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COQUELICOT (Le) - ou le Papaver Rhœas Linné 1753

 

 

                     COQUELICOT (Le)

 

                         ou le Papaver Rhœas Linné 1753

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Photo 1 : Gravure d’un coquelicot ou papaver Rhœas extraite de la collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle de Paris – Vol.41 – t 44

Photo 2 : Gravure d’un papaver oriental L. extraite de la collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle de Paris – Vol.41 – t 47

Photo 3 : Gravure d’un papaver somniferum de N. Robert, extraite de la collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle de Paris – Vol.41 – t 48

 

En février dernier, après avoir visité en famille la maison de l’opium, et non le musée de l’opium (*), qui se tient dans le fameux triangle d’or, et plus particulièrement dans la petite bourgade de Sop Ruak, l’idée d’écrire ‘’quelque chose‘’ sur le pavot s’est fait jour dans mon esprit.

 

(*) Un camarade m’avait conseillé d’aller visiter la maison de l’opium plutôt que le musée, soi-disant selon ses dires, peu intéressant. Il est vrai qu’à la maison de l’Opium nous n’avons pas été déçus.

 

Tout d’abord, j’avais envisagé, en quelques mots, de présenter le genre, c’est-à-dire les ‘’papavers‘’. Puis, lorsque j’ai découvert qu’il comptait plus de cent cinquante espèces j’ai vite compris qu’il me fallait devenir plus modeste. C’est pourquoi je me suis fixé l’objectif de ne traiter que trois espèces de pavots, à savoir :

 

1/ Le Papaver Rhœas plus connu sous le nom de Coquelicot et endémique de France..

2/ Le Papaver Orientale ou Pavot de Tournefort

3/ Le papaver Somniferum plus connu sous le nom de Pavot à opium.

 

Ces ‘’papavers‘’ appartiennent à la famille des ‘’Papaveraceæ‘’ ou ‘’Papavéracées‘’. Deux noms, l’un latinisé et l’autre appartenant au langage commun, formés à partir du nom du genre ‘’Papaver‘’.

 

 

Origine et étymologie du mot ‘’papaver‘’ :

 

En botanique, le mot ‘’papaver‘’ est un mot très ancien qui déjà servait à désigner certaines plantes, mais pas forcément les mêmes. Car chaque médecin, pharmacologue ou botaniste de l’antiquité nommait à sa façon les plantes qu’il répertoriait. Par exemple, on découvre le mot ‘’papaver sativum‘’ dans l’un des volumes de ‘’l’Histoire naturelle de Pline l’ancien (23-79 av. JC) (*). Pline donne d’ailleurs la définition ‘’blanchi avec des pavots‘’ concernant l’adjectif ‘’păpāvĕrātus‘’ et pour ‘’papaverata toga‘’ : Toge d’une éclatante blancheur.

 

(*) Quelques auteurs vont même jusqu’à écrire, en se référant à Pline l’ancien que papaver viendrait du sanscrit papavara, papavera, ou papavira, un mot qui servait à désigner le pavot et se traduirait par : suc empoisonné, jus pernicieux ou mauvais suc.

 

Théophraste (311-288 av.JC) et Pedanius Dioscoride (Entre 20/40-90) (*) de leur côté parlent du ‘’mécon hemeros‘’, mécon étant un mot grec sur lequel nous reviendrons et qui servait à désigner le pavot.

 

(*) Dioscoride a même nommé un ‘’mecon rhoeas ou rhoias‘’, un ‘’mecon heraclea ou heracleum ou aphrodes‘’ et même … un ‘’papaver spumeum‘’.

 

Le mot de ‘’papaver‘’ figure aussi dans ‘’l’herbarius du Pseudo-Apulé‘’ (*) qui décrit 131 plantes dont le papaver. A noter que Pseudo-Apulé reprend de nombreuses descriptions de Pline qui nomma un ‘’papaver paralias‘’ ?! ...

 

(*) Le terme de ‘’Pseudo‘’ précède Apulé (Apuleius) (v.123- ap.170) parce que ce ne serait peut-être pas lui qui aurait écrit cet ‘’Herbarius‘’. Il lui a été attribué faute d’un véritable auteur et parce qu’à l’époque il était un grand homme de lettres.

 

Le mot ‘’papaver‘’ a cours en France lors du XIIIè siècle. C’est pourquoi on le trouve en page 194 du Tome V, allant des lettres Q à Z du ‘’Lexique Roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours‘’ paru en 1842 de François Just Marie Raynouard (1761-1836). Ce dernier, le concernant écrit : ‘’suc de papaver, de semperviva‘’.

 

Deux siècles auparavant, le grammairien français Gilles Ménage (1613-1692) écrivait que le mot ‘’pavot’’ viendrait de pappus, pappus, paputus, pappotus et pavotus. Ce mot de ‘’pappus‘’ aurait la signification de : ‘’duvet des pavots et autres fleurs semblables‘’ ; et il précise que ce mot d’origine latine aurait été tiré d’un ancien mot grec ayant la même signification.

 

Ce seraient donc les ‘’poils‘’ qui hérissent toutes les tiges des pavots qui, présentant une analogie avec le duvet des volatiles auraient été à l’origine de la création du genre ‘’papaver‘’ et non du mot dont la création remonterait à la nuit des temps.

 

Ce serait donc un mot d’ancien grec, qui aurait donné naissance, via le latin au mot papaver. Pour la petite histoire : En Grèce, aujourd’hui, c’est à partir du mot latin ‘’papaver‘’ qu’est né le mot grec moderne de paparouna [παπαρούνα] qui signifie : pavot.

 

Cependant, l’ancien mot grec indigène de ‘’Mēkōn‘’, (mecon - mecion et oxytonon) un mot parmi d’autres ayant la même signification, servant à désigner le pavot est toujours employé en certains endroits helléniques, ce qui est loin d’être inintéressant pour nous et vous allez comprendre pourquoi ultérieurement.

 

Avant de mettre un point final à ce chapitre concernant l’étymologie, de nombreux auteurs écrivent que le mot papaver viendrait non seulement du sanskrit, comme je l’ai déjà écrit, mais aussi de la langue celte parce que le mot ‘’papa‘’, les deux premières syllabes de papaver signifieraient en celte ‘’bouillie‘’, ce qui n’est pas faux mais comme le précise le docteur M. Grandjean : ‘’Ce n’est pas parce qu’on pratique dans certaines régions, l’addition d’une décoction de pavot à la bouillie des enfants trop agités, funeste coutume, qui ne saurait cependant établir une étymologie‘’.. (Bulletin de l’académie du var – 3è série T.1 (1925)

 

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Photo 1 : Un ‘’papaver erraticum‘’ (papaver Rhoeas) dont la gravure est extraite de ‘’De Materia Medica‘’. Le texte de cette œuvre est, en 1518, la première traduction du grec en latin des écrits de … Pédianus Dioscoride (Entre20/40-90). Suite à la traduction latine, un éditeur Anversois (Belgique) Juan Lacio publiera entre 1524 et 1566 une traduction en espagnole à partir de cette dernière. L’auteur et l’illustrateur en est le docteur Andrés de Laguna de Segovia (1499-1559). Andrés Laguna de Segovia (1499-1559), d’origine espagnole était un humaniste, pharmacologue, botaniste et médecin du pape Jules II (1443-1513). Andrés Laguna de Segovia réalisera 600 gravures sur bois et offrira son ouvrage au futur Philippe II (1527-1598). Illustration de la page 412. (Source : World digital Library)

Photo 2 : Une illustration d’un Papaver satiuttm muers, d’un papaver album & Papaver Nigrum Poljamhon sut multiform (Papaver somniferum) extraite de ‘’Plantarum seu stirpium historia‘’ de Matthiæ de Lobel (1538-1616) un Flamand botaniste et médecin de Guillaume Ier d’Orange-Nassau (1533-1584). En 1571, Matthiæ de Lobel en collaboration avec Pierre Pena médecin de Louis XIII (1601-1643) fait paraître un premier ouvrage intitulé ‘’ stirpium adversaria nova‘’. Cinq ans plus tard en 1576 il ‘’sort‘’ son ‘’Plantarum seu stirpium historia‘’, une œuvre personnelle, où il décrit 1.500 espèces environ et présente 268 gravures sur bois. (Vol. 1 – page 142) (Source: Biodiversité Héritage Library)

Photo 3 : Un ‘’papaver erraticum‘’ appelé aussi : gallis, coquelicoc, pavot sauvage et confanons. Il s’agit de l’une des 1.300 gravures sur bois figurant dans l’ouvrage ‘’Stirpium historiae pemptades sex sive libri XXX. du Belge Rembert van Joenckenna dit  Dodonæi Remberti (1517-1585). Ce livre fut deux siècles durant une référence incontestable en matière de botanique et pour cette raison le plus imprimé après la bible. L’œuvre paru en 1583 et certaines des gravures sont des reproductions des dessins de Théophraste et de Dioscoride. Illustration page 444 – 3.4.17 (Source : Biodiversité Héritage Library)

 

Nota : J’ai retrouvé l’illustration n°3 dans ‘’Plantarum seu stirpium historia‘’ et bien d’autres ouvrages.

 

Selon toute vraisemblance, le premier botaniste de l’ère moderne à avoir donné une signification botanique au mot papaver serait le français Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) (*) qui dans son ‘’Elémens de botanique‘’ Tome 1 paru en 1694, page 203 nomme son premier genre, d’une longue série de genres : ‘’papaver‘’ ; un genre à la suite duquel il décrit 8 types de papavers.

 

(*) Le botaniste Allemand Basilius Bessler (1561-1629) auteur du ‘’Hortus Eystettensis ‘’ a aussi nommé dès 1613 des pavots : papaver.

 

Ensuite, le terme botanique de ‘’Papaver‘’ pour désigner un genre a été repris, et porté au pinacle, car adopté par ses confrères, par le grand Carl von Linné dit Linnaeus (*) à l’occasion de la publication le 1er mai 1753 de son ‘’Species plantarum‘’ Vol. 1 où il décrit 8 espèces de papavers de la page 506 à la page 508.

 

(*) Carl von Linné (1707-1778) dit Linnaeus, est à la base du système moderne de la classification des espèces. C’est la nomenclature dite ‘’binominale‘’ qui attribue un genre et une espèce à chaque être vivants.

 

En homme au service de dieu, Linnaeus, qui était pasteur, s’était donné la mission de répertorier et de nommer chaque individu de la création divine, qu’il considérait alors comme finie, et censée ne pas évoluer.

 

Pour les classer et leur donner un nom digne d’être porté, il se référait à leurs diverses caractéristiques, le mot duvet en est un exemple, ainsi qu’aux diverses mythologies, qui semblaient n’avoir aucun secret pour lui.

 

Linné, voire même Tournefort, avaient-il connaissance de mythes aujourd’hui quelque peu tombés dans l’oubli ?... à savoir ceux de Mēkōn, et de Papaver ?! …

 

 

Dans toutes les civilisations la nature est indissociable du monde divin, et les mythes où un être humain termine son existence en prenant la forme d’une plante sont nombreux. Celui de Narcisse est vraisemblablement le plus connu. Mais, entre autres il y a aussi le mythe d’Attis et de Cybèle (*) où du sang d’Attis vont naître des violettes, de Lasion et de Déméter qui pour avoir trop aimé la fille de Zeus fini en liseron, (**) et d’Adonis et de Déméter, où du sang d’Adonis vont naître des roses rouges, pour ne citer que ces trois mythes là dont les versions diffèrent selon les auteurs.

 

(*) Ce mythe, à l’origine phrygien se répandit en Grèce et dans certaines versions Attis est métamorphosé en Pin par Cybèle.

(**) Ce mythe varie selon les auteurs. Toujours est-il que Lasion ou Jasion (Ίασίων) a la signification de semeur et de … liseron.

 

Adonis était un beau et jeune chasseur dont la déesse Déméter était amoureuse. Le dieu Mars qui était épris de Déméter, jaloux d’Adonis, se transforma en sanglier et blessa le jeune homme à mort. Alors, tandis que son sang se répandait sur terre, au beau milieu de celui-ci de magnifiques roses rouges prirent naissance.  (*)

 

(*) Ce mythe, postérieur à la civilisation grecque, vient du nord de la Syrie.

En ces temps anciens et selon les régions, Déméter porta entre autres noms ceux de : (1.400 av.JC) Sito Potnia, puis ensuite ceux de Eupuros, Philopuros, Purophoros. Vers 205 av.JC les romains l’appelèrent Cérès.

 

Un autre mythe, Sicyonien celui-là, sensiblement semblable à celui d’Adonis, met en scène un certain ‘’Mēkōn‘’, fils du fleuve Asopo, (Άσωπός) et … Déméter, la déesse de l’agriculture et des moissons ?... (*)

 

(*) En ces temps-là il était cultivé des céréales comme l’épautre, (appelé aussi blé des gaulois) le froment, le krithai, l’orge, le puros et, hors céréales le … pavot pour ses graines mises dans le pain.

Il existe en Grèce plusieurs fleuves portant le nom d’Asopo. Dans le cas présent il s’agit de celui qui se jette dans le golfe de Corinthe et près duquel s’élève la ville de Sicyone et.

 

Mēkōn, (Mécon), (*) qui lui aussi était un beau et jeune chasseur, perdit la vie, non pas à cause de la jalousie de Mars, mais parce qu’il osa repousser les avances de Déméter, la déesse de l’agriculture et des moissons ?...

 

(*) Mēkōn toujours utilisé aujourd’hui en Grèce, est un ancien mot de leur vocabulaire servant à désigner le … pavot.

 

Comme pour Adonis, de son sang répandu au sol s’éleva … une fleur de couleur pourpre, c’est-a-dire … un pavot ou, plus exactement un … coquelicot ?! …

 

 

Dans un autre mythe, semblable à celui de Mēkōn, le beau chasseur porte le nom de … Papaver ?! …

 

Outre l’ancienneté du nom, ces mythes … quelque peu oubliés nous font mieux comprendre pourquoi Tournefort et Linné ont choisi le terme de papaver pour nommer le genre auquel ils ont rattaché de nombreuses espèces de pavots.

 

Un peu d’humour pour clore ce chapitre consacré aux anciens :

 

Le poète latin Horace (65 av.JC – 8 ap.JC), raconte que les anciens pour se savoir aimé d’un être en particulier, s’en remettaient à un pétale de coquelicot qu’ils posaient tantôt sur le dos de leur main, tantôt sur leur coude ou encore leur épaule.

Puis ensuite ils frappaient ce pétale en écoutant le son produit pour l’interpréter.

Un son mat mettait fin à toutes leurs espérances, alors qu’un son clair signifiait que le sujet était aimé au-dessus de tout et, cerise sur le gâteau, si le son s’entendait de loin, de très bons présages s’annonaient ?!... (Satyre III. Lib.2 v.271)

 

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Photo 1 : La déesse grecque Déméter, Dá-mater ‘’déesse-mère‘’, Cérès pour les romains, est avant tout la déesse des déesses ; celle d’où sont nées d’autres déesses comme la déesse Tykhe, déesse aveugle de la chance de la fortune et du destin. Les pouvoirs de Déméter, au fil du temps ont été attribués à d’autres déesses.

A l’origine, Déméter était la déesse du blé et celle qui facilitait sa germination et sa récolte, donc elle favorisait la fortune et le destin parce qu’elle était celle qui permettait de se nourrir. Pour cette raison tous les pays grecs de l’antiquité se sont appropriés Déméter et les légendes à son sujet sont pléthores.

A l’origine donc, c’est elle qui apprit aux hommes l’art de l’agriculture mais, malgré son grand amour avec Lasion (Lasos ou Lacchos) un nom signifiant ‘’semeur‘’, elle était loin, dans certains mythes, pour justifier le rythme des saisons par exemple, d’être insensible aux beaux jeunes gens comme Adonis.

Cette statue est une réplique romaine d’une statue grecque du IVe siècle – Elle est exposée au Palais du Belvédère, au Chiaramonti Muséum du Vatican. (Source : d’après une photo de Sailko.)

Photo 2 : Le dieu grec de la guerre Arès, que les romains nommèrent Mars est l’un des douze grands dieux grecs de l’olympe. Mais il n’a jamais tenu une place de première importance dans leurs cultes. De ce fait il apparaît souvent dans les légendes comme un personnage de second plan. Par contre ses amours avec des mortelles ne manquent pas car il était bel homme et virile, des qualités qui ne passèrent pas inaperçues d’Aphrodite. Tandis que les grecs ne portèrent pas vraiment d’intérêt à Arès il en fut tout autrement avec Mars chez les romains. (Cette œuvre se trouve au département des sculptures – rez-de-chaussée de l’aile Richelieu, salle 22. Elle est de Guillaume Cousteau ou Coustou (1658-1733) – (Source : d’après une photo de Selbymay.)

