MerveilleuseChiang-Mai

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ANGKOR


CHIANG-MAI  - SIEM RAP – ANGKOR

 

 

 

Les temples Khmers avaient une fonction politico-magique. C'étaient la résidence des dieux sur terre et ''… réaliser au cœur du pays le monde divin, c'était assurer la prospérité et l'invulnérabilité du royaume. '' (Madeleine Giteau)

 

 

 

Cette chronique n'a pas vraiment de lien avec Chiang-Mai et son histoire, encore que … en cherchant bien !....

Mais là n'est pas notre sujet, alors allons droit au but.

 

En juin 2014 j'avais invité mon frère, son épouse et leur fille à passer quelques semaines à Chiang-Mai. Comme le Cambodge n'est pas très loin, j'en ai profité pour les emmener du côté d'Angkor.

 

Afin d'éviter la réédition des désagréments d'une première visite, j'ai fait quelques recherches sur le net. C'est ainsi que je suis entré en communication  avec un chauffeur de tuck-tuck Cambodgien du nom de Kong parlant et écrivant le français ; Kong proposait alors un circuit séduisant de trois jours.

 

Comme les dates de notre séjour ne correspondaient pas avec ses disponibilités, Kong m'a proposé, pour le même prix, les services de son ami Tola, un garçon qui s'est révélé tout à fait gentil et respectueux des engagements et du programme.

 

Etant satisfait de la prestation de Tola, j'ai voulu par le biais de cette chronique donner un petit coup de pouce à l'entreprise de ces deux hommes.

 

       

 

Son nom : KONG

Son adresse électronique : kong_angkor@yahoo.com

 

Avant de partir, munissez-vous d'une photo d'identité. Elle vous sera utile à l'aéroport de Siemp-Rap pour l'obtention de votre visa dont le coût est de : 10 $. Les cambodgiens ne connaissent pas encore l'€uro, alors partez avec des dollars … hélas !...

 

A l'aéroport, et à l'heure dite, deux Tuk-tuk nous attendaient, celui de Kong et celui de Tola. Compte tenu des bagages des deux dames, ma belle sœur Joëlle et ma nièce Muriel, le deuxième tuk-tuk ne fut pas de trop ?!...

Ces voyageuses du dimanche devaient avoir emporté de quoi se changer 10 fois par jour, si ce n'est plus !...

Bref !... nous avons pris la direction du Steung Siemreap Hôtel, un hôtel où j'avais logé sept ans plutôt et qui alors m'avait donné toute satisfaction. 

Coût du voyage aéroport-hôtel : 5 $ pour les deux tuck-tuck.

 

 

L'Hôtel :

Le Steung Siemreap Hotel : res@steungsiemreaphotel.com

Le Steung est un hôtel propre, aux chambres agréables et très bien situé. Comme je l'avais déjà fréquenté avec satisfaction en 2008, j'y suis retourné avec mes invités en réservant par le biais de Booking.com.

Les prix affichés à l'hôtel allaient de 80 $ à 250 $ (une suite) - Le petit-déjeuner était compris. Le fils du gérant parle un parfait français mais il n'est pas toujours là.

 

LE PROGRAMME :

 

1ère journée : Rendez-vous à 6 h30 en bas de l'hôtel avec Tola.

(Pour éviter les tsunamis de touristes chinois, l'horaire est à respecter.)

 

 

Attention : Pour circuler sur le site d'Angkor un ''pass'' est nécessaire ; pour trois jours son montant est de 40 $ par personne.

 

 

Programme de la matinée : Angkor Thom intra-muros (Partie Nord)

La visite commence par la porte Sud d'Angkor Thom

Puis : le Bayon – le Baphūon – le Phiméanakas – la terrasse des éléphants - la terrasse du roi lépreux

Angkor Thom (La porte Est hors-les-murs) :

ThommanonChau Say Tevoda Ta Prohm.

 

Programme de l'après midi : Angkor Vat

Coût des déplacements : 15 $ comprenant le tuck-tuck de 4 places et quelques bouteilles d'eau fraîches.

 

   

 

 

                                                        Angkor

          Angkor fut l'œuvre de plusieurs rois, de ce fait elle porta plusieurs noms.

1/ Yaçodharapura ou la 1ère Angkor.

Yaçodharapura signifie la ville du roi Yaçovarman 1er (889/900-910).

2/ Rājendrapura ou la 2ème Angkor.

Rājendrapura signifie la ville du roi  Rājendravarman II (944-967/68).

