MENGRAI - 13 LA FIN TRAGIQUE DU FILS AÎNE DE MENGRAÏ
LA FIN TRAGIQUE DU FILS AÎNÉ DE MENGRAÏ.
Khun Khrüang : (1262/1275)
Khun Khrüang, en tant que fils aîné de Mengraï, était appelé à succéder à son père.
Ce dernier avait alors à peine treize ans !....
Mais l'adolescent, malgré son jeune âge, comptait obtenir de son père beaucoup plus que le gouvernement par intérim d'une cité.
D'autant que certaines couronnes des petites principautés nouvellement conquises par Mengraï attendaient toujours un nouveau titulaire !...
Cependant, le jeune garçon fit contre mauvaise fortune bon cœur… tout du moins en apparence !...
Car au fil des jours son ressentiment vis-à-vis de son père allait grandissant.
Et son impatience, en plus de ses appétits de pouvoir, au lieu de lui conseiller la prudence lui firent commettre l'irréparable, sans la moindre hésitation.
En effet, avec l'aide d'un complice, Khun Saï Rieng, il décida le plus simplement du monde, et avec une naïveté déconcertante, de prendre dans le domaine royal ce qui ne lui avait pas été donné, mais qu'il estimait devoir lui revenir.
Comme la couronne de Chiang Rai n'était pas pour lui déplaire, il commença à comploter dans le but de prendre le pouvoir et de monter sur le trône de la ville pour s'autoproclamer roi et régner en tant que tel.
Ce qui était beaucoup plus gratifiant qu'un gouvernement provisoire !…
Depuis Fang, grâce à ses espions, Mengraï savait tout ce qui se passait d'un bout à l'autre de son royaume, et à plus forte raison à Chiang Raï.
Alors quand il apprit les manigances et la forfaiture de son fils, il entra dans une colère si noire qu'il décida de régler ''l'affaire'' une fois pour toutes.
Après mûre réflexion, et la mise au point d'un plan diabolique, il envoya comme messager auprès de son fils Khun Ong, auquel il s'était bien gardé de parler de la trahison de son rejeton et de ses sinistres intentions !...
Khun Ong était le plus ancien et le plus fidèle des serviteurs de Mengraï. C'était aussi quelqu'un qui avait vu grandir Khun Khrüang et qui l'avait tenu sur ses genoux maintes et maintes fois.
Bref !... Pour un père devenu perfide, c'était la personne idéale pour tromper la méfiance de son fils, et pire, pour le mettre en confiance !...
Et ce que Mengraï avait espéré arriva. Lorsque les deux hommes se retrouvèrent à Chiang Raï, ils se précipitèrent dans les bras l'un de l'autre.
Après les effusions des retrouvailles le vieux Khun Ong, ainsi qu'il en avait reçu la mission, répéta mot pour mot, les paroles que Mengraï lui avait demandé de dire à son aîné.
'' Mon enfant bien-aimé, j'ai fait un songe étrange te concernant. Grâce à des ailes que tu avais dans le dos, je t'ai vu voler dans les airs en compagnie d'oiseaux de proie. Puis je t'ai vu descendre et te poser sur un cadavre.
Alors l'inquiétude s'est emparée de moi et je me suis demandé si tu n'étais pas mort pour renaître dans le sein d'un corps en décomposition.
Aussi, tant pour me rassurer que pour t'aider à retrouver toute ton énergie, il me paraît nécessaire d'appeler les Khuans.
Car je crains que la plupart de tes esprits protecteurs ne soient partis vagabonder et que tu n'aies plus la force nécessaire pour faire face aux épreuves de la vie.
Alors j'estime qu'il est de mon devoir de leur demander de reprendre place en toi, car ce songe me laisse présager que tu vas avoir besoin d'eux plus que jamais !...
Viens donc vite me rejoindre à Fang. Et dès ton arrivée, nous appellerons les Khuans, ce qui apaisera mon inquiétude et te fera partir sur un pied nouveau. ''
À l'écoute du message de son père, Khun Khrüang en aurait presque pleuré.
Car tout semblait indiquer que son incartade lui avait été pardonnée.
Par ailleurs Khun Ong, qui ne savait pas cacher ses sentiments, se comportait comme il en avait toujours l'habitude.
Alors, ne voyant aucune raison de se méfier, Khun Khrüang monta sur son éléphant et prit la route de Fang en compagnie de Khun Ong pour cette cérémonie d'appel aux Khuans que son père voulait organiser pour lui.
Tandis que Khun Khrüang, assis sur son éléphant, se dirigeait vers Fang, Mengraï fit appeler Āi Phién, son meilleur tireur à l'arc.
Il lui ordonna d'empoisonner la pointe de quelques flèches et, après lui avoir précisé sa mission, d'aller s'embusquer au lieu dit de Müang Ying qui, aujourd'hui encore, porte ce nom.
Après une longue attente, l'archer d'élite fut prévenu de l'arrivée du convoi conduit par Khun Ong. Et lorsqu'il aperçut sa victime postée sur son éléphant, il se prépara.
Quand sa cible fut à bonne distance, il banda son arc, visa, et laissa partir sa flèche !...
Mengraï connaissait ses hommes mieux que personne. Car le projectile de son tueur alla se planter dans le cœur de son fils avec une précision remarquable.
La violence de l'impact de la flèche désarçonna le gamin, qui n'avait que treize ans et le fit tomber du haut de son éléphant.
Il mourut avant même d'atteindre le sol, car le poison dont était enduite la pointe de la flèche était si redoutable que l'adolescent n'avait aucune chance de survie, même en arrivant vivant à terre !...
En apprenant la mort de son jeune fils, Mengraï resta de marbre. Et pour que chacun se le gardât pour dit, il lâcha sur un ton laconique et sentencieux : '' En choisissant de s'associer à des scélérats, il a choisi de mourir comme un scélérat. ''
La dépouille du jeune garçon fut ramenée à Chiang Raï par son père lui-même.
Car Mengraï, bouleversant tous ses projets, prit le parti de retourner s'installer à Chiang Raï, avec armes et bagages, et dans la ferme intention de remettre de l'ordre là où son fils avait mis le désordre.
A découvrir aussi
- MENGRAI - 15 B- DES DESSOUS FEMININS AU DESSOUS DES CARTES OU LA TRIPLE ALLIANCE
- MENGRAÏ - 15 D- Des dessous ... Invasions de l'Annam et du Champa.2
- RAMKHAMHAENG LE GRAND
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 315 autres membres