Photo 3 : Le mythe d’Adonis est d’abord un mythe Syrien que les grecs vont s’approprier mais, après les Egyptiens et les Chypriotes. Lorsque ce mythe commence Adonis n’est qu’un arbre à myrrhe. Aphrodite, la Vénus romaine, aux pouvoirs incommensurables recueille l’infortuné, lui redonne forme humaine et le confie pour un temps à la reine des enfers Perséphone appelé aussi Coré, la Prospérine romaine. Lorsque Aphrodite veut reprendre Adonis Perséphone entend le garder. Toutes deux sont éprises d’Adonis, alors Aphrodite va en appeler à Zeus, le Jupiter romain. C’était sans compter sur Arès, le Mars romain, lequel, amoureux d’Aphrodite, jaloux va se transformer en sanglier et blesser mortellement le bel Adonis dont le sang se changera en … anémone ?! … Sur le même canevas, dans un mythe similaire, le sang d’Adonis se métamorphose en … coquelicot.

(Cette œuvre fut l’une des pièces de la collection du cardinal de Mazarin, (1602-1661) puis du marquis de la Meilleraye, duc de Mazarin (1632-1713). Elle fut ensuite l’objet d’une saisie révolutionnaire et se trouve aujourd’hui au Louvre) (Source : d’après une photo d’Hervé Lewandowski.)

 

Du genre papaver va naître la famille des Papaveracées :

 

Ce nom de famille de ‘’papavéracée‘’ a été donné par Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836) (*) en 1789 lors de la parution de son ‘’Genera Plantarum‘’ où il décrivait 15 classes, 100 familles et 400 genres. Le nom de famille sous ces deux formes, ‘’Papaveraceæ - Papaveracées‘’, est imprimé en page 235.

 

(*) Antoine Laurent de Jussieu était le neveu de Antoine de Jussieu (1686.1758), Bernard de Jussieu (1699-1777) et Joseph de Jussieu (1704-1779), toute une famille au service de la botanique. Son père Christophe de Jussieu (1685-1758) était l’aîné de la fratrie, apothicaire et juré Lyonnais.

 

Cette famille des papavéracées, selon le type de classification, compte aujourd’hui entre 150 et 21 genres (*), dont celui des ‘’papavers‘’.

 

(*) Le nombre de genres varie selon les classifications. La NCBI en répertorie 150 – DELTA Angio : 23 et ITIS : 21. Le genre des papavers figure dans chacune de ces trois classifications botaniques.

 

Pour être plus complet signalons que les Papaveracées possèdent deux synonymes qui n’ont pas été retenus par les botanistes, mais acceptés. Il s’agit des Hypecoacëæ et des Pteridophyllaceæ.

Quant aux Fumariacées ils forment une famille qui parfois est rattachée aux Papaveraceæ.

 

1/ Fumariaceæ (1820)

    Un nom donné par le français Alexandre Louis Marquis (1777-1828) à son 14è alinéa  de sa 1ère

    classe, où il précise : affinités principales avec Papaveracées et Géraniées.

     Ce nom est paru dans son ‘’Esquisse du Règne Végétale‘’ en page 50.

      

2/ Hypecoacëæ (1880)

    Un nom donné par l’allemand Moritz Heinrich Willkomm (1821-1895) et le danois Johan Martin  

    Christian Lange (1818-1898) à leur 158è famille.

    Ce nom est paru dans leur ‘’Prodomus florae Hispanicae‘’ Vol. III en pages 875/876.

 

3/ Pteridophyllaceæ (1991)

    Un nom repris par l’Etatsunien James Lauritz Reveal (1941-2015) et le hollandais Ruurd Dirk

     Hoogland (1922-1994) dans leur ‘’Validation du nom de trois familles de plantes à fleurs

    (Neuwiediaceae – Pteridophyllaceæ et Symphoremataceae.)

     Cette validation est parue dans le Bulletin du muséum national d’histoire naturelle

     De 1991, Tome 13 – page 91 à 93.

 

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Photo : ‘’Les coquelicots, coquelicots‘’ ou ‘’Coquelicots, la promenade‘’ de Claude Monet (1840-1926) une huile sur toile de 50 X 65 cm achevée en 1873. Cette œuvre est aujourd’hui au musée d’Orsay à Paris.

 

Un certain Georges Clémenceau (1841-1929) président du conseil de 1906 à 1909 et de 1917 à 1920 écrira au sujet d’une exposition concernant la série des 25 ‘’meules‘’ peintes à des heures différentes pour capter les éclairages qui en découlaient :

 

‘’ …Ce fut le grand coup de théâtre qui assura décidément le triomphe éclatant d’une révolution de la peinture. Les quatre chevalets des bords de l’Epte, devant les coquelicots, bordés de peupliers, avaient marqué l’entrée en ligne de la lumière surprise en déshabillé de métamorphoses, selon l’heure du jour. … ‘’ (Extrait de : ‘’Claude Monet intime‘’ chap. ‘’Révolution de cathédrales‘’ page 111 - 1er nov. 1928 – livre signé Clémenceau.)

 

J’ai retrouvé ces écrits dans un ouvrage édité aux Etats-Unis où le musée of Fine arts de Boston possède l’une des plus importantes collections du peintre Monet, dont des ‘’Meules‘’.)

(Combien de premiers ministres ou de présidents de la république, élus ces dernières années seraient en mesure d’écrire un livre, comme Clémenceau, sur un artiste contemporain ?... Mais, peut-on avoir du désintérêt pour les Français et s’intéresser à l’art ?! …)

 

 

Le COQUELICOT

 

                             ou le Papaver Rhœas Linné 1753

 

                                      J'ai descendu dans mon jardin (bis)
                                   Pour y cueillir du romarin.
                                                    (Refrain)
                                   Gentil coqu'licot, Mesdames, ²
                                   Gentil coqu'licot, nouveau !

 

Cette charmante comptine est pour beaucoup de Français l’une des toutes premières ritournelles qu’ils ont dû chanter dès leur prime enfance.

Car le coquelicot est si familier à chacun que personne ne doute qu’il vient d’ailleurs. Et pourtant ce n’était pas une plante familière à nos plus lointains ancêtres.

 

En effet, les plus grands botanistes s’accordent pour dire que le coquelicot serait une herbe étrangère introduite en Europe lors de la pénétration des plantes messicoles qui conduisirent à la culture des céréales. Le coquelicot aurait donc été comme un passager clandestin parmi ces céréales.

 

A l’origine, le coquelicot couvrait le plateau de l’Asie centrale, puis les ‘’chasseurs-cueilleurs‘’ cédant le pas aux agriculteurs le coquelicot s’est retrouvé tout naturellement à peupler nos régions … mais … après de nombreux siècles de pérégrinations.     

 

Suite à ces/ses multiples ‘’étapes‘’ il couvre aujourd’hui pratiquement toute l’Europe centrale et méridionale et, une partie de l’Europe du Nord jusqu’au sud de la Norvège, l’Asie occidentale et centrale ainsi que l’Afrique septentrionale (Egypte, Tunisie, Algérie et Maroc).

 

Il a colonisé ce qui deviendra … la France, entre 3.000 à 2.000 av.JC,  (*) c’est-à-dire, bien avant que les indigènes soient ‘’Français‘’ et assujettis à une langue commune. C’est pourquoi il a été nommé de différentes manières selon le patois ou le dialecte des régions, voire les villages où il poussait. (**)

 

(*) A noter que les hommes de l’âge du renne connaissaient l’orge. Car il en a été trouvé avec d’autres restes datant de cet âge dans une grotte près de Lourdes. Or, l’âge du renne aurait duré 30.000 ans et 10.000 ans nous en séparent. Ce qui signifierait qu’à la fin de l’âge du renne les hommes devaient commencer à cultiver ?!... De ce fait, les datations sont à recevoir avec précaution.

 

(**) Les patois et/ou les dialectes ne sont pas du vieux françois même si de nos jours ils ont ‘’subi‘’ son influence. En effet, nos plus anciens ancêtres n’ont pas attendu l’arrivée des Romains et des Francs pour communiquer entre eux. Leurs langues, venues du fond des âges s’est modifiée au fur et à mesure des ‘’maîtres‘’ présents dans leur contrée (Wisigoths - Celtes – Latins etc …)

 

Notons au passage que le Papaver Rhœas était déjà cultivé dans les jardins royaux de Fontainebleau dès 1525 et que des variétés à fleurs pleines y fleurissaient en 1623. 

 

 

Autrement écrit, tandis que dans leur cabinet de travail des érudits passionnés de botanique se retroussaient les manches et en appelaient à leurs neurones pour nommer le coquelicot ; dans les campagnes, qui deviendront française, ce dernier croulait sous de nombreux noms.

 

Ainsi, tandis que les grecs en appelèrent au suc de cette plante pour la nommer, que les transalpins restèrent fidèles au Latin pour faire du coquelicot ‘’celui qui s’agite avec brio‘’ (*), nos ancêtres se référèrent d’abord au chant du coq puis à sa crète pour nommer le dit coquelicot. (**)

 

(*) Les mots latins ‘’Papaver‘’ et ‘’cadaver‘’ sont des dérivés de termes verbaux. Cadaver, signifie tomber alors que papaver veut dire briller de vives nuances. C’est pourquoi le nom du coquelicot : Papavero signifierait ‘’s’agiter en brillant‘’ … au milieu des blés ?! … et péjorativement il désignerait … en Italie ce que nous appelons péjorativement  …  ‘’Une grosse légume‘’.

 

(**) Suivant les accents, l’onomatopée du chant du coq varie phonétiquement d’un lieu à un autre, d’où les nombreux noms du coquelicot qui souvent, sont très voisins. Toujours est-il qu’au final ‘’coquelicot‘’ commença à s’imposer aux François vers 1545, c’est-à-dire à la fin du règne de François premier (1494-1547) et quelques 6 ans après l’ordonnance de Villers-Cotterêts (Enregistrée à Paris le 6 septembre 1539).

 

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Photo 1 : Dans son livre intitulé ‘’Jeux champêtres des enfans (*) et l’île des montres, conte de fées pour faire suite aux veillées du château‘’ Madame la Comtesse de Genlis, née Caroline Stéphanie ‘’Félicité‘’ du Crest de Saint Aubin (1746-1830) apprend à ses deux protégés, Louis et Icélie le nom de quelques fleurs dont le coquelicot et, comment réaliser un herbier. Gravure d’un coquelicot entre la page 114 et 115 (Source Gallica BNF)

(*) En ce temps, enfant s’écrivait sans ‘’t’’.

Photo 2 : Toujours dans ‘’Jeux champêtres des enfans‘’ Madame la Comtesse de Genlis alia Léonille, apprend à Louis et Icélie comment jouer au coquelicot, à savoir comment réaliser une petite poupée à partir d’une fleur de coquelicot. Gravure entre la page 114 et 115 – les pages de gravures ne sont pas numérotées. (Source Gallica BNF)  

Photo 3 : Une poupée réalisée au moyen d’une fleur de coquelicot, comme on en faisait tant durant mon enfance sur le chemin de l’école et … sans que personne ne nous ait expliquer comment les fabriquer. Cela s’apprenait de façon innée et plus facilement que les tables de multiplications en tout cas ?! ….

 

Après la comptine … la devinette :

 

Outre la ritournelle de jadis, ‘’J’ai descendu dans mon jardin‘’ nombre de gosses, du temps de mon enfance et peut-être encore maintenant, faisaient du coquelicot un jeu de devinettes.

Ce jeu consistait à cueillir un bouton de coquelicot et à demander à son camarade qu’elle était la couleur de la fleur contenue dans le bouton, en lui posant la question : poule ou coq. ? …

Dès que la réponse était donnée, le bouton était ouvert. S’il les pétales étaient de couleur blanche, il fallait, pour gagner dire : poule, sœur (*) ou gaou etc … et si les pétales étaient rouges il fallait répondre : coq, frère (*) ou galin.

 

(*) Sœur et frère sous entendaient une religieuse et un religieux. Moine est un des noms du coquelicot.

 

Le coq : Un emblème national qui nous fut imposé et qui nous va si bien ! …

 

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Photo 1 : Ce coq d’Albert Decaris reprend, 50 ans plus tard, sa gravure de 1962. L’oblitération ‘’premier jour‘’ eut lieu le 15 juillet 2013. Il s’agissait alors de commémorer le cinquantième anniversaire de l’émission de l’original. Cet événement fut créé à l’espace Carré d’Encre, 13 bis rue des Mathurins à Paris IXe, un organisme accrédité par la Poste. 

Photo 2 : Albert Marius Hyppolite Decaris (1901-1988), grand prix de Rome en 1925 est l’artiste et maître graveur qui a réalisé ce coq dont les français se sont servis pour affranchir leurs courriers après le 12 mars 1962 et jusqu’à l’année 1967, soit pendant cinq ans.

Photo 3 : Carte signée Albert Decaris diffusée à l’occasion du premier jour d’oblitération de son coq, le 10 mars 1962.

 

Et … quelques lignes supplémentaires pour les philatélistes.

 

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Photo 1 : Une série de propositions d’Albert Decaris pour réaliser son coq de 1962. 

Photo 2 : Une empreinte postale commémorant le centième anniversaire de la naissance d’Albert Decaris. 

Photo 3 : Cette gouache sur papier cartonné d’Albert Decaris de 375 X 320 cm, représente le timbre à graver.

 

Un petit hommage personnel à Albert Decaris :

J’ai rencontré Albert Decaris sur la fin de sa vie, alors que j’ignorais tout de cet homme. Un camarade qui organisait l’une de ses dernières expositions m’avait demandé de bien vouloir transporter ses burins à exposer et de les reprendre à leur décrochage. Ce que j’avais accepté volontiers. Albert Decaris pour me remercier m’avait alors offert, sachant que j’étais originaire d’Orléans et philatéliste à mes heures, deux maquettes avant tirage dédicacées, l’une de sa Jeanne d’arc de 1946 et l’autre de son Rabelais de 1950. Il y a des gestes qu’on n’oublie pas et qui sont tout à l’honneur de leur auteur. Encore Merci Monsieur Decaris.

 

Le coq, dont le chant et la crète sont à l’origine du nom du coquelicot, a traversé les siècles sous des fortunes diverses ; lesquelles méritent qu’on s’y arrête durant quelques lignes.

 

Dès la plus haute antiquité on trouve le coq, mais de couleur blanche, aux côtés des dieux comme Jupiter, Junon, et Mercure en raison des symboles de beauté, de lumière, de résurrection et d’immortalité qu’il incarnait alors. En ce temps-là il était même interdit de le manger.

 

Pline l’ancien (23-79 av. JC) concernant le coq écrivait dans son ‘’Historia naturalis, (Livre X chap. 24/25) ‘’Les coqs sont les maîtres du monde‘’ et l’historien zoologiste de langue grecque, Claude Elien (v.175-v.235) décrivait le coq comme un oiseau ardent et combatif au point d’être la ‘’terreur même du lion‘’ (Variae Historiae Livre IV. Chp.29).

 

Quelques années plus tard, au siège de Gergovie (52 av. JC) Vercingétorix aurait envoyé un coq à césar pour lui montrer sa détermination à lui résister. Pour donner suite, César aurait invité le chef Gaulois, et à table lui aurait servi … son coq !... alors qu’il savait pertinemment pour l’avoir écrit deux ans plutôt, que les gaulois se refusaient de manger ce volatile parce qu’il occupait une place prépondérante au sein de leurs préceptes religieux.

 

Gergovie résistera aux appétits de césar. Il s’y cassera même les dents, car Gergovie sera une défaite romaine qu’il n’oubliera pas, et à contrario … une victoire Gauloise ?!... Certes Alésia suivra ! …

 

Un siècle plus tard environ, l’empereur romain Aulus Vitellius (15-69) aurait fait le songe qu’un coq s’était perché sur sa tête. L’auteur et fonctionnaire romain Suétone (70-122) aurait interprété ce songe en prédisant que Vitellius serait piétiné par un gaulois ; et pour toute explication il exposa que les mots ‘’Coq‘’ et ‘’Gaulois‘’ se disaient tous les deux en latin : ‘’Gallus‘’.

 

La suite des événements donnera raison à Suétone, Vitellius passera de vie à trépas à cause, entre autres, du Toulousain Marcus Antonius Primus (40-100) qui s’invita, avec ses armées, dans la guerre civile qui alors, ravageait Rome et conduira Vitellius à sa perte.

 

En ces temps où Rome dominait, les romains, prenant prétexte que Gallus signifiait tout à la fois coq et Gaulois, prenaient un malin plaisir à se moquer des Gaulois en leur attribuant tous les défauts du maître de la basse-cour, c’est-à-dire : arrogant, belliqueux, coléreux, excentrique, fanfaron, fier, fort en ‘’gueule‘’, orgueilleux, querelleur, sot, vaniteux, vantard, j’en passe et des meilleurs ; que ne dirait-on par pour discréditer et rire aux dépends d’un tiers ?! ….

