MerveilleuseChiang-Mai

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CARYOTA MITIS Lour. (Le)

 

 

                           CARYOTA MITIS Lour. (Le)

          (Palmier céleri.) Ton-Khuang (ต้นเขือง) au Lanna

 

Nota bene : Le Caryota mitis Lour. est un palmier qui, comme ces plantes, se reconnait à sa tige non ramifiée ; cette tige ne porte pas le nom de tronc mais de stipe. Ce n’est donc pas un arbre mais comme une herbe … géante.

 

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Quelques Caryota mitis s’élevant dans Chiang-Mai.

Voilà une herbe ou un palmier endémique du Lanna dont les noms sont divers et variés.

 

Quelques noms vernaculaires du … CARYOTA MITIS Lour.

 

Buschige Fischschwanzpalme (Allemagne) - Burmese fishtail palm – Cariota - Clustered fishtail palm - Winepalm (Angleterre) - Minbow (Birmanie) – An-sé (Cambodge) - Duan sui yu wei kui - jiu ye zi (Chine) – Caryote doux – Cavonegro – Crin végétal - Palmier à queue de poisson de Birmanie - Palmier céleri (France) Palmier céleri multiple - Sagoutier (France – Réunion) – Bato – Pugahan (Tag. Inde) - Sarai (Indonésie) Genduru (Java) – komochi kujaku yashi (Japon) - Tao hang (Laos) – Dudar – Dudok – Nudok – Leseh - Mardin - Rabok – Rabuk - Tukas (Malaisie) Mudor (Sarawak) - Bato –Pugahan (Philippines) – Chuangmou (เชื่องหมู่) - Kiang (เกี๋ยง) – Ma-dègn (มะเด็ง - Yala) – Mak-mu (หมากมือ - Nan) – Mak-taao (หมากตาว – Issan) - Ngue-deng (งือเด็ง) - Tao-ragn daeng (เต่ารั้งแดง – Nakhon Ratchasima) – Tao-rang (เต่าร้าง) Tao-ragn-mi-no (เต่ารั้งมีหน่อ - Bangkok) – Tao-rang-yak-tai (เต่าร้างยักษ์ใต้ – Nakhon Si Thammarat) – Ton-Khuang (ต้นเขือง- Chiang-Mai) (Thailande) – Cong li kong que ye wi (Taiwan) – do-tala – Cây dûng dinh - Dung dinh (Vietnam).

 

Les synonymes du CARYOTA MITIS Lour.

 

Caryota L. sp 1753

 

Caryota mitis Loureiro. 1790 (*) (1)

 

Caryota furfuracea Blume ex Martius. 1838 (2)

Caryota sobolifera Wall. ex Martius. 1838 (2)

Drymophloeus zippellii Hasskarl. 1842 (3)

Caryota propinqua Blume ex Martius. 1845 (4)

Thuessinkia speciosa Korthals. 1855 (5)

Caryota javanica Zippelius. Ex Miquel. (1859) (5) (Nom illégal)

Caryota griffithii Beccari. 1871 (6)

Caryota griffithii var. selibica Beccari. 1877 (6)

Caryota Sobolifera Wallich – 1845 (Synonyme invalide).

Caryota Spéciosa Linden – 1881

Caryota nana Linden – 1881

Caryota minor Wallich

 

(*) Le fait que ce soit la toute première description du caryota mitis, explique l’absence d’une pléiade de nomination avant cette date de 1790.

 

(1) Flora Cochinchinensis Volume II p.569 –Edt Willd. II p.697)

(2) Historia Naturalis Palmarum III p.195 – 194 - t.107)

(3) Tijdschrift voor natuurlijke geschiedenis en physiologie 9 - 170.

(4) Blume in Rumphia II p.138 t.155 et 162

(5) Flora Indiae Batavae (Flora of the Netherlands Indies) Volume 3 – p.41

(6) Nuovo Giornale Botanico Italiano – Volume 3 – 15

(7) Malesia, raccolta di osservazioni botaniche intorno alle piante dell'arcipelago

      indo-malese e papuano – Volume I – p.75

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                               Quelques représentations du Caryota mitis

Photo 1 : Gravure représentant un Caryota propinqua Blume ex Mart., extraite du ‘’Der Bau und die lebenden Eigenschaften der Pflanzen‘’ (Constitution, vie et caractéristiques des plantes) de Anton Joseph Kerner von Marilaun et Adolf Hansen  (volume 1 p. 226 paru entre 1887-1891)

Photo 2 : Gravure représentant un Caryota propinqua Blume ex Mart. à Bogore (Java), extraite du ‘’Rumphia‘’ (Commentaires botaniques sur les plantes des Indes orientales) de Carl Ludwig von Blume (1796-1862) (Volume III - illustration 155 – paru en 1847).

