MerveilleuseChiang-Mai

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VOUS AVEZ-DIT SACEM ?... ALORS PARLONS-EN !...


VOUS AVEZ-DIT SACEM ?...

ALORS PARLONS-EN !... 

 

 

 

 

Souvent, avec le temps, les déconvenues du passé tombent dans l'oubli. Et demain est un jour nouveau.

 

Cependant, mes démêlés avec la Sacem, n'ont pas suivi ce chemin. Car je m'en souviens encore, comme si c'était hier.

 

L'injustice et la raison du plus fort sont des concepts qui m'ont toujours révolté et devant lesquels je n'ai jamais cédé. Mais, venons-en aux faits.

 

 

 

Entre 1989 et 2004, La Pascale et moi-même, présidions aux destinés du théâtre de la Mainate. Puis à partir de 1993, comme ci les difficultés que nous rencontrions avec le Théâtre n'étaient pas suffisantes, nous avons ouvert la salle du ''Au café Chantant''.

 

Un lieu tout aussi agréable et convivial que notre charmant petit théâtre. Et ce nouveau lieu, nous le mîmes, entre autres, à la disposition de la chanson Française et étrangère sauf de langue … anglaise. C'était un parti pris.

 

 

Paris manquait alors, et manque toujours, de ce genre de lieux, qui permettent à de jeunes artistes de monter sur scène et de prouver qu'ils ont du talent.

 

Mais tant qu'il n'y aura rien à gagner financièrement dans ce genre d'activité la situation n'est pas prête de changer. Et cela d'autant plus, que la Sacem est là pour rafler même ce qui ne rentre pas dans la caisse.

 

Car dame Sacem est d'une férocité financière à ne pas croire. Elle tuerait père et mère pour gratter un centime d'euro. Et je vais en donner la preuve.


Bref, il fallait être aussi fou que nous l'étions pour nous engager dans une telle entreprise. Mais comme elle fut passionnante, nous ne regrettons rien !

 

Très vite, avec le ''Au café chantant'', nous avons atteint une certaine petite notoriété dans le milieu de la chanson.

 

Peut-être était-ce parce que nous étions peu nombreux sur la place de Paris ?... Qui sait ?... Nous savons encore être modestes.

 

En tout cas, la salle de nos scènes ouvertes du mardi se remplissait une heure avant la séance, alors que le public parisien a pour spécialité de toujours arriver à la dernière minute quand ce n'est pas en retard.

 

Donc tout fonctionnait plutôt bien, et nous arrivions à équilibrer ce budget en répartissant équitablement les recettes entre tous les participants, y compris la Sacem.

 

Son représentant d'alors, Monsieur le Boédec, recevait régulièrement, en fin de chaque mois, tous les détails des représentations (Titre des chansons, nom des auteurs etc. etc.) et un chèque du montant des droits.

 

Ces droits représentaient quelque chose comme 8.25% ou 8,50%, j'ai oublié la décimale exacte, de l'ensemble des recettes chanson. Car nous avions aussi des droits d'auteurs à verser à la Sacd, qui eux se montaient à 10% des recettes concernées.

 

Autrement dit, nos relations avec la Sacem et la Sacd se passaient plutôt bien. Et puis un certain Chartier a remplacé Monsieur Le Boédec à la Sacem. Alors tout a basculé.

 

Une partie de bras de fer a commencé entre nous deux. Je ne pouvais prétendre qu'au rôle du pot de terre puisqu'il tenait d'entrée celui du pot de fer. (Fable de La Fontaine)

 

Mais je n'ai pas cédé à ses exigences. Et j'ai préféré fermer le café Chantant pour ne plus avoir affaire avec la Sacem et à son ignoble représentant.


Cependant, ce petit chef intransigeant m'a fait découvrir l'affreuse réalité de la Sacem. Et il m'a permis de lever le voile sur une partie des abus que cette société commet à longueur d'année au détriment de gens honnêtes, car je revendique cette appellation, mais aussi à l'encontre de ses sociétaires.

