CHIFFRE PORTE-BONHEUR ?!... (UN)
UN CHIFFRE PORTE-BONHEUR ?!…
En ce beau royaume du Lanna, j'ai entendu dire qu'une plaque minéralogique comportant le chiffre "9" était d'excellent augure pour celui qui conduisait le véhicule où elle était vissée ou rivetée.
Car le chiffre "
D'ailleurs naguère, pour avoir ce chiffre "magique" dans son numéro d'immatriculation il suffisait que le nouvel immatriculé versât un pot de vin !...
Aujourd'hui, les caisses de l'Etat ayant pris le relais des poches des fonctionnaires accrédités, et peu scrupuleux, ce type de numéro est carrément mis en vente. Et c'est le plus offrant qui l'emporte.
Le "
En ce qui me concerne, cette confiance aveugle dans le chiffre "
Mais peut-être que les effets négatifs du zéro furent plus forts que les effets positifs du neuf ?... Ou encore, peut-être que sans les trois neufs de cette journée, celle-ci aurait pu être encore pire que ce qu'elle ne fût ?!...
Mais plutôt que de chercher à taquiner ceux qui sont persuadés de la puissance du "
Après bien des tribulations, narrées dans une chronique précédente particulièrement longue, je m'étais payé l'an passé deux permis de conduire, l'un pour une mobylette et l'autre pour une voiture.
Au Lanna on ne passe pas un permis de conduire, on se le paie. D'ailleurs ce qui va suivre va abonder dans ce sens.
Le 26 septembre de cette année, ces deux permis provisoires, d'une durée d'un an, arrivaient à expiration. Et l'employée qui me les avait "vendus" l'année dernière, avait bien insisté pour que je les renouvelasse en septembre 2009.
Comme le 23 septembre je devais partir pour Shanghaï et ne revenir que le 3 novembre, je m'étais dit que pour ne pas rouler avec un permis périmé à mon retour, je devais faire le nécessaire avant mon départ.
C'était plutôt logique.
Mais ma logique, une fois de plus, s'est heurtée à celle qui a cours, en général, en ce beau royaume, et en particulier aux normes qui déterminent les critères des programmes informatiques !...
Donc, pour satisfaire à cette formalité, j'étais allé à Hang-dong, c'est-à-dire là où se trouve l'administration routière chargée de la délivrance et du renouvellement des permis.
J'y avais retrouvé la fonctionnaire de l'an passé, celle qui parlait un peu le français, et qui après avoir bien examiné mes permis, m'avait donné toute une liste de formulaires à lui rapporter pour leur renouvellement.
En parcourant cette liste d'un œil distrait, je découvris alors que les nouveaux permis étaient attribués pour cinq ans, et non plus pour trois ans, comme l'année dernière.
Je découvris aussi que leur coût avait carrément doublé et que le trésor thaïlandais gagnait ainsi deux ans de taxe, tout en repoussant d'autant l'obtention du permis définitif.
Car durant ces deux ans, rien n'empêche la loi d'être remodifiée … aux dépens des demandeurs et aux bénéfices des caisses du royaume … évidemment !....
Bref, avec le sourire au coin des lèvres, comme l'année dernière, j'avais repris le parcours du combattant pour aller à la quête des différents documents qui m'étaient demandés.
Je commençai d'abord par aller passer une visite médicale, dans la même clinique que l'année dernière.
Comme j'avais demandé deux certificats médicaux, un pour chaque permis, cela me valut de payer une visite pour le prix de deux … soit deux cents bahts.
A cinq minutes la visite, cela met l'heure d'un toubib à 2.400 bahts !... c'est-à-dire à environ 50 euros de l'heure !
A mon avis, il doit y avoir un deal entre cette clinique et les autorités policières. Car dès mon arrivée je fus "examiné", et sans attendre … une seule seconde !...
Le tout, prise de ma tension et de mon poids, plus la discussion avec "la" toubib, pour savoir si je reconnaissais mes couleurs, fut bâclé en cinq minutes. Là j'aurai mauvaise grâce à me plaindre, hormis le prix !...
Puis le lendemain, c'est-à-dire le mercredi 09/09/09 à 9 heures du matin, je m'étais présenté aux services de l'immigration pour demander un certificat de domicile, et là encore en deux exemplaires.
Comme il me manquait deux photos d'identité il me fallut retourner chez moi, et chemin faisant … catastrophe !...
Alors que je quittai une rocade, en tournant à ma gauche et en roulant bien à gauche, j'étais l'unique usager, un véhicule de gros gabarit arrivant dans mon dos, virant lui aussi sur sa gauche, en me doublant me heurta à l'épaule droite et m'envoya dans le décor.
