BO SANG – Le village des ombrelles.
BO SANG – Le village des ombrelles.
บ่อสร้าง – หมู่บ้านทำร่มบ่อสร้าง
Chiang-Maï ne manque pas de centres d'intérêts, mais ses environs aussi. C'est pourquoi, si vous passez du côté de Chiang-Maï le minimum d'un séjour ne peut être inférieur à une semaine.
Les touristes qui ne passent que deux ou trois jours à Chiang-Maï n'ont rien vu et auraient mieux fait de passer leur chemin. Car tout autour de la grande ville il existe de nombreux villages se consacrant à une activité artisanale bien précise.
Bref, Chiang-Maï est la capitale de l'artisanat thaïlandais, et cela remonte à bien avant 1288, excusez du peu !... C'est-à-dire avant même la création de Chiang-Maï.
A cette époque le Lanna n'était encore qu'en cours de préfiguration, comme on dit chez nous. (*) Car le nom de Lanna ne viendra que bien plus tard ; mais déjà ce qui allait constituer les forces vives et l'âme de ce royaume étaient en gestation.
(*) Le Lanna s'est construit en réunissant le royaume de Yonok, dont Mengraï fut le roi en 1261 après le décès de son père, et le royaume Môn d'Haripunchaï (หริภุญชัย) (Lamphun) que le même Mengraï conquit vingt ans plus tard, le 23 avril 1281.
Mais le terme de Lanna, ''Babaï-Xifu'' que les chinois utilisèrent dès 1301 pour désigner le royaume de Mengrai, n'apparaît graphiquement pour la première fois, et sans doute possible, qu'en 1370 sur une stèle du Wat Phra Yeun Phutthabat Yukhon (วัดพระยืนพุทธบาทยุคล) près de Lamphun. Il est donc difficile de donner un acte de naissance précis du mot Lan Na ou … Lanna.
Pour faire de son royaume un royaume prospère Mengraï, ''ramena'' de sa campagne Pégouane en 1288 et en 1289 de sa campagne de Phukam-Angva, plus de 500 familles d'artisans … à chaque fois.
Ces déportés du travail s'additionnèrent à d'autres, car Mengraï fut coutumier de ce fait comme tous ses homologues couronnés de l'époque, et constituèrent malgré eux des villages d'artisans spécialisés dans un art précis, fabrication de gongs, de cotonnades, d'orfèvreries et autres spécialités !....
Mengraï fut donc à l'origine de l'implantation de nombreux villages d'artisans autour de Chiang-Maï.
Aujourd'hui certains de ces villages, qui ont fait la notoriété et la richesse du Lanna et de Chiang-Maï, ont traversé les siècles en s'adaptant au monde moderne sans trop bousculer les conceptions du travail d'antan. Car tout est fait main, assis le derrière par terre !...
Quelques centres et villages artisanaux sur la route n° 108
(De la porte Chiang-Maï à la ville d'Hang Dong et au-delà !...)
Photo 1 : Au départ de la route 108 au Wat Sri Suphan (วัดศรีสุพรรณ) un centre de sculptures sur métal au centre de l'ancien village de Wua Lai un village d'orfèvres où demeurent encore de nombreux argentiers.
Photo 2 : Un atelier de travail du bois à Ban Tawai, (บ้านถวาย) tout près d'Han Dong (หางดง)
Photo 3 : Un atelier de ferronnerie et de construction de parasols au Wat Phra That Doï Noï (วัดพระธาตุดอยน้อย) à 43 kilomètres de Chiang-Mai
Photo 4 : Un atelier identique au précédent au Wat Phuak Taem (วัดพวกแต้ม) dans Chiang-Maï intra-muros, une tradition qui remonterait à … 1483 ?!...
Il existe au moins deux axes où découvrir un artisanat spécifique et des villages qui se consacrent à une activité précise. L'un va de la porte Tha Phae (ประตูท่าแพ) à la ville de San Kamphaeng (สันกำแพง) et au-delà, c'est la route n° 1006, et l'autre de la porte Chiang-Maï (ประตูเชียงใหม่) à la ville de Hang Dong (หางดง) et au-delà, c'est la route n° 108.
Bo Sang, (บ่อสร้าง) le village des ombrelles, se situe sur l'axe Est, celui qui conduit à San Kamphaeng et au-delà (route 1006) !...
Bo Sang est un tout petit village, à 8 ou 9 kilomètres de Chiang-Maï, et le gros de son activité est vraiment la fabrication d'ombrelles.
