MerveilleuseChiang-Mai

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MAISON KALÊ (2/3 & 6/12) : L’EMPLACEMENT DES ARBRES AUTOUR D’UNE MAISON KALÊ - EST


MAISON KALÊ (2/3 & 6/12) :

 

L'EMPLACEMENT DES ARBRES AUTOUR D'UNE MAISON KALÊ.

 

                                                       L'Est

 

 

                                              Avertissement :

Cette Chronique et les suivantes concluent une première série de chroniques concernant la maison kalê :

 

          1/ ''Musée des maisons traditionnelles du Lanna 1 & 2 ''

                                          2/ ''La maison kalê ''

3/ ''L'emplacement des arbres autour d'une maison kalê '' 3 & 4''

 

Alors pour mieux ''goûter'' ce qui va suivre, je vous conseille de jeter un œil sur les chroniques précédentes. Mais ce n'est qu'un conseil !....

    

 

Pour associer plus intimement le lecteur au contenu de cette chronique il doit savoir que la culture du Lanna est la résultante de trois composantes, l'animiste, le brahmaïsme et le bouddhisme, les deux dernières étant à leur départ, intimement liées.

 

Comme ces trois composantes cohabitent en bonne intelligence, tous les actes sociaux se réfèrent à chacune d'elle en permanence, au point qu'on ne peut dire si c'est l'animisme qui s'est accommodé du bouddhisme ou le contraire.

 

Compte tenu de ce qui précède, la construction d'une maison doit se conformer à un certain nombre de rites, que nous avons détaillé dans les chroniques précédentes ; et les arbres qui seront plantés autour de cette maison ne peuvent l'être qu'en conformité à cette tradition qui découle de nos trois composantes … l'animisme, l'hindouisme et le bouddhisme.

 

     

 

 

Photo 1 : Maison Kalê ''Phaya Pong Lanka'' du musée des maisons traditionnelles de Chiang-Mai.

Photo 2 : Schéma d'implantation des arbres de bon augure autour d'un habitat.

Photo 3 : La porte Thaphae, la porte Est de Chiang-Mai en 2009 vue depuis l'Est, c'est-à-dire la place Thaphae.

 

 

 

LES ARBRES DE BON AUGURE :

 

 

Avertissement :

 

Au Lanna, et en Asie du Sud-est, de nombreux critères entrent en ligne de compte pour planter un arbre de bon augure, entre autres le calendrier duodénaire (Horoscope chinois).

 

Ainsi il serait plus favorable de planter un manguier dans l'année du buffle que dans celle du Lapin.

Ensuite, le bon développement comme les bonnes influences de ce manguier dépendent aussi du jour et de l'heure de sa plantation.

 

Comme il serait trop long et fastidieux de prendre en considération tous ces critères, alors cette chronique ne concernera que l'arbre et sa position autour de l'habitat.

 

Par ailleurs, comme pour valider ce qu'ils écrivent sur les ''croyances ancestrales'', nombre d'auteurs de blogs thaïs se réfèrent au ''Feng Shui'' (ฮวงจุ้ยเสริม) (*), une œuvre d'origine chinoise, en faisant table rase des héritages animistes, brahmaniques et bouddhiques ?!...

 

J'ai fait le contraire car je pense que les royaumes constituant la Thaïlande, dont le Lanna, (**) doivent beaucoup plus à l'Inde, via les Môns, qu'à la Chine ; ce qui n'éliminera pas ce que j'ai trouvé sur l'influence chinoise, bien évidemment.

 

 

(*) Le ''Feng Shui'' est un traité chinois vieux de plus de 4.000 ans dont l'objet est de développer l'art et la manière d'aménager la nature autour de soi pour un meilleur bien être, une bonne santé et aussi … connaître la prospérité.

En lisant les blogs thaïs, il ne fait aucun doute que la plupart des auteurs s'appuient sur le ''Feng Shui'' sans savoir ce dont il s'agit.

(**) Le Nord Vietnam ou Tonkin, fait peut-être, exception ?!...  

 

 

     

 

 

Image n° 1 : Le plan de la maison kalê ''Phaya Pong Lanka'' du musée des maisons traditionnelles de Chiang-Mai.

Image n° 2 : Un ''Mercure'' khmer ou Boudha en terre cuite de Terra cotta (Porte Chiang-Mai) sur son vāhana, un lion.

Image n° 3 : Le zodiaque occidental avec Mercure dans les signes qu'il gouverne, c'est-à-dire le signe des Gémeaux et le signe de la Vierge.

 

 

 

L'Est : (ทิศตะวันออก)

 

L'Est est une direction de bon augure.

Dans la maison kalê c'est à l'Est que se situe la chambre des parents, les autels de, Bouddha, des ancêtres et des esprits ; ainsi que l'aire de réception des invités.

Un escalier monte d'Est en Ouest et non le contraire.

 

Pour tous les bouddhistes Bouddha est associé à l'Est. De ce fait la plupart des temples, pour ne pas écrire tous car il y a toujours une exception qui confirme la règle, font face à l'Est.

 

C'est en faisant face à l'Est, que Siddharta Gautama est entré en méditation et qu'il a accédé au suprême et complet éveil, c'est-à-dire qu'il est devenu un Bouddha parfait et accompli.

 

 

C'est la planète Mercure qui aspecte l'Est de Chiang-Mai. Cette planète gouverne deux signes, celui des gémeaux, un signe double et un signe d'air ; et celui de la vierge, un signe double et un signe de terre.

