MerveilleuseChiang-Mai

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MAISON KALÊ (7/3 & 11/12) : L’EMPLACEMENT DES ARBRES AUTOUR D’UNE MAISON KALÊ - NORD-OUEST

 

MAISON KALÊ (7/3 & 11/12) :

 

L'EMPLACEMENT DES ARBRES AUTOUR D'UNE MAISON KALÊ.

 

                                              Le Nord-Ouest

 

 

                                                 Avertissement :

Cette Chronique et les suivantes concluent une première série de chroniques concernant la maison kalê :

 

            1/ ''Musée des maisons traditionnelles du Lanna 1 & 2 ''

                                             2/ ''La maison kalê ''

3/ ''L'emplacement des arbres autour d'une maison kalê '' 1 à 4''

 

Alors pour mieux ''goûter'' ce qui va suivre, je vous conseille de jeter un oeil sur les chroniques précédentes. Mais ce n'est qu'un conseil !....

    

Pour associer plus intimement le lecteur au contenu de cette chronique il doit savoir que la culture du Lanna est la résultante de trois composantes, l'animiste, le brahmaïsme et le bouddhisme, les deux dernières étant à leur départ, intimement liées.

 Comme ces trois composantes cohabitent en bonne intelligence, tous les actes sociaux se réfèrent à chacune d'elle en permanence, au point qu'on ne peut dire si c'est l'animisme qui s'est accommodé du bouddhisme ou le contraire.

 

Compte tenu de ce qui précède, la construction d'une maison doit se conformer à un certain nombre de rites, que nous avons détaillé dans les chroniques précédentes ; et les arbres qui seront plantés autour de cette maison ne peuvent l'être qu'en conformité à cette tradition qui découle de nos trois composantes ... l'animisme, l'hindouisme et le bouddhisme.

 

      

 

 

Photo 1 : Côté Est de la maison Kalê ''Mae Taeng'' du musée des maisons traditionnelles de Chiang-Mai.

Photo 2 : Schéma d'implantation des arbres de bon augure autour d'un habitat.

Photo 3 : L'angle Nord-Ouest ou ''Chaeng hua rin'' ou ''lin'' (แจ่งหัวลิน) en 2009.

 

 

 

LES ARBRES DE BON AUGURE :

 

 

Avertissement :

 

Au Lanna, et en Asie du Sud-est, de nombreux critères entrent en ligne de compte pour planter un arbre de bon augure, entre autres le calendrier duodénaire (Horoscope chinois).

 

Ainsi il serait plus favorable de planter un manguier dans l'année du buffle que dans celle du Lapin.

Ensuite, le bon développement comme les bonnes influences de ce manguier dépendent aussi du jour et de l'heure de sa plantation.

 

Comme il serait trop long et fastidieux de prendre en considération tous ces critères, alors cette chronique ne concernera que l'arbre et sa position autour de l'habitat.

 

Par ailleurs, comme pour valider ce qu'ils écrivent sur les ''croyances ancestrales'', nombre d'auteurs de blogs thaïs se réfèrent au ''Feng Shui'' (ฮวงจุ้ยเสริม) (*), une oeuvre d'origine chinoise, en faisant table rase des héritages animistes, brahmaniques et bouddhiques ?!...

 

J'ai fait le contraire car je pense que les royaumes constituant la Thaïlande, dont le Lanna, (**) doivent beaucoup plus à l'Inde, via les Môns, qu'à la Chine ; ce qui n'éliminera pas ce que j'ai trouvé sur l'influence chinoise, bien évidemment.

 

 

(*) Le ''Feng Shui'' est un traité chinois vieux de plus de 4.000 ans dont l'objet est de développer l'art et la manière d'aménager la nature autour de soi pour un meilleur bien être, une bonne santé et aussi ... connaître la prospérité.

En lisant les blogs thaïs, il ne fait aucun doute que la plupart des auteurs s'appuient sur le ''Feng Shui'' sans savoir ce dont il s'agit.

(**) Le Nord Vietnam ou Tonkin, fait peut-être, exception ?!...  

 

 

       

 

 

Image n° 1 : Une peinture sur papier extraite d'un album (folio 37) représentant Surya sur son char, conduit par Aruna et tiré par un cheval blanc ( ?) à sept têtes. Cette oeuvre est vraisemblablement de style Tanjore. (Bristish Museum). 

Image n° 2 : Un ''Surya'' khmer en terre cuite de Terra cotta (Porte Chiang-Mai). Il a pour vāhana un attelage de 7 chevaux de couleur feu ou un cheval à 7 têtes ; dans le cas présent Surya ne doit se contenter que de deux chevaux.

Image n° 3 : Le zodiaque occidental avec le Soleil dans le signe qu'il gouverne, c'est-à-dire le signe du Lion.

 

 

 

Le Nord-ouest : (ทิศตะวันตกเฉียงเหนือ)

 

L'astrologie et le Nord-Ouest de Chiang-Mai :

(La maison kalê est une réplique de Chiang-Mai de ce fait le Nord-Ouest de Chiang-Mai est symboliquement similaire au Nord-Ouest de la maison kalê.)

 

Dans la maison kalê c'est en général dans cette direction que se situe la pièce consacrée à la cuisine, comme dans le cas de la maison Kalê ''Mae Taeng'' présentée ci-dessus.

 

 

Les astrologues ont mis le Nord-ouest de Chiang-Mai sous la protection du soleil. Le soleil en astrologie gouverne le signe du Lion, un signe de feu et un signe fixe.

 

Pour être plus précis, c'est un feu de braise qui couve ; un lac de lave en fusion mais sans éruption. Autrement écrit, ce n'est pas un feu qui communique sa chaleur au tout venant mais seulement à ce qui est introduit dans ses braises, dans sa lave ou recouvert de ses rayons. Le lion ne va pas aux autres, ce sont les autres qui viennent à lui et qui reçoivent ce que le lion veut bien leur accorder.

 

Le lion, comme le soleil, est un maître et seigneur.

 

 

En Inde le soleil correspond à la Navagrāha (1) Surya, un dieu de la caste des Kshatriyas, c'est-à-dire à la deuxième caste, la caste de l'élite dirigeante et militaire. La caste des princes et des hauts dignitaires qui gouvernent le pays mais aussi qui le défendent les armes à la main.

 

La caste des Kshatriyas détient l'autorité temporelle et la couleur qui lui est associée est le rouge mais ... un rouge orangé ou flamboyant. De ce fait ce rouge particulier est aussi la couleur de Surya dont le vāhana (moyen de transport) est un char, équipé d'une seule et unique roue, conduit par Aruna (L'aurore) le frère aîné de Garuda, et tiré par sept chevaux fougueux ou, plus exactement sept cavales, les Harita-s ou Kharite-s selon les traducteurs. (2) Parfois un cheval à sept têtes se substitue aux cavales.

