MerveilleuseChiang-Mai

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MUSEE DES TRIBUS DES COLLINES (Le) (Musée hill tribe) ou (พิพิธภัณฑ์ชาวเขา)MUSEE DES TRIBUS DES COLLINES (Le) (Musée hill tribe) ou (พิพū

 

 

MUSEE DES TRIBUS DES COLLINES (Le)

(Musée hill tribe) ou (พิพิธภัณฑ์ชาวเขา)

 

 

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Photo 1 : Le plan de Chiang-Mai situant le musée des tribus des collines

Photo 2 : Depuis la porte Chang-Phuak, à environ 1 kilomètre le premier indice à repérer.

Photo 3 : Quelques mètres plus loin, l’entrée du parc Ratchamangkla.

 

 

Adresse : Chiang-Mai hors les murs - Ratchamangkla Park -

Rue Chotana ou route n° 107 en direction de Mae Rim.

Chiang-Mai 50300

 

A partir de la porte Chang Phuak, vous remontez la rue Chotana qui conduit à Mae Rim. Vous restez sur cette route, et ne la quittez sous aucun prétexte. A 2 ou 3 kilomètres après le grand carrefour de Khuang-Sing (Croisement de la hotana road avec la super highway - route de Chiang-Mai Lampang) vous longerez sur votre gauche un grand parc et verrez, après environ un kilomètre deux cents, un panneau indiquant le ‘’Musée hill tribe‘’. C’est l’entrée. Empruntez-là et allez droit devant vous en restant sur cette route secondaire, qui vous conduira au musée.

 

Pour quitter le musée prenez de préférence la route 1366, tout à côté de l’entrée du musée des maisons. Elle vous conduit à la rue Chotana et vous permet de la couper, donc de tourner sur votre droite en direction de la porte Chang-Phuak grâce à un feu.

Alors qu’en quittant le musée par où vous êtes arrivés vous serez obligés de tourner sur votre gauche, d’aller en direction de Mae Rim et après une bonne centaine de mètres de faire un demi-tour pour prendre la direction ‘’Porte de Chang-Phuak‘’.

 

Téléphone : 053.221.308 & 053.211.933

E-mail :

Site :

 

Le musée est ouvert du Lundi au Vendredi de 8h30 à 12 heures le matin, et de 13 heures à 16 heures l’après-midi.

Il est donc fermé les samedi, Dimanche et jours fériés.

 

Prix d’entrée : L’entrée est gratuite, cependant il y a un ‘’tronc‘’ pour y déposer un don, dont le montant est laissé à l’appréciation du visiteur.

 

Centre d’intérêt : ♥♥♥♥♥

 

 

ATTENTION : Il y a deux sites de visite ; d’une part un musée traditionnel plus particulièrement destiné à exposer les divers objets dont se servent les membres des tribus concernées, et d’autre part, à seulement trois cents mètres du premier musée, un musée à ciel ouvert où ont été construits les différents habitats de chacune des ethnies dont il est question. Ce dernier musée n’est malheureusement pas indiqué, alors qu’il est complémentaire du premier et vice versa. Les deux ne manquent pas d’intérêts.

 

 

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Photo 1 : Le plan situant l’implantation des deux sites : le musée traditionnel et le musée à ciel ouvert.

Photo 2 : Le musée Traditionnel de forme hexagonale.

Photo 3 : L’entrée de l’enceinte du musée traditionnel.

 

 

La ville de Chiang-Mai, pour laquelle j’ai beaucoup d’affection, une fois de plus, fait preuve d’incurie. Elle a en son sein des petites merveilles, joliment présentés et mis en valeur, et elle ne fait rien, ou pas grand-chose, pour faire connaître les lieux où ils sont exposés. C’est vraiment dommage !...

 

Autrement écrit ces deux musées méritent une ou plusieurs visites parce qu’ils en valent vraiment la peine.

 

 

Remarques préliminaires :

 

Les ethnies dont il va être question ont des histoires bien différentes de par leur occupation des sols.

 

Les uns, comme les Mlabri et les Lua (Lawa) occupaient les lieux bien avant l’arrivée des t’aï qui sont, eux aussi, des immigrés venus du ‘’Sip Song Pan Na‘’ (Yunnan) pour la plupart d’entre eux ; des immigrés dont les migrations ont commencé lors des VIe et VIIe. Tandis que les autres, les Akha, Karen, Lahu, Hmong et Mien sont arrivés alors que les t’aï avaient pris la place des Lua (Lawa) et plus au nord, les Lao, celle des Khamu.

