réciter, voire – peut-être ?... – à déclamer ?...

 

 

 

Dans un premier temps, Phaya Lomawisai de Lampang (พญาโลมวิสัย) le prendra à son service en tant que fonctionnaire. Ensuite ce sera le roi de Lampang, le neuvième en rang depuis l’installation des Kawila, le Prince Wolayanrangsi ou Worayannarangsi (1848-1871/73 ?...) (เจ้าวรญาณรังษี) qui le prendra à son service car ses talents allaient au-delà du copiste traditionnel. Il maîtrisait avec art les différentes formes littéraires dont la poésie spécifique du nord, ainsi que plusieurs langues, le Khum Muang  et le pāli, le Khmer et le Thaï central. Il allait même jusqu’à marier judicieusement, dans un même texte, le Khum Muang avec le Thaï. Pour toutes ces raisons Phaya Wolayanrangsi lui accorda le titre de poète de Lampang.

 

 

 

Outre ses talents incontestés d’écrivain un autre point dominait sa personnalité …. ses incartades !...

 

 

 

Ainsi, plus enclin à satisfaire ses menus plaisirs que les devoirs de sa charge, il abusa successivement de la confiance de ses maîtres portant couronne ; à Lampang il joua l’argent du roi destiné à l’achat d’un éléphant ; à Phrae, où il fut accueilli et protégé par Chao Luang Wichai Racha (เจ้าหลวงวิชัยราชา) (1830-1871 ?...) il tomba amoureux de la favorite de ce dernier, Nang Chom (นางชม) ; ce qui lui valut d’être emprisonné avec au final … sentence de mort. (1)

 

Phraya Promwoharn s’évadera, on ne sait pas vraiment comment, mais il s’évadera (2) avec Nang Chom (นางชม) pour se réfugier à Uttaradit, à Lap Laeng très exactement, aujourd’hui un quartier d’Uttaradit.

 

 

 

Après un ou deux ans de vie commune, Nang Chom s’envolera ; au bras d’un autre ?... rien ne le précise. Alors Phraya Promwoharn vivra un véritable calvaire qui donnera naissance à l’une de ses œuvres la plus remarquable ‘’Khao-Si-bot‘’ (ค่าวสี่บท). (3)

 

 

 

Ses pérégrinations le conduisirent ensuite à Chiang-Mai où il entrera au service du roi Kawilorot (1856-1870). Il y séjournera pendant vingt six ans, et continuera d’écrire en … ‘’touche à tout‘’ et avec bonheur (4) tant cet homme était un érudit hors pair.

 

 

 

Phraya Promwoharn collaborera avec Phaya Lomawisai. La princesse mère de Chiang-Mai, Chao Mae Thip Keson ou Kaison (1841-1884) (เจ้าทิพเกสร ou เจ้าทิพเกou เจ้าเทพกรสร) lui demandera d’adapter le drame, fort célèbre en Thaïlande, de Phra Santhorn Phu ou Phra Sunthorn Phu (พระสุนทรภู่) (1786-1855) : ‘’Phra Aphai Mani‘’ (พระอภัยมณี) en Khum Muang (คุ้มเมือง) ; ce qui en fit une œuvre propre au Nord, d’une poésie au style direct, précis, bref et quelque peu vigoureux.

 

 

 

Phraya Promwoharn s’éteindra à l’âge 85 ans en laissant une seule héritière, In-Toum (อินท์ตุ้ม  สริไว) dont le surnom était Khi-mou (ขี้หมู) qui décédera en 1926 sans la moindre descendance. Elle était l’enfant de la dernière épouse de Phraya Promwoharn, la princesse Chao Bua Chandra (เจ้าบัวจันทร์).

 

 

 

 

 

Quelques lignes sur son œuvre :

 

 

 

Parmi ses œuvres, dont certaines ont disparu, il reste … entre autres : 1/ Une poésie sur le retour à la vie laïque intitulée ‘’Khao-Khraï-Sik‘’ (5)  (ค่าวไคร่สิก), 2/ une poésie sur sa malchance à cause d’un éléphant titrée ‘’Khao-Chang-kheut‘’  (ค่าวช้างขึด) 3/ un long soliloque sur ses états d’âme appelé ‘’Kham-djom‘’ (คำจ่ม) 4/ Un poème ayant pour thème un oiseau mythique en pierre, lequel a donné son  nom à l’oeuvre ‘’Khao-Hong-hin‘’ (ค่าวหงส์หิน) 5/ Un traité sur la connaissance des herbes médicinales ‘’Prestigieuse pharmacopée‘’ ‘’Maha Phon-tam-raya‘’ (มหาพนตำรายา) et aussi un poème où il est question de … moralité ?!... oui oui !... (Avec l’âge on devient sans doute plus sage.) ‘’Khao Kham-sop-kham-son‘’ (ค่าวสรรพคำสอน) !....