 

En Inde Mercure correspond à la Navagrāha (*) Budha qu'il ne faut pas confondre avec Bouddha à l'origine du bouddhisme. En Thaïlande Budha porte le nom de Phra Phout (ระพุธ). Il appartient à la caste des Vaisyas, c'est-à-dire de ceux qui produisent les richesses par le biais du commerce et de la finance. Les couleurs se rapportant à cette caste sont le bleu et jaune (Gémellité oblige). (Les Thaïlandais ont associé ces deux couleurs et adopté le vert pour le mercredi.)

   

Astrologiquement les plantes associées à Phra Phout (Mercredi) sont :

Le bambou (ไผ่), la papaye (มะละกอ), le Lotus royal (บัวหลวง), le jasmin  (มะลิ) et bien d'autres encore.

 Les pierres sont : L'émeraude (มรกต), le jade (หยก) et le grenat vert (โกเมนสีเขียว).

 

 

(*) ''Navagrāha'' littéralement : ''nava'' = neuf et ''grāha'' = saisisseur, preneur, d'où … les neuf saisisseurs ou les neuf planètes.

La ou le ''grāha'' sert à désigner une fonction vitale comme la vue, le souffle, les mains, entre autres, mais c'est aussi le nom d'une coupe servant à des sacrifices ; Dans le cas présent la ou le ''grāha'' est comme un contenant qui appréhende les sens humains, ou qui s'impose aux organes sensoriels des hommes, donc qui les influence dans leur vie. C'est ce que sont censées faire les planètes aux dires des astrologues occidentaux.

 

 

 

Les arbres qu'il convient de planter à l'Est d'une maison sont :

 

1/ Le bambou : (Phaï-sisuk - ไผ่สีสุก)

Il existe plus de 40 genres de bambou et plus de 1.000 espèces dont 600 rien que pour l'Asie et une trentaine pour la Thaïlande. Mais le ''phaï-sisuk'' concerne le bambusa flexuosa décrit par le colonel anglais Munro en 1869 et qui aujourd'hui porte le nom de ''phyllostachys flexuosa (Carrière) A & C. Rivière''.

 

Au Lanna et en Thaïlande, le mot ''phaï'' désigne le bambou et ''sisuk'' l'espèce. ''Sisuk'' se compose de deux mots : สุก qui s'écrit plutôt สุข (la phonétique ''suk'' est la même dans les deux orthographes) et qui signifie bonheur et félicité ; le mot ou préfixe ''si'' vient renforcer cette signification. Ce type de bambou est donc un symbole de prospérité et de félicité suprême.

 

Le bambou est à la fois un aliment (jeunes pousses) une plante d'ornementation et un matériau de construction.

 

Le bambusa flexuosa est originaire de la Chine du Sud mais des provinces côtières, du Viêt-Nam, du Laos, du Cambodge, de la Thaïlande et du nord de la Malaisie. Il peut atteindre 6 à 10 mètres de haut, et ses tiges ou chaumes, d'un diamètre variant entre 2 et 4 centimètres, ploient sans se casser, ou très rarement.

 

Ces tiges sont de couleur verte à l'ombre et deviennent jaune au soleil. Ce bambou a été introduit à Paris en 1864.

 

Le bambou est aussi un symbole de grâce surnaturelle, de force, de sagesse et de loyauté. (Mieux vaut le planter, paraît-il, un samedi.)

 

Dans l'espoir de prospérité et de félicité il n'est pas rare de voir, à la porte d'une entreprise ou d'un bureau, deux pots (Gémellité oblige) d'où s'élèvent … des tiges de bambou du type ''bambusa flexuosa''.

 

     

 

 

                           Le phyllostachys flexuosa (Carrière) A & C. Rivière.

                             (Le nouveau nom botanique du bambusa flexuosa)

Gravure 1 : Une planche détaillant le Bambusa flexuosa Munro 1868. Il s'agit de la planche 74 du 2ème volume de l'Atlas d'Edmond Gustave Camus (1852-1915) ''Les bambusées'' paru en 1913 à Paris.

Photo 2 : Quelques bambous ''ressemblant'' au bambusa flexuosa, mais dont je me garderai bien de le certifier.

Image 3 : Quelques éléments séchés du Phyllostachys flexuosa (Carrière) A & C. Rivière appartenant à l'herbier du jardin botanique de Saint Louis - Missouri.

 

 

 

2/ Le cocotier : (Ma-phrao - มะพร้าว)

Le cocotier appartient à la famille des ''arecacées'' (arecaceae) ou ''palmacées'' (palmaceae).  Une famille qui compte près de 200 genres et plus de 2.500 espèces.

 

Le cocotier appartient au genre ''cocos'' et à l'espèce ''nucifera'', un genre qui n'a qu'une seule espèce. Autrement écrit le ''cocos nucifera  L. (1753)'' est le nom botanique du cocotier.

 

C'est une ''herbe'' qui peut atteindre 20 ou 25 mètres de haut et dont la longévité peut dépasser les 100 ans. Elle a de nombreux points communs avec le bambou qui lui aussi est une herbe.

Ces individus n'ont pas de tronc mais un stipe.

 

Comme le bambou, son ''bois'' entre dans diverses constructions, son bourgeon terminal ou ''chou palmiste'' se mange, la décoration s'en sert et la sève qui s'écoule de ses bourgeons se transforme en vin de palme après fermentation.

 

En conclusion, le cocotier comme le bambou ont servit l'ingéniosité humaine et lui ont permit d'asseoir et de bâtir quelques civilisations. 

 

Enfin, rappelons que la noix de coco est l'une des offrandes élémentaires qui est déposée aux pieds des dieux ou de Bouddha. Elle est aussi symbole de fertilité.

