HIBISCUS : ดอกชบา – 2/3 hibiscus rosa-sinensis
HIBISCUS : ดอกชบา – 2/3 hibiscus rosa-sinensis
Hibiscus mutabilis - Hibiscus Rosa Sinensis - Hibiscus Sabdariffa
ชบาพุดตาน (put-tarn) – ชบาขาว (Chaba-Khao) – กระเจี๊ยบแดง (kra-chiap-deng)
Photo 1 : La fleur d’un hibiscus mutabilis. (Hibiscus mutabilis (Roxb.) Linn.)
Photo 2 : La fleur d’un hibiscus rosa sinensis. (Hibiscus rosa sinensis Linn.
Photo 3 : La fleur d’un hibiscus sabdariffa.
Généralités sur la famille des Malvacées :
L’hibiscus appartient à la grande famille des ‘’malvacées‘’ ou ‘’malvaceae‘’ que créa en 1789 Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836). Le nom de ‘’malvacées‘’ a été composé à partir du nom de la plante qui sert de référence à cette famille, c’est-à-dire … la mauve.
Cette famille répertorie des arbres, des arbrisseaux et des herbes qui tous sont des plantes dicotylédones, c’est-à-dire dont la graine donne naissance à deux feuilles.
La famille des ‘’malvacées comptait alors en son sein plus d’une trentaine de familles secondaires dont la XIème avait été nommée la sous-famille des ‘’Hibiscées‘’ ou ‘’Hibisceae‘’, un nom formé à partir de … hibiscus.
En 1824 le suisse Augustin De Candolle (1778-1841), et quelques autres avant lui, peaufinèrent ce classement de 1789. Alors la famille des ‘’malvacées‘’ se divisa en une cinquantaine de familles secondaires, dont les ‘’Hibiscées‘’ qui eux-mêmes se subdivisaient en quatre groupes : les hibiscus, les thespesia, les gossypium et les fugosia.
Au cours des siècles, cette classification n’a pas cessé d’être revue et corrigée pour mille et une raisons. Alors comme il est bien difficile pour un amateur de suivre l’évolution de ces recherches botaniques, restons en à la famille des ‘’malvacées‘’ telle qu’elle était définie dans ses grandes lignes, au siècle dernier, et qui sont encore d’actualité.
D’après les botanistes d’alors les membres qui appartenaient à la famille des ‘’malvacées‘’ avaient la particularité :
1/ De posséder des racines, feuilles et fleurs aux propriétés adoucissantes, émollientes, et secrétant un suc mucilagineux. (*) Ce sont donc des plantes médicinales.
2/ D’avoir une écorce pouvant fournir des fibres susceptibles d’entrer dans la confection de certains textiles comme, par exemple, les voiles de bateaux.
(*) Le mucilage est une substance végétale utilisée, dans le cas présent, comme laxatif doux.
Cependant la fleur de la mauve et celle de l’hibiscus diffèrent par le tube que forment les étamines de la fleur de l’hibiscus. Cette colonne … ‘’androcéenne‘’, particulière aux hibiscus, a son sommet tronqué, et présente cinq dents à son extrémité. C’est au travers d’elle que passe le style de sa fleur.
En raison de cette particularité il n’est pas rare d’entendre la sous-famille des ‘’Hibiscées‘’ se faire appeler ‘’columnifère‘’ c’est-à-dire la famille des fleurs ‘’porte-colonne‘’.
Aujourd’hui la famille des malvacées couvre pratiquement toute la surface du globe mais plus particulièrement les régions chaudes, c’est-à-dire surtout les aires tropicales ; elle compte plus de 1.350 espèces qui se répartissent en plus de 150 genres dont le genre Hibiscus L. qui lui, regroupe plus d’une centaine d’espèces dont : l’Hibiscus mutabilis – l’Hibiscus Rosa Sinensis et l’Hibiscus Sabdariffa.
Ce sont ces trois espèces que nous allons mettre en lumière ; que leurs cousins nous pardonnent mais il nous fallait faire un choix et le choix a été fait en fonction des hibiscus le plus fréquemment rencontrés à … Chiang-Maï.