Photo 3 : Gravure d’après nature de P. de Pannemaker représentant un Caryota sobolifera Wall. ex Mart., extraite de l’ouvrage ‘’Les palmiers‘’ d’Oswald Charles Eugène comte de Kerchove de Denterghem. (1844-1906) (p. 212 - figure 123.)

 

Signification du nom binominal :

 

Le genre : Caryota :

 

C’est Carl von Linné (1707/1778) qui a créé le genre caryota en 1753 en le faisant paraître dans la 12ème édition de son ouvrage intitulé ‘’Systema Naturæ‘’ (les systèmes de la Nature) (page 731 – n° d’ordre 1228.).

Ce nom lui a été inspiré par ses prédécesseurs grecs, Pedanius Dioscoride, Strabon et Pline qui lui était Romain.

Le grec Pedanius Dioscoride  (20/40 av.JC/vers 90) tout à la fois médecin militaire, botaniste et pharmacien classait ses plantes selon une méthode analogique se rapportant aux formes, aux couleurs et à tout autre mode de référence. Entre autres, il utilisait le mot de ‘’karyotis‘’ (κᾶρυώτις) pour désigner la datte, fruit du dattier.

Son contemporain, le géographe Strabon (vers 64 av.JC/vers 21/25) utilisait lui, le mot ‘’karyotós‘’ (κᾶρυωτός) pour désigner le palmier dattier. Par ailleurs, en Grèce, le mot ‘’karyon‘’ (κάρυον) se rapportait aux noyaux, aux noyers, et aux fruits constitués d’une coquille dure et ligneuse.

En conclusion Carl von Linné à repris karyotis ou karyotos, parce que les fruits des Caryota ressemblent à ceux du palmier dattier, et selon la mode de l’époque, il a ‘’latinisé‘’ ces mots en Caryota, à moins qu’il se soit directement inspiré des mots latins.

Car, pour être plus complet les mots latins comme : (caryota – caryotis et caryola‘’ désigne la datte, fruit du palmier dattier ; le mot ‘’caryon‘’ se rapporte à la noix en tant que fruit du noyer.

 

En conclusion, le genre se rapporte à la forme du fruit. Les caryota ont des fruits semblables à des petites dattes, mais … des dattes très petites. Par ailleurs on peut considérer que le noyau des fruits du caryota, d’assez belle grosseur, a peut-être aussi été pris en compte ?!...

 

Ce genre compte une douzaine d’espèces dont l’espèce … Mitis.

 

 

L’espèce : Mitis

 

Là encore il s’agit d’un mot latin qui signifie doux, gentil, agréable, tolérable ou encore sucré, juteux.

Dans le cas présent ce mot est à considérer par rapport au manque d’offensivité ou d’agressivité du stipe de ce genre de Caryota, c’est-à-dire l’absence d’épines, contrairement aux ‘’cryosophila stauracantha‘’ de Bélize (1816) et du ‘’Mauritia aculeata Kunth‘’ du Brésil (1816) qui sont des palmiers épineux.

Cependant certains éléments du caryota mitis ne sont pas sans provoquer des irritations, et ces inconvénients physiques ne sont pas particulièrement … agréables ou … tolérables ?!...

 

 

L’abréviation botanique du botaniste : Lour.

 

Lour. est la norme abréviative de João de Loureiro (Jean de Loureiro)

João de Loureiro (1717-1791), dont le nom se traduit par ‘’laurier‘’, un nom prédestiné pour la botanique, était portugais. Il entra dans les ordres et c’est en tant que missionnaire de la compagnie de jésus (jésuite) qu’il s’embarqua vers l’âge de 25 ans (1742) pour l’extrême orient.

