MerveilleuseChiang-Mai

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PAVOT D’ORIENT (Le) ou le Papaver orientale Linné 1753

 

 

 

 

PAVOT D’ORIENT (Le)

 

                  ou le Papaver orientale Linné 1753

 

 

 

PAPO
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Photo 1 : Gravure d’un coquelicot ou papaver Rhœas extraite de la collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle de Paris – Vol.41 – t 44

Photo 2 : Gravure d’un papaver orientale L. extraite de la collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle de Paris – Vol.41 – t 47

Photo 3 : Gravure d’un papaver somniferum de N. Robert, extraite de la collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle de Paris – Vol.41 – t 48

 

En février dernier, après avoir visité en famille la maison de l’opium, et non le musée de l’opium (*), qui se tient dans le fameux triangle d’or, et plus particulièrement dans la petite bourgade de Sop Ruak, l’idée d’écrire ‘’quelque chose‘’ sur le pavot s’est fait jour dans mon esprit.

 

(*) Un camarade m’avait conseillé d’aller visiter la maison de l’opium plutôt que le musée, soi-disant selon ses dires, peu intéressant. Il est vrai qu’à la maison de l’Opium nous n’avons pas été déçus.

 

Tout d’abord, j’avais envisagé, en quelques mots, de présenter le genre, c’est-à-dire les ‘’papavers‘’. Puis, lorsque j’ai découvert qu’il comptait plus de cent cinquante espèces j’ai vite compris qu’il me fallait devenir plus modeste. C’est pourquoi je me suis fixé l’objectif de ne traiter que trois espèces de pavots, à savoir :

1/ Le Papaver Rhœas plus connu sous le nom de Coquelicot et endémique

    de France..

2/ Le Papaver Orientale ou Pavot de Tournefort

3/ Le papaver Somniferum plus connu sous le nom de Pavot à opium.

 

Ces ‘’papavers‘’ appartiennent à la famille des ‘’Papaveraceæ‘’ ou ‘’Papavéracées‘’. Deux noms, l’un latinisé et l’autre appartenant au langage commun, formés à partir du nom du genre ‘’Papaver‘’.

 

 

Origine et étymologie du mot ‘’papaver‘’ :

 

En botanique, le mot ‘’papaver‘’ est un mot très ancien qui déjà servait à désigner certaines plantes, mais pas forcément les mêmes. Car chaque médecin, pharmacologue ou botaniste de l’antiquité nommait à sa façon les plantes qu’il répertoriait. Par exemple, on découvre le mot ‘’papaver sativum‘’ dans l’un des volumes de ‘’l’Histoire naturelle de Pline l’ancien (23-79 av. JC) (*). Pline donne d’ailleurs la définition ‘’blanchi avec des pavots‘’ concernant l’adjectif ‘’păpāvĕrātus‘’ et pour ‘’papaverata toga‘’ : Toge d’une éclatante blancheur.

 

(*) Quelques auteurs vont même jusqu’à écrire, en se référant à Pline l’ancien que papaver viendrait du sanscrit papavara, papavera, ou papavira, un mot qui servait à désigner le pavot et se traduirait par : suc empoisonné, jus pernicieux ou mauvais suc.

 

Théophraste (311-288 av.JC) et Pedanius Dioscoride (Entre 20/40-90) (*) de leur côté parlent du ‘’mécon hemeros‘’, mécon étant un mot grec sur lequel nous reviendrons et qui servait à désigner le pavot.

 

(*) Dioscoride a même nommé un ‘’mecon rhoeas ou rhoias‘’, un ‘’mecon heraclea ou heracleum ou aphrodes‘’ et même … un ‘’papaver spumeum‘’.

 

Le mot de ‘’papaver‘’ figure aussi dans ‘’l’herbarius du Pseudo-Apulé‘’ (*) qui décrit 131 plantes dont le papaver. A noter que Pseudo-Apulé reprend de nombreuses descriptions de Pline qui nomma un ‘’papaver paralias‘’ ?! ...

 

(*) Le terme de ‘’Pseudo‘’ précède Apulé (Apuleius) (v.123- ap.170) parce que ce ne serait peut-être pas lui qui aurait écrit cet ‘’Herbarius‘’. Il lui a été attribué faute d’un véritable auteur et parce qu’à l’époque il était un grand homme de lettres.

 

Le mot ‘’papaver‘’ a cours en France lors du XIIIè siècle. C’est pourquoi on le trouve en page 194 du Tome V, allant des lettres Q à Z du ‘’Lexique Roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours‘’ paru en 1842 de François Just Marie Raynouard (1761-1836). Ce dernier, le concernant écrit : ‘’suc de papaver, de semperviva‘’.

 

Deux siècles auparavant, le grammairien français Gilles Ménage (1613-1692) écrivait que le mot ‘’pavot’’ viendrait de pappus, pappus, paputus, pappotus et pavotus. Ce mot de ‘’pappus‘’ aurait la signification de : ‘’duvet des pavots et autres fleurs semblables‘’ ; et il précise que ce mot d’origine latine aurait été tiré d’un ancien mot grec ayant la même signification.

 

Ce seraient donc les ‘’poils‘’ qui hérissent toutes les tiges des pavots qui, présentant une analogie avec le duvet des volatiles auraient été à l’origine de la création du genre ‘’papaver‘’ et non du mot dont la création remonterait à la nuit des temps.

 

Ce serait donc un mot d’ancien grec, qui aurait donné naissance, via le latin au mot papaver. Pour la petite histoire : En Grèce, aujourd’hui, c’est à partir du mot latin ‘’papaver‘’ qu’est né le mot grec moderne de paparouna [παπαρούνα] qui signifie : pavot.

 

Cependant, l’ancien mot grec indigène de ‘’Mēkōn‘’, (mecon - mecion et oxytonon) un mot parmi d’autres ayant la même signification, servant à désigner le pavot est toujours employé en certains endroits helléniques, ce qui est loin d’être inintéressant pour nous et vous allez comprendre pourquoi ultérieurement.

 

Avant de mettre un point final à ce chapitre concernant l’étymologie, de nombreux auteurs écrivent que le mot papaver viendrait non seulement du sanskrit, comme je l’ai déjà écrit, mais aussi de la langue celte parce que le mot ‘’papa‘’, les deux premières syllabes de papaver signifieraient en celte ‘’bouillie‘’, ce qui n’est pas faux mais comme le précise le docteur M. Grandjean : ‘’Ce n’est pas parce qu’on pratique dans certaines régions, l’addition d’une décoction de pavot à la bouillie des enfants trop agités, funeste coutume, qui ne saurait cependant établir une étymologie‘’.. (Bulletin de l’académie du var – 3è série T.1 (1925).

 

De son côté, Joseph Pitton de Tournefort dont il va être beaucoup question dans les lignes suivantes, écrit : ‘’Papaver vient, à ce que l’on croit, du mot papa, qui signifie la bouillie dont on nourrit les enfans, et dans laquelle on mêloit autrefois de la semence de pavot. ‘’.

 

 

PAPO
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      L’emploi du terme ‘’papaver‘’ et le ‘’glissement‘’ vers la formation du nom binominal.

 

Photo 1 : En 1613 le botaniste allemand Basilius Besler (1561-1629) fait paraître son ‘’Hortus Eystettensis‘’ qui pourrait se traduire par ‘’le jardin d’Eichstätt‘’ ; un jardin appartenant au prince évêque Johann Kinrad von Gemmingen s’étalant dans les bastions du château de Willibalsburg à Eichstätt en Bavière,

et dont Basilius Besler avait la charge.

Cet ouvrage en deux volumes décrit 1084 espèces de plantes en 314 pages pour le premier et 367 planches sur cuivre accompagnées d’une page de texte en 535 pages pour le second soit en tout 849 pages. Dans le second volume il présente de la page 312 à la page 330 plus d’une dizaine de types de

 papavers. La présente illustration est extraite de l’ordo Duodecimus, page 330 folio Verso 9, il s’agit de trois papavers : les papaver flore miniato plens, papaver multiplex abumoris rubicundis, et papaver flore pleno argentei coloris. (Source BHL Biodiversity Heritage Library)

Photo 2 : En 1623 le botaniste naturaliste suisse Gaspard Bauhin (1560-1624), à ne pas confondre avec son aîné Jean (1541-1612), fait paraître ‘’Pinax Theatri Botanici‘’ un ouvrage qui donne une correspondance (un synonyme) avec les plantes décrites par ses aînés, comme théophraste, Dioscoride, Pline et bien d’autres et auxquelles il rajoute ses observations tout en établissant une espèce d’identité à ces plantes en les définissant par un nom ou une phrase appropriée très courte. Il ne les classe plus par ordre alphabétique mais selon des critères communs aux espèces.

Dans l’édition de 1703 (1623) en page 170 à 172 il donne de nombreux types de papavers sans en donner la moindre illustration.

Il est souvent fait référence au ‘’Pinax Theatri Botanici‘’ de Gaspard Bauhin au moyen de cette contraction : C.B. Pin. En latin Gaspard Bauhin s’écrit Caspari Bauhini.

(Source BHL Biodiversity Heritage Library)

Photo 3 : En 1717 après le décès du botaniste Joseph Pitton de Tournefort, (1656-1708) paraît le récit de son périple en terre d’Orient sous le titre de ‘’Relation d’un voyage du Levant fait par ordre du roy‘’ (Louis XIV).

Améliorant la méthode de Gaspard Bauhin, Joseph Pitton de Tournefort va donner au plantes un nom de famille, qu’on appelle au jourd’hui : un genre comme le genre papaver.

Cette illustration d’un ‘’papaver orientale hirsutissimim flore magno coroll‘’ Institutiones Rei herbariae 17, est extraite de cette ‘’Relation d’un voyage du Levant fait par ordre du roy‘’. Elle est insérée entre la page 276 et 277, et est l’œuvre du peintre du roy Claude Aubriet qui accompagna Joseph Pitton de Tournefort lors de son expédition. (Source BHL Biodiversity Heritage Library)

 

Selon toute vraisemblance, le premier botaniste de l’ère moderne à avoir donné une signification botanique au mot papaver serait le français Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) (*) qui dans son ‘’Elémens de botanique‘’ Tome 1 paru en 1694, page 203 nomme son premier genre, d’une longue série de genres : ‘’papaver‘’ ; un genre à la suite duquel il décrit 8 types de papavers.

 

(*) Le botaniste Allemand Basilius Besler (1561-1629) auteur du ‘’Hortus Eystettensis ‘’ a aussi nommé dès 1613 des pavots : papaver comme expliqué ci-dessus.

 

Ensuite, le terme botanique de ‘’Papaver‘’ pour désigner un genre a été repris, et porté au pinacle, car adopté par ses confrères, par le grand Carl

Von Linné dit Linnaeus (*) à l’occasion de la publication le 1er mai 1753 de son ‘’Species plantarum‘’ Vol. 1 où il décrit 8 espèces de papavers de la page 506 à la page 508.

 

(*) Carl von Linné (1707-1778) dit Linnaeus, est à la base du système moderne de la classification des espèces. C’est la nomenclature dite ‘’binominale‘’ qui attribue un genre et une espèce à chaque être vivant. Cependant, quelques temps avant lui, Joseph Pitton de Tournefort créa une méthode de classification qui n’a pas été sans inspirer le dit Carl von Linné pour mettre au point sa nomenclature ‘’binominale‘’.  

 

En homme au service de dieu, Linnaeus, qui était pasteur, s’était donné la mission de répertorier et de nommer chaque individu de la création divine, qu’il considérait alors comme finie, et censée ne pas évoluer.

 

Pour les classer et leur donner un nom digne d’être porté, il se référait à leurs diverses caractéristiques, le mot duvet en est un exemple, ainsi qu’aux diverses mythologies, qui semblaient n’avoir aucun secret pour lui.

 

Linné, voire même Tournefort, avaient-il connaissance de mythes aujourd’hui quelque peu tombés dans l’oubli ?... à savoir ceux de Mēkōn, et de Papaver ?! …

 

 

Dans toutes les civilisations la nature est indissociable du monde divin, et les mythes où un être humain termine son existence en prenant la forme d’une plante sont nombreux. Celui de Narcisse est vraisemblablement le plus connu. Mais, entre autres il y a aussi le mythe d’Attis et de Cybèle (*) où du sang d’Attis vont naître des violettes, de Lasion et de Déméter qui pour avoir trop aimé la fille de Zeus fini en liseron, (**) et d’Adonis et de Déméter, où du sang d’Adonis vont naître des roses rouges, pour ne citer que ces trois mythes là dont les versions diffèrent selon les auteurs.

 

(*) Ce mythe, à l’origine phrygien se répandit en Grèce et dans certaines versions Attis est métamorphosé en Pin par Cybèle.

(**) Ce mythe varie selon les auteurs. Toujours est-il que Lasion ou Jasion (Ίασίων) a la signification de semeur et de … liseron.

 

Adonis était un beau et jeune chasseur dont la déesse Déméter était amoureuse. Le dieu Mars qui était épris de Déméter, jaloux d’Adonis, se transforma en sanglier et blessa le jeune homme à mort. Alors, tandis que son sang se répandait sur terre, au beau milieu de celui-ci de magnifiques roses rouges prirent naissance.  (*)

 

(*) Ce mythe, postérieur à la civilisation grecque, vient du nord de la Syrie.