 

Il n’empêche qu’au cours du VIe siècle, alors que la construction des premières églises avait commencé un siècle plutôt, (*) nombre de clochers arboraient un coq à leur extrémité ; tout d’abord en haut des clochers dont l’église était dédiée à Saint Pierre puis par la suite à tous les autres clochers des églises ?! ….

 

(*) C’est au IVe siècle, le 23 juin 313 exactement que l’empereur Constantin, à Milan, légalisa le christianisme qui, par la suite va lui permettre d’assurer la cohésion de son empire et d’asseoir son autorité.

 

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En quelques siècles le coq passe du clocher au monuments aux morts.

Il veille alors tout à la fois sur les vivantes et les morts !...

 

Photo 1 : Cette image de l’auteur, illustrateur et ancêtre de la bande dessinée Benjamin Rabier (1864-1939) est extraite du livre de Jules Renard ‘’Histoires naturelles‘’ page 109 - édité en 1909.

Photo 2 : Le monument aux morts du petit village de Fressies, dans le Nord. (extrait d’une carte postale)

 

Les évêques et les missionnaires d’alors, évangélisateurs de la Gaule, auraient-ils donné un nouveau sens à la symbolique du coq (*) pour qu’elle fut tout à la fois acceptée par les dits païens (Gaulois vénérant le coq) et les nouveaux convertis (Le coq étant alors symbole de la résurrection) ?... Dieu seul pourrait le dire à l’heure actuelle, … si tant est qu’il existe.

 

(*) Il est souvent écrit qu’après ses trois reniements le chant du coq a ramené l’apôtre Pierre sur le droit chemin c’est-à-dire à la fidélité au Christ. En conséquence ce coq en haut des clochers serait comme un rappel à la foi des chrétiens.

 

Toujours est-il que ce genre de subterfuge, remplacer les cultes dits païens par des cultes chrétiens, a largement contribué à l’implantation du christianisme en gaule et à éradiquer tout ce qui n’était pas chrétien, à partir du Ve siècle.

 

Cependant, rien ne permet d’écrire que ce serait le pape Léon IV (790-855) qui aurait été à l’origine de la mise en place du coq au faîte des clochers de la chrétienté. Certes cette mise au pinacle relève d’une tradition mais personne aujourd’hui ne peut en donner l’origine.

 

Quoiqu’il en soit, jusqu’aux environs du XIIe siècle, le coq domine les villages, et marque ainsi de sa présence les campagnes franques. Parfois un aubergiste en fait son enseigne, et quelques troupes armées, pas toujours bien-intentionnées, leur emblème, c’est-à-dire leur confalon ou confanon. (*)

 

(*) L’origine du nom de cet emblème est très discutée. Pour les uns il s’agirait d’une espèce d’étendard rouge dont le nom serait une corruption d’un des noms donnés au coquelicot ; et pour les autres une lance à banderoles dont on transperçait ses ennemis. Ce que l’on sait vraiment c’est que le mot confalon ou confanon, comme disait Louis XI (1423-1483) est un ancien mot ‘’François‘’ dont la véritable origine est encore à découvrir.

 

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Photos 1 – 2 & 3

Les peuples Gaulois, vivant indépendamment les uns des autres, s’étaient créés leur propre système monétaire. L’usage des pièces remonterait au IVe siècle av. JC., et serait parti de Marseille, grande plaque tournant du commerce avec, entre autres, les grecs.

Jusqu’à ces dernières années les archéologues, historiens et numismates, n’avaient en leur possession que des pièces gauloises dont les symboles les plus fréquents étaient le cheval et surtout le sanglier ou le verrat (sus gallicus). Alors ils s’accordaient tous à dire qu’il n’existait pas de pièces gauloises à l’effigie du coq. Puis des découvertes récentes leur ont fait changer d’avis.

 

Puis au cours des XIIe et XIIIe siècle … (*) alors qu’il n’est plus question de Gaule mais d’un royaume peuplé de Francs, à l’instar des Romains qui se faisaient un plaisir de jouer avec le mot Gallus, des auteurs ‘’Anglois‘’, Allemands, et par la suite Italiens, vont mettre leurs pas dans ceux des Romains. Mais, à la différence des Romains, leurs desseins ne sont pas de rire aux dépends d’individus en général, mais de porter politiquement préjudice au prestige et aux faits et gestes des monarques francs dont la puissance et leur esprit de conquête devenaient gênants pour leurs rois.

 

(*) Si le coq était respecté des gaulois il n’a jamais été leur emblème à la différence de l’alouette. Dans l’antiquité, l’alouette était un oiseau de bon augure et à ce titre l’un des attributs de Déméter et … l’oiseau sacré des Gaulois.

 

Ces voisins vont alors écrire des pamphlets contre Louis VII (1120-1180) et Philippe II dit Auguste (1165-1223) en se référant, eux-aussi au mot Gallus que portaient alors ces rois et qui signifiait tout à la fois : rois veillant-bien sur leurs sujets et … bienveillants ?! ….

Alors, selon ces méchantes plumes, nos rois étaient aussi sots, vaniteux et querelleurs que le coq, leurs entreprises étaient maladroites et vouées à l’échec, et leur royaume n’était rien d’autre qu’une piètre basse-cour. Cerise sur le gâteau, Philippe Auguste sera même qualifié par l’un d’eux de ‘’volaille agitée et orgueilleuse‘’ ?!...

 

Cependant, ces injures n’empêcheront pas Philippe Auguste d’asseoir la dynastie des Capétiens et d’élargir considérablement son royaume. C’est d’ailleurs sous son règne que le rex Francorum devient le rex Franciæ c’est-à-dire non plus le roi des Francs, mais le roi de France. Un roi alors tout aussi actif, brave, brillant, courageux, généreux, hardi, et … vigilant … que le coq ? …

 

A la même époque, parallèlement, dans les bourgs et dans les villes, le peuple s’amuse avec des farces en général et le ‘’Roman de Renart‘’ en particulier. Dans ce recueil le coq Chanteclerc se présente sous les traits d’un individu arrogant, crédule, fier et vaniteux. Il est la victime naïve des manigances de renart. (*)

 

(*) ‘’Le roman de renart‘, avec un ‘’t’’ à renart et non un ‘’d‘’, est un recueil de 27 récits, rédigés entre 1170 et 1250 (XIIe & XIIIe siècle). Trois des auteurs nous sont connus. Il s’agit de : Pierre de Saint-Cloud, Richard de Lison et le prêtre de la Croix-en-Brie. Les 24 autres restent anonymes. 

 

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Photo 1 : ’Quand Renart choisit Djentecler‘’

Quand Renard voit Chanteclerc à sa portée - Il cherche s’il peut le happer

Puis Renart qui est leste bondit - Mais Chanteclerc saute de côté ! …

(Source : Gallica BNF – recueil n° 12584 – page 60 recto.)

Photo 2 : ‘’Par desus I rouge choul‘’.

Il saute par-dessus un chou rouge - Il l’attrape par le cou

Et s’en va tout content - D’avoir pris sa proie.

(Source : Gallica BNF – recueil n° 12584 – page 60 verso.)

Photo 3 : ‘’La lune feme du maignil‘’ ( ? …)

La femme des lieux – ouvre la porte de son jardin

Car le soir arrive et elle veut – mettre ses poules à l’abri.

(Source : Gallica BNF – recueil n° 12584 – page 60 verso.)

(Les illustrations du récit ne sont pas toujours au bon endroit par rapport au texte, mais elles ont le mérite d’être là.)

 

Bref ! Renart, avec le coq entre ses dents va être poursuivi par des hommes. Pour répondre à leurs injures, et se moquer d’eux Renart va desserrer ses mâchoires et Chanteclerc en profitera pour prendre la fuite ! …

 

Au siècle suivant, le coq va faire une entrée timide à la cour de France. La poétesse Christine de Pizan (1364-v.1430), première femme de lettres, française, dans l’une de ses ballades écrites en 1413, ‘’L’avision du coq‘’ (*) compare Charles V dit le sage (1338-1380) à un coq blanc, donc sacré, qui veille sur ses sujets avec tout autant d’attention que le coq blanc veillait jadis auprès de Jupiter et de Mercure.

 

(*) Le préfixe ‘’a‘’ vient du grec signifiant ‘’pas‘’ ou ‘’sans‘’. L’Avision est donc une vision au-delà du naturel. Le mot serait synonyme de songe, de rêve ; c’est-à-dire d’une vision paranormale qui sublimerait la vision naturelle de tout un chacun.

 

Au XVe siècle, c’est le franciscain Jean Ange Terzo de Legonissa qui va faire du coq blanc un emblème royal avant l’heure. Sur la page de garde de son livre (*) qu’il a offert vers 1495 à Charles VIII dit l’affable (1470-1498), sont peints, tout en bas de l’enluminure, deux coqs blancs qui se tiennent de part et d’autre de l’écu de France et écrasent sous leurs ergots, l’un un Lion surmonté d’un serpent, symbole du péché originel, et l’autre un renard, symbole de l’hérésie.

 

(*) Il s’agit du livre intitulé ‘’L’opus christianissimum seu Davidicum‘’ qui révèle la filiation entre les capétiens, le roi David et le Christ. Une filiation qui courait bien avant le couronnement de Charles VIII considéré alors comme le nouveau Charlemagne. En bref Charles VIII serait un descendant du Christ, le vrai fils de dieu. Ce qui va faire par la suite, de chacun des rois de France, le fils aîné de l’église. Après la révolution, la France n’ayant plus de roi deviendra la fille aînée de l’église.

D’ailleurs, le titre de ‘’Très chrétien‘’ (Christianissimus) accordé par l’église à des personnalités du monde chrétien, deviendra lors des XIIIe et XIVe siècle l’apanage exclusif des rois de France.

A noter aussi, que le règne de Charles VIII correspond au crépuscule moyenâgeux alors que celui de son cousin Louis XII dit le bien-aimé commence à l’aube de la renaissance.

 

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Photo 1 : Un gros plan sur le bas de la page de ‘’L’opus christianissimum seu Davidicum‘’. Le coq de gauche écrase sous ses ergots un serpent, symbole du péché originel, voire -peut-être – du serpent Milanais, et un lion symbole vraisemblablement de la papauté. (*) (Source Gallica BNF – lat.5971 A – folio 1.)

Photo 2 : La page de garde de ‘’L’opus christianissimum seu Davidicum‘’. (Source Gallica BNF – lat.5971 A – folio 1.)

Photo 3 : Un gros plan sur le bas de la page de ‘’L’opus christianissimum seu Davidicum‘’. Le coq de droite écrase sous ses ergots un renard, symbole de l’hérésie. (Source Gallica BNF – lat.5971 A – folio 1.)

 

(*) A l’époque, sous Alexandre VI (Rodrigo de Borja) (1492-1503), un pape débauché, il n’y avait à Rome ni loi et ni divinité, mais or, violence et mœurs dissolues. Les âmes sincères comptaient sur les rois de France, alors considérés comme des souverains exemplaires, humbles et soumis à la crainte de dieu, pour remettre de l’ordre à Rome. Nous sommes au début des guerres d’Italie (1494-1559) qui ne sont plus des guerres féodales, franco-françaises, mais des guerres du paraître et de ‘’magnificence‘’ pour reprendre le mot de Vincent Terrasson de Fougères dans sa thèse.

 

A la suite de Charles VIII (1470-1498) viendront Louis XII (1498-1515) et François Ier (1515-1547).

 

Le franciscain, précepteur et aumônier de François Ier, François Desmoulin de Rochefort (Né entre 1470/80-1526) va offrir à son ‘’protégé‘’, et futur roi de France, le fameux ‘’Libellus enigmatum‘’ courant 1512, soit 3 ans avant son accession au trône.

 

Il s’agit d’un opuscule de trois folios, qui célèbre la ‘’trinité‘’ familiale des Angoulême, (*) leur prédisant le meilleur, et les protégeant du pire. L’astrologie, l’alchimie, la Kabbale et les sciences occultes sont autant ‘’d’ingrédients‘’ qui sont entrés dans la composition et la réalisation des images, dessinées et aquarellées par un artiste inconnu.

 

(*) Anne-Marie Lecoq (un nom prédestiné) a écrit un livre passionnant sur le sujet : François Ier Symbolique et politique à l’aube de la renaissance Française. (Edition Mucula).

 

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Photo 1 : Ce premier folio de ‘’Libellus enigmatum‘’ est consacré à Louise de Savoie (1476-1531) épouse de Charles d’Orléans comte d’Angoulême, (1459-1496) dont elle a eu deux enfants : Marguerite et François. Elle est représentée sous les traits d’un aigle protégeant ses deux aiglons. (Source Gallica BNF – lat.8775 – folio 1v.)

Photo 2 : Ce deuxième folio de ‘’Libellus enigmatum‘’ est attribué à Marguerite d’Angoulême, (1492-1549) la fille de Louise de Savoie, sœur de François Ier, et future reine de Navarre.  Elle est symbolisée par cygne à l’allure fière et combative. (Source Gallica BNF – lat.8775 – folio 3r.)

Photo 3 : Ce troisième folio de ‘’Libellus enigmatum‘’ braque les projecteurs sur François d’Angoulême, le fils de Louise de Savoie et de Charles d’Orléans comte d’Angoulême, qui régnera sous le titre de François Ier. Le futur roi de France, François Ier est ici, incarné par un coq de couleur blanche. Astrologiquement François Ier était né sous le signe de la vierge et était ascendant Gémeaux, signe gouverné par Mercure, le dieu sur lequel veillait … un coq blanc … Alors, François d’Angoulême ne pouvait être voué qu’à un brillant avenir … ce qui se confirma ! ... (Source Gallica BNF – lat.8775 – folio 4r.)

 

 

Au XVIIe siècle, le roi Henri IV, (1553-1610) qui passa dans l’histoire pour un fervent de la ‘’poule au pot chaque dimanche‘’, sera en 1601, le premier roi à faire couler une médaille avec un coq pour célébrer la naissance de son fils, le futur Louis XIII, (1601-1643). (*)

 

(*) Cette médaille représente sur son avers un enfant royal marchant nu, tenant un sceptre de la main droite et une fleur de lis de la main gauche. A ses pieds il y a un coq couronné posant une patte sur un globe. Enfin sur le pourtour de la médaille figure la légende : ‘’REGNIS NATUS ET ORBI‘’ (Né pour son royaume et pour l’univers.)

 

Onze ans plus tard pour fêter les fiançailles de ce fils avec l’infante d’Espagne, Anne d’Autriche, (1601-1666) la place royale de Paris sera pavoisée de Coqs et de lions, la figure héraldique des rois de Léon. Il en ira de même à Bordeaux pour la cérémonie de mariage.

 

En 1655, une autre médaille mettant en scène un coq faisant fuir le lion espagnol au moyen de son chant, devant la ville d’Arras est coulée. Elle commémore tout à la fois la levée du siège d’Arras, ou la délivrance du Quesnoy par les français, mais aussi la première victoire militaire de Louis XIV (1638-1715) en tant que souverain.

 

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Photo 1 : ‘’La bataille d’Arras‘’ ou ‘’Le secours d’Arras‘’. L’événement eu lieu le 25 août 1654 et a été une victoire des armées Française contre les armées espagnoles ; ainsi que la libération du Quesnoy et … la première victoire de Louis XIV en tant que roi.

Devant la ville d’Arras, le chant du coq fait fuir le lion de Léon (Espagne) : Cantas Fugat = Le chant (du coq) met en fuite (le lion d’Espagne).

Photo 2 : ‘’Le traité d’Aix-la-Chapelle‘’. Ce traité du 2 mai 1668 met fin à la guerre de dévolution entre la France et l’Espagne et permet à Louis XIV d’annexer en très peu de temps Lille, Tournai, Douai Armentières et quelques autres dépendances. La Franche-Comté est alors provisoirement occupée, mais pas soumise, par le Grand Condé (1621-1686).

L’origine du conflit : En septembre 1665, le roi d’Espagne Philippe IV (1605-1665) meurt. Son seul héritier est un enfant de quatre ans, Charles II (1661-1700) dont la santé laisse présager une mort imminente. Alors Louis XIV va revendiquer le trône d’Espagne en s’appuyant sur une coutume du Brabant, Le droit de dévolution, (*) déniché par ses juristes.

 

(*) Le droit de dévolution stipulait que seuls les enfants d’un premier mariage pouvaient hériter de leurs parents et que les enfants d’un second mariage n’avaient aucun droit au dit héritage.

Or l’épouse de Louis XIV, Marie-Thérèse d’Autriche (1638-1683) n’était autre que l’aînée de Philippe IV. Par ailleurs, suite au traité des Pyrénées de novembre 1659, qui mettait fin à 24 ans de guerres, l’Espagne s’était engagée à verser une dote de 500.000 écus d’or qu’elle n’avait toujours pas réglée après six ans. Pour ces raisons, Louis XIV entra en guerre. Ses voisins, inquiets de la situation se proposèrent en tant que médiateurs.

