MerveilleuseChiang-Mai

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11 - PERIODE ANGKORIENNE CLASSIQUE

Xe siècle

 

PERIODE ANGKORIENNE PRECLASSIQUE

 

                           1ère dynastie (802/1002) (suite et fin)

 

                                   2ème partie 900-910 à 922

 

 

Rappel : Du passé angkorien il ne subsiste aucune archive. On ne peut connaître Angkor qu'à travers ses monuments … dont les inscriptions et les sculptures sont les seuls témoignages nationaux authentiques de son passé.

 

                                                                   (Madeleine Giteau) (*)

 

 

 

Yaçovarman 1er  (889/900-910)

 

A l'avènement de Yaçovarman 1er vers 889/890 l'empire Khmer impose le respect dans tout le sud-est asiatique.

 

Yaçovarman 1er, qui disputera le pouvoir à son frère jusqu'à l'affronter dans un combat naval sur le lac Tonlé-Sap, va poursuivre l'œuvre de son père mais en y ajoutant de la démesure et du prestige pour satisfaire à ses ambitions.

 

Ainsi par exemple non loin du b?r?y de Lolei ou b?r?y Indratâtaka, (*) construit sous le règne de son père, il fera bâtir le b?r?y oriental ou b?r?y Yaçodharatataka dont la surface sera de presque cinq fois celle du premier !... c'est-à-dire de … 1210 hectares au lieu de 266 et d'une capacité de 36 à 62 millions de m3, selon les niveaux, au lieu de 10 ?!....

 

 

 (*) Le b?r?y est comme un grand lac artificiel. Ils ont pratiquement tous été baptisés du nom du roi commanditaire.

 

 

      

 

 

Photo 1 : L'un des quatre sanctuaires restants, sur les six, du LOLEI (Fin IXe début Xe) Ce temple était dédié à Indravarmeçvara en souvenir du père du roi Yaçovarman 1er (889/890-910) qui fit construire ce temple.

 

Photo 2 : Une carte du Cambodge d'aujourd'hui avec en rouge, les anciens sites donnés dans cette chronique et en vert les principales villes actuelles.

 

Photo 3 : Harihara, une synthèse divine avec Çiva pour la partie droite et Vishnu pour le côté gauche du personnage. Cette statue du VIIe ou VIIIe siècle de 194 cm. a été découverte au Prasat Andet près de Kompong Thom, et fait aujourd'hui l'orgueil du musée Albert-Sarrault de Phnom-Penh. (Document EFEO)

 

Photo 4 : Harihara, ce gros plan du visage permet de mieux voir ce … diptyque Çiva/Vishnu. Par exemples au niveau de la coiffe et, du 3ème œil de Çiva qui n'est représenté qu'à moitié.

 

 

Après avoir délimité son vaste empire, ce fils d'Indravarman 1er et de la reine Indradevî va s'affirmer comme un grand bâtisseur et entreprendre des travaux que personne avant lui n'avait osé.

 

C'est Yaçovarman 1er qui va créer la première Angkor ou Yaçodharapura (La ville de Yaçovarman). Pour cela il quitte le site de Hariharâlaya et fait entreprendre de bâtir au cœur de son royaume une cité des dieux, dont l'objet sera d'assurer la       prospérité et la protection de son royaume.

 

 Comme j'ai déjà détaillé, dans une chronique précédente, les principaux monuments qui se rapportent à son règne je ne ferai donc que de les rappeler :

En 893 : Le Prasat Loleï

En 900 : le Phnom Bakheng, le Phnom Bok et le Phnom Krom.

 

Yaçovarman 1er a aussi fait bâtir sur tout son royaume de nombreux lieux de recueillement et/ou de prières, tant çivaïques que vishnouïques et Bouddhiques ce qui va donner naissance à une élite et conduire à de grandes mutations intellectuelles.

 

                                                   Yaçovarman 1er. (889/890-910)

 

Le nom posthume de ce roi d'obédience brahmanique est Paramaçivaloka.

 

Quelques événements mondiaux concomitants au règne de Yaçovarman 1er :

 

En 900, Charles III dit le simple règne sur la France depuis  2 ans.

902

En Chine du sud : La dynastie ''Meng'' (649/902-3) régnant sur le Nánzh?o ou Nan-tchao (737/902-3) (l'actuel Yunnan) est renversée.

907

En Chine du nord : La dynastie Tang est renversée.

En 910, Guillaume le Pieux fonde l'abbaye de Cluny.

 

 

Au Cambodge :

 

Vers

910/912 

 

Harshavarman 1er, (*) dont le nom signifie ''le protégé du bonheur'' succède à Yaçovarman 1er. Selon les historiens il serait le frère ou le fils de Yaçovarman 1er. ( ?!...).