3/ Angkor Thom ou la grande capitale ou la 3ème Angkor

Angkor Thom (Nagar dham – ville grande) est la ville de Jayavarman VII (1181-1210)

 

Angkor Thom est un vaste quadrilatère de 900 hectares ou 9.000.000 de m2. Ce carré de 3 kilomètres de côté est protégé par une muraille atteignant les 8 mètres de haut. Cinq portes donnent accès à Angkor Thom, une dans chaque direction et une cinquième, la porte de la Victoire, relie l'Est à la terrasse des éléphants.

 

 

     

 

 

                               La porte sud d'Angkor Thom : (XIIe)

Un remblai en guise de pont permet de franchir la douve. Sur chacun de ses côtés s'élève une rambarde constituée de 54 géants retenant le corps d'un serpent (Naga).

D'un côté il y a 54 démons ou Assuras, et de l'autre 54 devas ou Dieux. Ils tirent à hue et dia sur le corps d'un Naga (Le roi des serpents Vāsuki.) pour baratter la mer de lait (les eaux de la douve) d'où sortira, selon les légendes indiennes, le nectar d'immortalité appelé aussi … ambroisie … amrita … qui, dans le cas présent assurera la gloire et la prospérité d'Angkor Thom.

Le mont Mandara (Méru ou Mérou) est symbolisé par le colossal portique d'entrée ou gopura.  

 

 

 

Les monuments intra-muros d'Angkor Thom (Partie Nord)

 

     

 

 

                                   Le Bayon : (un temple d'état) (XIIe)

                                               (Prononcer Bayonne)

Le Bayon fut le temple d'état de Jayavarman VII (1181-1210) qui fut l'un des plus grands souverains Khmer et non le moins modeste puisqu'il n'est pas impossible que le quartet de têtes qui surmonte chacune des tours soit autant de représentations du visage du souverain. Ces quatre têtes qui chacune regarde dans une direction cardinale symbolisent l'omniscience royale tout en identifiant Jayavarman VII à un dieu, ou ''Devrarāja (Dieu-roi).

 

Chacune des tours, ou sanctuaires, renfermait une divinité brahmanique ou bouddhique et, selon Paul Mus (1902-1969),  pourrait symboliser une province de son empire, je rajouterai … voire des principautés vassales.

L'efficacité représentative ayant pris le pas sur les règles de l'art architectural, ces tours ont fini par constituer un ensemble plus que désordre.

 

Au sein du sanctuaire central était vénéré le Bouddha-roi. Jayavarman VII, eut une dévotion toute particulière pour le bodhisattva (*) Lokeçvara et tourna la page du brahmanisme en faveur du Bouddhisme Mahayana. L'un de ses fils ira au Sri Lanka s'initier au bouddhisme theravada qui aujourd'hui est pratiqué par la plupart des Cambodgiens.

(*) Un bodhisattva est un être (sattva) promis à l'Eveil (bodhi) c'est-à-dire un futur bouddha. Pour faire … ''court'' ce serait, pour la chrétienté, un saint parmi les saints.

 

 

       

 

 

                                     Le Baphūon : (un temple d'état)

D'après l'éminent orientaliste Georges Cœdès (1886-1969) le Baphūon serait la réplique sur terre de la montagne d'or qui s'élève au beau milieu du jambudvīpa ; qui dans la cosmologie hindouiste est un continent habité par les hommes et où la montagne d'or sert d'habitat aux dieux. De ce fait, son sanctuaire principal aurait abrité un ''çivalinga'' (Shiva + lingua) en or.

Cette montagne ou temple-montagne de trois étages occupe une aire rectangulaire de 425 mètres sur 125. Elle est l'œuvre du roi Udayādityavarman II (1050-1066) mais il n'est pas impossible que sa construction ait débuté sous le roi Sūryavarman (1002-1050).

(En France, à cette époque, régnait le roi Robert II dit le pieux fils d'Hugues Capet)

 

 

      

 

 

                            Le Phimeanakas (Une chapelle privée) (XIe)

                   (Prononcer Piméanakass) ou Akāça-Vimāna (palais aérien)

 Le Phiméanakas se situe à l'intérieur du palais royal, un complexe qui s'étend sur une aire de 250 mètres sur 600.

Ce palais était protégé par un mur de 5 mètres de haut au pied duquel dormaient les eaux d'une douve de 25 mètres de large.

Le Phiméanakas, d'une base de 35 mètres sur 28 se présente sous la forme d'une pyramide constituée par trois gradins.