 

     

 

 

                                                Le ''cocos nucifera  L. (1753)''

                     1/ L'arbre – 2/ sa fleur et ses fruits en formation – 3/ son fruit.

 

 

 

3/ Le crataeva Linnaeus ou  crataeva religiosa - Kum-name (กุ่มน้ำ).

Cet arbre est originaire de l'Asie du sud-est, l'Inde, le Japon, les Philippines et l'Australie. Il peut atteindre une quinzaine de mètres de haut et développer un tronc de 15 à 30 centimètres de diamètre.

C'est un bois dur à grain fin et serré.

 

Les feuilles du crataeva sont dotées d'un long pétiole où se rattachent trois feuilles (feuilles trifoliées). Elles sont aromatiques, bien qu'un peu amères, et favorisent une bonne digestion.

 

Les fleurs naissent en corymbes.

Ces inflorescences sont tout à la fois axillaires et terminales. Le calice de la fleur se compose de 4 sépales et la corolle de quatre pétales.

Le fruit est une baie globuleuse.

 

Entre autres noms du crataeva : crataeva magna (Lour) DC.   

 

Le caractère sacré du crataeva religiosa remonte à la nuit des temps.

 

D'après certains textes bouddhiques ce serait sous cet arbre que le 16ème bouddha du passé, Piyadassi, aurait trouvé l'éveil. (*)

 

En Sanskrit cet arbre porte le nom de ''Varuna'', un nom qui désigne l'un des dieux les plus importants du védisme. Avec le temps Varuna a perdu quelques unes de ses prérogatives, mais il demeure le dieu des océans, des rivières et … des ''âmes noyées''. Comme il est servi par les nagas, ces ''âmes noyées'' ne seraient-elles pas comparables aux spermatozoïdes contenu dans le sperme ?!... c'est-à-dire aux gamètes destinés à donner naissance à un œuf ?... donc à la vie ?!...

 

En Inde la ville de Villenour, près de Pondichéry, dont le nom en tamoul serait Vivanallûr, signifie ''le beau village des Vilvas'' ou ''la bonne ville de Crataeva''. Dans cette ville s'élève un sanctuaire ou Çiva (Shiva) moitié-homme, moitié femme est adoré sous les traits de Kamiça dont la particularité est de redonner la fécondité aux femmes stériles.

 

En Inde, le bois du crataeva, compte parmi les 22 bois de bon augure servant à fabriquer, ou à entrer dans la composition, des objets protecteurs comme … des amulettes. Son nom en sanskrit ''varana'' signifierait … empêchement, obstacle et rempart …. contre les ennemis, le mal et les démons, cela va de soi !...

 

Du fait de ce qui précède le crataeva est l'arbre sacré de Shiva (Çiva) ses feuilles sont utilisées lors des cérémonies en l'honneur de ce dieu. C'est aussi l'arbre sacré de Rahu, la navagrāha qui régit le Sud-ouest de Chiang-Mai ; et l'arbre près duquel Bouddha se serait séché après son bain est un ''crataeva religiosa''.

 

En 1786 le crataeva Linnaeus est devenu le Crataeva religiosa G. Forest. (Kum-name - กุ่มน้ำ).

L'analyse du nom thaïlandais n'est pas inintéressante.

Ainsi, le mot ''kum'' signifie tout à la fois, mine, trou et puits ; et ''name'' eau. Ce trou d'eau, ou puits d'eau, fait-il référence au lieu où Bouddha se serait baigné puis séché près d'un … crataeva ?... 

 

Ce sont des feuilles de crataeva qui sont déposées le mardi dans les excavations destinées à recevoir, le jour faste, les pilotis de la maison kalê.

 

 

(*) Les listes des Bouddha du passé sont fort nombreuses. Il s'agit ici de la liste des 27 Bouddhas du passé. Des bouddhas que le bouddha actuel Gautama, le 28ème de cette liste,  aurait rencontrés lors de ses différentes réincarnations. Dans le cas présent Gautama fut en présence du Bouddha Piyadassi sous les traits du brahmane Kassapa.

 

 

 

Conclusion :

Les qualificatifs qui résument au mieux les caractères d'exceptions de ces arbres sont : fertilité, prospérité et félicité.

 

     

 

 

Gravure 1 : Cette planche 176, présentant un crataeva religiosa, est extraite de l'œuvre de Francisco Manuel Blanco (1778/80-1845). Cette dernière, intitulée ''Flora de Filipinas'' est parue entre 1881 et 1883.

Photo 2 : Un bouquet de feuilles du crataeva religiosa - (Photo : frynn.com)

Photo 3 : Deux fleurs du crataeva religiosa - (Photo : frynn.com)

 

 

 

L'astrologie et l'Est de Chiang-Mai :

(La maison kalê est une réplique de Chiang-Mai de ce fait l'est de Chiang-Mai est symboliquement similaire à l'Est de la maison kalê.)

 

C'est la planète Mercure ou la navagrāha Budha, qui en Thaïlande porte le nom de Phra Phout (ระพุธ), qui aspecte l'Est de Chiang-Maï.

 

Mercure gouverne le signe des gémeaux, un signe double et un signe d'air. De ce fait ce signe est sujet aux changements, aux revirements inattendus et aux contradictions les plus alambiquées.

Mercure gouverne aussi le signe de la vierge, un signe double et un signe de terre. Cette fois il va être à l'origine de décisions carrées, comme par exemple la rédaction de traités commerciaux, pour lesquels il pourra se montrer très, pour ne pas écrire … trop … tatillon.