En ces temps anciens et selon les régions, Déméter porta entre autres noms ceux de : (1.400 av.JC) Sito Potnia, puis ensuite ceux de Eupuros, Philopuros, Purophoros. Vers 205 av.JC les romains l’appelèrent Cérès.

 

Un autre mythe, Sicyonien celui-là, sensiblement semblable à celui d’Adonis, met en scène un certain ‘’Mēkōn‘’, fils du fleuve Asopo, (Άσωπός) et … Déméter, la déesse de l’agriculture et des moissons ?... (*)

 

(*) En ces temps-là il était cultivé des céréales comme l’épautre, (appelé aussi blé des gaulois) le froment, le krithai, l’orge, le puros et, hors céréales le … pavot pour ses graines mises dans le pain.

Il existe en Grèce plusieurs fleuves portant le nom d’Asopo. Dans le cas présent il s’agit de celui qui se jette dans le golfe de Corinthe et près duquel s’élève la ville de Sicyone et plus en amont celle de Phlionte, région où il était censé prendre sa source. Il symbolise ou représente le dieu Asopo.

Le dieu Asopo ou Asopus fils de Neptune (Poséidon) et de son amante Pero de Pylos fut roi de Phlionte.

 

Mēkōn, (Mécon), (*) qui lui aussi était un beau et jeune chasseur, perdit la vie, non pas à cause de la jalousie de Mars, mais parce qu’il osa repousser les avances de Déméter, la déesse de l’agriculture et des moissons ?...

 

(*) Mēkōn toujours utilisé aujourd’hui en Grèce, est un ancien mot de leur vocabulaire servant à désigner le … pavot.

 

Comme pour Adonis, de son sang répandu au sol s’éleva … une fleur de couleur pourpre, c’est-à-dire … un pavot ou, plus exactement un … coquelicot ?! …

 

 

Dans un autre mythe, semblable à celui de Mēkōn, le beau chasseur porte le nom de … Papaver ?! …

 

Outre l’ancienneté du nom, ces mythes … quelque peu oubliés nous font mieux comprendre pourquoi Tournefort et Linné ont choisi le terme de papaver pour nommer le genre auquel ils ont rattaché de nombreuses espèces de pavots.

 

 

Un peu d’humour pour clore ce chapitre consacré aux anciens :

 

Le poète latin Horace (65 av.JC – 8 ap.JC), raconte que les anciens pour se savoir aimé d’un être en particulier, s’en remettaient à un pétale de coquelicot qu’ils posaient tantôt sur le dos de leur main, tantôt sur leur coude ou encore leur épaule.

Puis ensuite ils frappaient ce pétale en écoutant le son produit pour l’interpréter.

Un son mat mettait fin à toutes leurs espérances, alors qu’un son clair signifiait que le sujet était aimé au-dessus de tout et, cerise sur le gâteau, si le son s’entendait de loin, de très bons présages s’annonçaient ?!... (Satyre III. Lib.2 v.271)

 

 

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Photo 1 : Cette Vénus, en grec moderne, est dite de Milo, alors qu’anciennement Milo se disait Mélos. Milo ou Milos est une des nombreuses îles de l’archipel grec des cyclades qui se trouve en mer Egée. C’est à Milos qu’un certain Joseph Pitton de Tournefort, introducteur du ‘’papaver orientale‘’ en Europe fit escale lors de sa mission au ‘’Levant‘’ entre le 2 août 1700 et la fin de la même année. Le peintre Claude Aubriet qui accompagnait Joseph Pitton de Tournefort réalisa une gravure de la rade de Milos.

(Source : Musée du Louvre)

 

 

A propos de la Vénus de Milo :

 

En 1820, année lors de laquelle fut découverte cette Vénus, Milos était une île sous le joug Ottoman. Elle ne redeviendra grecque que dix ans plus tard.

C’est en effet en février 1821 qu’éclatèrent les premiers soulèvements grecs contre l’occupant Ottoman. Cette guerre d’indépendance (1821-1829) fut soutenue par la France, l’Angleterre et la Russie. Ce n’est donc pas, peut-être, par hasard si la goélette française ‘’l’Estafette‘’, sous les ordres du lieutenant de vaisseau J. R. Robert, mouillait alors en rade de Milos depuis le 4 mars 1820 ? ...

Parmi les cinq officiers d’état-major de l’Estafette, se trouvait Olivier Voutier (1796-1877), un aspirant, amoureux de la Grèce, et archéologue amateur.

 

La grande aventure de l’ère moderne de cette Vénus commence le 8 avril 1820. Ce jour-là, un certain Hewas, appelé aussi selon les narrateurs Yorgos ou encore Theodore Kendrôtas, paysan de son état, cherche des pierres pour construire un muret autour de son terrain ; quelques mètres plus loin, près de l’amphithéâtre en ruines, (*) Olivier Voutier et deux marins sont en quête de fragments qui pourraient satisfaire un collectionneur d’art helléniste.

 

(*) Le terrain de cet amphithéâtre en ruines avait été ‘’acquis‘’ pour le compte de Louis Ier de Bavière (1786-1868) par Johann Carl Christoph Wilhelm Joachim baron de Haller von Hallerstein (1774-1817) un érudit en archéologie qui va devenir, lors de son long séjour en Grèce, un scientifique de l’archéologie et l’un des chefs de file de cette nouvelle science. L’archéologie scientifique faisait alors ses premiers pas.

En septembre 1816 il entreprend des fouilles sur l’emplacement de l’amphithéâtre de Milos. Les antiquités qu’il met à jour sont transférées à Munich. Mais en 1817, le paludisme a raison du baron de Haller, ce qui va laisser le champ libre aux français. Car sans ce décès il n’est pas dit que la Vénus ne serait pas, aujourd’hui, dans un musée de Bavière ?! …

Ce théâtre a été rénové en 2015 et, du 11 mai au 9 juin 2019 sous la direction du comédien français Solal Forte et la bienveillance de l’institut Français d’Athènes s’ouvrit un 1er festival international de Théâtre.

   

Du coin de l’œil, Voutier surveille le paysan et profite de son absence pour aller voir ce qui avait bien pu interrompre son travail. C’est alors qu’il découvre l’existence d’une grosse pierre blanche, bien trop importante pour entrer dans la construction du muret. Flairant alors une découverte d’importance, l’aspirant officier incite l’agriculteur, moyennant quelques encouragements pécuniaires, à dégager le bloc de marbre.

Après moultes efforts le paysan et Voutier (*) vont excaver un corps en deux parties, une main gauche en très mauvais état tenant une pomme, des fragments de bras, un pied gauche et deux piliers hermaïques (pilier de section carrée, portant une tête barbue pour l’un et une tête imberbe pour l’autre). Ces piliers à la gloire d’Hermès étaient à l’époque disposés à la croisée de chemins pour protéger les voyageurs.

 

(*) Dans une autre version il est dit que ce serait le commandant de la goélette l’Estafette qui, informé de la découverte, aurait demandé à Olivier Voutier, archéologue amateur et fervent Helléniste, d’aller voir sur place ce qu’il en était ; ce qui réduit alors le rôle d’Olivier Voutier à celui d’un simple intervenant qui, néanmoins, reste l’auteur de deux jeux de dessins dont nous reparlerons.

Cependant, en 1874, lorsqu’il publiera ‘’Découverte et acquisition de la vénus de Milo‘’ Olivier Voutier se présentera comme étant celui qui a découvert la Vénus de Milo. Ce qui n’est ni faux ni invraisemblable ; mais son récit est à lire avec précaution, car Voutier n’avait pas hésité en 1823, avec une publication sur la libération de la Grèce à se faire passer pour l’un des supers héros de cette libération ! ...

Un an plus tard, Jean-François-Maxime Raybaud, (1795-1894) lui aussi philhellène, (partisan de l’indépendance de la Grèce) et auteur d’un récit sur la libération de la Grèce, mettra à mal les soi-disant fait d’armes de Voutier ?! … dont certains auraient relevé de la pure fiction ?! …

Nota bene : Pour avoir été Bonapartiste Olivier Voutier sera tenu à l’écart de tout avancement. Alors il démissionnera de l’armée française et se mettra au service de l’armée de libération grecque où il obtiendra le grade de colonel.      

 

A la vue de la vénus, le sang d’Olivier Voutier, ne fait qu’un tour ; et sur le champ il croque deux jeux de dessins qu’il transmet, ou fait parvenir, à Louis Brest (1789-1862) vice-consul de France à Kimolos, une autre île des Cyclades, située dans le prolongement de l’île de Milos. À son tour, ce dernier les fait remettre, le 12 avril, (*) à Pierre-Laurent-Jean-Baptiste-Etienne David (1772-1846) (**) alors consul général à Smyrne, aujourd’hui Izmir, un port de la côte Ouest de la Turquie. Dans le même temps, Louis Brest obtient des primats de l’île qui pensaient en faire don au grand Dragoman de la flotte du Sultan Mahmoud II, de sursoir à leur intention, et de faire en sorte que la statue ne soit pas vendue jusqu’à nouvel ordre.

 

(*) Une question se pose : Comment Voutier a-t-il pu réaliser ses jeux de dessins avec une Vénus complétement reconstituée alors que le 11 avril seul le buste était mis à jour et fut un temps durant mis à l’écart dans une étable appartenant au paysan car ce dernier … ‘’craignait de perdre le fruit de ses travaux‘’ ?

(**) Le consul général de Smyrne, Pierre David était aussi connu sous le pseudonyme de Sylvain Phalantée, nom sous lequel il signait ses œuvres littéraires (Poèmes, pièces de théâtre etc …).

 

La nouvelle de cette découverte se répand comme une traînée de poudre, alors la goélette ‘’l’Estafette‘’, près de laquelle mouillait la gabare la ‘’Lionne‘’ commandée par Etienne-Henry Mengin Duval d’Ailly (1778-1865) sont rejointes dès le 10 avril par deux autres bâtiments de la flotte Française, la frégate ‘’Bonite‘’ à la tête de laquelle se trouvait le capitaine de frégate Alexandre Dauriac (1771-1855) et la gabare appelée ‘’l’Emulation‘’ sous les ordres du lieutenant de vaisseau Jean Baptiste Armand Victoire Buchet de Châteauville (1775-1861). (*) Tout ce beau monde, y compris leurs officiers, est loin d’être unanime concernant l’importance archéologique et artistique de ladite Vénus ?! ….

Les uns estimaient que ces statues n’étaient pas d’un grand prix, mais les autres, par contre, les regardaient comme du bel ouvrage et avec grand intérêt ?! ...

 

(*) La ‘’Bonite‘’ et ‘’l’Emulation‘’ lèveront l’ancre le 12 avril pour rejoindre Toulon. Mais le 11 avril Alexandre Dauriac, commandant de la Bonite alerte par courrier le consul général de Smyrne Pierre David au sujet de la vénus de Milo qui déjà -peut-être – devait être en possession des croquis de Voutier ? … A son tour, le 25 avril Pierre David informe l’ambassadeur de France à Constantinople, Charles François Riffardeau, marquis de Rivière de l’extraction de la vénus de Milo, et lui suggère d’en faire l’acquisition pour le musée Royale (le Louvre). (Les communications n’étaient pas alors ce qu’elles sont aujourd’hui.)   

 

Quelques jours plus tard, le 16 avril, la gabare la ‘’Chevrette‘’ dont la mission consistait alors à cartographier le littoral de la région se présente sur les lieux. Son capitaine et hydrographe Pierre-Henry Gauttier du Parc (1772-1850) charge alors un jeune enseigne de vaisseau, Jules Sébastien César Dumont d’Urville (1790-1842) (*) membre de l’hydrographie de lui faire un rapport au sujet de la fameuse Vénus.

 

(*) Jules Dumont d’Urville, marin et botaniste, fera parler de lui à plusieurs reprises et plus particulièrement au sujet de la flore des malouines (1822/1825) et de son expédition Antarctique avec la terre Adélie (1837).

Cependant ce n’est pas lui qui a découvert la Vénus de Milo contrairement à ce qu’il a laissé entendre, mais c’est lui qui, le premier, ou le second après Pierre David, aurait informé l’ambassade de France à Constantinople du grand intérêt pour la France, à acquérir la Vénus de Milo.

 

Dumont d’Urville tombe amoureux de l’œuvre et le 3 mai, lors d’une escale de la ‘’Chevrette‘’ entre le 19 avril et le 5 mai à Constantinople, il rend compte par écrit de ‘’sa‘’ découverte‘’ au comte de Marcellus, (*) le troisième secrétaire d’ambassade à Constantinople.

L’ambassadeur Charles François Riffardeau, marquis de Rivière (1765-1828) est donc informé de la découverte de la vénus de Milos, d’une part par la lettre de Pierre David, accompagnée -peut-être- des croquis de Voutier, et d’autre part par le courrier de Dumont d’Urville via le comte de Marcellus, son secrétaire à qui il confie, dare-dare, la mission de se rendre en l’île de Milos et d’acquérir la statue. Sans perdre de temps le comte de Marcellus embarque à bord de ‘’l’Estafette‘’ qui mouillait à Constantinople.