En se référant à un texte lapidaire, il aurait été érigé bien avant la construction du palais royal pour accueillir la divinité ''Trailokynātha'' (Vishnu-Krishna).

Par la suite, avec la construction du palais royal de Sūryavarman 1er (1002-1050), il serait devenu comme une chapelle privée à l'intérieur de ce dernier.

 

Maurice Glaize attribue la construction de ce temple à Rājendravarman II (944-967/68) en précisant qu'un premier état aurait existé sous Yaçovarman Ier (889-910) et qu'il fut terminé par les rois suivants.

Claude Jacques écrit que le temple fut construit par Sūryavarman 1er (1002-1050), sur un ancien sanctuaire datant de Yaçovarman Ier (889-910)  

 

 

     

 

 

          La terrasse des éléphants suivie de la terrasse du roi lépreux.

 

 

Angkor Thom (La porte Est hors-les-murs) :

 

     


 

                                                   Thommanon.

                                            (Prononcer Thommanone)

Le règne de Suryavarman II (1113-1150) est surtout marqué par la construction d'Angkor Vat, mais le Thommanon dont le style est semblable à celui d'Angkor Vat est aussi une fondation de Suryavarman II. Elle daterait du début de son règne.

 

Thommanon se compose d'un sanctuaire central de quatre étages fictifs relié à l'Est à une salle rectangulaire qui elle-même se rattache au gopura oriental.

Une bibliothèque complète le sanctuaire.

Cet ensemble architectural s'élève sur une aire de 60 mètres sur 45 délimitée par un mur d'enceinte au pied duquel avait été creusée une douve.

 

Outre le gopura (*) Est, un autre gopura a été construit à l'Ouest.

(*) Le gopura est une porte monumentale, une espèce de pavillon.

 

             (En France, le 3 Août 1108 Louis VI le gros est sacré roi à Orléans.)

 

 

     

 

 

                                               Chau Say Tevoda

                                      (Prononcer Thiaou Saille Tevoda)

Comme pour Thommanon, le style de Chau Say Tevoda est semblable à celui d'Angkor Vat mais cette autre fondation de Suryavarman II (1113-1150) daterait de la fin de son règne.

 

Les deux monuments se ressemblent en bien des points à la différence qu'à Chau Say Tevoda le sanctuaire s'élève sur une aire plus petite, 40 mètres sur 50 et que malgré un espace plus restreint il est doté de deux bibliothèques et non d'une, et de quatre gopuras, un sur chacun de ses côtés, et non deux.

 

''Le temps aux plus belles choses se plaît à faire un affront'' écrivait Pierre Corneille ; il aurait pu ajouter que le temps est d'une sévérité injuste parce que Chau Say Tevoda plus ''jeune'' (de quelques années seulement) que Thommanon a beaucoup plus souffert des ces … affronts du temps.

 

(En France, le 31 mars 1146 Saint Bernard prêche la 2ème croisade à Vézelay en présence du roi de France Louis VII et de son épouse Aliénor d'Aquitaine.)

 

 

     

 

 

                               Ta Prohm (Le temple de Brahmā.) (XIIe)

Cette première fondation royale due à Jayavarman VII (1181-1210) était un monastère bouddhique. Son nom d'origine ''Rājavihāra'' signifiait le ''monastère du roi''. Cet ensemble d'un hectare était à l'époque située au centre d'une ville de 600.000 m2 (60 ha) qui aujourd'hui a complètement disparu.

 

12.640 personnes dont 13 grands prêtres, 2.740 officiants, 1.617 assistants et 615 danseuses habitaient à l'intérieur de ce temple.

A l'extérieur de celui-ci, pour assurer le quotidien des premiers, il était fait appel à 79.365 personnes ?!....

 

La divinité principale de Ta Prohm, (Mère des Bouddha) sculptée à l'image de la mère de Jayavarman VII, portait le nom de ''Prājñapāramita'' c'est-à-dire ''Perfection de la Sagesse''.

 

Ce monument a volontairement été laissé en l'état pour deux raisons ; montrer aux visiteurs les prouesses et les dégâts provoqués par la nature au sein des œuvres humaines et leur faire découvrir les difficultés auxquelles se heurtent aujourd'hui les archéologues.

