MerveilleuseChiang-Mai

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MAISON KALÊ (4/3 & 8/12) : L’EMPLACEMENT DES ARBRES AUTOUR D’UNE MAISON KALÊ - SUD


MAISON KALÊ (4/3 & 8/12) :

 

L'EMPLACEMENT DES ARBRES AUTOUR D'UNE MAISON KALÊ.

 

                                                       Le Sud

 

 

                                                 Avertissement :

Cette Chronique et les suivantes concluent une première série de chroniques concernant la maison kalê :

 

            1/ ''Musée des maisons traditionnelles du Lanna 1 & 2 ''

                                             2/ ''La maison kalê ''

3/ ''L'emplacement des arbres autour d'une maison kalê '' 3 & 4''

 

Alors pour mieux ''goûter'' ce qui va suivre, je vous conseille de jeter un œil sur les chroniques précédentes. Mais ce n'est qu'un conseil !....

    

 

Pour associer plus intimement le lecteur au contenu de cette chronique il doit savoir que la culture du Lanna est la résultante de trois composantes, l'animiste, le brahmaïsme et le bouddhisme, les deux dernières étant à leur départ, intimement liées.

 

Comme ces trois composantes cohabitent en bonne intelligence, tous les actes sociaux se réfèrent à chacune d'elle en permanence, au point qu'on ne peut dire si c'est l'animisme qui s'est accommodé du bouddhisme ou le contraire.

 

Compte tenu de ce qui précède, la construction d'une maison doit se conformer à un certain nombre de rites, que nous avons détaillé dans les chroniques précédentes ; et les arbres qui seront plantés autour de cette maison ne peuvent l'être qu'en conformité à cette tradition qui découle de nos trois composantes … l'animisme, l'hindouisme et le bouddhisme.

 

     

 

 

Photo 1 : Maison Kalê ''Heaun Oui Kaew'' du musée des maisons traditionnelles de Chiang-Mai.

Photo 2 : Schéma d'implantation des arbres de bon augure autour d'un habitat.

Photo 3 : La porte ''Chiang Maï'' en 2008 vu depuis le Sud hors les murs.

 

 

 

LES ARBRES DE BON AUGURE :

 

 

Avertissement :

 

Au Lanna, et en Asie du Sud-est, de nombreux critères entrent en ligne de compte pour planter un arbre de bon augure, entre autres le calendrier duodénaire (Horoscope chinois).

 

Ainsi il serait plus favorable de planter un manguier dans l'année du buffle que dans celle du Lapin.

Ensuite, le bon développement comme les bonnes influences de ce manguier dépendent aussi du jour et de l'heure de sa plantation.

 

Comme il serait trop long et fastidieux de prendre en considération tous ces critères, alors cette chronique ne concernera que l'arbre et sa position autour de l'habitat.

 

Par ailleurs, comme pour valider ce qu'ils écrivent sur les ''croyances ancestrales'', nombre d'auteurs de blogs thaïs se réfèrent au ''Feng Shui'' (ฮวงจุ้ยเสริม) (*), une œuvre d'origine chinoise, en faisant table rase des héritages animistes, brahmaniques et bouddhiques ?!...

 

J'ai fait le contraire car je pense que les royaumes constituant la Thaïlande, dont le Lanna, (**) doivent beaucoup plus à l'Inde, via les Môns, qu'à la Chine ; ce qui n'éliminera pas ce que j'ai trouvé sur l'influence chinoise, bien évidemment.

 

 

(*) Le ''Feng Shui'' est un traité chinois vieux de plus de 4.000 ans dont l'objet est de développer l'art et la manière d'aménager la nature autour de soi pour un meilleur bien être, une bonne santé et aussi … connaître la prospérité.

En lisant les blogs thaïs, il ne fait aucun doute que la plupart des auteurs s'appuient sur le ''Feng Shui'' sans savoir ce dont il s'agit.

(**) Le Nord Vietnam ou Tonkin, fait peut-être, exception ?!...  

 

 

     

 

 

Image n° 1 : Le plan de la maison kalê ''Heaun Oui Kaew'' du musée des maisons traditionnelles de Chiang-Mai.

Image n° 2 : Un ''Jupiter'' khmer ou Brihaspāti en terre cuite de Terra cotta (Porte Chiang-Mai) sur son vāhana, un éléphant … blanc.

Image n° 3 : Le zodiaque occidental avec Jupiter dans le signe qu'il gouverne, c'est-à-dire le signe du Sagittaire.

 

 

 

Le Sud : (ทิศใต้)

 

Le sud est une direction neutre.

 

En général la maison kalê est orientée de telle manière que la ou les véranda(s) font face au sud. Mais il arrive que la ou les véranda (s) fassent face au Nord comme dans la maison ''Heaun Oui Kaew''.

 

C'est à l'abri de la véranda Ouest que les garçons viennent courtiser les jeunes filles de la maison, que les enfants font leurs devoirs, qu'on mange, et que tout un chacun se détend et/ou exerce un petit métier artisanal.

 

C'est aussi à l'abri de la véranda Est que les parents reçoivent leurs hôtes, et s'adonnent aux petits métiers artisanaux.

 

C'était, mais c'est encore, dans le Sud de Chiang-Mai qu'œuvrent de nombreux artisans.

 

 

Les astrologues ont mis le Sud de Chiang-Mai sous la protection de Jupiter. Cette planète gouverne le signe du Sagittaire, un signe de feu et un signe double ; c'est-à-dire un feu dont les flammes s'élèvent dans l'espace de façon continue, mais aux formes à chaque fois différentes pour chacune d'elle.

 

Il y a dans ce symbolisme l'idée d'une création en perpétuelle activité visant l'expansion, et, en renouvellement constant … dans la mesure où le foyer de base est alimenté … évidemment !...

