MerveilleuseChiang-Mai

MerveilleuseChiang-Mai

INDRAKHIN ou INTHAKHIN – LA COLONNE : 1/3


INDRAKHIN ou INTHAKHIN – LA COLONNE : 1/3

                       เสาอินทขิล - เสาหล้กเมือง

                                  Première partie

                                      Le Lak muang -  หลักเมือง


     

 

Photo 1 : Le sanctuaire ou le san lak muang (ศาลหลักเมือง) ou encore le viharn Inthakhin (วิหารอินทขิล) ou viharn Caturamukha, (วิหารจตุรมุข) de Chiang-Mai abritant la colonne Inthakhin ou Indrakhin. (Photo de 2008)

Photo 2 : Le bouddha surmontant la colonne Inthakhin (Photo de 2008)

Photo 3 : Quelques soldats portant des offrandes à la colonne Inthakhin le jour de la célébration annuelle. (Photo de 2008)

 

 

''Boucha sao Inthakhin'' (บูชาเสาอินทขิล) ''Lak muang'' (หลักเมือง) (*) ''Sao Muang'' (เสาเมือง) et … ''Sua muang'' (เสื้อเมือง) sont autant de noms qui, au Lanna en général et à Chiang-Maï en particulier, servent à désigner un ''objet sacré'' qui fait le lien entre le monde du divin, ou celui des divinités, avec le monde des hommes.

Cet ''objet'', en général un poteau en bois ou en pierre, suivant les traditions symbolise des esprits tutélaires, dans ce cas c'est la tradition animiste, et quand il symbolise le dieu Indra c'est la tradition Bouddhiste, une tradition qui a vraisemblablement fait sienne la tradition animiste.

 

En ce qui concerne la tradition animiste il est souvent question de ''Sua bân'' (เสื้อบ้าน) ''Sao Phi'' (เสาผี) ''Sao djaï ban'' ou ''Sao Chaï ban'' ( ?) (เสาใจบ้าน ou เสาชัยบ้าน) et ''Sua muang'' (เสื้อเมือง) des poteaux qui se rapportent aux esprits des ancêtres.

''Sua bân'' concerne la lignée ; c'est le poteau où se retrouvent les esprits des ancêtres de la famille. ''Sua muang'' représente le village ; c'est le poteau qui symbolise les esprits de la lignée propre aux chefs du village et qui est fiché, en général, au cœur du village.

 

Cet ''objet'' symbolisant ''le pacte d'alliance'' entre les forces surnaturelles (ou le divin), et les hommes d'une communauté, est censé assurer la protection et la prospérité de la dite cité, (**) à charges pour les hommes qui bénéficient de ces/ses bienfaits de vivre selon des règles morales conforment à l'ordre social établi et, en honorant les esprits, ou le dieu Indra, par le biais de cet ''objet symbolique'' en lui rendant un culte au moyen d'offrandes de toutes sortes, mais bien précises.

 

Mais, si je peux écrire, commençons par la fin pour en arriver au début. Car les sources sont plus récentes, et de ce fait, en principe, devraient nous permettre de mieux comprendre le lointain passé, voire l'origine de la colonne Inthakhin ou Indrakhin de Chiang-Mai.

 

 

(*) Il semblerait que le mot ''lak muang'' aurait d'abord été utilisé à Bangkok à partir de 1782, avant de l'être dans toute la Thaïlande, cela pour des raisons politiques. Il s'agissait alors de faire de ces ''lak muang'' des symboles de protection contre les éventuelles invasions Birmanes et Annamites.

Le ''Lak muang'' primait alors en puissance sur les ''Sao muang'' en général et le ''sao Inthakhin'' en particulier dont l'horoscope et les génies avaient été, habilement, associés au premier … ''Lak muang'' s'élevant à Bangkok. Mais nous reviendrons sur ce sujet.

(**) Ce ''Sao'', littéralement : pilier, colonne, poteau, n'est pas sans faire penser au phallus des rites de fertilité ou de fécondité propre à nombre de communautés primitives et civilisées.

 

 

     

 

 

Photo 1 : Le plan de la ville de Bangkok alors qu'elle émergeait de terre. La zone en marron foncé représente Bangkok sous Rama I.

Le Lak muang marqué d'une étoile jaune a trouvé cette place sous Rama IV, le 5 décembre 1852 à 8 heures 48 très précisément. C'est le roi Mongkut (Rama IV) lui-même qui a déterminé le nouvel emplacement du lak muang et calculé l'heure et le jour le plus propice pour son transfère.

Photo 2 : Le Lak muang de Bangkok tel qu'il se présentait en 2010.

Photo 3 : Le royaume de Siam, en jaune et en blanc, sous Rama 1er. La partie en jaune est La Thaïlande d'aujourd'hui et la partie en blanc sont les territoires qui vont être rétrocédés par le Siam aux pays riverains à partir de 1867 et jusqu'en 1909.

  

 

LE LAK MUANG ou LAK MUEANG  - (หลักเมือง)

 

En 1782, au Siam, un poteau protecteur d'une cité va prendre une dimension nationale et jouer un rôle politique d'importance. C'est le ''Lak muang'' (หลักเมือง). Ce ''Lak muang'' où réside ''Phra Lak muang'', le génie protecteur du muang, ne va plus protéger une ville, mais tout un royaume.