 

En ‘’occupant‘’ les lieux peuplés par les Lawa (Lua) et les Khamu, les t’aï et les Lao se sont appropriés des terres situées dans les vallées. C’est-à-dire les terres les plus fertiles, donc les plus riches. C’est d’ailleurs dans la vallée de la Mae Ping que se sont développés Chiang-Mai, le royaume de Biṅgaraṭṭha, et par la suite le Lanna ; cette vallée étant particulièrement fertile !...

 

Au Lanna, les Lua (Lawa) et les t’aï ont cohabité très longtemps, la chronique de Chiang-Mai fait état, entre autres, de leur présence sous les règnes des Kawila. Ainsi, les Lua (Lawa) étaient non seulement présents, mais en tête des cérémonies d’intronisation. Avec le temps et la suzeraineté de Bangkok, ils semblent avoir été mis à l’écart des manifestations officielles ?!...

 

Lorsque les Khamu, vraisemblablement les premiers occupants des plaines Lao ont été ‘’chassés‘’ de leurs terres par les lao, ils se sont sédentarisés à la base des collines considérant que les forêts au-dessus d’eux leur appartenaient. Des forêts dans lesquelles où pratiquement personne, à l’époque, ne s’aventurait par crainte des esprits et autres mauvaises rencontres.

 

 

DESCRIPTION DES LIEUX :

 

Le musée traditionnel a été aménagé dans une grande tour hexagonale de quatre étages s’élevant majestueusement au beau milieu d’une presqu’île s’enfonçant dans un lac. Cet hexagone n’est pas sans rappeler la table hexagonale où six tribus des environs de Dali, composées de Baï, T’aï et Yi, s’unifièrent au VIIIe siècle sous l’autorité du roi Poleguo, pour fonder le royaume de Nánzhāo (737-902) (Nánzhāo se traduit par royaumes du sud ; d’où : Nán = Sud et zhāo = royaume.).

 

Le rez-de-chaussée abrite tout à la fois un hall d’accueil, un point de vente de souvenirs, des toilettes, et une salle de projection d’où commence la visite.

Dans cette salle agréablement agencée les visiteurs sont invités à assister à une projection présentant les ethnies qui font l’objet d’une exposition à l’étage du dessus.

 

Les photos incluses dans le film de présentation ne sont pas toujours de très bonnes qualités mais elles ont l’avantage de l’âge et de l’authenticité.

 

Un coup de chapeau pour le commentaire enregistré dit … en Français.

 

Nota : Il est possible d’acquérir une brochure décrivant les différentes ethnies pour la modique somme de 30 bahts. Mais … encore faut-il la demander car la pile de ces livrets est sous le comptoir d’accueil et non dessus ?!...

 

Le 1er étage présente de nombreux d’objets touchant à la vie sociale, culturelle et spirituelle des différentes ethnies. Ce sont des articles en bois, en osier, en fer et en argent. Pour mieux en comprendre l’utilité quelques scènes de la vie courante ont été reconstituées au moyen de mannequins revêtus d’habits de l’ethnie concernée.

 

Au 2ème étage sont rassemblés différents documents sur les recherches et les travaux qui ont précédé la création du musée. Il y a de nombreuses photos sous-titrées en langue … Thaïe … ce qui n’est pas évident pour la compréhension des étrangers.

Il y a aussi des appareils enregistreurs d’images et de sons qui ont dû accompagner les ethnologues lors de leurs enquêtes.

 

Le 3ème étage a pour objet de présenter les actions royales du regretté Rama IX en faveur des tribus. Un coup de chapeau à ce roi, qui en passant, semble mériter la popularité dont il fait l’objet.

 

Le 4ème étage est réservé à la direction. De ce fait il ne se visite pas.

 

Le visiteur est libre d’aller et venir dans les lieux ; à lui de se montrer digne de la confiance qui lui est accordée pour ne pas toucher, et respecter tout ce qui est exposé.  

 

 

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Photo 1 : Le plan indiquant le trajet conduisant du musée traditionnel au musée à ciel ouvert.

Photo 2 : L’Entrée du musée à ciel ouvert.