Il faudra attendre le traité de Nimègue du 17 septembre 1678 pour que l’Espagne remette la Franche-Comté et le reste de l’Artois à la France. Les historiens parleront alors de ‘’guerre de Hollande‘’ en omettant de cité dans leur dénomination la Franche-Comté.

Perché sur un arbre le coq triomphant regarde s’en aller le lion de Léon quelque peu honteux et confus. Veni Vidi Vinci : cette devise n’est pas sans rappeler Jules César : Je suis venu, j’ai vu et j’ai vaincu.

(*) Les numismates appellent cette médaille ‘’la soumission de la Franche-Comté‘’ ce qui me porte à écrire qu’on peut être un excellent numismate et un piètre historien ; car cette médaille date de 1668 or, alors que des troubles éclatent de tout côté en Europe, de 1630 à 1675, étonnamment tout va bien en Franche-Comté ?! … (François Pernot) En 1668 la Franche-Comté n’est qu’une éventuelle monnaie d’échange.

Photo 3 : ‘’La succession d’Espagne‘’. Le 1er novembre 1700, Charles II, le roi d’Espagne meurt sans avoir d’héritier. De 1701 à 1714 les différents rois européens vont se battre pour imposer leur candidat. Au final Louis XIV l’emporte et impose son petit-fils, Philippe V, qui donnera naissance à la dynastie des Bourbon d’Espagne, laquelle règne encore aujourd’hui. (Traité de Rastatt 6 mars 1714).

En haut d’un olivier un coq tient les dépouilles de l’Espagne, un malheureux agneau,  tandis que le puma (Angleterre) et le Lion (Autriche) s’en vont marri.  Labor Alitis Aufert = Le labeur ou l’effort de l’Oiseau a réussi.

 

Louis XIV faisait grand cas de son image et de sa propagande. Alors il avait demandé à Colbert de créé une petite académie (3.02.1663) totalement indépendante de l’Académie Française. Jean Racine et Nicolas Boileau y siégeaient.

 

Le rôle de cette petite académie était de réaliser une histoire du règne de sa majesté par le biais des médailles. C’étaient ces membres qui composaient les devises mais aussi les esquisses ; les dessinateurs et les graveurs n’avaient qu’à exécuter leurs projets. Aujourd’hui, trois cents médailles environ illustrent les grands événements de la vie de Louis XIV. 

 

Quatre ans après Arras, Louis XIV, suite à la présentation de différents projets pour décorer Versailles, préférera une alternance de fleurs de lis et de coqs plutôt qu’une alternance avec les traditionnelles feuilles d’acanthes. (A remarquer à la galerie des glaces entre autres)

 

Il est de notoriété publique que Louis XIV eût pour emblème le soleil et qu’il se prenait pour Jupiter. C’est pourquoi, peut-être, que le coq fut l’un de ses emblèmes secondaires ?! ...

 

Après Louis XIV, le coq continuera son ascension au panthéon des emblèmes représentant la France, malgré une mise … ‘’au placard‘’ durant quelques temps par les deux empereurs Napoléoniens, de 1799 à 1815 pour le premier, et de 1852 à 1870 pour le second.

 

Cependant, malgré toutes ses pérégrinations, le coq n’est jamais devenu un emblème officiel de la Nation Française, mais ‘’personne‘’ mieux que lui la représente de par le monde.

 

Un dernier exemple avec le sculpteur François Rude (1784-1855) qui, à la demande du roi Louis Philippe (1773-1850), sculpta entre 1833 et 1836 le fameux chant du départ de l’arc de triomphe. Cette œuvre est aussi appelée la ‘’Marseillaise‘’ et de bien d’autres noms comme, par exemple, le génie de la patrie.

 

Tout en haut de cette œuvre gigantesque, onze mètres de haut, un coq (*), ailes et bec ouverts prêt à l’attaque, pose l’une de ses pattes sur un globe terrestre. Il est perché au sommet d’une hampe de drapeau, lequel flotte derrière le ‘’Génie de la Guerre‘’.

 

(*) Certaines personnes prétendent qu’il s’agirait d’un aigle et non d’un coq ?! …

 

Protecteur de la république sous la révolution Française, Louis-Philippe fait alors du coq un symbole de réconciliation entre les républicains aux idées démocratiques, et les royalistes attachés au passé monarchique.

 

A la même époque, son fils, Ferdinand-Philippe, futur duc d’Orléans (1810-1842) alors lieutenant général de cavalerie ordonne le 30.07.1830 à ses troupes montant sur Paris, que le coq figure sur ses drapeaux, et adopte la cocarde tricolore.

 

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Photo 1 : Cette assiette représente Ferdinand Philippe Louis Charles Eric Rossalino d’Orléans, prince royal de France (1810-1842), et fils aîné de Louis-Philippe Ier. Il a alors 22 ans et le commandement de la brigade d’avant-garde de l’armée du Nord qui va investir la citadelle d’Anvers le 30 novembre 1832.

Le pourtour de l’assiette est décoré de trois couronnes faites de chêne et de laurier avec une inscription différente dans chacune d’elles : MASCARA - COL DE TENIAH - PORTES DE FER. (*) Ces trois couronnes sont reliées entre elles par une frise d’ove et de lys où apparaissent des feuilles de laurier et des coqs.

(*) Mascara : (1835) bataille lors de laquelle en 1835 le maréchal Clauzel affronta d’Abd el-Kader. Col de Teniah : (Col de Mouzaïa) (1837) le duc d’Orléans fait face à l’infanterie d’Abd El-Kader. Portes de fer : (1839) Expédition ayant pour but d’établir une liaison terrestre entre Alger et Constantine. (Source : Musée d'Orbigny-Bernon - musées d'Art et d'Histoire de La Rochelle)

Photo 2 : Cette assiette représente Ferdinand Philippe Louis Charles Eric Rossalino d’Orléans, prince royal de France (1810-1842), et fils aîné de Louis-Philippe Ier. Il a alors une trentaine d’années.

Le pourtour de l’assiette est décoré de trois couronnes faites de chêne et de laurier avec une inscription différente dans chacune d’elles : MASCARA – LYON – PALERME. (*) Ces trois couronnes sont reliées entre elles par une frise de ruban où sont inscrits les mots ‘’Patrie et Honneur‘’. Les trois couronnes sont reliées par une frise d’ove et de lys où apparaissent des feuilles de laurier et des coqs.

(*) Mascara : (1835) voir plus haut – Lyon : (1831) Le duc d’Orléans et le maréchal Soult mettent un terme à la deuxième révolte des Canuts sans effusion de sang. – Palerme : (1810) Lieu de naissance du duc d’Orléans.

(Source : Musée d'Orbigny-Bernon - musées d'Art et d'Histoire de La Rochelle)

 

                                                            1870

 

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Photo 1 : En 1870 Paris est assiégé par les prussiens. Le 7 octobre le ministre de l’intérieur Léon Gambetta quitte la ville au moyen d’un ballon pour organiser en province la défense.

 

Cette assiette est l’une des pièces de la collection ‘’Les contemporains dans leur assiette‘’ réalisée par l’artiste et caricaturiste Alfred Le Petit (1841-1909) courant 1877. Cette collection sera éditée en 1878, primée à l’exposition universelle de 1878 et rééditée en 1879. Il en existe une autre série … moins luxueuse ! …  .

 

En 1871, le coq devient l’emblème des communards. La commune de Paris dura un peu plus de deux mois. Au musée de l’armée des invalides, une capote de communard est exposée. Cette capote se boucle au moyen de deux rangées de quatre boutons ; sur chacun d’eux figure un coq et la légende ‘’garde national mobile‘’.

 

On pourrait disserter encore longtemps sur le coq, mais à quoi bon puisqu’il est partout : au sommet des clochers, sur nombre de monuments, d’objets d’art, de porcelaines, de timbres, de maillots-sportifs et, jusque y compris le haut de la grille du parc de l’Elysée. Ce qui doit le laisser indifférent puisque voilà déjà bien longtemps le philosophe, dramaturge et homme d’état, Sénèque (env. 4 av.JC- 65) écrivait : ‘’Le coq est roi sur son fumier‘’ ?! …

 

Mais c’est un vieux dicton, repris par Coluche qui exprime le mieux la personnalité du coq et du français, à savoir : ‘’Le coq est le seul oiseau capable de chanter les deux pieds dans la merde‘’.

 

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Notons pour conclure que le mot coq et le mots cinq sont les deux seuls mots de la langue française se terminant par un ‘’Q‘’.

 

Ces quelques lignes au sujet du coq ont été, peut-être, un peu longues mais, pas inintéressantes … du moins je l’espère.

 

Mais revenons au point de départ, c’est-à-dire à celui dont le chant a donné son nom, à savoir … le coquelicot.

 

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Photo 1 : (1804) L’image de ce Papaver Rhoeas est l’œuvre de Ferdinand Bernhard Vietz (1772-1815), un pharmacien autrichien, docteur en médecine, professeur à l’université de Vienne, et auteur de : ‘’Icones plantarum medico-œconomico-tecknologicarum‘’, une œuvre en onze volumes. (Johann) Ignatz Albrecht (graveur) (1759- ?) - Joseph Ederschen () – Joseph Lorenz Kendl () – Jos Schalbaecher () ont collaboré à tous ces volumes. (Illustration 147, entre les pages 78 et 79, extraite du Volume II – Paru en 1804).

(Source BHL Biodiversité Héritage Library & Plantillustration.org).

Photo 2 : (1563) Ce ‘’Papaver erraticum rubeum fluidum Mattioli‘’ ou Papaver Rhœas est extrait de ‘’New Kreüterbuch : Mit den allerschönsten vnd ….‘’ du médecin et botaniste italien Pietro Andréa Gregorio Matthioli (vers 1501-vers 1577) paru en 1563. (Chap. LXV, page 457). (La première édition n’était pas colorée).

(Source BHL Biodiversité Héritage Library & Plantillustration.org).

Photo 3 : (1822) Cette illustration d’un papaver Rhœas est extraite de l’œuvre du botaniste, théologien et professeur d'université néerlandais Jan Herman Christiaan van Hall Kops dit Jan Kops (1765-1849) ‘’Flora Batava‘’, qui compte 28 volumes et 2.240 planches de plantes. Ces derniers seront publiés entre 1800 et 1940, dix volumes seront publiés de son vivant, et dix-huit après sa mort. L’image du papavers Rhœas, dont l’auteur est inconnu, est extraite du quatrième volume, de ‘’Flora Batavia‘’, page 293, paru en 1822.

(Source BHL Biodiversité Héritage Library & Plantillustration.org).

 

 

Parmi les noms qui ont été attribués au coquelicot on trouve selon les régions :

 

Bretagne : Cocolicot, Feu sauvage, Ponceau – Rosen-moc’h - Rosmoc’h goüez – Rosen-aër - Roz(enn)-aer, Roz(enn)-chas.

Centre : Babeau, Chenolle, Chenute, Chignosse, Feu d'enfar - Pabiat, Pabiot, Papou, Panciau, Ponciau, Poulas, Poule-coq, Rose de hup, Signosse.

Est : Bru, Catecalinjo, Flàteros, Fiam de feu, Jole, Kikirijac, Mahhon brelée, Savege chenatte, Tchaînatte,

Nord : Clocorèo, Cocriacot, Coquelet, Coquelicôt, Cocriococo, Coriocoqueuẅ, Coriocoucou, Coqueyoco, Coquiaco, coucou, Couricuqueuqueue, Crioquèow, Ekerpelle, Koclikiouo, Mahon, Maon, Moine, Pavoer, Terlicoco.

Normandie : Bourbiton, Cocalincot, Coquet, Cottkolinkó, Coquelicoc, Coquelicoq, Quoquelicoq, Kelinkó, Mauvo, Paveux, Pione, Ponchereux, Quercolico, Tolupe, Vamôque

Sud-Est : Cacaraca, Cacalaca, Cacala, Cocolico, Cokiko, Coquelincan,

flour dis anges,(*) Galle, Gaou-Galino, Jaline, Paparri, Pavou, Pieoulas, Ponceau, Poulogno, Poulo-gaou, Rijola, Riuelo, Rousoula.

Sud-Ouest : Canreso, Canrojo, Cap roso, Capròsa, cocolico, Conroso coquelicaou, coucoudesco, coucouresco graouzelo, grausèla, Lagagne, Parpèl, Raouzele, Roelle, Rogilhon , Rosèla, Rouzado, Rouzal, trusièl, Vermallons.

 

(*) En Provence, à l’occasion de la fête dieu, de jeunes enfants habillés en ange répandaient des pétales de coquelicots devant le saint sacrement d’où le nom de ‘’fleurs des anges‘’.

Dans ma Beauce natale, dans les années 1950, à la fin des moissons l’intérieur de l’église du village était pavoisé de croix en épis de blé, toutes plus belles les unes que les autres. Chaque ferme faisait sa croix et chaque agriculteur voulait que sa croix soit plus belle que celle du voisin. Lors de la procession, les pétales de coquelicots étaient remplacés par des pétales de roses.

 

Nota bene : Pour ceux qui n’auraient pas retrouvé le mot patois de leur enfance, qu’ils se reportent au livre de Eugène Rolland (1896-1914) intitulé : ‘’Flore populaire ou Histoire naturelle des plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le Folklore‘’ Tome I page 163 à 179 paru en 1896. Ce tome est suivi de 10 autres. Ils sont tous accessibles à la BNF. GALLICA.

 

A partir de ces noms des aphorismes ont vu le jour ; ainsi par exemple dans le Sud-Est :

- Parlant d’un terrain, quand on dit à son sujet :

  ‘’I a que des cacaracas‘’ (Il n’y a que des coquelicots)

  cela signifie que c’est un terrain aride.

- et parlant d’un homme : ‘’Es lou cacaraca‘’ = C’est le coq de l’endroit.

Ou plus simplement :

 

                                 Ne laboure pas au temps chaud

                                 Un terrain sujet aux pavots.

 

En Flandre et au Brabant pour empêcher les enfants de courir dans les champs de blé leurs parents les effraient en leur racontant que le coquelicot est dangereux parce que c’est un suceur de sang ; et comment ne pas les croire puisque le coquelicot, en Flandre et au Brabant porte le nom de Bloedzuiger ce qui signifie littéralement : suceur de sang, ou encore le nom de Spokebloe, ce qui se traduirait par : fleur aux revenants ?! …

Bref !                                ‘’ Tan com jaspe sormonte l’or

                                            Et li lis la fleur de jagliau

                                            Et la rose fraîche proonciau ‘’.

 

                                                        Ovide (43av.JC-17 ou 18 ap.JC)

                      Traduction :

 

                                         ‘’  Comparer la rose au pavot

                                            C’est comparer des choses

                                            Qui ne sont pas comparables ‘’.

 

(Extrait du Glossaire de langue Romane de Jean Baptiste Bonaventure Roquefort (1777-1834) publié en 1808, et dédié à Joseph Napoléon roi de Naples et de Sicile (1768-1844) et frère aîné de Napoléon Bonaparte.)

 

 

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Photo 1 : Cette illustration d’un mêkôn rhoias ( papaver hybridum, papaver dubium) est extraite de la ‘’Materia medica‘’ de Dioscoride qui date de 512 après JC. L’un de ces ouvrage se trouve aujourd’hui à Vienne en Autriche d’où son nom de ‘’Codex Vindobonensis‘’, nom latin de Vienne.

Il semblerait que les 383 illustrations pleine page sur les 435 dessins, soient reprises d’ouvrages antérieurs dont le ‘’Rhizotomikon‘’ de Krateuas (Le coupeur de racines) alors médecin et pharmacologue du 1er siècle av. JC. (Les droits d’auteurs ou à l’image n’existaient pas encore à l’époque.) (Source : uses.plantnet-projec.org & le blog de la Bibliothèque des Sciences de l'Antiquité)

Photo 2 : Illustration d’un Mêkôn rhoias provenant du ‘’Codex Vindobonensis‘’ page 223 verso.

Photo 3 : Illustration d’un Mekon ryas provenant de l’Erbario Greco (Herbier grec) de la ‘’Materia médica‘’ du médecin grec de l’armée romaine, Pedanius Dioscorides. Son œuvre, composé de cinq volumes a été rédigée entre 50 et 70 après JC, et utilisé jusqu’à la renaissance, soit pendant près de 1.500 ans. C’était un ouvrage de référence.

 

L’exemplaire dont il est question se trouve à la bibliothèque de Naples. Il est aussi appelé ‘’Dioskurides Codex Neapolitanus‘’. (t.96 -f.1)

(Source plantillustration.org)

 

Nota : Dioscoride classait les plantes en fonction de leur odeur et de leur saveur. Il faudra attendre le XVIe siècle et des botanistes comme Andréa Cesalpino (1519-1603), Matthias de l’Obel (1538-1616), pour qu’apparaissent de nouveaux systèmes de classification des plantes, comme la ressemblance des fleurs, des fruits etc … (Source plantillustration.org)

 

Au cours des siècles, des nations se sont constituées et ont perduré ; puis, pour diverses raisons, certains de leurs dirigeants ont parfois créé une langue propre, comme l’Indonésien, à défaut d’avoir favorisé l’un des parlers ou dialectes majoritaires.