 

 

 

Son œuvre est donc très éclectique mais fait référence, d’autant que certains textes sont écrits en Khum Muang, comme je l’ai déjà précisée et … par un laïc et non un moine. Bref !... un précurseur dans son genre.

 

 

 

(1) Le roi de Phrae, appelé aussi Chao Intha Wichai Racha Chao Muang Phrae (เจ้าอินทวิไชยราชาเจ้าเมืองแพร่) aurait assuré la protection de Phraya Promwoharn, moyennant quelques écrits. Une façon comme une autre de rembourser l’argent que Phraya Promwoharn avait dilapidé en jouant et qui lui avait été confié pour l’achat d’un éléphant destiné au roi de Lampang.

Certains textes donnent le successeur de Wichai, c’est-à-dire Chao Phimphisan (เจ้าหลวงพิมพิสารราชา) comme roi de Phrae ayant eu affaires avec Phraya Phromwoharn. Comme les dates de règne varient là encore ce ne serait pas impossible mais Chao Wichai semble plus vraisemblable.

(2) Pour les uns il se serait enfui grâce à Nang Chom, et pour d’autres un moine de Lampang, Phra Kassapa Thera Chao (พระกัสสปะเถระเจ้า) lui aurait fait parvenir un produit dont la caractéristique aurait été de donner de l’élasticité et de la flexibilité aux barreaux de la prison ?!... Alors évidemment !....

De ce fait il aurait fui à Lap Laeng (ลับแลง) ou lap Lae (ลับแล) à Uttaradit avec Nang Chom tantôt fille du roi, tantôt femme d’un débiteur venue à plusieurs reprises lui réclamer l’argent de son mari en prison ?!...

(3) Ce poème, où il exprime son désespoir et son ressentiment dus à la perte de son être aimée s’intitule ‘’Khao-Si-bot‘’ (ค่าวสี่บท) (Poème du nord en quatre chapitres ou quatre parties.) intitulé aussi, ‘’Khao-ram-nang-chom‘’ (ค่าวร่ำนางชม) (Poème du nord ressassant la douleur causée par le départ de Nang Chom) ou encore ‘’Khraï‘’ (ใคร่สิก) (désir-ressaser) en quatre parties. Cette œuvre a été traduite en anglais.

(4) Le terme de ‘’touche à tout‘’, loin d’être péjoratif, est à prendre dans son sens le plus noble, car il fait référence à une érudition sans borne.

(5) le mot ‘’Khao‘’(ค่าว) se rapporte à un genre littéraire poétique propre au Lanna. N’oublions pas qu’un certain nombre de mots ‘’khum Muang‘’ ont souvent été traduit en thaï … phonétiquement ?!...

Nota bene : J’ai remarqué qu’en librairie, au rayon Lanna, les livres en khum muang font une timide apparition, alors qu’ils étaient inexistants ou presque il y a encore quelques années. Le même phénomène se retrouve sur les plaques d’entrée des Wats où le nom du Wat se lit en Thaï, en Khum Muang et en langue romaine. Compte tenu de l’invasion Chinoise, peut-être verra-t-on bientôt apparaître le nom sous forme … d’idéogramme qui sait ?!...   

 

 

 

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Photo 1 : Une photo trouvée dans un livre représentant la porte Nord n° 2. (Numéroté 13 sur le plan)

Photo 2 : Détail d’une partie du mur à claire voie du grand Viharn (Photo du 24.12.2011)

Photo 3 : La porte Nord n° 2 (Numéroté 13 sur le plan. (Photo de 2007)

Photo 4 : La porte Est, naguère principale, (Numéroté 3 sur le plan) (Photo du 14.12.2015)

 

J’espère que cette visite vous a été agréable … malgré sa longueur !....

Pour ma part je ne pensais pas avoir à me plonger dans l’histoire du Lanna. Mais … je ne le regrette pas, car parler du Wat Suan Dok sans le remettre dans son contexte historique aurait été une erreur, tout du moins c’est mon avis car il s’est façonné au gré des événements politiques.

 

Par ailleurs le Wat Suan Dok a été le lieu d’un renouveau politique servit par le pāli ce qui a façonné au gré des ans une identité … Lanna.  

 

 

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Photo 1 & 3 : les lions birmansde la porte Est (Numéroté 4 sur le plan) - Photo 2 : Le Wat Suan Dok signé Boonserm Satrabhaya

 

Une grande fête est attachée au Wat Suan Dok. Si vous en connaissez la date merci de la donner.

 

 

                                                                 Jean de La Mainate – Février 2016

 

 

 

 

 

 
 
 
 
 
 


08/02/2016
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