 

En Inde c'est Brihaspāti ou Bruhaspāti voire Brhaspāti ou encore Vrihaspāti, c'est-à-dire le seigneur (pāti) de la prière (Brih ou Vrih) qui est le ''pendant'' de ''notre'' Jupiter ; il est le chef de file des navagrāhas.

 

Brihaspāti aurait obtenu ce privilège de Shiva parce que durant quelques mille ans il se serait ''consacré'' à le prier. A noter que dans le panthéon Indien il y a des dieux au-dessus de … ''Jupiter''.

 

 

En Thailande Brihaspāti porte le nom de Phra Pharuhat (พระพฤหัสบดี) le dieu du jeudi et la planète Jupiter, Pharuhat sabodi (พฤหัสบดี). Le vāhana de Phra Pharuhat est un renne.

 

Astrologiquement les plantes associées à Phra Pharuhat (Jeudi) sont :

Le Moringa (มะรุม), l'amaryllis (ว่านสี่ทิศ), l'oiseau de paradis (ปักษาสวรรค์) et bien d'autres encore.

 

Les pierres sont : L'opale orange (โอปอล), la calcite orange (Lapis-lazuli) (ไพฑูรย์), le chrysobéryl œil de chat (Phaïe-thoune) (ไพฑูรย์), le Grenat orange (โกเมนสีส้ม). C'est pourquoi la couleur du jeudi en Thaïlande est … l'orange.

 

 

(*) ''Navagrāha'' littéralement : ''nava'' = neuf et ''grāha'' = saisisseur, preneur, d'où … les neuf saisisseurs ou les neuf planètes.

La ou le ''grāha'' sert à désigner une fonction vitale comme la vue, le souffle, les mains, entre autres, mais c'est aussi le nom d'une coupe servant à des sacrifices ; Dans le cas présent la ou le ''grāha'' est comme un contenant qui appréhende les sens humains, ou qui s'impose aux organes sensoriels des hommes, donc qui les influence dans leur vie. C'est ce que sont censées faire les planètes aux dires des astrologues occidentaux L'expression sanscrite ''varada mudra'' désigne une position symbolique et codifiée de la main dont la signification est la remise d'une faveur ou d'un don.

(**) Le mot ''mudra'' est le terme générique pour désigner tous les gestes rituels de la main ; et celui de ''varada'' précise le geste dont il s'agit.

Dans le cas présent, le bras droit doit être à demi plié, la main droite ouverte avec les doigts dirigés vers le sol et sa paume tournée vers l'avant.

 

 

 

Les arbres qu'il convient de planter au Sud d'une maison sont :

 

1/ Le manguier ou mangifera indica Lin : Ton ma-mouang (ต้นมะม่วง).

Le manguier est un arbre qui appartient à la famille des ''anacardiacées'' (anacardiaceae) ex famille des ''térébinthacées''  (térébinthaceae) d'où l'on tire des essences. Cette famille compte plus de 70 genres et plus de 600 espèces.

 

Le manguier est généralement l'arbre fruitier qui en Asie du Sud-est est le plus cultivé, on en voit partout à Chiang-Mai.

 

La hauteur de cet arbre varie entre 12 et 15 mètres, voire plus ; ses branches poussent en s'étalant, de ce fait elles créent des zones d'ombres favorables aux artisans qui s'adonnent à un ouvrage en position assise.

 

Cette aire ombragée est d'autant plus satisfaisante que l'arbre maintient sous sa ramure un degré d'hygrométrique très agréable.

 

Une concentration de manguiers coupe des vents violents mais est préjudiciable à la culture potagère car les légumes ont besoin du soleil. C'est pourquoi les vergers de manguiers sont souvent en dehors des villages et non à l'intérieur.

 

 

Les feuilles du manguier, alternes entières et épaisses, sont d'un beau vert, aux nervures bien marquées, surtout la centrale. De forme oblongue et acuminée à leur extrémité elles mesurent une quinzaine de centimètres de long sur 3 ou 4 centimètres de large.

 

Le manguier développe des fleurs de petites tailles, de couleur rosâtre, d'environ 1 centimètre de long dont la corolle ne dépasse pas les 5 ou 6 millimètres de diamètre. Ces fleurs naissent sous forme de panicules terminales.

 

Ce sont des fleurs polygames, c'est-à-dire qu'il y a sur un même arbre des fleurs hermaphrodites et unisexuées, dioïques (Deux individus arbres) et pentamères ; elles possèdent 5 sépales, 5 pétales, 5 étamines dont une seule est fertile. Leur ovaire est uniloculaire (une loge unique) et uniovulé (un seul ovule).

 

Le manguier fleurit et fructifie pratiquement tout au long de l'année. Son fruit  se présente sous la forme d'une drupe  contenant un gros noyau extérieurement très fibreux.

 

La chair du fruit est d'un goût agréable et en capacité de produire du vin, de l'alcool et du vinaigre.  

 

En Inde, le manguier est un arbre sacré, il fut aussi un arbre de la Bodhi. C'est sous un manguier que Némi-nātha, le 22ème Jina (Jaina) ou guide trouva l'illumination. (*)

 

 

(*) Le 24ème et dernier Jina, Mahāvira ou Vardhamāna fut contemporain de Bouddha. De ce courant philosophique hindoue naquit le ''jaïnisme'' ou ''jinisme'' qui existe toujours.

 

 

Son bois est sacré, il est employé pour les sacrifices. Au Malabar il sert exclusivement pour les crémations de grands personnages.

 

Ce sont des feuilles de manguier que les brames plongent dans l'eau lustrale pour les bénédictions, des feuilles qui sont aussi symbole de plénitude  et de fertilité.