 

(*) Le secrétaire d’ambassade de Constantinople (1815-1820) s’appelait en fait : Lodoïs de Martin du Tyrac de Marcellus (1795-1861). Il signa ses œuvres, car c’était aussi un littéraire, sous le nom de : Comte de Marcellus, et au décès de son père en 1841 sous celui de : Vicomte de Marcellus. Il ne portait donc pas le titre de Vicomte à Constantinople, mais tout simplement celui de Comte.

 

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Photo 1 & 2 : la ville de Retimo, aujourd’hui Rethymon, une ville de la crète où Joseph Pitton de Tournefort accosta le 24 mai 1700, et le port de Milos avec au loin quelques îles de l’archipel des cyclades où Joseph Pitton de Tournefort aborda le 2 août 1700. (Lettre IV page 174) Ces dessins ont été réalisés par le peintre Claude Aubriet compagnon de route de Joseph Pitton de Tournefort, l’introducteur en Europe du papaver orientale.

 

Ces deux planches ont été extraites du livre ‘’Relation d’un voyage du Levant fait par ordre du roy‘’, Tome I, paru en 1717. (Source : Gallica BNF)

 

 

Milo, Milos (Μήλος) et Mylos (Μύλος) ont la même origine, mais avec le temps l’orthographe a changé. En grec littéral et vulgaire ‘’Mylos‘’ (Μύλος) signifiait ‘’moulin‘’. L’île prit ce nom parce qu’il s’y fit, dans les temps anciens, un grand commerce de pierre (meule) entrant dans la composition de moulins à bras. Un ustensile à moudre diverses denrées en les écrasant entre deux pierres.

Joseph Pitton de Tournefort dans le rapport de son voyage au levant (Vol. II p. 99 ) écrit en 1701 : ‘’On ne se sert à Nicaria, (une île des Cyclades), que de moulins à bras que l’on fait venir de Milo ou de l’Argentière, (une autre île des Cyclades) ; mais les pierres de Milo sont les meilleures. ‘’.

En d’autres textes il est aussi écrit que … ‘’les meilleurs broyeurs venaient de Nysiras, une autre île des Cyclades, et Melos, car Milos se disait aussi … Melos ! ...

Melos, ou Mélus selon le grammairien Festus Grammaticus, serait le nom d’un capitaine phénicien venu coloniser l’île avec un grand nombre de compatriotes. Avec le temps son nom aurait été donné à l’île.

 

Le pasteur Samuel Bochart (1599-1667) un érudit exceptionnel, parlant le grec, l’hébreu, l’arabe, l’araméen et quelques autres langues encore, dont le Français, écrit dans la deuxième partie de son ‘’Chanaan‘’ consacré à la colonisation phénicienne, la langue phénicienne et punique, que ‘’dans la langue des fondateurs, (donc phénicienne) Melos signifierait … ‘’plénitude‘’ … l’île de la plénitude ! ... 

L’île a reçu bien d’autres noms ; et Samuel Bochart, (*) toujours lui, releva que … d’après le philosophe grec Héraclite d’Ephèse (VIè av. JC), elle s’appela Siphnon (Siphis -Siphnos – Siphnum) et Acyton ; le philosophe grec Aristote (323 av. JC – 385 av.JC) Zephyria ou Cephyrie ; le poète grec Callimaque de Cyrene (305 av.JC- 240 av.JC), le naturaliste Pline l’ancien (Ier siècle), et l’écrivain et géographe grec Etienne de Byzance (VIe siècle), Byblis et Mimallis ; quant au grammairien grec Hésychius (VIe siècle) en plus des gentillets de Byblis et Mimallis  il employa aussi celui de Lastus ! …

 

Pour être plus complet sur le sujet disons que la ‘’capitale‘’ de Milo porte le nom de : Pláka.

 

(*) Pour mieux connaître Samuel Bochart, qui mérite d’être connu, lire l’article que Pierre Ageron de l’Université de Caen Basse-Normandie a écrit à son sujet.

 

 

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Photo 1 : Carte géologique de l’île de Milos, accompagnant la description qu’en a fait le 28 mars 1846 François Clément Sauvage (1814-1872) – Extrait des Annales des mines 4è série Tome IX. (Source : Bibliothèque patrimoniale numérique.)

 

 

Alors le 22 mai 1820, tandis que le comte de Marcellus, à bord de l’Estafette, arrive au large de Milos, ‘’un canot, pesamment chargé se détache de la rive et se dirige vers un navire ragusais (*) le ‘’Galaxidi‘’ mouillé en rade et battant pavillon autrichien ! ... ‘’

Quelques 27 ans plus tard, relatant cet épisode, Voutier devenu colonel grec à la retraite, écrira dans son livre consacré à la Vénus de Milo : ‘’Nous entrions joyeusement dans la rade quand nous aperçûmes une chaloupe lourdement chargée …. Nous disions en riant ‘’Voilà notre statue qu’on enlève‘’.

 

(*) Un navire ragusais était un navire attaché à la ville de Raguse aujourd’hui Dubrovnik en Croatie. Entre 1809 et 1811 Raguse fut sous le contrôle de l’empire Français, puis suite à la défaite napoléonienne, Raguse fut attribuée à l’Autriche lors du congrès de Vienne de 1814/1815.

 

Les marins de l’Estafette ne pouvaient pas mieux dire car en effet, le canot contenait bien la Vénus de Milo. Cette dernière alors fut chargée à bord du ‘’Galaxidi‘’ en vue d’être transportée jusqu’à Constantinople et remise au prince Beyzadé Nicolas Mourousi le grand Dragoman (*) de la flotte du Sultan Mahmoud II (1784-1808-1939).

 

(*) Le mot Dragoman ou Drogman correspondait à un titre qui servait à désigner les fonctionnaires polyglottes, souvent d’origine grecque, au service de l’administration Ottomane. Leurs diverses missions les conduisaient à jouer les intermédiaires entre les Européens et les Ottomans. Nicolas Mourousi (Panayotte ou Panyotis) qui était alors l’homme de confiance de l’amiral de la flotte turque, compta parmi les amis du Sultan Mahmoud II ; ce qui n’empêcha pas Mourousi d’être décapité le 6 mai 1821 par ce dernier et … par erreur. En découvrant sa méprise le Sultan aurait pleuré la perte de son ami. Que pouvait-il faire d’autre ?! …

 

Dès qu’il toucha terre, le 23 mai 1820, le comte de Marcellus apprit que Theodore Kendrôtas, le paysan propriétaire de la Vénus avait dû faire affaire, quelque peu contraint et forcé, pour 718 piastres, avec un autochtone, l’oïkonomos Verghi (*), un prêtre arménien cherchant à se faire bien voir du grand Dragoman, grand collectionneur. Ce Verghi, était ce que nous pourrions appeler un collaborateur plus proche de ses intérêts que de ceux de la Grèce en voie de libération.

 

(*) Oïkonomos est un mot dérivé de l’ancien grec οῖκονόμος, qui précise la fonction de son titulaire, en l’occurrence, administrateur de biens religieux. Autrement écrit, le terme Oïkonomos signifiait que ce prêtre administrait les biens religieux de son église. Quant à Verghi il s’agit d’un patronyme propre à de nombreuses familles grecques et/ou arméniennes.

 

Le comte de Marcellus, préférant la négociation à la force, alla trouver les trois grandes autorités religieuses de l’île, le primat Petro Tartaraki (Petraky Taltavaki) (*), le saint Iconome Yacovo Armenti (Armeni) et l’archimandrite Micheli, dans l’intention d’obtenir que la promesse faite à Louis Brest par le paysan soit respectée, à savoir ne pas vendre la statue avant de connaître la décision de l’ambassadeur de France.

 

(*) Le grand chancelier de la communauté de l’île portait le nom de Jacovo Tartaraki ?! ... Était-il en famille avec le primat ?! …

 

L’affaire devenait alors fort délicate parce qu’un proche du sultan y était, ou allait y être mêlé. Cependant la requête fut acceptée d’autant qu’il n’existait aucun ordre signé de la main du prince Mourousi. Alors, d’après le récit d’un témoin ‘’sincère‘’ (*)‘’le commandant de l’Estafette, Monsieur Robert et le comte de Marcellus résolurent d’envoyer à bord de l’autrichien la chaloupe de l’Estafette armée en guerre avec ordre de rapporter la statue. L’élève de première classe Voutier commandait cette expédition. Quel ne fut pas notre secret désappointement ! ... Car à la suite de pourparlers presque courtois de part et d’autre, le commandant autrichien nous livra la statue, que nous acceptâmes de confiance et quelque peu confus d’un si facile triomphe. ‘’ . Alors, les marins de l’Estafette, aidés par ceux du ‘’Galaxidi‘’ prirent livraison de la Vénus de Milo.

 

(*) Ce témoignage ‘’sincère‘’ fut obtenu en 1884, soit 64 ans après les faits, par Monsieur Félix Ravaisson (1813-1900) conservateur du département des antiquités au Louvre, auprès d’un certain Batiste, ancien membre d’équipage de la Goélette l’Estafette, devenu entretemps capitaine de frégate, puis à la retraite à Toulon.

Cet homme a conclu son témoignage que Félix Ravaisson lui demanda d’écrire, par ces phrases : ‘’Ce que vous m’avez dit des luttes homériques … des coups de sabres … d’enlèvement violent … de fantastique combat … tout cela est du domaine de la fantaisie. ‘’.  Ce qui signifie que Louis Brest vice-consul de France à Kimolos, et Milos à ‘’mis en scène une prise de la vénus quelque peu … rocambolesque et imaginaire‘’ ; ce qui fera dire et écrire à Félix Ravaisson :  ‘’… reste à trouver, ce qui le (Louis Brest) poussa à de semblables imaginations. Vraisemblablement ce fut le secret désir de jouer dans l’histoire d’un monument qui, rendu au jour, devint aussitôt célèbre … un rôle qui lui assura à lui-même la célébrité … ‘’ 

 

Toujours est-il qu’en trois jours, ou presque, l’affaire fut réglée et se monta financièrement à 836 piastres c’est-à-dire 550 francs que paya de sa poche l’ambassadeur Charles François Riffardeau, marquis de Rivière. (*) Cette somme permit de rendre son avance à l’oïkonomos Verghi, de payer rubis sur l’ongle Theodore Kendrôtas, et de rembourser les 118 piastres de frais avancés par les primats.

 

(*) Sans vouloir ternir la générosité de l’ambassadeur Charles François Riffardeau, marquis de Rivière, il faut savoir que ce dernier venait d’être démis de ses fonctions pour des raisons peu amen, et rentrait en France. Il avait alors sans doute à se faire pardonner auprès du roi. La Vénus de Milo allait-elle peser suffisamment pour obtenir ce pardon ?! … Rien n’est dit à ce sujet mais il semblerait que ce fut un ‘’oui‘’, prononcé du bout des lèvres ! … puisque ce 35è ambassadeur de France à Constantinople (4 juin 1816 au 29 octobre 1820) fut nommé capitaine des gardes du futur Charles X … un ami de trente ans comme nous le verrons plus bas  ?! ….

 

Puis toutes affaires cessantes et sans plus attendre, la goélette ‘’l’Estafette‘’ quitta Milos le 25 mai 1820, avec à son bord, la vénus de Milo et non plus deux, mais trois Hermès, ainsi que le corps d’un enfant, découverts près de la Vénus quelques jours après sa complète excavation.

 

A Smyrne (Izmir) la Vénus fut transférée sur la gabare la Lionne, qui mit le cap sur Toulon où elle accosta en février 1821 en compagnie de Charles François Riffardeau, marquis de Rivière.

 

 

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Photo 1 :  Le port de Smyrne, aujourd’hui Izmir. Cette gravure est l’œuvre du peintre Claude Aubriet compagnon de route de Joseph Pitton de Tournefort, l’introducteur en Europe du papaver orientale. Elle a été extraite de ‘’Relation d’un voyage du Levant fait par ordre du roy‘’, paru en 1717. (Volume III – page 371) (Source : Biblioteca Digital – Real jardin Botanico).

 

A chaque étape, Rhodes, Chypre, Saïda, Alexandrie la Vénus de Milo fit l’admiration des visiteurs montant à bord. Mais ce fut dans le port du Pirée à Athènes que les plus beaux compliments lui furent décernés ‘’Je n’ai jamais vu un morceau d’une semblable beauté‘’ … ou encore ‘’Je n’ai rien vu qu’ont pu lui comparer depuis plus de trente ans que j’habite Athènes et que je parcours la Grèce‘’ dira d’elle le vice-consul de France Louis-François-Sébastien Fauvel (1753-1838), (*) plus intéressé par la peinture, l’archéologie et l’art helléniste que par la diplomatie ! ...