 

 

 

L'après midi : ANGKOR VAT (La ville qui est un temple)

 

       

 

 

                                                     Angkor Vat :

1/ Vers 1925 avec ses temples bouddhiques et ses kutis (habitats de moines) sur la grande esplanade - 2/ son plan - 3/ Carte montrant la puissance de l'empire Khmer à cette époque. Pour donner une meilleure idée de l'étendue de l'empire Khmer, c'est volontairement que j'ai fait figurer quelques villes, qui alors n'existaient pas encore.  - 4/ en 2008

 

 

                            Angkor Vat  (un temple d'état)

Jayavarman VII est souvent présenté comme le plus grand roi Khmer, en fait c'est aller un peu vite en besogne et faire de l'ombre à Suryavarman II (1113- 1150) qui entra dans l'histoire en 1113 après s'être fait sacrer par le Brahmane Divākarapandita, lequel sacra aussi ses deux prédécesseurs (Jayavarman VI et Dharanindravarman I son grand-oncle, qu'il fit passer de vie à trépas pour … s'asseoir sur son trône.)

Suryavarman II régna une petite quarantaine d'années contre une vingtaine pour Jayavarman VII, soit presque le double.

C'est sous son règne que l'empire Khmer connu sa plus grande expansion, l'apogée de sa puissance, et que s'éleva de terre l'un des plus beaux fleurons de la période classique Khmère en particulier, et de l'art khmer en général : Angkor Vat.

 

 

       

 

 

Angkor Vat occupe une aire rectangulaire de 1.5 km sur 1.3 km ce qui représente une surface de 200 ha. (y compris la douve dont la largeur est de 190 mètres). Quant à la fondation proprement dite, elle s'élève dans une enceinte de 1.035 m sur 800 ce qui constitue une étendue de 82 ha. De part ces dimensions Angkor Vat est le plus grand ensemble d'Angkor.

Trois galeries ou enceintes entourent le sanctuaire central qui repose sur une plate forme carrée d'ou s'élève un quinconce de cinq tours. C'est la représentation de trois d'entre elles qui figure sur le drapeau Cambodgien.

 

Beaucoup d'énigmes restent à résoudre concernant cette fondation. Tout donne à penser qu'il s'agirait d'un temple funéraire parce qu'il ouvre sur l'Ouest et non l'Est.

Ce n'est pas par hasard si tous les monuments funéraires Indo-javanais connus sont orientés vers l'Ouest.

De ce fait Suryavarman II serait le seul roi qui aurait fait construire son propre mausolée, à moins qu'il ne fut bâti par un vassal dévoué et … fortuné ?!....

Donc, il y a de forte chance pour qu'Angkor Vat soit le palais d'un roi défunt divinisé. D'après Wikipédia les autochtones désigneraient Angkor Vat sous le terme de ''Preah Pisnulok'' ce qui signifierait ''le lieu sacré de celui qui est allé dans le monde de Vishnu'', et qui apporterait de l'eau aux suggestions qui précèdent de George Cœdès.

 

C'est le français Alexandre Henri Mouhot (1826-1861) originaire de Montbéliard qui par le biais de son journal fit connaître à l'Europe l'existence d'Angkor Vat. Sa tombe, d'un accès difficile, en tout cas lorsque j'y suis allé, est à Luang-Prabang. 

 

En France, à quelques années près, en 1163 le pape Alexandre III pose la première pierre de Notre Dame de Paris dont la construction allait s'étendre sur près de deux siècles !... alors on peut considérer ces deux monuments comme contemporains.

 

 

 

2ème journée : Rendez-vous à 7 h 00 en bas de l'hôtel avec Tola.

(Pour éviter les tsunamis de touristes chinois, l'horaire est à respecter.)

Programme de la journée : visite de 6 temples

Le Pre Rup Bantéay Sreï Bantéay Samré Le Mébon oriental – Ta Som Le Preah Khan.

Coût des déplacements : 25 $ comprenant le tuck-tuck de 4 places et quelques bouteilles d'eau fraîches.

Suggestion : la journée pourrait se terminer par la visite d'un des deux musées.

 

     

 

 

                                                     Le Pre Rup

                             (Prononcer Pré Roup) (Fin 961 ou début 962)

Le Pré Rup est la toute première des grandes fondations du roi Rājendravarman (944-968). Elle précède de quelques années le Mébon oriental dont le style est identique.

Ce temple sera la dernière réalisation dite ''temple-Montagne'' Car après le Pré Rup vont apparaître les premières galeries, puis les enfilades de salles. (Le Mébon, malgré sa ressemblance avec le Pré Rup n'est déjà plus un temple-montagne.)