 

Dans les contes indiens il est souvent question d'Indra assis sous son manguier d'or avec à son côté Airāvata. Mais ce manguier n'est pas à confondre avec le ''Pārijatā'' ou ''Parichat'' ?... c'est-à-dire l'arbre céleste sorti de la mer de lait et représenté dans nombre d'illustrations consacrées au Swarga (สวรรค์) ou paradis d'Indra appelé aussi ''daowadeung'' ou ''Tāvatimsa'' !...

 

 

Les bouddhistes se sont aussi appropriés de cet arbre, par exemple des guirlandes et des colliers de fleurs ou de feuilles de manguier sont déposés au pied et/ou au bras d'images bouddhiques.

 

Au Cambodge les poteaux de bois à raies rouges et blanches plantés à l'occasion de fêtes et de mariages sont surmontés d'un bouquet de feuilles de … manguier ; le Srān-préah-srān ou ''baignade des saints'' s'opère sous un … manguier.

 

 

La littérature bouddhique ne manque pas d'exemples confirmant l'attachement du manguier et de son fruit à sa tradition.

 

Edouard Chavannes (1865-1918) traducteur du tripitaka chinois, écrit dans le 408ème jataka (conte) …

''… le roi Karandu de Kalinga est devenu Pratyekabuddha (Niveau de sainteté) après avoir vu un manguier dépouillé de ses fruits''…. et … dans le 499ème

'' (Amrapâlî) Fille de Manguier, pour avoir, dans une vie antérieure, offert une mangue et un bol d'eau au Buddha Kâçyapa, renaît dans la fleur d'un manguier magique … ''.

 

Dans la ''Mahāparinibbānasutta'' il est écrit que lors de la visite de Bouddha à Vesāli, une nagarvadhu  (courtisane royale) du nom de Ambāpālika offrit au saint homme un verger de manguiers.

 

Comme Bouddha prêcha souvent dans ce parc, le manguier fut témoin de moult prédications. De ce fait il appartient bel et bien à la légende et tradition bouddhique d'autant que !....

 

 

Dans une autre circonstance, ce fut au moyen d'une mangue que Bouddha triompha d'hérétiques. C'est la parabole de la mangue. Il existe, à ce sujet, une image de Bouddha intitulée ''Buddha acceptant une mangue'' (ปางร้บผลมะม่วง) c'est la 31ème attitude. (*)

 

 

Enfin, pour conclure ces quelques exemples, le ''Samyuktāgama Sūtra'' raconte comment le grand Asoka, au moment de sa mort, lui qui fut le plus riche et le plus puissant souverain de son temps, demanda à ses serviteurs de faire don aux religieux de Kukkutārāma de son ultime et dernière offrande … une moitié de mangue !...

 

 

Avec tous ces exemples, il est difficile de ne pas reconnaître l'aspect … ''sacré'' … attaché au manguier et à la mangue, d'autant que la mangue symbolise la perfection et l'accomplissement.

 

Les botanistes, plus pragmatiques, ont donné en 1753 à ce type de manguiers le nom de : Mangifera indica Linn. 

 

 

(*) La parabole de la mangue relate comment Bouddha triompha de ses détracteurs au moyen d'une mangue. Cet épisode de la vie de Bouddha se déroula dans le royaume de Sāvatthi (Çravasti).

 

En ce temps là, des titthiya (des non bouddhistes) mirent au défit Bouddha de réaliser un prodige sous un manguier. Bouddha releva le défit et rendez-vous fut prit pour le lendemain.

 

Alors la veille au soir, tant pour ridiculiser Bouddha que pour l'emporter, les titthiya abattirent tous les manguiers de la forêt où devaient s'affronter les deux partis.

 

Le lendemain et à l'heure dite, malgré l'absence de manguier, Bouddha se présenta sur les lieux. Dans ce bois, chemin faisant il croisa monsieur Kanda (นายคัณฑะ), un jardinier qui portait à son souverain une mangue. Mais en voyant Bouddha, kanda lui offrit la mangue destinée à son maître.

 

Bouddha l'accepta, la mangea, et posa au sol le noyau de cette mangue pour se laver les mains. Lorsque l'eau ruissela sur le noyau, celui-ci s'ouvrit pour laisser pousser un splendide et merveilleux manguier tout couvert de fruits magnifiques.

 

A la vue de ces mangues extraordinaires, tous les spectateurs venus assister au défit voulurent les goûter. Alors ils en cueillirent et en mangèrent à s'assiettée, tout en lançant leurs noyaux sur les titthiya qui eux … humiliés, prirent leurs jambes à leur cou.

(Nota : J'ai quelque peu ''arrangé'' le résumé, pour résumer, mais l'essentiel y est.)

 

Remarque :

Lors de mes lectures j'ai découvert que les bouddhistes des premières heures se sont interrogés sur la nature des arbres peuplant le bois de Lumbini, lieu où serait né le Bouddha. Ils ont longtemps hésité entre un bois de figuiers et un bois de … manguiers. Les figuiers l'ont emporté.

Le Bouddhisme a beaucoup pris à l'hindouisme mais … encore fallait-il qu'il s'en démarque … y compris matériellement. De ce fait qui nous dit que Bouddha n'a pas connu l'éveil sous un … manguier ?!...

 

 

       

 

 

                                Le Mangifera indica Linn ou manguier :

                    1/ Son arbre – 2/ ses feuilles – 3/ ses fleurs – 4/ ses fruits.

 

 

 

2/ Le plaqueminier : Pha-lap (ต้นพลับ)

Le plaqueminier est un arbre de la famille des ''ébénacées'' (ebenaceae) ; une famille qui regroupe des arbres et des arbustes poussant dans les régions tropicales et dont la particularité est d'avoir un bois dense et très dur souvent de couleur noire … comme l'ébène, d'où le nom de la famille.