(*) Le vice-consul de France Louis-François-Sébastien Fauvel estima la statue à 100.000 écus. Cet érudit écrira aussi dans une lettre adressée au comte de Forbin, alors directeur général des musées royaux, le 18/09/1822 : ‘’Monsieur le marquis de Rivière a donc fait au roi un présent que ne saurait égaler, selon moi, toutes les bribes et dépouilles orientales dont chaque ambassadeur gaulois germain ou picte (anglo-écossais) prend plaisir à surcharger les bagages de son rappel.‘’

 

Bien avant que la vénus Victrix n’arrive à Toulon, à Milos il y avait tout à craindre de la réaction du grand Drogman, d’autant que l’oïkonomos Verghi, n’avait pas attendu pour aller le rejoindre à Constantinople et ‘’souffler sur les braises‘’. Car plus les charges s’accumuleraient sur les primats, moins Verghi n’aurait à souffrir des conséquences de son échec et, du même coup, aurait plaisir à tirer vengeance d’avoir été ‘’coiffé au poteau‘’ ?! ...

 

Depuis Constantinople, comme guidé par un mauvais pressentiment, le prince Mourousi s’était mis en route pour Milos. De ce fait, il rencontra l’oïkonomos Verghi en l’île de Syria.

 

Sur la foi de rapports mensongers le grand Drogman venait tout juste de faire encaisser par ses releveurs d’impôts une contribution de 2.000 piastres sur l’île de Milos ; par la suite, il va s’en prendre aux primats, et leur faire subir de mauvais traitements tout en leur extorquant, via une condamnation depuis l’île de Siphanto, (*) 7.000 piastres.

 

(*) Les primats auraient été conduit en l’île de Siphanto, et en cette île, le grand Drogman les aurait obligés à s’agenouiller devant lui, et les aurait fouettés de ses propres mains ?!

 

Louis Brest, le vice consul de Kimolos et Milos, témoin des mauvais traitements infligés aux primats se serait empressé d’en informer l’ambassadeur Charles François Riffardeau, marquis de Rivière et lui aurait demandé d’intervenir pour qu’une protection leur soit accordée.

 

Par ailleurs, lors d’une entrevue à Smyrne (Izmir) Pierre David le consul général de Smyrne, Louis Brest et le comte de Marcellus prirent l’engagement de rembourser les primats ‘’d’une façon ou d’une autre‘’ et, joignant le geste à la parole, Madame Brest sur la foi de ce qui venait d’être conclu, s’empressa de porter au primat Petro Tartaraki et à l’archimandrite Micheli, un à-compte de 1753 piastres.

 

De retour à Constantinople, le comte de Marcellus intervint à son tour auprès de l’ambassadeur pour qu’il s’intéressa au sort des primats.

 

L’ambassadeur Charles François Riffardeau, marquis de Rivière obtint alors d’un représentant de la sublime Porte un ‘’bouyourouldou‘’ (*) ordonnant la restitution des sommes indument perçues. Il porta en personne aux intéressés ce document alors qu’il rentrait en France et fit escale à Milos le 15 novembre 1820.

 

(*) Un ‘’bouyourouldou‘’ (buyuruldu ou buyruldi) est un document diplomatique turc, s’apparentant à une ordonnance pour assurer la réalisation d’exigences fiscales. Il est rédigé par de hauts fonctionnaires d’état (Grands vizir, gouverneurs généraux) et destiné aux autorités de province, en général aux cadis. On trouve parmi les documents fiscaux, outre des bouyourouldous, des bérats, des fumans et des hudjdjets. Chacun de ces documents turcs concerne un domaine bien précis comme la réparation de lieux de culte, les affaires de dettes etc … etc …

 

Une autre version raconte qu’à la suite de la plainte de l’ambassadeur Charles François Riffardeau, marquis de Rivière, auprès du grand Vizir, ce dernier aurait infligé une amende de 80.000 piastres au grand Drogman avec l’obligation de restituer les 7.000 piastres ?! … (Aucun autre document ne vient corroborer cette version.)

 

Face à l’inertie de l’administration ottomane, les dispositions du bouyourouldou ne furent jamais exécutées malgré les relances du premier secrétaire d’ambassade devenu chargé d’affaires Monsieur le vicomte de Viella et d’Alexandre Beaurepaire de Louvagny (1783-1862) deuxième secrétaire d’ambassade. Puis la guerre de libération Grecque arriva mettant un terme à beaucoup d’affaires en cours, y compris les dispositions inscrites sur le bouyourouldou.

 

On aurait pu croire qu’avec son arrivée à Toulon le 23 décembre 1820, la Vénus de Milo allait enfin connaître une destinée et un respect plus en rapport avec sa notoriété d’aujourd’hui. Mais il n’en fut rien car c’était sans ‘’compter‘’, un mot qui ici revêt son double sens, sans la pingrerie et la mesquinerie de Théodore Jacques Alexandre Bernard Law Marquis Lauriston (1768-1828) chargé des finances du royaume (ministre de la maison du roi depuis 1820) qui préféra la laisser languir dans un entrepôt Toulonnais avant de savoir combien allait couter à la France son transfert jusqu’à Paris. Autrement écrit, il aurait été prêt, semble-t-il, à abandonner cette œuvre, s’il estimait le transport par voie fluviale trop cher. Il aurait aussi craint d’avoir à indemniser Charles François Riffardeau, marquis de Rivière ?! …

 

Fort heureusement Louis Nicolas Philippe Auguste comte de Forbin (1777-1841) (*) alors directeur général des musées royaux depuis 1816 se démena comme un beau diable pour forcer le marquis Lauriston à délier les cordons de ‘’sa‘’ bourse en lui précisant, entre autres détails, que ‘’ … les frais de missions se borneraient au frais de voyage et de séjour qui ne sauraient être considérables ‘’.

 

(*) Le comte de Forbin était peintre et archéologue. C’est lui qui fit entrer au Louvre ‘’Les sabines‘’ et le ‘’radeau de la méduse‘’. En 1817 il entreprit un voyage dans le levant où il visita Milos, Athènes et Constantinople … entre autres cités. Ce voyage fera l’objet d’un livre titré ‘’Voyage dans le Levant‘’.  Lors de ce périple il acheta quelques antiquités qui allèrent enrichir les collections du musée du Louvre.

Le 30 mai 1824 il devint le beau-père du … Comte de Marcellus qui, ce jour-là épousait sa fille, Valentine de Forbin (1804-1886). Cette dernière deviendra propriétaire du château d’Audour à Dompierre-les-ormes appartenant alors à son père et où fit halte quelque temps en 1821 … la Vénus de Milo et son ‘’chaperon‘’ d’alors … le comte de Marcellus …  lors de leur montée à Paris ! …

 

Soucieux de faire voyager la Vénus de Milo dans les meilleures conditions qui soient, Louis Nicolas Philippe Auguste comte de Forbin, directeur général des musées royaux, demanda à son ami, artiste et collectionneur, le chevalier Pierre Henri Révoil (*) peintre de Madame la dauphine, (**) c’est ainsi qu’il signait certaines de ses lettres, de bien vouloir procéder à l’encaissement de l’œuvre et de veiller à son transport jusqu’à Paris. Ce que le peintre accepta.

 

(*) Le chevalier Pierre Henri Révoil (1776-1842), ainsi que le comte de Forbin furent les élèves du peintre Jacques-Louis David (1748-1825). Le Louvre détient neuf de ses toiles.

(**) Madame la Dauphine, de son nom de baptême Marie-Thérèse Charlotte de France (1778-1851) était l’aînée des enfants de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

Elle épousa en 1799 son cousin, Louis-Antoine d’Artois, duc d’Angoulême (Futur Louis de France) (1775-1844), et fils aîné de son oncle le futur Charles X. (1757-1836).

Elle porta le titre de Dauphine de France de 1824 à 1830, fin de la royauté.

 

 

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‘’La Vénus de Milo‘’, une médaille en bronze frappée en 1822 commémorant l’entrée de la Vénus de Milo au Louvre.

 

Photo 1 : L’avers de la médaille la Vénus de Milo : Elle représente la tête du roi Louis Philippe à droite, roi de France et de Navarre. Cette face de la médaille est l’œuvre des graveurs Jean-Bertrand Andrieu (1761-1822) & Jean-Pierre-Casimir Marcassus, Baron de Puymaurin (1757-1841) qui en 1787 introduisit en France la gravure sur verre au moyen de l’acide fluorhydrique.

Photo 2 : Le revers de la médaille la Vénus de Milo : Elle représente la Vénus de Milo sur un socle au-devant d’un ensemble égyptien composé en son centre du, Zodiaque de Dendérah (Ville d’Egypte) exposé lui aussi au Louvre, avec de part et d’autre de ce zodiaque une figure égyptienne. Ce revers est signé Depaulis F. qui n’est autre que Alexis Joseph Depaulis (1790 ou 1792-1867)

 

Tandis qu’à Paris la présence de la Vénus enchantait ses visiteurs, à Milo son absence laissait place au plus total désenchantement. Plusieurs Miliotes, victimes des dépens ordonnés par le drogman du capitan-Pacha Mourousi, (*) qui entre temps avait été décapité par celui qu’il servait, réclamaient à la France un juste dédommagement des pertes financières qu’ils avaient subi dans cette affaire et dont le montant se chiffrait à 7.518 piastres. La piastre valait alors 65 centimes. Le préjudice ne sera réparé que … quatre ans plus tard, en 1826, suite à un courrier du contre-amiral commandant la division du Levant, Marie Henri Daniel Gaultier comte de Rigny (1782-1835), qu’il rédigea le 4 juillet 1825 depuis son navire amiral La sirène, à l’adresse du ministre de la marine et des colonies qui fit suivre.

 

(*) Pour la petite histoire le présentateur du JT de TF1, Yves Mourousi (1942-1998) serait un descendant de cette famille par sa mère Euphrosine. Il portait le nom de Mourousi parce que né de père inconnu.

 

Durant cinq ans, de 1821 à 1826, dès qu’un navire français mouillait à Milos, les habitants de l’île avaient pris l’habitude d’aller à son bord pour tenter de tirer, mais en vain, quelques argents en contrepartie de leurs malheurs d’antan. Pour mettre fin à ces réclamations, néanmoins justifiées, devenues une tradition, un dédommagement fut versé aux primats moyennant la signature d’un document où les miliotes actuels et leurs descendants s’engageaient à renoncer à toute revendication pécuniaire dans l’avenir.

 

Cependant, en 2017, Gerasimos Damoulakis, l’un des successeurs des primats, en tant que maire de l’île, ne réclame pas d’argent à la France, mais carrément la restitution de la statue ?! … et … avant 2020, c’est-à-dire… deux cents ans après son départ de l’île pour la France.

 

Il est vrai que l’accord de dédommagement n’avait pas prévu dans ses dispositions cette éventualité ?! … 

 

Quelques décennies après l’arrivée de la Vénus de Milo à Paris, c’est-à-dire aux alentours de 1855/1860, un médecin anglais, et un érudit en matière d’art, installé à Paris, Claudius Tarral (*) a rencontré Louis Brest, alors âgé d’environ 66/71 ans. (Louis Brest s’est éteint à 72 ans). La rencontre avait pour but de peaufiner la documentation de Terral concernant la découverte de la Vénus, afin qu’il puisse rédiger un mémoire la concernant, avec un certain recul et non empreint de ‘’jocondologie‘’ comme on disait à l’époque au sujet de certains engouements du genre … ‘’bon genre‘’ ! ….

 

L’homme qu’il rencontra se montra sous son plus mauvais jour. Il en voulait à la terre entière parce que son nom n’était pas gravé sur le socle de la statue du Louvre. Son argumentation, ou plus précisément ses plaintes et complaintes, pour justifier son rôle dans la découverte et la récupération de l’œuvre en partant pour Constantinople, ne furent qu’un tissu de mensonges et une suite d’invraisemblances et de contradictions.

 

(*) Claudius Tarral (1810-1886) était un érudit, grand amateur d’art, et auteur de catalogues et notices, concernant les collections du Louvre. Un musée où il avait toutes ses entrées y compris dans celles de toutes les galeries d’Europe.

La princesse Mathilde Letizia Wilhelmine Bonaparte, (1820-1904) grande mécène du second empire, l’honorait de son amitié bienveillante. Son érudition lui permettait, par exemple, d’affirmer que le marbre de la Vénus venait de Mylassa ou d’une carrière de Celia en Asie mineure et non de Paros, en précisant qu’elle était du même marbre que le Laocoon (musée Pio-Clementino du Vatican) et l’Inopus (musée du Louvre).

Dans une revue du 5 octobre 1861 il expliquait qu’il préparait un mémoire suivit d’observations concernant ‘’la découverte de la vénus de Milo‘’. Ce fut dans ce cadre qu’il rencontra Louis Brest (1789-1862).

 

Conclusion : Il ne m’a pas été facile, en découvrant cette saga, de démêler le vrai du faux ; car cette vénus de Milo a été l’objet de toutes les convoitises, et tous les coups tordus ; d’abord du côté français dont les protagonistes ont cherché à associer leur nom à celui de la Vénus tant pour la notoriété du moment que pour la postérité. (Dumont d’Urville y a presque réussi contrairement à Louis Brest malgré son rapport mentionnant d’imaginaires échauffourées pour transborder la vénus), ensuite de la part de nos amis anglais et Hollandais jamais en retard, sauf cette fois-ci, pour tirer les marrons du feu sous le nez des Français souvent gros jean comme devant en leur compagnie ?! ...