Comme il était passionné de botanique il emporta avec lui le ‘’species plantarum‘’ de Linnée qui fut son seul et unique ‘’parchemin‘’ de … botaniste ou naturaliste. Autrement écrit, d’après ses détracteurs, ce néophyte avait tout à apprendre de l’art botanique.

 

Après une halte de 3 ans à Goa (Inde) il séjournera près d’une trentaine d’années en Cochinchine, trente trois exactement, et entrera au service du roi de ce royaume en tant que mathématicien et naturaliste. Puis en décembre 1777 il s’embarquera pour Macao (*) où il restera près de quatre ans.  Pendant toutes ces années, outre son ministère, il décrira, 1257 espèces.

 

Il retournera à Lisbonne en mars 1781, d’où il éditera ‘’Flora Cochinchinensis‘’ un ouvrage en deux volumes, rassemblant les descriptions de végétaux qu’il avait rédigées au cours de son périple asiatique.

En 1793, le botaniste et pharmacien allemand Carl Ludwig Willdenow (1765-1812) rééditera à Berlin cet ouvrage.

 

Dans le ‘’Flora Cochinchinensis‘’ le Caryota Mitis apparaît à la page 569 dans les termes suivants : ‘’Genus XXVII caryota palma‘’ et aussi sous le nom de ‘’cây Dung dinh‘’, un nom à consonance vietnamienne.

 

Outre cet ouvrage, João de Loureiro a rapporté de nombreuses notices, restées manuscrites, sur les us et coutumes des tribus peuplant les provinces indochinoises. (Ex : De nigris Moï et Champanensibus.)

 

Comme João de Loureiro n’avait pas apporté d’herbier, que ses rares dessins n’étaient pas bien faits, que les noms chinois n’étaient donnés qu’en caractères européens, que ses descriptions étaient insuffisantes, j’en passe et des meilleures comme ‘’ils auraient (**) mieux fait d’écrire des homélies plutôt que des descriptions botaniques‘’ (De Candolle, un botaniste Suisse) ses détracteurs ne se sont pas gênés pour le critiquer.

 

Toujours est-il qu’aujourd’hui son nom est attaché à de nombreuses espèces et que nombre de genre et d’espèces lui ont été dédiés.

 

(*) Macao est une île pas très loin de Canton devenue colonie Portugaise en 1553 et rendue à la Chine en 1999. Macao n’a pas volé sa réputation : C’est vraiment l’enfer du jeu. Les casinos dominent insolemment les édifices religieux.

(**) Le ‘’ils‘’ englobaient nombre de religieux, dont le père Plumier. Le Suisse De Candolle devait être un peu … jaloux d’eux non ?!...

 

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Un dessin d’après nature par Peter de Pannemaker représentant un Caryota sobolifera Wall. ex Mart. Cette image est extraite de l’ouvrage ‘’Les palmiers‘’ d’Oswald Charles Eugène comte de Kerchove de Denterghem. (1844-1906) (p.  - planche 21 - paru en 1878.)

 

Le CARYOTA MITIS Lour. … appartient à la famille des Arecaceae (Arecacées) (*) ou palmae (palmacées) (** ) ; une famille propre aux palmiers qui comptent plus de 2.500 espèces se répartissant en plus de 200 genres, dont le genre ‘’caryota‘’. Un genre qui compte une douzaine d’espèces dont l’espèce … ‘’mitis‘’.

 

La plupart des palmiers sont originaires d’Amérique et d’Asie, dans les deux cas subtropicale et tropicale. Très peu de palmiers sont Africains.

La particularité de cette famille est d’être composée de plantes monocotylédone, c’est-à-dire ne développant qu’une feuille et non pas deux. De ce fait les palmiers sont comme … des herbes géantes. (***)

 

Ces herbes apparaissent alors sous la forme d’une tige ou ‘’stipe‘’ qui est aussi dénommée ‘’caudex‘’. Les palmiers n’ont donc pas de tronc d’autant qu’ils n’ont pas de branches. Ce sont des palmes ou des frondes que développe à son sommet, l’une après l’autre et non de conserve avec une autre, le stipe. Ces palmes ou ces frondes prennent tantôt une forme d’éventail, on dit alors qu’elles sont palmées, tantôt une apparence de plume, on dit alors qu’elles sont pennées et, parfois, elles allient la palme et la penne ce qui fait dire qu’elles sont costapalmées.