 

 

 

Bien avant le brahmanisme, et dans de nombreuses civilisations, le soleil jouissait d'un statut particulier et hors norme ; car de toutes les divinités hindoues il est la seule à être vraiment UNIVERSELLE.

 

En Inde, à l'époque du védisme, il était le point où les mondes manifestés et non manifestés se rejoignaient et, avec Indra et Agni, l'un des trois dieux de la trinité védique ; Indra régnait dans les airs, Agni sur terre, et le soleil gouvernait en maître absolu le ciel.

 

Puis sont apparus les premiers Brahmanes qui petit à petit, au fil des siècles, imposèrent un nouvel ordre socio-cosmique en s'arrogeant carrément l'épithète de Dieu. De ce fait les anciens dieux, les dieux védiques, furent remplacés par de nouveaux, dont les plus connus sont Brahma, Vishnu et Shiva, c'est-à-dire la ''trimurti''.

 

Mais ces nouveaux dieux qui se sont substitués aux anciens, ne les ont pas tous éliminés. Ainsi, Vishnu (3) qui est une émanation du soleil, n'a pas fait que ce dernier soit devenu un anti-dieu ou un démon comme un grand nombre de ses congénères. Car non seulement le soleil a toujours droit de cité, mais comme Vishnu il se présente sous différentes formes.

 

Ainsi, sous le nom de ''Dadhikrā Karma'' le soleil est le cheval divin, de ''Grahapati'' le seigneur des planètes, de ''Jagat-cakshu'' ou ''Loka-cakshu'' (écrit aussi Lokachakshoush) l'oeil du monde, de ''Jayanta'' le purificateur, de ''Jīvana'' l'âme de tout ce qui vit, de Savitri la lumière qui se confond avec la prière, de ''Purusha'' le père nourricier, et de Rāma le ''héros'' du 7ème avatar, l'avatar ... du soleil. (4)

 

En résumé, Surya, dont le nom signifie ''le brillant'' ou ''la lumière suprême'' a perdu de son prestige, mais pas de son importance, d'autant qu'il est toujours considéré comme étant à l'origine du monde, ou ''le fils de l'étendue primordiale'', ce qui lui a valu l'épithète d'Aditya. (Varaha Purāna 26,7).

 

Ces deux noms, Aditya et Surya, sont les plus employés pour désigner le soleil dans le monde indien.

 

 

 

En tant que dieu de la procréation le soleil est représenté par un taureau. Mais c'est sous la forme d'un cheval, ou plus exactement d'un étalon, qu'il figure en bonne place dans le bestiaire mythologique hindou.

 

Par exemple, c'est sous la forme d'un étalon que le soleil va partir à la recherche de son épouse Samjña (Sandjna ou Saranyū) qui pour échapper à la violence de son éclat était allée se cacher en prenant l'aspect d'une jument. De leur retrouvaille naîtront des jumeaux à têtes de cheval, les Ashvin-s ou Açvin-s, dont le nom signifie chevaux et qui deviendront les dieux de l'agriculture.

 

Dans les védas le ''cheval blanc'' n'est autre que le soleil ; où le mot ''cheval'' prend aussi le sens de prompt, courant, et véhément, autant de qualificatifs qui se rapportent à un éclair déchirant le ciel.

 

 

En Thaïlande Surya porte le nom de Phra Athit (ระอาทิตย์) le dieu du dimanche dont la couleur est le ... rouge. (5)

 

Astrologiquement les plantes associées à Phra Athit (Dimanche) sont :

 (ขิงแดง), la patate - mane (ม้น), l'hibiscus - chaba (ชบา), la rose - koulap  (กุหลาบ).

 ... et les pierres : Le rubis - thapthine (ทับทิน), le grenat - komène (โกเมน), le zircon - phéthai (เพทาย), le diamant de couleur rouge - phetsidègne (เพชรสีแดง), et le corail - pakaragn (ปะการัง).

 

 

 

(1) ''Navagrāha'' littéralement : ''nava'' = neuf et ''grāha'' = saisisseur, preneur, d'où ... les neuf saisisseurs ou les neuf planètes.

La ou le ''grāha'' sert à désigner une fonction vitale comme la vue, le souffle, les mains, entre autres, mais c'est aussi le nom d'une coupe servant à des sacrifices ; Dans le cas présent la ou le ''grāha'' est comme un contenant qui appréhende les sens humains, ou qui s'impose aux organes sensoriels des hommes, donc qui les influence dans leur vie. C'est ce que sont censées faire les planètes aux dires des astrologues occidentaux.

 

(2) Les cavales, qui parfois sont au nombre de quatre, sont des juments, jumelles et filles du soleil. L'allemand Max Müller (1823-1900) traduit le mot sanscrit ''cavale'' par  Harita ce qui signifierait ''de la couleur rouge comme le soleil couchant et levant''. Mais deux autres linguistes, Alfred Borgeaud (1913-1989) et Bonnie Mac Lachlan de conserve, rejettent cette traduction en proposant le mot de Kharite, qui lui voudrait dire ''l'oeil flamboyant'' ?!...

Parfois le char du soleil est tiré par un dragon ou un naga.

 

(3) Dans le Rig-véda, un livre sacré du védisme, il est écrit que lors de sa course le soleil prenait différents noms, ainsi quand il était à son point culminant il se nommait ... ''Vishnu'' c'est-à-dire le pénétrant. [Addha-Nari, paru en 1893, de Ernest Bosc (1837-1913)].

A son lever Surya était appelé Brahma et à son coucher ... Shiva. Autrement écrit le soleil est à l'origine de la ''trimurti'', la trinité brahmanique.

Vishnu a pour vāhana : Garuda. Cet oiseau mythique n'est autre que le frère d'Aruna dont la fonction est d'être le cocher du soleil ?!... Encore un point qui rapproche ou confond ?... Le soleil de Vishnu ou ... vice versa ?!...

 

(4) 108 noms servent à désigner le soleil !... Ce chiffre sacré, à bien des égards, signifie que le soleil est toujours un dieu très important.

Rama Chandra, le 7ème avatar raconte comment Vishnu, rétablit l'ordre divin (Dharma) en tuant Rāvana le roi des démons ou Rakshas. Cette geste est racontée par le détail dans le Ramayana. Le Ramakien, ou Ramakian (รามเกียรติ์) rédigé par Rama Ier, fondateur de Bangkok, en est la version thaïlandaise, qu'illustrent les peintures murales du Wat Pkra Kaew (Kaeo).