 

Nota bene : En 1870 la vénus de Milo trouva refuge dans les souterrains de la préfecture de police parisienne, lors des grandes guerres dans des châteaux des environs de Paris et en 1964, avec la bénédiction d’André Malraux (1901-1976) alors ministre de la culture, elle voyagea jusqu’à Tokyo (*) et Kyoto ; un voyage qui lui couta quelques petits dommages dû à la trépidation des moteurs du navire.

 

(*) Les Jeux Olympiques d’été se déroulèrent à Tokyo du 10 octobre au 24 octobre 1964.

 

 

 

 
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Photo 1 : L’un des dessins des pièces excavées par le grec Yorgos (Théodore Kendrôtas) réalisé par Olivier Voutier, l’un des cinq officiers d’état-major de la goélette l’Estafette. Le jeune enseigne, helléniste et passionné d’archéologie certain d’une découverte exceptionnelle adressa ces croquis à Louis Brest qui lui-même les fit parvenir à Pierre David, lequel les transmettra à Charles François Riffardeau, marquis de Rivière ambassadeur à Constantinople. Autrement écrit, sans le discernement et l’esprit d’initiative d’Olivier Voutier, le véritable ‘’découvreur‘’ de la vénus de Milo, cette dernière serait peut-être aujourd’hui dans un musée anglais ou Hollandais dont les navires arrivèrent à Milo, trois jours après le départ de la Vénus pour Toulon.

Photo 2 : le portrait de Charles François Riffardeau, marquis de Rivière (1765-1828), une œuvre de l’artiste Louise Elisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842) peinte de mémoire fin 1828, donc, après le décès du sujet.

Charles François Riffardeau, marquis de Rivière était un militaire, diplomate et homme politique dévoué corps et âme à la cause des Bourbon en général et plus particulièrement à celle de Charles Philippe comte d’Artois, le futur Charles X (1757-1824/1830-1836), dont il fut, pendant l’émigration (1789 à 1795) l’aide de camp et deviendra un véritable ami pendant plus de trente ans ... un ami qu’il ne trahira jamais.

Courant 1795, le comte d’Artois, le charge d’une mission en Vendée où il se fait arrêté, emprisonné et condamné à mort le 10 juin 1804. Grâce aux interventions de Joséphine de Beauharnais et du prince Murat, époux de la sœur de Napoléon, sa condamnation se verra commuée en peine de prison puis de déportation ... en France, dont il ne pourra fouler le sol en toute liberté que lors de la première restauration (6 avril 1814 à mars 1815) en 1814.  

Après les cents jours et Waterloo, (18 juin 1815), commence la seconde restauration. Charles-François de Rivière est chargé par le roi Louis XVIII (1755-1814-1824) de ramener le calme en Corse. Ce qu’il réussit à faire, sans avoir pu ou voulu (? ...) arrêter l’un des chefs, c’est-à-dire celui à qui il devait la vie, un certain … prince Murat époux de Caroline Bonaparte ?! … lequel s’enfuira en calabre où il se fera arrêter et fusiller ! ...

 

Tout aussitôt après, le 4 juin 1816 il part comme ambassadeur à Constantinople, où il restera jusqu’au 21 juillet 1819, date de sa mise à la retraite anticipée suite à une plainte du commerce de Marseille l’impliquant dans une affaire de tarifs douaniers.

Pendant son séjour à Constantinople, ce 35è ambassadeur acquiert à ses frais, à Milo, une île des cyclades, une statue en marbre blanc de … Paros ayant été exhumée en Février 1820. Ce serait une Aphrodite donc … une Vénus selon la langue romaine, d’où son nom de la Vénus de Milo et non l’Aphrodite de Milo, ce qui serait plus logique ?! ...

Dès son arrivée à Paris, le 1er mars 1821 il offre la Vénus de Milo au roi Louis XVIII qui, un an plus tard en fera don au Louvre sans avoir vu l’œuvre ?! …

Louis XVIII n’admirera la Vénus de Milo qu’après avoir entendu tout le bien qu’il en était dit et assis dans un fauteuil roulant poussé par un laquais.

A Paris après avoir reçu le commandement d’une Cie des gardes de Monsieur (le comte d’Artois, son ami de trente ans) puis celui de la 5è Cie des gardes du corps de Charles X (frère de Louis XVI et Louis XVIII) devenu roi le 29 mai 1825. Charles X, sans plus attendre, le 30 mai 1825, fait de son ami un duc héréditaire et le nomme gouverneur de Bordeaux le 10 avril 1826. Charles François Riffardeau, marquis de Rivière ne remplira cette fonction que durant peu de temps ; car le 21 avril 1828 il décédait à l’âge de 63 ans.

Charles X (1757-1824/1830-1836), aurait été très affecté par sa disparition. C’est alors que l’artiste Louise Elisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842), dont c’était l’une des spécialités, réalisa de mémoire le portrait du disparu qu’elle offrit au roi. Cette huile sur toile de 74 X 60,6 cm appartient aujourd’hui à un collectionneur privé. 

Photo 3 : Une restauration intégrative en plâtre de la vénus de Milo en compagnie de Mars, un Mars du type de l’Arès Borghèse. Cette œuvre imaginative a été publiée en 1892 par Jean Gaspard Félix Laché Ravaisson-Mollien dit Félix Ravaisson (1813-1900) un philosophe, philologue et archéologue alors conservateur des antiques au musée du Louvre. Il exerça cette fonction de 1870 à 1886.

 

Après1815, mais dès la première abdication de Napoléon, la France est tenue de rendre les chefs-d’œuvre ‘’prélevés‘’ chez ses voisins Allemands et surtout Italiens lors des campagnes napoléoniennes. De ce fait à son entrée au Louvre, la Vénus de Milo va disposer d’un espace considérable, pour elle toute seule, mais encore fallait-il savoir en quel état la montrer au public ? …

Bernard Lange (1754-1839), restaurateur en chef des antiques propose d’emblée une restauration intégrative ; ce qui signifie qu’il allait falloir ‘’inventer‘’ un contexte à une situation donnée dans laquelle s’intégrera ‘’naturellement‘’ la Vénus. L’image ci-dessus est l’une de ces propositions.

En raison des avis de chacun, une polémique va alors s’engager entre Charles-Othon-Frédéric-Jean-Baptiste de Clarac (1777-1847) conservateur des antiques depuis 1818, Bernard lange le restaurateur en chef, et Louis Nicolas Philippe Auguste comte de Forbin (1777-1841) directeur général des musées royaux depuis 1816.

La proposition d’Antoine Chrysostome Quatremère de Quincy (1755-1849) tout à la fois architecte, archéologue, dessinateur, philosophe, homme politique, écrivain, critique d’art et secrétaire perpétuel de l’académie des beaux-arts, va mettre tout le monde d’accord à savoir … ‘’exposer la statue dans l’état de mutilation où elle se trouve‘’.

C’est alors une révolution dans le domaine de l’art qui va … faire grincer des dents mais dont l’exemple sera suivi par de nombreux musées tant la proposition de Quatremère de Quincy est la plus évidente de toutes. Fin mai 1821, après une petite toilette de rénovation, le public peut enfin venir la contempler.  

 

 

Après cette escale à Milos que fit, cent vingt ans plus tôt, Joseph Pitton de Tournefort, laissons-le poursuivre son voyage jusqu’en Arménie et découvrir le Papaver orientale.

 

Du genre papaver va naître la famille des papaveracées :

 

Ce nom de famille de ‘’papaveracée‘’ a été donné par Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836) (*) en 1789 lors de la parution de son ‘’Genera Plantarum‘’ où il décrivait 15 classes, 100 familles et 400 genres. Le nom de famille sous ces deux formes, ‘’Papaveraceæ - Papaveracées‘’, est imprimé en page 235.

 

(*) Antoine Laurent de Jussieu était le neveu de Antoine de Jussieu (1686.1758), Bernard de Jussieu (1699-1777) et Joseph de Jussieu (1704-1779), toute une famille au service de la botanique. Son père Christophe de Jussieu (1685-1758) était l’aîné de la fratrie, apothicaire et juré Lyonnais.

 

Cette famille des papaveracées, selon le type de classification, compte aujourd’hui entre 150 et 21 genres (*), dont celui des ‘’papavers‘’.

 

(*) Le nombre de genres varie selon les classifications. La NCBI en répertorie 150 – DELTA Angio : 23 et ITIS : 21. Le genre des papavers figure dans chacune de ces trois classifications botaniques.

 

Pour être plus complet signalons que les Papaveracées possèdent deux synonymes qui n’ont pas été retenus par les botanistes, mais acceptés. Il s’agit des Hypecoacëæ et des Pteridophyllaceæ.

Quant aux Fumariacées ils forment une famille qui parfois est rattachée aux Papaveraceæ.

 

1/ Fumariaceæ (1820)

    Un nom donné par le français Alexandre Louis Marquis (1777-1828) à son 14è alinéa

     de sa 1ère classe, où il précise : affinités principales avec Papaveracées et Géraniées.

     Ce nom est paru dans son ‘’Esquisse du Règne Végétale‘’ en page 50.

      

2/ Hypecoacëæ (1880)

    Un nom donné par l’allemand Moritz Heinrich Willkomm (1821-1895) et le danois

    Johan Martin Christian Lange (1818-1898) à leur 158è famille.

    Ce nom est paru dans leur ‘’Prodomus florae Hispanicae‘’ Vol. III en pages 875/876.

 

3/ Pteridophyllaceæ (1991)

    Un nom repris par l’Etatsunien James Lauritz Reveal (1941-2015) et le hollandais

     Ruurd Dirk Hoogland (1922-1994) dans leur ‘’Validation du nom de trois familles de

     plantes à fleurs ( Neuwiediaceae – Pteridophyllaceæ et Symphoremataceae.)

     Cette validation est parue dans le Bulletin du muséum national d’histoire naturelle

     De 1991, Tome 13 – page 91 à 93.

 

 

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Photo 1 : Ce papaver orientale est l’œuvre du Britannique Edwards Teast Sydenham (1769 ? – 1819), un botaniste et illustrateur botanique. Cette illustration est extraite du ‘’The new botanique garden‘’ paru en 1812. (Tome 2 – planche XLII de la page 352). (Source BHL Biodiversity Heritage Library).

Photo 2 :  Cette reprise de l’illustration précédente, mais cette fois mise en couleur par le graveur Franciscus Sansom, est extraite du ‘’The new flora Britannica‘’ paru lui aussi en 1812, mais dans une édition plus luxueuse que la précédente.  (Volume II – Planche XLII de la page 352.).

Les deux ouvrages sont édités par George Kearsley. 

 

 

Le PAVOT D’ORIENT

                      ou

                       le Papaver orientale Tournef.

 

Son espèce :

 

Comme son nom l’indique le ‘’Pavot d’Orient‘’ est originaire d’Orient en général, et plus précisément, du Caucase, de l’Arménie, du Nord/Est de la Turquie et du Nord/Ouest de l’Iran.

Il a débarqué en Europe occidentale, à Marseille, le 3 juin 1702 en compagnie d’un certain Joseph Pitton de Tournefort, à qui le roi Louis XIV   avait demandé d’aller au ‘’Levant‘’ pour enrichir son herbier mais aussi en rapporter un certain nombre de renseignements. (*)

 

(*) Louis XIV a régné 72 ans et guerroyer 33 ans. Pour assurer ses succès militaires et la grandeur de son royaume, il avait développé un vaste réseau d’espionnage tant pour préparer ses attaques que pour anticiper celles de ses ennemis.

L’expédition du Levant, était l’une de ces expéditions soi-disant ‘’scientifiques‘’ dont les titulaires devaient collecter un maximum de renseignements géopolitiques sous le couvert officielle de collecter de nouvelles espèces de plantes, et plus exactement d’étudier les ressources naturelles de l’empire Ottoman.

Ce n’est pas par hasard si Le botaniste Joseph Pitton de Tournefort était aussi géographe, archéologue, ethnologue et accompagné du peintre Claude Aubriet.

 

Ensuite, depuis Toulon le Papaver Orientale poursuivit sa route pour trouver place dans les jardins de Leiden en Hollande et dans ceux du roy de France, aujourd’hui le jardin des plantes. Puis il essaimera dans tout l’Occident.

 

Joseph Pitton de Tournefort (3 juin 1656 – 28 décembre 1708) était alors accompagné de deux amis, un médecin Allemand Andréas von Gundelsheimer (1668-1715) et un peintre, Claude Aubriet (1651-1743) futur peintre du roi. Le trio s’embarqua à Marseille le 23 avril 1700 et débarqua, après différentes escales, à Trabzon, un port de la mer noire. De là, il poursuivit sa route en caravane jusqu’à Tiflis, la capitale de la Géorgie, via Erzerum la grande métropole de l’ancienne Arménie, pour ne citer que ces deux villes.