 

Mercure symbolise un jeune et bel éphèbe dont la beauté et l'ambigüité sexuelle fait des ravages auprès des deux sexes. Il touche à tout, et se contredit en toute bonne foi. C'est le maître de la duplicité qui a le don d'étourdir ses interlocuteurs pour obtenir d'eux ce qu'il désire.

Dans la mythologie il réussira à endormir Argus ou Argos, un géant doté de cent yeux qui n'en fermait que 50 pour dormir.

 

Certains peuples arabes le nomment ''Dobbar'' ou ''Debar'' ce qui signifierait ''la parole''. Ninurta, chez les Sumériens-akkadiens, qui fut l'un des plus anciens archétypes de Mercure possédait une massue appelée ''Sharur'', dont la particularité était d'être douée de la parole ?!...

 

Mercure tient un caducée, symbole de la finesse de jugement (diagnostique), une bourse qui signifie qu'il est comptable de biens matériels et immatériels ; et les ailes qu'il porte sur son pétase (coiffe) et à ses sandales confirment sa célérité.

 

De ce qui précède, le commerce, (Marchand est un mot qui vient de Mercure) le tourisme, l'information, la politique sont autant de cordes à son arc, mais les cordes sont doubles du fait de la duplicité de ce dieu.

 

 

Budha qu'il ne faut pas confondre avec Bouddha à l'origine du bouddhisme appartient à la caste des Vaisyas, c'est-à-dire à la 3ème caste, celle qui produit les richesses par le biais du commerce et de la finance et qui, pour ces raisons, ''nourrit'' la cité ; dans le cas présent : nourriture matérielle et nourriture … spirituelle, gémellité oblige. Les couleurs de cette caste sont le bleu et le jaune, gémellité oblige.

 

En Inde Budha a pour père Chandra, la Lune (*). Sa mère varie selon les textes. Pour l'un d'eux ce serait Tara (*), et pour un autre, Rohini (**), encore un aspect de la gémellité. Dans le premier cas c'est l'intelligence née de l'esprit.

 

Comme Mercure il est beau. Alors de ce fait il est aussi appelé ''Vishnu-Rupi'', ''rupi'' signifiant prendre la forme ou la beauté de Vishnu (Rohini); c'est aussi, aujourd'hui, un mot spécifiant qu'une femme est belle ?!...

 

Budha est le messager des dieux. (Mercure est la planète la plus rapide des planètes rapides). Il a quatre bras, tient une épée, une massue, un bouclier et un vase.

Le lion est son vāhana.

 

 

(*) La Lune est alors considérée comme étant du genre masculin. En Inde elle passe souvent d'un genre à l'autre.

(**) Tara est une étoile que la Lune ''Chandra'', alors du genre masculin, a enlevé aux précepteurs des dieux, Brihaspati, (Jupiter) dont elle était la femme, pour en faire sa maîtresse. Elle est aussi la puissance de l'Embryon-d'or c'est-à-dire la somme de tous les corps subtils. (Alain Danielou)

(***) Rohini est l'une des 27 filles de Daksha, dit l'art rituel ; car cet officiant maîtrise à la perfection les techniques qui mettent les hommes en contact avec les dieux.

 

 

 

En Thailande Phra Phout (ระพุธ) chevauche un éléphant, l'animal le plus sacré des animaux sacrés. Sa couleur est le vert, et Phra Phout, comme Indra, le dieu des dieux, est représenté de couleur verte.

 

Bien évidemment, Budha n'est pas Bouddha, mais tout est fait pour les confondre. Un seul exemple, le lignage du texte m'y oblige : Phra Phout (ระพุธ) correspond au mercredi et Bouddha serait né un … mercredi ?!....

 

      

 

 

                                                 Mercure selon les traditions:

Photo 1 & 2 : Mercure attachant ses talonnières (sans doute après avoir tranché la tête d'Argus ou Argos.) Ces deux œuvres sont exposées au Louvre. La première est de Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785) et date de 1753 ; la seconde de François Rude (1784-1855) et fut fondue par Soyez et Ingé en 1834.

Photo 3 : Une sérigraphie de Phra Phut prise sur un tee-shirt vendu sur les marchés de Chiang-Mai..

Photo 4 : Une représentation de Budha trouvée sur le Net.

 

 

 

L'Est symbole de vie :

 

Lorsque le soleil se lève, il darde la terre de ses rayons et comme par magie la vie renaît. De ce fait, et pour d'autres raisons, l'Est est associé au sexe masculin. C'est à, et de l'Est, que naît la vie.

 

A l'entrée des viharns et ubosots, il y a toujours, ou presque, de part et d'autre de l'escalier central un Naga ou Nak. (*) C'est-à-dire un animal mythique amphibien qui dans la cosmologie bouddhique symbolise le feu intérieur, c'est-à-dire la virilité à l'état brut.

Cette créature peut se comparer à un spermatozoïde. Car comme lui il recherche une terre fécondante, et comme lui il va donner vie à un embryon ; lequel est destiné à se développer et à permettre la naissance d'une espèce vivante.

 

Mais tandis que cette … ''espèce vivante'' … est destinée à mourir, l'embryon n'a pas connu la mort. Le spermatozoïde a créé une vie, et cette vie en a permis une autre.

 

 

(*) Dans le bouddhisme les postulants à l'ordination, c'est-à-dire les candidats qui n'ont pas encore prononcé leurs vœux de chasteté sont appelés ''Naks'' (นาคะ) c'est-à-dire Naga. Ces Naks vont devoir maîtriser leur virilité par le biais de la chasteté ; ce sont alors des êtres comme en état de … transformation … ou … de germination, et l'ubosot où ils seront ordonnés est comme une matrice d'où sortira un serviteur du bouddha dont certains resteront moine à vie.   