Un autre hibiscus rencontré à Chang-Mai …
Photo 1 & 4 : Un hibiscus schizopetalus (Dyer) Hook.f (1880) (พู่ระหง - Phourahogn) (Hibiscus lanterne ou lanterne du Japon.) Synonyme : Hibiscus rosa-sinensis var. schizopetalus Dyer, 1879
Photo 2 : Cette illustration de Constance Pierrepont d’un hibiscus schizopetalus est extraite du 16ème volume du ‘’The Garden‘’ p. 486 – planche 208. (Edité en 1879)
Photo 3 : Cette illustration d’Anne Barnard (1825-1899) d’un hibiscus schizopetalus est extraite du ‘’Curtis Botanical Magazine‘’ Volume 106 (Ser.3 – Vol.36) planche 6524. (1880)
Le genre hibiscus :
Le genre hibiscus (Hibiscus L., Sp. Pl., 693) a été créé sous la plume du Suèdois Car von Linné (1707-1778) à l’occasion de la parution de son ‘’Species plantarum‘’ volume 2, paru le 1er mai 1753 et imprimé à Stockholm.
Le mot hibiscus vient du grec ‘’hibiscos‘’ (ἱβίσκος) un mot qui servait à désigner indifféremment la mauve ou la guimauve, car à l’époque tout un chacun confondait ces deux plantes, dont les feuilles et les fleurs prêtaient à confusion.
Le grec Pedanius Dioscoride (20/40 av.JC/vers 90) tout à la fois médecin militaire, botaniste et pharmacien écrivait dans son livre 3 au chapitre 146 que la guimauve était tout aussi bien désigné par le terme d’hibiscus que par celui d’althaea.
Le Romain Virgile (Publius Vergilius Maro 70-19 av. JC) auteur de l’Enéide, parlait de l’hibiscus dans la dixième partie de ses ‘’Bucoliques‘’ ou ‘’Eglogues‘’, comme étant une plante à tige souple servant à la fabrication de corbeilles et de paniers.
Le Romain Pline dit l’ancien (23-79) qui mena en parallèle une vie militaire intense et littéraire très éclectique (historien – grammairien et botaniste, pour ne citer que ces disciplines) écrivait dans son 19ème livre (Son histoire naturelle en compte 37) au chapitre 5 que l’hibiscus est une plante qui se rapproche des ombellifères.
Selon Dioscoride donc, les mots ‘’althaea‘’ ou ‘’alcea‘’, tout comme celui d’hibiscus servaient à désigner la guimauve ou la mauve blanche voire … d’autres plantes plus ou moins ressemblantes.
Un autre mot, celui de ‘’Ketmie‘’ latinisé en ‘’ketmia‘’, d’origine arabe et formé à partir des mots arabes de ‘’Khatmi‘’ et ‘’khitmi‘’, désignait lui aussi la guimauve ou la mauve blanche, voire … d’autres plantes plus ou moins ressemblantes. De ce beau mélange de noms, c’est l’hibiscus qui a fini par l’emporter sur ses ‘’synonymes d’époque‘’ ; cependant pendant longtemps ‘’hibiscus‘’ et ‘’Ketmie‘’ furent employés l’un pour l’autre, et bien après 1753, comme le montre les planches qui suivent.
Photo 1 : L’Alcea américana (Hibiscus sabdariffa Linn. 1753) fut aussi appelé ‘’Jamaica sorrel‘’ et ‘’roselle‘’ – Cette page 26 est extraite de ‘’Rariorum plantarum historia‘’ Volume 2 (1601) – de Charles de l’Ecluse dit Carolus Clusius. (1526-1609)
Photo 2 : L’Althaea rosea peregrina Cornuti (Hibiscus indet.) Cette page 145 est extraite de ‘’Canadensium plantarum, aliarúmque nondum editarum historia nondum editarum historia‘’ (1635) du médecin botaniste français Jacques Philippe Cornut (1606-1651)
Photo 3 : Le Ketmia Indica (Hibiscus cannabinus L.) Cette gravure du botaniste et entomologiste Allemand Georg Dionysius Ehret (1708-1770) est extraite de son ‘’Plantae et Papiliones Rariores‘’ tome 6 (1748-1759)
Photo 4 : La Ketmie corniculée à fleurs jaunes (Hibiscus esculentus L. 1753) fut aussi appelé ‘’Gumbo‘’, ‘’doigts de femmes‘’ et … ketmie comestible. Cette gravure n° 526 est extraite du 7ème volume de la série ‘’Flore médicale des Antilles‘’ du botaniste français Jean-Théodore Descourtilz paru en 1829.
Les mots de Ketmie et Ketmia viendraient de l’arabe khatmi, khitmi qui désignait, là encore, la guimauve. Celui de ‘’ketmia‘’ a été employé pour la première fois dans le ‘’Pinax Theatri Botanici‘’ p. 316 du botaniste Suisse Gaspard Bauhin ou Caspari Bauhini (1560-1624) paru en 1623.