 

Harshavarman 1er gardera la 1ère Angkor ou Yaçodharapura comme capitale, mais ne laissera aucune réalisation de prestige attachée à sa personne ; ce qui amène à penser qu'il fut probablement un monarque de peu d'ambition, d'autant que son règne s'achèvera par une destitution.

 

Le rare édifice qu'on lui attribue est le Baksei Chamkrong c'est-à-dire ''L'oiseau qui abrite sous ses ailes''. (Vers 920) (**) Un temple çivaïte dédié à ses parents pour ''l'amélioration de leur Karma''.

 

A l'origine ce temple renfermait deux statues de Çiva, une de Vishnu et deux de Dev? qui, tantôt est donnée comme la sœur de Vishnu, et tantôt comme son épouse ?!...

 

En 921 ce sont de hauts dignitaires, dont le brahmane Mahîdharavarman, qui font construire le Prasat Kravan, (***) pour célébrer le culte de Vishnu sous le nom de Trailokanâtha ou seigneur des trois mondes, et en particulier le 5ème avatar. Celui où Vishnu, s'incarne dans le nain Vanama, et se joue de Bali le roi des démons.

 

Ce temple a son jumeau près de Ta Keo. Il s'agit du Prasat Neang Khmau (Le temple de la dame noire) construit à la demande des mêmes hauts dignitaires.

 

                                                       Harshavarman 1er (910/922)

 

Le nom posthume  de Harshavarman 1er, roi d'obédience Brahmanique (Çivaïte)  est : Rudraloka.

 

 

 

(*) L'année de l'avènement de Harshavarman 1er reste encore à définir. Son décès quant à lui, se situerait après 922, mais on ne sait rien de plus ?!...

 

(**) Dans son livre, ''Les monuments du groupe d'Angkor'', p. 100, Maurice Glaize attribue la construction du Baksei Chamkrong à Rajendravarman II (944/967-968) sans plus de détail. En fait il semblerait, comme nous le verrons plus loin, que R?jendravarman II le fit seulement décorer et y ajouta de nouvelles statues vers 948.

Le nom du Baksei Chamkrong se prononce : Baksei tiamkrong.

 

(***) Le Prasat Kravan se prononce : Prasat Kravane.

 

 

     

 

 

Photo 1 : Le Baksei Chamkrong ou le temple de l'oiseau qui abrite sous ses ailes est une pyramide en latérite à quatre gradins. Elle est d'une hauteur  d'environ 15 m. et son sanctuaire est orienté vers l'Est.

 

Photo 2 : Le Prasat Kravan est un temple composé de 5 tours s'élevant sur une terrasse orientée vers l'Est. Les sanctuaires sont uniques en leur genre car leurs sculptures ont été réalisées sur des murs en briques.

 

Photo 3 : Le Prasat Neang Khmau ou Pràsàt Nà? Khmau dit temple de la dame noire devait à l'origine comporter 5 tours comme son jumeau Kravan. Il n'en reste aujourd'hui plus que trois dont deux sont encore ''debout ''.

 

 

 

                               PERIODE TRANSITOIRE 

 

  (Le Cambodge est alors gouverné par deux rois, durant 7 ans.)

 

La succession au trône de Yaçovarman 1er fait naître un conflit entre ses fils et leur oncle maternel. Cet oncle est vraisemblablement roi de la principauté de Chok Gargyar, (site actuel de Koh ker) et sera le futur Jayavarman IV (928/941-942).

 

L'oncle, c'est-à-dire Jayavarman IV, fit-il sécession ( ?!...) on ne le sait pas. Mais suite à la discorde avec ses neveux il va rentrer à Chok Gargyar avec le devarâja (*) et attendra 928 pour être officiellement roi du Cambodge.

 

 

(*) Qu'est-ce que le devarâja ?...

 

1/ Le mot devaraja est un mot d'origine sanscrit qui signifie : ''dieu-roi'' ou ''roi-dieu''. J'ai aussi trouvé ''roi des dieux'' ce qui change un peu la signification !...

2/ D'après Philippe Stern (1895-1979) ''le devarâja paraît être un rituel célébré autour d'un linga au nom royal''… un nom qui lie celui du roi à celui de Çiva. Ce linga est la forme prise par le dieu-roi, le devarâja.

 

En cette époque on croyait aux incarnations des dieux brahmaniques et à la faculté pour les rois ''possédés'', car un dieu ne pouvait s'incarner que dans la personne d'un roi, de pouvoir s'adresser directement avec le dieu incarné en elle.

 

                                            

 

Visuellement cette incarnation ou ce … devarâja se matérialise par le biais d'un fût en pierre parfaitement polie et posé verticalement, le linga. Celui-ci se compose de trois parties car il est comme une matérialisation de la trimurti indienne. Sur le 1er tiers de sa hauteur, à sa base il est carré et se rapporte à Brahma. Sur le 2ème tiers, en son milieu il est de forme octogonale et représente Vishnu. Ces deux parties contenues dans une matrice ou yoni sont généralement hors de la vue.