Photo 3 : Le musée à ciel ouvert.

 

 

BREF HISTORIQUE :

 

Ce musée créé en 1965, l’aurait été à la suggestion et l’initiative de l’anthropologue Néo-Zélandais William Robert (Bill) Geddes (1916-1989). Ce dernier, qui occupa la chaire d’anthropologie à l’université de Sydney, entre 1957-1962 s’intéressait aux tribus du Nord de la Thaïlande. De ce fait il fut appelé en tant que conseiller du ‘’Tribal Research Center‘’ établi à Chiang-Mai quelque temps auparavant à la demande du roi Rama IX.

 

Cette nomination fut à l’origine d’une polémique avec d’autres anthropologues ; Ces derniers prétendirent (? ...) que les travaux de Geddes servaient à peaufiner les renseignements dont avaient besoin les américains, alors embourbés dans la guerre du Vietnam ? ....

 

Quoiqu’il en fût, ce musée des tribus des collines vit le jour en 1965. Après quelques années d’activité il ferma ses portes une dizaine d’années en raison d’un grand toilettage. Puis, quelques temps après sa réouverture il fut à nouveau fermé au public à cause d’un incendie survenu le 15 janvier 2011. Les travaux de remise en état se seraient montés à plus d’un million de bahts ?! ...

 

C’est donc un musée flambant neuf qui aujourd’hui, est ouvert au public.

 

Le musée présente neuf peuples : 1/ les Akha, 2/ les Karen, 3/ les Khamu, 4/ les Lahu, 5/ les Lau, 6/ Les Lisu, 7/ les Hmong, 8/ Les Mien et en 9/ les H’tin.

 

Les Mlabri, les Lua et les Khamu ont un statut particulier par rapport aux autres peuples. En effet leur migration est antérieure à celles des t’ai (*), tandis que celles des autres peuples sont postérieurs à l’installation des t’aï et des lao qui entre temps s’étaient appropriés des terres des Lua et des Khamu.

 

(*) Le mot t’aï sert à désigner différents groupes ayant la même origine tandis que celui de thaï, phonétiquement semblable, concerne le peuple Thaïlandais que les individus soient d’origine Chinoise, t’aï, Hmong ou autres.

 

Enfin, il faut savoir que n’est pas ‘’notable‘’ ou d’un rang supérieur qui veut. Au Lanna le statut social dépend aussi de la situation de l’habitat. Il y a d’une part les ‘’Chao Muang‘’ (ชาวเมือง) c’est-à-dire les hommes du Muang, les villageois, qui jouissent d’une certaine notoriété et disons-le qui font preuve d’une certaine condescendance vis-à-vis des ‘’Chao Khao‘’ ; les ‘’Chao Khao‘’ (ชาวเขา) c’est-à-dire les hommes de la montagne ont donc un statut social bien moins reluisant que celui des ‘’Chao Muang‘’ d’autant plus, quand on sait que les Lao n’hésitent pas à qualifier ces ‘’Chao Khao‘’ de … Kha (ข้า) c’est-à-dire … d’esclaves ?!... rien de moins.      

 

 

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Photo 1 : Une carte de la chine mettant en évidence, en vert, la province du Yunnan.

Photo 2 : La spacieuse petite salle audio-visuelle située au rez-de-chaussée du musée. D’entrée, il est proposé au visiteur, un résumé récapitulant les principales caractéristiques des neuf ethnies proposées à la curiosité des visiteurs et peuplant les environs de Chiang-Mai.

Cet audio-visuel tient compte de la nationalité des visiteurs, puisque le commentaire nous concernant fut diffusé en Français et en bon Français.

Les images du film, lorsqu’elles sont récentes, sont de bonnes qualités, par contre lorsque d’anciens documents sont glissés dans le montage la qualité technique n’est pas celle d’aujourd’hui. Mais on ne peut tout avoir, à savoir l’authenticité et la qualité technique.

Photo 3 : Une carte du Yunnan situant ses différents districts dont le ‘’Sip Song Pan Na‘’ ou ‘’Xishuangbanna‘’ selon la terminologie chinoise.

Les fleuves ont été surlignés parce que c’est en suivant leur cours que les migrants ont et passent les frontières. N’oublions pas que la région est montagneuse et que ces montagnes ont protégé les royaumes voisins de la Chine de ses invasions.