 

(5) La couleur associée au dimanche est donc le rouge. C'est sans doute pour ne pas avoir deux fois la couleur rouge dans une semaine que le Mardi, jour de Mars, un kshatriyas lui aussi, que les thaïlandais ont adopté le ... rose, un rouge dont le blanc a quelque peu atténué l'agressivité ?!...

 

 

       

 

 

                                          Surya selon les traditions :

Photo 1 : Occident Grèce - Hélios sur son quadrige - un bloc d'angle en marbre de 85.8 x 201.2 cm excavé par Heinrich Schliemann (1822-1890) à Hissalik (Troie dont il découvrit l'emplacement) - Pergamo, Museum - Berlin.

Photo 2 : Inde : Surya sur son char tiré par un attelage de 7 chevaux. - Une image vendue sur les marchés ou bazar des années 1940.

Photo 3 : Inde : Une statuette de Surya sur son char. (proposée à la vente sur le Net.)

Photo 4 : Thaïlande : Phra Athit (ระอาทิตย์) sur son vāhana, un lion royal qui parfois a 7 têtes. (Une sérigraphie de Tee-shirt)

 

 

 

Les arbres qu'il convient de planter au Nord-ouest d'une maison sont :

 

 

1/ Le mangostanier ou mangoustanier : ton mang-khout (ต้นมังคุด)

D'après l'orientaliste anglais William Marsden (1754-1836) auteur de l'histoire de Sumatra, le mot ''mangostanier'' ou ''mangoustanier'' viendrait du mot malais ... ''manggis'', ''manggista'' manggistan''.

 

Cet arbre d'une hauteur de 6 à 8 mètres, voire de 10 à 15 mètres et plus ( ?...) serait originaire des îles de la Sonde, et plus particulièrement des îles Moluques et aurait essaimé en Asie du Sud-est, en Inde et l'île de Lanka, dans un premier temps.

 

Le fruit, comestible, se présente sous la forme d'une orange à peau lisse de couleur violette de 5 centimètres de diamètre environ, pour les plus gros. Les quatre sépales de la fleur restent accrochés au fruit ; cette ''couronne'' de verdure lui vaut le titre de ''reine des fruits''.

 

La chair de l'écorce, épaisse et fongueuse, est de couleur rouge ; lorsqu'elle est rompue elle secrète une espèce de latex jaune et âcre.

L'intérieur du fruit, de couleur blanche, se constitue de quartiers, comme une orange, et en son milieu, dans chaque quartier il y a un noyau.

Cet arille (chair) du fruit est onctueux et excellent. C'est, à mon avis, l'un des meilleurs fruits de la région.

 

C'est en faisant fermenter des feuilles de mangoustan dans de l'urine de vache qu'est obtenu la couleur dite ; jaune indien ou purrey, pioury.

L'écorce de l'arbre donne de la teinture noire ou sert de ''mordant'' aux teinturiers.

 

Le mangostanier ou mangoustanier porte le nom binominal de ''garcinia mangostana Linn.''. Il appartient à la famille des guttiferees (guttiferae) ou clusiacées (clusiaceae) qui compte une quarantaine de genres et plus de mille espèces.

 

 

Cet arbre, d'après certains auteurs du temps des colonies, ne fructifierait qu'après 7 ou 10 ans ?!... A Chiang-mai, au marché Kamthieng j'ai vu des plans d'un mètre ... porteurs de fruits ?!...

En Inde le mangostanier pousse auprès des maisons. Cela, vraisemblablement, pour deux raisons :

 

1/ Des raisons alimentaires car le fruit est excellent, aux Antilles il serait appelé la ''nourriture des dieux'' ?!... et aussi parce que ses feuilles, appelées tout spécialement ''tejpara'' sont quotidiennement utilisées en cuisine.

2/ Des raisons médicales car ses vertus sont très nombreuses.

 

Depuis fort longtemps, en Chine et en médecine ayurvédique l'arbre et ses ''composants'' servent à de multiples traitements. Ce serait un antibactérien, un anti-inflammatoire, un anti malarien, un anti parasitaire, un antipyrétique (contre les fièvres), un antiseptique, un anti tumoral, et un anti viral. (Je dois vraisemblablement en oublier)

 

Aujourd'hui la médecine moderne lui reconnaît des qualités d'antioxydant, c'est-à-dire le fait de réduire ou de stopper la détérioration de nos cellules ; l'écorce de cet arbre contiendrait à elle toute seule 43 des 200 xanthones - et non xanthomes - trouvées actuellement dans la nature. La xanthone est un super antioxydant capable de supprimer les bactéries causant la dégénérescence de l'ADN des cellules.

 

       

 

 

               Le mangostanier ou mangoustanier : mangkhout (ต้นมังคุด)

1/ Une gravure de Berthe Hoolavan Nooten extraite de ''Fleurs, fruits et feuillages choisis de l'île de Java - 2/ L'arbre - 3/ Une feuille et une fleur - 4/ Le fruit.

 

 

 

Et l'aspect sacré dans tout cela ?...

 

Le ''garcina mangostana Linn.'' porte beaucoup de noms, tels que : ''garcina Morella Dese.'' (1792) - ''garcina Xanthochymus Hook'' (1874) mangostana Linn.'', ''garcina tinctoria'', Mysore Gamboge et ... ''tamala'' un nom sanscrit.

 

Le tamala, ou ''patra tamal'' au Gujrati, est aussi appelé ''cinnamomun tamala'' dans l'Orissa ; en certaines régions il est connu sous les noms de ''tapiccha'' et ''tapinja'' pour ne citer que ces deux là.

 

Curieusement cet arbre n'a pas la notoriété qu'il devrait avoir dans le monde indien. Pourtant il fut célébré par un très grand poète de la fin du IVe siècle et du début du Ve, Kālidāsa, et par Rabindranath Tagore, alias Gurudev (1861-1941) prix Nobel de littérature en 1913.

Kālidāsa était un grand adepte de Vishnu, et Vishnu lors de son 8ème avatar se réincarna en ... Krishna dont le nom sanscrit signifie bleu-noir parce que telle était la couleur de sa peau, une couleur semblable à celle de l'écorce (et pourquoi pas l'écorce du fruit ?...) du tamala.