 

(*) Il ne faut pas confondre la famille des Arecaceae avec celle des Araceae. Ce sont deux familles bien différentes ; la première regroupe les palmiers et la seconde des plantes, elles aussi monocotylédones, dont l’une des plus connues est l’arum.

(**) Ces quatre mots appartenant plus particulièrement au vocabulaire botanique sont synonymes et employés couramment l’un à la place de l’autre. (Cette famille compte une vingtaine de synonymes tous aussi valables les uns que les autres.)

Le nom de ‘’palmae‘’ (palmacées)  est paru sous la plume du français Antoine-Laurent de Jussieu en 1789 et celui de ‘’Arecaceae‘’ (Arecacées) sous celle de l’Allemand Carl Heinrich Schultz-Schultzenstein (1798-1871) en 1832. 

(***) Le palmier n’étant pas un arbre, son … ‘’bois‘’ – au sens botanique – pour des raisons de constitution n’est pas une essence de bois ‘’traditionnelle‘’. Néanmoins la constitution de la tige de certaines variétés de palmiers possède des qualités qui font que son emploi, dans un domaine donné, peut être mieux adapté qu’un bois traditionnel.

 

Le Caryota mitis est originaire de l’Asie du Sud-Est et plus précisément et largement : des îles Moluques et îles de l’océan Indien, des Indes orientales, de la Birmanie, Malaisie, Les Célèbes, Java, Sumatra, Bornéo, Philippines, Sud de la Chine (Guangdong - Guangxi – Hainan), Laos, Viêt-Nam, et Thaïlande dont le Lanna. C’est donc une plante indigène du Lanna.

 

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Description du Caryota mitis :

 

Le stipe du : Caryota mitis

 

Le stipe du caryota mitis est en général solidaire d’une souche, c’est-à-dire qu’il pousse au milieu de nombreux rejets, de ce fait on dit que c’est un palmier cespiteux, contrairement au Caryota urens qui lui, est un palmier solitaire.

 

Le stipe du caryota mitis apparaît comme une tige ligneuse cylindrique droite, toute simple, sans écorce ni branche, mais porteuse de longues feuilles bipennées ou palmes. Lorsque ces frondes se détachent du stipe elles laissent des traces en forme d’anneau, signalant leur présence passée.

 

De couleur brun clair, parfois enrobé d’une espèce de crin noirâtre sur  de petites longueurs, ce caudex peut atteindre une hauteur d’une douzaine de mètres, et un diamètre de 15 à 20 centimètres.

 

C’est à partir du stipe que naissent les inflorescences qui vont donner les fruits.

 

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Photo 1 : Une souche de Caryota mitis c’est-à-dire trois stipes au milieu de nombreux rejets, et non pas un stipe seul.

Photo 2 & 3 : une tige ligneuse cylindrique droite, toute simple, sans écorce ni branche, mais porteuse de longues feuilles bipennées ou palmes.

Photo 4 : L’espèce de crin noirâtre qui se développe au niveau des aisselles des feuilles. 

 

La feuille du : Caryota mitis 

 

La feuille du Caryota mitis est une feuille bipennée, c’est-à-dire une fronde constituée d’une série de pennes dont les … ‘’barbes‘’, pour prendre l’exemple de la plume qui a donné son nom à ce type de feuille,  portent le nom de folioles.

 

Les folioles sont au moins de deux types. Il y a la foliole terminale, qui termine l’extrémité de la penne et qui est beaucoup plus importante que les autres ; et … toutes les autres qui a vu d’œil sont comme des moitiés de la foliole terminale.

 

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Photo 1 : Une feuille bipennée de Caryota mitis Lour. Le rachis peut atteindre jusqu’à 3 mètres et supporter une quinzaine de pennes.

Photo 2 : Extrémité en gros plan d’une feuille bipennée.

Photo 3 : Une penne extraite d’une feuille bipennée d’un Caryota mitis.

Photo 4 : Une feuille bipennée de Caryota mitis Lour. morte. Cet état n’est pas sans rappeler un squelette de poisson. On peut y dénombrer une douzaine de paires de pennes.