 

 

 

L'Est est aussi un symbole de victoire.

Après son éveil Bouddha médita durant 7 semaines. A chaque méditation il prenait place dans une direction bien précise, mais en faisant toujours face à l'arbre de la bodhi ou de l'éveil.

 

L'Est correspond à sa cinquième semaine de méditation. Cette étape porte le nom d'Achapala Nikhrot (อชปาลนิโครธเจดีย์) c'est-à-dire du nom de l'arbre sous lequel médita bouddha, un ficus bengalensis ou Nyagrodha en sanscrit.

 

Durant cette semaine de méditation les filles du tentateur … Mara, la personnification des passions humaines à sublimer, vont s'employer à aguicher le Bouddha pour le faire faillir.

 

Leurs efforts seront vaincs, car bouddha triomphera de leurs tentatives   de séduction, et ce seront de vieilles femmes qui retourneront auprès de leur père, Mara.

Dans cet exemple, la chasteté triomphe de la luxure.

 

Sous Tilokaraja (1441-1487) (พระเจ้าติโลกราชะ) il existait au Chedi Luang une force de dissuasion impitoyable. Cette machine de guerre était constituée de 8 éléphants dotés chacun de super pouvoirs … magiques ou … psychologiques.

 

L'éléphant de L'Est ''Faisentao'' (ไฟแสนตำ), moyennant offrandes et formules magiques, était soi-disant capable de mettre en déroute plus de 100.000 hommes en bivouac.

Dans cet exemple, Chiang-Mai a le pouvoir de triompher de ses ennemis.

 

L'Est est donc bien symbole de vie, et de victoire.

 

      

 

 

   La porte Thaphae a été reconstruite lors des années 1985/1986.

 

Photo 1 : La porte avant les travaux. On devine une statue en très mauvais état, s'agissait-il d'une représentation du génie de la porte, c'est-à-dire  Surakkhito (สุรกขิโต) ?...  

Photo 2 : La structure en béton armé qu'un habillage de briques, soi-disant un peu plus grandes que celles d'origine, recouvrira.

Photo 3 : Le mur en cours d'achèvement.

 

Ces trois photos sont de Monsieur Boonserm Satrabhaya (1928) (บุญเสริม สาตราภัย)

    Photographe et journaliste du journal local d'alors : ''Khon Muang Newspaper''.

                    L'une de ses dernières parutions : ''Chiang Mai in Memories''

 

 

     

 

 

         La porte Thaphae et son rempart en 2008 vus depuis la place Thaphae

La reconstruction du mur aurait été le fruit d'une collaboration entre les beaux arts de Bangkok et l'université de Chiang-Mai et … d'après des photos datant de 1899. Sur l'une de ces photos (voir ci-dessus) apparait une statue qu'on ne retrouve pas dans la réalisation finale ?!...

La porte Thaphae est l'un des rares lieux sans sa maison de l'esprit protecteur.

 

 

 

L'Est et Chiang-Mai des temps anciens :

 

 

Nota bene : Par souci d'efficacité lorsqu'il sera question de gémellité, il sera fait usage de ce symbole (θ).

 

 

 

L'Est de Chiang-Mai a donc été mis sous la protection de Mercure. Le lieu représentatif de l'Est est la place Thaphae (ท่าแพ), ou la porte Thaphae (ประตูท่าแพ).

 

Dès sa création, sur le tiers central de son rempart Est, et de part et d'autre de celui-ci, Chiang-Mai a été constitué par deux quadrilatères qui sont pratiquement jumeaux (θ) lesquels se sont affirmés, et précisés au cours des siècles.

 

De ce fait pour accéder au quadrilatère situé à l'intérieur de la ville, il fallait d'abord pénétrer dans le quadrilatère extérieur à la ville. Leur porte était pratiquement dans le même alignement et la route qui les reliait partait du fleuve. Cette route porte aujourd'hui le nom de rue Thaphae ou Thanon Thaphae (ถนน ทาแพ).

 

 

Le quadrilatère extérieur s'inscrivait dans un vaste no man's land délimité à l'Est et à son Nord par le rempart et la douve de Chiang-Mai, et à l'Ouest et son Sud par un talus en terre, haut de deux ou trois mètres, qui épousait le cours de la Mae Kha (แม่ข่า) ; une des sept rivières sacrées venant de la montagne.

 

Aujourd'hui la Mae Kha ressemble plus à un déversoir d'eaux usées qu'à une rivière, mais elle existe toujours et ses eaux devraient être clarifiées ou purifiées d'autant que son cours ne manque pas de charme.

 

Le talus ou glacis n'est plus ce qu'il était mais il en reste encore quelques vestiges. Ils sont visibles entre la rue Loï khro et la rue Thaphae. A noter que ce Glacis n'allait pas d'un bout à l'autre du parcourt de la rivière. Ce ne devait donc pas être un second rempart.

 

La rue Kamphaeng din (กำแพงดิน), qui se traduit par ''la rue qui longe le mur (Kamphaeng) de terre (din) '' (1), relie ces deux rues en suivant le tracé de cet ancien mur de terre, ou le cours de la Mé Kha.

 

 

La porte Thaphae, qui a donné son nom à la place, n'est pas le nom d'origine de la porte. Le nom d'origine, c'est-à-dire du temps de Mengraï en 1296, était la porte Chiang-Ruak (ประตูเชียงเรือก).