 

Cette famille se compose, selon les classifications, d'une dizaine de genres et de plus de 500 espèces dont les variétés dépassent les 3.000.

 

L'une des premières descriptions du plaqueminier fut donnée par le suédois Carl Peter Thunberg (1743-1828), élève de Linné, en 1780. Il lui donna le nom binominal de ''diospyros Kaki'' ; le mot Kaki étant un hommage rendu au poète japonais ''kakinomoto'', un poète officiel de la fin du VIIe siècle, et l'un des 36 poètes immortels connu aussi sous le nom de Hito-manu.

 

Quant au mot de ''diospyros'' c'était le nom que les grecs donnaient à cet arbre du temps de leur grandeur. Il signifie … le feu (pyros) de Zeus (Διός - dios), Zeus étant le pendant  grec de … Jupiter ?!... lequel Jupiter gouverne le Sud de Chiang-Maï ?!... étrange coïncidence non ?!...

 

Le plaqueminier est un arbre dont l'aspect ressemble à celui de nos pommiers, il peut atteindre les vingt mètres de haut et développer un tronc de 60 à 70 centimètres de diamètre.

 

Ses feuilles, d'environ 15 centimètres de long, alternes, coriaces, entières et au pédoncule court, sont d'un beau vert sur le dessus et quelque peu pubescente sur le dessous.

 

Elles sont de forme ovale, et aiguë à leurs extrémités ; cette ''pointe'' est plus accentuée au sommet de la feuille qu'à sa base.  

 

Les individus, selon les espèces peuvent être dioïques, c'est-à-dire porteur de fleurs mâles ou porteur de fleurs femelles ; mais ils peuvent aussi être monoïques, c'est-à-dire porteur de fleurs des deux sexes, ce qui fait trois types d'arbres.

 

Les fleurs sont rarement hermaphrodites. Les fleurs mâles forment des bouquets tandis que les fleurs femelles, plus petites que les fleurs mâles, sont solitaires.

 

Le calice de ces fleurs est gamosépale, comme la corolle est gamopétale avec quatre divisions régulières à son extrémité.

 

Le fruit est de la grosseur d'une pomme moyenne et de couleur orange. Il se compose de huit loges dont chacune contient une graine.

 

 

Le plaqueminier n'est pas, à proprement parler, un arbre sacré, mais c'est un arbre de bon augure, vraisemblablement – peut-être ?... - grâce à ses camaïeux d'oranges et aussi à sa durée de vie … 500 ans ?!.... 

 

La culture du plaqueminier au Lanna vient de l'Inde via les Môns, or le plaqueminier est un arbre d'origine … chinoise ce qui ne signifie pas qu'il n'y avait pas d'espèces en Inde. (*)

 

De ce fait il n'entre pas ou peu dans les rites hindous, la chaîne himalayenne était du temps de l'ère védique un véritable barrage entre les deux mondes, le monde hindou et le monde chinois. Ce sont les européens qui lors du XVIIIe siècle ont propagé dans le monde la culture de cet arbre et par voie de conséquence de son fruit.

 

En Asie du Sud-est l'arbre est vraisemblablement d'abord arrivé par le Tonkin que les Chinois ont tenté maintes et maintes fois d'incorporer à leur empire. Aussi, ce n'est pas par hasard si en Annam, d'après les croyances populaires, l'odeur des kakis - le fruit - attirerait les revenants (Chinois ?...).

 

Pour tenir ces derniers à distance des petits temples leur sont construits près des plus gros plaqueminiers, et des offrandes y sont déposées.

 

La Chine, d'où est originaire le plaqueminier, compte plus de 2.000 variétés de kakis (cultivars), et le Japon plus de 800. Dans ces deux pays et sans doute la Corée, le plaqueminier était cultivé voilà plus de 1.000 ans, mais seulement dans les cours des maisons ; à l'état sauvage il était laissé à tous vents et sans le moindre soin particulier.

 

Le plaqueminier est vraisemblablement arrivé au Lanna avec les migrants t'aïs, c'est-à-dire par la route des montagnes, aux alentours des VIIe et VIIIe siècles, car il ne fait pas l'objet, comme en Annam, de croyances populaires négatives. Cette voie de pénétration n'exclue pas l'héritage môn venu de l'Inde.

 

Au contraire, au Lanna, le plaqueminier est un arbre de bon augure et cela vraisemblablement parce que ses feuilles, avant de tomber, virent à l'orange, un très bel orange, et que ses fruits sont de couleur … orange qui est la couleur du Jeudi, donc de Jupiter.

 

Cette couleur, d'après la tradition chinoise, stimule les êtres, en particulier les gens timides, et apporterait le changement dans un appartement tout en y mettant de la joie et de la bonne humeur ?!...

 

Par ailleurs ses fruits sont, au début de leur développement, … astringents et, quand ils sont mûrs, … nourrissants. (Comme tous les fruits mais … nous sommes au Lanna.)

 

Quelques autres noms du fruit : kaki, plaquemine, pomme d'or et persimmon.

 

En Thaïlande autour du ''diospyros Kaki Thub.'' (1780) on trouve les espèces suivantes : ''diospyros sinensis'' pha-lap-djin (พลับจีน) ''diospyros Kaki'' Pha-lap-yi-poun (พลับญี่ปุ่น) Ta-ko-na  (ตะโกนา) Ta-ko-suan (ตะโกสวน).

 

Alors quant à dire à quelle espèce se rapporte le plaqueminier à planter au Sud des habitats … plutôt m'abstenir que de donner une fausse information. Mais à mon avis toutes les espèces de plaqueminier aux fruits consommables doivent convenir ?!...  

