MerveilleuseChiang-Mai

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MENGRAÏ - 15 C- Des dessous ... Invasions de la Birmanie 3

 

Brefs résumés des trois campagnes mongoles, en Birmanie ou Indochine de l'ouest, dont les deux dernières se font sous la bannière Chinoise.

 

 

 

                                TROISIEME PARTIE

 

 

1283-84 : 2ème campagne mongole en territoire Birman.

 

 

1280 :

 

Khoubilaï Khan est enfin empereur de toute la Chine, et veut mettre la main sur toute l'Asie du Sud-est, y compris Java.

 

 Il envoie alors des émissaires aux rois des pays voisins de la Chine pour les ''inviter'' à venir en personne, faire acte de vassalité, et lui payer un tribut.

 

Ses intentions sont, en fait, de coloniser ces pays, et de les rattacher à la Chine.

 

 

1283 :

 

Au Yunnan, dans sa capitale orientale, à Tchong-King, ou Yunnan-fou la future Kunming, le gouverneur Singtaur (a) a reçu l'ordre de partir à la conquête du royaume de Pagan.

 

Informé de ces préparatifs, Narasîhapati, le roi de Pagan, de son côté, lève une armée pour se défendre.

 

Il met à sa tête, Anantapaccaya et Randhapaccaya, et les envoie à Bhamo, (Kaung-sin) pour attendre, arrêter et défaire, les Sino-mongols.

 

Bhamo (Kaung-sin) est une petite ville située au bord du Tapeng un affluent de l'Irrawaddy, le fleuve qui conduit droit à Pagan. (b) Mais c'est aussi, et surtout, en cet endroit qu'arrivent les ''voyageurs'' du Yunnan !

 

 

1284 (janvier-février) (période hivernale)

 

C'est donc par ce défilé que l'armée mongole entre sur les terres shanes, dont Narasîhapati était, il y a peu de temps encore, le suzerain, et c'est là que les deux armées vont s'affronter pour la troisième fois.

 

Les combats, qui vont se terminer par la retraite de l'armée birmane, s'étalent sur trois mois. Car Singtaur finit par se rendre maître de Bhamo, (Kaung-sin), et la ville de Tagaung, (T'ai-kong) se rend.

 

 

Pendant ce temps là, à Pagan, Narasîhapati donnant foi à une prédiction, (c) et sans doute aussi parce qu'il apprend la défaite de son armée, s'enfuit avec toute sa cour, se réfugier chez son fils Uzana, prince de Bassein, aujourd'hui Pathein en pays Talaing, située en aval de Pagan et à deux cents kilomètres environ à l'ouest de Rangoun.

 

Il y restera près de cinq mois.

 

 

Défaite, l'armée birmane, dont le général Anantapaccaya a trouvé la mort,  bat en retraite et regagne en bon ordre la ville de Pagan.

 

A Pagan, le général Randhapaccaya et ses capitaines apprennent que le roi et sa cour sont allés se réfugier à Bassein. Alors ils décident d'aller l'y rejoindre.

 

 

Les Sino-mongols, qui poursuivent et talonnent l'armée birmane, passe près de Pagan sans s'y arrêter ?!...

 

Et alors qu'ils arrivent aux environs de Tarup-mâu, une ville pas très loin de celle de Prome, la future Pyai et l'ancienne Srikshetra ou Sirikhettara du royaume Pyu, ils décident subitement de rentrer au Yunnan. ?!...


Etait-ce pour des raisons d'approvisionnement ?... ou encore pour des raisons de climat ?... rien ne permet de l'affirmer.

 

Cependant, cet événement eut lieu en Avril-mai, c'est-à-dire à une période particulièrement chaude et sèche en Indochine, et favorable au paludisme. Une maladie qui décimait les civils comme les militaires  !....

 

Etait-ce aussi parce que Khoubilaï Khan était bouddhiste (d) et qu'il a eu des égards par rapport à Narasîhapati, roi d'une grande cité bouddhiste, et plus que sainte ?... Allez savoir !...

      

Bref, toujours est-il, qu'une fois encore, Pagan a échappé à la folie destructrice des Mongols ou des Sino-mongols.

