MENGRAÏ - 15 D- Des dessous ... Invasions de l'Annam et du Champa.3
Brefs
résumés des trois invasions mongoles, de l’Indochine de l’Est, dont les
deux dernières se font sous la bannière chinoise.
TROISIEME PARTIE
1287-1288 : 3ème campagne ou tentative
d’invasion.
Malgré la cuisante défaite que viennent de connaître les armées de Khoubilaï
Khan en Annam, l’empereur ne démord pas de ses projets, et persiste à vouloir
coloniser derechef l’Annam et le Champa. Il veut en faire des provinces
chinoises.
Cette fois, pour mettre toutes les chances de son côté, il ajourne l’expédition
en partance pour le Japon et met sur pied une véritable ‘’armada‘’ militaire.
Car les moyens mis en œuvre, sont titanesques.
Le premier, commandé par Toghan, le fils de l’empereur, a pour mission d’attaquer l’Annam
par le nord, via la ville de Lang Chau, la future Lang Son, donc par voie
terrestre.
Le second, dirigé par Ai Lo et stationné au Yunnan, a reçu l’ordre d’engager les
combats par l’ouest. Il va donc descendre le cours du fleuve rouge, pour se diriger
vers Thăng Long, la future Hanoï, là encore par voie terrestre, et peut-être … un peu
‘’fluviale‘’ ?!....
Le troisième, conduit par les amiraux Omar et
Enfin, un convoi de ravitaillement, sous le commandement de
Ce n’est plus un étau qui va se resserrer sur l’Annam, mais une machine à
broyer, à trois mandibules.
Au printemps 1287, dès l’entrée en guerre, Toghan (a) porte à son actif la conquête
de dix-sept villes. Et le succès sino-mongol se poursuit avec la destruction de
la flotte de l’amiral Tran Soc Du à Vân Đồn, près de la baie d’Halong.
Mais dans cette même baie d’Halong, et toujours du côté de Vân Đồn,
l’amiral annamite Trần Khánh Dư coule la flotte de ravitaillement des Sino-mongols ; ainsi que, par la
suite, la plupart des jonques, pour ne pas écrire toutes, qui tenteront de passer
pour les réapprovisionner.
Les envahisseurs vont avoir faim. Alors ils se replient
du côté de Van
Kiep pour faire face à cet imprévu, et trouver une parade afin de reprendre en
main la situation qui, une fois de plus, s’enlise. Car le chef des armées
annamites, Trần Hưng Đạo, a repris sa politique de harcèlements et de guérilla.
Mais cette fois, en plus de cette tactique, il met
sur pied un piège en vue de porter un coup fatal à la puissante flotte
Sino-mongole. Et pour cela il fait planter des pieux à la tête acérée, dans les
fonds du Sông Bạch
Đằng, un bras de mer situé dans la baie d’Halong. (b)
Puis quelques mois plus tard, le 9 avril 1288, très
exactement, tandis que la situation est loin d’être favorable pour les
envahisseurs, une flottille annamite, d’embar-cations légères, vient oser
taquiner les impressionnantes jonques de guerre sino-mongoles.
Certain de n’en faire qu’une bouchée, l’amiral Omar
les prend en chasse et remonte le Sông Bạch Đằng, entraînant à sa suite toute sa
flotte. Ce faisant, il tombe dans le piège qui lui est tendu !...
En effet lorsque toute l’escadre d’Omar,
c’est-à-dire près de cinq cents jonques, croit être venue à bout des trublions
annamites, les eaux du Sông Bạch
Đằng baissent, car c’est l’heure de la marée basse.
Mais c’est aussi le moment où ces eaux, alors si
favorables au succès apparent des Sino-mongols, se hérissent sournoisement de
pointes sur lesquelles les jonques vont aller inéluctablement s’empaler, ou se
fracasser contre celles qui se sont embrochées.
Alors, telles les abeilles d’un essaim, d’autres esquifs
annamites, aussi légers et maniables que les premiers, surgissent d’un peu
partout.
Et les hommes, qui sont à bord, vont attaquer et mettre
à mal la superbe et orgueilleuse flotte Chinoise, avec la rage et la fougue de
ceux qui n’ont rien à perdre et tout à gagner.
La plupart des jonques vont coulées ou brûler.
Les chefs d’armées Omar, (c) Phan-Tiêp et Tich-Lêy seront faits prisonniers,
et avec eux, de nombreux autres généraux.
Les Annamites et le général Trần Hưng Đạo
remportent alors une victoire sans précédent. Et le roi Trần Nho’n-Tông (d) va rentrer dans sa capitale dévastée, en véritable
triomphateur.