 

Par ailleurs le bébé Krishna est comparé à une toute jeune feuille de tamala ; et d'après Vyāsa, connu aussi sous le nom de Krishna Dvaipayana, l'auteur du Mahābhārata (*) d'après la tradition, l'arbre lui-même serait l'incarnation de Krishna et, Krishna le commencement, le milieu et la fin de TOUT, c'est-à-dire ... la divinité suprême. C'est du moins ce qu'il fit écrire par son soi-disqnt scribe dans la ''bhagavad gita'' au chapitre 10 à l'occasion du dialogue entre Krishna et Arjuna, précédant la grande bataille de Kurukshetra.

 

Chaitanya Mahaprabhu (1486-1543) à l'origine d'un grand mouvement  religieux en faveur de Khrishna, la secte Gaudiya, prêchait à Vrindavana, aujourd'hui lieu d'un grand pèlerinage, sous un ... tamala, la réincarnation de Krishna.  

 

D'après ce que j'ai pu lire, Krishna, (**) un peu comme bouddha, aurait menacé le brahmanisme parce qu'il a été à l'origine de nombreuses sectes et qu'aujourd'hui encore ses adeptes, particulièrement ceux du  Gaudiya Vaishnavisme le considèrent comme la divinité suprême à l'origine de toutes les autres.

 

Cette considération explique - peut-être ? - les raisons qui font que le tamala n'a pas la notoriété qu'il devrait avoir ?!... et que pour la survie du brahmanisme peut-être fallait-il faire de l'ombre à Krishna, après l'avoir porté aux nues, (**) et ses symboles ?!...

 

A noter au passage que Krishna serait né à Mathura, c'est-à-dire dans le Nord-Ouest de l'Inde ?!... Mais peut-être qu'à vouloir trop argumenter sur le lien entre le Nord-Ouest et le tamala, c'est-à-dire le mangoustanier, suis-je allé chercher midi à quatorze heures ?!...

 

Bref, concernant l'implantation du mangoustanier et la cuisine de la maison kalê, la plupart du temps l'un et l'autre sont au ... Nord-Ouest.

 

 

(*) Comme le Mahābhārata date de plus de 2.000 ans, on est en droit de se demander si le mangoustanier est bien originaire des îles de la Sonde ?!...

(**) Dans un premier temps le culte de Krishna n'a été qu'une réaction contre le culte  de Bouddha et une solution, pour les brahmanes, d'éviter un schisme entre les adeptes de Vishnu et ceux de Shiva. Le brahmanisme connaissait alors des heures noires. Mais, semble-t-il, il n'a pas été capable de canaliser le culte de Krishna qui s'est développé au-delà de ce qu'il aurait du ... pour les brahmanes !....

 

 

       

 

              

                                                 La couleur du mangostan et de Krishna

Images 1 & 4/ Krishna en bleu sur le char de Arjuna (Le blanc et le pur) qui va combattre les siens, lors de la bataille de Kurukshetra racontée dans l'épopée du Mahābhārata.

Image 2 & 3 / Krishna dansant avec une ''gopi'' ou ''gopika'' (vachère).

 

 

 

2/ Le citron combava : ton ma-krout (ต้นมะกรูด)

 

Le mot combawa vient de la déformation du mot ''sumbawa'' un mot utilisé dans les îles de la Sonde pour désigner ce citron. De ce fait, l'arbre serait peut-être originaire de cette région et de l'Asie du Sud-est où il a peut-être immigré ?!...

 

En tout cas il a été trouvé au Siam et en Cochinchine mais ... pas en Inde ?!...

 

Lorsque cet arbre prospère dans son environnement naturel, et non dans un pot comme en Europe, il peut atteindre jusqu'à 12 mètres de hauteur, voire 15 écrivent certains auteurs, pour un tronc d'une circonférence de 15 à 20 centimètres.

 

Son bois de couleur jaunâtre et fibreux serait, d'après un auteur qui était chargé de recenser les ressources de nos ex-colonies, un joli bois d'ébénisterie, alors qu'il était surtout employé, en ce temps, pour fabriquer des manches d'outils. 

 

Le tronc du combava est tordu et très ramifié ; ses rameaux, minces et tout aussi biscornus, sont protégés par des épines axillaires courtes et raides.

 

Les feuilles du combava sont d'un vert très luisant. Leur particularité est de posséder un pétiole ressemblant à une feuille au sommet de laquelle aurait poussé une autre feuille, à moins que ce soit une feuille qui possède un rétrécissement en son milieu. Le bord de cette feuille, y compris le ... dit pédoncule, est crénelé.

 

Les fleurs du combava sont petites et d'un blanc-rose.

 

Le fruit, de forme ronde et d'un diamètre de 5 ou 6 centimètres, est un agrume. Son écorce grumeleuse, d'où son nom binominal de ''citrus hystrix'' d'abord de couleur verte vire au jaune à maturation.

 

Très souvent dans les villages cet arbre est planté pour des raisons culinaires et thérapeutiques, et non dans un but de récolte à consommer ou à vendre.

 

Culinaires : Ses feuilles et ses fruits, dont l'arôme rappelle celui de la citronnelle, servent à relever le goût des plats ; et le jus de ses fruits à confectionner des boissons rafraîchissantes.

 

Thérapeutiques : A Ceylan par exemple des décoctions de feuilles et de fruits servent d'insecticide, au lavage des cheveux, et à désinfecter des blessures faites par des sangsues.

 

Les naturalistes ont répertorié cet arbre sous le nom de : Citrus hystrix DC 1813 (De Candolle), et l'ont classé dans la famille des rutacées qui compte 160 genres environ et, 900 espèces ... approximativement !...

 

 

Avertissement : Ce qui va suivre n'est que le ... ''fruit'' de mon imagination. Autrement écrit je ne propose à votre curiosité que des hypothèses issues d'une logique occidentale. Alors si des lecteurs ont des propositions avérées ... elles sont les bienvenues, car nul ne possède la science infuse.

 

 

Bref !... il ne faut pas chercher en Inde ou en Chine l'aspect ... sacré ou ... d'exception de cette plante - personnellement je n'ai RIEN trouvé - sauf du côté de sa morphologie et de sa constitution.

 

Le fruit est rond et jaune, comme le soleil ; et en plus il est hérissé de petites bosses qui ont inspiré aux botanistes le terme de ... hystrix et parmi les quadrupèdes qui portent ce nom il y a le ... porc épique ; autant dire, avec tout le respect que je dois aux naturalistes, que ces derniers ne manquaient pas d'imagination. Alors pourquoi, des hommes à l'esprit plus proche de la nature et aussi plus simple (ce qui n'est pas péjoratif) n'auraient-ils pas comparé ces excroissances aux rayons du soleil ?... et fait de ce citron une personnification du soleil ?!...