 

 

Quelques mots sur les différentes ethnies :

 

 

Les Akha :

 

 

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Photo 1 : Une femme Akha photographiée à l’occasion de la fête des fleurs de Chiang-Mai de février 2009.

Photo 2 : La maison Akha du musée à ciel ouvert avec la porte protectrice qui s’élève à l’entrée de tous les villages Akha.

Cette porte sacrée marque la frontière entre le monde de la forêt peuplé d’esprits et le monde des humains (Le village) où les esprits ne peuvent pénétrer grâce à de nombreuses protections.

La maison est vue de côté.

Photo 3 : Une des nombreuses protections imaginées par les Akha pour se protéger des mauvais esprits. Ce talisman ou Taleo (Talaew) est fait de bambou tressé. Il est placé en différents endroits (au-dessus d’une porte par exemple) pour que les esprits malfaisants, désorienté par ce taleo ne puissent pénétrer dans la demeure familiale.

Un taleo planté dans un champ sert à protéger les récoltes.

Photo 4 : Un mélangeur ou mixeur manuel d’opium.

 

 

Les Akha (เผ่าอาข่า) seraient, pour les uns, originaires de l’Est du ‘’’Sip Song Pan Na‘’ (Sud-Est du Yunnan), pour d’autres du Sud-Ouest du Tibet. Leur aire d’implantation peut très bien recouvrir ces deux régions et n’en faire qu’une ?!....

 

Leur langue appartient à la famille linguistique dite Sino-Tibétaine.

Pour diverses raisons, surtout les guerres et les persécutions, nombre d’entre eux migrèrent au cours du XIXe siècle vers la Birmanie, le Laos et le Vietnam.

 

Des écrits datant du règne du prince Shan de Kengtung, Sao Maha Pawn (1857-1876), attestent que vers 1860 des tribus Akhas étaient déjà installées en ce royaume.

 

En raison des guerres civiles qui, en Birmanie, se succédèrent au XXe siècle, de nouvelles vagues migratoires Akha prirent le chemin de la Thaïlande et essaimèrent dans les environs de Chiang-Mai, Chiang-Rai, Kamphaeng Phet, Lampang, Phrae et Tak ; toutes, sauf Kamphaeng Phet, sont des villes du Lanna.

 

Il y aurait aujourd’hui en Thaïlande 50.000 Akhas se subdivisant en 200 clans qui appartiennent à quatre sous-groupes : les Akha U-Lo, les Akha Loimi, les Akha Phami et les Akha Puli.

 

Les éditions chinoises en Langues étrangères, donc en Français, dans une parution de 2007, intitulée ‘’ethnies minoritaires‘’ présentent 55 ethnies dont les hani, (ฮานี) nom que les chinois donnent aux Akhas. Les Laos les appellent ‘’Iko‘’.

 

Les Akha n’ont pas d’écriture, et leur langue se subdivise en trois grands dialectes qui sont très différents les uns des autres.

 

Ce sont des animistes qui vivent dans des villages de 20 à 100 maisons situés à flanc de montagne, à plus de 1000 mètres d’altitude. Leurs principaux éléments de culte sont l’eau, la montagne, le dragon, le ciel et leurs ancêtres. Ces derniers sont censés vivre au ‘’Nêmi-Khang‘’ c’est-à-dire au royaume des morts.

 

Lorsqu’un Akha décède son âme va rejoindre celles de ses ancêtres afin de vivre auprès d’eux. Cependant lorsqu’un individu n’a pas eu une vie conforme à celle d’un Akha digne de ce nom, son âme peut revenir sur terre et se réincarner dans le corps d’un humain, voire d’un animal.

Le culte aux ancêtres se rend par le biais de sacrifices et n’est rendu qu’aux trois dernières générations.

 

Selon les Akha la maladie n’est pas la résultante de causes naturelles, mais la conséquence de la malveillance des mauvais esprits du royaume des morts (Nêmi-Khang) ou de la jungle. Car ces derniers sont censés avoir pris possession du corps du malade. Alors il est fait appel à un sorcier qui va se charger d’expulser ces mauvais esprits au moyen de prières et de sacrifices appropriés dont les poulets, voire un porc, seront les principaux sacrifiés.  

      

 

DETAILS D’UNE MAISON AKHA :

 

 

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Photo 1 : La terrasse ou la véranda A, vue depuis le haut de l’escalier A.