 

 

En effet, la Sacem outrepasse ses droits, et surtout elle ne remplit pas TOUS ses devoirs. Et je vais m'en expliquer.

 

 

Entendons-nous bien, il est juste et normal que tout travail mérite salaire. Et une société comme la Sacem, ou la Sacd, est au départ une excellente idée. Car il est juste et normal qu'un auteur soit rémunéré pour son travail.

 

Par contre, ce qui est un peu moins … ''normal'', c'est qu'un auteur, via la Sacem, s'accapare de la totalité d'une recette, sans rien laisser aux autres participants, qui pourtant eux aussi, sont des travailleurs, tout comme les auteurs.  

 

Ce qui n'est pas ''normal'' non plus, c'est que des droits d'auteur soient versés à la Sacem, avec le nom des bénéficiaires, et que ces derniers n'en voient pas la couleur.

 

 

 

Concernant le premier point, l'accaparement de tout une recette, la Sacem voulait nous faire signer un contrat où nous acceptions de lui verser un ''minimum garanti'' à chaque séance, qu'il y ait ou non une recette. (1)

 

Programmer un jeune, peu ou pas connu, c'était prendre le risque de n'avoir AUCUN spectateur, donc AUCUNE entrée. Or le théâtre avait déjà suffisamment de difficultés financières sans avoir en plus un minimum garanti à assurer à la Sacem ; un minimum qui serait vraisemblablement resté, comme nous allons le voir, dans ses caisses, sans être reversé aux auteurs concernés !....


Ce qui intéressait alors la Sacem, c'était d'abord les droits d'auteurs et non le droit des jeunes auteurs à être interprété, et à tenter de se faire connaître.

 

A noter que le plus souvent, l'auteur, le compositeur et l'interprète,(ACI) n'étaient qu'une seule et même personne.

 

 

Concernant le deuxième point, le reversement des droits aux ayants droit, la Sacem, sous prétexte que les sommes à reverser aux jeunes auteurs étaient inférieures au coût des frais qu'ils nécessitaient, s'abstenait délibérément de redistribuer l'argent que nous lui versions !...  (2)

 

A l'époque le théâtre de la Mainate, adressait à la Sacem des chèques mensuels d'environ 10.000 Francs, et parfois bien plus, c'est-à-dire au minimum environ 1.500 euros. Ce qui faisait, au bout d'une année, plus de 18.000 euros, que la Sacem encaissait, sans les redistribuer à qui de droit.

 

Ne me faites pas dire que la Sacem détournait des fonds à des fins personnelles, mais elle devait (et doit ?...) utiliser ces sommes, à tout autre chose qu'à leur redistribution !...

 

Etait-ce bien ''normal '' ?... ou est-ce bien ''normal'' ?...

 

Si je ne m'abuse, la Sacem a d'abord été créée pour encaisser des droits d'auteur et pour les reverser aux ayants droit, non pour acheter des œuvres de maîtres, subventionner des festivals ou des développements de carrière, entre autres choses.

 

Dans le dernier cas, c'est le public, et personne d'autre, qui décide de qui a du talent.

 

 

Bref, si la Sacem trouve de l'argent pour subventionner des opérations de prestige, ce qui lui permet, soit dit en passant, de faire pression sur les autorités de tutelles lorsqu'elle a besoin de le faire, (3) pourquoi n'en trouverait-elle pas pour couvrir les frais que nécessitent le reversement des sommes dues aux jeunes auteurs ?....


La Sacem sait faire rentrer l'argent dans ses caisses.

 

En effet, elle n'hésite pas à réclamer des droits à des personnes physiques et morales, (4) qui ne lui doivent rien, mais qui préfèrent payer par crainte d'avoir affaire à ses services juridiques. La Sacem fait peur et elle en profite, car elle est en situation de monopole.

 

Ainsi par exemple, notre compagnie est souvent intervenue auprès des délégués régionaux de la Sacem, qui réclamaient des droits en notre nom à des organisateurs de festivités, ayant acheté l'un de nos spectacles.