Cependant son artisanat n'est pas des plus anciens, il ne remonte qu'à quelques 200 ans et serait l'œuvre de feu le supérieur du Wat du Village d'alors, Luang Po Inthaa (หลวงพ่ออินถา) ou encore Phra Kruba Inthaa (พระครูบาอินถา).
Lors du XVIIIe siècle, ce moine, de passage en Birmanie, se vit offrir une ombrelle. L'objet le charma et de retour à Bo sang pour donner du travail à ses ouailles l'idée de la faire reproduire fit son chemin ; d'autant que la confection d'une ombrelle n'a besoin que de deux types de bois, du bambou pour bâtir sa structure et de l'arbre ''posa'' (ต้นปอสา) (*) pour fabriquer le papier. Ces deux ''bois'' poussent à foison dans les environs alors !...
Il y a des ateliers de fabrication d'ombrelles un peu partout dans le village, il suffit de s'y promener pour les découvrir.
Hélas la plupart des visiteurs s'arrêtent au début du village, là ou se trouve un grand ''attrape-touristes'', en fait une coopérative qui aurait vu le jour en 1941.
Il est vrai qu'en cet endroit l'accueil du visiteur est bien fait, il a tout loisir pour suivre de A à Z la confection d'une ombrelle mais … ce grand centre occulte l'existence d'ateliers plus modestes et dont les productions sont loin d'être à dédaigner, y compris pour les non-amateurs.
(*) L'arbre Sa (ต้นปอสา) n'est autre que le mûrier à papier ou mûrier de Chine au nom botanique de ''Broussonetia papyrifera'' pour en savoir plus à son sujet, il vous suffit de consulter la chronique qui lui est consacrée dans la rubrique : ''05.BOT- LES ARBRES ''.
Quelques employées de la manufacture d'ombrelles ''ศูนย์อุตสาหกรรมทำร่ม'' ''Umbrella Making Center'' au 111/2 Moo 3 - Bo Sang – San Kamphaeng road 50131. (Tel : 053.338.324 – Fax : 053.338.928) qui se situe juste au début du village, et à l'entrée de laquelle un hommage est rendu à Phra Kruba Inthaa (พระครูบาอินถา) au moyen d'un autel où trône son image en bronze (statue) grandeur nature.
Autrement écrit, après avoir fait un tour dans cet atelier phare, qui ne manque pas d'intérêt, remontez l'unique et grande rue qui traverse le village. Là, vous y découvrirez d'autres ateliers, et vous verrez ainsi beaucoup mieux les conditions de travail des employés ; et, entre autres curiosité, quelque part sur la gauche, un marchand de cages, de très belles cages, pour oiseaux chanteurs.
Pour mettre sous les feux des projecteurs et de l'actualité son activité de fabrication d'ombrelles, les artisans de Bo Sang, depuis maintenant 30 ans en 2013, se sont ''dotés'' d'un festival de l'ombrelle où d'une fête des ombrelles, voire d'une foire aux ombrelles.
Les festivités s'étalent sur trois jours, en général tout à la fin de la troisième semaine de Janvier c'est-à-dire les, vendredi samedi et dimanche de cette troisième semaine.
Pour l'occasion la rue centrale du village, la seule et unique, est décorée d'ombrelles, et quelques ''halte-photos'' sont aménagées sur ses bas côtés pour que les promeneurs posent pour l'éternité dans un décor d'ombrelles.
Tout au bout de cette rue principale, après l'école, il y a une grande place où les ''forains'' du coin implantent leurs manèges.
Un défilé aurait lieu chaque jour. J'écris ''aurait lieu'' parce que la communication est loin d'être au top, malgré les trente années d'expérience, et que rien ne se passent comme le disent les tenanciers d'échoppes, c'est-à-dire des gens concernés au premier chef !...
Par exemple, concernant la journée du Vendredi il m'avait été dit que le défilé avait lieu dans la matinée. A onze heures et demie estimant que la matinée était passée j'ai reposé la question de savoir à qu'elle heure avait lieu la parade ?...
Toutes les personnes interrogées me répondirent alors … à 17 heures … montre en main. La parade ne commença qu'à 20 heures 30 ?!... Il est vrai qu'au Lanna tout arrive pour qui sait attendre … du moment qu'on ait le derrière posé par terre !... Ce qui hélas ( ?...) n'est pas mon cas !...