 

 

(*) Il existait en Inde quelques espèces de plaqueminiers. Certaines étaient employées en médecine mais pas, ou peu, consommées à cause de leur goût âpre.

En général l'utilisation de ces espèces était loin d'être … ''noble''. Ainsi au Malabar les charpentiers utilisaient le suc du ''tembiri'' comme colle, et au Bengale le ''Gab'', fruit d'une espèce, après avoir été entièrement broyé servait de pâte à calfeutrer le fond des bateaux.

 

 

Conclusion :

L'association de ces deux arbres est comme le symbole de la bienheureuse coexistence entre les trois traditions que sont le brahmanisme, le bouddhisme et l'animiste. C'est aussi une association … céleste avec le manguier et terrestre avec le plaqueminier.

 

Plus matériellement, ces deux arbres ont en commun d'être des arbres fruitiers de cour, et de symboliser la prospérité, la fertilité, la longévité et la force.

 

       

 

 

                            Le plaqueminier  ou ''diospyros Kaki Thub.''

               1/ son tronc – 2/ sa feuille – 3/ sa fleur – 4/ son fruit en formation

 

 

 

L'astrologie et le Sud de Chiang-Mai :

(La maison kalê est une réplique de Chiang-Mai de ce fait le sud de Chiang-Mai est symboliquement similaire au sud de la maison kalê.)

 

C'est la planète Jupiter ou la navagrāha Brihaspāti ou Bruhaspāti, qui en Thaïlande porte le nom de Phra Pharuhat (พระพฤหัสบดี), qui aspecte le Sud de Chiang-Maï.

 

Jupiter est le fils de Saturne, qui gouverne le Sud-est de Chiang-Maï, et de Rhéa.

Après avoir détrôné et émasculé son père, Jupiter est devenu le dieu suprême, mais … après le dieu représentant le destin.

 

Pour accomplir au mieux sa mission de dieu suprême il s'est attribué la domination de l'éther et du ciel et, un droit de souveraineté sur la terre qu'il visitait souvent incognito, en se … métamorphosant. (Les métamorphoses de Jupiter)

 

Du fait de cette attention toute particulière pour le respect des droits de chacun, ceux des dieux comme ceux des hommes, il était considéré alors comme le père des dieux et des hommes, mais un père spirituel et non charnel.

 

Le trône de Jupiter s'élevait au milieu de l'olympe soutenu par la prudence et la justice. Il y était assis, en tenant un foudre symbole de sa puissance et un sceptre symbole de son autorité. A ses pieds se tenait un aigle avec les ailes déployées.

 

A Olympie la statue d'or et d'ivoire de Jupiter réalisée par le sculpteur Phidias était l'une des sept merveilles du monde.

 

 

En Inde, la planète Jupiter porte le nom de Brihaspāti. Hélas quand on suit l'itinéraire d'un dieu Indou il est très difficile, pour un occidental, de savoir très exactement qui est qui et qui fait quoi.

 

Ainsi par exemple Brihaspāti est tantôt l'ami d'Indra, le dieu des dieux et tantôt Indra lui-même ?!... entre autres possibilités !...

 

Son nom varie lui aussi, selon les traductions. Brihaspāti signifierait le seigneur de toutes les prières, Vācaspati le seigneur de la parole, et …     Brahmanaspati le seigneur du Brahman, c'est-à-dire le seigneur de la caste sacerdotale, celui qui fait le lien entre les hommes et les dieux.

 

Comme Brihaspāti appartient à la classe sacerdotale c'est donc un haut dignitaire, un brahmane et un enseignant. Il fut d'ailleurs le gourou des dieux, une fonction de haut rang.

 

Son vāhana (moyen de transport), est un éléphant dit blanc ou un attelage de huit chevaux.

 

 

En Thaïlande Jupiter porte le nom de  Phra Pharuhat (พระพฤหัสบดี) et chevauche un cerf (*), sa couleur est l'orange, la couleur des serviteurs de Bouddha et des propagateurs de son enseignement, c'est-à-dire les moines.

 

 

(*) Le cerf, ou Tharai Kham (cerf d'or) (ทรายคำ) tient une place toute particulière dans une chronique intitulée ''La chronique de Suvaṇṇa Khamdëng'' traduite par Camille Notton.

C'est sous la forme d'un daim ou d'un cerf de toute beauté, qu'en arrivant sur terre, se métamorphosa (comme Jupiter le faisait ?!...) Visukamma, l'architecte divin.

Ce dernier était envoyé auprès des hommes, à la demande du dieu Indra, afin de les instruire sur le bouddhisme et de leur faire connaître les ''préceptes''.

Visukamma s'était métamorphosé en cerf d'or pour attirer sur lui l'attention des hommes. De fait, les humains vont le poursuivre pour tenter de le capturer.

Cette chronique contient moult similitudes avec Jupiter et Brihaspāti ?!...

(Comme elle est trop longue à résumer alors !... je ne la résumerai pas, mais vous pouvez la lire sur internet par le biais du site ''Persée''. La traduction de Camille Notton est complète)   

 

 

 

Le Sud serait neutre, en fait (à mon avis) il est symbole de réalisation et d'accomplissement tant matériel que spirituel.

 

Après son éveil, qui eut lieu un jeudi, (jour de Jupiter), Bouddha médita durant 7 semaines. A chaque méditation il prenait place dans une direction bien précise, mais en faisant toujours face à l'arbre de la bodhi ou de l'éveil.

 

Le Sud correspond à la septième et dernière semaine de méditation. Cette étape porte le nom de Rājāyatana (ราชายตน) c'est-à-dire le ''royal séjour ''.