 

C'était la porte par où le peuple pouvait entrer ou sortir de la cité, la porte Mun Muang (มุลเมือง) la porte réservée au peuple. (2)

 

Cependant, avant de recevoir ces noms elle aurait eu, du temps des Luas (3), c'est-à-dire bien avant le XIIIe siècle celui de ''Patu Xang Leuk'' ou ''luak'' ?... c'est-à-dire la porte (Patu) de l'éléphant (Xang) qui enlève, détruit et installe (Leuk) (θ) (4) ou de l'éléphant du pont de bambou ?...ou encore de l'éléphant qui conduit au village de bambou, voire du débarcadère ?!...

 

 

(1) Ce glacis aurait été construit pour contenir les débordements du fleuve d'à côté, c'est-à-dire la Mé Ping.

 (2) le mot ''mun'' (มุล) a au moins quatre significations dont 1/- première, fondamentale, origine, 2/- valeur, 3/- déjection 4/- le nom d'une constellation.

Ces significations peuvent conduire à écrire que cette ''porte Est'', est la première porte de la ville de par son trafic ; et que c'est donc la porte la plus importante matériellement, parce qu'elle est réservée au peuple y compris celui de basse extraction.

Les autres portes, celles de Chiang-Mai intra-muros, n'étaient réservées qu'à un certain type de dignitaires, le roi pour celle du Nord, les ministres pour celle du Sud et les religieux pour celle de l'Ouest.

(3)  La chronique du Mahāthera Fa Bot, traduite par Camille Notton, donne à penser que Mengraï aurait édifié Chiang-Mai, non seulement sur les ruines d'une ville Lua, mais pratiquement à l'identique de cette cité ?!... ce qui n'est pas sans poser quelques questions ne serait-ce qu'au niveau de l'architecture !…

(4) Camille Notton définit ''leuk'' par enlever, installer et détruire. (θ) Mais il n'est pas improbable que ''leuk'' vienne de ''luak'' (ลือก), qui pourrait être une déformation de ''ruak'' (ือก), (les ''r'' et les ''l'' au Lanna, sont souvent confondus au niveau de la prononciation). ''Leuk'' aurait alors désigné le nom d'un village … ou, c'est mon avis, un débarcadère. Mais le débat reste ouvert, car nul n'a la science infuse.

 

 

       

 

 

Photo 1 : La Me Kha aux abords de la rue Loï Khro. 

Photo 2 : Un plan de Chiang-Mai de la fin du XIXe siècle. Il montre bien le peu de voies de circulation et la rareté des grandes installations humaines.

Photo 3 : Un croquis du plan de la ville d'aujourd'hui indiquant :

1/ La porte Thaphae intérieure (ประตูท่าแพชั้นใน) (*) - 2/ La porte Thaphae extérieure (ประตูท่าแพชั้นนอก) - 3/ La porte Laï Kheng (ประตูหล่ายแคง) - 4/ la porte Keaw Kom (ประตูข้วก่อม) - 5/ la porte Haï Ya (ประตูไหยา).

Photo 4 : Le mur de terre ou glacis que longe la rue Kamphaeng din (กำแพงดิน).

(*) La porte Thaphae a pris ce nom sous le 7ème règne de la dynastie ''Kawila'', c'est-à-dire sous le roi Inthawichayanon (1873-1896).

 

 

Comme écrit plus haut, la porte qui aujourd'hui s'appelle … porte Thaphae fut tout d'abord nommée la porte Chiang-Ruak (*), et c'est son homologue (θ) qui lui faisait face à l'entrée du quadrilatère hors les murs, qui portait le nom de ''porte Thaphae chan nok'' (ประตูท่าแพชั้นนอก) (**) c'est-à-dire la porte du débarcadère (Tha – ทา) pour radeaux (Phae – แพ) voire embarcations à fond plat car le fleuve n'est pas très profond en période de sécheresse, qui viennent de très loin (nok – นก) ; le mot ''nok'' servant à mettre l'accent sur les grandes distances.

 

Autrement écrit c'était par la voie fluviale, en l'occurrence la Mae Ping, que tout ce qui venait de l'extérieur arrivait à Chiang-Mai. Le réseau routier était alors inexistant hormis quelques rares pistes, dont le chemin menant à Lamphun, la ''Rome bouddhique'' du royaume de Mengraï.

 

Les voyageurs, les marchandises, les nouvelles, et tout ce qui pouvait se parer d'un peu d'exotisme débarquaient non loin de la porte Thaphae nok.

 

Naturellement le quadrilatère hors les murs prit le nom de marché Chiang-Ruak. Des marchés s'y installèrent et parfois des troupes y bivouaquèrent.


Deux ethnies (θ) avaient la main mise sur ce vaste marché, les Hos (Haws) des chinois musulmans venant du Yunnan  (Dali) dont les caravanes comptaient couramment jusqu'à 1.000 mulets et les Ngiaos ou Thaï Yaï des états Shans (Birmanie) qui eux arrivaient à la tête de caravanes composées d'environ 7.000 mulets !...  sans oublier les 3.000 bœufs qui faisaient la jonction avec Lampang.

 

Bref !... cet endroit était ''grouillant de vies'' et les différents arrivages nourrissaient, les résidants de la ville intra-muros et des environs.

 

La nourriture était spirituelle ou intellectuelle quand il s'agissait de prêcheurs bouddhiques ; et matérielle quand il s'agissait de biens de consommations.

 

 

(*) Le nom de la porte Chiang-Ruak signifie la porte de la ville forte (Chiang - เชียง) qui conduit au village de bambou (ruak - เรือก), la définition de ruak étant : latte de bambou.

Mais le mot ''rua'' (เรือ) qui perd sa lettre finale ''k'' () signifie : bateau, embarcation et radeau qui pour la plupart d'entre eux étaient fait en … bambou ?!...