 

Or, je n'ai jamais été sociétaire de la Sacem !…

Et jamais, je n'ai donné à la Sacem le pouvoir de me représenter !...

 

Lorsque ces organisateurs rackettés, parce que c'est du racket, nous faisaient part de l'intervention de la Sacem, nous pouvions réagir, et leur écrire de ne pas payer.

 

Mais combien ont dû payer sans nous en avertir ?...

 

 

Souvent, les sociétés d'auteurs, sous prétexte de défendre le droit des auteurs, négocient et encaissent des droits alors qu'ils n'ont pas eu le pouvoir pour le faire.

 

 

Ainsi par exemple, lorsque notre compagnie a été engagée dans le cadre de feu le festival du marais, (5) ce fut tout à fait par hasard, au détour d'une conversation avec sa déléguée Madame Annick Colombani, que nous avons appris que la Sacd avait ''défendu'' mes droits.

 

Mais de quel droit, puisque je n'étais pas, et que je ne suis toujours pas membre de cette respectable société ?....

 

J'avais alors pris ma plus belle plume pour signaler à la Sacd que je n'étais pas sociétaire chez eux ; et qu'en conséquence, je demandais que le montant des droits qu'elle avait indûment perçu en mon nom, soit reversé à notre compagnie.


Monsieur Pialot de la Sacd nous avait alors répondu par retour de courrier, et en nous adressant un chèque de près de 9.000 francs, soit environ 1.300 euros. Ce que n'aurait certainement pas fait la Sacem. (6)

 

J'avais été remarquablement défendu en tant qu'auteur par la Sacd. Mais sans cette conversation avec la directrice du festival du marais, à qui aurait été attribuée cette somme d'argent ?... (7)

 

Avec ses exigences abracadabrantesques la Sacem, via le fameux Chartier, qui à notre époque était le délégué du nord de Paris, a fini par ne plus recevoir un seul sou de notre théâtre.

 

Car notre décision de cesser toute programmation musicale a été irrévocable, au grand dam d'ailleurs … des jeunes auteurs compositeurs et interprètes qui, soit dit en passant, sont retournés chanter dans les arrières salles de café … et sans que les gérants de ces lieux, dans la plupart des cas, n'acquittassent le moindre droit et ne leur offrissent un véritable accueil technique.

 

En agissant comme elle le fait, que cherche la Sacem ?... des sous, ou à favoriser la jeune création ?...

 

Son intérêt ne serait-il pas de permettre à de jeunes auteurs de développer leur talent ?...

 

 

Je pourrai encore épiloguer longtemps sur la Sacem et donner bien d'autres exemples de ses abus de pouvoir.

 

Mais si vous désirez en savoir plus sur elle, il a été écrit un excellent livre intitulé ''MAIN BASSE SUR LA MUSIQUE''  et édité par les éditions Calmann-Lévy.

www.calmann-levy.fr

 

Cette enquête sur la Sacem a été réalisée et menée par Irène Inchauspé, journaliste au Point et Rémy Godeau, journaliste économique au Figaro.

 

Lors de leur enquête sur cette ''prestigieuse'' maison, plus d'une fois, les interlocuteurs des deux journalistes ont essayé de les dissuader d'écrire leur livre.

 

Les auteurs précisent même dans leur avant-propos qu'ils se sont trouvés face à une levée de boucliers, avec ….

 

''Des conseils en forme de menace voilée «vous avez tout à y perdre » aux procès en irresponsabilité « vous faites le jeu des Américains » et aux fantasmes de persécution. ''

 

 

Il est vrai que dans ce livre on apprend comment le directeur de l'époque, c'était en 1993, Jean-Loup Tournier, le frère de l'écrivain, s'est payé un appartement dans le XVIème arrondissement avec l'argent des auteurs et comment il l'a revendu en faisant une plus-value de 932.000 euros, exonérée d'impôts puisqu'il l'avait occupé durant cinq ans. (Page 81 à 83)

 

Je me souviens qu'à l'époque, Le canard enchaîné avait fait un article à ce sujet. Je l'avais alors classé dans mes archives parisiennes à la page … Sacem. Il doit toujours y être.