Le Pré Rup est une matérialisation du mont du Méru dont la résidence des dieux se concrétise par une couronne de cinq tours en quinconce dédiées chacune à une divinité brahmanique. Dans chacune des quatre tours d'angle une idole ''authentifiait'' la parenté entre un membre de la famille royale et un dieu ; ainsi le demi-frère du roi, le roi Harshavarman II (941-944) aurait eu pour ancêtre Çiva (Shiva).

La tour centrale abritait le devarāja ou Rajendreçvara, une idole symbolisant la symbiose mystique entre le roi Rājendravarman et les dieux. (Lire le Mébon oriental qui suit, pour en savoir plus à ce sujet.). Ce temple d'état fut consacré en 961.

 

Le Pré Rup tire son nom actuel d'un rite d'incinération et d'une légende concernant un roi victime de son goût pour les concombres. En fait il devait avoir à l'origine un tout autre nom alliant celui de l'idole principale à celui d'un dieu prisé par le roi.

 

                          (En France, vers 941, naît le futur Hugues Capet.)

 

 

     

 

 

                                                Bantéay Sreï (Xe)

                    (Prononcer Bantéaille Sreille) ou la citadelle des femmes.

Cette fondation bien que faisant parti du groupe d'Angkor ne s'élève pas dans Yaçodharapura mais dans Içvarapura, ou Açvarapura une ancienne capitale située à une trentaine de kilomètres de la 1ère Angkor ou Yaçodharapura.

Elle est l'œuvre d'un haut dignitaire, le brahmane Yajñnavārāha qui fut le conseiller du roi Rājendravarman (944-968) et le précepteur du futur Jayavarman V (968-1000).

L'une des particularités de cette fondation est la taille réduite de ses constructions en grès rose. La consécration de la divinité qui occupa le sanctuaire principal de cette construction, ''Çri Tribhuvanamaheçvara'', aurait eu lieu le lundi 22 avril 967.

 

 

      

 

 

                              Bantéay Samré '' (Milieu du XIIe – XIIIe ?)

                    (Prononcer Bantéaille Samré) ou la citadelle des Samrès.

Le temple de Bantéay Samré fut vraisemblablement l'œuvre d'un grand dignitaire mais aucun document – pour le moment – ne peut le confirmer. D'après son style, proche de celui d'Angkor Vat, et de sa configuration il pourrait dater du XIIe et avoir été au centre d'une ville de quelques 80 ha. A cette époque régnait Suryavarman II (1113-1150) le père d'Angkor Vat.

 

D'après Maurice Glaize qui se réfère à M. R. Baradat, docteur-vétérinaire et spécialiste des populations primitives de l'Ouest du Cambodge, la légende du roi concombre se rattacherait à ce temple. Il s'agit d'un cultivateur, Pou, d'origine Sămré (Péăr est synonyme), qui avait l'art de produire d'excellents concombres. Son art, malgré lui, le conduira sur le trône, mais les hauts dignitaires humiliés d'avoir à s'abaisser devant un roi de basse origine – c'était un Samré – lui manquaient de respect.

Excédé, le roi se retira à Bantéay Samré et aurait gagné la partie en demandant à ses hauts dignitaires qui ne respectaient que les objets de l'ancien roi, de bien vouloir s'incliner devant la chaise percée (le pot de chambre) de ce dernier.

Ceux qui s'inclinèrent furent décapités et les autres rentrèrent dans le rang. La légende ne dit pas s'il eut beaucoup d'enfants mais que son règne fit le bonheur de tous.

 

 

     

 

 

                                    Le Mébon oriental (moitié du Xe)

                                              (Prononcer : Mébaune)

Le Mébon oriental, tel un temple-montagne, s'élevait à la manière d'une île au beau milieu d'un plan d'eau artificiel de 7 km de long sur 1,7 km de large. La contenance de ce  ''Yashodharatatāka'' ou ''Yaçodharatatāka'' atteignait les 40 ou 50 millions de m3.

Construit vers 900 sous le règne de Yasovarman, d'où son nom d'origine de ''Yashodharatatāka'', ce réservoir géant porte aujourd'hui le nom de bārāy oriental, un bārāy qui est à sec depuis de nombreux siècles.

Ce lac artificiel et son système d'irrigation permettaient de contrôler la bonne fertilité des terres et d'assurer en eau les besoins de la population. Outre ce côté ''matériel''  il avait aussi une fonction religieuse car il symbolisait l'océan mythique s'étendant autour du mont Méru au sommet du duquel résidaient les dieux. La montagne (Mont Méru) et son plan d'eau sont indissociables dans la culture Khmère. (Madeleine Giteau)

 

Le mont Méru du bārāy oriental, c'est-à-dire le temple du Mébon commandé par le roi Rājendravarman II (944-967/68) se constitue à sa base d'une plateforme carrée de 120 m. de côté sur laquelle s'élèvent cinq tours disposées en quinconce et s'ouvrant vers l'Est.