La véranda existe dans pratiquement toutes les maisons des différentes ethnies parce que c’est un espace couvert et protégé de rambardes, il est donc très éclairé, ce qui permet de pratiquer dans de bonnes conditions de vision des artisanats comme le tissage, la vannerie et quelques autres.

La terrasse, contrairement à la véranda n’est pas couverte, mais à ciel ouvert.   

Photo 2 : Plan de la maison Akha du musée à ciel ouvert.

Photo 3 : Intérieur de la maison Akha du musée à ciel ouvert. La photo est prise depuis la paroi de la Véranda B. De ce fait, à droite il y a le râtelier avec ses outils et à gauche, au sol, le foyer B.

 

 

Les Karen :

 

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Photo 1 : Une reconstitution mettant en scène une famille Karen au milieu d’objets familiers. Un ‘’esprit gardien ‘’ (Bga) ancestral assure la protection de tous les membres de la lignée. C’est la femme la plus âgée du lignage qui officie lors du rite annuel rendant hommage aux ancêtres. 

Photo 2 : Un panier caractéristique fabriqué par les Karen !...

Photo 3 : Un instrument de musique confectionné avec une corne de buffle.

Photo 4 : Une pipe !...

 

 

Les Karen, (เผ่ากะเหรี่ยง) ‘’Karyang‘’ ou ‘’Kariang‘’ comme les appellent les Thaïs du centre, un nom vraisemblablement emprunté au terme mōn ‘’Kareang‘’ et ‘’Yang‘’ comme les nomment les Thaïs du Nord les Yuons, portent aussi les noms de ‘’Sgaw‘’, et de ‘’Pow‘’ (Phlong ou Phlong Shu), en Thailande.

 

A Mae Hong Son où ils représentent moins de 1% de la population Karen Thaïlandaise, (740 en 2000) ils sont appelés ‘’Pa Oh‘’, et ‘’Kayah‘’ (Karenni ou Bwe)

 

Ces Pa Oh, Pa-U, Pa’o, Pa-o aussi surnommés Tong Sue ou Taungthu ont un Wat à Chiang-Mai qui fut construit en 1837, le Wat Nong Kham au 182, de la rue Chang moi.

 

Les Karen d’après leur légende fondatrice, et bien qu’installés en Birmanie depuis des siècles, se disent originaires d’une région ou s’écoulait, 739 ans avant notre ère, une rivière de sable. Ce site pourrait être le Tibet, voire le désert de Gobi, et plus exactement le ‘’Thibi Kawbi‘’ ; mais ce n’est qu’une légende de plus de 2.000 ans … alors ?!...

 

Leurs langues ou dialectes sont difficiles à classer car ils ne s’apparentent à aucune des grandes familles linguistiques, néanmoins pour des raisons pratiques les linguistes les classent dans les langues dites Tibéto-Birmane et Sino-Tibétaine.

 

La multitude de langues et de dialectes Karen, a pour conséquence que les karen appartenant à des groupes différents ne se comprennent pas entre eux. Ainsi par exemple en Thaïlande, les karen du groupe ‘’Sgaw‘’ (Karen blanc) ne comprennent pas les Karen du groupe ‘’Pow‘’.

 

Car l’une des particularités des Karen consiste à adopter des mots appartenant aux groupes près desquels ils vivent. Ce qui signifie que d’une région à l’autre les Karens finissent par créer une langue qui leur est propre et que ne comprendront pas les karen des villages voisins.

 

 

Impliqués malgré eux dans les guerres entre Birmans, Siamois et Yuon (Lanna), les Karen birmans ont cherché à tirer leur épingle du … ‘’jeu‘’. Alors fin XVIIIe et début XIXe, tandis que les Birmans, défaits, se repliaient sur leurs terres, les Karen qui peuplaient la rive Est de la Salouen ou Salween, un fleuve qui court le long de la frontière birmano-thaïe, sont passés sur la rive Ouest qui, au Nord faisait partie du Lanna et au Sud du Siam.

 

 

 

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Photo 1 : La maison Karen du musée à ciel ouvert. Au sol, sur le devant de la maison, le pilon à riz. En général un pilon à riz sert à plusieurs maisonnées. Ce qui signifie qu’il n’y a pas de pilon à riz devant chaque maison. Ce pilon collectif sert à resserrer les liens entre villageois.