 

On y découvre aussi que la ''feuille de paie'' de ce même directeur, celle de décembre 1998, atteint au final, le net imposable de 425.000 euros.

 

Il est vrai que sa prime d'ancienneté atteint à elle seule 51.000 euros. (Tournier était entré à la Sacem le 16 Novembre 1950.) (Page 49)

 

Ou encore  que… ''ses frais de fonctionnement, (ceux de la Sacem) très élevés, l'incitent … à laisser les fonds fructifier sur les marchés avant de les redistribuer… alors qu'elle devrait normalement tendre à une redistribution rapide et au moindre coût. '' (Page 59)

 

Chaque année, la direction investissait (investit ?...) 30.000 euros dans sa collection d'œuvres d'art … avec les droits d'auteurs, bien sûr. Et celles-ci (Des … César, Arman, Olivier Debré.) en 2001, sont comptabilisées au bilan pour une valeur ''amortie'' de 1 million d'euros !... comme de banales photocopieuses ?!.... (Page 63 & 64)

 

La Sacem est comme un état dans l'état, est-ce bien normal ?...

 

Irène Inchauspé et Rémy Godeau font aussi très justement remarquer, dans ce livre ''Main basse sur la musique'', en page 11, que …

 

''Lorsqu'un état concède un monopole à une entreprise privée, comme il le fait en France pour la Sacem, il doit la contrôler. Et pour que ce droit du regard soit efficace, la société doit être transparente. Ce n'était jusqu'à maintenant pas le cas. ''

 

Ils poursuivent.

 

''Une commission permanente de contrôle des sociétés de perception et de répartition a été créée dans la douleur en 2001. L'accès des ayants droit à l'information, concernant leur société, a été facilité par un arrêt du conseil d'état du 25 octobre 2002. Il était temps. ''.

 

Mais cela sera-t-il suffisant ?... Car l'argent permet bien des passes droits comme nous l'avons vu.

 

 

En conclusion, j'espère que le lecteur aura bien fait la différence entre le droit d'auteur, le droit des auteurs et … la Sacem, qui a mes yeux n'ont pas droit au même respect. Et j'ai été bien placé pour le savoir.

 

Enfin, si dans mon modeste chapelet de récriminations contre la Sacem, l'une de mes perles, perles peu nombreuses par rapport au nombre existant, était entachée de la moindre erreur, je suis prêt à faire amende honorable et à rectifier ce que j'ai écrit d'inexact.

 

Hélas, je doute d'avoir à le faire.

 

Alors, vive le droit d'auteur et ne prenons JAMAIS pour argent comptant les dires de la Sacem ainsi que ses dictats.

 

Elle a été créée pour être au service des auteurs et non pour assassiner, entre autres, des initiatives honnêtes, dont le but est de professionnaliser les jeunes auteurs et de promouvoir un vivier de créateurs d'une grande richesse.

 

 

La Sacem devrait savoir que tout le monde a son talon d'Achille. Et qu'un jour forcément, le pot de fer, (*) qu'elle est, finira par se briser à son tour. Tout comme il a cassé maints et maints pots de terre.

 

Et comme nul n'est irremplaçable, peut-être qu'alors une nouvelle société prenant en compte les intérêts de chacun, pour le bien du plus grand nombre, verra le jour.

 

C'est bête, mais à 65 ans passés, je crois toujours en la justice et aux miracles !....

 

 

 

 

(*)    Pour reprendre mon exemple de la fable de Jean de La Fontaine,

         ''Le Pot de terre et le pot de fer. ''

 

        Mais j'aurai très bien pu aussi choisir la fable,

        ''Les animaux malades de la peste. '' Car….

        ''Selon que vous serez puissant ou misérable,

          Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. ''




Nota bene : Pour lire les développements des inserts numérotés (1) et la suite, prière de vous reporter à la chronique suivante : VOUS AVEZ DIT SACEM ?... (Les inserts.)






25/01/2010
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