VICTORIA AMAZONICA (Poeppig) J.C. Sowerby (La)
VICTORIA AMAZONICA (Poeppig) J.C. Sowerby (La)
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Quelques gravures de la victoria amazonica
Photo 1 : Une lithographie réalisée en 1851 de Walter Hood Fitch (1817-1892) d'après des spécimens de plantes cultivés dans les jardins de Sion et Kew en Angleterre.
Photo 2 : Planche 4275, tirée du volume 73 du ''Curtis botanical magazine'' paru en 1847. Elle est l'œuvre de Walter Hood Fitch. Les descriptions et autres textes l'accompagnant étaient signés de Sir William Jackson Hooker (1785-1865).
Photo 3 : Une autre lithographie de Walter Hood Fitch (1817-1892).
C'est la planche 3 du ''Curtis botanical magazine'', un recueil publié à Londres en 1851 par les éditions Reeve and Benham. Walter Hood Fitch fut l'auteur de plus de 10.000 illustrations de ce genre !....
Les différentes appellations communes de la victoria amazonica :
Au Lanna cette plante d'eau est appelée : Boua-kradogn (?????????). Un mot formé de deux autres mots : boua (???) qui signifie ''lotus'' et qui sert de préfixe à de nombreuses plantes aquatiques; et du mot kradong (??????) utilisé pour désigner de grandes corbeilles à vanner les grains.
Alors il n'est pas impossible que le mot ''kradong'' (??????) ait été choisi par analogie aux feuilles de cette plante, et plus particulièrement leur dessous qui fait penser au tressage de ces corbeilles. (Les photos qui suivent seront plus explicites.)
Une autre hypothèse consisterait à dire que la plante tire son nom de sa ressemblance existant entre ses feuilles qui flottent sur l'eau et les petites corbeilles ou ''krathong'' mise à flot lors des fêtes de Loy krathong et qui sont parfois énormes ?...
Alors la plante se serait – peut-être – d'abord appelée boua-krathong (????????) un mot qui par déformation serait devenu Boua-kradong (?????????) ?...
Pour apporter un peu d'eau à mon moulin j'ajouterai que lorsque j'ai demandé à un quidam thaïlandais de m'écrire en thaï le nom de la plante c'est boua-krathong (????????) qu'il a écrit sur mon bloc note et non boua-kradogn (?????????) ?!...
Ces deux explications étymologiques en valent d'autres, c'est pourquoi si vous en avez une autre elle est la bienvenue.
En France la victoria amazonica est souvent appelée : Le nénufar blanc - le lis des étangs – le nénuphar géant ou le moule à tarte.
En Angleterre : Giant water Lily – Amazon water Lily – Royal water lily – Victoria water lily
En Espagne : Hoja de sol – Ninfa real – Plato de agua – Loto gigante.
Dans les pays d'Amérique du sud, d'où la victoria amazonica est originaire, on trouve les noms de :
Murnura ou Maruru l'un des plus courants, mais il y a aussi …
Lapuna : ce qui signifie pour les indiens de haute Amazonie ''grande poêle en fer et sans queue'', une allusion à ses feuilles.
Yrupe ou Irupé chez les Guaranis, ce qui veut dire littéralement ''le plat d'eau'', toujours par rapport aux feuilles de la plante.
Il y a aussi Abatiyú – Agoape – Aguapé - Iguapé et encore …L'hameçon du diable, un nom qu'on trouve en basse Amazonie. Il doit, vraisemblablement, beaucoup aux Espagnols mais aussi et surtout aux tiges épineuses de la plante.
Photo 1 : L'Allemand Thaddeäus Xaverius Peregrinus Hænke (1771-1832).
Photo 2 : Le Français Aimé Bonpland (1773-1858).
Photo 3 : Le français Alcide Dessaline d'Orbigny (1802-1857).
Les synonymes de la Victoria amazonica :
Ou …
La guerre des noms
La première personne qui a décrit cette plante est l'Allemand Thaddeäus Xaverius Peregrinus Hænke (1771-1832). C'était en 1801.Il se trouvait alors aux abords d'un affluent de l'Amazone, le rio Mamoré. Ses notes ne seront prises en compte que bien longtemps après sa mort. (*)
Dix huit ans plus tard, en 1819, c'est le Français Aimé Jacques Alexandre Goujaud Bonpland (1773-1858) dit Aimé Bonpland (**) qui observe ce type de plante au Paraguay et qui lui donne le nom de Victoria Cruziana. (***)
(*) La description de Hænke correspondait à la plante dont il est question ici et qui prendra donc le nom de Victoria amazonica.