Photo 2 : Le plan de la maison Karen du musée à ciel ouvert. Dans une maison Karen il n’y a pas d’autel et pas de centre religieux au sein du village, seulement au dehors.

Photo 3 : Le foyer de l’aire de vie de cette maison Karen.

La photo a été prise depuis la porte d’entrée. Autrement écrit la paillasse verte correspond à l’aire de repos A.

 

 

Au Lanna ils ont été plutôt bien accueillis d’abord parce qu’ils avaient une réputation de ‘’forestier‘’ (Chaque ethnie excelle dans un art particulier) et qu’à cette époque l’exploitation du teck battait son plein et avait besoin de main d’œuvre qualifiée. (*) Ensuite, parce que de 1783 à 1813 l’une des grandes préoccupations des rois du Lanna était le repeuplement de leur royaume (**) que les Birmans avaient dépeuplé pour éviter les insurrections et autres révoltes. Ce n’est donc pas par hasard si sous le règne de Chao Luang Phuttawong (1825-1846) les Karens ont pu bâtir un temple (1837) aussi près de la ville de Chiang-Mai. Ce temple est la preuve que les Karens ne représentaient aucun danger pour le Lanna, et que le roi pouvait compter sur leur loyauté, contrairement à certains groupes de déportés qui furent installés de force … loin des remparts de Chiang-Mai !...

 

La construction de ce temple prouve aussi que parmi ces Karen il y avait des … bouddhistes et que leur animisme ou bouddhisme devait s’accommoder l’un de l’autre sans problème.

 

(*) Les Karen en tant que forestiers ont été amenés à travailler avec des éléphants. Or il s’avère que ce sont les seuls tribaux à utiliser les éléphants dans leur vie quotidienne. Ceci explique-t-il cela ?... 

(**) En 1807 la population de Chiang-Mai était estimée à 4.000 habitants, en 1832 à 50.000, un chiffre exagéré selon certains experts, d’autant que 35 ans plus tard, soit en 1867 le capitaine W C. McLeod l’estimait lui aussi à 50.000 et que le recensement de 1947 donnait le chiffre de … 38.111 ?!...

 

 

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L’Ubosot du Wat Nong Kham (วัดหนองคำ) un Wat Karen du groupe Pa Oh s’élevant au 182 de la rue Chang Moï à Chiang-Mai -  

 

 

Il y aurait actuellement près de 2.000 villages karen en Thaïlande ce qui représenterait une population de plus d’un million d’individus ; et ce serait l’ethnie plus importante de toutes les ethnies.

 

Le meilleur exemple de leur intégration est celui des Karen ‘’Pa Oh‘’ de la région de ‘’Mae One Son‘’. Ces derniers, avec le consentement des Lua, s’installèrent sur leurs terres. Pendant nombre d’années ils cohabitèrent en bonne intelligence. Les Lua louèrent leurs terres aux Karen que ces derniers cultivèrent à un point tel … qu’aujourd’hui les Karen ont pratiquement remplacé sur les lieux les ‘’maîtres‘’ d’antan ?!...

 

Les Karen sont principalement animistes, mais il y a parmi eux des Chrétiens et des Bouddhistes. Les animistes croient en l’existence d’un ‘’Seigneur de la terre et de l’eau‘’ dont dépend toutes choses.  Ce ‘’seigneur de la terre et de l’eau‘’ a un sanctuaire en dehors du village. C’est, avec le cimetière, l’un des deux endroits sacrés d’un village Karen. Une fois par an, dans ce sanctuaire, tous les hommes conduit par un prêtre participent à un rituel dont ils attendent d’abondantes récoltes et une santé à toute épreuve.

 

 

Les Khamu :

 

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Photo 1 : La maison Khamu du musée à ciel ouvert. Les plus grandes de ces maisons forment un quadrilatère d’environ 6 mètres sur 5. Les cloisons sont faites de bambous écrasés ce qui laisse passer tous les vents ; et le toit est couvert de paillotes ou de feuilles de latanier.

Photo 2 : Le plan de la maison Khamu du musée à ciel ouvert.

Photo 3 : L’âtre de l’aire d’habitation de la maison Khamu du musée à ciel ouvert.