Dans ce terme de ''Lak muang'' le ''muang'' ne désigne plus alors une ville, voire une région, mais l'ensemble du royaume … qui à l'époque est loin d'être un et indivisible !... d'où la nécessité de le protéger des dissensions intérieures, mais aussi des menaces extérieures.

 

Le mot ''lak'' (หลัก) mérite quelques explications.

Ce n'est jamais par hasard qu'un mot est préféré à un autre. Le ''Lak muang'' symbolisant la protection divine du royaume aurait très bien pu s'appeler le ''sao muang'', (เสาเมือง) comme il était d'usage, mais … il a été dénommé ''Lak muang'' !.... pourquoi ?...

Le mot lak en tant que nom siamois désigne un pieu, un pivot et un jalon, des ''objets'' dont l'aspect physique n'a pas le caractère ''noble'' d'une colonne, d'un pilier ou d'un poteau ; mais … en tant qu'adjectif le mot ''lak'' a le sens de … principal, primordial, essentiel et fondamental !... autant de sens que n'a pas le mot ''sao'' et qui donne au mot ''lak'' du prestige  et de l'ascendant.

Autrement écrit, l'impact de la phonétique du mot ''lak'' sur l'imaginaire de tout un chacun est sans commune mesure avec la phonétique du mot ''sao''.

Alors à mon avis, mais ce n'est que mon avis, c'est le sens de l'adjectif qui a du faire pencher la balance pour le choix du mot. D'autant que le mot ''lak'' rompait avec le passé, redonnait une nouvelle jeunesse à la tradition et surtout donnait à l'objet, la colonne, ses lettres de noblesse. Mais, une fois encore, ce n'est que mon avis.

  

                                                              

 

''L'image'' du ''sao Inthakhin'' ou ''colonne Inthakhin'' (เสาอินทขิล) de Chiang-Maï.

Curieusement ce n'est pas un pilier ou une colonne qui apparaît à la vue comme dans tous les sanctuaires abritant ce symbole, mais une espèce de socle octogonal surmontée par une image de Bouddha dans la 19ème attitude, celle de la réflexion.

Il s'agit d'un Bouddha se demandant comment enseigner aux hommes une doctrine qu'il a lui-même eut tant de difficultés à découvrir. Il est donc dans une attitude d'indécision et de réflexion, 50 jours après son illumination.

A noter que cette image est vénérée par les bouddhistes nés le vendredi. C'est l'image du Bouddha de la semaine du vendredi, le jour de la réflexion ''pagn ramphung'' (ปางรำพึง), et ce Bouddha porte le nom de Phra Ramphung (พระรำพึง). Ce serait le dieu Brahma qui serait apparu à Bouddha pour lever le voile du doute et le convaincre qu'il était en mesure d'enseigner sa doctrine aux hommes.

Nous sommes loin des sao muang habituels, d'autant plus que cette représentation n'est visible qu'une fois dans l'année lors du 8ème mois lunaire (mai/juin) et pendant seulement quelques jours ?!....

Le sanctuaire, le Viharn Inthakhin (วิหารอินทขิล) ou viharn Caturamukha, (วิหารจตุรมุข) est fermé tout au long de l'année ce qui n'est pas le cas pour tous les autres ''sao muang'' du royaume ?!...

   

Enfin, la colonne Inthakhin se trouverait à l'intérieur du socle ?!... Elle y serait alors comme emprisonnée et l'image de Bouddha serait comme le garant de cet enfermement … que de symboles !.... dont nous reparlerons dans la deuxième partie car ils sont loin d'être sans intérêt !....

 

 

L'héritier du roi Taksin (ตากสิน) (1734-1768-1782), son ami et beau frère Chao Phraya Chakri dit Rama Ier, (1737-1782-1809), le fondateur de la dynastie actuelle, soucieux de protéger son royaume, et peut-être de ne pas le perdre comme vient de le faire son prédécesseur, le 21 avril 1782 à 6 heures 54, soit 15 jours après son couronnement du 6 avril 1782, édifie un ''Lak muang'' qui sera l'une des premières constructions de Bangkok, voire son premier pilotis ou … sa première pierre et … le premier symbole portant le nom de … Lak muang.

Dès la pose de ce ''Lak muang'' la ville va entrer en chantier pour devenir la nouvelle capitale du Siam après Ayutthaya et … Thonburi que le roi Taksin était entrain de construire sur l'autre rive du Chao Praya.

 

Ce ''Lak muang'' est alors un symbole de superpuissance qui associe l'horoscope et le génie protecteur de … Chiang-Mai, une façon de lier et de rattacher symboliquement et définitivement le Lanna au Siam, qui alors n'était que vassal du Siam et pouvait se tourner vers un autre protecteur (suzerain) ou reprendre son indépendance ?!...

 

Comme le sud pouvait, lui aussi, se … désolidariser du Siam, un double (*) du ''Lak muang'' sera édifié au sein de la ville de Songkhla (สงขลา), une ville à l'origine malaise, donc musulmane, mais à forte population chinoise et dirigée depuis 1777 par un chinois.