Outre ces quatre mots (Alcea - Althaea - Ketmia et Ketmie) le genre hibiscus aurait pu s’appeler : Abelmoschus (1787), Bamia (?), Bombycidendron (?) ou Bombycodendron, Brockmania (?), Furcaria (1858), Hibiscadelphus (?), Laguna (?), Lagunea (1790), Pariti (?), Paritium (?), Talipariti (?), Trionum (?), Wilhelminia (?) pour ne citer que ces noms. Certains d’entre eux sont d’ailleurs devenus des synonymes d’hibiscus tandis que d’autres ont été rattachés à des genres voisins figurant dans la tribu ou sous-famille des ‘’Hibiscées‘’ ou ‘’Hibisceae‘’.
Pour conclure avec le genre ‘’Hibiscus‘’, sachez qu’il regrouperait plus de 200 espèces et … plus de 30.000 variétés ?!...
Les plus anciennes représentations de l’hibiscus rosa-sinensis :
Photo 1 : Une illustration d’un hibiscus rosa-sinensis var. flore pleno (as schem-pariti) du botaniste hollandais Hendrik Adriaan Van Reed Tot Drakestein (1636-1691), extraite du 2ème volume du ‘’Hortus Indicus Malabricus‘’ planche 17 (Edité en 1679)
Photo 2 : Une illustration d’un hibiscus rosa-sinensis (as ain-pariti) du botaniste hollandais Hendrik Adriaan Van Reed Tot Drakestein (1636-1691), extraite du 6ème volume du ‘’Hortus Indicus Malabricus‘’ planche 43 (Edité en 1686).
Photo 3 : Une illustration d’un hibiscus rosa-sinensis (as Flos festalis) du botaniste allemand Georg Eberhard Rumphius (1627-1702), extraite du 4ème volume du ‘’Herbanium amboinense‘’ page 24 – planche 8 (Edité en 1743 - édition posthume).
Photo 4 : La même illustration que la précédente revue par un artiste anonyme.
L’Hibiscus Rosa-sinensis L. - ชบาขาว (Chaba Khao) en tant que tel
… a été décrit pour la première fois dans le ‘’Species Plantarum II‘’ page 694, de Linné – paru en 1753
L’espèce Rosa-sinensis :
Le nom de l’espèce ‘’rosa-sinensis‘’, est un nom créé par le Suèdois Car von Linné. Ce nom se comprend de lui-même et, sans avoir fait de latin. Littéralement il signifie ‘’rose de chine‘’.
Rosa est un mot latin servant à désigner la rose, et sinensis une latinisation, comme aimaient en faire les botanistes de l’époque, du nom Chine, car cette fleur était et est censée être originaire de Chine … ce qui reste à prouvé.
La latinisation du mot Chine donne aussi parfois Chinensis au lieu de Sinensis.
Quelques uns des noms vernaculaires de l’hibiscus rosa-sinensis :
Chinesischer Roseneibisch (Allemagne) - Khaung-Yann (Birmanie) - Chì jǐn (赤槿) - Dà hóng huā (大紅花) - Fó sāng (佛桑) - Fú sāng (扶桑) - Huā shàng huā (花上花) - Rì jí (日及) - Sāng jǐn (桑槿) - Zhu jin - Zhào diàn hóng (照殿紅) - Zhuàng yuán hóng (狀元紅) (Chine) - Kinesisk rose (Danemark) - Rosa de China (Espagne) – La fille des îles – fleur des belles dames – Hérisson rouge - Hibiscus de Chine - Hibiscus rose de Chine – Ketmie - Rose de Chine (France) – Jab (Beng.) Shappattup-pu (Tamoul) Javapush-pamu (Teleg.) (Inde) - Kembang Sepatu (Indonésie) - Rosa della Cina (Italie) – Fusou - Haibisukasu – Tsoutsou so ka (Japon) – Deng (Dok) – Maï (Dok) (Laos) - Bunga raya (Malaisie) - Baarhmaase phuul, Gudahal - Japaa kusum - Japa puspii - Rakta puspi (Népal) - Ketmia róza-chinska (Pologne) –Chaba khao (ชบาขาว) – Chaba dègn maï (Nord) (ชบาแดงใหม) - Choum ba (Patani) (ชุมบา) – Ba (Sud) (บา) (Thailande) - Dâm bụt -Mộc cận (Vietnam).
Photo 1 : Un hibiscus rosa-sinensis variété variégata.