 

La foliole terminale mesure une douzaine de centimètres de long sur une vingtaine de large. Ses nervures, toutes longitudinales et au nombre d’une douzaine, partent de conserve du pédoncule. Elles vont en s’évasant, tels les plis d’un éventail ouvert, rejoindre l’apex de la feuille ; un apex tronqué qui serpente sur plus de 20 centimètres de longueur en présentant une découpe irrégulière agrémentée d’une espèce de dentelure. (Voir la photo.)

 

Les autres folioles de la penne ressemblent à des demi-queues de poisson, dont le côté le plus petit mesure entre 9 et 10 centimètres et le plus long une vingtaine. Ces deux côtés de la foliole partent du pédoncule en formant un angle qui varie entre 50 et 60 degrés.

Le côté le plus long se termine par une pointe et ce qu’il convient d’être appeler … l’apex de la foliole donne l’impression d’avoir été déchiré d’un bout à l’autre des deux côtés de la foliole.

 

Ces folioles poussent, dans la majorité des cas, par paire mais de manière asymétrique. Les pédoncules, qui se confondent avec la base de la foliole sont distant de 5 millimètres à 4 centimètres.

Ce sont ces paires de folioles qui ressemblent à une queue de poisson.

 

Sur la penne, certaines folioles n’ont pas de partenaire. Ainsi sur la photo, la penne présentée compte 5 folioles du côté gauche et 6 folioles du côté droit mais il n’y a vraiment que trois paires de folioles qui peuvent être qualifiées de … ‘’queue de poisson‘’.

 

Dans les deux types de folioles, leurs formes particulières et spécifiques, que les botanistes qualifient de cunéiformes, ne sont pas sans rappeler celles de la feuille du céleri ou, comme nous venons de le voir, des nageoires caudales de certaines espèces de poissons. De ce fait les noms vernaculaires de, Palmier céleri et Palmier à queue de poisson sont venus s’ajouter, pour les français, aux noms désignant le caryota mitis.

 

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Ces folioles sont d’un vert intense sur leur dessus et d’un vert plus pâle sur leur dessous. Leurs nervures sont en léger creux sur leur dessus et légèrement apparentes sur leur dessous.

 

Chaque foliole est reliée à un rachis ce qui constitue une penne … qu’on pourrait appeler … ‘’secondaire‘’. Cette penne, dite secondaire, est elle aussi, avec d’autres, rattachée à un rachis plus conséquent, puisqu’il peut atteindre jusqu’à trois mètres. On pourrait appeler ce rachis … ‘’le rachis primaire‘’. Il est comme la … ‘’colonne vertébrale‘’ de la feuille bipennée, appelée aussi fronde ou palme.

 

La palme prend naissance à partir d’un bourgeon apical qui se situe, comme son nom l’indique, au sommet du stipe. Ce bourgeon ne donne naissance qu’à une seule et unique feuille à la fois. Les palmiers sont des espèces monocotylédones, c’est-à-dire ne donnant naissance qu’à une seule feuille. Mais les feuilles, tout en naissant les unes après les autres, naissent comme imbriquer les unes dans les autres.

 

Lors de sa naissance la base de la feuille engaine le stipe, et poursuit sa croissance de conserve avec lui ; ce qui permet au stipe d’être à l’origine d’un nouveau bourgeon apical et de ce fait … de produire une nouvelle feuille.

 

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Le développement d’un bourgeon apical d’un caryota mitis Lour.

 

Lorsque la fronde a terminé sa croissance et qu’elle arrive en fin de vie, elle se dessèche et meurt puis, elle se détache du stipe en laissant sur celui-ci la trace de son passage sous la forme d’un anneau.

 

Souvent à l’aisselle des feuilles, mais aussi sur le stipe du palmier, apparaissent des fibres de couleur noire, comme déjà écrit plus haut, pouvant entrer dans la composition de cordage et de certains textiles.

 

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Photo 1 : Un type de pédoncules de folioles.

Photo 2 : Les pédoncules présentent parfois des renflements comme celui-ci. Ils sont comme enrobés d’une espèce de cément végétal dont le rôle semble consister à renforcer la liaison des folioles ou des pennes avec leur rachis.

Photo 3 : Une feuille bipennée avec … l’espèce … de ‘’cément‘’ végétal. 