 

En raison de ce qui précède, au sein de ces pays, deux alternatives principales ont vu le jour : 1/ ou le nom du coquelicot est resté inchangé, 2/ ou le nom du coquelicot a été remplacé à la faveur d’un autre ; ce qui a donné, au cours des siècles, naissance à une kyrielle de synonymes dits aujourd’hui : noms vernaculaires.

 

 

Quelques noms vernaculaires du coquelicot : 

 

Lulëkuqe (Albanie) - Feldmohn – Klatsch-Mohn – Klatschrose - Mohnblume Wilder Mohn (Allemagne) – Cop-rose - Corn-rose – Head-wark - Poppy (Angleterre) - Ababol (Aragon) - Papuela (Asturie) - Papoula (Brésil) – Mak (Bulgarie) - Rosella (Catalogne) - yīng sù huā -罂粟花 ou yú měi rén - 虞美人 (Chine) – – 양귀비 (Corée) - Fiori di spusedda – Pampasgiolu - Paparone (Corse) - Mak (Croatie) - Valmue (Danemark) (*) – Adormidera silvestre - Amapola (Espagne) –  Poppy (Etats-Unis) - Unikko (Finlande) - coquelicot, pavot-coq, pavot des champs, pavot sauvage, poinceau, ponceau (France) Paparouna - παπαρούνα (Grèce) – honds-roze - kander-bloem - klaprooskolle-bloem – koorn heul – koorn-roze - Papaver – wilde heul (Hollande) – Pipacs - Vadmák (Hongrie) – Caillleach Dhearg (Irlande) – Draumsóley (Islande) - Papavero – Rosolaccio -Salvatico  (Italie) – Fatsisou- ケシ – Keshi 芥子  (Japon) – Feierblumm (Luxembourg) - Valmue (Norvège) (*) – Mak (Pologne) – Papoila - Papoula (Portugal) – Mac (Roumanie) - Mak (Russie) – Papàile (Sardaigne) – Paparina (Scicile)  Vallmo (Suède) (*) – Mák (Tchèquie) – Dok Poppi - ดอกป็อปปี้ (Thaïlande) - Gelincik Çiçek (Turquie) – Mak (Ukraine) -  Hoa anh túc (Vietnam) – Coclet – Fleur di tonier – Pavoe (Wallonie)

 

(*) Valmue, Vallmo, se retrouvent en patois Normand sous la forme de Vamôque. Ce qui signifie que les ‘’hommes du Nord‘’ (Viking) sont bien passés dans cette région (841-v.950) et s’y sont installés pour certains d’entre eux.

 

Nota bene : En Europe, l’Albanie, la Belgique, la Macédoine du Nord et la Pologne ont fait du coquelicot leur fleur nationale.

 

Et pour clore ce chapitre, consacré à la langue vernaculaire, deux sentences Russes :

 

1/ Pour parler de la beauté d’une jeune fille, les Russes disent souvent :

     ‘’Belle comme une fleur de pavot‘’.

2/ Les mêmes disent aussi pour parler d’une vieille fille :

    ‘’Elle est restée en pavot‘’ ce qui signifie ‘’Elle est restée vieille fille‘’.

 

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Photo 1 : (1544) Illustration de deux papavers, le premier un papaver erraticum (Papaver Rhœas) et le second un papaver Satiuum, extraite de ‘’Commentarii secundo aucti, in libros sex pedacii Dioscoridis Anazarbei, de medica materia … ‘’ de l’italien Pietro Andrea Gregorio  Mattioli (1501-1577) paru en 1544, page 525. (Source BHL Biodiversity Heritage Library.) 

Photo 2 : (1575) Illustration d’un papaver Rhœas Hisp. Amapolas. Rofella papolas. Ital. Papauero saluatico roffo extraite du ‘’Plantarum, seu, Stirpium historia‘’ du Flamand Matthiae de Lobel Insulani (1538-1616), paru en 1575, page 143. (Source BHL Biodiversity Heritage Library.) 

Photo 3 : (1601) Illustration de deux papavers cornicul, l’un nommé phœnix pallese flo. et l’autre violacco floerraticum purpurco. Cette planche est extraite du ‘’Rarorium plantarum Historia sex libbris descripta‘’ - Livret V – du Flamand Jules Charles de L’écluse (1526-1609), paru en 1601, page xcij. (Source BHL Biodiversity Heritage Library & livre google numérisé.)

 

Nota : Les illustrations, pour certaines d’entre elles sont des reprises de l’œuvre de Dioscoride, qui lui-même les avait ‘’empruntées‘’ au pharmacologue et médecin grec Krateuas (Le coupeur de racines), comme déjà écrit.

C’est au XVIe siècle (fin moyen-âge - début renaissance) que naissent les premiers herbiers, ou ‘’Hortus siccus‘’ (jardin séché) sous l’impulsion de l’italien Luca Ghini (1490-1556) et que des botanistes commentent et complètent par leurs observations propres, l’œuvre de Dioscoride qui, cependant, demeure toujours le référent indiscutable ; et que de nouveaux types de classifications se mettent en place.

 

Papaver Rhœas Linné 1753

Tandis que le commun des mortels avait donné mille et un noms au coquelicot, de leur côté, des botanistes s’intéressèrent à lui pour lui donner une place dans leur nomenclature et le chef de file de l’époque repris un nom qui déjà lui avait été donné par de nombreux prédécesseurs, à commencer par les grecs en la personne de Dioscoride.

 

‘’Papaver Rhœas Linné 1753‘’

L’origine et le nom du genre : Papaver

Nous avons longuement parlé du genre papaver au début de cette chronique, et nous n’avons plus rien à rajouter.

 

L’origine et le nom de l’espèce : Rhœas

 

Ce qui semble certain concernant le mot ‘’Rhœas‘’ c’est qu’il est d’origine grecque, par contre ce qui est plus contestable ce sont les significations qui lui sont données. D’autant que les plus grands botanistes sont loin de se rallier à une définition qui fasse consensus.

 

Donc, ce qui est sûre, c’est que le mot Rhœas vient du grec ancien ῥοιάς (rhoias) dont Pline se servait pour désigner le coquelicot. (Livre 19 p.169 & L 20 p.204.) mais, qui désignait aussi le grenadier et la couleur de son fruit.

 

Pline avait même nommé un papaver Rhœas qu’il appelait aussi papaver erraticum. Il intercalait cette espèce entre le papaver cultivé et le papaver sauvage.

 

Quant à Dioscoride il avait fait du Rhœas une espèce de pavot sauvage et nommait le coquelicot ‘’Mêkon Roias‘’ (pavot caduc).

 

Mais qu’est-ce qui les avait enclins à choisir ce mot plutôt qu’un autre ?! …

 

Aujourd’hui trois hypothèses sont avancées pour donner une explication sur le choix de Rhœas. Ce sont :

 

1/ Rhœas, Rheia et Rhéa seraient comme des mots ‘’gigognes‘’ issus les uns des autres. Mais si Rhœas et Rheia ne nous sont pas familiers, par contre celui de Rhéa est loin de nous être inconnu puisqu’il désigne une divinité de la mythologie grecque : la déesse Rhéa la grande divinité de la terre nourricière de l’antiquité.

 

En acceptant cette hypothèse nous pourrions dire que le papaver Rhœas serait en fait le papaver rhéa ?! …

 

2/ Rhœas aurait la signification de tomber pour les uns et de couler pour les autres.

 

  • Pour les premiers, Rhœas signifierait tomber. Or les pétales du coquelicot tombent rapidement après leur éclosion. Ce serait donc en se référant à ce phénomène physique que le mot de Rhœas aurait été choisi ?! ...
  • Pour les seconds, Rhœas (rhoias) signifierait couler, écoulement. Or lorsqu’une tige de coquelicot est brisée, un suc de couleur blanche se répand. Là encore, ce serait en prenant en compte ce phénomène que le mot Rhœas aurait été préféré à d’autres ?! ….

3/ Rhœas, rhoia, rhoea, rhoe (ṕoià-aç) désignerait aussi en grec le grenadier (arbre). Le mot serait alors en quelque sorte un référent à la rondeur (fruit) et à la couleur (fleur et fruit). Quant à rhoa ce serait le nom de la grenade.

 

Libre au lecteur d’adopter l’hypothèse qui lui paraît la plus plausible, tout en sachant qu’il en existe peut-être d’autres ?! …

 

 

L’abréviation botanique : Linn

 

Linn est la norme abréviative de Carl von Linné (1707-1778). Ce pasteur et médecin Suédois était un passionné de botanique persuadé que la création était une œuvre entièrement aboutie ; autrement écrit que les espèces se reproduisaient sans évoluer.

 

Sa passion l’a conduit à entreprendre une classification des individus dont les plantes.

 

Sa classification basée sur le nombre d’étamines ne lui a pas survécu. Par contre, sa nomenclature binominale est toujours en vigueur.

 

La nomenclature binominale consiste à donner deux noms à tout nouvel individu afin de le différencier de tout autre.

 

Le premier nom est un nom générique, commun à plusieurs espèces, comme par exemple … papaver. C’est le nom de famille ou du genre.

Le second nom est un nom spécifique, propre à chaque individu, de façon à le différencier de ses pairs ou cousins. C’est comme un prénom, dans le cas présent il s’agit de ‘’rhoeas‘’.

 

Quant à l’abréviation botanique elle sert à connaître le nom du descripteur ou du botaniste qui a découvert et répertorié en premier l’individu dont il question et ainsi éviter les doublons … voire beaucoup plus puisque les synonymes du Papaver Rhœas Linn ne manquent pas ! ... 

 

 

Donc de leur côté les botanistes ont répertorié nombre de papavers. Ils les ont nommés pour les différencier les uns des autres, ce qui a eu pour conséquence qu’un même individu s’est retrouvé avec trente-six noms. Ce sont ces noms qui sont alors devenus synonymes par rapport au papaver Rhœas Lin.

 

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Photo 1 : Ce portrait de Carl Linnaeus (1707-1778) qui deviendra Car von Linné suite à son anoblissement en 1761, le montre en tenue d’exploration Laponne. L’œuvre daterait de 1737, ou entre 1735/1740, Carl Linnaeus serait alors âgé d’environ 30 ans.

D’après le botaniste néerlandais Jan Frederik Gronovius appelé aussi Johannes Fradericus (1690-1762) Carl Linnaeus, qui était alors à son service, tiendrait de la main droite un/une Linnaea borealis.

Cette huile sur toile du museum Boerhaave de Leinden ou ‘’Naturalis Biodiversity Center‘’ de Leiden (Hollande) (?) qui avec ses 37 millions de spécimens en fait l’un des plus grands musées du monde dans sa catégorie, est l’œuvre du peintre Martin Hoffman. Cette œuvre du même Martin Hoffman serait aussi au Linnaeus muséum d’Uppsala en Suède ?! …

Il existe aussi une réplique du néerlandais Hendrik Hollander (1823-1884) datant de de 1853 à l’Université d’Amsterdam.

Photo 2 : Ce portrait de Carl von Linné date de 1775 soit 14 ans après son anoblissement de 1761. Il a alors 68 ans.

Cette huile sur toile de 50 X 46 cm est accrochée au muséum national de Stockholm, et est l’œuvre du portraitiste suédois Alexander Roslin (1718-1793).

 

Le Basionyme : (ou presque) C’est-à-dire le référent auquel se rattachent tous les autres noms donnés à la même espèce de la même famille. Ces noms, si la description correspond, deviennent alors synonymes

 

1753 : Papaver Rhœas Linn

             Species plantarum – Tome I – page 507

 

Les synonymes :

Et le livre où lire leur(s) description(s).

 

1779 - Papaver arvense Lam. nom. illeg.

             Flore françoise ou descriptions succinctes de toutes les plantes qui croissent

             naturellement en France, disposées selon une nouvelle Léthode d’analuse, et

             précédées par un exposé des principes élémentaires de la Botanique.

            Tome III -chapitre 777 – page 171 à 175

 

1782 - Papaver atropurpureum Gilib., Fl. Lit. Inch. 2: 214, nom. inval.

             Flora Lituanica inchoata, seu enumeratio plantarum quas circa Grodnam

             collegit & determinavit de Jean Emmanuel Gilibert – volume 2 – page 214

 

1793 - Papaver arvense Borkh.

           Tentamen dispositionis plantarum Germaniae seminiferarum secundum new

             fact methodum A staminum situ proportione.

 

1814 - Papaver integrifolium Vig. (L. G. Alex Viguier) - page 38

             Papaver roublæi Vig. - page 39

             Histoire naturelle, médicale et économique, des pavots

 

1821 - Papaver erraticum Gray – (Samuel Frederick Gray)- (Nom illegal)

             A natural arrangement of British plants (T.2 page 705)

 

1827 - Papaver intermedium Becker, (Johannes Becker)., 1: 386. 1827.

             Flora der Gegend um Frankfurt am Main – Tome 1 page 386

 

1829 - Papaver uniflorum Balb. ex Spenn. (F. K. L. Spenner 1798-1841).

             Flora Friburgensis et regionum proxime adjacentium - Tome.3 - page 980

 

1837 - Papaver commutatum Fisch. C.A.Mey. & Trautv.

             Index Seminum, quae Hortus Botanicus Imperialis Petropolitanus pro Mutua

             Commutatione offert, Accedunt Animadversiones Botanicae Nonnullae.

             St. Petersburg.- Quartus – page 41 – item 1547

 

1838 - Papaver rhoeas var. bipinnatifidum N.H.F.Desp.

             Flore de la Sarthe et de la Mayenne disposée d'après la méthode naturelle,

             avec l'indication des propriétés médicales des plantes et leur usage dans les

             arts, par Narcisse Henri François Desportes (N.H.F. Desp) page 10.

 

1848 - Papaver rhoeas var. pallidum Gren. & Godr.

           Papaver rhoeas var. vestitum Gren. & Godr.

            Flore de France par M. Grenier et M. Godron – Vol I Part. I – page 58

 

1860 - Papaver insignitum Jord. - (Alexis Jordan)

         - Papaver arvaticum Jord.

         - Papaver agrivagum Jord.

         - Papaver cereale Jord.

         - Papaver cruciatum Jord.

         - Papaver segetale Jord.

         - Papaver rusticum Jord.

           Annales de la Société Linnéenne de Lyon - (T.7 - pages 463 à 467) de 1860.

 

1870 - Papaver dodonei Nob - Timb-Lagr. (Page 161)

             Papaver erraticum Nob - Timb-Lagr. (a) (Page 161)

             Papaver Fuschii Nob - Timb-Lagr. (b) (Page 162)

             Papaver caudatifolius Nob - Timb-Lagr. (Page 163)

             Papaver syriacum Boissier et Blan. (Page 164) 

             Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Toulouse. Tome 4

             (Descriptions faites par le pharmacien Edouard Timbal-Lagrave (1849-1888).

 

             Nota Bene : Les papavers annotés a et b sont :

             (a) ex - Papaver erraticum primum Fuchs

           (b) ex - Papaver erraticum alterum Fuchs

             Décrits par le médecin Bavarois Leonhart Fuchs (1501-1566) dans son livre :

             ‘’De historia stirpium commentarii insignes‘’ paru en 1543

             L’article ‘’Mecone Rhœade‘’ est page 514 suivit de gravures.

 

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Photo 1 : (1750) Une illustration d’un papaver erraticum (Papaver Rhoeas) paru en 1750 dans ‘’Herbarium Blackwellianum‘’ de l’écossaise Elizabeth Blacherie dit Elizabeth Blackwell (1707-1758) (*) (Volume 6 – t 560) (Source Plantillustration.org)

(*) A ne pas confondre avec le médecin anglo-américain Elizabeth Blackwell (1821-1910)

Photo 2 : (1777) Une illustration d’un papaver Rhœas paru en en 1777 dans ‘’Flora Londinensis, or, Plates and descriptions of such plants as grow wild in the environs of London ‘’ de Williams Curtis (1746-1799) (Volume 3 – Planche 32) (Source Plantillustration.org & BHL Biodiversity Heritage Library.)

Photo 3 : (1794) Une illustration d’un papaver Rhœas L. paru en 1794 dans ‘’Abbildungen aller ökonomischen Pflanzen‘’ de l’Allemand Johann Simon von Kerner (1755-1830) (Volume 3 – page 227) (Source Plantillustration.org)

 

1873 - Papaver rhoeas var. conicum Legrand.

             La Statistique botanique du Forez, (Antoine Le Grand) – page 71

 

1876 - Papaver umbrosum hort.

             The gardeners’ chronicle, nouvel série Volume 6 - page 16

 

1879 - Papaver rhoeas var. violaceum Bréb.