Le Sommet du linga, le 3ème tiers est de forme cylindrique, il est visible, et concerne Çiva. Ce linga est érigée au sein d'un temple montagne ou sanctuaire d'état. Il symbolise alors la puissance créatrice du dieu et par là même celle du roi en qui le dieu s'incarne. Ce roi divin ou roi-dieu alors protège et assure la prospérité du royaume.

 

Ce culte lié à Çiva disparaitra avec la montée du Vishnouisme et du bouddhisme.

 

 

922-923-925 ( ?!... )               

 

Au Cambodge et à Yaçodharapura :

 

Avènement d'Îçanavarman II, dont le nom signifie ''le protégé de Çiva''. C'est le frère du roi précédent : Harshavarman 1er (910/922) et donc, le fils de Yaçovarman 1er (889/890-910).

 

Le règne de ce roi semble très transparent, en tout cas aucun monument ne reste attaché à sa personne.

 

 

                                                             Îçanavarman II (922/928)

 

Le nom posthume  d'Içanavarman II qui fut aussi un roi d'obédience Brahmanique (Çivaïte) est : Paramarudraloka.

 

928                                                                                                  

 

Avènement officiel de Jayavarman IV dont le nom signifie ''le protégé de la victoire''.

 

Dès la mort de son beau-frère, Harshavarman 1er en 921/922, Jayavarman IV aurait peut-être fait sécession.

 

Mais rien n'est moins sûr, car il n'a jamais été découvert sur une stèle quelconque qu'il était écrit que ce fut un usurpateur !...  Ainsi la stèle de Baksei Chamkrong dit seulement … ''… le très habile Çri Jayavarman … ''

Cependant, Bruno Dagens dans son livre ''Les Khmers'' le considère comme tel à plusieurs reprises ?!...

 

Ce qui est certain, c'est qu'au décès de son beau-frère, Harshavarman 1er, Jayavarman IV a emporté le devarâja, c'est-à-dire le symbole du dieu-roi et donc de la légitimité royale, à Chok Gargyar l'actuel site de Koh ker. Ce site se situe à environ 70 kilomètres au nord-est d'Angkor. Le Devarâja y restera jusqu'à la mort de Jayavarman IV, fin 941, début 942.

 

Îçanavarman II a donc régné sans détenir le symbole de la royauté et, apparemment, sans avoir cherché à le reprendre.

 

Les forces en présence étaient-elles en faveur de l'oncle ?...

 

Il n'est pas interdit de le penser quand on voit les monuments qui s'élèvent à Koh Ker. Ce sont des œuvres imposantes dont l'iconographie se démarque de celle de Yaçodhapura à bien des égards.

 

 

Du fait de la décision de Jayavarman IV de rester à Chok Gargyar après le décès d'Îçanavarman II, la 1ère Angkor ou Yaçodharapura sera momentanément abandonnée pendant une bonne vingtaine d'années !...

 

 

Au règne de Jayavarman IV s'attachent les œuvres suivantes : Le b?r?y Rahal, le Prasat Prang ou le Prasat Thom, la plus haute pyramide jamais construite par les Khmers … 35 mètres de haut, et le Prasat Kraham.

 

 

                                                  Jayavarman IV (928/941-942)

 

Le nom posthume  de Jayavarman IV, lui aussi d'obédience Brahmanique (Çivaïte) est : Paramaçivapada.

 

   

 

 

Photo 1 : Le Prasat Prang ou Prasat Thom, une pyramide en grès de 7 étages, qui fut le Temple d'état de Jayavarman IV dans le site de Koh Ker. (Photo : http://angkorroad.com/koh-ker/Koh-Ker.html)

 

Photo 2 : Une statue du dieu Brahma dans le style de Koh Ker, découverte aux environs du Vat Baset près de Battambang. (Musée Guimet – Paris)

 

Photo 3 : Le Prasat Kraham. Le sanctuaire rouge construit au moyen de briques qui lui donnèrent son nom. C'est en fait le gopura Est de Koh Ker. (Un gopura est une porte d'enceinte en forme de pyramide.)

(Photo : http://www.btinternet.com/~andy.brouwer/kker.htm)

 

 

942

 

Harshavarman II, dont le nom signifie ''le protégé du Bonheur'',  prend la succession de son père Jayavarman IV (928/941-42).

 

Cette succession semble avoir été difficile car elle était loin de faire l'unanimité des vassaux de feu son père. C'est alors qu'entre en scène un cousin germain qui va lui prêter main forte et l'aider à s'imposer en tant que Chakravartin ou roi universel.

 

Il s'agit du tout nouveau roi de Bhavapura, un royaume fondé vers le VIe siècle dans les environs de Sambor Prei Kuk au Cambodge.