Le dessous des feuilles de la Victoria amazonica est … rouge.
(**) Aimé Bonpland fut compagnon et ami de voyage de l'Allemand Alexandre de Humboldt (1769-1859) de 1799 à 1804 ; lequel, d'après un certain Roguin, négociant de son état et véritable ami de Bonpland, a utilisé les notes de Bonpland à son seul profit. Une amitié vraie d'un côté et intéressée de l'autre ?!...
(***) Par contre la description que fit Aimé Bonpland de sa découverte différait de celle d'Hænke au sujet de la couleur du dessous des feuilles !....
Le dessous des feuilles de la plante qu'il observa était vert et non pas rouge.
De ce fait le nom qu'il donna à la plante, ''Victoria Cruziana'' lui restera attaché et constituera la 2ème espèce du genre Victoria.
La victoria Cruziana n'est donc pas … synonyme de la victoria amazonica, encore que … elle le fut durant un temps … par confusion … mais lisez la suite !... rien n'est simple y compris en botanique.
En 1827 le français Alcide Dessaline d'Orbigny (1802-1857) dans les rivières du Paraná (état fédéral du Brésil), et dans le Rio Mamoré (affluent de l'Amazone) aux abords de la frontière du Paraguay, découvre notre plante et lui donne le nom que Bonpland lui avait attribué, à savoir ''victoria cruziana''. (Il y a donc confusion entre les deux espèces.)
En 1832 le zoologiste et naturaliste allemand Eduard Friedrich Poeppig (1798-1868) découvre à son tour la future ''victoria amazonica'' que les indigènes appellent Mururu. Sitôt découverte il la surnomme ''Euryale amazonica'' parce qu'il lui trouve des points communs avec l'euryale de chine, la fameuse ''euryale ferox''.
Un an plus tard, en 1833, d'Orbigny toujours dans la région se trouve en face de la plante décrite par Hænke et que Poeppig avait surnommée ''Euryale amazonica''.
En mai 1837, l'Allemand Robert Hermann Schomburgk (1804-1865) alors au service des Britanniques découvre la fleur de son compatriote Haenke dans les eaux de la Berbice, une rivière de la Guyane britannique appelée aujourd'hui Guyana. Il la répertorie sous le nom de ''Nymphea victoria'' et en fait moult dessins qu'il enverra en Angleterre avec ses notes sur la région.
En septembre 1837, l'anglais John Edward Gray (1800-1875), célèbre pour ses publications concernant les nouvelles espèces, lui donne le nom de ''Victoria regina''.
A peine trois mois plus tard, en novembre 1837, l'anglais John Lindley (1799-1865) publiant les dessins de Robert Hermann Schomburgk, accompagnés de ses descriptions, baptise la plante ''Victoria regia''.
Il n'en faut pas plus pour que Edward Gray voit rouge et se fâche. Le grand chroniqueur de talent tient à son ''n''.
Une petite ''guèguère'' se déclare alors entre botanistes britanniques, que leur aîné Sir William Jackson Hooker (1785-1865) va raviver en mettant de l'huile sur le feu puisqu'il va proposer d'appeler cette plante … ''Victoria reginae'' !...
Heureusement cette querelle ne fera aucune victime et ne blessera que l'amour propre de l'un ou de l'autre.
James De Carle Sowerby (1787-1871) faisant alors fi des querelles intestines de ses confrères mettra tout le monde d'accord, et voici comment :
En 1850 (*) d'abord, et en 1851 (**) ensuite, il signe deux articles dans ''The annals and Magazine of natural history'' où par égard à l'allemand Eduard Friedrich Poeppig et pour se rapprocher du nom qu'il donna à la plante (Euryale amazonica) il appela celle-ci : ''Victoria amazonica'' Un nom qu'elle porte encore de nos jours après s'être longtemps appelé victoria regia.
(*) Volume VI, chapitre XXXIV, p 310 on the names of the victoria water lily.
(**) Volume VII,p156-157 Victoria regia.
Photo 1 : L'Allemand Eduard Friedrich Poeppig (1798-1868).
Photo 2 : Carte de l'Amazonie situant approximativement les endroits où furent découvertes les différentes Victoria.