Photo 2 : Une illustration d’un hibiscus rosa-sinensis variété variegata de George Loddiges (1784- 1846), extraite10ème volume de ‘’The botanical cabinet‘’ planche 963 (Edité en 1827)
Photo 3 : Une illustration d’un hibiscus rosa-sinensis (as Malva Chinensis rosea arborescens Munting) du botaniste hollandais Abraham Munting (1626-1683), extraite du 1er volume du ‘’Naauwkeurige beschrijving der aardgewassen‘’ page 192 - planche 47 (Edité en 1686)
Photo 4 : Un hibiscus rosa-sinensis double.
Les tout premiers noms de l’hibiscus rosa-sinensis :
- Flos Festalis Rumph IV 24 (Botanical Materia Medica Volume 3 p. 543)
- Feest bloem (Nom donné par les Hollandais de l’Inde.)
- Alcea javanica arborescens Flore pleno Breyne (1678)
- Malva chinensis rosea arborescens Munting (1686)
- Ketmia sinensis Tournefort (1700)
Les synonymes de l’hibiscus rosa-sinensis :
Nota : Le chiffre final entre parenthèse correspond au numéro d’ordre de l’ouvrage où est cité le dit synonyme. Pour retrouver cet ouvrage il suffit de se reporter au tableau qui suit la liste des synonymes.
- Hibiscus Rosa-sinensis L. (1753) (01)
- Hibiscus javanicus Miller (1768) (02)
- Hibiscus festivalis Salisbury. (1796) (03)
- Hibiscus rosiflorus Stokes Jonathan (1812) (04)
- Hibiscus boryanus De Candolle (1824) (05)
- Malvaviscus fragilis Bory ex DC (1824) (06)
- Malvaviscus puniceus Bory ex DC (1824) (07)
- Hibiscus fulgens Hort ex W. Baxt (1839) (08)
- Abelmoschus genevii Walpers. (1842) (09)
- Hibiscus (Ketmia) Storchii) (1861) (10)
- Hibiscus storckii Seem (1865-1873) (11)
- Hibiscus liliiflorus Griff. Ex Mast (1875) (12)
Les synonymes en suspend :
- Hibiscus arnottii Griff. ex Mast (1862) (13)
- Hibiscus cooperi Hort. (1862) (14)
Références des ouvrages concernant les synonymes ci-dessus
01/ Species Plantarum II‘’ de Linné page 694, (1753)
01/ Prodromus Systematis Naturalis Regni Vegetabilis Volume 1 des
Suisses Auguste et Pyrame De Candolle – p.446 – alinéa 28.
02/ The Gardeners Dictionary 8ème édition de Philip Miller (1691-1771)
HIB alinéa 7.
03/ Prodromus stirpium in horto ad Chapel Allerton vigentium de Ricardo AntonioSalisbury (1761-1829) p.383 – (4)
04/ Botanical Materia Medica Volume 3 p. 543 – (7)
05/ Prodromus Systematis Naturalis Regni Vegetabilis Volume 1 – p 446 – sect. 1 –
alinéa 2.
06/ Prodomus systématis naturalis regni vegetabilis Volume 1 p.446 - sect. 1 alinéa 3.
07/ Prodromus Systematis Naturalis Regni Vegetabilis Volume 1 – p 446.08/ Loudon's Hortus britannicus suppl. Volume 3 – p.563
09/ Repertorium botanices systematic de Walpers - Volume 1 – p. 310
10/ Bonplandia volume IX p.254 (1861),
11/ Flora vitiensis volume du Dr.Berthold Seemann () p. 17 (2)
12/ The flora of British India [Joseph Dalton Hooker] volume I p. 344. Article
H. Rosa-sinensis – dernier paragraphe.
13/ The flora of British India [Joseph Dalton Hooker] volume I - p. 844.
14/ Flore des Serres et des jardins de l’Europe de Louis Van Houte - Volume 15
p.109 (p.1556) (1862-1865).
Photo 1 : Une illustration d’un hibiscus archeri W. Watson de Henry George Moon (1857-1905), extraite du 55ème volume du ‘’Weekly journal of horticulture in all its branches page 310 (Edité en 1899).
(Attention : Nombre de sociétés botaniques donnent ce nom (Archeri), tout en émettant des doutes sur quelques points, de ce fait il est en suspend – Selon les uns, cet hibiscus serait une hybridation entre l’hibiscus rosa-sinensis et l’hibiscus schizopétalus mais rien n’est moins sûre ?!... alors prudence, ne marchons pas sur les plates-bandes des professionnels, nous ne sommes que des botanistes … en herbe !...)