             Flore de la Normandie par Alphonse de Brébisson 5è édition. Page 18

 

1883 - Papaver hookeri Baker ex Hort.

           Curtis's botanical magazine. (Vol.109- ou 3è série Vol.39 - Tableau 6729).

 

1889 - Papaver rumelicum Velen. (Josef Velenovský - 1858-1949)

             Sitzungsberichte der Königlich-Böhmischen Gesellschaft der Wissenschaften

             in Prag – chapitre plantae novae bulgaricae page 29

 

1892 - Papaver erucifolium Timb. (Papaver erraticum Timb.)

             Revue de Botanique, Bulletin mensuel de la Société Française de Botanique.

             (Tome X – page 36)

 

1893 - Papaver rhoeas proles insignitum (Jord.) Rouy & Foucaud

            Papaver rhoeas proles intermedium (Becker) Rouy & Foucaud

            Papaver rhoeas var. erucifolium (Timb.-Lagr.) Rouy & Foucaud

              Flore de France Tome premier – page 154

 

             Papaver rhoeas var. arvaticum (Jord.) Rouy & Foucaud

           Papaver rhoeas var. erraticum (Jord.) Rouy & Foucaud

           Papaver rhoeas var. segetale (Jord.) Rouy & Foucaud

           Papaver rhoeas proles caudatifolium (Timb.-Lagr.) Rouy & Foucaud, 

           Papaver rhoeas var. agrivagum (Jord.) Rouy & Foucaud

           Papaver rhoeas var. cruciatum (Jord.) Rouy & Foucaud

           Papaver rhoeas var. serratifolium Hérib. ex Rouy & Foucaud

             Flore de France Tome premier – page 155

 

             Papaver rhoeas proles roubiæi (Vig.) Rouy & Foucaud           

             Flore de France Tome premier – page 156

             (ou description des plantes qui croissent spontanément en France)

 

1894 - Papaver rhoeas proles rusticum (Jord.) Bonnier

             Flore complète portative de la France de la Suisse et de la Belgique de Gaston

             Bonnet et Georges de Layens.

 

1905 - Papaver rapiferum Fedde, Bull. (page 170).

             Papaver humile Fedde, Bull. (page 446)

             Papaver tenuissimum Fedde. (page 446)

             Papaver postii Fedde, Bull. (page 447).

             Bulletin de l'Herbier Boissier et Barbey-Boissier - 2è série - Volume 5.

 

1909 - Papaver graecum Link ex Fedde, (page 229).

             Papaver caespitosum Fedde, (page 302).

           Papaver hirto-dubium Fedde, (page 303).

           Papaver pseudo-haussknechtii Fedde, (page 304).

            Papaver thaumasiosepalum Fedde, (page 307)

            Papaver ameristophyllum Fedde, (page 308)

            Papaver robertianella Fedde. (page 323)

            Papaver subumbilicatum Fedde. (page 324)

            Papaver ramosissimum Fedde, (page 363)

            Pflanzenreich Regni vegetabilis conspectus A. Engler Tome IV - 104

            (Papaveraceae-Hypecoideae et papaveroideae)

 

1914 - Papaver rhoeas subsp. humile Holmboe, Veg. Cyprus : 83. 1914.

             Studies on the vegetation of Cyprus (Jens Holmboe John Griegs)

 

1928 - Papaver rhoeas subsp. insignitum (Jord.) P.Fourn.

           Papaver rhoeas subsp. intermedium (Becker) P.Fourn.

           Papaver rhoeas subsp. caudatifolium,

             Flore complétive de la plaine Française de Paul-Victor Fournier – page 26

 

1936 - Papaver rhoeas var.hookeri (Baker ex Hook.f.) Fedde.

             Die Natürlichen Pflanzenfamilien Nebsy ihren gattungen und Wichtigeren arten

             Insbesondere den nutzpflanzen de A. Engler und K. Prantl – 2è édition

             ‘’Papavaracées‘’ von Friedrich Fedde- Volume 17b - pages 5 à 120.

 

1953 - Papaver tumidulum Klokov, Fl. URSR v. 502. 1953.

             Flora RSS UCR

             (Flora Republicae Sovie- ticae Socialisticae Ucrainicae) 5 – v 502

 

1981 - Papaver rhoeas subsp. cyprium Chrtek & B.Slavik.

             Preslia – The journal of the Czech Botanical Society

             Prealia, Praha, 53, 45-65 – 1981 page 48

 

1986 - Papaver rhoeas var. caudatifolium (Timb.-Lagr.) Fedde

           Papaver rhoeas var. digitatum Pau

           Papaver rhoeas var. genuinum Elkan

           Papaver rhoeas var. intermedium (Beck) Coutinho.

           Papaver rhoeas var. setigerum Boenn.

           Papaver rhoeas var. subintegrum Lange

           Papaver rhoeas var. torilifolium Pau

           Papaver rhoeas var. trichocarpum Pamp

             Flora Iberica plantas vasculares de la peninsula Iberica

             e islas Baleaes – volume I – page 410

 

 

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Photo 1 : (1880) Illustration d’un papaver Rhœas extraite de ‘’Médicinal plants : Being descriptions with original figures of the principal plants employed in medicine and an account of the characters, proprieties, and uses of their parts and products of medicinal value. ‘’ Cette publication est des britanniques Robert Bentley (1821-1893) et Henry Trimen (1843-1896)

Photo 2 : (1883) Illustration d’un Papaver hookeri Baker ex Hort. Qui deviendra synonyme Papaver Rhœas. Cette planche est extraite du ‘’Curtis's botanical magazine‘’ de Sir Joseph Dalton Hooker. (Vol.109, ou 3è Série Vol.39 - Tableau 6729). (BHL Biodiversity Heritage Library.)

Photo 3 : (vers1896) Une planche représentant un coquelicot, signée Emile Deyrolle (1838-1917). Elle avait été réalisée dans le cadre des planches scolaires destinées à l’éducation des normaliens en matière de biologie. (Source : Ecole d’Arras - Bibliothèque Numérique de l'Université d'Artois)

 

Une chansonnette ayant trait aux coquelicots pour nous délasser de cette liste fastidieuse, et non des moindres :

 

                                Comme un p'tit coquelicot

 

                             Le myosotis, et puis la rose

                             Ce sont des fleurs qui dis'nt quèqu' chose !

                             Mais pour aimer les coqu'licots

                             Et n'aimer qu'ça... faut être idiot !

                             T'as p't'êtr' raison ! seul'ment voilà :

                        

Cette chanson que Marcel André Mouloudji dit Mouloudji (1922-1994) (*) inscrivit à son répertoire a été écrite pour le texte par Raymond Asso (1901-1968) en 1951 et pour la musique par Valerie Bousquet dite Claude Valery (1909-1992) l’épouse de Raymond Asso.

 

Cette chanson a d’abord été proposée à Maurice Chevalier qui l’a refusée. Alors Jacques Canetti, un très grand découvreur de talents, tout à la fois agent artistique et patron du cabaret ‘’Les trois baudets‘’ propose Mouloudji pour l’enregistrer.

L’enregistrement se fait, et dans la foulée, Mouloudji reçoit :

                        - en 1952 le prix Charles Cros.

                        - en 1953 le prix Charles Cros. (Une deuxième fois)

                        - en 1953 le grand prix du disque.

 

(*) J’ai eu la chance de rencontrer Mouloudji à trois reprises … et de l’entendre chanter cette chanson au TOP de Boulogne-Billancourt (Théâtre de l'Ouest Parisien) où je travaillais alors ! … Mouloudji était un homme d’une très grande gentillesse.

 

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La classification du papaver Rhœas :

 

Le papaver appartient à la famille des Papaveraceæ (Papavéracées) dont la plupart des individus sont des plantes herbacées, mais il y a parmi eux quelques arbustes. 

 

Comme les espèces de la famille des Papaveraceæ, le papaver est une plante dicotylédone, c’est-à-dire dont la graine donne naissance à deux feuilles primordiales. Leur grande particularité est d’être laticifère, c’est-à-dire produisant un latex laiteux ou aqueux blanc, jaune, rouge ou transparent selon les espèces.

 

Presque toutes les Papaveraceæ contiennent des alcaloïdes qui font que beaucoup, à des degrés différents, sont toxiques.  

 

 

 

Description du papaver Rhœas ou Coquelicot :

 

 

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Photo 1 : Illustration d’un papaver Rhœas extraite de ‘’Nouvelle iconographie fourragère‘’ de Jean Gourdon (1824-1876) et Philibert Naudin (1819-1874) paru en 1871. (Volume atlas composé que de planches – planche 8). (Source : Plantillustration.org & BHL Biodiversity Heritage Library.)

Photo 2 : Illustration d’un papaver Rhœas extraite de ‘’Abbildungen aller ökonomischen Pflanzen ‘’ de l’allemand Johann Simon von Kerner (1755-1830). (Volume 3 – planche 227) (Source : Plantillustration.org & BHL Biodiversity Heritage Library.)

 

La racine du coquelicot :

 

La racine est une racine dite ‘’pivot‘’, toute grêle, presque simple blanchâtre et un peu fibreuses.

 

La tige du coquelicot :

 

La tige du coquelicot est frêle, droite et rameuse. Elle est couverte de poils un peu distant les uns des autres et elle s’élève entre 35 et 70 cm. Lorsque son pédoncule (tige) est tranché, il laisse s’écouler un suc blanc.

 

Les feuilles du coquelicot :

 

Les feuilles du coquelicot, d’un vert tirant sur le bleu, sont de deux types. Il y a celles pourvues d’un pétiole (petite queue qui les relie à la tige) et qui sont les feuilles inférieures et radiales ; et les feuilles supérieures qui sont sessiles c’est-à-dire insérées directement à la tige, sans l’intermédiaire d’un pétiole ou d’un pédoncule. Elles sont alternes et sans stipule.

 

Toutes les feuilles font penser à des ailes et présentent des découpes profondes en forme de lanières assez longues et velues. Ces lanières, lobes ou segments tantôt linéaires et tantôt oblongs sont souvent lancéolés, quelque fois entiers mais le plus souvent dentés ou pinnatifides (découpé de façon symétrique par rapport à la nervure centrale.)

 

Presque toujours une soie (petits poils allongés et raides) ou sétacé (Idem) termine les lobes des feuilles, mais cette particularité peut varier selon les terrains.

 

 

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Photo 1 : Un bouton de Coquelicot entrain d’éclore. (Source : trouvé sur le net – Photo de Christian Pourre)

Photo 2 : Deux fleurs de coquelicots mettant en évidence les deux types de pétales, extérieurs et intérieurs. (Source plantillustration.org – photo du néerlandais Jan Koeman.)

Photo 3 : Tableau pédagogique des éditions Rossignol créé par André Rossignol (1917-2004) lequel signait sous le pseudonyme de ‘’Durham‘’. Pour répondre aux besoins des enseignants, et à la tiédeur des éditeurs, cet instituteur créa de nombreux documents pédagogiques à partir de 1946.

Qui n’a pas connu ses cartes de France suspendues dans sa salle de classe ? … (Source : découvert sur le net.)

 

La fleur du coquelicot :

 

A l’extrémité de la tige naît un bouton de forme oblongue, souvent incliné vers le sol mais parfois droit et recouvert de poils, ce qui va faire de la fleur, une fleur dite terminale. Cette fleur dans la plupart des cas est solitaire mais il arrive, parfois, sur ses côtés qu’ils en naissent une ou deux autres.

 

Au moment de l’éclosion, les deux sépales, libres et caducs, se désolidarisent et tombent. Alors les quatre pétales se ‘’défripent‘’. Parfois, mais rarement il peut apparaître un cinquième pétale, et un troisième sépale.

 

Les quatre pétales, plus longs que larges, environ 30 à 45 mm. libres, hypogynes (placés sous l’ovaire) et caducs, forment alors la corolle dite polypétale ou tétrapétale. Comme ils sont imbriqués entre eux, deux sont dits extérieurs, et enveloppent entièrement les deux autres dits internes.

Ces quatre pétales sont, tantôt d’un rouge (*) immaculé et tantôt marqués à leur base d’une tache noire.

 

(*) Les pétales de coquelicots sont à l’origine d’un colorant rouge sang. Les Latins croyaient que cette couleur avait été découverte par les phéniciens d’où son nom, à l’origine de phoeniceus, lequel se serait transformé en puniceus.

 

Parfois il arrive que les pétales de quelques coquelicots soient de couleur mauve. L’Etatsunien Amos Arthur Heller (1867-1994) cite une variété de coquelicots dont les pétales sont de couleur blanche.

 

Les pétales tombent un jour ou deux après leur éclosion, comme d’ailleurs les étamines.

 

 

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Les étamines (organe reproducteur mâle) en nombre infini et indéfini, (*) forment comme une couronne autour du pistil (organe femelle).

 

(*) Quelques botanistes donnent le chiffre de 150 ?!...

 

Ces étamines, tout à la fois libres et hypogynes s’élèvent à partir du dessous de l’ovaire mais sans le dépasser (hypogyne). Ils se constituent d’un filet très fin de couleur mordorée, renflé à son extrémité et portant une anthère de couleur noire. Cette poche terminale contenant le pollen se compose de deux loges c’est pourquoi elle est dite biloculaires. Ces poches s’ouvrent spontanément (déhiscence marginale) et déversent alors leur pollen ce qui fait du coquelicot une fleur hermaphrodite (fleur portant les organes des deux sexes).

 

Le pistil prolonge la tige ou pédoncule, et se présente sous l’aspect d’une capsule ovoïde lisse ayant la forme d’une toupie. Il se compose de l’ovaire située dans la partie basse du style, qui se caractérise par un rétrécissement plus ou moins long entre l’ovaire et les stigmates, lesquelles terminent tout à la fois le style et le pistil.

 

L’ovaire est dit supère parce que situé au-dessus des pétales. Il est uniloculaire parce qu’unique, mais recloisonné secondairement à l’intérieur et à placentas pariétaux. Cette capsule de forme ovoïde est glabre, pas un poil ne la recouvre.

 

Dans le cas du coquelicot le style, pratiquement inexistant, est recouvert d’une espèce de plateau au bord festonné contenant entre six et dix-huit bandelettes ou crêtes qui se rejoignent en son centre, tels des rayons d’une roue de bicyclette. Chacun de ces ‘’rayons‘’, est un stigmate (réceptacle à pollen). Le nombre de ces ‘’rayons‘’ varie selon les coquelicots et … les botanistes.

A l’origine ces stigmates sont de la même couleur que le pistil, c’est-à-dire d’un vert tendre, puis ils prennent de la couleur lorsque le pollen des coquelicots voisins vient s’y déposer via le vent ou les insectes. (*) Alors du vert tendre cette couleur passe au doré puis à un rouge ‘’vineux‘’. Le pollen du coquelicot va féconder les coquelicots voisins et non s’auto-féconder.

 

(*) Les pétales de coquelicot sont d’excellents réflecteurs de rayons ultraviolets. Les abeilles étant très sensibles à ces rayons ne manquent pas de venir les butiner d’autant que ce sont d’excellentes pollinisatrices.

 

L’intérieur de la ‘’toupie‘’ (l’ovaire) est cloisonnée en autant de loges qu’il existe de stigmates, c’est-à-dire entre 6 et 18 ; et dans chacune de ces loges s’entassent de très nombreuses et fines semences (ovules, des espèces d’œufs végétaux) qui n’attendent qu’à être pollinisées.

 

Les fleurs fraîches exhalent une odeur vireuse analogue à celle de l’opium ; leur saveur est mucilagineuse et un peu amère.

 

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Photo 1 : Un fruit de coquelicot.

Photo 2 : Un bouquet de fruits du coquelicot

Photo 3 : Un fruit de coquelicot en coupe longitudinale. Six loges gorgées de graines sont alors visibles.

 

Le fruit du coquelicot :

 

Le pistil, dont la forme générale rappelle celle d’une toupie, à maturité devient un fruit sec qui explose ou s’ouvre naturellement. Par les trous qui se trouvent sous le plateau et qui recouvre le pistil, vont alors s’échapper, suite à cette explosion et selon les caprices du vent, les graines contenues dans les différentes loges de l’ovaire. Les botanistes d’hier parlaient de 36.000 graines par pied ; ceux d’aujourd’hui avancent le chiffre de 50 à 60.000 graines par pied.

 

Ces minuscules graines brunâtres à fossette (scrobiculée) ou ‘’campulitrope‘’, (*) prennent l’air par l’un des orifices correspondant à l’une des loges de l’ovaire où elles furent fécondées et où elles attendaient leur expulsion.

 

(*) Le terme de ‘’campulitrope‘’ était utilisé par le botaniste français Charles-François Brisseau de Mirebel (1776-1854) pour définir le type de courbure des graines. Il ajoutait qu’elles étaient albuminées.