L'Amazonie est un bassin de 6.112.000 Km2, soit 40% de la surface de l'Amérique du sud. Quant à l'Amazone qui lui a donné son nom, elle reçoit plus de 7.000 affluents !...
Le tracé de l'Amazone sur cette carte tient compte de la nouvelle source du fleuve officiellement enregistrée en 2001. Il s'agit du torrent d'Apurimac, et non plus la source du Maranon ; ce qui en fait le fleuve le plus long de la planète avec 7.100 Km. (Le Nil 6.670 km.)
Il vient d'être découvert sous l'Amazone, en 2011, à 4.000 m de profondeur un fleuve souterrain coulant en parallèle. Il a été appelé : Hamza.
Photo 3 : L'Allemand Robert Hermann Schomburgk (1804-1865).
Les synonymes:
- Victoria borbonica Buc'hoz
- Euryale Amazonica Poeppig 1832
- Nymphaea victoria Schomburgk 1837
- Victoria regina J E. Gray 1837
- Victoria regalis M.R. Schomb 1837
- Victoria régia Lindley 1837
- Victoria reginae W.J. Hooker 1846
- Victoria amazonum Klotzsch 1847
- Victoria amazonica Planchon 1853
- Victoria argentina Burmeister 1861
- Victoria cruzina d'Orbigny 1840 (Synonyme un temps)
Photo 1 : L'Anglais John Edward Gray (1800-1875)
Photo 2 : L'Anglais John Lindley (1799-1865)
Photo 3 : L'Anglais Sir William Jackson Hooker (1785-1865)
L'origine de la victoria amazonica :
La plante est originaire de l'Amazonie c'est-à-dire de la région équinoxiale d'Amérique du sud. (Région équatoriale où la durée des jours et des nuits est à peu près identique tout au long de l'année.)
Elle est propre à cette région et aucune autre. Il existe bien une espèce asiatique de Chine l'Euryale ferox, dont j'ai déjà parlé, mais ce serait … une parente très éloignée.
Signification du nom :
Victoria : Ce genre a été créé le 9 septembre 1837 par l'anglais John Edward Gray et repris à peine trois mois plus tard, courant novembre 1837 par son compatriote John Lindley.
Chronologiquement John Edward Gray devance John Lindley sur l'emploi de ce genre. Mais c'est à John Lindley qu'est attribuée ''officiellement'' la création du genre ?!... sans doute parce que sa notoriété en botanique éclipsait celle de John Edward Gray ?!...
Toujours est-il que dans les deux cas l'intention des deux hommes était de rendre hommage à leur souveraine … la reine Victoria (1819-1901).
Amazonica : Ce mot est une latinisation du nom ''amazone'', région ''équinoxiale'' d'Amérique du sud d'où est originaire cette plante, comme nous l'avons vu.
Nota bene : Ce nom ''d'Amazone'' a été donné à la région par les espagnols au XVIè siècle parce qu'ils se heurtèrent à des femmes armées aussi farouches et combatives que les hommes.
Dans la mythologie grecque les amazones étaient des femmes guerrières qui s'étaient sectionnées le sein droit pour manier l'arc avec plus d'aisance. C'est de cette mutilation que vient leur nom. (Femme sans sein – en réalité il en restait un.)
J.C. Sowerby est l'abréviation botanique du botaniste et illustrateur James De Carle Sowerby que j'ai aussi vu écrit James De Carl Sowerby ?!... Mais la première orthographe est la bonne.
James De Carle Sowerby (1787-1871)
Les ''Sowerby'' constituent une vraie dynastie de naturalistes et d'illustrateurs. Il ne faut donc surtout pas les confondre et d'autant plus que le … ''notre'' portait le même prénom que son père, et comme lui ... était illustrateur.
Par ailleurs il a poursuivi avec l'aide de George Brettingham Sowerby (1788-1854) son frère, l'œuvre paternel au décès de ce dernier en 1822 … Ce sont donc eux, et non leur père qui ont publié le dernier volume de ''The mineral conchology of Great Britain.'' ; une édition en 7 volumes contenant 650 planches couleurs et qui s'est étalée sur 34 ans … de 1812 à 1846.
James De Carle Sowerby est donc un naturaliste et illustrateur anglais qui dès son jeune âge rêvait de peindre des fleurs. Pour cela il fréquenta l'académie royale des beaux arts tout en recevant une formation de chimiste.
Ses planches firent très vite sa renommée car il utilisait des couleurs vives et avait le don de rendre ses illustrations très attrayantes.