 

A la fin de cette dernière semaine de méditation, Bouddha qui avait longtemps jeûné se voit offrir des aliments de la part de deux riches commerçants, Papussa et Bhallika.

 

Bouddha acceptera leurs dons et à la demande des deux frères, acquis à son enseignement, il leur remettra huit de ses cheveux.

 

Pour leurs dons, les deux marchands ont ''mérité'' 8 cheveux. Pour ses dons, chaque homme obtient des mérites qui favoriseront ses karmas à venir.

Cet épisode se rapporte à l'accomplissement de la conversion des deux premiers fidèles qui s'attachèrent aux pas de Bouddha.

 

Sous Tilokaraja (1441-1487) (พระเจ้าติโลกรๆชะ) il existait au Chédi Luang une force de dissuasion impitoyable. Cette machine de guerre était constituées de 8 éléphants dotés chacun de super pouvoirs … magiques ou … psychologiques ?!...

 

L'éléphant du Sud ''Namaïsenkieng'' (หน้าไน้แสนเกียง), moyennant offrandes et formules magiques, était soi-disant capable de mettre en déroute plus de 100.000 hommes armés d'arbalètes.

 

Chiang-Mai a le pouvoir de triompher de ses ennemis venant du Sud.

 

Le Sud est neutre, sauf lorsque l'homme en décide autrement et prend en main son destin, tant matériel que spirituel.

 

C'est au Sud de Chiang-Mai, dans l'aire hors-les-murs, qu'ont été concentrés des artisans issus de nombreuses déportations, et que se trouve une agrégation de monastères.

La présence de ces Wats, et surtout la ferveur des dévots, assuraient une protection spirituelle à cette aire ; et l'existence d'un mur en terre, le glacis, la protégeait matériellement.

Pour franchir ce glacis il existait deux portes, dont quelques vestiges existent encore.

 

     

 

 

                          QUELQUES PLANS DU DEBUT DU XXe SIECLE

Image 1 : Les routes ou les pistes lors du XIIIe siècle conduisant à Chiang-Maï.

Image 2 : L'aire Sud proprement dite de Chiang-Maï, délimitée en rouge.

Image 3 : Les principaux lieux du Sud intra-muros et hors les murs de Chiang-Maï.

Photo 4 : La maison de l'esprit gardien de la porte Kua Kom (ประตู ขัวก้อม). Il s'agit de la sala de Chao Pou (ศาลเจ้าปู่) de la porte Kom (ประตู ก้อม) en fait de la porte Kua Kom.

Photo 5 : La rivière Mae Kha (แม่ค้า) au niveau de la porte Kua Kom (ประตู ก้อม).

Photo 6 : Le pont Lamkhuwai (สะพาน ลำคูไหว) enjambant la Mae Kha porte Kua Kom.

Photo 7 : Le glacis ou mur de terre au droit de la porte Kua Kom (ประตู ก้อม).

 

 


       

 

Le Sud et le Chiang-Mai des temps anciens :

 

La construction, ou reconstruction, la plus caractéristique du Sud de Chiang-Mai c'est sa porte, la porte Chiang-Mai ou ''pratou Chiang-Mai '' (ประตู เชียงใหม่). Une porte qui en fait est à cheval entre l'aire du Sud-est et celle du Sud, comme d'ailleurs la porte Suan Prugn (ประตู สวนปรุง) qui elle, fait charnière entre ce Sud et les terres du Sud-ouest.

 

La porte Chiang-Mai est à l'opposé de la porte Chang-Phuak qui était alors l'entrée royale, la porte royale, ou la porte du devant de la ville. De ce fait et en toute logique, la porte Chiang-Mai devenait la porte ''arrière'' du Wiang  ou, la porte située ''à la queue'' voire ''à l'extrémité'' de la rue qui prenait son départ à la porte royale.

 

Du fait de cette situation, la porte Chiang-Mai était aussi appelée la porte arrière du Wiang c'est-à-dire ''Pratou thai Wiang'' (ประตู ท้ายเวียง). (*)

 

En conclusion, la porte Chiang-Mai était alors la porte par laquelle entraient dans la ville les hauts dignitaires et les ministres, la noblesse et les gens de qualité.

 

Tout comme le dieu Jupiter avait le dieu du destin au-dessus de lui, toute cette haute aristocratie avait le roi au-dessus d'eux, ou devant eux !….

 

 

Très souvent, dans les textes et sur les gravures, la porte Chiang-Mai  est suivie des mots ''montri muang'' c'est-à-dire la porte des dignitaires (montri) (มนตรี) (**) de la ville et du royaume, le mot muang ayant ici une double signification.

 

Le génie chargé de protéger cette entrée porte le nom de ''Deva Putra Chaï Phum Mo Raksa'' (เทวบุตร ไชยภุมโม รักษา) ''Jayàbhumi'' ou ''Chaya Phum'' voire ''Chai Phum'' (ชัยภูมิ), ce qui se traduit par ''position stratégique''.

 

 

(*) La porte (pratou ประตู)  - arrière ou en queue (thai ท้าย) – de la ville (wiang เวียง). (Le Wiang est une ville mais … fortifiée)

(**) Porte Thaphae un hôtel porte ce nom : le ''Montri Hôtel'' ce qui signifie l'Hôtel des dignitaires. Montri est aussi un prénom.

 

 

 

Tout le Sud de Chiang-Mai, comme le montre les cartes ci-dessus, était consacré à l'agriculture mais, ces ''agriculteurs'', selon les circonstances météorologiques, religieuses ou historiques, pouvaient aussi bien travailler des métaux pour se faire des outils, c'étaient alors des artisans ou, sans aucune formation particulière, partir à la guerre en tant que soldats. Comme nos serfs du moyen-âge ils étaient corvéables à merci.