 

Leur capacité de germination serait de 5 à 8 ans. Certains auteurs, et non des moindres, avancent que les graines de coquelicot pourraient rester en terre plus de quatre-vingts ans sans germer ?! …

 

 

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Le coquelicot en tant que produit de consommation :

 

Le coquelicot est une herbe comestible : Certes il contient des alcaloïdes mais : pas d’opium.

 

Il est consommé depuis des millénaires chez de nombreux peuples. Dans l’un de ses articles intitulé ‘’Ulysse et les mangeurs de coquelicots‘’ M. Rousseaux démontre que les lotophages (*) dont parle Homère (fin VIIIe av.JC) auteur présumé de l’Illiade et de l’Odyssée, seraient en fait des mangeurs de coquelicots.

 

(*) Les lotophages seraient un peuple habitant la Libye (peuple imaginaire ou non ?), rencontré par Ulysse et ses compagnons dans l’Odyssée.

D’après Homère, ces lotophages seraient des mangeurs de lotus. Oui, mais le lotus n’endort pas son consommateur, alors que le pavot oui. La question est alors de savoir si les lotophages ne seraient pas des mangeurs de pavots plutôt que des consommateurs de lotus ?!... C’est du moins la thèse que développe M. Rousseau. Une thèse qui tient la route.

 

L’article de M. Rousseau, en forme de démonstration, nous conduits chez les Berbères du Maroc, dont les ancêtres sont originaires de Libye, soit-dit en passant. Le fruit et l’ovaire du coquelicot sont appelés par ces berbères aluda ou alôda. (*) Ils sont cueillis avant maturité et mangés, pilés ou grillés.

 

(*) Dans les mots aluda ou alôda on retrouve le radical de Lotos signale M. Rousseaux.

 

 

Tout est bon chez le coquelicot : Feuilles, pétales, fleurs et graines. Il a même la réputation de compter parmi les meilleures herbes à cuire.

 

Les feuilles : les jeunes feuilles, c’est-à-dire avant que la plante ne monte en tige, se consomment crues (salade) ou cuites.

Dans les Cévennes et la région méditerranéenne les feuilles de coquelicots sont cuites et présentées sous forme d’un plat qui porte le nom de bourbouillade.

 

Les pétales : Les pétales se mangent aussi en salade, mais frais. En Grèce ce sont carrément les boutons qui se consomment en salade. Ils auraient un goût de noisette. Ils sont aussi consommés en confiture et en en tisane.

 

Les fleurs : Elles accompagnent de nombreux plats et servent aussi à leur décoration.

 

Les graines : Elles sont beaucoup utilisées en pâtisserie. Ce qui est excellent pour le consommateur car elles sont riches en minéraux tels que le calcium, le fer, le manganèse et le magnésium.

 

Petits plus :

 

Dans les Cévennes, les feuilles de coquelicots entrent dans la confection de nombreuses charcuteries.

Louis XIV appréciait particulièrement la soupe d’orties et de coquelicots. 

 

 

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Tout commença par des petites pastilles rondes d’environ 7 mm de diamètre, contenues dans des bocaux et vendues en pharmacie pour prévenir une grippe ou un mal à la gorge. Puis ces pastilles prirent la forme de petits pavés rectangulaires, écornés à leurs quatre angles, avec un coquelicot en leur centre. Ces ‘’nouvelles créations‘’, tout en remplaçant leurs ancêtres dans les bocaux du pharmacien, trouvèrent aussi une place dans les récipients ‘’magiques‘’, (pour les gosses), des épiciers de village et furent alors consommés tout autant comme remède que confiserie.   

 

Le coquelicot en tant que plante médicinale :

 

Le coquelicot se consomme cuisiné, sous forme de plats, de charcuteries et de pâtisseries. Il entre dans la confection de confiture, bonbon, sirop et infusion

 

Le coquelicot a bien des vertus thérapeutiques, mais aussi un revers. Ainsi, sa consommation est contre-indiquée, lors des grossesses, de l’allaitement ainsi que chez les enfants de moins de 7 ou 10 ans.

Par ailleurs il va de soi de ne pas le combiner avec des somnifères, anxiolytiques ou tout autre médicament. C’est l’un ou c’est l’autre mais pas les deux en même temps.

 

Les principes actifs du coquelicot sont dus à son acide méconique, ses alcaloïdes (papavérine, rhoeadine et isorhoeadine), ses anthocyanosides, (antiseptiques) son mucilage (substance qui couvre la gorge et l’adouci), et son tanin.

 

En raison de ces principes actifs, le coquelicot soulage quelques-uns des maux qui nous gâchent la vie de tous les jours, étant entendu qu’il est prudent de ne pas en faire un accompagnateur de somnifères, d’anxiolytiques ou de tout autre médicament pris pour dormir. (Bis repetita) Car la prise de doses trop élevées peut être dangereuses.

 

Les bienfaits du coquelicot :

 

Attention, les bienfaits des pétales de coquelicots n‘existent que si la récolte a été faite dans de bonnes conditions : Leur cueillette se fait tôt le matin, leur séchage à plat sur une serviette et à l’abri de la lumière, leur conservation dans un bocal fermé hermétiquement.

Si malgré tous ces conseils les pétales séchés virent au noir c’est qu’ils ont souffert de l’humidité et sont bons à jeter.

 

 

Emploi du coquelicot en usage interne :

 

1/ Le coquelicot est un antitussif et un béchique qui soulage les toux sèches, spasmodiques, nerveuses, et qui soigne les affections respiratoires. Il ne peut rien pour les toux grasses qui servent à la remontée des glaires. Il faut alors voir un médecin car il y a une infection quelque part.

Il existait durant mon enfance des bonbons aux coquelicots contre la toux. Leur fabrication a été arrêtée puis reprise par différents groupes. (*)

 

(*) Ce serait vers 1870 qu’un confiseur de Nemours, François Etienne Desserey (1830- ?) aurait eu l’idée de fabriquer des bonbons en utilisant le coquelicot pour combattre la toux. Ses premiers essais se portèrent sur la fabrication de pastilles sans présentation particulière. Puis par la suite ces pastilles, vendues uniquement en pharmacie, vont prendre la forme de petits rectangles rouges translucides dont les angles sont écornés et le centre occupé par un coquelicot en relief. Le coquelicot de Nemours était né. Sa fabrication a perduré jusqu’aux années 1955 puisque j’en ai été un consommateur en ces années. Puis le bonbon aux coquelicots a … disparu des étagères de confiseries.

Un chocolatier-confiseur, Denis Jullamier de Nemours lui aussi, a remis au goût du jour ce type bonbon courant 1960 Il a même étendu sa gamme en proposant des bonbons dont les arômes proviennent d’autres fleurs.

Ce confiseur n’est pas le seul sur le marché puisque j’ai relevé les confiseries : adg-diffusion – Barnier – Géromoise – Gourmands d’antan – Kubli – Maisons des bonbons - Verdier :

 

2/ C’est un émollient c’est-à-dire une substance qui amollit, détend et relâche

 

3/ C’est un sudorifique ou Diaphorétique, c’est-à-dire un médicament qui provoque les sudations, comme la transpiration. Ainsi en cas de fièvre modérée le coquelicot augmente la sécrétion sudorale (sueur).

 

4/ C’est un sédatif qui agit contre les insomnies. La rhœadine contenu dans le coquelicot calme l’anxiété et les tensions nerveuses ce qui alors favorise l’endormissement. (*) Le coquelicot ne contient pas de morphine.

 

(*) L’agronome et encyclopédiste l’Abbé Noël Chomel (1633-1712) écrivait dans son dictionnaire Œconomique au sujet du coquelicot concernant ses effets sudorifique ‘’ … plus efficace que le sang de bouc et la fiente de mule qu’on vante tant ‘’. 

 

En usage externe :

 

5/ C’est un anti-douleur. Au moyen de compresses imbibées d’une préparation à base de coquelicot il soulage les douleurs dues aux abcès dentaires, les maux des yeux. Toujours appliquée sous forme de compresses cette préparation serait un excellent anti-ride ; elle tonifierait même et illuminerait les peaux fatiguées.

 

Nota : Les graines de coquelicots sont riches en minéraux tels que le calcium, le fer, le manganèse et le magnésium. (Bis repetita)

 

 

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Ces trois images sont des ‘’premières de couverture‘’ de la revue ‘’La mode Chic‘’. Cette dernière fut créée par Madame Germaine Paule Joumard dite ‘’joujou‘’ (1963) et éditée de 1932 à 1947 sans un rythme de parution vraiment régulier. Entre ces deux dates 103 numéros ont été imprimés et parfois le mot ‘’coquelicot‘’ vient à la rescousse de la mode pour mettre en valeur un article en particulier.

 

Photo 1 : N°10 de Nov. 1942 – page 9 : article n° 550 : ‘’ Robe droite en fin lainage coquelicot, l’empiècement est découpé à dents. Mét. 2 m. en 140. (Source : Gallica BNF)

Photo 2 : N° 12 de Déc. 1933 – page centrale : Voici tant attendu, l’arbre surprise devant lequel s’émerveillent les petits. On leur a pour cette circonstance, mis leurs plus beaux atours. Voici, de droite à gauche : Mariette, en robe de crêpe de chine rouge coquelicot entièrement plissée, un fin cordon de velours blanc marque la taille. (Source : Gallica BNF)

Photo 3 : N° de mai 1946 – page 8/9 : article n° 219 : ‘’Manteau pratique en flanelle rouge coquelicot. Manches raglan. Boutons dorés. Métrage : 3m50 en 140. (Source : Gallica BNF)

 

 

Le coquelicot en tant que plante tinctoriale :

 

Les vertus du coquelicot en tant que plante tinctoriale était connues depuis fort longtemps, puisque les latins croyaient que c’était les Phéniciens qui avaient découverts la couleur pourpre. Or l’existence du peuple phénicien remonte à environ 2.500 av.JC. Il occupait alors ce qu’est le Liban aujourd’hui, et ses alentours.

C’est la déformation du mot phoeniceux, c’est-à-dire Phéniciens, qui a donné naissance au terme latin puniceus dont la signification est : écarlate et cramoisi.

L’écarlate et le cramoisi s’obtiennent grâce, principalement, à deux types de pigments les uns appelés ‘’anthocyanes‘’ ou ‘’anthocyanosides‘’ et les autres qui sont des dérivés de la cyanidine. Tous logent dans les pétales du coquelicot ; les premiers, de couleur rouge sont hydrosolubes, et les seconds varient du rouge au bleu selon le résultat à obtenir.

Plusieurs ‘’mordants‘’ c’est-à-dire substances dont on imprègne les étoffes et les laines à teindre sont utilisés. Avant teinture, pour aider la couleur à prendre, il y a l’alun et après teinture, pour que la couleur se fixe il y a le sulfate de cuivre ou le sulfate de fer. 

Mêlés à de l’acide acétique et de l’alun les pigments du coquelicot teignent en rouge la laine.

 

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‘’Coquelicots‘’ ou ‘’In Flanders Field-Where Soldiers Sleep and Poppies Grow, Poppies ‘’ (Dans les champs de Flandre - où les soldats dorment et les coquelicots grandissent, les coquelicots.) une huile sur toile de 147,3 X 264,1 cm de l’Etasunien Robert William Vonnoh (1858-1933).

Cette œuvre a été achevée en 1890 et est accrochée au musée de l’industrie et du travail de Youngstown, entre Cleveland et Pittsburgh dans l’état de l’Ohio aux Etats-Unis.

 

Le coquelicot emblème de paix et de combats :

 

Ces dernières années sont apparues des cocardes rouges et blanches en forme de coquelicot. Chaque cocarde, la rouge comme la blanche a son histoire.

 

L’histoire de la cocarde du coquelicot rouge :

 

L’histoire de la cocarde du coquelicot rouge prend ses racines du côté de la Somme. Nous sommes en 1915 et le lieutenant-colonel John McCrae (1872-1918) un canadien sous les drapeaux, engagé volontaire dans un corps médical, va se recueillir sur la tombe d’un ami, un certain Helmer. C’est alors qu’il constate que la tombe de cet ami est recouverte de coquelicots, ainsi d’ailleurs que toutes les tombes voisines. En fait, le cimetière n’est qu’un immense champ de coquelicots.

 

Cette étrange vision, touchant au surréalisme, va lui inspirer un poème qu’il intitule ‘’In Flanders Fields‘’ (Dans les champs de Flandres) (*) dont les cinq premiers vers vont passer à la postérité et être indissociable de l’élan collectif qui va suivre et dont il aura été à l’origine bien malgré lui.

 

(*) Ce poème sera publié anonymement par le magazine britannique ‘’Punch‘’ le 8 décembre 1915. Il aurait été, d’après l’historien Etatsunien Paul Fussell le poème le plus populaire de son temps.

Dès que son auteur fut connu des lettres de félicitations du monde entier lui seront adressées, et le poème se verra traduire en de nombreuses langues ; ce qui fera dire à son auteur, le sourire aux lèvres, ‘’il ne devrait manquer que le Chinois‘’.

 

Pourtant, son poème n’était qu’un poème parmi tant d’autres et sans la moindre prétention littéraire. Seulement voilà, non seulement il a réveillé les souvenirs de certains, mais touché nombre d’âmes étrangères à ces souvenirs et à l’hécatombe humaine qu’il évoque sans aucun lyrisme.

 

               ‘’ Dans les champs de Flandre, les coquelicots fleurissent

                 Entre les croix qui, d’une rangée sur l’autre,

                 Marquent notre place ; et dans le ciel

                 Les alouettes encore bravement, chantent, volent, 

                 A peine audibles parmi les canons qui tonnent. ‘’

 

 

Suit l’adaptation qui en a été faite par le traducteur ‘’officiel‘’ et que le musée de l’armée (Les Invalides) présente à ses visiteurs.

 

                    ‘’Au champ d’honneur, les coquelicots

                     Sont parsemés de lot en lot

                     Auprès des croix ; et dans l’espace

                     Les alouettes devenues lasses

                     Mêlent leurs chants au sifflement des obusiers.

 

                                       Le major Jean Pariseau (1924-2006) (*)

 

(*) Jean Pariseau était un Canadien d’ascendance et de culture française. Il était tout à la fois un historien militaire et religieux, un écrivain et un généalogiste ayant à son actif cinq ouvrages concernant le Canada.

 

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Photo 1 : les cinq premiers vers du poème ‘’Dans les champs de Flandre‘’.

Photo 2 : Le texte du poème écrit de la main de l’auteur.

Photo 3 : Le lieutenant-colonel John McCrae (1872-1918) auteur du poème ‘’Dans les champs de Flandre‘’.

 

Quelques mois plus tard, le samedi matin 9 novembre 1918, ce poème tombe sous les yeux d’une certaine Moina Belle Michael (1869-1944). Elle est alors secrétaire de guerre, et, dans une antichambre en attente d’instructions. Un dossier se trouve à la portée de ses mains, elle s’en saisi, le feuillette et le fameux poème attire son attention ! …

Sa réaction est immédiate. Elle compose, elle aussi un poème en réponse à celui du lieutenant-colonel John McCrae, intitulé "We Shall Keep the Faith" ce qui signifie ‘’Nous garderons la foi‘’ ; après avoir composé son poème, dans un moment qui ne s’explique pas, elle se promet et s’engage de toujours porter une petite cocarde en forme de coquelicot en souvenir de tous ceux qui ont servi lors de cette première guerre mondiale et de garder la foi avec tous les morts de cette grande tuerie.

 

                       ‘’ Oh! vous qui dormez dans les champs de Flandre

                       Dormez bien – ressuscitez ! Nous avons attrapé le flambeau

                       Que vous avez lancé. Et le tenant haut,

                        Nous gardons la foi avec tous ceux qui sont morts.

 

                       (Les quatre premiers vers de ‘’Nous garderons la foi ‘’.)

 

Moina Belle Michael alors âgée de 49 ans était enseignante depuis 1885. Elle professa successivement à Good-Hope dans l’Illinois, au centre-Ouest des Etats-Unis, puis à Monroe, à l’école normale d’Athènes (Athens) et à l’Université de Géorgie sise à Athènes, trois établissements de Géorgie, un état du Sud-Ouest des Etats-Unis dont la grande ville est Atlanta.

 

Dès l’entrée en guerre de son pays, en avril 1917, Moina Belle Michael se porta volontaire pour aider à l’effort de guerre.  Alors elle démissionna de ses fonctions universitaires de Géorgie pour rejoindre à New-York le ou la YWCA (*)

 

(*) la/le YWCA (World Young Women's Christian Association) n’est pas à confondre avec la ou le YMCA. Il s’agit d’une association confessionnelle qui milite pour l’émancipation et la reconnaissance des droits des femmes de tous âges, confessions, origines et culture confondus.

 

La guerre terminée, Moina Belle Michael quitte New-York et réintègre son université de Géorgie où elle va poursuivre son engagement. Pour ce faire, elle prend en charge une classe d’anciens combattants, tous handicapés, dans le cadre d’une insertion.