Il semblerait d'après des originaux, qui se trouvent au British Museum, datés de 1803, que sa première série d'illustrations ait été celle qui accompagnait les textes du banquier et botaniste Dawson Turner (1775-1858) que ce dernier publia sous le titre de ''Musicologiae Spicilegium Hibernicae'' en 1804. James De Carle Sowerby avait alors 17ans.
Pour avoir honoré nombre de commandes James De Carle Sowerby publiera peu de son propre chef, mais il signera néanmoins quelques publications d'histoire naturelle personnelles.
En 1838, il a alors 51 ans, il rejoint son cousin, Philip Barne et quelques autres personnes qui sont à l'origine des jardins botaniques royaux de Regents Park. De ce fait il en sera durant 30 ans le secrétaire. Son fils et son petit fils lui succéderont.
Il se retire de la vie publique en 1869 et s'éteint dans sa 84ème année, en 1871.
Photo 1 : ''Analyses'' de la victoria amazonica. Une lithographie de Walter Hood Fitch (1817-1892) datant de 1851. (Wellesley collège library – special collections.). Sir William Jackson Hooker (1785-1865) était l'auteur des différentes analyses qui accompagnaient cette illustration.
Photo 2 : L'Anglais James De Carle Sowerby (1787-1871).
Photo 3 : Une illustration de James De Carle Sowerby réalisée vers ses 45 ans. Il s'agit de la planche 22 du livre ''Tortoises, Terrapins and Turtles'' publié par l'éditeur Henry Sotheran en 1872.
Cet éditeur racheta à Thomas Bell (1792-1880) les planches de sa ''Monographie of the Testudinata'' qu'il avait commencé de publier par souscription entre 1832-1836. Mais ne pouvant mener à terme de son projet, Thomas Bell se vit dans l'obligation de tout arrêter et de tout vendre à Henry Sotheran.
Précisions sur la famille :
La victoria amazonica appartient à la famille des nymphéacées ou nymphaeaceae car c'est une plante aquatique herbacée à rhizome vivace.
Comme toutes les plantes de la famille des nymphéacées elle développe de grandes feuilles orbiculaires flottant à la surface de l'eau et qui sont rattachées à son rhizome par un long pétiole sans ramification.
Sa fleur est grande, régulière et toujours solitaire. Quant à son fruit c'est aussi une baie qui mûrit sous l'eau et dans laquelle se trouvent de très nombreuses graines.
Comme chacune de ces graines est protégée par une espèce de sac, la victoria amazonica est aussi une plante ''angiospermes''.
La famille des nymphéacées ou nymphaeaceae comptent environ quatre vingt espèces qui se répartissent en six genres dont le genre ''victoria'' qui lui regroupe deux espèces seulement, l'espèce ''amazonica'' et l'espèce ''cruziana''.
La classification phylogénétique APG III classe cette famille dans l'ordre des nymphaeales ce qui a pour conséquence de réunir 3 familles et de porter à huit le nombre de genres de cet ordre.
Comme il existe d'autres classifications toutes plus ou moins arbitraires, laissons les botanistes se mettre d'accord sur une classification universelle et revenons-en à notre victoria amazonica.
Photo 1 : Un étang recouvert de feuilles de victoria amazonica.
Photo 2 : Dans le même étang, gros plan sur un pied de victoria amazonica.
Photo 3 : Plan plus général du pied vu précédemment en gros plan. Cette photo permet de mettre en évidence l'importance de la longueur des pédoncules des feuilles.
Description de la victoria amazonica
La victoria amazonica est une plante herbacée vivace à rhizome d'où s'élèvent des pédoncules dits lisse, c'est-à-dire sans ramification, mais qui sont recouverts sur toute leur longueur et pourtour d'épines dures d'environ 1 à 2 cm.
La feuille de la victoria amazonica possède un très long pétiole qui peut dépasser les 2 mètres, son limbe n'a que quelques millimètres d'épaisseur, 2 mm environ ; le premier flottent dans l'eau et le second à la surface de l'eau.
La feuille, de forme circulaire, est dotée sur sa circonférence d'un rebord avoisinant les 10 à 20 centimètres de haut, ce qui lui donne visuellement l'aspect d'un moule à tarte.
Plus le rhizome est profond, plus le pédoncule est long et plus le diamètre de ce moule à tarte est conséquent. Une victoria amazonica dans un étang peu profond produira de petites feuilles ; dans le cas contraire le diamètre de la feuille peut aller jusqu'à trois mètres, voire plus.