Alors s'agit-il d'un village de bambou ou d'un quai où viennent accoster nombre d'embarcations en bambou ?... Il est difficile de le dire, d'autant qu'aujourd'hui le thaïlandais s'est accommodé de la langue yuon dont la prononciation n'est pas tout à fait la même !... Alors il est tout à fait loisible de penser qu'il s'agit d'un village ou plus simplement de l'embarcadère situé sur la rive du fleuve ''Mé Ping''.

(**) La porte Thaphae du quadrilatère hors les murs, qui aujourd'hui a disparu, se situait au croisement de la rue Thaphae et de la rue Kamphaeng din, juste à côté du Wat Saen Fang (วัดแสนฝาง) dont le nom signifie le Wat (วัด) des nombreux (แสน)  Caesalpinia sappan (ฝาง), un arbuste d'une dizaine de mètres dont le bois rouge et les racines jaunes servent en teinturerie, et ses autres constituants en médecine.

 

 

 

L'Est et Chiang-Mai au temps présent :

 

Hier comme aujourd'hui l'Est a les mêmes prérogatives, et la symbolique de Mercure est plus présente que jamais.

 

1/ Mercure et sa bourse : (Biens matériels et immatériels)

C'est à L'Est de Chiang-Mai que se situe le Kad Luang (กาด หลวง) ou grand marché, un lieu qui regroupe trois des plus anciens et principaux marchés de jour de la ville :

Le talat Nawarat (ตลาดนวรัฐ) ou kad Chek Hô (กาดเจ๊กโอ้ว) (*) spécialisé dans les objets manufacturés et biens de consommation ; le talat ton lamyai (ตลาดต้นลำไย) (**) un grand marché de fruits et légumes et le talat Warorot (ตลาดวโรรส) (***).

 

C'est aussi à l'Est que se déploie dans la soirée le marché de nuit ou ''Night bazar'' (ไนท์บาซาร์) un composite de petits marchés, dont les plus grands sont le marché Anusarn, et le marché Galare.

 

Enfin tous les dimanches, Place Thaphae et rue Ratchadamnoen (ราชดำเนิน) située dans le quadrilatère intra-muros, ainsi que dans les rues perpendiculaires à cette grande artère, a lieu le marché du dimanche. (Avant de se développer rue Ratchadamnoen, le marché du dimanche occupait la rue Thaphae dans le quadrilatère hors les murs (θ)).

 

A noter que les premières grandes surfaces (Carrefour devenu Big C  - Auchan racheté par Makro se sont ouvertes à l'Est de Chiang-Mai.

 

C'est encore sur l'axe constitué par la rue Thaphae et le début de la rue Ratchadamnoen que les grandes banques Thaïes ont élu domicile, sans oublier les nombreux bureaux de changes, les cabines ATM et … le musée de la monnaie rue Ratchadamnoen.

Les banques sont au moins aussi nombreuses, sinon plus, que les Wats.

 

 

(*) Nawarat (ตลาดนวรัฐ) (1911-1939) nom du 9ème et dernier souverain de la dynastie des Chao Chet Ton ou Kawila de Chiang-Mai, et Chek Hô (เจ๊กโอ้ว), littéralement Chinois Hô ou Haw du Yunnan (Chinois musulmans caravaniers) qui autrefois avaient établi en cet endroit leurs commerces.

(**) Ton lamyai (ต้นลำไย) nom de l'arbre fruitier donnant le fruit dit lamyai.

(***) Warorot (ตลาดวโรรส) (1901-1909) nom du 8ème et avant dernier souverain de la dynastie des Chao Chet Ton de Chiang-Mai. (Nawarat a bien succédé tout aussitôt à Inthawarorot mais le décret royal signé par Rama VI officialisant l'événement ne l'a été qu'en 1911 – Rama V étant décédé en 1910. Il n'a donc pas été officiellement roi entre 1909 et 1911 … tout en l'étant).

 

 

    

 

 

Photo 1 : Le 13 février 1968 un incendie détruisit entièrement le talat Warorot et le talat ton lamyai dont les locaux étaient en bois de teck.

(En arrière plan il doit s'agir du pont qui conduit au Wat Ket Karam (วัดเกตการาม).

Photo 2 : L'installation de fortune du Kad Luang après l'incendie de février 1968 !...

Photo 3 : Vraisemblablement le bas de la rue Chang Moï qui déjà semble être à sens unique.

 

Ces trois photos sont de Monsieur Boonserm Satrabhaya (1928) (บุญเสริม สาตราภัย)

    Photographe et journaliste du journal local d'alors : ''Khon Muang Newspaper''.

                    L'une de ses dernières parutions : ''Chiang Mai in Memories''

 

 

 

2/ Mercure et son caducée : (Les remèdes)

C'est dans ces deux quadrilatères, l'intra-muros et le hors les murs (θ), que se trouvent le plus grand nombre de … pharmacies et de boutiques paramédicales. On ne voit qu'elles. Je mets hors course les dentistes qui ne manquent pas non plus, car Mercure n'a rien à voir avec les dents, encore qu'il lui soit possible de diagnostiquer une rage de dent.

 

 

3/ Mercure et ses petites ailes : (Voyages & hébergements)

Le trafic fluvial fut durant des années pratiquement le seul moyen transport en commun avec les caravanes. Vers les années 1920 ces moyens de transport se sont estompés au profit du trafic routier et ferroviaire, eux aussi … transports en commun.

 

La gare routière principale, la gare Arcade (สถานีอาเขต) et la gare ferroviaire sont à l'Est de Chiang-Mai ; et aux environs du marché Kad Luang, il existe de nombreuses stations où des songthaews (véhicules à deux banquettes de différentes couleurs) relient les villages voisins à Chiang-Mai. (Il y en a aussi aux autres portes mais en bien moins grand nombre ; tout se passe à l'Est.)