Stratégiquement parlant, Songkhla était alors comme un ''muang tampon'' entre Bangkok et les sultanats vassalisés.

Pour les raisons qui précèdent le ''Lak muang'' est alors devenu un véritable instrument politique divin symbole d'unité, de protection et de prospérité du Siam.

 

 

(*) Par double il faut comprendre qu'il s'agit d'une représentation d'un même symbole, même si le ''double'' n'est pas une copie conforme de l'original. Les ''images'' de Bouddha sont multiples mais toutes se réfèrent à un seul et unique personnage.

Cette mise au point est capitale. Car il ne s'agit plus d'une ville ou muang qui passe un pacte avec le divin, mais de tout un royaume ou muang au sens le plus large.

Nota bene : Dans sa thèse, écrite sous l'œil attentif de l'éminent historien politique et ancien recteur de l'université de Thammasat M. Charvit Kasetsiri, (1941) (ชาญวิทย์ เกษตรศิริ) Mme Porpun Kerdphol, (เกิดผล) attribut l'érection du ''lak muang'' de Songkhla  à Rama 1er. Or dans l'historique de cette ville le ''Lak muang'' aurait été érigé le 10 mars 1842, c'est-à-dire sous le règne de Rama III ?!...

Y-a-il confusion avec l'abri ou sanctuaire du lak muang (ศาลหลักเมือง) ?... je n'ai pas pu le déterminer. En tout cas j'attache beaucoup plus foi au travail de Mme Kerdphol qu'aux dires locaux, même s'ils sont gravés dans le marbre.

 

 

      

 

 

Photo 1 : Le royaume de Siam, en jaune et en blanc, sous Rama II. La partie en jaune est La Thaïlande d'aujourd'hui et la partie en blanc sont les territoires rétrocédés par le Siam aux pays riverains à partir de 1867 et jusqu'en 1909.

Les étoiles mauves indiquent l'emplacement des anciens et nouveaux lak muang.

Photo 2 : L'autel situé à l'intérieur du sanctuaire où s'élève le ''Lak muang'' de Bangkok. Sur cet autel reposent cinq images représentant des divinités dont les noms et caractéristiques suivent. (Photos de 2010)

Photo 3 : ''Phra seua muang'' (พระเสิ้อเมือง). Cette divinité a pour rôle de veiller sur les organismes gouvernementaux et plus particulièrement les ministères. Il a aussi la charge d'être attentionné au bien-être et au bonheur des sujets du royaume.

Cette image de 93 cm de ''Phra seua muang'' (พระเสิ้อเมือง) placée sur l'autel, mais en arrière plan, est à la gauche du visiteur.

''Phra seua muang'' (พระเสิ้อเมือง) est coiffé d'un chadah, (ชฎา) et a pour attributs une sankha (หอยสังข์) (La conque de la victoire.) en main droite, et une épée en main gauche.

Photo 4 : ''Phra Song Muang'' (พระทรงเมือง). Cette divinité a pour fonction de protéger le royaume tant sur terre que sur eau, ainsi que les forces armées qui sont là pour défendre le royaume.

Cette image de 75 cm de ''Phra Song Muang'' (พระทรงเมือง) placée sur l'autel, mais en arrière plan, est à la droite du visiteur.

''Phra Song Muang'' (พระทรงเมือง) est coiffé d'un chadah, (ชฎา). Il a pour attributs un chakra (จักร) (*) en main droite, et une ou un gada (คฑา) (genre de masse) en main gauche.

 (*) Chakra (चक्र) est un mot sanscrit qui désigne le disque que tient le dieu hindou Vishnou. Il symbolise le centre de l'énergie spirituel et dans le monde bouddhique la roue de la loi, c'est-à-dire l'enseignement de Bouddha. Des corps armés thaïlandais en ont fait leur emblème.

 

 

Le successeur de Rama 1er, son fils Bouddha Loetia Nabhalaï dit Rama II (1767-1809-1824) (*) poursuivra l'œuvre de son père en dotant les villes de Nakhon Khuen Kan, (นครเขื่อนขันธ์) aujourd'hui Phra Pradaeng (พระประแดง) et Samut Prakan (สมุทรปราการ) d'un … ''Lak muang'' pour renforcer la protection divine et la prospérité du royaume.

 

 

 (*) La préoccupation de Rama II va être de protéger Bangkok au moyen de postes avancés, c'est pourquoi près de l'embouchure du Chao Praya et en bordure de mer il va faire édifier deux places fortes. La première et la plus proche de Bangkok sera Samut Prakan. Ce poste sera armé et doté d'un Lake muang en 1813.

Il est à noter que pour un Siamois, la dotation d'un ''lak muang'' est tout aussi importante que l'armement d'une place militaire.

La seconde, le fort de ''Pom Phlaeng Faifa'' (ป้อม แผลง ไฟฟ้า), sera construite à Phra Pradaeng entre 1814 et 1815 et un ''Lak muang'' y sera officiellement célébré le vendredi 2 juin 1815. Là encore, l'armement se fait de conserve avec la dotation d'un ''lak muang''.  