 

Par ailleurs la position de cet arbre, compte tenu de celle de la cuisine de la maison kalê, met à portée de main de la cuisinière une épice toute fraîche cueillie, ou un adjuvant sortant tout droit de son arbre ?!...

 

Il semblerait que le combawa fut d'abord cultivé au Vietnam (Cochinchine, sud de l'Annam) sous le nom de ''chanh sác'', puis aux Philippines, Malaisie, le reste de l'Asie du Sud-est et en Inde où son jus entre dans la composition de lotions destinées à l'entretien des cheveux.

 

Pour conclure sur le sujet, au Laos, dans une ''gāthā'' (*) le ''citrus hystric'' est dépeint comme un arbre qui s'élève du mont Méru et dont les branches ont rejoint le paradis de Brahma.

 

Au Laos, toujours, les feuilles et les fruits de cet arbre sont utilisés pour expulser les maléfices et les mauvais esprits.

 

Nous verrons qu'associé au ''Som'poï'' (ส้มป่อย) le citrus hystric a aussi des vertus ... magiques.

 

 

(*) Une gāthā est une oeuvre bouddhique dite par des moines. Elle peut-être écrite sous forme de poésie en vers ou d'un hymne.  

 

 

          

 

 

                             Le citron combava : ton ma-krout (ต้นมะกรูด)

     1/ Un arbre - 2/ Une branche et ses épines - 3 / Quelques feuilles - 4 / Le fuit.

 

 

 

3/ Le citrus aurantifolia ou aurantium : Ma-nao (ต้นมะนาว)

 

 

Avertissement : En tapant sur mon clavier ''ต้นมะนาว citrus'' neuf fois sur 10 le nom de l'espèce qui apparaît sur les blogs thaïs est ''aurantifolia'', sans autres précisions. Or le citrus aurantifolia est une sous espèce du ''citrus aurantium'' qu'avec virtuosité le botaniste japonais Tyōzaburo Tanaka (1885-1976) décrit et replace dans son contexte géographique, et tout cela ... en français. Alors je ne me suis pas privé de me référer à son oeuvre.

Nota : Par souci d'honnêteté je précise que l'aurantium désigne un oranger, et qu'un oranger en thaï se dit ''ton-som'' (ต้นส้ม) et non ''ton-manao'', ''ton-manao'' désigne ... le citronnier ?!...

 

 

  

Le genre ''citrus'' regroupe les orangers, les citronniers, les bergamotiers, les pamplemoussiers et tous les arbres dont les fruits sont des agrumes.

 

L'aire la plus importante où poussaient les ''citrus'' s'étendait sur l'Assam en Inde et la région Birmane contiguë. De ce fait la plupart des citrus poussent en Inde à l'état sauvage, mais tous ne sont pas endémiques de l'Inde.

 

Le citrus aurantium Linn (orange amère) ou citrus sinensis Osbeck (Chine) sont endémiques du Sud-est asiatique pour le premier et du sud de la Chine (Yunnan) pour le second.

 

Certains citrus sont si ressemblant qu'ils ne se distingueraient qu'au ... goût ?!...

 

D'une manière générale les ''citres'' sont des arbrisseaux de 3 ou 4 mètres de haut maximum, qui se présentent sous l'aspect de tiges dressées, armées d'épines axillaires, et surmontées d'une ''tête'' touffue.

Le pétiole des feuilles est souvent ''ailé'' ; les boutons des fleurs sont légèrement violacés à leur extrémité, mais c'est une fleur de couleur blanche et très odorante qui apparaît à l'éclosion.

 

Les fruits sphériques ou oblongs de couleur orange ou jaune délivrent un suc acide et amer.

 

Comme le combava les feuilles, les fleurs et les fruits servent à de multiples usages. Prises en infusion les feuilles seraient efficaces en cas  de spasmes, convulsions et d'épilepsie. Les fleurs sont à l'origine de parfums et le jus des fruits de sirops et boissons rafraichissantes.

 

Le citrus aurantium, comme sa sous-espèce aurantifolia (Christm.) Swingle 1913, appartient à la famille des rutacées (rutaceae) qui compte plus de 160 genres et environ 900 espèces.

 

En conclusion : Comme pour le combava ces arbrisseaux sont plantés au Nord-ouest de la maison kalê à des fins culinaires et thérapeutiques, et non dans un but de récolte à consommer ou à vendre

 

 

     

 

 

                     Le citrus aurantifolia ou aurantium : Manao (ต้นมะนาว)

1/ Une illustration du ''Citrus Vulagaris'' de Walther Müller paru en 1887 dans le volume 1 : t2 planche 40 du ''Kohler, F.E.,Medizinal pflanzen - 2/ La feuille - 3/ Le fruit (Photo wikipedia)

 

 

 

L'astrologie et le Nord-ouest de Chiang-Mai :

(La maison kalê est une réplique de Chiang-Mai de ce fait le nord-ouest de Chiang-Mai est symboliquement similaire au nord-ouest de la maison kalê.)

 

Autrefois, c'était (c'est ?) dans le Nord-ouest de l'Inde que le soleil étaient le plus célébré ; et tous les temples de ce pays, qui lui sont dédiés, sont invariablement orientés vers l'Est, là où le soleil se lève.

 

Comme nous l'avons vu précédemment, cet astre à la fois de nature masculine (Sūrya) et féminine (Sūryā), est ''source'' de vie et protecteur de cette vie. C'est aussi un oeil ''braqué'' en permanence sur terre.

 

Mais ... de quelle manière le soleil jouit-il des mêmes prérogatives au Nord-ouest de Chiang-Maï ?.... 

 

 

Avertissement : Mes explications concernant cette ... ''action'' du soleil au Nord-ouest de Chiang-Mai, repose sur la symbolique et l'observation. Elles n'engagent que moi, mais peuvent nourrir une réflexion.

 

 

Mengraï (1239-1317) en créant Chiang-Mai (Le 12 avril 1296 à 4 heures du matin) aurait rompu avec toutes les traditions. Sa volonté et son ambition étaient de construire une ville ''moderne'' à nulle autre pareille. Le plan ''presque'' carré de Chiang-Mai, fut à l'époque et dans la région ... révolutionnaire. Avant Chiang-Mai le plan des villes avait la forme d'une ''conque'', comme le plan de Lampung, par exemple.

 

Le plan ''carré'' de Chiang-Mai n'est pas sans faire penser à celui de Sukhothai (1) et de Lavo (Lopburi) mais aussi à ceux des constructions Khmères (2) qui n'étaient rien d'autres qu'une reproduction sur terre du séjour des dieux dans l'univers. Comme l'écrivait en son temps Madeleine Giteau (1918-2005), membre de l'EFEO, ''réaliser au coeur du pays le monde divin, c'était assurer la prospérité et l'invulnérabilité du royaume''.