 

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Quelques illustrations des étapes effectuées par Joseph Pitton de Tournefort et son coéquipier le peintre Claude Aubriet. Ces vues n’ont pas vraiment de rapport, même indirecte, avec la botanique mais donnent de précieux renseignements stratégiques sur les lieux peints par Claude Aubriet et non Joseph Pitton de Tournefort.

 

Photo 1 : Une vue de la ville d’Angora, aujourd’hui Ankara, la capitale de la Turquie, un pays que Louis XIV soutint lors de la guerre de la sainte ligue (1683-1699) qui opposa les Habsbourg et leurs alliés à l’empire Ottoman. Cette vue est extraite de ‘’Relation d’un voyage du levant fait par ordre du roy‘’ de Joseph Pitton de Tournefort, paru en 1717, soit 9 ans après le décès de Tournefort. (Tome 2, page 442) (Source Gallica BNF).

Photo 2 : Une vue de la ville de Tiflis la capitale de la Géorgie. Cette vue est extraite de ‘’Relation d’un voyage du levant fait par ordre du roy‘’ de Joseph Pitton de Tournefort, paru en 1717, soit 9 ans après le décès de Tournefort. (Edition de 1728 - Tome 3, page 168) (Source : Biblioteca Digital – Real jardin Botanico).

Photo 3 : une vue de la ville d’Erzeron( Erzerum) l’ancienne capitale de l’Arménie, dans les environs de laquelle proviennent les graines qui sont à l’origine du ‘’papaver orientale‘’ d’Europe. Cette vue est extraite de ‘’Relation d’un voyage du levant fait par ordre du roy‘’ de Joseph Pitton de Tournefort, paru en 1717, soit 9 ans après le décès de Tournefort. Il s’agit d’un mixte, pour avoir une meilleure image, entre une édition de 1717 (Tome 2, page 195) (Source Gallica BNF) et d’une édition de 1727 (Tome III, page 208) (Source : Biblioteca Digital – Real jardin Botanico).

 

 

Ce périple ordonné par Louis XIV, sera l’occasion de répertorier 1.356 plantes et 25 genres dont :

  • Le papaver orientale hirsutislimum, flore magno.
  • Le papaver orientale tenuiter incisim, ad caulem floridum.
  • Le papaver orientale hypecoi folio, fructus minimo.

Ces trois noms se trouvent imprimés dans le ‘’Corollarium institutionum rei herbariae in quo plantae 1356, (Tome I, page 17), qui sera édité après cette expédition, en 1703. Ensuite en 1719 il sera inséré dans ‘’Institutiones rei herbariae, editio altera., édité sous la forme de 3 volumes, un de textes et deux d’illustrations réalisées par Claude Aubriet.

 

 

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Photo 1 : La toute première représentation du Papaver Orientale hirsutissimum, flore magno. Elle est parue dans le ‘’Corollarium institutionum rei herbariae in quo plantae 1356 de Joseph Pitton de Tournefort (Tome 2, page 277) paru en 1703.

Photo 2 : la toute … seconde ?... représentation du Papaver Orientale hirsutissimum, flore magno. Elle est parue sous la figure 34, dans le ‘’Horti Medici Amstelaedamensis Plantae Rariores et exoticae, de Caspar Commelin (1667-1731) paru en 1706. (Source BHL Biodiversity Heritage Library)

Photo 3 : Une représentation, parmi d’autres, d’un papaver Armenium hirsutissimum maximo flore. C’est un des nombreux dessins de Claude Aubriet réalisé lors du voyage au Levant de Joseph Pitton de Tournefort, il est répertorié sous la Cote MS78 – folio 198 au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, (Source : Direction des bibliothèques et de la documentation). 

 

 

Ces noms, donnés par Joseph Pitton de Tournefort, ont été repris en

- 1723 : ‘’Catalogus plantarum horti Pisani‘’ de Michel Angelo Tilli. Page 131

             - papaver Orientale perenne, flore magno, igneo

             - papaver hirsutiss magno flore perenne Tournef.

- 1746 : ‘’The Botanical Magazine‘’ de William Curtis Volume II, page 57.

              - papaver hirsutissimum magno flore Tournef.

- 1748 : ‘’Hortus Upsaliensis exhibens plantas exoticas‘’ de Caroli Linnæi.

             - Papaver Orientale hirsut. (Volume I – page 136).

 

Carl von Linné n’éditera son ‘’Spécies plantarum‘’ que cinq ans plus tard, en 1753, et reprendra dans son Tome I, page 508 – chapitre 8 :

- papaver oriental hirsutissimum flore magno Tournef. Cor.17 itin 3 p.127

 

 

L’abréviation botanique : Tournef.

Cette abréviation est celle du nom de Tournefort.

 

 

Quelques mots sur Joseph Pitton de Cadenet Seigneur de Tournefort.

Dit : Joseph Pitton de Tournefort (3 juin 1656- 28 décembre 1708).

 

Originaire d’Aix-en-Provence Joseph Pitton de Tournefort fut élève chez les jésuites. Chez eux, il acquit une parfaite connaissance du grec et du latin. En tant que cadet de la fratrie, conformément à la coutume, il entra au séminaire pour devenir prêtre. Mais au décès de son père, n’ayant pas prononcé ses vœux, il s’empressa de se diriger vers un tout autre avenir.

 

C’est ainsi qu’à Montpellier il étudia la médecine, tout en s’intéressant à la botanique en général, et plus particulièrement à la flore de haute-Provence.

 

Cette attirance pour les plantes le conduisit à voyager jusqu’en Espagne et jusqu’au Portugal. Suite à ces nombreux déplacements il constitua un herbier hors du commun dont on parla … jusqu’à Paris.

 

Madame de Venel, (*) épouse d’un conseiller du parlement d’Aix (Cour de justice d’alors) et femme très influente à la cour le pressa de ‘’monter‘’ à Paris ou elle le présenta à Guy-Crescent Fagon (1638-1718) alors botaniste aux jardins du roi, aujourd’hui le jardin des plantes, futur médecin du roi et par la suite … protecteur de Joseph Pitton de Tournefort.

 

(*) Madame de Venel, qui est aussi écrit de Venelle dans la biographie de Tournefort, née Magdeleine de Gaillard de Longjumeau (1620-1687) épousa en 1633 Gaspard de Venel (1612-1692) dont la noblesse provençale remonte à 1281. Gaspard de Venel fut conseiller au parlement d’Aix de 1633 à 1648. Les époux furent introduits à la cour de France par l’intermédiaire du frère de Mazarin nommé par ce dernier, évêque d’Aix, mais aussi grâce à leur fidélité indéfectible, y compris dans les plus mauvais moments, à Louis XIV. En 1652, Gaspard devenu conseiller du roi, et son épouse sous-gouvernante des enfants de France et dame d’honneur de la reine suivent la cour à Versailles. Autant dire que Joseph Pitton de Tournefort ne pouvait pas être mieux ‘’chaperonné‘’ ! … Mais encore devait-il faire ses preuves.    

 

A Paris, précédé par la notoriété de son herbier, et sous l’œil attentif de Fagon, Joseph Pitton de Tournefort commença par donner des cours dont la qualité ne fit que confirmer ses talents de botaniste. Alors, dès l’âge de 27 ans (1683) il devint le suppléant de Guy-Crescent Fagon qui en 1693 sera nommé médecin du roi louis XIV.

 

Joseph Pitton de Tournefort impressionne son monde, y compris le roi Louis XIV qui alors lui confie la mission d’enrichir son jardin. (*) Tournefort fera mieux que l’enrichir, il en fera l’un des plus prestigieux et des plus riches d’Europe.

 

(*) Tournefort prendra très à cœur sa mission. C’est pourquoi il ira à la rencontre de ses confrères des royaumes voisins. Concernant l’une de ces visites, celle au jardin de Leyde en Hollande, il s’est raconté que Paul Herman (1646-1695) une sommité de la médecine et de la botanique d’alors, impressionné par le savoir de son visiteur, lui aurait proposé son poste et une pension de 4.000 livres. Tournefort déclinera l’offre par fidélité à son roi.     

 

 

En 1692, grâce à l’entregent et l’influence de l’abbé Jean-Paul Bignon (1662-1743), prédicateur et bibliothécaire du roi, Joseph Pitton de Tournefort entre comme pensionnaire à l’Académie des sciences au grand dam de certains. Car seuls les docteurs en médecine pouvaient prétendre à cet honneur, or, Joseph Pitton de Tournefort n’était pas docteur en médecine et c’était la première fois qu’une telle entorse au règlement se produisait depuis la création en 1660 de cette illustre académie.

 

Pour faire taire les mauvaises langues et que cet honneur ne devienne pas un boulet, quatre ans plus tard, en 1696 Joseph Pitton de Tournefort devient … médecin.

 

 

Deux ans plutôt, en 1694, à 38 ans, Joseph Pitton de Tournefort publie son premier ouvrage qu’il intitule ‘’Eléments de botanique ou méthode pour connaître les plantes‘’. C’est pour lui l’occasion de proposer une méthode de classification ne prenant en compte que la corolle de la fleur de la plante et son fruit. La clarté et la précision de sa méthode vont lui valoir l’approbation d’un grand nombre de ses confrères qui vont la préférer aux anciennes.

 

Cette méthode paraît en Français (*) ce qui va la rendre accessible à tous les botanistes amateurs de France et de Navarre, d’autant qu’elle est accompagnée d’une iconographie de 451 planches réalisées par le futur peintre du roi Claude Aubriet (1651-1743).  Dans cet ouvrage Tournefort crée 22 classes dans lesquelles il affecte 700 genres et décrit les 9.000 espèces dont ils dépendent, il y en avait alors seulement 8.846 de connues.

 

(*) A cette époque, et par la suite, les ouvrages de botanique paraissaient en latin, un latin qui petit à petit s’éloignait du latin littéraire pour donner naissance à un latin … ‘’botanique‘’ compris des seuls botanistes, ou presque ?! …. 

 

 

En 1698 Joseph Pitton de Tournefort fait paraître un nouvel ouvrage sous le titre de ‘’Histoire des plantes qui naissent aux environs de Paris, avec leur usage en médecine‘’, puis il s’attèle dans les années qui suivent à un travail de classification des plantes qu’un ordre royal va venir interrompre.

 

 

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Photo 1 : ‘’Colbert présente à Louis XIV les membres de l'Académie royale des sciences‘’. Le roi est au centre, avec à sa droite la cour et à sa gauche les membres de l’Académie. On reconnaît derrière l’épaule gauche du roi, assis, son frère, Monsieur (Philippe d’Orléans) et à la droite du souverain, debout, Colbert, habillé de noir et, revêtu d’une cape violette l’abbé Jean-Baptiste du Hamel alors premier secrétaire de cette académie de 1666 à 1697.

Cette huile sur toile de 348 X 590 cm, entièrement imaginée, et présentée à Versailles est l’œuvre de Henri Testelin (1616-1695) l’un des fondateurs de l’académie royale de peinture et de sculpture en 1648. Le peintre s’exila en Hollande courant 1681 après avoir embrassé le protestantisme. (Source Photo RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot)

 

 

 

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Photo 2 : Un portrait de l’abbé Jean-Paul Bignon (1662-1743), bibliothécaire du roi, et protecteur de

Joseph Pitton de Tournefort. Jean-Paul Bignon était le neveu du Louis II de Pontchartrain, et le cousin de Jérôme de Pontchartrain, qui furent, l’un après l’autre, ministre de la marine et secrétaire d’Etat de la maison du roi. Ils furent précédés dans ces fonctions par un certain … Colbert (1619-1683).

Cette gravure à l’eau forte et au burin sur papier de 47,9 X 35,9 cm est l’œuvre de Lucrèce Catherine de la Roue, et a été gravé par Gérard Edelinck (1640-1707). Elle a été réalisée vers 1700, Jean-Paul Bignon avait alors une quarantaine d’années. (Source Bibliothèque Sainte Geneviève de Paris – EST 87RES -p.89)

Photo 3 : Jérôme Phélypeaux comte de Pontchartrain, (1674-1747), secrétaire d’état à la marine et secrétaire d’état à la maison du roi, de 1699 à1715. C’est lui, sur les conseils de l’abbé Jean-Paul Bignon et l’aval de Louis XIV, qui confia la mission du Levant à Joseph Pitton de Tournefort.

(Source : Portrait extrait des archives nationales de la marine royale.)

 

 

Comme dit plus haut, Louis XIV cherchait toujours à avoir un temps d’avance sur ses ennemis pour mieux les surprendre le moment venu. Son pouvoir reposait donc sur une bonne information.

 

Cette bonne information (*) dépendait alors d’un bon réseau d’informateurs, ou d’espions, pour appeler un chat un chat, tant en Europe qu’au-delà de l’Europe.