Photo 1 : Une feuille en devenir vue de dessus. Les épines de sa surface extérieure sont parfaitement visibles.
Photo 2 : Une feuille ''adulte'' vue de dessus. Les échancrures (opposées) de son rebord permettraient l'évacuation des eaux de pluie. Les nervures de son dessous lui donnent un aspect gaufré.
Photo 3 : Une chromolithographie de William Sharp (1803-1875) du dessous de la feuille de la victoria amazonica. Cette illustration faisait partie d'un article intitulé ''Victoria Regia or the Great Water Lily of America'' imprimé et publié pour l'auteur, John Fisk Allen (1785-1865) par Dutton and Wentworth, à Boston en 1854.
Nota : Le dessous de la feuille de la victoria amazonica est de couleur rouge.
Photo 4 : Un gros plan sur une partie du dessous d'une feuille morte, qui vient d'être retirée de son étang. La saleté couvre la couleur rouge, mais les épines et les alvéoles se distinguent aisément.
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Ce limbe d'un beau vert tendre repose sur un réseau de nervures, dont les huit ou dix principales sont disposées à intervalles réguliers comme les rayons d'une roue de bicyclette. (Voir la gravure.)
C'est l'extrémité du pédoncule, d'où naissent et partent ces huit nervures, qui joue le rôle de l'axe de la roue car il se situe très exactement au centre de la feuille.
Des nervures secondaires s'entrecroisent et relient ces ''rayons'' entre eux, là encore de façon régulière. (Voir la photo ci-dessus)
Comme le pédoncule toutes ces nervures sont recouvertes d'épines dures d'environ 1 à 2 cm.
Ce sont ces nervures qui permettent à la feuille de flotter et qui donnent au limbe son aspect gaufré.
Cet espèce de radeau végétal est capable de supporter des charges relativement lourde, mais à la condition de bien les répartir sur la surface du limbe, qui n'est pas très épais, (2 mm environ) et de le protéger pour éviter qu'il se crève.
En respectant ces conditions, le personnel du jardin botanique de l'université de Gand en Belgique, a pu mettre une charge de 114 kilos sur une feuille d'un diamètre de 2 m 75 sans l'endommager !....
Les pédoncules des feuilles ne sont pas rigides. Ce qui signifie que lorsqu'un étang se vide la plante s'affaisse.
Photo 1 : Un ensemble de boutons floraux qui ne fleuriront que tour à tour et non en même temps et … à au moins cinq jours d'intervalle.
Photo 2 : Gros plan d'un bouton floral.
Photo 3 : Une fleur de victoria amazonica dans son état mâle, et à quelques heures de sa fin de vie.
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La fleur de la victoria amazonica est une fleur solitaire et nocturne. Autrement écrit, s'il y a plusieurs boutons floraux sur une plante, un seul d'entre eux viendra à éclosion en début de soirée. Et en général cinq jours s'intercalent entre l'ouverture de deux boutons. Dans tous les cas une fleur ne vit que trois jours.
La fleur est dite régulière ou actinomorphe ce qui signifie que ses pétales, entre 50 et 70, sont disposés régulièrement autour d'un axe. C'est aussi une fleur hermaphrodite ou bisexuée, c'est-à-dire possédant tout à la fois un organe femelle, (entre 30 et 40 carpelles.) et un organe mâle (150 à 200 étamines.).
Cette fleur d'environ 35 à 40 centimètres de diamètre est reliée à la plante par un pédoncule de 15 à 20 centimètres faisant un diamètre de 2 cm5 environ. Comme les sépales de forme triangulaire, dont le nombre varie entre 4 et 7, ce pédoncule est hérissé d'épines dures. (Je n'ai vu que des boutons floraux à 4 sépales ?!... mais j'ai bien lu entre 4 et 7 sous la plume d'auteurs dignes de foi.)
Photo 1 : Le premier jour en début de soirée, les sépales s'ouvrent et la fleur s'épanouit en diffusant un parfum dont l'odeur serait proche de celles de l'ananas et de la vanille, certains écrivent de l'abricot. Cette odeur va attirer des coléoptères porteurs de pollen dont ils ont été imprégnés par une fleur voisine de la même espèce quelques heures auparavant.
Lorsque les pollinisateurs sont à l'intérieur de la fleur, celle-ci se referme sur elle-même, et de ce fait les retient prisonniers. Ces hôtes pendant la nuit, et malgré eux, vont féconder les stigmates de la fleur en déposant leur pollen sur ces derniers. C'est l'allopollinisation.