Cette parade n'est pas à comparer avec celles qui se déroulent à Chiang-Maï. Chiang-Maï est une grande ville alors que Bo Sang est un petit village. C'est donc une parade de village et il faut la considérer en tant que telle. Néanmoins Bo Sang n'a pas à rougir de sa parade. C'est une parade sympa, bon enfant et festive. Elle mérite une visite et … n'a pas manqué de visiteurs, tout du moins le vendredi car je n'y suis pas retourné les jours suivants.
Photo 3 : Derrière le masque de l'oiseau il y a un gamin d'une dizaine d'années qui tant il était heureux de porter cet habit de lumière n'a pas ménagé sa peine.
Pour ma part j'ai eu toutes les difficultés pour avoir ce cliché car ''ma vedette'' n'arrêtait pas de danser et de mettre toute son âme dans son jeu. C'est quelque chose qui se ressent malgré le masque.
Je pense qu'à la fin de la parade il a du s'effondrer de fatigue.
Cette photo a pour objet de lui donner un coup de chapeau bien mérité. Car c'est toujours beau de voir quelqu'un qui croit à ce qu'il fait.
Comme dans toutes les manifestations thaïlandaises un visiteur non averti aurait été en droit de se demander s'il s'agissait du festival des ombrelles ou, du festival du bien manger tant il y avait d'échoppes pour se restaurer et tant les produits variaient d'un stand à l'autre.
Il est donc inutile de venir avec son casse-croûte à cette manifestation, comme d'ailleurs à toutes les fêtes thaïlandaises. En Thaïlande on meurt de tout, sauf de faim ; à moins d'avoir trop forcé sur la nourriture … évidemment !...
Cependant un grand sac de voyage, mais un très grand, peut vous être utile. Car tout à côté de la coopérative située à l'entrée du village, il y a une fabrique de porcelaines qui profite du festival des ombrelles pour se ''défaire'' à bas prix des invendus de sa dernière collection ; et … il y a de très belles pièces !...
Pour ne pas laisser filer les plus beaux spécimens je pense qu'il faut passer faire un tour à cette braderie quelques jours plus tôt, car elle commence bien avant le festival des ombrelles. Quand ?... je l'ignore.
Si vous pensez vous rendre à Bo Sang !....
Les transports en commun :
Des songthaews blancs relient Chiang-Mai à San Kamphaeng. Ils s'arrêtent selon votre demande et se prennent en cours de route.
Leur point de départ à Chiang-Maï se situe au Talat Warorot, (ตลาดวรรณ) mais vous pouvez vous placer à l'entrée du pont Navarat (สะพานนวรัฐ) et en arrêter un.
Le coût d'une course sans arrêt, que vous alliez à Bo Sang ou San Kamphaeng est de 15 bahts (Prix 2013).
Bo Sang donc, mérite une petite visite, mais si vous allez à Bo Sang, profitez de votre déplacement pour visiter d'autres manufactures ou villages ; car il y a tout au long du chemin de nombreuses petites manufactures qui valent qu'on s'y arrête.
Méfiez-vous, car certaines de ces soi-disant manufactures ne sont en fait que de grands points de vente sans le moindre atelier, alors l'intérêt est moindre sauf si vous êtes en quête de souvenirs bien précis !...
Pour commencer, ouvrez grands vos yeux et admirez, si vous n'êtes pas au volant, les arbres magnifiques qui bordent cette route. Ce sont des ''Samanea saman (jacq.) Merr.'', ou ''arbres à pluie '', des arbres qui ont dépassé les 110 ans.
Ils ont été plantés dans les années 1900 sous la houlette d'un anglais Henry Salde alors directeur en chef du département des bois et forêt du Siam. C'était du temps de Rama V (1853-1868-1910).
Il fut un temps où cette route devait être très belle. Hélas avec le temps beaucoup de ces spécimens sont passés de vie à trépas et n'ont malheureusement pas été remplacés ; ce qui donne à la route, en certains endroits, un air de désolation que l'augmentation de la circulation automobiles n'a fait qu'empirer.
C'est avec ce bois, et non avec du teck devenu plus rare et plus cher, que sont fabriqués les ''souvenirs'' en bois qui se vendent sur les marchés.
Ban Ton Pao (บ้านต้นเปา) Le village du papier.
Juste avant d'arriver à Bo Sang il y a sur la gauche le village de Ban Ton Pao (บ้านต้นเปา). Un village dont l'activité principale est la fabrication de papier à partir de l'arbre sa, le tone Po-sa (ต้นปอสา) c'est-à-dire le murier de Chine ou Broussonetia papyrifera (L).