Ce n’est donc pas sans raison, si cette bataille navale
du 9 avril 1288, est entrée par la grande porte dans la grande Histoire
sous le nom de ‘’bataille navale du Sông Bạch Đằng‘’.
Elle est considérée comme l’événement majeur qui a protégé
tous les peuples de ces régions de la colonisation chinoise et mis un terme, ou
presque, (nous verrons pourquoi en (d)), aux visées Sino-mongoles sur cette
partie du monde, qu’est l’Indochine de l’est.
Annotations concernant cette 3ème invasion
mongole.
(a)
A la suite de la défaite du Sông Bạch Đằng,
Toghan, le fils de l’empereur de Chine sera déchu par son père de tous ses
titres et exilé à vie à Yangzhou. Une ville qui se situe sur le Yang Tsé Kiang,
dans la province du Jiangsu, à quelques kilomètres de Nankin et de Shanghaï.
(b)
Quelques uns de ces pieux ont été retrouvés en 1953
à l’occasion de la construction d’une digue.
(c)
L’amiral Omar aurait été d’une telle cruauté vis-à-vis des
Annamites qu’il sera exécuté par eux, (*) alors que les autres généraux
retrouveront la liberté.
(*) Omanhi, ou Ô Ma Nhi ou encore Omar, sera mis à bord d’une jonque,
qui sera coulée en pleine mer.
(d)
A la suite de cette victoire, le roi Trần Nho’n-Tông, (1279-1293)
enverra à Khoubilaï Khan en tribut, une statue en or, ses généraux faits prisonniers,
et une lettre d’excuses, exprimant ses regrets d’avoir été obligé de résister
aux armées impériales.
Et pour panser les plaies, magnanime, il amnistiera tous
les Annamites qui collaborèrent avec l’ennemi ; tous … sauf un, son oncle Trần
Di Ái ou Trần Ích Tắc.
Cinq ans plus tard, en 1293, Trần Nho’n-Tông abdiquera
en faveur de son fils, Trần Anh Tông, (1293-1314), et se retirera dans un
monastère pour fonder une nouvelle école zen, ou ordre ( ?) dite de la
forêt de bambous, ou Trúc Lâm.
Pour la petite histoire, et conclure sur une note caractérisant
le caractère de Khoubilaï Khan, un an avant son abdication, en 1292, Trần Nho’n-Tông, recevait
une nouvelle ambassade de cet empereur.
Khoubilaï Khan, qui ne doutait de rien, et qui faisait fi
de ses trois échecs d’invasion, convoquait à nouveau et toujours en
personne, Trần Nho’n-Tông à Pékin dans le but de recevoir son hommage.
Trần Nho’n Tông, comme les fois précédentes, répondra à
la sommation de l’empereur de Chine en déléguant un parent, Nguyen Dai Phap.
Cette fois, Khoubilaï Khan, au lieu d’en faire un roi, le
fera emprisonner et décidera d’une nouvelle invasion.
Comme alors l’empereur de Chine n’était plus très jeune,
la mort viendra mettre fin définitivement à ses projets. Et son successeur,
Témur Khan ou l’empereur Chengzong (1294-1307) plus souple, jugera plus opportun
de se réconcilier avec tout le monde en général, et avec le roi d’Annam en
particulier.
Nota : Les dates et les noms m’ont
donné beaucoup de soucis. Mais je pense avoir été suffisamment vigilant pour
n’avoir laissé passer aucune erreur. Cependant si ce n’était pas le cas
n’hésitez pas à m’en faire part.
Liste des ouvrages consultés en plus des livres
habituels :
1.- Abrégé de
l’histoire d’Annam d’Alfred Schreiner – 1906
2.- L’EMPIRE DES STEPPES, Attila, Gengis-Khan,Tamerlan
par
René GROUSSET (1885-1952)
Editions
Payot, Paris, 1938, quatrième édition, 1965,
3.- Histoire de
l’Annam, Tong-King et Gochinchine de
l’abbé Adrien Liaunay.
(Librairie
coloniale : 5, rue Jacob Paris 7ème – 1884)
4.- Histoire générale
de
Henri Cordier.
(Editions P Geuthner (Paris) –
1920-1921)
5.- Le Royaume de Champa de :
Georges Maspero
6.- Tradition
religieuse, spirituelle et sociale au Vietnam de :
Joseph
Nguyen Huy Lai
(Edts
Beauchesne 72, rue des saints pères Paris 7ème)
7.- Une étude sur
la religion Vietnamienne
Technique et Panthéon des médiums vietnamiens (Dong) de :
Maurice Durand.
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