Avec Rama II, il y aura en tout trois ''Lak muang'' dans le royaume. Mais les trois ''Lak muang'' ne concernent qu'un seul et même ''génie protecteur'' c'est-à-dire Phra Lak muang.

 

 

Phra Nang Klao Chao Yu Hua dit Rama III (พระนั่งเกล้าเจ้าอยู่หัว) (1787-1824-1851) fera de même dans les villes de Cha Choeng Sao, (ฉะเชิงเทรา) Chanthaburi (จันทบุรี) et Battambang (พระตะบอง) qui, pour la dernière, malgré ce ''Lak muang'' retournera au Cambodge quelques 70 ans plus tard, le 23 mars 1907 très exactement, à cause pour les uns (Les Siamois) et … grâce pour les autres (Les Cambodgiens) … aux Français !.... qui déjà avaient soustrait en 1867 le Cambodge du royaume siamois. (*)

 

 

 (*) En 1833, sous Rama III, les Siamois et les Annamites s'affrontent pour la main mise sur le Cambodge. Le port de Chantabun ou Chantaburi conduit à Battambang par une route directe très fréquentée. Les Annamites ont la supériorité en mer et les Siamois, certains disent leurs éléphants, ont la supériorité sur terre.

C'est donc en toute logique siamoise qu'un ''Lak muang'' est installé à Chantaburi pour protéger le Siam d'un envahisseur par voie maritime, (les Annamites ?...) et un autre dans la région de Battambang pour se protéger des Annamites et … des Khmers dont certaines ''agitations'' n'étaient pas sans inquiéter les Siamois ?!.... 

Le lak muang de Battambang a du trouver place dans le poste de défense de Sangké (*) dans la province de Battambang. Car à l'époque la ville de Battambang avait été vidée de sa population par les Siamois, alors Battambang est à prendre comme désignant beaucoup plus la région que la ville … à mon avis ?!...

(*) Sangké est aussi le nom d'une rivière.

 

 

       

 

 

Photo 1 : Le royaume de Siam, en jaune et en blanc, sous Rama III. La partie en jaune est La Thaïlande d'aujourd'hui et la partie en blanc sont les territoires rétrocédés par le Siam aux pays riverains à partir de 1867 et jusqu'en 1909.

Les étoiles mauves indiquent l'emplacement des lak muang.

Photo 2 : ''Chao Pho Ho Klong''. Cette divinité est la représentation de ''Chao Phraya Si Surasak'' (เจ้าสีห์สุรศักดิ์) un chef militaire du temps du roi Taksin (ตากสิน) (1734-1768-1782). Il avait pour particularité d'encourager ses hommes en frappant un tambour ou Klong (กลอง). De ce fait il est le protecteur de la population et celui qui la prévient du moindre danger.

Cette image de 105 cm en bronze doré, est située, sur l'autel, au premier plan, et à gauche de l'image centrale.

''Chao Pho Ho Klong'' (เจ้าพ่อหอกลอง) est coiffé d'un chadah, (ชฎา) et a pour attributs une fleur de lotus en main droite et une corne en main gauche.

Photo 3 : ''Phra Kaan Chai Sri'' ou ''Phra Kan Chai Si'' (พระกาฬไชยศรี). Cette divinité est au service du dieu de la mort Yama, Phaya Yom (พญายม) en Thaïlande. Le rôle de ''Phra Kan Chai Si'' est d'envoyer en enfer tous ceux dont les actes négatifs l'emportent sur les actes positifs.

Cette image de 86 cm en bronze doré, est située, sur l'autel, au premier plan et au centre.

''Phra Kaan Chai Sri'' est coiffé d'un chadah, (ชฎา) et chevauche une monture ailée extraordinaire. Il tient une épée, un joyau et un pasa (*)

(*) Pasa (पाश) est un mot sanscrit qui peut se traduire par lasso. Ce pasa est utilisé pour combattre le désir et la luxure. Il est l'un des attributs des divinités suivantes : Ganesha, Ushnishavijaya, et Phra Kan Chai Si.

Photo 4 : ''Chao Pho Chetakup'' (เจ้าพ่อเจตคุปต์) ou Citragupta (จิตรคุปต์). Cette divinité est au service du dieu de la mort Yama, Phaya Yom (พญายม) en Thaïlande.

Le rôle de ''Chao Pho Chetakup'' est de recueillir les secrets de tout un chacun. Il a pour le seconder, deux aides ou scribes, Suwan (สุวรรณ) qui enregistre les bonnes actions de chacun et Suwaan (สุวาน) qui  consigne les actes indélicats.

Cette image de 133 cm, est située, sur l'autel, au premier plan et à droite de l'image centrale.

''Chao Pho Chetakup'' est coiffé d'un chadah, (ชฎา), et a pour attributs un crayon et un recueil, comme ses deux collaborateurs.

 

 

Mongkut dit Rama IV (มงกุฎ) (1804-1851-1868), le frère de Rama III, après une trentaine d'années de réflexion et de déplacements au travers du Siam en tant que moine, avant de devenir roi, va faire du bouddhisme l'élément fédérateur du Siam.