 

 

A Bassein, lorsque Narasîhapati apprend le départ de ses ennemis, c'est à la fois le soulagement mais aussi le désarroi.

 

Le soulagement parce que le danger extérieur s'élimine de lui-même, et le désarroi parce qu'à l'intérieur du pays la situation n'est plus du tout ce qu'elle était du temps de la splendeur de Narasîhapati.

 

En effet, Narasîhapati n'a plus d'armée, alors ses vassaux en profitent pour s'agiter afin de reprendre leur indépendance ; et au sein même de sa famille, ses fils se soupçonnent mutuellement de vouloir le destituer …pour prendre sa place !...

 

Par ailleurs, Narasîhapati est incapable de faire face à une nouvelle invasion Sino-mongole ; et il s'attend à une ambassade de Khoubilaï Khan pour lui demander de se soumettre et de lui payer un tribut.

 

Alors, acculé à la soumission, il charge l'un de ses fonctionnaires, A-pi-li-siang, d'aller à Tagaung, (T'ai-kong), pour tenter de la négocier … le plus ''honorablement'' possible ( ?!...) (e)


      

Et puis comme il faut reprendre en mains les rênes du royaume, Narasîhapati décide de rentrer à Pagan.Pour ce faire, il remonte l'Irrawaddy.

 

Comme son convoi passe près de Prome, la ville dont son fils Sihasũra est le prince et le gouverneur, (f) il décide, et contre l'avis de ses proches, de s'y arrêter.

 

En faisant cette halte, le roi de Pagan pense que son fils devrait pouvoir lui donner quelques soldats qui lui permettraient, tout à la fois, de ''requinquer'' sa pauvre et malheureuse armée, et de rentrer à Pagan, la tête un peu plus haute !...

 

Mais à son arrivée à Prome, l'armée de son fils, au lieu de lui fournir des renforts, le retient prisonnier dans sa jonque ! (f)

 

 

 

 

Annotations concernant la 2ème invasion mongole.

 

 

(a)   Le gouverneur Singtaur qui s'écrit aussi, Si-ngan, ou encore Siang-Wou-t'a-eul, est l'arrière petit fils d'un frère de Khoubilaï Khan.

 

Il a sous ses ordres quatre lieutenants,Yeou-tch'eng, Tai-pou, Tsan-tche-tcheng-che, et Ye-han-ti-kin qui commandent chacun un corps d'armée.

 

 Après avoir pris des routes différentes, mais qui aboutissent toutes à Bhamo, (Kaung-sin) ses lieutenants vont se retrouver non loin de cette ville, sur la rive gauche de la rivière Tapeng.

 

 

(b)  Pagan ne possède alors aucune fortification tant les Birmans sont convaincus de leur invincibilité et d'avoir les dieux avec eux.



(c)   Narasîhapati, dont l'orgueil a sérieusement été ébranlé avec les défaites précédentes, infligées par les Mongols, a quand même pris conscience que son        armée n'était pas invincible.

 

Alors, tout en envoyant ses généraux au front, il décide de fortifier sa ville en la ceignant d'une muraille.

 

Pour cela, il ordonne la destruction de mille grands temples, dix-mille petits et trois mille monastères, (*) afin d'en récupérer les briques pour la construire.

 

Lors de la démolition d'un des lieux de culte, une plaque en cuivre gravée, est mise à jour. Et son texte, ''Quand le père du muet régnera à Pagan, le Chinois ruinera son royaume.'', remet tout en cause.

 

En effet, Narasîhapati, superstitieux dans l'âme, prend cette prédiction au pied de la lettre, car une de ses concubines a mis au monde un enfant muet.

 

Alors il abandonne son projet de fortifier Pagan, et décide d'aller se réfugier à Bassein, aujourd'hui Pathein, une ville sur l'Irrawaddy en aval de Pagan.

 

D'après les chroniques, il embarqua tous ses trésors et sa cour, hormis trois cents femmes de son harem pour les quelles…''… il n'y avait plus de place à bord''.