Deux d'entre elles étaient dédiées aux parents de Rājendravarman II que représentaient Çiva (Shiva) et sa parèdre Pārvati, la réincarnation d'Umā la fille d'Himavat, l'Himālaya.

A l'intérieur des trois autres tours prenait place une représentation de la trimurti, indienne, c'est-à-dire des trois grands dieux hindous : Brahma, Çiva (Shiva) et Vishnu.

La tour centrale, la plus importante de toutes, abritait le devarāja ou Rajendreçvara, c'est-à-dire le Seigneur de Rājendra (varman), une idole symbolisant la symbiose mystique entre le roi Rājendravarman et les dieux. (*) Cette divinité fut consacrée le vendredi 28 janvier 953 vers 11 heures du matin.

Cette fondation royale brahmanique fut confiée à un architecte bouddhiste Kavīndrārimathana qui fut aussi le ministre des affaires étrangères du roi et un chef d'armée.

(*) En tant que dieu-roi, le roi était le garant de la prospérité et de la richesse du royaume mais aussi le responsable des calamités. Dans ce dernier cas il devait être remplacé car plus en mesure de sollicité la bienveillance des dieux et de ce fait d'assurer la prospérité du royaume. 

 

 

     

 

 

                                    Ta Som (L'ancêtre Som) (Fin XIIe)

Le temple de Ta Som connu une petite notoriété ''grâce'' ou ''à cause'' de sa tour occidentale à quatre visages, qu'autrefois ''chapeautait'' les racines d'un ficus. Cette tour est aujourd'hui dégagée de toutes espèces végétales et a retrouvé, ou presque, son aspect d'antan.

 

Ta Som était – peut-être – le temple qui naguère se dénommait ''Gauraçīgajaratna'' c'est-à-dire le ''Joyau de l'éléphant blanc propice'' à l'intérieur duquel se tenaient 22 divinités.

 

Cette fondation bouddhique dont on ne se sait rien de plus, est aussi due à Jayavarman VII.

 

 

     

 

 

                    Le Preah Khan ou Prah Khan (L'épée sacrée) (XIIe).

Cette autre fondation de Jayavarman VII (1181-1210), présente beaucoup d'analogie avec Ta Prohm, bien que plus petite puisque couvrant 56 ha (700 mètres sur 800) et comportant deux fois plus de sanctuaires.

Comme à son habitude, Jayavarman VII a privilégié la nécessité du moment à l'esthétique architecturale ; Ce qui explique que Preah Khan est un véritable imbroglio de constructions au sein d'un espace à l'origine construit selon les règles de l'art.

 

Il n'est pas improbable qu'au départ Preah Khan soit la ville de ''Nagara Jayaçri'' car les quatre remblais qui donnent accès à cet ensemble architectural ont des rambardes identiques à celles de la cité d'Angkor Thom. Georges Cœdès confirme cette hypothèse en expliquant que Preah Khan et Jayaçri ont la même signification ; Preah Khan se traduisant par ''l'épée sacrée'' et Jayaçri étant le nom de l'épée sacrée Khmère. Quant à la dénomination de la ville de ''Nagara Jayaçri'' elle se traduirait par ''la ville de la Fortune royale victorieuse''.

Ce serait en cet endroit que le futur Jayavarman VII aurait emporté en 1181 une victoire décisive sur ses ennemis, qui le conduira sur le trône. Il est aussi probable que Jayavarman VII habita provisoirement cette ville durant la reconstruction de sa capitale, Angkor, rasée par les Chams en 1177.  

 

Ta Prohm fut consacré à la mère de Jayavarman VII, Preah Khan en 1191, fut dédié à son père, ''Dharanīndravarman'' dont les traits du visage ont servi de modèle à ceux de la divinité principale, ''Jayavarmeçvara''.

 

D'après Claude Jacques (1929-) (*) Preah Khan aurait été une sorte d'université plutôt qu'un monastère car elle abritait nombre d'étudiants et plus de 1.000 enseignants. De ce fait, 97.840 personnes (18.475 de plus qu'à Ta Prohm) œuvraient aux alentours de la fondation pour subvenir aux besoins des 15.000 résidents dont ceux en riz se montaient à environ … 10 tonnes par jour !...