Ce monarque de Bhavapura deviendra roi d'Angkor sous le nom de Rajendravarman II.

 

 

Après trois ans de règne Harshavarman II va mourir accidentellement et dans des circonstances inconnues. Il avait fait sienne la capitale de son père, Chok Gargyar (Koh ker) mais sans en modifier le patrimoine architectural … par manque de temps sans doute ?!....

 

                                                          Harshavarman II (942/944)

 

Le nom posthume  de Harshavarman II,  lui aussi d'obédience Brahmanique (Çivaïte) est : Brahmaloka.

 

 

Nota bene : Dans la plupart des livres anciens, ceux du début du XXe siècle, Harshavarman II est présenté comme le fils cadet de Jayavarman IV et le … cousin, Rajendravarman, comme l'aînée d'Harshavarman II.

Mais comme les archéologues sont toujours à pied d'œuvre le passé finit par devenir de plus en plus lisible et à donner des précisions jusqu'alors inconnues. L'aîné était en fait …un cousin !  

 

 

Quelques événements mondiaux concomitants à cette période transitoire : 

 

De 936 à 954, Louis IV d'outre-mer a les destinées de la France en main.

937

En Chine du sud : Le royaume de Nánzh?o, qui se situait dans le Yunnan d'aujourd'hui, disparaît au profit du royaume de Dali.

Duang Siping, ou Duang Zhixing, (893/944) le fondateur de la dynastie des ''Duang'', a fédéré autour de lui 37 tribus.

 

 

 

                      PERIODE ANGKORIENNE CLASSIQUE :

 

     (la 1ère Angkor ou Yaçodharapura, redevient l'unique capitale.)

 

 

944

 

Avènement de : Râjendravarman II dont le nom signifie ''le protégé du roi Indra''.

 

Râjendravarman II est le fils de Mahendravarman roi du royaume de Bhavapura, et de la princesse Mahendradev?, une sœur aînée de Yaçovarman 1er (889/890-10).

 

Par sa mère il est donc le neveu de Jayavarman IV (928/941-42) et … le fameux cousin de Harshavarman II (942/944) à qui il était venu prêter main forte pour asseoir son pouvoir.

 

 

En aidant son cousin, Râjendravarman II mettait un pied dans l'antichambre du pouvoir central, au décès de son cousin il ne résistera pas à introduire le second et à s'emparer carrément de ce pouvoir. Il devait alors avoir entre 20 et 30 ans. C'était donc un jeune homme dans la force de l'âge.

 

Les poètes d'alors le glorifieront au point de faire de l'ombre à son cousin (Harshavarman II) et de laisser entendre qu'ils étaient peut-être ennemis !... Ce qui n'était pas le cas.

 

Toujours est-il que :

 

Râjendravarman II, du côté maternel va hériter du Cambodge, et du côté paternel de la principauté de Bhavapura ; une principauté qui semble avoir échappé très souvent à la suzeraineté des ''Chakravartin'' du Cambodge. Grâce à cet héritage il va réaliser, enfin et une fois de plus, l'unité du royaume Khmer, mais en gardant l'arme à la main durant tout son règne.

 

Les archives chinoises révèlent qu'en 960 plus de 60 états lui payaient tributs !...

 

 

Sortant d'une succession mouvementée, il va refaire de la 1ère Angkor ou Yaçodharapura la capitale de son royaume, et y rapporter le Devarâja, (symbole du Dieu-roi) renouant ainsi avec la tradition. Puis il va créer sa propre capitale R?jendrapura (La ville de Rajendravarman) au sein de la 1ère Angkor.

 

 

Râjendravarman II va s'entourer de hauts dignitaires qui vont le conseiller et jouer des rôles importants, tant durant son règne que lors du règne suivant. Parmi les plus importants citons, le ministre bouddhiste Kavîndrârimathana, un homme précieux et à tout faire, le chapelain Atmas'iva, les brahmanes Divâkarabhatta, Rudracarya et Brah Jrai. 

 

 

Sa politique étrangère se fera elle aussi, beaucoup plus en faisant parler les armes que les diplomates.

 

Ainsi dès 945, soit un an après son intronisation, il entre en conflit avec le royaume de Champa, l'actuel Viêt-Nam du centre et du sud, et s'empare de la statue d'or du temple de Po Nagar à Nha-Trang.

 

   

 

 

Le Temple-montagne le Pre Rup

 

 Le Pré Rup est le dernier temple-montagne de ce style. Un mont Méru en forme de pyramide qui se termine par une ''couronne'' de cinq tours en quinconce.

Les prochains temples temple d'état vont se voir adjoindre des galeries que déjà, préfigurent les enfilades de salles construites tout autour de la base du Pré rup.