 

La fleur du : Caryota mitis 

 

L’inflorescence du caryota mitis commence par l’apparition d’une excroissance en forme de corne, dont la pointe va se tourner vers le sol. Cette inflorescence porte le nom de spadice, (*) elle apparaît au niveau d’une bague laissée par une ancienne fronde sur le pourtour du stipe, et donne l’impression d’avoir percé le stipe.

 

A maturité le spadice a la forme d’un cornet (forme oblongue) d’une quarantaine de centimètres de long sur une vingtaine de large. Son contenu est protégé par une grande bractée ou spathe qui avec le temps va se dessécher, se déchirer, et donner le jour à une cinquantaine (J’en ai compté 55 sur un spadice) de petits rameaux d’environ 25 à 30 centimètres de long ; chacun d’eux porte environ 120 fleurs dont les deux tiers sont mâles et l’autre tiers femelle. Le caryota mitis est donc une plante monoïque c’est-à-dire porteuse de fleurs mâles et femelles sur un même individu, et non de fleurs hermaphrodites.

 

(*) Dans le cas du caryota mitis il s’agit d’un spadice rameux et non en épis, c’est-à-dire un spadice constitué de rameaux.

 

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Photo 1 : Naissance d’un spadice.

Photo 2 : Evolution du spadice.

Photo 3 : Eclosion du spadice, un spadice rameux.

Photo 4 : Un spadice et ses rameaux de fleurs.

 

Autrement écrit, d’après mes observations, (*) ce sont environ 6600 fleurs que le spadice ramifié a mis à jour, soit environ 4.400 fleurs mâles et 2.200 fleurs femelles. Les fleurs femelles naissent entre deux fleurs mâles. Les bourgeons de ces fleurs, les mâles comme les femelles, sont en forme de petits obus. Ils mesurent pour les fleurs mâles 8/9 millimètres de long et 3 millimètres de diamètre, et pour les fleurs femelles 3/4 millimètres de long pour 2 millimètres de diamètre.

 

Les fleurs mâles arrivent à maturité avant les fleurs femelles ce qui évite l’autofécondation ou l’autogamie. Ce phénomène de protandrie (**) trouve son accomplissement grâce aux vents (fécondation par anémogamie) et aux insectes (fécondation par entomophilie) qui portent le pollen sur les stigmates des fleurs (femelles) d’individus voisins ; et vice versa lorsque, quelque jours plus tard, les fleurs femelles sont en mesure d’être fécondées, elles reçoivent alors le pollen des fleurs mâles des caryota mitis les plus proches. (**)

 

La fécondation des fleurs :

 

La floraison commence donc par les fleurs mâles. Quelques jours après leur épanouissement et après que leur pollen se soit répandu aux alentours, les fleurs mâles se détachent de leurs rameaux, ce qui libère de nombreux espaces sur chacun des rameaux ; des espaces qui vont permettre aux fruits de se développer sans être à l’étroit. Les 2/3 des boutons sont des fleurs mâles. Mais revenons aux fleurs mâles en fin de floraison.

 

Tandis que les fleurs mâles se détachent de leurs rameaux, pratiquement toutes ensembles, les fleurs femelles développent leur fuit comme protégées par leurs trois sépales.

 

(*) D’après un botaniste du début du XIXe siècle un spadice renfermerait entre 10.000 et 12.000 fleurs et les fleurs mâles libéreraient entre 30 à 60 millions de grains de pollen ?!... Je n’ai rien trouvé et observé confirmant ou infirmant le texte de ce naturaliste de renom.

(**) Dans la protandrie ou protérandrie, les organes mâles des fleurs concernées, c’est-à-dire les anthères, arrivent à maturation avant que les organes femelles des fleurs du même stipe, c’est-à-dire leurs stigmates, ne soient en mesure d’être fécondées.

 

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Photo 1 : Détail d’un rameaux détaché du spadice précédant. Une ramette d’environ 25 cm de long portant environ 120 boutons de fleurs dont les uns sont mâles pour les 2/3 et les autres femelles pour le tiers restant.

Photo 2 : Détail du rameau précédant montrant la forme du bouton des fleurs.

Photo 3 : Un gros plan du rameau précédant précisant les boutons mâles et les boutons femelles.

Photo 4 : Naissance de la toute première fleur d’un spadice. C’est une fleur mâle. (Environ deux mois se sont écoulés entre la dernière photo de la série précédente et celle-ci.)