 

(*) Claude Jacques, membre de l'EFEO est l'auteur du très beau et instructif livre ''ANGKOR RESIDENCE DES DIEUX''.  

 

 

 

3ème journée : Rendez-vous à 8 h 00 en bas de l'hôtel avec Tola.

 

Programme de la journée : visite d'un village flottant.

Chong Kheas,  l'un des villages flottant sur le lac Tonlé Sap.

Coût du voyage en bateau : 13 $ par personne.

visite des installations de l'association ''Artisans d'Angkor''.

 

Coût des déplacements : 15 $ comprenant le tuck-tuck de 4 places et quelques bouteilles d'eau fraîches.

Suggestion : la journée pourrait se terminer par la visite d'un des deux musées de Siem-Reap.

 

     


La visite du village flottant est en fait une agréable et reposante promenade sur le lac Tonlé Sap. Dommage qu'elle se termine par un épisode faisant du touriste un pigeon à plumer.

 

En fin de promenade, à l'extrémité du village, sur l'eau donc, le bateau s'est arrêté un certain temps. Nous pensions qu'il s'agissait de laisser refroidir le moteur. En fait le but était alors d'attirer notre attention sur une annonce publicitaire, placée tout en haut d'une imposante maison flottante, expliquant en plusieurs langues et en gros caractères, qu'il valait mieux aider les associations caritatives en faisant des dons de sacs de riz plutôt qu'en donnant de l'argent.

 

L'aide marinier âgé de 18 ans environ, un garçon souriant, très sympathique et parlant, d'après ma nièce, un très bon anglais qu'il avait soi-disant appris en trois mois alors que moi au bout de 10 ans je suis toujours allergique à cette langue, nous expliqua qu'avec la corruption ambiante l'argent n'allait jamais aux ayants droit, et qu'il valait mieux faire don d'un sac de riz.

 

Au moyen de ces quelques mots, l'appât était jeter à l'eau ; il ne restait plus qu'à ferrer, ou plutôt qu'à conduire les ''proies'' aux sacs de riz. Comment cela ?... poursuivez votre lecture !...

 

     

 

Quelques minutes plus tard, alors que le bateau était toujours à l'arrêt, incidemment, ce jeune homme nous demanda si nous voulions visiter un marché flottant.

 

Comme en Thaïlande les marchés flottants sont haut en couleurs, j'acceptais sans hésiter la proposition, certain que mes invités seraient charmés de la visite.

 

En moins d'une minute le marinier accosta son embarcation près d'une espèce de grand hangar flottant qui en fait, se trouvait à une trentaine de mètres de nous et à 60 de la flottaison portant l'annonce publicitaire des sacs de riz.

 

A première vue le marché n'était pas ce que j'imaginais, mais peut-être qu'à l'intérieur les miens allaient découvrir cette magie particulière au Sud-Est Asiatique qui fascine tant les touristes occidentaux et qui fait leur joie.

 

Comme je connais tous les trucs de cette magie, j'étais resté à bord à rêvasser quand, tout d'un coup, mon sang ne fit qu'un tour.

 

D'un bond je me suis levé et je me suis retrouvé, en un rien de temps, au centre du dit marché sans y trouver la moindre magie mais … moult sacs de riz !...

 

S'agissait-il d'une arnaque ?... je n'en sais rien !...

En tout cas le procédé a eu l'art de me déplaire et nous avons regagné le bateau plus vite que nous ne l'avions quitté et … sans rien avoir acheté.

 

 

Le retour fut aussi agréable que l'allée, à la différence que le jeune marin avait perdu son sourire et qu'il était allé s'asseoir tout au fond de l'embarcation. Lui qui fut si bavard avec Muriel à l'allée ne nous adressa alors … plus un mot.

 

Tola nous attendait sur le quai et nous offrit à chacun une bouteille d'eau fraîche.

 

                                            

 

 

''Artisans d'Angkor''

 

Là encore cette visite n'a pas été … sans ambigüité, car nous avons été comme conditionnés pour mettre la main au portefeuille. Or personnellement j'ai horreur de ce genre de situation. (*)

Pour être sincère l'expérience précédente, celle des sacs de riz, n'a pas été sans interférer dans mon jugement du moment.