Pour que ce foyer soit encore plus proche de la réalité il aurait fallu suspendre à l’aplomb d’un des côtés du cadre en bois, et non au centre, deux petits paquets confectionnés au moyen d’une feuille de bananier ce qui les fait ressembler aux anciennes blagues à tabac des fumeurs de pipes. Ces petits sacs, dont l’un se rapporte au père et l’autre à la mère de la maison, contiennent de la levure. Cette levure a la propriété de transformer le riz en alcool. Mais au-delà de cet aspect matériel, ces paquets personnifient la présence du ‘’Rôï-Gang‘’, c’est-à-dire le génie protecteur de la maison.  

 

 

Les Khamu (ชนเผ่าขมุ) ou Kmhmu, Kemu, Khammu, comme orthographiaient leurs noms les Français, sont aussi désignés sous ceux de … Khamuk, Kamhmu, Khomu, Mou, Pouteng, Pu Thenh. En Chine, ils ne sont pas reconnus comme un groupe national mais comme un sous-groupe des Bulang.

 

Il semblerait qu’à l’origine les Khamu peuplaient ce qui allait devenir le Laos du Nord ; aujourd’hui 88% de la population Khamu mondiale vit au Laos ce qui représente environ 11% de la population Laotienne soit 389.694 individus en 1985.

 

D’après les légendes qui se racontent à Luang Prabang il y aurait eu jadis ‘’un grand royaume Khamu situé aux environs de ‘’Muang Ngoï Neua‘’ sur la ‘’Nam U‘’ dans la province de Luang Prabang, dont les souverains étaient fabuleusement riches‘’. L’auteur de ces lignes, le chef de bataillon d’infanterie coloniale Henri Roux (18 ??-19 ??) et son collaborateur Monsieur Trần-Vǎn-Chu précisent dans leur récit en date de 1927 qu’il existe des villages Khamu riches et coquets, dont les maisons sont aussi propres et nettes que les cases laotiennes. Ils écrivent même, page 171, de leur récit : ‘’peut-être fut-elle (la civilisation Khamu) maîtresse d’un vaste pays avant d’avoir été refoulée dans les montagnes, par l’invasion tày et laotienne … ‘’.

 

Comme je partage cet avis … donc … alors que les Khamu prospéraient dans le Nord Laos d’aujourd’hui, des migrants t’aï (Lao, Nyouane, Samtao, Thai Dam, Thai Deng, Thai Khao, Thai Lu, Thaï Meung, Thai Yang), sont arrivés sur leurs terres par petites vagues lors des VIIe et VIIIe siècle, voire VIe. Ces nouveaux arrivants, au cours des siècles suivants, ont pris l’avantage sur les Khamu et sont devenus les nouveaux maîtres des lieux.

 

Ces nouveaux maîtres ont alors amené les Khamu à quitter les plaines pour s’installer au pied des collines à des altitudes variant entre 300 et 1.000 mètres, ce qui valut à ces derniers le nom de ‘’Lao Theung‘’ (ลาวเทิง) (*) c’est-à-dire ‘’Lao d’en haut‘’. Ce fut aussi au sein des villages Khamu que ces nouveaux maîtres ou Lao Loum (ลาวลุ่ม) (**) c’est-à-dire Lao des lacs et des plaines, puisèrent leur main d’œuvre, ce qui vaut, aujourd’hui encore, au Khamu et à tous les ‘’Lao Theung‘’ le nom péjoratif de ‘’Kha‘’ (ข้า) c’est-à-dire … ‘’d’esclaves‘’ ou ‘’de serviteurs‘’ !... Etienne-François Aymonier (1844-1929), un linguiste et explorateur français, donne aussi au mot ‘’Kha‘’ le sens de ‘’Sauvage‘’ !... Ce qui ne vaut guère mieux ?!...

 

(*) Les Lao Theung ou Lao d’en haut, se composent aujourd’hui de 16 groupes ethniques, dont deux d’entre eux, les plus nombreux sont : les Khamu Hot et Khamu Rok.  Il y a aussi : les Pounoy, Laval, Tchieng, Hoy, Katou, Alak, Tahoy, Lave, Kha Bid, Lavene, Katang, Suay, Kuen, et Doy.