 

(*) Cette information dépendait aussi des livres qui paraissaient dans toute l’Europe. L’abbé Jean-Paul Bignon (1662-1743) abbé de Saint Quentin en l’Isle, doyen de Saint Germain l’Auxerrois, et protecteur de Joseph Pitton de Tournefort, eut la charge de la bibliothèque royale, future BNF, courant 1718. Cette bibliothèque était à l’époque la plus importante d’Europe. Le grand-père de l’abbé Bignon, Jérôme Bignon (1589-1656) avait aussi eu cette charge, ainsi que son père Jérôme II Bignon (1627-1697) de 1656 à 1684 ; année lors de laquelle d’autorité, Louvois fait nommer son fils Camille Letellier de Louvois, (1675-1718) alors âgé de … 8/9 ans maître de la librairie du roi aux dépens de Jérôme II de Bignon ?! …  

 

Au-delà de l’Europe, la France de 1699, possédait quelques colonies (*) surtout en bordure de l’océan atlantique. Ce qui signifiait que l’Asie avait été quelque peu ‘’délaissée‘’ malgré les ambassades avec le Siam (1685) et que le Levant méritait d’un peu plus d’attention.

 

(*) Cet empire colonial d’avant 1699 comprenait : aux Amériques, la nouvelle France (canada - 1534 & Louisiane - 1682), la France Equinoxiale (Guyane - 1604), les Indes Occidentales (Les Antilles, Guadeloupe, Martinique, Saint Domingue - 1635) dans l’océan Indien l’île de Bourbon (La réunion - 1642) et en Afrique St Louis et l’île de Gorée – 1659).

 

 

Lorsque Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) entre en scène, vers 1665, l’un de ses tout premiers souci consiste à équilibrer le budget du pays et à faire entrer des espèces sonnantes et trébuchantes dans les caisses du royaume ; ‘’Le commerce est la source de la finance, et la finance est le nerf de la guerre‘’ se plaisait-il à dire. Pour cela, et entre autres décisions, il va développer la marine et en faire, vers 1680, l’une des premières d’Europe.

 

En 1699 Colbert n’est plus, et ses fonctions ont été reprises par les Pontchartrain, Louis II Phélypeaux de Pontchartrain (1643-1727) et son fils Jérôme (1674-1747). Louis II Phélypeaux de Pontchartrain, en tant que ministre de la marine et secrétaire d’Etat de la maison du roi, a la mainmise sur tout le commerce en provenance du ponant (outre atlantique) dont il n’est pas sans tirer d’appréciables revenus. Le levant l’intéresse, mais avant de s’engager dans cette aventure, il veut savoir si le jeu en vaut la chandelle. (*)

 

(*) Les barbaresques, des pirates musulmans d’Afrique du Nord, sévissaient alors en méditerranée en s’attaquant aux vaisseaux occidentaux. Saint Vincent de Paul (1581-1660) aurait été l’un de leur prisonnier entre 1605 et 1607. Il aurait échappé à son état d’esclave à Tunis, en s’évadant ?! … Toujours est-il qu’entre le début du XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle ces pirates musulmans, parmi lesquels figuraient quelques chrétiens convertis à l’islam, sans doute attirés par l’appât du gain, plus d’un million de chrétiens Européens auraient été réduits à l’esclavage par les Barbaresques ! ...

 

Pour d’autres raisons, le pouvoir et la gloire, Louis XIV veut aussi en savoir plus sur le Levant en général et l’empire Ottoman en particulier. De conserve avec ses conseillers il est alors décidé d’envoyer une mission au Levant.

 

C’est l’abbé Jean-Paul Bignon, grand protecteur de Joseph Pitton de Tournefort (*) qui conseilla à son neveu, Jérôme Phélypeaux comte de Pontchartrain, (1674-1747), devenu, au départ de son père, secrétaire d’état à la marine et secrétaire d’état à la maison du roi, (1699 à1715), Joseph Pitton de Tournefort.

 

(*) Joseph Pitton de Tournefort, sans doute pour exprimer l’estime qu’il avait pour l’abbé Jean-Paul Bignon, neveu de Louis II de Pontchartrain et cousin de Jérôme de Pontchartrain, créa en 1694, le genre Bignonia qui donnera par la suite naissance à la famille des Bignoniaceæ (Bignoniacées).  

 

Le comte Jérôme de Pontchartrain (*) suivit le conseil de son cousin l’abbé Jean-Paul Bignon, et Louis XIV donna son aval. Joseph Pitton de Tournefort eut alors la mission ‘’d’étudier les ressources naturelles de l’empire Ottoman‘’.

 

(*) Jérôme de Pontchartrain, secrétaire d’état à 19 ans, puis à 25 ans secrétaire d’état à la marine et secrétaire d’état à la maison du roi, avait un œil sur tout, en particulier sur les affaires diplomatiques ; cet homme avait à l’étranger ses propres réseaux d’agents, ce qui lui permettait de doubler ceux de la diplomatie officielle et d’agir en conséquence. On disait de lui ‘’Riche à millions et aussi avare que riche. ‘’.

 

 

En fait il s’agissait, comme l’écrivit Joseph Pitton de Tournefort en première page de sa ‘’Relation d’un voyage du levant fait par ordre du roy‘’ (Tome I – page 1) ‘’… le roi m’avoit ordonné d’aller dans la Grèce, aux Isles de l’archipel, & en Asie, pour y faire des recherches touchant l’Histoire naturelle ; pour m’instruire des maladies & des remèdes que l’on y employe, pour y comparer l’ancienne Géographie avec la moderne ; mais encore sur ce qui regarde le commerce la religion & les mœurs des différents peuples qui les habitent … Sa Majesté m’accordoit un aide, un peintre, & tous les frais du voyage … ‘’

 

Joseph Pitton de Tournefort partit de Marseille à bord de la Reine le 27 mars 1700, de retour dans le même port le 3 juin 1702, sans avoir toutefois été en Egypte où sévissait une épidémie de peste, apporta de ce voyage de plus de deux ans 1356 plantes nouvelles dont le pavot d’Orient et quelques autres espèces du même genre comme le pavot fugace ou papaver fugax que Jean-Louis Marie Poiret (1755-1834) décrivit en 1804. (*)

 

(*) Des graines de ce pavot fugace, alors pavot inconnu et peut-être confondu ( ?) avec le papaver orientale, furent plantés comme appartenant à la même espèce par les jardiniers de Joseph Pitton de Tournefort à son retour du levant, donc vers 1702 ou 1703, dans les jardins du roi Louis XIV?! … Ces pavots, appartenant donc à deux espèces, continuèrent à être cultivés sans qu’on les différenciât.

Quelques quatre-vingts ans plus tard, en 1789, dans les jardins du roi, mais du roi Louis XVI cette fois (1754-1774-1793), des graines de pavots tout juste arrivées de Perses donnèrent des fleurs toutes semblables entre elles, mais aussi semblables avec certains spécimens de l’espèce appelée ‘’papaver orientale‘’ ?! …

 

Ces graines avaient été rapportées de Perse, avec quelques 400 autres plantes inconnues en France, par le botaniste André Michaux (1746-1802) qui suite à cette mission gouvernementale sera nommé botaniste du roi. Cette mission Persane et terres environnantes commença le 28 février 1782 pour se terminer au cours de l’année 1785.

 

Autrement écrit Joseph Pitton de Tournefort avait apporté au moins deux espèces de pavots venant du Levant, le ‘’papaver orientale‘’ et une autre espèce qui restait à nommer et à décrire.

 

Jean-Louis Marie Poiret s’attela à la tâche et publia sa description en 1804 sous le nom de ‘’papaver fugax Poir.1804‘’ ; un autre botaniste, un allemand, le baron Friedrich August Marschall von Bieberstein (1768-1826), dont nous reparlerons plus bas, décrivit aussi cette espèce en 1808 et la nomma ‘’papaver caucasicum M. Bieb 1808. Ces deux noms, ‘’papaver fugax‘’ et ‘’papaver caucasicum‘’ sont donc synonymes.

 

Friedrich August Marschall von Bieberstein donna son nom à un genre, le genre Biebersteinia que créa l’allemand Christian Friedrich Stephan (1757-1814). Ce genre regroupent cinq espèces, lesquelles appartiennent à la famille des Biebersteiniaceæ ou Biebersteiniacées que créa l’autrichien Stephan Ladislaus Endlicher (1804-1849).

 

C’est le botaniste André Michaux qui découvrit entre des rochers, tout près d’Ispahan, en Iran, cette ou ce … Biebersteinia … une petite plante que les Iraniens appelaient, et doivent encore appeler ‘’Adamak‘’ et dont ils faisaient usage pour lutter contre les douleurs musculaires et une bonne restauration des fractures osseuses.

 

 

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Photo 1 : Un papaver Orientale né des graines apportées en France par Joseph Pitton de Tournefort. Cette illustration est extraite du dictionnaire de Botanique de Henri Ernest Baillon (1827-1895) et son collaborateur Jules de Seynes (1833-1912). L’illustration est signée Auguste Faguet (1847-1916). (Tome 3 – page 506) (Source : Gallica BNF)

Photo 2 : Un portrait d’André Michaux (1746-1802) un botaniste français chargé de deux grandes missions, l’une en Perse de 1782 à 1785 d’où il apporta dans ses bagages des graines de papavers, qui permirent de distinguer le papaver fugace du papaver orientale ; et l’autre en Amérique du Nord de 1786 à 1796 d’où il a été expulsé par Thomas Jefferson (1743-1826) alors secrétaire d’état (*) et futur 3è président des Etats-Unis ; en 1800 il embarqua pour une mission en Australie mais à l’occasion d’une halte à l’île Maurice il se rendit à Madagascar où il décéda des fièvres  le 16 novembre 1802.

(*) Edmond Charles Genet (1763-1834), dit ‘’Citoyen Genêt‘’ le premier ambassadeur de France aux Etats-Unis, menait alors campagne auprès des immigrés Français pour nuire aux intérêts anglais et Espagnols dont les pays étaient en guerre avec la France. André Michaux, bien malgré lui mais en bon Français, marcha dans les pas de l’ambassadeur. Le gouvernement des Etats-Unis voulant garder sa neutralité expulsa tous ces … trublions … dont André Michaux, dans leur pays d’origine ! …

Photo 3 : Un papaver Orientale renommé papaver fugace Poir.1804 ou fugax Poir. 1804 par le botaniste français Jean-Louis Marie Poiret (1755-1834) et papaver caucasicum M Bieb 1808, par le botaniste allemand Friedrich August Marschall von Bieberstein (1757-1814).

Cette illustration est l’œuvre de Sydenham Teast Edwards (1768-1819). Elle a été extraite du Curtis s’Botanical magazine Vol. 40 tableau 1675 – de 1814. (Source : Plant-illustration).

 

 

Dès 1702, non seulement Joseph Pitton de Tournefort reprend ses activités habituelles, mais répertorie sans plus attendre, selon sa méthode, les 1356 plantes qu’il découvrit au cours de son voyage au Levant.

 

En 1703, la description de ces 1356 plantes va faire l’objet d’une publication intitulée : ‘’Corrolarium Institutionum rei Herbarie‘’. Puis de nouvelles charges vinrent s’additionner aux précédentes …

 

En 1706, par exemple, il devient professeur au collège royal, et titulaire de la chaire de médecine et de botanique. Par ailleurs, comme il était médecin, compte tenu de sa notoriété, son cabinet ne désemplissait pas, bien au contraire.

 

 

En 1707 il met en œuvre la rédaction d’un ouvrage concernant la culture du champignon de Paris. Ce serait le premier traité connu de ce genre ?! …

 

Hélas ! … un accident survenu le 16 avril 1708, va mettre fin à ses nombreuses activités. Une charrette le percute violemment et le prend en sandwich contre un mur. Cet accident a eu lieu rue copeau qui aujourd’hui porte le nom de rue Lacépède depuis 1853.

 

Joseph Pitton de Tournefort ne se remettra pas de cet écrasement. Après quelques mois d’un calvaire qui ne dit pas son nom, il va tirer sa révérence le 28 décembre 1708 à l’âge de 52 ans.

 

Il laissera un herbier de 22 classes (17 d’herbes et 5 d’arbres) comptant 8.000 espèces classées en 673 genres.

 

À sa demande, ses manuscrits seront remis à son élève et ami Michel-Louis Reneaulme de Lagaranne (1676-1739), lequel quittera notre monde sans avoir pu les publier ?! ...

 

 

Par ailleurs, un ami de toujours, médecin et botaniste comme lui, resté à Aix-en-Provence par attachement sentimental, Pierre Joseph Garidel (1658-1737), auteur d’une ‘’Histoire des plantes qui naissent aux environs d’Aix, et dans plusieurs autres endroits de la Provence‘’, parue en 1715, lui rend hommage dans sa préface ‘’…l’amitié dont il m’a toujours honoré exigeoit de moi cette aveugle soûmission à ses sages avis … (Tournefort l’avait poussé à faire paraître ce livre) … pour pouvoir marquer au public combien je suis redevable aux bontez de ce Grand Homme, dont la mémoire me sera toûjours en vénération. ‘’      .

 

C’est ce Pierre Joseph Garidel qui a fait connaître Charles Plumier (1646-1704), alors botaniste du roi et de retour des Antilles, à Joseph Pitton de Tournefort.  

 

 

En hommage à Joseph Pitton de Tournefort, Carl von Linné, lui dédia le genre ‘’Tournefortia‘’ (*) un genre de la famille des Boraginaceæ (Boraginacées).