Au petit matin, à la surface de l'eau, la fleur est alors de couleur blanche, ses pétales sont relevés et retiennent toujours captif les pollinisateurs.
Photo 2 : Le deuxième jour, en fin de matinée et au fil des heures, de l'état ''femelle'', la fleur passe à l'état ''mâle''. Ce qui signifie que les stigmates ayant été fécondés, les anthères des étamines vont prendre le relais en libérant progressivement leur pollen afin qu'il se dépose sur les pollinisateurs, toujours prisonniers à l'intérieur de la fleur.
Ce revirement sexuel s'accompagne visuellement par un changement de couleur des pétales de la fleur qui passent alors du blanc au rose. Parallèlement à ce changement de couleur la fleur s'ouvre et va laisser apparaître un cœur d'un très beau rose tyrien.
En début de soirée la fleur sera entièrement rose (C'est en fait un camaïeu de roses.) et les coléoptères, des scarabées de l'espèce ''Cyclocephata castaneal'', (Tout du moins en Amérique du sud - mais il y aurait de par le monde une quarantaine d'espèces qui seraient aptes à ce genre d'exercice) vont pouvoir aller ''butiner'' une autre fleur du type victoria amazonica.
Photo 3 : ''Le temps aux plus belles choses se plaît à faire un affront …'' écrivait le poète … Pierre Corneille, et … il avait raison car … au troisième jour la fleur n'est plus qu'une épave qui va s'enfoncer dans l'eau comme pour couver son fruit.
Le fruit de la victoria amazonica est une sorte de baie spongieuse d'environ 15 cm. de diamètre, soit la grosseur d'une belle pomme, recouverte d'épines descendantes.
A maturité la baie se rompt de façon irrégulière et laisse échapper des graines enveloppées d'un arille. L'arille est un genre de sac plus ou moins épais, voire pulpeux, dont la fonction est de protéger la graine.
Dans la province de Corrientes, au nord-est de l'Argentine et en face du Paraguay, les indigènes les mangent après les avoir rôties. Ils ont d'ailleurs baptisées ces graines ''Maïz del agua'' c'est-à-dire ''Maïs d'eau''.
Ces mêmes indigènes se teignent les cheveux en noir avec le jus des rhizomes de la victoria amazonica.
Le petit plus :
Ou …
Le saviez-vous ?... Moi pas ! Mais … maintenant je le sais.
La victoria amazonica fut au centre d'une véritable compétition ''scientifico-aristocratique'' et … à l'origine du ''Crystal Palace'' ou ''Palais de Cristal'' qui fit l'orgueil des Britanniques lors de la première exposition universelle en 1851.
En ce temps là, c'est-à-dire au début du XIXe siècle, à défaut de briller grâce à leurs faits d'armes certains grands d'Angleterre rehaussaient leur prestige en étant les premiers à importer, cultiver ou, voir fleurir des plantes exotiques.
La victoria amazonica leur donna l'occasion de s'affronter et surtout … bien du fil à retordre !...
C'est en 1837 que les premiers pieds de la victoria amazonica, furent envoyés en Angleterre par l'Allemand Robert Hermann Schomburgk (1804-1865) depuis la Guyane Britannique. Hélas … tous crevèrent en cours de route !...
En 1846, donc 9 ans plus tard, un certain Bridges, flairant la bonne affaire décide tout bonnement d'aller chercher des graines là où il y en avait, c'est-à-dire en Amazonie. A son retour il les vend aux plus offrants. Alors vingt-cinq d'entre elles seront achetées par le directeur du jardin botanique royal de Kew.
Deux seulement germeront mais dans les deux cas le germe passera de vie à trépas presque aussitôt après sa naissance !...
En 1848, c'est un médecin anglais qui envoya des rhizomes et des graines en Angleterre. Mais les premiers arrivèrent putréfiés et les secondes s'obstinèrent à ne jamais germer.
En 1849, à Georgetown, la principale ville de Guyane britannique, quelques sujets de sa gracieuse Majesté se cotisèrent pour financer une expédition en vue de collecter quelques pieds de la précieuse fleur. C'est ainsi que 35 rhizomes seront expédiés dans les meilleures conditions en Angleterre. Mais … pas un ne survivra au voyage !...