 

 

Les œuvres royales :

 

Son premier acte patrimonial a été de réhabiliter Baksei Chamkrong. (L'oiseau qui abrite sous ses ailes.) pour en faire la demeure des ''mânes'' de tous les rois du Cambodge qui l'ont précédé.

 

Râjendravarman II fit recouvrir ce temple d'un stuc blanc qui lui donna … ''un éclat comparable à celui du Kailâsa qui n'est autre que le séjour inébranlable et brillant de Çiva et d'Uma''

(Madeleine Giteau)

 

Et le mercredi 23 février 948 à 9 heures 40 … très exactement !....  une nouvelle divinité, un Parameçvara en or, qui en Inde symbolise le dieu suprême et au Cambodge le fondateur d'une dynastie, y fut consacrée.

 

Parameçvara ou Paramesvara était aussi le nom posthume de Jayavarman II (802/850) considéré comme le fondateur de la puissance Angkorienne au sens politique et religieux et … de la 1ère dynastie d'Angkor.

 

Râjendravarman II semblait donc voir grand et loin, au point –peut-être – de se considérer comme le fondateur d'une nouvelle dynastie ?!... Qui sait et qui peut dire ?!...

 

Les fondations royales de Râjendravarman II :

 

Le vendredi 28 janvier 953 vers 11 heures du matin au sein du Mébôn oriental, un temple dédié à la mémoire des parents de Râjendravarman, fut consacré le linga ou divinité Çri-Rajendreçvara (Devarajà). Ce qui signifie que ce fut aussi un temple d'état.

 

Fin 961 ou début 962 au Prè Rup, (*) un temple montagne qui sera le dernier de ce type, fut consacré pour la deuxième fois le linga ou divinité Çri-Rajendreçvara (devarâja) (Le seigneur auspicieux) ainsi que quelques autres divinités principales. Ce nouveau culte ne remplaça pas le précédent, mais s'y rajouta.

 

Le nom de ce temple d'état, '' Prè Rup'' qui signifie ''tourné le corps'' n'a pas de rapport avec sa fonction, à savoir être l'écrin du linga ou devarâja.

 

Pour justifier son appellation il a été fait référence à la légende du roi concombre que les Birmans ont aussi dans leur patrimoine littéraire ?!...

 

Cette légende raconte comment un roi, le roi Sdach Peal (Jayavarman IX – Parameçvara 1327-1336 ?...) qui raffolait de concombres sucrés et se levait la nuit tant pour en manger que pour vérifier si son jardinier, Ta Tasak Phaêm, faisait bonne garde, fut tué par celui-ci qui le pris pour un voleur.

 

Le corps de Sdach Peal, selon la légende, aurait été recueilli par la princesse Batum pour être incinéré au Pré Rup et inhumé au Trapeang Khmoch (La mare du mort) non loin de Bat Chum !...

 

Quand au jardinier il remplaça au pied levé … sa victime, épousa la fille de ce dernier, Candravati, histoire de se légitimer, et régna sous le nom de Neay Trasak Phaem (1336-1340). (**) Comme quoi le crime peut payer !...

 

 

(*) Prè Rup se prononce : Prè Roup.

 

(**) François Ponchaud auteur de ''Une brève histoire du Cambodge'' page 20 écrit que ce roi régna sous le nom de Nipéan Bat. D'après mes recherches Nippean Bat (1340-1346) fut le fils et le successeur de ce roi, et non son nom de règne. Un roi auquel l'histoire ajoute le titre d'usurpateur.

 

 

 

Nota bene concernant le Temple de Phiméanakas, ou Akâça-Vimâna ou encore le palais céleste, voire le palais aérien.

 

Dans son livre ''Angkor'' Maurice Glaise attribue la construction de ce temple à Rajenvarman II en précisant qu'un premier état aurait existé sous Yaçovarman 1er (889-910) et qu'il fut terminé par les rois suivants dont Suryavarman 1er avec la date de 1011.

 

Dans son livre ''Angkor résidences des dieux'' Claude Jacques écrit que le temple fut construit par Suryavarman 1er (1002-1049) sur un ancien sanctuaire datant de Yaçovarman 1er (889-910).

 

Quant à Madeleine Giteau elle écrit ''C'est de cette époque (Celle de Rajendravarman) que date le premier état du Phiméanakas''.

 

Alors, compte tenu de ce qui précède, nous parlerons du Phiméanakas à l'occasion du règne de Suryavarman 1er. (Chronique sur le XIe siècle)

 

 

     

 

 

                                                Le Temple-montagne Mébon oriental :

 

Le Mebon oriental se constitue d'une plateforme sur laquelle s'élèvent cinq tours disposées en quinconce et s'ouvrant vers l'est.

Deux d'entre elles étaient dédiées aux parents du roi Rajendravarman, que représentaient Çiva et Umâ.

