MerveilleuseChiang-Mai

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PETITE LALA (LA)

LA PETITE LALA                  (Mercredi 14 Mars 2007)

 

 

Les hommes m'étonneront toujours. Autant par leurs générosités que par leurs mesquineries. Car à soixante ans passés je m'obstine encore à croire aux fadaises morales qui m'ont été mises en tête par mes parents.

 

Il est vrai qu'elles sont si belles que quelque part, ils devaient avoir raison de me les avoir inculquées.

 

D'ailleurs malgré tous mes efforts pour passer outre ''leurs vérités'', ne pouvant y parvenir, j'ai fait de leurs vérités, mes vérités.

 

Souvent à causes d'elles je passe pour un crétin, un naïf et que sais-je encore !... Mais c'est aussi grâce à elles que je me sens bien dans ma tête, dans mon corps et dans le monde.

 

 

Cependant, ces aspirations qui vous sont instillées au fil des ans sont une chose, et la réalité en est une autre. Alors il m'arrive de ne pas être très fier de certains de mes actes, et d'être aussi très peiné des réactions égoïstes de certains hommes !....

 

 

En l'occurrence, dans la narration qui va suivre, ce n'est pas un homme qui m'a causé de la tristesse et qui a fait naître en moi un sentiment de désabusement, mais une femme, un joli petit brin de femme.

 

Elle s'appelait et se nomme toujours : Lala.

 

Lala doit avoir dans les vingt cinq à trente ans. Et les fées lui ont donné un corps de déesse, et un visage de nymphe. Car cette petite Tanagra vivante est aussi  gracieuse que gracile !....


Elle a vu le jour, et a été baptisée, dans un petit village Lisu, situé quelque part dans l'état Shan de la Birmanie. Ses conditions de vie n'étaient alors pas bien reluisantes.

 

Une petite maison en bambou abritait toute sa famille. Et ses parents, tout en élevant quelques porcs récoltaient du riz, du sarrasin, et aussi un peu de maïs.

 

Pour fuir cette pauvreté, et une vie qui s'annonçait pleine de misères, aux alentours de ses seize ou dix sept ans, Lala décida d'immigrer en Thaïlande.  Elle sortait alors tout juste de la grande école de la ville voisine et pour cette raison elle se ''débrouillait'' plutôt bien en anglais.

 

 

Lorsque la petite Lala débarqua à Chiang-Mai, elle n'avait pour tout bagage que sa beauté, sa jeunesse, et sa rage à vouloir s'en sortir.

 

 

De petits boulots en petits boulots, elle se retrouva vendeuse au marché de nuit. Et un soir, il lui arriva ce que le destin lui avait mitonné dès sa naissance et en accord avec ses bonnes fées ?!...

 

Un homme vint à passer et à repasser, maintes et maintes fois, devant son échoppe.

 

 

Mais ce client contrairement à tous les autres semblait s'intéresser beaucoup plus à la vendeuse qu'à ses articles.

 

D'ailleurs il serait aujourd'hui incapable de dire ce que Lala vendait alors, tant il avait été fasciné par la belle enfant. Cet homme, c'était un Français,  Albert !...

 

Il était loin d'avoir les atouts physiques de la ravissante et magnifique Lala, bien au contraire !...

 

Pourtant, on ne pouvait pas dire qu'il fût laid. Néanmoins il ressemblait beaucoup plus à un bouddha Chinois ventripotent qu'au David de Michel Ange ou à un adonis quelconque !...


Et puis, il était aussi beaucoup plus en âge d'être le grand père de la petite Lala que sa moitié ; Une moitié qui soit dit en passant pesait plus du double,  voire du triple, de l'innocente enfant !....

 

 

Heureusement pour la survie de la race humaine d'autres facteurs que ceux de l'esthétisme et de l'âge participent aux rapprochements des sexes !...

 

Ce fut d'ailleurs le cas. Seulement il aura fallu six longs mois pour que le rapprochement des deux êtres répondît aux attentes et aux espoirs d'Albert !...

 

Jamais en tant que prince ''charmant'', guerroyant en terres du Lanna, il n'avait mis autant de temps pour conquérir la fleur d'une damoiselle.

 

Comme c'était un cartésien il mit cette longue campagne amoureuse sur le compte de l'éducation Chrétienne qu'avait reçue Lala dans son petit village des montages !...

 

 

 

Après la victoire d'Albert, et peut-être aussi de Lala, les événements s'enchaînèrent très vite. La demoiselle devenue femme se retrouva aussi maîtresse de maison, mais dans une très grande et très belle maison.

 

L'une de ces maisons qui constituent les nombreux ''moubans'' qui poussent comme des champignons tout autour de Chiang-Mai. Et qui, lorsqu'elles sont habitées par au moins un farang, sont meublées !...

 

 

Mais malgré les meubles et les ustensiles de cuisines, la petite Lala, si elle consent à s'asseoir autour d'une table pour prendre ses repas, continue de manger son riz avec le bout de ses doigts, exactement comme sa petite fille.

 

Car Lala a mis au monde successivement, une fille et un  garçon. Tous les deux sont aussi charmants que leur mère, et l'avenir dira de quels dons ils ont hérité de leur père !...


En plus de ses deux et beaux enfants, au cours des ans, Lala eut une carte d'identité Thaïlandaise, et son échoppe au marché de nuit.

 

Ainsi, la petite Lisu, après avoir été une immigrée vendant au noir, était devenue une patronne Thaïlandaise. Et ses affaires marchaient plutôt bien.

 

Et puis un jour, sa cousine qui remplissait la fonction de femme de ménage dans sa grande maison lui annonça sa décision de la quitter. Celle-ci avait décidé d'aller rejoindre définitivement son mari et ses enfants qui vivaient en pays Shan, de l'autre côté de la Frontière, et dans le village qui avait vu naître Lala.

 

 

Alors Lala se mit en quête de trouver une autre femme de ménage. Et ce fut ainsi qu'une autre Birmane succéda à la cousine.

 

Lorsque Lala et Albert discutèrent du salaire à donner à cette femme de ménage, Albert proposa de la payer 5000 bahts par mois, comme si c'était une employée Thaïe. D'autant que 5000 bahts pour Albert c'était une goutte d'eau dans l'océan de ses euros !....

 

Mais à sa grande surprise Lala s'y opposa en disant que 3.000 bahts c'étaient très bien payé, d'autant que l'employée était nourrie, logée et que… c'était une Birmane !...

  

Et il est vrai, tout du moins à Chiang-Mai, que les Birmans, pour un travail identique, sont toujours payés moins cher que les Thaïlandais !...

 

Néanmoins, les bras d'Albert lui en tombèrent. Et comme la plupart des hommes dans ces cas là, pour avoir la paix, il préféra ne pas poursuivre la conversation et s'en tint aux trois mille bahts par mois.

 

 

S'il est vrai que l'argent ne fait pas le bonheur !... Souvent, il endurcit malheureusement les cœurs !.....



30/08/2009
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