Parallèlement, ou presque, deux médecins anglais, Hugues Rodie et Luckie vont envoyer eux, des graines précieusement immergées dans de l'eau pure, au jardin botanique royal de Kew.
Ces graines arriveront le 28 février 1849 et 6 d'entre elles germeront un mois plus tard, le 23 mars très exactement. Elles se développeront … anormalement à cause de l'espace qui leur était accordé… mais se développeront.
Le 3 août 1849, Joseph Paxton (1803-1865) le jardinier en chef de William Cavendish, 6ème duc de Devonshire, s'en voit confier un exemplaire, qu'il va aller cultiver tout aussitôt à Chatsworth, propriété du duc de Devonshire.
Photo 1 : Une gravure parue dans le ''London News'' le 17 novembre 1849. Joseph Paxton pour porter au paroxysme l'émerveillement de ses visiteurs demandait à sa fille Annie de monter sur une feuille de la plante.
(L'illustrateur a triché quelque peu, sans un support Annie passe au travers de la feuille.) (Cependant, cette feuille au limbe de 2 mm d'épaisseur pouvait supporter d'après Paxton … 130 kilos !...)
Photo 2 : Sir Joseph Paxton (1803-1865)
Photo 3 & 4 : La serre d'une luminosité ''exceptionnelle'' pour l'époque, et qu'aucun architecte n'avait réussi à obtenir avant Sir Joseph Paxton.
Joseph Paxton n'a pas que des talents de jardinier, c'est un observateur, un anticipateur et aussi, un architecte paysagiste. Alors dès qu'il est en possession du plant de la victoria amazonica il n'aura de cesse qu'à reconstituer au mieux les conditions vie amazoniennes de la plante, dans sa serre.
Pour cela, il commence par doubler la surface du bassin où se trouve la plante, et ensuite il va améliorer au fur et à mesure la luminosité de sa serre au moyen d'éléments … que nous appelons aujourd'hui … préfabriqués et qui à l'époque étaient une révolution architecturale dont le mérite revient à … Joseph Paxton.
Suite aux travaux détaillés précédemment, le 1er octobre 1849 Joseph Paxton obtient une feuille d'un diamètre de 1,20 m, le 15 octobre de … 1,34 m et le 2 novembre alors que la feuille atteint 1,435 m (7 cm 62 de moins que celles décrites par Schomburgk) un premier bouton apparaît.
Alors, ce sera le 8 novembre 1849 que fleurira pour la première fois sur le continent européen, mais en Angleterre, une … victoria amazonica.
Le 14 novembre 1849 (*) Joseph Paxton, au nom et pour le plus grand honneur de William Cavendish, 6ème duc de Devonshire, offrira à la reine Victoria … une fleur et une feuille de la victoria regia, (C'est ainsi qu'on l'appelait encore en 1849.) ce qui lui vaudra d'être anobli et de s'entendre appeler Sir Joseph Paxton.
Le 10 avril 1850 une seconde victoria amazonica fleurit chez le duc de Northumberland. La même année une autre s'ouvrira à Gand chez le célèbre horticulteur belge Van Houtte.
Ce pied lui avait été remis par Sir Joseph Paxton le 26 mai et provenait d'une graine née … en Angleterre, dans sa serre.
Aucun des auteurs que j'ai lus ne parlent du jardin botanique royal de Kew et de l'amertume, pour ne pas écrire de l'humiliation, que son directeur a du ressentir à l'époque !...
Les graines avaient germé chez lui, les plants venaient de chez lui, mais les fleurs étaient d'abord apparues dans les serres de … ses confrères ... et néanmoins … amis, tout du moins je le suppose !...
Pour arriver à ses fins et à contenir un bassin de 10 mètres de diamètre, Joseph Paxton avait fini par construire une serre entièrement en verre de 18,28m de long sur 14,32m de large et 3,5m de haut, constituée d'éléments préfabriqués juxtaposables, à savoir, des cadres aussi peu épais que possible à l'intérieur desquels était inséré un verre.
Aucun architecte avant lui n'avait réalisé un espace aussi lumineux et eu l'idée de ce type d'assemblage. Cette serre exceptionnelle commencée fin 1849 fut achevée en avril 1850.