 

 

Michel Jacq-Hergoualc'h, un spécialiste Français de l'Asie du Sud-est, écrit que lors de la période d'Ayutthaya (1350-1767) c'est-à-dire en 417 ans les Siamois s'engagèrent dans 70 guerres, soit un conflit tous les 5 ou 6ans ; que les guerres ne se faisaient qu'en saison sèches, et en tuant le moins d'hommes possible car … il fallait cultiver les champs et que les ''bras'' étaient souvent insuffisants !...

 

Autrement écrit, la vie d'un homme comptait plus qu'un lopin de terre, non pour des raisons morales mais pour des besoins de productivité. (A noter que malgré les siècles rien n'a changé sous le soleil ?!...).

 

Alors dans la plupart des cas ''on'' se faisait la guerre, certes pour étendre sa puissance lorsque les conquêtes étaient contrôlables, mais surtout pour se procurer de la main d'œuvre à bon marché, en déportant les populations du vaincu pour les implanter là où le besoin s'en faisait sentir du côté du vainqueur et, par la même occasion ne pas permettre au vaincu de reconstituer une armée pour une éventuelle revanche.

 

Cette façon de faire n'était pas un monopole Siamois, les chefs du Lanna, et Mengraï en premier, ne se sont pas privés d'agir de même. Ainsi en 1289, Mengraï, sans avoir livré le moindre combat, reçu du souverain des Muangs Phukam (Pagan) et Angva (Ava), tout content d'éviter un affrontement, outre de nombreux cadeaux comme des éléphants … cinq cent familles comprenant des fabricants de gongs, des orfèvres, des travailleurs de cuivre, des forgerons … bref … une kyrielle d'artisans.

 

Ces hommes ou ce tribut, pour beaucoup d'entre eux, ont été déportés dans le Sud de Chiang-Maï et regroupés par type d'activité. La plupart d'entre eux devaient être bouddhistes et pour certains d'origine Mône ; des Môns (*) que déporta à Pagan le roi birman Anôratha ou Anawratha (1044/1077) après la prise de Thatön vers 1057.

 

Il n'est pas impensable que toutes ces petites communautés de déportés, condamnés à vivre dans le Sud de Chiang-Mai, aient édifiés un Wat au centre de leurs habitats, (Un Wat par communauté) car le Wat était/est, dans ces régions, le centre de vie de toutes les communautés bouddhiques … sans exception.

 

 

(*) Le roi birman Anôratha, après s'être converti au Bouddhisme théravada, chercha à s'approprier nombre de reliques bouddhiques, symboles de pouvoir, que les détenteurs refusaient de lui donner. Alors il allait les prendre par la force. Ce fut à la suite de l'une de ces expéditions qu'il déporta à Pagan, en dépeuplant Thatön, 30.000 personnes dont le roi de la ville. Parmi elles de nombreux artisans qui ont été à l'origine de l'art birman !...

 

 

 

       

 

 

           Quatre Chédis de l'aire du Sud dont les bâtiments n'existent plus :

                                                      Intra muros

Photo 1 : Le chédi du Wat Kitti Wong (เจดีย์วัดกิตติวงศ์), rue Phra Pokklao. (1) sur la carte. (Une école a été construite sur l'emplacement du monastère.) (Photo de 2010)

Photo 2 : Le chédi du Wat Fon Soï (เจดีย์ฟ่อนสร้อยderrière le marché Chiang-Mai. (2) sur la carte. (Un nouveau chédi et un nouveau Wat ont été construits sous le nom de Fon Soï.) (Photo de 2009)

                                                    Hors-les-murs

Photo 3 : Le chédi du Wat Chiang Khong (เจดีย์วัดเชียงของ) ou Chiang Song (เจดีย์เชียงสง) ou encore Ku Birman (กู่พม่า) porte Chiang-Mai. (3) sur la carte (Photo de 2014)

Photo 4 : Le Chédi du Wat That Klang (เจดีย์วัดธาตูกลาง), rue Suriyawong. (4) sur la carte. (Photo de 2010)

Nota bene : Ce chédi est le seul et unique témoignage de l'influence de Sukhothai à Chiang-Mai.

Il avait un jumeau au Wat Suan Dok. Hélas le grand Phra Kruba Sri Wichai (1878-1938), qui rénova plus de 100 temples, n'avait pas un zèle archéologique à la hauteur de son zèle religieux ?!... 

 

 

 

Le Sud et le Chiang-Mai aux temps présents :

 

La plupart des temples qui figurent sur la carte ci-dessus, dateraient du XVe siècle c'est-à-dire de l'âge d'or du Lanna, qui alors avait Phra Chao Tilokarāja (1409-1441/2-1487) (พระเจ้าคิโลกราช) comme roi, lequel a ''remodelé'' la ville et fait construire le Chédi Luang.

 

Le rôle du mur en terre dit le glacis, était de protéger l'aire hors-les-murs Sud des inondations, mais aussi d'arrêter les armées ennemies venues du Sud, principalement celles d'Ayutthaya et de Sukhothai.

 

L'histoire étant ce qu'elle est, ce sont les Birmans, qui venant du Nord, ont fait main basse sur Chiang-Mai et … le Lanna. Ils y resteront plus de 200 ans de 1558 à 1774 et … déporteront en Birmanie une partie de la population. Ce qui fait beaucoup d'allers et retours des populations.

 

En 1774 les birmans furent chassés. Pour éviter leur réinstallation dans la ville de Chiang-Mai, qui déjà n'était plus que l'ombre d'elle-même, la ville fut d'autorité ''vidée'' de ses derniers habitants.