 

Le transport individuel s'est aussi développé et  … principalement … du côté de l'Est.

 

Dans la rue Ratchadamnoen (Quadrilatère intra-muros) (θ) et au-delà du pont Nawarat, dans le prolongement de la rue Thaphae, (rue Charoen Muang – เจริญเมือง) il y a pléthore de concessionnaires automobiles, les plus grandes marques sont représentées ; et rue Charoen Muang moult magasins vendant des pièces détachées (roues, batteries, y compris des mobylettes et des vélos.) se succèdent sans discontinuer de part et d'autre de celle-ci.

 

Mercure est aussi un messager. C'est tout à côté du pont Nawarat que s'est ouverte la première poste. Son bâtiment abrite aujourd'hui le musée philatélique ; en face de ce musée une nouvelle poste a été construite … la poste Mae Ping. Mais la poste principale de Chiang-Mai se trouve au 402 de la rue … Charoen Muang, c'est-à-dire tout à côté de la gare ferroviaire donc, toujours à l'Est.

 

Compte tenu des lignes qui précèdent, c'est en toute logique que le parc hôtelier et les guest-houses se soient développées à l'Est ; ce qui ne signifie pas qu'il n'y ait pas de lieux d'hébergement ailleurs qu'à l'est, mais c'est à l'Est qu'il y en a le plus et que se trouvent les plus grands hôtels.

 

Disons un mot du tout beau et tout nouveau ''Office du tourisme'' datant de 2013 qui s'élève tout à côté du pont Nawarat mais qui hélas, n'est pas l'endroit où il faut aller pour avoir un renseignement fiable, mais l'accueil y est très sympathique ; et cet office a le mérite d'exister en attendant mieux.

 

       

 

 

Photo 1 : La gare de Chiang-Mai, une photo de Monsieur Boonserm Satrabhaya.

Cette gare doit dater des années 1920/25. Il n'existe aucun document concernant la date exacte de sa mise en service, par contre on sait que pour creuser le tunnel de Khun Tan (อุโมงค์ขุนตาน) donnant accès à Chiang-Mai il a fallu 11 ans – de 1907 à 1918.

A noter que les voies ferrées de gauche ont été supprimées au bénéfice de la rue Charoen muang qui conduit à San Kamphaeng.

Photo 2 : La gare en 2014

Photo 3 : La gare de Chiang-Mai en 1952, une photo de Monsieur Boonserm Satrabhaya.

 

 

 

4/ Mercure et la parole :

La plus grande école de langue de Chiang-Mai, l'AUA (American Université Alumni) Language center, ouverte depuis 1985 se tient à une centaine de mètres de la porte Thaphae. On y apprend l'anglais et le thaïlandais. (θ)

 

Les meetings politiques ont aussi lieu place Thaphae, et avec mon esprit mal placé je ne doute pas que la langue de bois (θ) soit la reine de ces rencontres. 

 

C'est aussi dans ces quadrilatères que se sont ouvertes des boutiques de ventes ou de prêts de livres … internationaux.

 

 

5/ Mercure symbole de beauté et d'ambigüité :

Il se passe toujours quelque chose place Thaphae, c'est à la fois un lieu de festivité et de devoir.

 

A l'occasion de fêtes en tout genre, les concours de Miss, de Men et même de femmes aux formes rebondies ne manquent pas.

 

En soirée c'est un endroit de rencontres pour âmes seules où l'argent prime sur les sentiments et où le mélange des genres est une composante comme une autre.

 

Quelques heures plus tard, vers les cinq ou six heures du matin, ce sont les dévots qui viennent déposer leurs offrandes dans des bols à aumônes que présentent les moines de passage.

 

Bref !... il se passe toujours quelque chose place Thaphae, chacun y trouve ce qu'il vient y chercher à la condition d'y aller à la bonne heure.

 

 

Conclusion : La symbolique de L'est de la ville de Chiang-Mai a toujours été la même au fils des siècles et est semblable à celle de la maison kalê. L'infiniment petit se retrouve dans l'infiniment grand et vice-versa, en tout cas pour la cosmologie bouddhique.

 

 

Et pour finir … n'oublions ni … les bouddhas de la semaine, en particulier ceux du mercredi, jour de Phra Put ou Mercure, et ni Phra Attharot !... 

 

       

 

 

Photo 1 & 4 : Les bouddhas de la semaine du Wat Doï Saket. (θ)

1/- Celui du matin, Phra Oum Bath (พระอุ้มบาตร) Bouddha portant le bol à aumône

4/- Celui de l'après midi, Phra Pa Riraï (พระป่ารีรายก์)  Bouddha faisant sa retraite dans la forêt de Riraï ou Lelaï. (Présence de l'Eléphant)

Photo 2 & 3 : Phra Chao Attharot (พระเจ้าอัฏฐารส) du Wat Chédi Luang, Bouddha arrêtant l'épidémie ou les cataclysmes susceptibles de s'abattre sur Chiang-Mai. C'est le Bouddha de la victoire sur … Mara.

Photo 3 : Une peinture murale style néo-Lanna de 2014, de Phrom Haripong (พจน์ หริพงศ์) extraite d'une fresque dédiée à Chiang-Mai. Elle est à découvrir au nouveau Viharn Inthakhin du Wat  Chédi Luang.

 

 

Pour lire la suite vous reporter à la rubrique :

 

03 CULTURE & TRADITIONS - MAISON KALÊ (3/3 & 7/12)

 



17/04/2014
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