Pour avoir conçu cette serre il se verra confier l'édification d'un bâtiment du même type mais dans des proportions gigantesques, pour l'exposition universelle de 1851 de Londres. (*)
Cette construction ''révolutionnaire'' pour l'époque fut érigée à Hyde Park. Elle mesurait alors 560 m de long sur 124 m de large et dans sa plus grande hauteur elle atteignait 39m sans obstacle. La surface au sol de ce lieux d'exposition avoisinait les 70.000 m2 et du fait de sa surface vitrée de … 84.000 m2 la bâtisse fut appelée le ''Crystal Palace'' qui, aujourd'hui n'existe plus.
Démonté et reconstruit avec quelques modifications ce témoin d'une nouvelle architecture termina son existence en 1936 victime d'un incendie.
Qui aurait pu penser qu'une plante venue d'Amazonie allait être à l'origine d'une prouesse technique et d'une révolution en architecture ?... le Crystal Palace !... Sir Joseph Paxton ?... Cela m'étonnerait beaucoup, mais … après tout pourquoi pas ?!...
En tout cas, la fleur de la victoria amazonica fut à l'époque comme le point d'orgue de la domestication de la nature au moyen de la technologie … britannique !... dont le Crystal Palace fut le phare incontesté mais … très, très critiqué, surtout par les critiques d'art !...
Il faudra attendre 1855, année de la 3ème exposition universelle, qui se tiendra à Paris, pour que les Français puissent alors admirer, eux aussi, la … victoria amazonica.
(*) L'idée de Paxton fut retenue parce qu'elle favorisait la luminosité donc l'éclairage naturelle, il n'y avait pas encore d'éclairage électrique à l'époque.
Paxton n'a conçu le projet que dans ses grandes lignes. Nombre d'architectes travaillèrent à ses côtés pour des raisons techniques afférents à la solidité et la sécurité. Ensuite, 5000 ouvriers, très mal payés paraît-il, œuvrèrent pendant 8 mois, de septembre 1850 à avril 1851 à la construction du … palais, un record jamais réalisé auparavant.
Photo 1 : Crystal Palace vue en façade.
Photo 2 : Inauguration du Crystal Palace par la reine Victoria le 1er mai 1851.
Photo 3 : L'intérieur du Crystal Palace.
A Paris Victor Baltard présentera son projet définitif pour les halles en 1854.
Il avait remporté le concours en 1848. S'est-il inspiré de Paxton ou l'idée des vitrages était-elle déjà dans l'air ?...
Et pour terminer dans la bonne humeur une petite devinette :
En supposant qu'une feuille de victoria amazonica puisse doubler de surface chaque jour. En combien de jours recouvrira-t-elle entièrement un étang de 12.000 m2 si au bout de 29 jours elle en a recouvert 6.000 m2 ?....
Pour vous aider, ou vous perturber un peu … qui sait ?... à un moment donné sa surface était de …2 m2 9.296.875
La réponse est dans le texte, il vous suffit de bien lire.
Y aurait-il des victoria amazonica à Chiang- Maï ?...
La victoria amazonica n'est pas une plante du Sud-est asiatique et encore moins du Lanna. Alors que vient-elle faire dans merveilleuse Chiang-Maï ?...
Si j'ai écrit cette chronique c'est parce qu'il est tout à fait possible de pouvoir admirer les fleurs de cette plante à Chiang-Maï et même dans Chiang-Maï intra muros puisque je l'ai découverte au Wat Chet Lin ou Djet Lin, (??????????) le Wat des sept jets d'eau.
D'ailleurs toutes les photos de cette chronique ont été prises par Monsieur Louis Chu ou moi-même au Wat Chet Lin, un Wat qui possède un étang dans lequel pousse des victoria amazonica.
Ce Wat est dans la même rue et du même côté que le Wat chedi Luang, très exactement au 69/1 rue Phrapokklao (??? ??????????) alors si vous voulez en voir de visu il n'en tient qu'à vous.
Il n'est pas rare de voir dans la cour d'un temple un, ou des, moines ''passer'' le balai pour ramasser les feuilles mortes jonchant le sol.
Par contre il est beaucoup plus rare de voir sur un étang d'un temple des moines ramasser des feuilles mortes en barque ?!... comme c'est le cas au Wat Chet Lin vers les 17 heures.
Réponse à la devinette :
Les chiffres n'étaient là que pour vous induire en erreur. Si la feuille double de surface chaque jour, elle recouvrira l'étang en 1 jour.
Etonnant tout ça non ?...
Personnellement si on m'avait dit qu'une fleur d'Amazonie me conduirait au Palais de cristal de Londres via le Wat Chet Lin de Chiang-Maï, je ne l'aurai jamais cru !
Et vous ?...
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