 

Toutes les fleurs se composent de trois sépales imbriqués.

Les fleurs mâles sont dotées de trois pétales libres et valvaires, c’est-à-dire qui ne se recouvrent pas. Leurs étamines, environ une douzaine, dont les filets sont soudés (connés) à leur base, portent des anthères biloculaires à déhiscence longitudinale.

Les fleurs femelles aux pétales libres et imbriqués développent un ovaire supère, c’est-à-dire situé au-dessus du plan d’où s’élèvent les sépales et les pétales. De ce fait la fleur développe un fruit simple dont la paroi extérieure (péricarpe) n’est constituée que par le carpelle de la fleur protégé lui-même par les sépales.

 

Enfin, la toute première inflorescence du caryota mitis naît tout en haut du stipe. Puis les suivantes vont apparaître l’une après l’autre mais en se rapprochant, à l’occasion de chaque naissance de la base du stipe. Autrement écrit la dernière inflorescence sera la plus proche du sol et signera la mort du caryota mitis. Ce mode de développement porte le nom de maturation ‘’basipète‘’, du haut vers le bas.

 

Cette succession d’inflorescences fait qu’un stipe de caryota mitis porte tout à la fois, outre des spadices desséchés, des spadices en fleurs et en fruits.    

 

Comme déjà écrit, la dernière inflorescence signe la mort du caryota mitis, conformément au sort de toutes les plantes monocarpiques. Cependant le caryota mitis, à la différence, par exemple du ‘’corypha umbraculifera‘’ qui ne fleurit qu’une fois dans son existence (existence de 80 ans environ) et meurt tout aussitôt après, le caryota mitis donc, fleurit lui, plusieurs fois de suite pour ne mourir qu’à sa dernière floraison et fructification.  

 

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Photo 1 : Le spadice, deux jours après l’éclosion de la 1ère fleur, est entièrement en fleurs. (Fleurs mâles).

Photo 2 – 3 & 4 : Le détail d’un rameaux du spadice.

(La dernière photo vient du site : http://www.palmpedia.net/wiki/Caryota_mitis

 

Le fruit du : Caryota mitis 

 

Le fruit se présente sous forme de petites baies rondes coriaces d’environ un centimètre de diamètre.

D’abord de couleur verte il vire au rouge puis au violet foncé et ensuite il se détache de son rameau.

 

Comme le premier spadice naît tout en haut de la tige du Caryota mitis et que les autres se succèdent en se rapprochant du sol, vous ne verrez jamais, sur un même stipe, un spadice en fruits de couleur rouge au-dessus d’un spadice en fruits de couleur violette/noire.

 

Le fruit est protégé par une écorce dure et de couleur violette, le péricarpe. A l’intérieur, il y a un noyau recouvert d’une couche gélatineuse de couleur blanchâtre.  

 

Attention : le fait de toucher aux baies peut provoquer des brûlures, des enflures aux lèvres, à la gorge et, irriter la peau ; car ces fruits contiennent une dose élevée d’acide oxalique (*). Il en va de même avec les fibres. Ces effets ne sont pas durables mais peu agréables.

 

La propagation des graines se fait par le biais du vent, des oiseaux et des animaux. Nombreuses sont celles qui germent au pied du stipe, ou parfois dans l’aisselle d’une feuille du Caryota d’où provient la graine comme le montre une photo qui suit, mais c’est très rare.

 

 

(*) L’acide oxalique est un caustique puissant donc un produit toxique. Il est contenu dans certains aliments comme : l’oseille, la rhubarbe, les haricots, les noix, le chocolat, le miel etc… qui, consommés en trop grande quantité peuvent être à l’origine d’une intoxication. Cette dernière se traduit par un dérèglement du système urinaire. [Calculs rénaux, coliques néphrétiques, et anurie (arrêt de la production d’urine.) entre autres désagréments] .

Le ‘’sel d’oseille‘’, dont le nom est significatif, est à base d’acide oxalique. Ce produit sert à … blanchir de vieux bois, et faire briller les cuivres. Dans l’industrie l’acide oxalique est utilisé comme antirouille, c’est dire son pouvoir décapant, si vous n’étiez pas convaincu.

Cependant, consommés modérément les aliments cités, et de nombreux autres contenant de l’acide oxalique, ne présentent aucun danger.