A l'intérieur des trois autres prenait place une des représentations de la Trimurti c'est-à-dire des trois grands dieux d'entre les dieux. (Brahma, Çiva et Vishnu)

La symbolisation la plus importante des cinq, le devarâja ou Rajendreçvara reposait dans le sanctuaire central.

 

 

Les fondations des hauts dignitaires :

 

En 953, un ministre bouddhiste Kavîndrârimathana (*) dont le nom ou le titre ( ?) signifie ''le destructeur des ennemis, roi des poètes'', fit consacrer le Bat Chum. (Sangalàçrama) (Le sanctuaire entouré). Il s'agissait alors pour ce bouddhiste d'améliorer son karma.

 

Ce 1er temple Bouddhiste se compose de trois sanctuaires en briques dont l'un est dédié à Bouddha et les deux autres à deux divinités du Bouddhisme mahâyânique, (Grand véhicule) le Bodhisattva Vajrapani, le protecteur et le guide de Bouddha, et de la Prajnâparamita, Grande Mère de la sagesse et de la perfection.

A noter cependant que l'accès du tirtha, ou lieu sacralisé, était réservé à un hotar c'est-à-dire à un brahmane ou un officiant de la religion védique ?!...

 

En 967, le lundi 22 avril, le brahmane Yajñavârâha et son frère participent à la consécration de la divinité du petit temple de Banteay Srei, la citadelle des femmes. (**) Un temple en grès rose qui a pour particularité d'avoir des proportions qui s'amenuisent au fur et à mesure qu'on s'approche de son sanctuaire principal.

 

Banteay Srei bien que faisant parti du ''groupe d'Angkor'' ne s'élève pas dans Yaçodharapura mais dans l'ancienne Içvarapura à une vingtaine de kilomètres de la première Angkor.

 

     

 

 

          Quelques sculptures de Banteay Srei ou la citadelle des femmes :

 

Photo 1 : Krishna combattant un démon. (Sanctuaire nord – linteau sud.)

 

Photo 2 : Narasimha tuant le tyran Hiranyakaçipu. (L'homme-lion est un des avatars de Vishnu.) (Sanctuaire extrême nord – fronton sud)

 

Photo 3 : Çiva et son épouse Uma sur le taureau Nandin. (Fronton d'une salle.)

 

Photo 4 : Duel entre les deux frères que sont V?lin et Sugr?va, deux des nombreux acteurs du R?m?yana. (Sanctuaire central – linteau nord.)

 

 

En 968, le brahmane Divâkarabhatta, qui avait épousé une fille du roi, fait construire le temple Prasat Prah Enkosei.

 

 

C'est à cette époque que les bouddhistes adoptent certains des rituels du Brahmanisme et se mettent à rendre un culte aux vingt-sept nakshatras ; des étoiles qui déterminent des secteurs dans la carte astrologique védique indienne où transitent les 9 navagrâhas (planètes).

 

Ces pratiques perdurent encore aujourd'hui en Thaïlande. 

 

Râjendravarman II se tourne vers le Bouddhisme Mahayana et quitte la scène vraisemblablement à l'occasion d'une révolution de palais ?!....

 

Le nom posthume de Rajendravarman II qui donc, fut d'abord d'obédience Brahmanique (Çivaïte) pour ensuite embrasser le Bouddhisme Mahayana est : Sivaloka ou Çivaloka.

 

 

                                              Rajendravarman II (944/967-968)

 

 

(*) Le ministre bouddhiste Kavîndrârimathana possédait de multiples talents. C'est lui qui, par exemple, fut chargé en tant qu'architecte de la construction du Mebon oriental et du palais royal. Il fut aussi comme le ministre des affaires étrangères du royaume.

C'est encore lui qui, sur ordre de Rajendravarman fit remettre sur pied toutes les images de Bouddha profanées dans le royaume (Y aurait-il eu sous les règnes précédents persécution des bouddhistes ?...) et introduire quantité d'œuvres littéraires bouddhiques à Yaçodharapura. Ce qui ne devait pas être du goût des brahmanes !...

 

(**) C'est dans ce temple de Banteay Srei qu'en 1923, André Malraux venu chercher fortune en     Asie et futur ministre de la culture du général de Gaulle, a tenté de voler un linteau pesant pas moins de 600 kilos !...

  

Nota bene : Sous Rajendravarman II, la 1ère Angkor ou Yaçodharapura  se ''construisit'' au nord du Phnom Bakheng, c'est-à-dire dans ce qui deviendra la 3ème Angkor ou Angkor Tom à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe, sous le règne de Jayavarman VII. (1181/ après 1201)

 

 

Quelques événements mondiaux concomitants au règne de Rajendravarman II : 

 

Vers 941 naît le fils d'Hugues le grand, duc des Francs. C'est le futur … Hugues Capet !...