 

Mengraï, superstitieux et à l'écoute de tout ce qui pouvait contribuer à sa gloire a embrassé le bouddhisme (3). Alors il a voulu faire de Chiang-Mai une ville sainte et une ville sacrée à l'égale des grandes cités d'alors, dont il avait vraisemblablement entendu parler mais sans vraiment imaginer leur réelle magnificence et envisager les techniques qui allaient de paire.

 

Il était alors comme un jeune peintre, sans matériel et sans formation, qui voulait rivaliser avec les plus grands maîtres !...

 

Quoiqu'il en fût, Mengraï réalisa sa cité des dieux. (4) Une cité qui avait son Mont Méru, le chédi du Wat Sadue Muang, (วัดสะดือเมือง) ses montagnes sacrés, les fortifications de terre autour de la ville, et ... sa mer de lait que concrétisait la douve cernant Chiang-Mai !...

 

C'est de la mer de lait et de son barattage que sont sortis ... Kamadhenu la vache d'abondance, Parijata l'arbre céleste, Sri Laksmi la déesse des eaux, le soleil et Dhanvantari le médecin divin ou des dieux, pour ne citer qu'eux.

 

Le Nord-ouest de Chiang-Maï, porte le nom de ''Chaeng hua rin'' ou ''lin'' (แจ่งหัวลิน) c'est-à-dire littéralement l'angle de la tête de la conduite d'eau ; une bouche de canalisation par où se déverse dans la douve les eaux venant de la montagne.

 

Avant de recevoir ce nom, l'angle Nord-Ouest aurait eu, du temps des Lua-s, avant le XIIIe siècle, celui de ''Săt'uăng  K'ăm Kün c'est-à-dire le quartier (Săt'uăng) - or (K'ăm) et nuit (Kün) ?!... parce que, poursuit le traducteur Camille Notton, ''l'âge de la cité se trouve en cet endroit'', l'âge (อายุ) étant le nom de la divinité gardienne de l'endroit.

 

Aujourd'hui, de l'angle Nord-Ouest démarre la rue Huai Kaeo (ห้วยแก้ว) qui conduit au Doï Suthep, la montagne sacrée. Littéralement Huai Kaeo se traduit par ruisseau (Huai - ห้วย) de cristal (Kaeo - แก้ว) ; ce qui pourrait signifier que - peut-être -  à l'origine la douve était alimentée par les eaux du ruisseau de cristal ?.... Le nom de cristal n'est pas innocent comme nous allons le voir à propos de la méditation de Bouddha.  

 

La source de vie, car l'eau est bien source de vie, dont bénéficie Chiang-Mai vient donc très précisément du Nord-ouest, c'est-à-dire de la montagne sacrée et, de là où les astrologues ont aspecté le soleil. A noter que Chiang-Mai jouit d'un emplacement idéal par rapport aux différentes ressources en eaux de la région.

 

C'est aussi dans le Nord-Ouest de Chiang-Mai que se trouvent les grandes réserves d'eau dormantes : Mae Chok réservoir (อ่างเก็บน้ำแม่จอก) - Hai Yuak réservoir (อ่างเก็บน้ำห้วยหยวก) et Huai Kaeo réservoir (อ่างเก็บน้ำห้วยแกว) pour ne citer que les trois principaux.

 

Concernant la protection : c'est aussi à partir de cet angle qu'autrefois, les âmes en peine ou les malades gravissaient les pentes du mont Usupabatta (?) qui devint le Doï Aoy Chang (ดอยอ้อยช้าง) puis Doï Suthep (5) pour consulter l'un ou l'autre des reusis, (6) qui s'y trouvaient. Ces ascètes savaient alors donner les conseils qui soulageaient les âmes, ou les plantes médicinales qui guérissaient les corps. Il était bien question de santé, tout à la fois psychologique et physique.

 

Entre 1904 et 1906 le botaniste allemand Carl Curt Hosseus (1878-1950), qui décrivit en 1907 la ''Richthofenia Siamensis'' trouvée sur les pentes du Doï Suthep, estima que ce mont comptait plus de 90 espèces de végétaux par hectare et au total plus de 2.000 espèces réparties sur les 261 Km2 qui constitue la réserve crée dans les années 60. Aujourd'hui encore de nouvelles plantes sont découvertes sur les pentes du Doï Suthep, la montagne sacrée.

 

Autrefois pour se rendre sur cette montagne, il n'y avait pas de route,  tout juste des sentiers ; mais ce n'est pas par hasard si aujourd'hui cette montagne porte le nom de ''Doï Suthep'' c'est-à-dire littéralement la montagne qu'habita en son temps l'ermite ''Suthep'' qui, peut-être et très vraisemblablement, fut le nom d'une lignée de reusi-s.

 

Les arbres plantés au sud-ouest de la maison kalê ont bien les mêmes caractéristiques (culinaires et médicales) que nombre de plantes poussant au Sud-ouest de Chiang-Maï. (Il y a un centre d'étude et un arborétum au pied du Doï Suthep, juste avant le Zoo. Il est ouvert au public) 

 

 

(1) Le plan de Sukhothai aurait été inspiré par celui de Lavo ; une ville khmère où Ramkhamhaeng (1239-1279-1317), le futur roi de Sukhothai, fit ses études avec le roi de Phayao Ngam Müang.

Et ... simple hypothèse ... si les Khmers du temps de Suryavarman II (1113-1150) avec les Luas avaient été à l'origine de Napaburi, ville ensuite abandonnée que Mengraï aurait retrouvée ?!... Idée farfelue ?... pas tant que cela !... j'y reviendrai à l'occasion d'une chronique car l'édification de Chiang-mai pose des questions qui sont encore, pour le moment, sans réponse.

 

(2) Une dizaine d'années avant la naissance de Mengraï et de Ramkhamhaeng, qui avaient à un an ou deux près le même âge, s'éteignait le grand Jayavarman VII (vers 1210), qui apporta une large contribution à Angkor Vat commencé par l'un de ses prédécesseurs, Sūryavarman II (Durée du règne : 1113-1150 ?) entre 1110/1160.

 

Clin d'oeil astrologique : C'est en 1163 que la 1ère pierre de Notre Dame de Paris fut posée. Entre 1150 et 1250 l'Europe se couvrit d'une centaine de cathédrales, 80 environ. Faut-il voir là une influence des astres pour la construction religieuse, sur le plan mondial ?!...