 

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                          Les différentes étapes de murissement du fruit.

 

Si aujourd’hui le Caryota mitis Lour. est une plante d’ornementation, autrefois, et peut-être encore aujourd’hui, il était utilisé en médecine et en alimentation :

 

Les graines, hors du fruit, sont comestibles.

 

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Photo 1 : Quelques fruits sur un rameaux.

Photo 2 : Un fruit ouvert, à gauche le noyau recouvert d’une couche visqueuse et à droite le demi-péricarpe.

Photo 3 : Les fleurs mâles gisantes au sol.

 


Au Bangladesh les racines du caryota mitis et ses fruits étaient utilisés pour soigner les hémorroïdes, les polyarthrites rhumatoïdes (*), pallier la perte de virilité, et employé comme laxatif.

 

A Bornéo et à Malacca (ville de Malaisie) l’amidon extrait du stipe est utilisé comme sagou. (**)   

 

Au Cambodge le bourgeon apical et les feuilles, après cuisson entraient dans l’alimentation. Les feuilles sont assimilées aux légumes (lônôk) et le bourgeon apical porte le nom de ‘’tōnsè‘’.

 

En Thaïlande on soignait le mal par le mal. Ainsi pour éliminer ou apaiser ( ?) des démangeaisons les fruits étaient mis à bouillir dans de l’eau et ensuite cette eau était utilisée comme remède.

 

(*) La polyarthrite rhumatoïde ou la goutte asthénique est une maladie dégénérative dont on ignore l’origine qui se caractérise par une déformation et une destruction des articulations.

(**) Le sagou est une matière alimentaire, une espèce de farine, extraite du stipe du Sagoutier qui est un palmier lui aussi. 

 

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Photo 1 : Quelques graines de caryota mitis naissant dans l’aisselle d’une branche de Caryota mitis, à trois mètres de hauteur.

Photo 2 : Un stype couvert de fleurs femelles.

Photo 3 : Un spadice mort, dépourvu de tout fruit.

Photo 4 : Les feuilles caractéristiques du caryota mitis.

Le Caryota mitis produit une fibre ou un crin végétal, tenace et épais qui entre dans la composition de certains textiles ou cordages après traitement.

En Inde, ces  fibres sont appelées bara – flawan – bherlée – mahi ; au Sri Lanka : kittool  après traitement servaient :

Au Laos à tisser des ‘’thi nèng-s‘’ c’est-à-dire des tapis pour les chevaux.

 

 

Pour terminer n’oublions pas que nous sommes en Thaïlande et que le Caryota mitis est endémique à ce sol. Alors tout naturellement, et pour des raisons de phonétique, la rumeur populaire lui a trouvé place au sein des superstitions locales.

 

En langue thaïlandaise, le caryota mitis se dit : tao-ragn (เต่าร้าง) c’est-à-dire littéralement : tortue (tao-เต่า) abandonnée (ragn-ร้าง). Tortue, vraisemblablement à cause des feuilles du Caryota qui, avec un peu d’imagination peuvent faire penser à des pattes de tortues, et … abandonné … pour des raisons qui m’échappent mais qui doivent avoir corps. 

 

Toujours est-il que la deuxième syllabe du Caryota mitis, c’est-à-dire ‘’ragn‘’ qui signifie abandonnée mais aussi …  déserte et délaissée, serait de mauvais augure. Elle ferait peur et, d’après les gens d’ici, serait susceptible de mettre en danger une union maritale. Alors suite à un divorce, une femme ou un mari, pourrait se retrouver … délaissé (e) et/ou abandonné (e). De ce fait, pour évitez ce genre de désagrément il est fortement conseiller de ne jamais planter, ou laisser pousser, un caryota mitis près d’une maison qui abrite un couple.

 

Ce qui précède ne sort pas de mon imagination mais d’un ouvrage très sérieux, rédigé à la suite d’une enquête, et intitulé ‘’Quelques superstitions Siamoise à propos des arbres et des plantes‘’. Il est signé de l’érudit Phya Anuman Rajadhon (1888-1969) (พระยาอนุมานราชธน), un thaïlandais comme son nom l’indique. Autrement écrit, un thaïlandais qui sait de quoi il parle.

 

                                                                       Jean de La Mainate Janvier 2016

 



03/01/2016
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