Pour ne pas vous tromper d'itinéraire, car la route n'est pas bien indiquée, c'est la deuxième rue à gauche après le grand carrefour que forme la route 121 et 1006 et qui porte le nom de ''Head''.
Un portique a été construit juste à l'entrée de cette rue qui s'appelle le plus simplement du monde ''Ban Ton Pao''.
Photo 1 : des fagots de posa au fond de la manufacture.
Photo 2 & 3 : Des broyeuses de posa.
Ban ton Pao est un tout petit village, en fait une suite d'habitats qui borde une petite route où certaines familles fabriquent du papier, et à partir de ce papier tout une gamme de produits tous plus beaux les uns que les autres.
Les premiers ateliers commencent à 800 mètres, environ, de la grande route. Il ne faut donc pas hésiter à aller de l'avant.
L'un des plus ''ouvert'' et où se trouve des explications en Français porte le nom de ''Préservation House'' (บ้านอนุรักษ์กระดาษสา) (Bane Kradate-Sa). 29/3 Ban Ton Pao – 053.339.196. Il se situe sur la droite, entre la soï 2 et 4.
Photo 1 : Séchage des feuilles de papier à la sortie de leur bain.
Photo 2 : Quelques piles de feuilles de papier.
Photo 3 : Une des nombreuses réalisations à partir des feuilles de papier.
Chiang-Mai Sudaluck (สุดาลักษณ์)
Sur la route 1006, et tout de suite après celle qui conduit à Ban Ton Pao (บ้านต้นเปา), il y a une entreprise familiale qui mérite qu'on s'y arrête quelques minutes, C'est ''Chiang-Mai Sudaluck (สุดาลักษณ์). ''
Chiang-Mai Sudaluck (สุดาลักษณ์) comme son nom ne l'indique pas est une entreprise de traitement du bois. On y fabrique de tout, du souvenir le plus humble à trois sous aux ensembles de meubles les plus sophistiqués dont les prix n'ont plus rien à voir avec ceux des souvenirs !...
Ces productions, entièrement réalisées sur place sont exposées dans une suite de salles à n'en plus finir, au point de désarçonner le visiteur qui ne sait plus où aller et quoi regarder.
A l'extrémité de cette aire d'exposition, derrière deux énormes troncs de plus d'un mètre de diamètre, de teck pour l'un et de bois de rose pour l'autre, quelques sculpteurs sur bois et quelques nacreurs sont à l'œuvre pour le plus grand plaisir des visiteurs.
Photo 1 : Sculpture de motifs particuliers, en direct, sur un meuble.
Photo 2 : Table de travail de la nacre. Les sujets ont été dessinés et ils vont être découpés, travaillés puis incrustés.
Photo 3 : Sculpture d'un tableau.
L'accueil qui est fait dans cet établissement est agréable et une certaine Madame Toukata (นาง ตุกาตา) parle le français !....
Pour les plus curieux, et pour être plus complet, Sudaluck (สุดาลักษณ์) n'est rien d'autre que le prénom de la fille du premier propriétaire de l'entreprise.
Autrement dit, les propriétaires passent et les noms restent !...
Bo Sang dont nous avons déjà parlé.
A l'entrée du village se trouve une fabrique de porcelaine dont les collections ne manquent pas d'intérêt. Mais les ateliers ne sont plus ouverts au public. Ce n'est plus qu'une surface de vente où les prix indiqués sur les articles sont parfois remplacés sous vos yeux par un prix plus élevé ?!....
C'est ce qui est arrivé à des amis qui venus pour acheter sont repartis … les mains vides !...
Après avoir visité Bo Sang, montez sur San Kamphaeng, il y a avant d'arriver dans cette ville quelques manufactures de soie et de coton.
Musée des éléphants (Le)
Pour terminer votre circuit ''touristique'' je vous conseille d'aller jusqu'au Musée des éléphants. Il se situe à quatre kilomètres, après San Kamphaeng aux abords de la route 1147.
Pour en savoir plus sur ce musée vous reporter à la chronique qui lui est consacrée dans la catégorie ''visites touristiques''.
Au retour ….
Pour terminer agréablement votre journée n'hésitez pas à vous arrêter au Mandarin Oriental Dhara Dhevi.
Ce grand hôtel situé Moo 1 sur la route de San Kamphaeng à créer tout près de son parking un petit village à l'ancienne où se cotoient galeries de peintures, boutiques d'antiquités mais aussi cafés et pâtisseries. Les prix sont un peu chers mais le café et les pâtisseries sont excellents !...
Une façon sympa et gourmande de terminer la journée !...
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