 

(3) Mengraï n'était pas sans connaître le bouddhisme. Il l'a vraisemblablement ''rejoint'' par opportunisme, car tous les grands rois alentours de l'époque étaient des adeptes de Bouddha.

A l'Est, Jayavarman VII (1181-1210), grand constructeur d'universités monastiques, avait établit le bouddhisme Mahayana ; le titre de  Devarāja (Dieu universel) était devenu Buddharāja. L'un de ses fils  Tamalinda était allé étudier le bouddhisme theravada au Sri Lanka, pour ensuite le répandre en Asie du Sud-est.

A l'Ouest, contemporain de Jayavarman VII régnait à Pagan Marapatisithou (1173-1210) lui aussi roi Bouddhiste. (L'empire Khmer et Pagan eurent une frontière commune dans la péninsule du Tenasserim et ... quelques différents armés en cet endroit, mais du côté de Chiang-Mai n'en aurait-il pas été de même ?!....  )

  

Pour en revenir à Mengraï ... adhérer au bouddhisme est une chose et abandonner ses croyances animistes en est une autre. Mengraï s'arrangea avec les deux, et cela semble lui avoir réussi ?!...

 

(4) Mengraï, sur les conseils de ses amis Ramkhamhaeng, et Ngam Müang roi de Phayao mit quand même un frein à ses ambitions, car il envisageait au départ une cité de 4 kilomètres sur 4. Chiang-Mai n'en fait que deux sur deux, environ.

 

(5) Le mont Usupabatta ou Ucchupabatto signifie en langue Yuon la montagne des cannes à sucre. C'était, de longue date, une montagne sacrée. Après l'épisode de la relique transportée par un éléphant qui décéda là ou s'élève le Wat, elle prit le nom thaï de  Doï Aoy Chang  c'est-à-dire la montagne des cannes à sucre l'éléphant (sous-entendu) transporta la relique ?... En tout cas, ce n'est certainement pas la montagne de l'éléphant de sucre.

Ce mont porte aujourd'hui le nom de ''Doï Suthep''.

 

(6) reusi, rsi, anachorète sont synonymes d'ermite. Ces hommes vivaient retirés du monde. Les moines bouddhistes ont pris leur suite mais sans vraiment les éliminer.  

 

 

       

 

 

            L'angle Nord-ouest de Chiang-Maï, ''Chaeng hua rin'' (แจ่งหัวลิน)

Photo 1 : Le Chaeng Hua Rin vu depuis le Nord-Ouest hors les murs (Photo 2009)

Photo 2 : le carrefour Nord-Ouest hors les murs et l'arrivée d'eau dans la douve vu depuis la rotonde (Chiang-Mai intra-muros).

Au bout de la rue Huai Kaew ... le Doï Suthep. (Photo 2014).

Photo 3 : Le Doï Suthep et le Wat Suthep vus depuis l'hôtel Holiday Inn près du pont Mengraï au Sud-Est de Chiang-Mai hors les murs. (Photo 2014).

 

 

 

La cosmologie bouddhique et le Nord-Ouest :

 

Après son éveil Bouddha médita durant 7 semaines (Sattamahāthāna). A chaque méditation il prenait place dans une direction bien précise, mais en faisant toujours face à l'arbre de l'éveil.

 

Le Nord-Ouest correspond à sa troisième et quatrième semaine de méditation. En Inde, à Bodh Gaya, le site où Bouddha trouva l'éveil, les lieux correspondant à ces deux semaines sont appelés Ratnachakrama  et Ratnaghar Chaitya.

A Chiang-Mai,  au Wat Chet Yod la réplique de Bodh Gaya, ces lieux de méditation sont nommés, Rattana Chakrama chédi (รัตนจงกรมเจดีย์) ce qui signifie que Bouddha pendant une semaine a marché de long en large sur un promenoir d'or et d'argent incrusté de pierres précieuse ; et Rattana Chongkram Chedi (รตนฆรกรมเจดีย์) ce qui veut dire que Bouddha, pendant une semaine, médita dans un abris dit des sept joyaux, ou une maison de cristal, que les dieux mirent à sa disposition.

 

 

Le Nord-Ouest de Chiang-Mai et les temps anciens :

 

L'un des hauts lieux bouddhiques, au double sens du terme, qui s'élève au Nord-Ouest de Chiang-Mai et non à l'Ouest comme je l'ai souvent lu, c'est le Wat Pratha Doï Suthep (วัดพระธาตุดอยสุเทพ) que fit construire le roi Chao Keu Na Thammikarat (พระเจ้ากือนาธรรมิกราช) vers 1376 (1) pour honorer une relique du Bouddha, mais aussi pour mettre la ville sous la haute protection de Bouddha qui a ... ''l'oeil'' sur tout, comme le soleil.

 

Un site du VIIIe siècle, celui de ''San Ku'' (สันกู่) (Petit tombeau ou chedi ?...) (2), situé au-dessus du Wat Suthep semble indiquer que ce Doï était sacré depuis fort longtemps. Le Wat Palat (วัดผาลาด) ou Sakinakha (วัดสกืนาคา), sur la route du Wat Suthep confirme cette hypothèse, car lui aussi date d'avant l'arrivée du bouddhisme.

Autrefois un sentier, qui existerait toujours, reliait le Wat Faï Hin (วัดฝายหิน) (3) au Wat Prathat Doï Suthep en passant par le Wat Palat.

 

Ces trois Wats symbolisaient le triple joyau, c'est-à-dire les trois piliers indissociables du bouddhisme : Le Sangha (communauté des moines) ''Faï Hin'' ne signifie-t-il pas la secte theravada ?... (4)], le Dhamma ou Dharma (Les enseignements du Bouddha - Wat Palat est un temple de la forêt, donc de méditation sur les enseignements) et Bouddha que porte au pinacle ou aux nues le Wat Suthep, à l'image du soleil.

 

Ces trois Wats sont aussi des lieux attachés à La naissance, l'éveil (Bodhi) et l'extinction (Parinirvana) de Bouddha ; trois grands événements qui se commémorent sous le nom de ''Visakha puja'' (วันวิสาขบูชา) en mai/juin (14ème jour de la 6ème lune.) ; l'une des célébrations la plus importante du bouddhisme et dont le temps fort se concrétise par un pèlerinage à la tombée de la nuit, d'une durée d'environ quatre heures ; temps nécessaire pour parcourir les douze ou treize kilomètres qui reliaient le Wat Faï Hin au Wat Suthep. (5)

 

Ce grand pèlerinage sur la route du mont sacré par excellence de Chiang-Mai, (6) est un gage de fidélité aux trois joyaux mais aussi l'occasion d'acquérir des mérites, richesse et prospérité.