Il va réformer le bouddhisme et, ''oubliant'' les poteaux protecteurs et le Lak muang qu'il va … ''remiser'' sous les abris de l'histoire, (*) Rama IV va leur substituer un Bouddha, Phra Siam Theva Thirach (พระสยามเทวาธิราช) (**). Cette ''image'' à l'instar des Lak muang va devenir ''l'image unificatrice, salvatrice, mère de la richesse et de la prospérité du Siam''. Avec cette image une page se tourne, et une ère nouvelle doit s'installer.

Pour Rama IV, et à juste raison, le danger n'est plus ''indochinois'' mais … occidental et plus précisément Britannique et Français dont les prétentions commerciales et territoriales le tiennent en constant éveil. (***)

 

 

(*) En fait Rama IV va agir très finement, j'écrirai avec duplicité. Il ne va pas faire table rase des croyances du passé, mais les mettre à l'honneur pour mieux les … laisser sombrer dans l'oubli.

Cet homme fut un fin politique qui, face aux occidentaux par exemple, céda sur des ''choses'' mineures pour protéger l'essentiel, c'est-à-dire l'indépendance et le territoire de son royaume.

Alors concernant le lak muang de Bangkok il va lui chercher un horoscope soi-disant, et très certainement, plus favorable et le faire transporter, le 5 décembre 1852 à 8 heures 48, un an et demi après son couronnement du 15 mai 1851, là où il se trouve actuellement en 2013. Ensuite, il ne sera plus question de ce Lak muang jusqu'en … 1986 où il sera remis à l'honneur.

(**) Phra Siam Thevathirach (พระสยามเทวาธิราช) s'écrit aussi Phra Sayaam Thewathiraat, Phra Siam Devadhiraj … entre autres !...

(**) Cinq ans avant le décès du roi Mongkut dit Rama IV en 1868, le Cambodge et la France signent un protectorat (11 août 1863) qui ne sera reconnu par le Siam que quatre ans plus tard le 15 juillet 1867, soit un peu plus d'an avant la mort de Rama IV, le 1er octobre 1868.

A noter que le Siam, sur la présentation de faux documents (duplicité) et au grand dam du roi du Cambodge, Norodom 1er (1859-1904) lors de ce traité de 1867 se verra attribuer la région de Battambang et de Angkor ?!... Les Français ont alors été roulés dans la farine !...

La rétrocession des conquêtes du roi Taksin va s'accélérer sous Rama V, le fils de Rama IV.

 

 

       

 

Photo 1 : Le royaume de Siam, en jaune et en blanc, à la fin du règne de Rama IV. La partie en jaune est La Thaïlande d'aujourd'hui et la partie en blanc sont les territoires rétrocédés par le Siam aux pays riverains à partir de 1867 (*) et jusqu'en 1909.

(*) En 1867 le Cambodge était déjà sous protectorat français depuis le 11 août 1863 ; Mais le Siam n'a reconnu ce protectorat que le 15 juillet 1867 en conservant, par duplicité et au grand dam du roi Norodom 1er, laissé à l'écart des négociations, les provinces de Battambang et d'Angkor, en blanc sur la carte, signalées par une étoile mauve.    

Photo 2 : Phra Siam Thevathirach (พระสยามเทวาธิราช) la déité protectrice, ou l'ange protecteur du Siam créé à l'initiative du roi Mongkut dit Rama IV.

Cette image, haute d'environ 1 mètre 29 est en or. La déité tient à la verticale et de sa main droite l'épée royale ou Phra Khan Kasattrathirat. (พระขรรค์ กษัตราธิราช) De sa main gauche elle donne la bénédiction. Chaque semaine, le mardi et le samedi un culte lui est rendu dans la salle du palais royal de Bangkok, où elle se trouve.

Selon de nombreux blogueurs thaïlandais, ce serait grâce à cet ''ange protecteur'' que le Siam aurait échappé à la colonisation.

Photo 3 : Une réplique de Phra Siam Thevathirach (พระสยามเทวาธิราช).

Cette copie conforme à l'image originale aurait été conçue en 1975 (*) à l'initiative de Phra Uthai Thammathari (พระอุทัยธรรมธารี) dit Seng Sukhito (เส็งสุขิโต) alors supérieur du Wat Pamafai (วัดป่ามะไฟ) de Prachin Buri. (ปราจีนบุรี) dans la province de Sa Kéo (สระแก้ว).

(*) Pour mémoire : Au Cambodge depuis 1967 il y a la guerre civile, le 17 avril 1975 les khmers rouges entrent dans Phnom Penh … nombre de réfugiés cambodgiens sont et vont en Thaïlande et plus précisément dans la région de Sa Kéo. Dans cette province et celles des alentours (*) la tension, un sentiment d'insécurité et la peur de la guerre doivent monter. Pour ces raisons, à mon avis, ce n'est pas un ''hasard'' si au cours de 1975, avec l'accord royal, une réplique de la déité protectrice du pays a été conçue !.... La population et les forces armées sur le terrain se devaient d'être rassurées d'une façon ou d'une autre. Je n'ai trouvé aucun double de Phra Siam Theva Thirach ailleurs !...

(*) La province de Sa Kaeo a été créée en 1993 c'est pourquoi j'écris … ''et celles des alentours''.