 

Narasîhapati, homme expéditif et violent, décida dans un premier temps, de les tuer toutes, et sur le champ, pour ne pas que les Mongols se les approprient.

 

Son maître spirituel, ou Mahâthera, osa alors lui faire remarquer que cet acte était contraire à l'un des huit préceptes bouddhistes et qu'en conséquence ses prochains karmas allaient s'en ressentir.

 

Alors, dans sa grande générosité, mais surtout, d'une part, par crainte d'avoir à vivre des karmas particulièrement douloureux, et d'autre part, son empressement à vouloir évacuer sa capitale, il donna ses concubines à ceux qui voulurent bien les prendre !...


(*)   Si les chiffres sont quelque peu exagérés, il faut savoir qu'aujourd'hui, Pagan s'étend sur environ 42 km2, soit un quadrilatère de 6 km sur 7, et que sur cette aire s'élèvent un peu plus de 5.000 temples en briques, de petites et de grandes dimensions !...

 

 

(d)  Si Khoubilaï Khan fut religieusement tolérant, c'est le bouddhisme qui bénéficia le plus de ses faveurs.

      

Il leur fit restituer tous les temples que leur avaient usurpés les Taoïstes ; et reçut avec fastes et honneurs les reliques du Bouddha que lui fit porter le râja de Ceylan.

 

Pour convertir les Mongols au bouddhisme il eut parmi ses conseillers, un lama tibétain, Phags-pa, qui lui assura à l'occasion la vassalité du Tibet !...

 

Conformément aux valeurs bouddhistes, il réorganisa l'assistance publique, obligea par des édits, entre autres choses, tous ses vice-rois à secourir les lettrés âgés, les orphelins, les malades et les infirmes.

 

Pour venir en aide aux familles déshéritées, des distributions de riz furent organisées régulièrement. D'après Marco Polo, Khoubilaï Khan subvenait en personne aux besoins alimentaires de 30.000 nécessiteux. 

      

L'historien mongol, Sanang Setchen, un pieux bouddhiste, n'hésite pas à joindre aux nombreux titres de Khoubilaï Khan, celui de Chakravartin. C'est-à-dire de monarque universel, un titre particulier aux monarques bouddhistes.

 

 

(e)   Les dates, à quelques mois près, ne correspondent pas tout à fait. Mais compte tenu des événements qui vont suivre, la chronologie dans laquelle s'insère le départ de l'ambassade d'A-pi-li-siang, ne peut-être que celle que je donne.



(f)    Alors qu'il était réfugié à Bassein, chez son fils le prince héritier Uzana, ce dernier en profita pour aller jusqu'à Prome pour s'emparer de son frère Sihasũra, qu'il fit enchaîner, et amener, pieds et poings liés, devant leur père.

 

Uzana, le frère aîné de Sihasũra, l'accusait alors, et à raison comme nous le verrons, de comploter contre leur père.

 

Sihasũra jura les grands dieux, et à renfort de larmes, qu'il n'en était rien. Et sa petite comédie fut prise pour argent comptant par son père, Narasîhapati.

 

Cependant au lieu d'attendre sa mise en liberté, Sihasũra jugea plus prudent de prendre la clef des champs … en s'évadant avec la complicité de deux de ses soldats venus le rejoindre sous des habits de pécheur.

 

En acceptant de s'enfuir, sans doute n'avait-il pas la conscience        tranquille ?… et pour cause !...

 

Donc, malgré ce départ un peu précipité, et la manière peu élégante de Sihasũra d'avoir pris congé de son père et de son aîné, c'est en toute confiance que Narasîhapati fait halte à Prome.

 

Hélas pour lui, sa confiance va lui coûter la vie.

 

 

En effet, non content de retenir prisonnier son père, Sihasũra le fera périr. À la pointe d'une arme blanche, il le forcera à manger des plats, que Narasîhapati savait empoisonnés.

 

Mais Narasîhapati n'a pas eu d'autre choix que de mourir assassiné ou empoisonné. Et ce fut en maudissant son fils qu'il mangea, sous la menace, les mets qui lui avaient été servis.

 

 



27/01/2010
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