 

Enfin, sachez que le Chédi du Wat Suthep est appelé le chédi d'or car il réverbère la lumière du soleil (แสงแดดที) ?!... encore le soleil ?!...

 

 

(1) La date varie jusqu'à 30 ans selon les auteurs. 1376 est celle donnée ''officiellement'', ce qui ne signifie pas qu'elle soit exacte.

(2) La tête d'un Bouddha de style hariphunchaï a été trouvée sur ce site. Les môns se sont-ils appropriés du lieu ?!.... Très certainement !... Mais !...

Les Lua-s croyaient que l'âme de leurs ancêtres trouvait refuge au sein de ce mont.

(3) Dans la chronique précédente j'ai placé le Wat Faï Hin à l'Ouest. Il est en fait pile-poil à la limite de l'Ouest et du Nord-Ouest ?!...

Sans que change sa symbolique il serait plus à sa place au Nord-Ouest qu'à l'Ouest.

(4) Voire la chronique précédente concernant l'analyse du nom du Wat Faï Hin.

(5) Depuis 1935, date de la mise en service de la route Phra Kruba Sri Vichaï (พระศรีวิชัย) (1878-1938), le Wat Sri Soda s'est substitué au Wat Faï Hin.

Phra Kruba Sri Vichai fit aussi réaménager, entre le Wat Palat et le Wat Doï Suthep, le Wat Onakhami ou Onacami (วัดอนาคามี) aujourd'hui rasé. En 2012 de nouveaux bâtiments étaient en construction ?!... 

Ce Wat s'élevait sur la colline de la réussite ou du succès (เนินแห่งความสำเร็จ) lieu autrefois dédié au roi des oiseaux mythiques  ''Mon Phaya Hong'' (ม่อนพญาหงษ์).

  

Les étudiants qui entrent à l'université font aussi un pèlerinage analogue à celui de ''Visakha Puja''. Celui-ci pourrait se comparer à un rite de passage entre l'enseignement secondaire et universitaire.

(6) En 1986 les autorités touristiques de Thaïlande (TAT) envisageaient la création d'un téléphérique qui a soulevé un tollé de la part de la population, us égard à ''l'historicité de Chiang-Maï'' mais aussi, vraisemblablement, pour éviter la profanation d'un mont considéré comme sacré depuis la nuit des temps.

      

 

         

 

 

Photo 1 : Le Wat Palat (วัดผาลาด) ou Sakinakha (วัดสกืนาคา) (Photo 2012)

Photo 2 : Le Wat Pratha Doï Suthep (วัดพระธาตุดอยสุเทพ) (Vue aérienne du Net).

Photo 3 : Le Chédi du Wat Chompu (วัดชมพู). C'est une réplique du Wat Doï Suthep. Il a aussi été construit par le roi Chao Keu Na à la demande de sa mère Phra Nang Chao Phimpha (พระนางเจ้าพิมพา) pour permettre aux personnes âgés dans l'impossibilité ''d'escalader'' les pentes du Doï Suthep de pouvoir quand même rendre hommage à Bouddha et d'acquérir des mérites. De ce fait ce Wat s'est d'abord appelé le Wat Maï Phimpha (วัดใหม่พิมพา) pour devenir Chomphu, nom d'un moine. Il est tout près de la porte Thaphae hors-les-murs. (Photo 2009)

Photo 4 : Plus haut que le Doï Suthep, et plus ancien ... le ''San Ku'' (สันกู่).

 

 

 

En 1915, Nang Chao Dara Rasmi (เจ้าดารารัศมี) (1873-1933), dernière princesse de Chiang-Mai et épouse de Rama V, fit construire une résidence à quelques pas du Wat Suthep, sur une colline contigüe, ''Doï Buak Ha'' (ดอยบวก ฮา) d'où le nom de sa résidence ''Buak Ha'' ; à sa mort la construction fut laissée à l'abandon puis rasée ?!...

 

En 1961, c'est le roi Rama IX qui, à quelques kilomètres au-dessus du Wat Suthep, fait bâtir un palais d'hiver, le ''Phra Tamnak Phu Phing'' (พระตำหนักภูพิงค์ราชนิเวศน์)). Une façon de montrer que, comme le soleil, le roi a un oeil sur Chiang-Maï ?!... N'est-il pas ''Buddharāja'' ?!...

 

Aujourd'hui, mais au pied du Doï, s'élève un monument à la gloire de Phra Kruba Sri Vichai (พระครูบาศรีวิชัย) (1878-1938). Ce moine fut la cheville ouvrière de la route conduisant au Wat Suthep mais aussi, et surtout, l'homme le plus charismatique du Lanna, le saint des saints. De ce fait il est surnommé ''Nak-boun-hègn-Lanna'' (นักบุญแห่งลานนา) c'est-à-dire le ''Saint patron du Lanna'' ou encore le ''Bienfaiteur du Lanna''.

 

Bref le mont ne manque pas de symboles, tous plus prestigieux les uns que les autres et en rapport avec nombre de qualités du soleil.   

 

     

 

 

             Le monument de Phra Kruba Sri Vichai (อนุสาวรีย์พระครูบาศรีวิชัย)

Photo 1 : L'image de Phra Kruba Sri Wichaï. Elle a été sculptée par Silpa Bhirasi avec l'aide de son assistant Khien Yimsiri (เขียน ยิ้มศิริ) (1922-1971) l'auteur de la ''flûte céleste'' 1ère médaille d'or du 1er concours national thaïlandais.

Photo 2 : Un tout nouveau sanctuaire venant s'ajouter au mémorial.

Photo 3 : Une copie de la tête de Phra Kruba Sri Wichai tirée d'une image du Wat Buppharam qui fut rénové en son temps par Phra Kruba Sri Wichaï.

 

 

 

Un autre Wat du Nord-Ouest très important, c'est le Wat Chet Yod. Le Wat Chet Yod est une réplique de Bodh Gaya en Inde, c'est-à-dire de l'endroit où Siddhārtha Gautama devint ... Bouddha ; le lieu de la bodhi.

Pour en savoir plus à son sujet se reporter à la chronique qui est consacrée à ce Wat. (Visite touristique)

 

        

 

                                               Le Wat Chet Yod.

 

Suite à ce qui précède une conclusion est-elle bien nécessaire pour démontrer les similitudes entre la symbolique du soleil et celle des lieux présentés  ?...

 

 

Pour lire la suite et la fin vous reporter à la rubrique

03 CULTURE & TRADITIONS � MAISON KALÊ (8/3 & 12/12)

 

                                                                                     Juillet 2014 - Jean de la Mainate.

 



27/07/2014
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