Dix ans plus tard il fut décidé d'installer la réplique de Phra Siam Thevathirach dans la ville d'Aranyaprathet, (อรัญประเทศ) qui depuis le Cambodge est comme une porte qui donne accès à la Thaïlande. C'est à Aranyaprathet que passe la route 33, celle qui relie la ville de ''Siem Reap'' au Cambodge à Bangkok en Thaïlande.

La première pierre de ce sanctuaire fut posée le 20 décembre 1985 à 14 heures 19, et la mise en place de l'image eut lieu le 6 avril 1986 à 16 heures 19. Le 6 avril en Thaïlande est le jour dédié à la dynastie des Chakri.

Aujourd'hui cette image protège tous les combattants au service du royaume ainsi que les civils des environs.

Photo 4 : Une des nombreuses médailles à l'effigie de Phra Siam Thevathirach (พระสยามเทวาธิราช) qui se substitua un temps durant au ''Lak muang'' qui va redevenir en … ''vogue'' ?!...

 

 

En 1944, un certain Plaek Phibun Songkhram (1897-1964) (แปลก พิบุล สงคราม) (*), dictateur de son état et grand admirateur de Mussolini rêvait d'un grand empire réunissant tous les T'aïs. Alors il va renouer avec la tradition en mettant sous les feux des projecteurs le pilier de la ville de Phetchabun (เพชรบูรณ์) en spécifiant qu'il s'agissait de remettre à l'honneur un symbole de la fierté nationale indissociable du patrimoine culturel Thaïlandais.

Ce pilier en pierre vient de la ville de Sri Thep, (ศรีเทพ) une ancienne cité Mône de civilisation Dvāravāti située à environ 100 kilomètres de Phetchabun. Cette précision permet d'écrire qu'il est vraisemblablement le plus ancien objet de ce genre en Thaïlande et … que le pilier Inthakhin de Chiang-Mai aurait – peut-être - quelques points communs avec lui ?!... mais nous y reviendrons en deuxième partie.

 

C'est le prince Damrong Rāchānupārp ou Rājānuphāp (1862-1943) (ดำรงราชานุภาพ) (**) un frère de Rama V, et un homme à multiple casquettes dont celle d'historien qui en 1804 le fit transporter à Phetchabun.

Compte tenu de la mise à l'index évidente de Phibun je n'ai pas pu savoir quel avait été le rôle de ce dernier concernant ce pilier ?!...

Lui a-t-il commandé son sanctuaire actuel ?... ou en a-t-il fait un nouveau et super puissant ''Lak muang'' par le biais d'une cérémonie ?!.... je l'ignore !...

Toujours est-il que ce pilier est aujourd'hui appelé ''pilier de la ville'' ou  ''Sao lak muang''.

 

 

(*) Ce dictateur rêvait d'un empire T'aï. Alors que les conquêtes restaient à faire, la carte de l'empire était déjà éditée. (Vrai de vrai)

Phibun se serait bien vu empereur et vraisemblablement le fondateur d'une nouvelle dynastie. Il a su se substituer au jeune roi de l'époque, Ananda Adulyadej dit Rama VIII (1925-1946) le frère aîné du roi actuel, qui alors étudiait en Suisse et était âgé tout juste de 13 ans. Autant dire que le Phibun en question avait les mains libres.

En s'appropriant du pouvoir Phibun s'est comporté en vrai roi divin de la tradition bouddhique, en ''Chakravartin'', un roi au pouvoir absolu … ou presque pour Phibun, alors qu'il fut l'un des acteurs de l'instauration de la monarchie constitutionnelle ?!....

 

C'est ce Phibun qui engagea les hostilités avec la France dès la capitulation Française du 17 juin 1940,  (Courageux mais pas téméraire !...) d'autant, qu'en attendant son heure, trois ans plutôt il avait porté le service militaire des Siamois à deux ans, et commencé à doter ses forces militaires d'un équipement à la pointe du progrès !...

C'est encore ce Phibun qui fut à l'origine du nouveau nom du Siam … c'est-à-dire ''Thaïlande'', un nom qui fut préféré à ''Muang Siam'' (เมืองสยาม) et ''Prathet Siam'' (ประเทศสยาม).  En fait il ne s'agissait pas tant de rejeter un nom, celui de Siam, qui aurait été donné par les étrangers, mais de préparer les Siamois ou l'opinion publique du royaume à prendre à cœur le rôle de leader de toutes les communautés t'aïes du Sud-est Asiatique.

 

Phibun et son ministre de la propagande, (*) qui était aussi le directeur des beaux arts de Bangkok, Luang Wichit Wathakan (หลวงวิจิตรวาทการ) ou Vichit Vadakan (1898-1962) copièrent le modèle de la propagande allemande pour réaliser leur projet de ''Grand Siam''.

Cette propagande allemande n'avait-elle pas permis, sans le recours des armes, aux minorités germaniques et surtout à l'Autriche de se joindre à la mère patrie ?... et d'opérer une redéfinition spectaculaire de la carte politique de l'Europe ?...