Photo 2 : Une illustration d’un hibiscus rosa-sinensis L. variété Cameroni-fulgens de Sarah Ann Drake (1803-1857), extraite du 30ème volume du ‘’Edwards’s Botanical Register planche 28 (Edité en 1844).
Photo 3 : Une illustration d’un hibiscus rosa-sinensis L. de Sarah Ann Drake (1803-1857), extraite du 21ème volume du ‘’Edwards’s Botanical Register planche 1826 (Edité en 1836).
Photo 4 : Une illustration d’un hibiscus rosa-sinensis variété fulgens extraite du 33ème volume du ‘’Weekly journal of horticulture in all its branches (Edité en 1888).
L’aire d’origine de l’hibiscus rosa-sinensis.
La plupart des auteurs donnent le sud de la Chine comme aire endémique de l’hibiscus rosa-sinensis. Mais l’endémie devait aussi concerner une grande partie de l’Asie du Sud-est et de l’Inde orientale (Côte de Coromandel.). Car l’hibiscus rosa-sinensis est une fleur que nombre de traditions propres à cette zone ont associé à leur rites et superstitions. (*)
A l’heure actuelle, l’hibiscus rosa-sinensis pousse dans toutes les zones tropicales, subtropicales et chaudes du monde, voire tempérées comme l’Europe. Pour le conserver sous nos climats il suffit de lui épargner les rigueurs de l’hiver dont il n’est pas particulièrement friand.
L’hibiscus rosa-sinensis était connu au Moyen-Orient et en Afrique équatoriale depuis des siècles ; la plus haute antiquité écrivent nombre d’auteurs. Les maures l’auraient importés en Europe lors du XIIe siècle et au XVIIe siècle ce serait des esclaves originaires d’Afrique qui l’auraient répandu dans les Amériques.
En France, l’hibiscus rosa-sinensis et le camélia-sinensis auraient fait leur entrée aux jardins du roi en 1731. Louis XV (1710-1774) était alors sur le trône. (**)
(*) Dans un conte Népalais il est écrit : ‘’…l’épouse du roi de Bénarès accoucha d’une boule de chair rouge comme la fleur kin…’’ c’est-à-dire hibiscus rosa-sinensis.
En Inde l’hibiscus rosa-sinensis est associé à la déesse Kali ; c’est l’offrande par excellence à faire à Kali mais aussi Ganesh, le dieu à tête d’éléphant.
L’écrivain Pierre Loti (1850-1923) écrit qu’en Inde, sur les eaux du Gange, qu’une fleur d’hibiscus était attachée au linceul des morts à la hauteur des reins.
(**) J’ai lu que Dominique Parennin (1665-1741) et Pierre d’Incarville (1706-1757), deux jésuites en poste à Péking auraient adressé ces plantes à Louis XIV en 1677, ce qui n’est pas possible pour les simples et bonnes raisons qu’en 1677 Parennin avait 12 ans et d’Incarville n’était pas encore né.
Par ailleurs la toute première mission que Louis XIV envoya en Chine s’embarqua à Nantes en mars 1685 pour n’arriver à … ‘’Péking‘’ … que le 7 février 1688. La date de 1677 n’est donc pas plausible.
Par contre, il n’est pas exclu que ce soit Dominique Parennin, lequel était botaniste, qui en 1731 ait adressé à son roi, un ou plusieurs hibiscus rosa-sinensis et, un ou plusieurs camélia-sinensis.
DESCRIPTION de l’hibiscus rosa-sinensis :
L’hibiscus est une plante buissonneuse aux tiges arborescentes qui s’étalent et peuvent lui permettre d’atteindre 4 ou 5 mètres de haut.
Le … ‘’tronc‘’ peut mesurer jusqu’à 4 à 5 centimètres de diamètre.
De l’écorce de ces tiges sont extraites des fibres libériennes textiles qui servent, en certaines régions, à fabriquer des paniers.
Dans la médecine ayurvédique ses racines sont utilisées dans la composition de différentes décoctions pour remédier à la toux et à la perte de cheveux.
D’après le botaniste hollandais Hendrik Adriaan van Rheed (1636-1691) dans l’Hindoustan les racines étaient (sont ?...) employées pour soigner les ménorragies (règles abondantes).
Selon d’autres sources les décoctions de racines seraient abortives, (Mettre fin à une grossesse.) et leur usage régulier rendrait les femmes stériles.