Ce mode de conduite est typique du "Khon Chiang-Maï".
En effet, lorsqu'un Thaïlandais tourne, par exemple à gauche, il se déporte un maximum sur sa droite avant de virer, et dès qu'il a tourné il se rabat un maximum sur sa gauche. Et malheur à celui qui se trouve sur son passage.
Ce fut, hélas, malheureusement mon cas. Alors j'écopai de quelques écorchures assez profondes aux membres du côté gauche, et de deux énormes bleus, comme je n'en avais encore jamais eus.
Après quelques soins auto-administrés, de désinfections à l'alcool et de protection au sparadrap, j'étais retourné à l'immigration.
Et là, il me fallut attendre une heure vingt la délivrance de ces deux certificats de domicile qui ne demandaient pas plus de trois minutes de travail et qui me coûtèrent néanmoins la bagatelle de 1.000 bahts. C'est-à-dire cinq cent bahts par certificat. (*)
Puis avec tous ces papiers je m'étais à nouveau présenté auprès de la fonctionnaire qui articulait quelques mots de français.
Après avoir revérifié tous mes papiers, elle me demanda alors deux nouvelles photocopies de ma carte d'embarquement afin de compléter mes deux dossiers.
Elle voulait avoir la date de mon départ du pays, comme si les photocopies de mon visa ne les lui donnaient pas !...
Bref !... J'obtempérai et je fus invité à aller chercher un numéro d'attente pour être photographié et mis en carte.
Après une bonne demi-heure d'attente mon tour arriva.
Comme tout semblait aller, et qu'aucun papier ne manquait à l'appel, mon dossier fut alors transmis à une secrétaire pour qu'elle entrât les informations me concernant dans son ordinateur.
D'où j'étais assis, dans l'attente de cette avant-dernière et ultime étape, quelque chose me disait que mon dossier mettait la demoiselle en difficulté.
Je vis aussi que ses difficultés étaient telles qu'elle en référa à celle qui avait vérifié la constitution de mon dossier.
Et comme celle qui avait monté mon dossier semblait se heurter aux mêmes, ou à la même difficulté qu'elle, elle alla trouver une femme qui devait être sa supérieure hiérarchique.
Mais la position hiérarchique n'étant d'aucune utilité en l'affaire, je fus appelé.
Alors tout en m'efforçant de garder mon sérieux, et même en me mordant un peu les lèvres pour ne pas rire, je me levai en me demandant ce qu'elles allaient bien pouvoir m'annoncer cette fois-ci !...
L'annonce ne tarda pas. L'ordinateur ne pouvait pas prendre en compte mon dossier parce que je venais trop tôt pour le renouvellement de mes permis. Un an c'était un an et pas onze mois et 17 jours !...
Tout en montrant mon visa chinois, j'expliquai alors les raisons pour lesquelles je venais plus tôt, et je demandais aussi pourquoi mon dossier avait été accepté.
Par ailleurs, comme j'allais en être pour 1.200 bahts de ma poche, car les certificats, médical et de résidence, ne sont valables qu'un mois, je demandais aussi qui allait me rembourser ?....
La chef et sa subalterne se défilèrent dans une pièce voisine comme par enchantement, me laissant seule avec la secrétaire !...
Plutôt que de faire un scandale, car je devais revenir, je récupérais tous mes papiers et je m'en allais en me disant que la prochaine fois j'allais très certainement m'entendre dire que je venais trop tard pour faire le renouvellement de mes permis.
En tout cas le trésor thaïlandais n'aura rien perdu dans l'histoire, et une fois plus c'est le Farang qui en aura été de sa poche.
En conclusion, ce 09/09/09 restera dans ma mémoire, non comme un chiffre de bon augure mais plutôt comme un chiffre porte-malheur !...
Mais, sait-on jamais ? Peut-être est-ce grâce à lui que je ne suis pas passé dans l'autre monde ?...
Dans l'incertitude, peut-être vaut-il mieux ne jurer de rien ?!...
EPILOGUE : Le 5 Novembre j'ai obtenu mes deux permis en deux heures et demie, moyennant la somme de mille soixante bahts, en plus des mille deux cents bahts nécessaires pour l'obtention des certificats médicaux et de résidence. Comme quoi qui peut le plus, peut le moins !...
(*) Le salaire mensuel d'un serveur dans une Kougnkata (restaurant spécialisé dans les crevettes) est de 6.500 bahts. Cela signifie que 1.200 bahts représentent alors 18,46% de son salaire.
En France, un retraité qui aurait 600 euros de retraite (une petite retraite.) devrait alors payer ces papiers la modique somme de 110 euros !...
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