Luang Vichit n'affirmait-il pas qu'il y avait treize millions de T'aïs en … Thaïlande, mais aussi … vingt trois millions en dehors de la mère patrie qui peuplaient le sud de la Chine, l'Indochine Française, la Birmanie Britannique, la péninsule malaise, l'Inde et … le Tibet ?!.....

(*) Pour la petite histoire … les deux hommes se connurent à … Paris en faisant leurs études. Vichit se maria même à une française dont il eut deux enfants.

Ce dernier, fidèle à Rama VII, refusa de participer au coup d'état qui mit fin à la monarchie absolue. Vu la suite des événements Phibun n'a pas eu l'air de lui en avoir tenu rigueur !...

 

Ce mégalomane, Plaek Phibun Songkhram, avait même envisagé de faire de sa ville natale, Saraburi, la nouvelle capitale de la Thaïlande voire de l'empire T'aï ?.... qui peut savoir ?!... Le projet fut rejeté en mai 1942.

Revenant à la charge, il jeta ensuite son dévolu sur Phetchabun tout en envisageant de faire de Saraburi la Rome du bouddhisme. Alors tout comme Rama 1er, vraisemblablement pour protéger son futur empire, le ''pilier môn'' de Phetchabun du lui paraître tout à fait adéquate pour devenir un … ''Lak muang''. Mais en Juillet 1944 son projet de nouvelle capitale ne fit pas l'unanimité et Phibun fut … désavoué et … obligé de démissionner. Le débarquement du 6 Juin 1944 et y aurait-il été pour quelque chose ?.... Vraisemblablement … oui !...

 

Ce ''Lak muang'' de Phetchabun aurait il été de bon augure pour la Thaïlande ?...

''Phra Lak Muang'' seul pourrait le dire, cependant force est de constater que la Thaïlande s'est plutôt bien sortie d'un conflit où elle était l'alliée du Japon !... ainsi d'ailleurs que Phibun qui arrêté en tant que criminel de guerre sera libéré à la demande de son bon peuple dont il était le père (Po) et … à la faveur d'un coup d'état reviendra au pouvoir pour servir les américains avec le même zèle qu'il avait déployé pour servir les Japonais !.... (L'histoire est un éternel recommencement !...).

 

(**) Le prince Damrong Rāchānupārp était le 57ème enfant de Rama IV, de ce fait le demi-frère du roi Chulalongkorn dit Rama V, son aîné de 9 ans, et l'une de ses ''mains'' (de fer ?) au ministère de l'intérieur avec, pour la deuxième main, le prince Devavongse Varoprakarn (1858-1932) (เทวะวงศ์วโรปการ) à la tête des affaires étrangères.

''Le Siam est grand et en dehors de lui pas de salut'' fut la devise de ce  ministre de l'éducation puis de l'intérieur qui ne ménagea pas ses efforts pour unifier le Siam et, en tant qu'historien émérite, lui donner un glorieux et lointain passé.

Il est aujourd'hui considéré comme le père de l'archéologie et de l'histoire de la Thaïlande, une histoire qu'il a souvent ''arrangée''.

C'est lui qui engagea en 1918 le Français Georges Cœdes en tant que conservateur de la bibliothèque nationale ''Vajirañãna'' (วชิรญาณ) pour succéder à l'allemand qui occupait ce poste. (1ère guerre mondiale obligeait !... le Siam avait choisi le camp des alliés … presqu'à la fin des hostilités !...).

Le prince Damrong Rāchānupārp fut arrêté le jour du coup d'état de 1932, le 24 juin. Ensuite il vivra en exil à Penang de 1933 à 1942 et viendra mourir le 1er décembre 1943 dans son palais de Varadis (วังวรดิศ) de Bangkok dont l'une des bibliothèques comptait pas moins de 7.000 ouvrages !....  Ce palais est ouvert au public.

 

 

      

 

 

Photo 1 : Le royaume de Siam, en jaune, avant la guerre éclaire (4 mois) avec la France. À vue d'œil Phetchaburi ou Phetchabun se serait trouvé au centre de l'empire.

Photos 2 – 3 – 4 : Le sao muang de Phetchaburi ou Phetchabun hérité des môns.

Il s'agit d'un bloc de grès de forme parallélépipédique se terminant par une pointe pyramidale bien émoussée, sans doute par le temps. Ce bloc mesure 184 cm de haut, 30 cm de large et entre 15/16 cm d'épaisseur.

Selon l'auteur du site sur lequel je me suis appuyé pour écrire ces lignes, et dont les références du site suivent, Wison Kositanont (วิศัลย์ โฆษิตานนท์), il y aurait sur la stèle deux types d'écriture, du sanskrit sur une face et du khmer sur l'autre. Sur l'une des faces dont le texte daterait d'un millier d'années, il est question de Shiva et sur l'autre, de moitié plus jeune, de Bouddha.

Wison Kositanont, avec le plus grand respect vis-à-vis du prince Damrong, écrit aussi que les commentaires du prince concernant cette stèle sont … ''susceptibles d'être inexacts'' ?!... (Un art de … délicatesse.)