960

En Chine du nord : Après cinquante ans de luttes intestines un certain Tchao K'ouang-Yin, ou Zhao Kuangying, (960/976) fonde la dynastie des Song du nord. (960/1126) et deviendra l'empereur T'ai-tsou ou Taizu.

962

En Europe : Le 2 février 962, Otton 1er (912-973) est sacré empereur par le pape Jean XII. C'est la restauration de l'empire carolingien ou plus exactement la fondation du Saint empire romain germanique, le premier reich.

 

 968

Au Cambodge et à Yaçodharapura :

 

Avènement de Jayavarman V, dont le nom signifie ''le protégé de la victoire''. C'est le fils de Rajendravarman II (944/967-68).

 

Quand il succède à son père, Jayavarman V est encore très jeune. Peut-être n'était-il encore qu'un enfant ?!...

 

En tout cas il semblerait que les brahmanes, influents du temps de son père, aient dirigé les affaires du royaume à sa place, et plus particulièrement le brahmane-kshatriya Yajñavârâha à l'origine de Banteay Srei et, petit fils du roi Harshavarman 1er (910/922).

 

Après quelques années de règne Jayavarman V décide de créer une nouvelle capitale. Alors il se met en quête d'un site plus approprié à la défense d'une cité, même si le temple d'état ne peut en être le centre.

 

Son choix se fixe sur la rive ouest du Barray oriental, c'est-à-dire sur la rive gauche de la rivière Siem-Reap.

 

C'est alors que le nom de Yaçodharapura, que tous ses prédécesseurs avaient conservé quel que fut l'emplacement des œuvres de leur gouvernance dans la 1ère Angkor, disparaît du vocabulaire commun au profit du nom de ''Jayendranagarî'' c'est-à-dire ''la capitale du roi vainqueur''.

 

Comme ses prédécesseurs, Jayavarman V aux environs de 975, fait construire son temple d'état, le ''Hemaçringagiri'' ce qui signifie ''la montagne aux pics d'or''.

 

Ce temple montagne de cinq étages, d'une hauteur de 22 mètres, commencé sous son règne et poursuivi sous le suivant ne sera jamais achevé au niveau de ses décorations.

 

Il porte aujourd'hui le nom de Prasat Ta Kéo ou Ta Kev ce qui signifie la tour de cristal ou encore la tour du précieux ancêtre ?!...

 

   

 

 

                                                        Le Prasat Ta Kéo

 

Cette pyramide en grès, composée de cinq gradins et mesurant quelques 22 mètres de hauteur promettait d'être l'un des fleurons de son genre mais son ornementation sculpturale ne fut jamais terminée.

 

 

Jayavarman V ne semble pas avoir été un grand constructeur.

 

Cependant, pour être aussi précis que possible, je signale que certains lui attribuent le Phiméanakas, un temple cité plus haut, que d'autres mettent au crédit de Rajendravarman II (944/967-68) ?!...

 

Ce serait aussi sous son règne que les Kléang nord et Kléang sud, des … magasins qui n'auraient de ''magasin'' que le nom ?!... auraient –peut-être – été édifiés. Mais comme les éléments manquent pour être affirmatif je n'en écrirai pas plus à leur sujet.

  

Par contre, le brahmane Divâkarabhatta, un Indien originaire de Mathura en Inde et époux d'une sœur de Jayavarman V, cité plus haut à propos du ''Prasat Prah Enkosei'', fit construire quelques autres temples de moindre importance.

 

En dépit d'un début de règne difficile Jayavarman V semble avoir laissé le souvenir d'un roi pacifiste qui toutefois repoussa vers l'ouest (Thaïlande) la frontière de son royaume.

 

Quand il décède il ne laisse aucun héritier. Alors sa succession ne se fera pas dans le calme et la sérénité, bien au contraire.

  

Le nom posthume de Jayavarman V, un roi d'obédience Brahmanique (Çivaïte) est : Paramavîraloka.

 

                                                  Jayavarman V (968/1000-1001) 

 

Quelques événements mondiaux concomitants au règne de Jayavarman V : 

 

le 24 Octobre 996 Hugues Capet tire sa révérence . Son fils Robert le pieux lui succède.

En Europe : On attend … la fin du monde, tout du moins certains lettrés.

 

1001

 

Au Cambodge : A la mort de Jayavarman V, un soi-disant neveu dont la mère était la sœur de l'une des épouses de Jayavarman V revendique le trône et s'y serait installé par la force sous le nom d'Udayâdityavarman 1er, ce qui signifie ''celui qui a le soleil levant pour cuirasse''.

 

La seule ''preuve'' de l'existence de ce roi fut trouvé à Koh Ker ce qui peut vouloir dire qu'il était loin de faire l'unanimité et qu'il avait peut-être besoin de mettre de la distance entre lui et ses ennemis ?!... En tout cas après 1002 on n'entendra plus jamais parler de lui !... Alors paix à son âme !...