Photo 1 : Un buisson d’hibiscus rosa-sinensis d’environ 4 ou 5 mètres de haut planté en pleine terre à Chiang-Mai.
Photo 2 : L’une des ‘’branches principales‘’ du buisson de la photo 1.
Photo 3 : L’un des troncs d’environ 4/5 centimètres de diamètre du buisson de la photo 1.
La feuille de l’hibiscus rosa-sinensis :
La feuille est alterne, simple, de forme ovale et acuminée. Elle mesure environ, pour les plus grandes, 11 centimètres de long sur 5,5 dans la largeur la plus large. C’est une feuille glabre, d’un beau vert luisant sur son dessus et d’un vert plus pâle sur son dessous. Elle est dentée sur son pourtour, et reliée à son rameau par un pédoncule d’environ 4 centimètres.
D’une nervure principale qui va du pédoncule à l’apex naissent, de part et d’autre de cette nervure, 4 ou 5 nervures secondaires, soit une dizaine au total, dont l’extrémité est comme attirée par l’apex. De ces nervures secondaires démarrent de petites nervures.
Les feuilles et leurs utilisations :
Les feuilles broyées avec les fleurs sont les principaux constituants d’un shampoing revitalisant les cheveux.
En chine les feuilles et les fleurs (blanches) sont appliquées comme émollient sur les furoncles.
A Tahiti les feuilles, riches en tanin, seraient un excellent remède contre les ophtalmies (inflammations de l’œil). C’est ce que rapporte le botaniste français René Primevère Lesson (1794-1849).
Les feuilles auraient aussi de puissantes propriétés diurétiques.
La fleur de l’hibiscus rosa-sinensis :
La fleur se suspend à un pédoncule d’environ 4 à 5 centimètres de long. Ce pédoncule se termine par une espèce de frêle collier constitué de 6 petites bractées lancéolées, ou follicules lancéolées, longues chacune de 6 millimètres environ. Ce collier porte en botanique le nom de ‘’calicule‘’.
Un calice gamosépale à cinq divisions suit. Les sépales, lancéolées, sont solidaires sur 1,5 centimètre et deviennent libre sur 6 millimètres.
Les pétales sont hypogynes, c’est-à-dire situés en dessous de l’ovaire. Ils sont libres, au nombre de cinq, de forme obovale, et se terminent par une découpe particulière propre à cette fleur. (*) Généralement ils sont de couleur rouge, mais il y en aussi de couleur blanche, jaune, rose et même panachée. Avant de former une corolle pouvant atteindre les 10 centimètres de diamètre, les pétales vont se déployer en se … détordant, car la corolle est tordue dans la préfloraison.
(*) Au japon, les véritables tasses en porcelaine vitreuse imitent la forme de l’hibiscus rosa-sinensis et plus particulièrement … ses pétales irréguliers.
Photo 3 : une illustration d’un hibiscus rosa-sinensis du botaniste horticulteur et agronome français Désiré Georges Jean Marie Bois (1856-1946) extraite de son ouvrage intitulé ‘’Atlas des plantes de jardins et d’appartements exotiques et européennes‘’. Un ouvrage en 3 volumes dont l’un est constitué de 320 planches dont la planche 51 - (Edité en 1896)
Du cœur de la fleur s’élance une colonne dite staminale appelée aussi androphore (androphorus) de plus de 8 centimètres de long. Ce tube, qui contient le pistil, (organe femelle) est la résultante des étamines (organe mâle) dont les filets se sont soudés entre eux. Les deux derniers centimètres de l’androphore sont anthérifères sur tout son pourtour, car cette surface se hérisse d’un nombre indéfini de petites tiges d’environ un centimètre, qui toutes sont surmontées d’une anthère de couleur jaune, uniloculaire et à déhiscence (ouverture) longitudinale.
Ces anthères sont des petits sacs contenant le pollen ; ce pollen a la forme de grain sphérique épineux.
La colonne staminale s’achève par un organe ‘’quinquédenté‘’ c’est-à-dire par cinq petites tiges qui se terminent par un petit stigmate où sera déposé le pollen qui va fertiliser l’ovaire de la fleur. Les stigmates (organe femelle) ne s’ouvrent que lorsque les étamines (organe mâle) sont flétries, c’est-à-dire que lorsque les anthères sont vidées de leur pollen. Ce processus permet une fécondation croisée (allogamie). Seul le pollen d’une fleur voisine peut alors être déposé sur l’un des stigmates de la fleur. L’hibiscus rosa-sinensis ne s’autoféconde donc pas.