Ces trois photos proviennent du site :

https://th-th.facebook.com/notes/wison-kositanont/สาหลักเมืองเพชรบูรณ์-ทรงคุณค่ายิ่งกว่าเสาหลักเมือง-/10150153712442168?ref=nf

 

 

Après la seconde guerre mondiale, et au fil des ans certaines villes ou villages thaïlandais vont se doter d'un pilier protecteur.

Faut-il voir dans cet acte un désir de renouer avec la tradition ou un besoin de se protéger ?... voire les deux à la fois … difficile à dire !...

 

Toujours est-il que ce n'est plus le pouvoir central qui prend l'initiative de la pose d'un ''Sao lak muang'' mais des édiles locaux, voire la population, qui décident de doter leur ville ou leur village d'un pilier protecteur.

Ce mouvement attire l'attention du ministère de l'intérieur qui en 1992 fait paraître une circulaire à ce sujet. Fallait-il recadrer certains rites ?...

C'est aussi vers cette période que j'ai constaté que le yuon, la langue du royaume du Lanna, s'affichait à nouveau. Car elle fut interdite.

J'ai même vu en 2013 des temples qui n'affichaient leur nom à leur entrée qu'en lettres Yuon ?!...

 

Les génies protecteurs :

Les piliers protecteurs sont censés être la demeure d'un génie protecteur, et de nombreuses légendes circulent au sujet des génies protecteurs, dont celles consistant à en ''fabriquer'' lorsque le besoin s'en faisait sentir !....

Ainsi par exemple le marchand hollandais Jeremias Van Vliet, (1602-1663) dans son livre ''Description du royaume de Siam en 1638'', écrit que des femmes enceintes ont été sacrifiées pour devenir les gardiennes des portes de la ville d'Ayutthaya.

Monseigneur Jean-Baptiste Pallegoix (1805-1862) tel un bon jésuite, ce qu'il n'était pas, écrit dans l'un de ses livres, que son confrère Monseigneur Barthélémy Bruguières (1792-1835) dans l'une de ses lettres fait état d'immolations qui métamorphoses les victimes en génies que les Siamois appellent ''Phi''. (Fantômes ou esprits)

Il précise même que de simples particuliers font de leurs esclaves des gardiens des trésors qu'ils ont enterrés.

 

Aucune preuve n'est venue étayer ces légendes, et il est difficile de penser qu'elles soient vraies dans la mesure où l'un des préceptes bouddhiques interdit le meurtre. Ce qui n'empêche pas, il est vrai, à certains bouddhistes de devenir des meurtriers. Mais c'est l'exception qui confirme la règle.

 

Conclusions :

 

Le lak muang a accompagné la formation territoriale de la Thaïlande et la mise en place de son nationalisme. Il a été, et demeure, le symbole de l'unité du royaume et surtout son protecteur.

Cet ''élément'' fondamental, essentiel et primordial du muang ou plus exactement du royaume recèle toutes les caractéristiques de l'humble ''sao muang'' propre à chaque communauté villageoise, à la différence que ses effets bénéfiques sont sans commune mesure puisqu'il concerne tout un royaume et non plus un village.

 

Pour se hisser au rang des occidentaux l'élite siamoise d'abord et Thaïlandaise ensuite s'est construit une Histoire afin d'avoir un passé digne et glorieux, et a ''revisiter'' certaines de ses valeurs traditionnelles pour les adapter aux besoins modernes de leur cause.

Le bouddhisme et le traditionnel ''sao muang'' comptent parmi les valeurs qui furent revisitées. Mais en Thaïlande, comme partout ailleurs, le temps émousse le sens des valeurs et parfois change la signification des mots.

Ainsi aujourd'hui la population thaïlandaise emploie facilement ''Lak muang'' pour ''sao muang'' et vice-versa. De ce fait le lak muang d'origine,  n'a plus le charisme de ses débuts, car il n'est plus … seul et unique.

 

Par ailleurs, sauf erreur de ma part, car je suis peut-être passé à côté de certains textes, le ''Lak muang'' originel n'a pas véritablement d'histoire, contrairement à ''l'Indrakhin'' (*) de Chiang-Maï, qui est le ''sao muang'' made in Chiang-Maï, dont l'origine remonte à la nuit des temps.

Il est vrai que Chiang-Maï a dépassé les 700 ans et que Bangkok avec ses 200 ans et des poussières, fait tout à côté, figure de gamin !...

 

Maintenant que le ''Lak muang'' vous est devenu plus familier, je vous propose de remonter dans le temps et de découvrir le ''Sao muang'' ou l'Inthakhin (*) de Chiang-Mai dans la deuxième partie de ce triptyque.

 

 

(*) Les deux mots se disent et ont pour même origine le dieu Hindou Indra.

   

 

     

 

 

Photo 1 : Le ''san lak muang'' (ศาลหลักเมือง) ou sanctuaire où est abrité le lak muang de Bangkok.

Photos 2 : Une scène théâtrale à l'intérieur de la galerie conduisant au sanctuaire du lak muang de Bangkok.

Photos 3 : Le ''san lak muang'' (ศาลหลักเมือง) ou sanctuaire où réside le ''sao muang'' ou l'Inthakhin de Chiang-Maï au Wat Chédi Luang.

 

 



28/05/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 298 autres membres