(**) Les Lao Loum ou Lao d’en bas résident traditionnellement, depuis qu’ils se sont appropriés les terres, dans les vallées, que ce soit au Lanna ou au Laos, c’est-à-dire, en se référant à la classification officielle, dans des altitudes variant entre 200 et 400 mètres. Ce sont les descendants d’une subdivision de ‘’Thaï-Kadaï‘’. Ces derniers occupent aujourd’hui toute l’Asie du Sud/Est, le sud de la Chine et le Nord/Est du sous-continent indien. Ces animistes ont adopté le Bouddhisme un peu avant le milieu du premier millénaire.

 

 

Il existe encore les lao Soung ou Sung (ลาวสูง) ou lao Ness, des noms qui servent à désigner les dernières tribus migrantes qui ne trouvèrent à s’installer qu’à une altitude encore plus haute que celle des Khamu.

 

Nota : Les Siamois et par voie de conséquence les Thaïlandais sont tout aussi condescendant vis-à-vis des Lao d’en bas, que les Lao d’en bas avec les Khamu puisqu’ils désignent les Lao sous les termes de ‘’petits frères‘’ et de … Kha ?!...  

 

 

 

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Photos 1 à 3 : Quelques ustensiles de la vie courante propre aux Khamu.

 

 

Comme dans les autres ethnies, les Khamu se subdivisent en différents groupes : Khamu Khong, Keun, Lu, Me, Ou et Rok pour ne citer qu’eux. Ils sont de la famille Austro-asiatique et appartiennent au groupe linguistique môn-khmer.

 

Les Khamu pratiquaient la culture sur brûlis et produisent du riz, du café, du tabac et du coton.

 

Entre 1960 et 1980, suite à la prise du pouvoir par les communistes au Laos et à la guerre du Vietnam, de nombreux Khamu du Laos, mais aussi de Chine se sont réfugiés aux Etats-Unis, en Australie, en France et en Thaïlande. Ils seraient entre 8 et 10.000 en Californie et tout autant en Thaïlande.

 

Les Khamu sont de tradition animiste et pratiquent la religion des esprits ou ‘’Sāsnā Phi‘’ (ศาสนาผี). Les tabous et les interdits sont leur lot quotidien. Ils croient aux esprits et plus particulièrement aux Khouanes, ou Khuans (ขวัญ). (*)

 

(*) D’après le Père Marcello Zago (1932-2001) auteur de ‘’Rites et cérémonies en milieu bouddhiste Lao‘’, les khouanes seraient comme des forces vitales douées d’une vie et d’une volonté propre qui auraient partie liée, pour le protéger, avec un organe de notre corps tels que les cils, le foie, les yeux etc.. etc.. De ce fait leur nombre pourrait atteindre, chez les Khamu, les 300 ?!...

Les Lao Loum, de tradition voisine, en prennent seulement 32 en considération, les Cambodgiens 19 qu’ils nomment ‘’proloeungs‘’.

 

 

Ces forces vitales ont la possibilité de se détacher de leur organe et de quitter le corps auquel ils sont attachés pour aller folâtrer dans la nature et, peut-être ? ... prendre du bon temps ? .... Qui peut savoir ?... Ce, ou ces départs mettent le corps en danger. d’autant que, plus les khouanes sont nombreux à quitter le corps d’un individu, et moins cet individu est protégé des dangers extérieurs comme, par exemple, la maladie ?!...

 

Il devient alors urgent d’inviter les khouanes à rentrer au bercail. C’est-à-dire à retourner auprès de leur organe d’origine. C’est dans ce but qu’il a été créé une cérémonie portant le nom de rappel des khouanes. En pays lao ce rappel des khouanes est plus connu sous le nom de baci (บายศรี) ou baïci, paci, la prononciation dépendant de la région où se trouve le locuteur. Au Lanna, cette pratique se nomme ‘’sou-Khouane‘’ (ศูขวัญ) ou ‘’Su-Khuan‘’.

 

Le ‘’bacri‘’, ‘’baï sri‘’ ou ‘’Su-Khuan‘’ est aujourd’hui une fête qui a toujours cours au Laos et au Lanna. Cette cérémonie fait d’ailleurs bon ménage avec le bouddhisme, puisque les moines sont invités à y participer.

 

Quelques images de ‘’Bai Sri‘’ ou ‘’Su Khwan Khao‘’ ou ‘’Sou Khouane‘’ témoignant que ce rite perdure y compris au Lanna en général et à Chiang-Mai en particulier.

 

 

 

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Pho



06/04/2017
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