A la base du gynécée (Ensemble des organes femelles) se trouve un ovaire à cinq loges. A noter que le nombre de loges est égale au nombre de stigmates terminant la colonne staminale.
Les fleurs et leur utilisation :
En Chine la fleur est utilisée comme agent favorisant le flux menstruel pour ses vertus emménagogues.
Elle entre dans la composition d’une pâte à papier destinée à des ouvrages au pinceau.
Les pétales frais ont aussi des propriétés tinctoriales et sont à l’origine d’un beau noir intense dont les femmes chinoises et du Malabar (côte ouest de l’Inde) se servent pour teindre leurs cheveux et leurs sourcils. Les hommes chinois usent des corolles fraîches pour noircir leurs souliers. A ce sujet, un journaliste français écrivait en son temps, que nos soldats stationnés au Tonkin n’avaient jamais eu leurs chaussures aussi bien cirées et que de ce fait … ‘’5 ou 6 fleurs de cirage à la rose valaient très largement le cirage à l’œuf‘’.
A Nankin (Chine) il y avait une encre de chine dont l’éclat d’exception était du au suc du ‘’Houng hoa‘’ (hibiscus rosa-sinensis) qui entrait dans sa composition.
Le fruit de l’hibiscus rosa-sinensis :
Les fruits sont des capsules déhiscentes dont le sommet acuminé forme une pointe piquante. Ils se composent de 5 loges (fruits plurioculaires à carpelles loculicides) qui s’ouvrent à maturité pour libérer plusieurs graines, souvent velues.
Photo 1 : Une illustration d’une fleur d’hibiscus rosa-sinensis (*) extraite du 1er volume de planches (planche 134) des ouvrages intitulés ‘’Indian médicinal plants‘’ du lieutenant colonel Kanhoba Ranchoddas Kirtikar (1849-1917) et le major Baman Das Basu (1867-1930) (Edité en 1918)
(*) L’Hibiscus furcatus Roxb. Ex DC est devenu l’Hibiscus hispidissimus.
Photo 2 : Une illustration détaillant un hibiscus rosa-sinensis de l’artiste et professeur de botanique espagnole Antonio Iosepho Cavanilles (1745-1804). Elle est extraite de son ouvrage ‘’MONADELPHIÆ classis dissertationes decem.‘’, volume 1(4) – texte page 158 et planche 69 figure 2. (Edité en 1790)
Photo 3 : Une illustration détaillant un hibiscus rosa-sinensis du botaniste français Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708). Elle est extraite du 2ème volume de son ouvrage intitulé ‘’Institutiones rei herbariæ‘’ planche 26 (Edité en 1700)
Photo 4 : Une fleur d’hibiscus rosa-sinensis et à son côté un calice sans corolle, contenant l’ovaire qui va produire le fruit de la fleur, une capsule déhiscentes à 5 loges.
Le petit plus !...
Comme chacun le sait, les fleurs ont un langage, dont la finesse et les non-dits échappent souvent aux non-initiés. Cependant le commun des mortels n’est pas sans savoir et croire, que certaines d’entre elles portent bonheur alors que d’autres sont liées au malheur, et considérées comme des plantes de mauvais augure.
En Thaïlande par exemple, le frangipanier qui portait le nom de ‘’lane thome‘’ (ลั่นทม) était un arbre porte-malheur qu’il ne fallait surtout pas planter près de la maison familiale. Il en était ainsi parce que la deuxième syllabe de son nom ‘’thome‘’ (ทม) signifie : souffrance, peine, entre autres qualificatifs ‘’rappelant l’idée du malheur et de la mort‘’ et que lane-thome phonétiquement se confondrait avec la phonétique d’un autre mot signifiant : ‘’agonie‘’.
Alors pour mettre au goût du jour le frangipanier et ses jolies fleurs, il a été débaptisé à l’initiative de la princesse Maha Chakri Sirindhom, la fille aînée du roi actuel, pour prendre le nom de ‘’Lilawadi‘’ (ลี่ลาวดี) ?!...
Seulement voilà !... les vieilles superstitions ont la peau dure, et le … lilawadi se trouve le plus souvent, encore aujourd’hui, dans les cimetières et les temples ?!...
Quelques variétés d’hibiscus rosa-sinensis.
L’hibiscus rosa-sinensis n’échappe pas à la règle. Ainsi en Thaïlande cette fleur, n’est pas de bon augure. Pour nous en convaincre il suffit de se reporter à l’ouvrage de l’érudit Phya Anuman Rajadhon (1888-1969) (พระยาอนุมานราชธน) intitulé ‘’Quelques superstitions Siamoises à propos des arbres et des plantes‘’.