 

Bref !... les … ''Artisans d'Angkor'' ne sont pas à proprement parler des artisans au sens habituel ; car ce ne sont pas des artisans établis dans un village ou dans une rue de Siem-Reap qui travaillent pour leur propre compte, mais des employés qui œuvrent, et admirablement, dans les ateliers d'une association dont l'organisation mérite un coup de chapeau mais, qui devrait revoir la manière de se faire connaître auprès des touristes d'autant que leurs productions, il faut le souligner, sont de qualités.

 

(*) Les touristes sont amenés à visiter des ateliers ou travaillent un certain nombre d'handicapés. Ensuite, en fin de visite, ils sont conduits dans un magnifique lieu d'exposition ou sont mis en valeur et en vente des objets manufacturés, dont certains sont de véritables œuvres d'art.

 

 

En fait, ''Artisans d'Angkor'' est une œuvre sociale dont l'objet est l'insertion professionnelle de jeunes venant du monde rural.

Tout commence par l'éducation des enfants et se poursuit par une formation professionnelle en divers domaines comme l'art de travailler et ciseler les métaux (Dinanderie), la laque, la polychromie, la production de soieries, la peinture sur soie, la sculpture sur pierre et sur bois et bien d'autres !...

 

Enfin, des ateliers ont été créés pour permettre à ceux dont la formation est terminée d'exercer leur art et d'en vivre.

 

Pour être complet cette entreprise garantie une assistance médicale et quelques autres avantages sociaux.

 

Voilà !...

 

Fort de ces renseignements, et en parfaite connaissance de cause, si vous voulez aider cette association par le biais d'une acquisition, sans avoir à ''subir'' la visite des ateliers, au départ de l'aéroport de Siem Reap (et de Phnom Penh), l'association tient boutique. Cette dernière est très bien achalandée et propose de belles œuvres d'art.

 

Nota bene : L'association gère aussi une ferme à soie.

La visite est gratuite – tél : 063 5555 768.

 

     

 

 

Le plaisir du palais étant tout aussi important que celui de l'esprit je vous signale Amok restaurant, 9, passage du vieux marché (passage Old Market) – centre ville. Prix raisonnables, serveurs sachant prendre une commande et servir. Plats bien servis et délicieux.

 

Pour les gourmets, et non les gourmands : Blue Pumpkin (La citrouille bleue). Ce n'est pas un restaurant mais un salon de thé d'un style futuriste et plutôt froid, mais vu la chaleur du dehors c'est un plus.

Leurs desserts, tant les glaces que les gâteaux, ont l'art de réveiller vos papilles et de vous faire passer un rare moment de plaisir.

 

Pour en revenir à Kong et Tola : kong_angkor@yahoo.com

 

Leur prestation s'est montée à 60 $ y compris le retour à l'aéroport.

Les bouteilles d'eau n'ont été ni rationnées ni comptées, et aucun ''Tip'' (Pourboire) n'a été réclamé ; ce qui n'empêche pas au final d'en donner un, car il est amplement mérité.

 

 

 

 

Si vous voulez en savoir plus sur les monuments d'Angkor je vous conseille les livres suivants :

 

1/ Histoire d'Angkor de Madeleine Giteau aux éditions Kailash 69, rue Saint Jacques 75005 Paris (98 francs en 1996)

2/ Les monuments du groupe d'Angkor de Maurice Glaize aux éditions J. Maisonneuve 11, rue Saint-Sulpice – 75006 Paris. Il est à la portée de toutes les bourses.

3/ ANGKOR résidences des dieux de Claude Jacques et Michael Freeman aux Editions Olizane 11, rue des vieux grenadiers 1205 Genève (Suisse) Il existe deux versions : Français et Anglais.

C'est un livre édité sur papier glacé avec de très belles photos et des textes qui n'en finissent pas d'enrichir leurs lecteurs. Le livre n'est pas donné mais c'est un juste prix.

 

Bruno Dagens, Philippe Aziz et bien d'autres ont aussi écrit des ouvrages intéressants sur le sujet, mais avec ces trois livres vous aurez de quoi satisfaire votre soif de savoir et votre curiosité.

 

Vous pouvez aussi trouver sur ''Gallica'' les livres d'Etienne Aymonier sur le groupe d'Angkor et Angkor Vat et peut-être ?!... aux éditions l'Harmattan 5/7 rue de l'Ecole Polytechnique, 75005 Paris.

 

En espérant vous avoir donné l'envie d'aller à Angkor en passant par les services de Kong ou de Tola ?!...

 

Bien à vous, cordialement.


                 Jean de la Mainate - Merveilleuse Chiang-Mai - juin 2014     



28/06/2014
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