 

                                                  Udayâdityavarman 1er 1001/1002

 

 

Dans le même temps deux autres princes vont se déchirer pour prendre la suite de Jayavarman V.

 

L'un d'entre eux, le futur Jayavîravarman 1er va carrément s'approprié du trône en s'installant de force à ''Jayendranagarî'' et à faire sien du palais de Jayavarman V ainsi que du Prasat Ta Kéo dont il fera poursuivre les travaux.

 

Il n'est pas impossible que cette ''installation'' se soit faite avec l'aide des brahmanes encore très influents à la cour, car Jayavîravarman était d'obédience Brahmanique alors que son rival, le futur suryavarman 1er, était bouddhiste !...

 

Au cours du règne de Rajendravarman II (944/967-968) père de Jayavarman V, les brahmanes n'avaient pas accepté d'avoir perdu leur suprématie au profit de celle du bouddhisme. Alors tant qu'à choisir entre deux rois autant donner la préférence à celui qui est Çivaïte. Mais ce qui précède n'est qu'une hypothèse.

 

Néanmoins la chasse aux sorcières de cette époque que subirent les bouddhistes en Inde n'a été sans se répercuter, d'une manière ou d'une autre au Cambodge.

 

Le brahmane Divâkarabhatta, marié à la sœur du roi venait de Mathura en Inde. Il n'était pas né sur le sol Cambodgien, ce qui signifie que l'influence Indienne continuait d'alimenter ou de ressourcer le propre développement de la culture Indo-Khmer.

 

 

Toujours est-il que Jayavîravarman 1er va chercher à se protéger dans Angkor et que l'étendue de son royaume fut loin d'être celle de Jayavarman V. Il allait même devenir une peau de chagrin au fur et à mesure du ''grignotage'' de son rival qui va finir par prendre sa place entre 1006 et 1010 !...

 

Nota bene : Claude Jacques émet l'hypothèse que Jayavîravarman 1er qui en 1002 serait allé jusqu'à Koh Ker aurait peut-être mis fin aux rêves d'Udayâdityavarman 1er tout comme Sûryavarman 1er mettra fin aux siens ; mais d'une manière moins tragique et définitive puisque Jayavîravarman 1er trouvera son salut dans la fuite.

 

On ne sait guère rien de plus au sujet de Jayavîravarman 1er !... Alors !...

 

                                                Jayaviravarman (1002/1006-10)

 

                                          

 

 

             L'Indochine au Xe siècle sous Rajendravarman II (944/967-968).

 

L'aire géographique attribuée aux Môns est à prendre en tant que zone où des vestiges Môns ont été retrouvés (Jusqu'au nord de Vientiane). Ce n'est donc pas un royaume à proprement parler, mais plutôt une région dans laquelle les Mons avaient établi des colonies comme à Hariphunchai (Lampun) dans le futur Lanna.

Parallèlement aux Birmans qui ont suivi le cours de l'Irrawaddy et se sont organisés en créant Arimaddanapura, la future Pagan, les T'ais (futurs Laos et Thaïs) depuis la région de Dali suivent le cours des fleuves, dont le Mékong, en créant des petites principautés, seuls ou en s'associant avec les Lawas qui déjà occupaient la région. C'est ce que donnent à penser les légendes.

Nota bene : Les villes marquées d"un rond vert n'existaient pas à l'époque.

 

 

En résumé :

 

La plupart des rois ont fait construire leur temple montagne. Ce temple montagne est un sanctuaire d'état s'érigeant au centre de la cité, sur une élévation artificielle ou naturelle (Montagne = colline ou butte = Phnom). A l'intérieur du sanctuaire se trouve le devarâja, ou linga, une symbolisation de l'incarnation de Çiva dans la personne du roi. Car le pouvoir exceptionnel du monarque khmer c'est, par le biais de cette incarnation, d'entrer en communication avec les dieux.

 

Ce temple qui est la résidence des dieux sur terre, le mont Méru du royaume, est donc la garantie d'une protection divine et d'une abondance de bienfaits mais … pour autant que le roi soit digne de sa fonction.

 

Chaque roi a aussi fait construire un temple pour honorer ses parents et ses ancêtres divinisés … le temple des ancêtres.

 

Ces pratiques et ces rites sont venus de l'inde apportés par des Brahmanes. C'est pourquoi il est toujours fait référence à la trimurti, trois dieux en un, Brahma, Çiva et Vishnu.

 

Le Bouddhisme est aussi présent, il va emprunter au çivaïte, et Bouddha et Çiva vont cohabiter. Mais leurs fidèles vont se combattre pour avoir ou garder … le pouvoir. Alors des images (statues) seront détruites ou re-sculptées.

 

Yaçodharapura s'écrit aussi Yasodharapura.


                                                                                       Jean de la Mainate - Aout 2012



20/08/2012
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