D’après l’enquête menée par Phya Anuman Rajadhon l’hibiscus rosa-sinensis aurait la beauté du diable, cette beauté perverse qui attire irrésistiblement et dont on ne peut pas se détourner. Il n’en fallait pas plus pour que l’hibiscus rosa-sinensis soit comparé à une femme de mauvaise vie dont les appâts attirent les plus vertueux des hommes.
De ce fait, une femme avisée qui tient à son mari et qui veut lui éviter quelques écarts !... doit se faire un devoir (conjugal ?!...) d’éloigner cette fleur de la maison familiale ?!....
Cependant, si l’hibiscus rosa-sinensis est une fleur qu’il ne faut surtout pas planter dans l’aire où s’élève la maison familiale, force est de constater qu’il trouve droit de citer en de nombreux endroits à Chiang-Mai mais … surtout sur le bord des routes ?!... Ce qui peut donner quelques idées aux maris sur le chemin conduisant à la maison familiale ?!...
Bref, au Lanna et en Thaïlande, cette fleur est associée aux femmes de petites vertus et aux amours illicites. De ce fait, ce n’est peut-être pas par hasard si les français, réputés pour la légèreté de leurs mœurs, appellent l’hibiscus rosa-sinensis ‘’la fille des îles‘’ et la ‘’fleur des belles dames‘’ ?!... des noms pour le moins évocateurs non ?!...
A Tahiti les demoiselles à la recherche d’un époux portent cette fleur à leur oreille, ce qui signifierait ‘’mon cœur est libre‘’.
En Chine, à Suzhou au XIXe siècle et peut-être avant, les jeunes filles portaient (portent ?...) cette fleur accrochée à leur corsage ?!... les auteurs ne disent pas si c’est seulement par coquetterie ?!...
Le vicomte de Chateaubriand rapporte que les Natchez, un peuple amérindien, donnaient leur(s ?...) rendez-vous amoureux à l’heure où les fleurs de l’hibiscus se fermaient.
Comme pour renforcer cette image érotique de l’hibiscus rosa-sinensis, dans les temps anciens en Asie du Sud-est, la femme adultère était mise au pilori avec deux fleurs d’hibiscus rosa-sinensis coincées entre sa chevelure et le haut de chacune de ses oreilles.
Moins érotique, encore que ?!... en Inde du sud il était d’usage de faire porter un collier d’hibiscus aux criminels qui se rendaient sur le lieu de leur exécution. Les auteurs qui relatent cette tradition ne précisent pas si ce châtiment avait à voire avec des affaires de cœur … adultérines ?!...
Toujours est-il que malgré tout ce qui peut entacher la réputation de l’hibiscus rosa-sinensis, l’hibiscus rosa-sinensis est, et restera, une très, très, très belle fleur, au diable les superstitions et les coutumes.
Photo 1 : Une illustration d’un (e ?) alcea javanica arborescens Flore pleno (hibiscus rosa-sinensis) de Jakob Breyne (1637-1697), extraite de son ouvrage intitulé ‘’Exoticarum aliarumque minus cognitarum plantarum Centuria prima ‘’ planche 56. (Edité en 1678).
Photo 4 : Une illustration d’un hibiscus rosa-sinensis variété hort. (*) extraite du ‘’The Garden – An illustrated weekly journal of Horticulture in all its branches‘’ volume 39. (Edité en 1891).
(*) hort vient du latin hortulanorum et signifierait jardinier, celui qui cultive son jardin. De ce fait cette abréviation désigne un anonyme ayant décrit une plante. Dans le cas présent l’hibiscus représenté.
L’illustrateur de cet hibiscus rosa-sinensis hort pourrait être Edward Roger Culter (1819-1891) mais cela reste à confirmer.
Nota bene : l’objet de cette chronique n’est pas de donner des conseils sur la culture et l’entretien de l’hibiscus rosa-sinensis. Mais vous pouvez en demander car un lecteur peut vous répondre et vous en donner.
Cependant nombre de sites tenus par des professionnels de l’horticulture ne manquent pas, et leurs conseils comptent parmi les meilleurs. Mais ce n’est pas chez eux que vous découvrirez tout ce que je vous ai raconté ?!...
A chacun sa spécificité !....
En espérant vous avoir intéressé … bien à vous.
Jean de la Mainate Octobre 2015
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