 

Très vite elle se rend compte que ses ‘’élèves‘’ ont aussi besoin d’aides financières. Alors elle a l’idée de lever des fonds en proposant des petites cocardes en forme de coquelicot en soie rouge, identique à celle qu’elle porte depuis novembre 1918.

 

Localement son initiative obtient un certain succès alors elle a l’idée de l’étendre à l’ensemble des Etats-Unis. Pour y parvenir elle se met en quête de parrainages.

 

Courant 1920 l’Américan Legion Auxiliary (*) dont elle est membre, comme une certaine Anna E. Guérin, fait sienne son initiative ; elle adopte sa cocarde rouge et fait du coquelicot l’un des moyens pour venir en aide aux anciens combattants, mais aussi et surtout, ‘’le‘’ symbole commémoratif de la guerre 14/18 et Moina Belle Michael serait alors devenu ‘’The Poppy Lady‘’.

 

(*) L’American Légion Auxiliarie (ALA) est une association à but non lucratif fondée entre le 15-17 mars 1919 à Paris VII, par des vétérans revenant d’Europe pour faire valoir leurs droits. Elle tint son premier congrès à Minneapolis du 10 au 12 novembre 1919.

Nombre d’associations féminines ont voulu y être associées. C’est pourquoi elle est aujourd’hui la plus grande organisation de services patriotiques féminins au monde qui ne fonctionne qu’avec des bénévoles. D’après Wikipédia elle compterait plus de trois millions de membres.

 

 

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Photo 1 : ‘’THE POPPY LADY‘’, Madame Moina Belle Michael. Cette image est un extrait d’une enveloppe ‘’1er jour‘’ éditée le 9 novembre 1948, à l’occasion de l’émission du timbre de 3 cent, en l’honneur de Madame Moina Belle Michael.

Photo 2 : le colonel Frederick W. Galbraith (1874-1921), commandant national de la légion américaine.

Photo 3 : Madame Anna Eugène Guérin épinglant un coquelicot sur le revers du veston d’un vétéran de la ‘’Grande Armée de la République‘’. A l’origine en noir et blanc, cette photo a été colorisée par Anthony Malesys.

Cette photographie a été prise lors de la Convention des 19-25 septembre 1920 à Indianapolis. Elle compte partie des archives de Hartley Burr Alexander, détenues par la Nebraska State Historical Society et a été reproduite avec la permission de la Nebraska State Historical Society ©, en vertu de l'accord n ° 20170059.

 

Madame Anna Eugène Guérin (1878-1961) était une française originaire de l’Ardèche. Elle fut professeur à l’alliance Française de Madagascar, puis de Londres, avant de se retrouver aux Etats-Unis pour une série de conférences, un peu avant les hostilités.  Tout naturellement, comme Moina Belle Michael elle s’engagea, elle aussi, comme secrétaire de guerre au sein de la/le YWCA, où depuis cette organisation, entre autres activités, elle leva des fonds pour l’effort de guerre et la France. Ses dons d’oratrice en étonnèrent beaucoup d’autant que partout où elle serait intervenue, elle aurait levé plus de fonds que tous les orateurs qui l’avaient précédée, y compris dans les régions déjà sollicitées par des consœurs.

 

Sans nous attacher aux propos de certaines mauvaises langues plus favorable à Moina Belle Michael, qu’à Anna Eugène Guérin dont le nom, il est vrai, n’est plus aujourd’hui, qu’un vague souvenir, disons que cette Française, à la demande de son gouvernement planifia un vaste réseau de comités au sein des Etats-Unis afin de recueillir des fonds pour aider les orphelins de France.

 

En 1919 elle organise un ‘’Poppy Days‘’ mettant au centre de sa campagne le poème du lieutenant-colonel John McCrae. La réussite de cet événement va lui valoir le surnom de “Poppy Lady of France”.

 

Mais ! … deux ‘’Poppy Lady‘’, sans compter les nombreuses apparitions de ‘’Poppy Days‘’ décrétés anarchiquement, selon les besoins des différentes associations n’étaient pas sans jeter le trouble auprès du grand public. C’est alors qu’Anna Eugène Guérin eut l’idée ‘’d’une journée interalliée du Coquelicot‘’. Elle en parle à son ami le colonel Frederick W. Galbraith (1874-1921), alors commandant national de la légion américaine.

 

En septembre 1920, cette légion tient une convention à Cleveland (Ohio). Anna Eugène Guérin y est invitée et priée de présenter son idée concernant l’institution ‘’d’une journée interalliée du Coquelicot‘’. (*). Sa proposition reçoit un accueil favorable et est adoptée le 28 mai 1921.

 

(*) Le 9 juin 1921 le commandant national de la légion américaine, le colonel Frederick W. Galbraith est tué à Indianapolis dans un accident de voiture ?! … Alors Anna Eugène Guérin organisa et fixa, avec les fidèles du colonel, la journée interalliée du Coquelicot au jour de l’armistice.

 

C’est à la suite de cette adoption, que depuis les Etats-Unis, elle envoya une délégation de veuves françaises rencontrer le maréchal britannique Douglas Haig (1861-1928) alors président de la ‘’Royal British Légion (*) pour le faire adhérer au mouvement et qu’il accepte de vendre des coquelicots.

 

(*) The Royal Bristish Legion ou The Bristish Légion, comme L’American Légion Auxiliarie (ALA) est un organisme de bienfaisance pour venir en aide aux vétérans des armées britanniques et leurs familles. Cette Bristish Legion fut elle aussi fondée au sortir de la guerre le 15 mai 1921 par Tom Lister. Ce dernier réunira différentes associations caritatives ayant le même objectif, dont le Haig fonds créé par le maréchal Douglas Haig.

 

Parallèlement Anna Eugène Guérin, après avoir convaincu les canadiens, envoya son représentant le colonel Samuel Alexander Moffat, (1878-1948) en Afrique du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande pour promouvoir son idée ‘’d’une Journée interalliée du coquelicot‘’ et … on connaît la suite, de nombreux pays adoptèrent ce symbole !....

 

Nota : Si l’œuvre de Madame Anna Eugène Guérin vous intéresse, et elle est intéressante, parcourez le site anglais ‘’Madame Guérin‘’ un blog en 16 chapitres dont on peut lire dès le premier chapitre : ‘’ … pour moi, la Française Madame Anna E. Guérin est la personnalité la plus significative. Elle a vu le potentiel de l'emblème du pavot pour aider sa belle France et ceux qui avaient survécu à la Première Guerre mondiale, ainsi que le souvenir de ceux qui y avaient perdu la vie. Ce qui la distingue, c'est le fait que sa personnalité dynamique a fait avancer la campagne… là où elle a mené, tant d'autres ont suivi … ‘’. (Traduction google)

L’adresse du site : https://poppyladymadameguerin.wordpress.com

 

Je rajouterai que, non seulement cette femme s’est investie corps et âme pour faire du coquelicot, un symbole international, mais elle a aussi servi la France et son gouvernement qui, conformément à leurs habitudes, l’on oubliée, comme ils oublient leurs serviteurs les plus zélés lorsqu’ils n’en ont plus besoin ; faisant d’eux des Kleenex qu’on jette après usage ?! ….

 

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Photo 1 : ‘’THE POPPY LADY FRENCH‘’ Madame Anna Eugène Guérin telle qu’elle parut dans ‘’The Los Angeles Herald‘’ du 17 août 1920. (The California Digital News Paper Collection).

Photo 2 : le colonel Samuel Alexander Moffat, (1878-1948), le représentant de Madame Anna E. Guérin auprès des Néo-Zélandais et des Australiens. 

Photo 3 : Madame Anna E. Guérin, depuis l’aéroport de Saint louis en 1920, remettant à Madame Leonel Campbell Ross O’Bryan, une journaliste d’investigation qui signait sous le pseudonyme ‘’Polly Pry‘’, des coquelicots pour le ‘’POPPY DAY ‘’.

 

La guéguerre des deux coquelicots :

 

Courant 1921, comme au XVe siècle (1455-1485) va naître en Angleterre une lutte fratricide qui va mettre en scène l’affrontement entre deux clans ; c’est-à-dire des hommes et des femmes de bonne volonté de part et d’autre, à la différence que les premiers combattaient pour perpétuer le souvenir des disparus, tout en aidant les vétérans et leurs familles dans le besoin, alors que les seconds bataillaient pour que l’hécatombe de 14/18, plus de 12 millions de morts civiles et militaires confondus, ne se renouvelât pas.

 

En effet, après la première guerre mondiale, vont apparaître et naître des mouvements pacifistes, comme par exemple en 1921 en Angleterre le ‘’mouvement plus jamais la guerre‘’ (No More War Movement).

 

Ce mouvement va vouloir diffuser ses idées afin de les partager avec le plus grand nombre ; pour cela, ses représentants vont chercher les médias les plus appropriés pour y parvenir. Il leur vient alors l’idée de rencontrer le président de la ‘’Royal British Légion, le maréchal Douglas Haig.

 

Face à lui, leur proposition est simple, remplacer le cœur du coquelicot où figure sur un petit disque de 5 ou 6 mm de diamètre ‘’Haig.S Fund‘’ par un symbole de paix ou ‘’plus jamais la guerre‘’.

 

Non seulement la proposition se solda par une fin de non-recevoir, mais les pacifistes furent alors vus comme des profanateurs et des impies, alors que nombre d’entre eux avaient, eux aussi, perdus des parents ou des amis durant le conflit 14/18.

 

Alors à défaut d’un consensus les pacifistes cherchèrent un label qui leur soit propre.

 

Quelques douze ans plus tard, en 1933, le monde ne s’agite plus, mais devient la victime de soubresauts alarmants ; ainsi en Allemagne, en Février l‘ère du IIIe Reich commence, en Asie, fin mai, le Japon termine l’occupation de la Mandchourie. Les pacifistes s’en émeuvent et, toujours en Angleterre, la guilde coopérative des femmes (CWG) ou ‘’Co-opérative Women’s Guild‘’ lance l’opération du coquelicot blanc dont le symbole reste le ‘’Plus jamais la guerre‘’.

 

Trois ans plus tard, loin de s’améliorer, la situation mondiale s’aggrave. Alors va naître ‘’l’Union pour garantir la paix‘’ le ‘’Peace Pledge Union‘’ (PPU), une union entre tous les mouvements pacifistes du monde. Cette union va adopter le ‘’coquelicot blanc‘’ et promouvoir la profession de foi qui suit :  

 

‘’ La guerre est un crime contre l'humanité. Je renonce à la guerre et suis donc déterminé à ne soutenir aucune sorte de guerre. Je suis également déterminé à œuvrer pour l'élimination de toutes les causes de guerre. ‘’.

 

Autrement écrit, porter le coquelicot rouge à sa boutonnière avec tout à côté un coquelicot blanc n’est pas incompatible. Au contraire, ces deux coquelicots sont même complémentaires.

 

 

Hélas, si le rire est le propre de l’homme la guerre doit l’être aussi, compte tenu des événements qui ont suivi et qui sont en cours à l’heure actuelle  ?! ….

 

 

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Photo 1 : Le coquelicot Britannique de 1920 du ‘’Haig.S Fund‘’.

Photo 2 : Le cœur du coquelicot avec le slogan ‘’Haig.S Fung‘’.

Photo 3 : Le coquelicot Blanc des pacifistes.

 

 

Le coquelicot va-t-il garder la tête sur ses épaules ?...

 

Comme s’il n’était pas suffisamment sollicité, en septembre 2018 le journaliste Fabrice Nicolino de Charlie Hebdo lançait une campagne en faisant référence … au coquelicot ! ...

 

Ce dernier dénonçait la disparition de cette fleur de nos campagnes en mettant en cause son responsable … les pesticides. Mais, qui mieux que Fabrice Nicolino peut s’exprimer sur le sujet ?! … Alors donnons-lui la parole en publiant son manifeste.

 

 

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Appel pour l’interdiction de tous les pesticides de synthèse

 

Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant. Ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs et l’estomac des abeilles, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises. Les pesticides sont une tragédie pour la santé. Ils provoquent des cancers, des maladies de Parkinson, des troubles psychomoteurs chez les enfants, des infertilités, des malformations à la naissance. L’exposition aux pesticides est sous-estimée par un système devenu fou, qui a choisi la fuite en avant. Quand un pesticide est interdit, dix autres prennent sa place. Il y en a des milliers.

Nous ne reconnaissons plus notre pays. La nature y est défigurée. Le tiers des oiseaux ont disparu en quinze ans ; la moitié des papillons en vingt ans ; les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards ; les grenouilles et les sauterelles semblent comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares. Ce monde qui s’efface est le nôtre et chaque couleur qui succombe, chaque lumière qui s’éteint est une douleur définitive. Rendez-nous nos coquelicots ! Rendez-nous la beauté du monde ! Non, nous ne voulons plus. À aucun prix. Nous exigeons protection.

Nous exigeons de nos gouvernants l’interdiction de tous les pesticides de synthèse en France. Assez de discours, des actes.

 

En réponse le site ‘’Arvalis-Institut du végétal‘’ écrit : … Sans pesticide, les champs seront plus jolis, plus rouges, mais les silos moins pleins, les épis moins beaux, et l’économie agricole moins… florissante.

 

 

Alors se pose la question de savoir comment il est possible de vivre dans un environnement sain et de permettre aux agriculteurs de nourrir la population avec une agriculture économiquement viable.

 

Ce débat dépasse notre modeste chronique et sommes incapables d’apporter la moindre réponse. Cependant, nous resons persuadés que poser le problème c’est déjà lui apporter une réponse, car tout problème à sa solution. Il suffit de la chercher pour la trouver.

 

Pour joindre le coquelicot ‘’Stop Pesticides‘’ : (nousvoulonsdescoquelicots.org)

 

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‘’Le Champs de coquelicots‘’ de Vincent van Gogh (1853-1890). Cette huile sur toile peinte en juin 1890 à Auvers-sur-Oise est aujourd’hui au musée municipal de la Hague ( Haags Gemeente museum) de La haye (Pays-Bas). Il s’agit d’une toile de 70 X 91,5 cm.

 

 

Vous souvenez-vous que, quelques lignes plus haut, je rapportais ce qu’Ovide (43av.JC-17 ou 18 ap.JC) écrivait  … voilà donc ... bien longtemps ! …

 

                                  ‘’ Comparer la rose au pavot

                                     C’est comparer des choses

                                     Qui ne sont pas comparables ‘’.

 

Sauf que parfois … une rose peut aimer un coquelicot ; dans les années 1966, Juliette Gréco ne chantait-elle pas … ‘’un petit poisson et un petit oiseau s’aimaient d’amour tendre‘’ ?! … (*) Amour impossible direz-vous ? ... sauf pour les poètes … lisez plutôt ! … et remplissez votre âme des suaves et délicats parfum qui exhalent de ce simple et beau poème.

 

(*) ‘’Un petit poisson, un petit oiseau‘’ est une chanson composée par Jean-Max Rivière (1937-) pour les paroles et Gérard Bourgeois (1936-2016) pour la musique. Juliette Gréco (1927-) l’inscrivit dans son tour de chants à l’Olympia de 1966 … et la chanson obtint le succès qu’on connaît.

 

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                           L’amour d’une rose pour un coquelicot

                               

                                          Dans un beau jardin tout fleuri

                                          Par une matinée d’été

                                          Une rose le jour naquit

                                          De belles couleurs entourée.

 

                                          Et ses voisines l’admiraient

                                          Sa belle robe de velours

                                          Et ses doux pétales empourprés

                                          Tous, toutes lui faisaient la cour.

 

                                           Mais elle, elle ne voyait que lui

                                           Frêle, petit dans son vieux pot

                                           Elle l’aimait, alors elle lui dit :

                                           Que t’es beau mon coquelicot.

 

                                           Mais comment pourriez-vous m’aimer

                                           Moi, si fragile et si petit

                                           Car vous si belle et tant aimée

                                           Notre naissance l’interdit.

 

                                           Une saute de vent survînt

                                           Et l’emportant dans sa fureur

                                           La nature réglant son destin

                                           Il est au paradis des fleurs.

 

                                           La rose tout en pleurs se fana

                                           Passa la nuit dans son chagrin

                                           Dès que le soleil se leva

                                           Elle mourût au petit matin.

 

                                                                 Ggo

(Source : https://ggopch.wordpress.com)

 

 

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Quelques coquelicots fleurissent la tombe de Marcel Mouloudji au père Lachaise.

 

                                                

 

                                                                                         Jean de La Mainate Mai 2020

 

Merci à :

 

Gallia Bibliothèque Nationale de France.

Les nouvelles revues en ligne du portail de Persée.

BHL – Biodiversité Héritage Library

Plant illustration.com

et … Google qui souvent trouve plus vite un document détenu par l’une des quatre sources précédentes. Mais rien ne vaut l’original. 

 

                                                         



18/05/2020
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