 

Ensuite, après plus de vingt ans d'abandon, de 1775 à 1797, lorsque Chao Kawila (1742-1815) le ''roi'' d'alors, jugea qu'il n'y avait plus rien à craindre de la part des Birmans, celui-ci mit en œuvre sa politique de repeuplement de Chiang-Mai en allant chercher manu militari des familles dans les royaumes environnant. Il s'agissait alors de ''mettre des hommes dans les villes comme on met des légumes dans des paniers''. (Formule attribuée à Kawila – en fait le mot ''hommes'' employé par Chao Kawila se traduit par ''esclaves'' et non ''hommes''.)

 

Ces déportés du XVIIIe siècle furent alors répartis autour de Chiang-Mai selon le degré de confiance que leur accordaient les autorités d'alors.

 

Autrement écrit, les descendants des sujets de Mengraï devaient se compter sur les 10 doigts d'une main, et ce fut aux T'aïs Lu du Sip Son Panna, aux T'aïs Khoen de Keng Tung et aux T'aïs de Chiang Saen que revint le … ''privilège'' … de repeupler le Sud hors les murs de Chiang-Mai ; les uns parce qu'ils étaient des arrières, arrières, arrières cousins (T'aïs Lu, Khoen) et les autres (Shans) des ennemis héréditaires des Birmans.

 

Ces nouveaux venus, à leur tour, ont créé de nouveaux villages et se sont appropriés des Wats existants. Souvent les Wats prenaient le nom de l'activité artisanale de ses fidèles.

 

Avec le temps et l'urbanisation les villages ont disparu, mais certains des Wats ont résisté à l'épreuve du temps ; quelques uns d'entre eux ont changé de nom, mais d'autres ont perpétué le souvenir de l'art exercé par les bâtisseurs d'origine. Il y a même, encore aujourd'hui, des Wats où vivent des artisans qui exercent leur art. Car le Sud de Chiang-Mai, par tradition, est voué à l'artisanat.

 

                                                       


 

                         Quelques temples où existe encore un artisanat.

Photo 1 : Le Wat Phuak Taem (วัด พวกแต้ม) ou Wat Phuak Pia  (วัดพวกเปีย).

Ce Wat daterait de la fin du XVe siècle (1483 ?...). Son nom se compose de deux mots : Phouak (พวก) qui se traduit par classe, ordre, groupe ; et Team (แต้ม) qui signifie moucheter. Autour de ce temple vivaient des chefs de basse noblesse chargés des peintures murales et des travaux de laque.

Aujourd'hui ce sont des ouvriers ferronniers qui occupent les lieux.

Photo 2 : Le Wat Sri Suphan (วัด ศรีสุพรรณ).

Ce ''Glorieux temple d'or'', car tel est son nom, fut érigé durant l'ère Mengrai (XIV-XVe). Sa construction et son entretien furent à la charge de la … Noblesse.

Il y a dans ses murs un vaste atelier, voire une école d'apprentissage comme le montre la photo. Ces ''Chagns'' en herbe (artisans-ช่าง) participent à la construction d'un Ubosot en métal argenté repoussé, qui est remarquable. (Il est à voir bien que toujours en cours d'achèvement) (Photo 2014)

Photo 3 : Le Wat Muen San (วัด หมื่นสาร). C'était le Wat où résidait l'officier (Muen) chargé des lettres et messages royaux (สาร). Il fut construit durant l'ère Mengrai (XIV-XVe). Sa construction et son entretien furent à la charge de la … Noblesse. (Sa fonderie a été déplacée du côté de Hang dong.)

Photo 4 : Le Wat Nantaramchalei (วัดนันทาราม-ชะเล). Il fut construit durant l'ère Mengrai (XIV-XVe). Sa construction et son entretien furent à la charge de la … Noblesse. (Ses ateliers de laquage ont été transférés à Sankampaeng.)

Vers 1800 Chao Kawila y installa des t'aïs Khoen ou Khuen qu'il était allé ''razzier'' à Keng Tung (Royaume Shan) ; durant longtemps l'endroit s'appela Ban Kheun, le village des t'aïs Kheun ; la spécialité de ces ''prisonniers'' ou ''tchalei'' était la laque. Il existerait au sein de ce Wat un centre d'apprentissage de laqueur ?!....

 

 

Conclusion : Le Sud est neutre, mais lorsque l'homme en décide autrement c'est au Sud qu'il réalise et accompli matériellement des chefs-d'œuvre.

 

A l'origine les grands temples, y compris les Wats Chet Yod et Chiang Man, hors de la zone Sud, étaient du ressort de la noblesse (Montri).

C'est dans le Sud de Chiang-Maï que se trouvent les grands ateliers artisanaux se consacrant à l'argenterie, l'orfèvrerie et les objets de culte (parasols – flèches de temples etc…) ; des ateliers où sont ouvragés des métaux nobles et créés des objets sacrés.

Nota bene : Derrière le marché Chiang-Mai, à quelques mètres du Chédi Fon Saï, il existe un atelier de terre cuite. Son jardin d'exposition est à visiter, l'entrée est libre.

 

Les lignes me manquent pour souligner les points en relation avec Jupiter, alors je vous laisse les trouver.

 

Cette fois encore l'infiniment petit se retrouve dans l'infiniment grand et vice versa. C'est dans le Sud de Chiang-Mai que s'est développé un artisanat d'art et c'est à l'intérieur des vérandas, le plus souvent exposées plein sud, que se pratique le filage, le tissage, la vannerie, le laquage et bien d'autres pratiques artisanales.   

 

                                     Porte chiang Mai vue depuis l'intérieur de la ville.

 

Pour lire la suite vous reporter à la rubrique

03 CULTURE & TRADITIONS – MAISON KALÊ (4/3 & 8/12)




11/05/2014
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