 

(*) L’idée de se référer à une personnalité pour créer un nom de genre revient à Charles Plumier qui le premier mis en œuvre cette pratique. Par exemple, pour honorer la mémoire de Dioscoride il créa le genre ‘’Dioscorea‘’ pour classer certaines ignames.

 

Nota bene : Carl von Linné créa aussi les genres :

- Plumeria de la famille des Apocynacées qu’il dédia à Charles Plumier. Le plumeria est aussi connu sous le nom de Frangipanier et en Thaïlande de Lilawady (Leelawadee – ลีลาวดี) après s’être appelé Lane thone (ลทน).

- Garidella de la famille des renonculacées qu’il dédia à Pierre Joseph Garidel, entre autres de nombreux genres.

 

Carl von Linné, le père de la nomenclature binominale, dira que la gloire d’avoir inventé le genre, c’est-à-dire la première partie du nom binominal revient à Joseph Pitton de Tournefort, et à lui seul.

Linné rajouta l’espèce au genre et c’est ainsi que naquit le nom binominal qu’on attribut exclusivement, mais à tort, à Carl von Linné.

 

C’est aussi Joseph Pitton de Tournefort qui créa le genre ‘’Papaver‘’ et cela aux dépens des méconopsis, qui, eux aussi appartiennent à la famille des papavéracées mais qui ne pouvait plus alors, porter l’épithète de papaver puisqu’elle servait à désigner un genre.

 

Le botaniste français Alexandre-Louis Guillaume Viguier (1790-1867) va leur rendre justice en reprenant le nom de Méconopsis pour en faire lui aussi, un genre en appelant un individu : Méconopsis Cambria Vig. 1814, lequel deviendra l’espèce type du genre Méconopsis de la famille des papavéracées.

 

Le Méconopsis Cambria n’est autre que le pavot jaune du pays de Galles ; la cinquantaine des autres espèces du genre Méconopsis est originaire de l’l’Himalaya et des régions montagneuses de l’Ouest de la chine.

 

 

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Photo 1 : Un ‘’Tournefortia Heliotropioïdes‘’. Charles Plumier, un ami de Joseph Pitton de Tournefort, fut le premier à se référer à une personnalité pour créer un nom de genre. Aussi dédia-t-il à son ami le genre ‘’Pittonia‘’ que Carl von Linné transforma en ‘’Tournefortia‘’. Cette illustration d’un ‘’Tournefortia Heliotropioïdes‘’ est extraite du Curtis’s Botanical Magazine Volume V de la nouvelle série de 1831. La description et l’illustration (Planche 3096) de la plante sont l’œuvre de William Jackson Hooker L.L.D. (Source : BHL Biodiversity Library)

Photo 2 : Un ‘’Méconopsis Nipalensis‘’ DC. que le botaniste Suisse Alphonse Louis Pierre Pyrame de Candolle (1806-1893) a décrit sous ce nom dans son ‘’Prodomus Systématis naturalis regni vegetabilis‘’ de 1824 (V 1 – p. 120) et que le botaniste anglais David Don (1799-1841) avait appelé ‘’Papaver Paniculatum‘’ dans son ‘’Prodomus Floræ napalensis‘’ de 1825 (V.1 – p.197).

Cette illustration est extraite de : ‘’Illustrations Himalayan plants‘’ dont le texte est de Joseph Dalton Hooker M.D.F.S. (1817-1911) et le dessin de Walter Hood Fitch (1817-1892). Cet ouvrage est paru en Juin 1855 (Planche IX) (Source : BHL Biodiversity Library)  

Photo 3 : Un ‘’Méconopsis Simplicifolia‘’ H.f. & Thoms que les botanistes, l’un anglais, William Jackson Houker (1817-1911) et l’autre écossais Thomas Thomson (1817-1878) ont décrit sous ce nom dans leur ‘’Flora Indica – Plants of British India‘’ de 1855 (V 1 – p. 252) et que le botaniste anglais David Don (1799-1841) avait appelé ‘’Papaver Simplicifolium‘’ dans son ‘’Prodomus Floræ napalensis‘’ de 1825 (V.1 – p.197).

Cette illustration est extraite de : ‘’Illustrations Himalayan plants‘’ dont le texte est de Joseph Dalton Hooker M.D.F.S. (1817-1911) et le dessin de Walter Hood Fitch (1817-1892). Cet ouvrage est paru en Juin 1855 (Planche VIII) (Source : BHL Biodiversity Library)  

 

 

Noms vernaculaires :

 

Feuer-Mohn, Garten-Mohn, Morgenländischer Mohn, Orientalischer Mohn, Stauden-Mohn, Türkischer Mohn (Allemagne) regni vegetabilis - oriental poppy (Angleterre) - guǐ yīng sù (鬼罂粟), guǐ yīng sù (鬼罌粟) (Chine) - turski mak, crveni mak (Croatie)- Papavero orientale (Italie) - amapola oriental (Espagne) - idänunikko (Finlande) - pavot d'Orient, pavot de Tournefort (France) - oosterse klaproos, reuzenklaproos (Hollande) - keleti mák, díszpipacs, keleti pipacs (Hongrie) – onigeshi (オニゲシ) (Japon) - rytinė aguona (Lituanie) - orientvalmue (Norvège) - mak wschodni (Pologne) - papoula oriental (Portugal) – mak vostóčnyj (мак восточный), mak malolístnyj (малолистный) (Russie) - mak východný (Slovaquie) - turski mak, crveni mak (Slovénie) - orientvallmo (Suède) - mák východní (Tchéquie). 

  

 

Le Basionyme : C’est-à-dire le référent auquel se rattachent tous les autres noms donnés à la même espèce de la même famille. Ces noms, si la description correspond, deviennent alors synonymes.

1753 : Papaver orientale Linn

           Spécies plantarum – Tome I – page 508 – alinéa 8. 

 

Les synonymes :

 

1794 - Papaver grandiflorum Moench – Methodus Moench

           Methodus Plantas Horti Botanici et Agri Marburgensis.

 

1796 - Papaver spectabile Salisb. – Richard Anony Salisbury (1761-1829)

             Prodromus stimrpium in horto ad chapel Allerton (page 377 – 4è alinéa.)

 

1839 - Calomecon orientale (L) Spach  - Edouard Spach (1801-1879)

            Histoire Naturelle des Végétaux (Volume 7 – page 9)

 

1909 - Papaver paucifoliatum (Trautv.) Fedde.

           Das Pflanzenreich Regni vegetabilis conspectus (Volume IV.104 – page 366)

             de Heinrich Gustav Adolf Engler (1844-1930) avec Friedrich Fedde (1873-1942)

 

1808 – Papaver Orientale M. Bieb. ? …

            Friedrich August Marschall von Bieberstein (1768-1826)

              Flora Taurico-Caucasica (Polyandria) (Vol. 2, p.5, alinéa 1034)

 

             Copie de l’alinéa :

               1034 Papaver Orientale M. Bieb :

             1/ - Papaver Capsulis glabris caulibus unifloris scabris foliosis foliis pinnatis

                   Serratis Linn.

                   Référence : Botanical magazine de William Curtis Edit. 1788.

                   (volume II – page 57)

 

              2/ - Papaver orientale hirsutissimum flore magno Tournef.

                      Références :

                      1/ Corollarium institutionum rei herbariæ

                       De Joseph Pitton de Tournefort – Edit. 1703 – page 17

                       2/ Horti medici amstelædamensis Plantæ rariores et exoticæ

                       de Caspari Commelin (1667-1731) – Edit. 1706 – page 34 et fig. 34

 

Explication : Marschall von Bieberstein était en possession d’un spécimen de Papaver orientale dont la description ne correspondait pas très exactement à celle donné par le Botanical magazine. Il fallait donc lui donner un nom d’où : Papaver Orientale M. Bieb, car c’était un papaver.

 

Entre 1808 et 1819 Marschall von Bieberstein a fait des recherches concernant son spécimen et …

 

En 1819 à l’occasion de la parution de son 3è volume de Flora Taurico-Caucasica ‘’supplementum‘’ ce Papaver appelé Papaver Orientale M. Bieb. est nommé ‘’papaver orientale‘’ (page 365 – alinéa 1034) puis sera identifié comme correspondant au papaver bracteatum Lindl de … 1821 ?! ….

 

 

Les variétés issues du papaver orientale Linn.

 

1876 - Papaver orientale var paucifoliatum (Trautv) Fedde

           Trudy Imperatorskago S.-Peterburgskago botanicheskago sada.

             (Vol. 4 – page 345,346 – alinéa 14) -

 

1905 - Papaver orientale var. parviflorum N. Busch –

           Nicolaï Adolfowitsch Busch (1869-1941)

 

             Flora Caucasica Exsiccatae.

 

Nota bene : Il arrive parfois qu’on trouve l’un ou l’autre des papavers dont les noms suivent parmi les synonymes du Papaver Orientale Linn. ?! …

 

En fait, ces papavers, qui sont originaires de régions voisines, toutes situées   aux alentours du Caucase, Géorgie, et Arménie, comme le papaver orientale Linn, ont développé des caractéristiques qui permettent de les différencier les uns des autres, mais qui n’ont pas été décelées à première vue, c’est-à-dire au moment de leur découverte, d’où … les confusions.

 

L’une de ces principales espèces, très voisines du papaver orientale Linn, est le Papaver Bracteatum Lindl, (*) ce qui a eu pour conséquence d’appeler le ‘’papaver orientale‘’, le papaver Ebracteatum c’est-à-dire sans bractéole. Mais ce nom est pour ainsi dire tombé dans l’oubli.

 

(*) Quelques botanistes ont longtemps considéré que le papaver orientale et le papaver bracteatum n’appartenaient qu’à une seule et même espèce ?! …

 

 

Toujours est-il que le Papaver Bracteatum a aussi ses synonymes : 

 

Ce Papaver Bracteatum Lindl est donc à considérer comme un Basionyme d’où :

 

Le Basionyme :

 

1821 – Papaver Bracteatum Lindl - John Lindley (1799-1865)

            Collectanea Botanica or figures and botanical illustrations Tableau 23.

 

Les synonymes :

              

1888 - Papaver pollakii A. Kerner – Anton Kerner von Marilaun (1831-1998)

            Wiener illustrirte Garten-Zeitung n°13 – (pages 272-273)

              Annals of the Missouri Botanical Garden (1978 – Vol. 65 – page 775)

 

1918 - Papaver pseudo-orientale (Fedde) Medw.

 

Conclusion : En croisant le papaver orientale Linn avec le papaver Papaver Bracteatum Lindl et le papaver pseudo-orientale, qui sont, je le rappelle, tous les trois originaires des mêmes régions, de nouvelles espèces ont été créées, à savoir …plus de 180 variétés ?! ….

 

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Quelques illustrations montrant la différence entre le papaver orientale et le papaver Bracteatum Lindl. Une différence qui a mis une vingtaine d’années avant d’être constatée et faire l’objet d’une nouvelle identification.

 

Photo 1 : Un papaver Bracteatum Lindl. Ce papaver se différencie grâce aux petites bractées (feuilles) à la base de sa corolle.

Cette illustration de 1823 est de Johann Simon von Kerner (1755-1830). Elle a été extraite du 55è volume de son œuvre ‘’Hortus Semper Virens‘’ paru entre 1795 et 1830. (Volume 55 – tableau 649). (Source : Plant-illustrations & BHL Biodiversity Heritage Library).

Photo 2 : Un papaver orientale Lin. Cette illustration de Jan Christiaan Sepp (1739-1811) est extraite du 2e volume, d’une série de 5, d’‘’Afbeeldingen Der Artseny Gewassen Met Derzelver …‘’ (*), paru en 1796 en Hollande. L’auteur en est Dietrich Leonhard Oskamp (1756-1803) - (Vol. 2 tableau 189). (Source : Plant-illustrations & BHL Biodiversity Heritage Library).

(*) Cette série de cinq volumes est une reprise et/ou une adaptation d’‘’Icones plantarum medicinalium‘’ de Johannes Zorn (1739-1799) parue en Allemagne. Elle se composait alors de 500 planches. Les 5 volumes de Zorn ont été édités entre 1779 et 1784. Dans aucun de ces livres ne figurait le papaver orientale Lin. Avec la nouvelle édition hollandaise 100 planches ont été rajoutées dont le papaver orientale Lin. (Source : plante-illustrations – google & BHL Biodiversity Heritage Library).

Photo 3 : Un papaver Bracteatum Lindl. Ce papaver se différencie grâce aux quatre petites bractées (feuilles) à la base de sa corolle, dont l’une est mise en évidence.

Cette illustration de 1822 est de Sydenham Edwards et certainement colorée par M. Hart. Elle a été extraite du ‘’Edwards Botanical Register‘’. (1815-1847) - (Vol. 8 - tableau 658) (Source : Plant-illustrations & BHL Biodiversity Heritage Library).

 

 

La classification du papaver orientale :

 

Le papaver appartient à la famille des Papaveraceæ (Papavéracées) dont la plupart des individus sont des plantes herbacées, mais il y a parmi eux quelques arbustes.

Comme toutes les espèces de la famille des Papaveraceæ, le papaver est une plante dicotylédone, c’est-à-dire dont la graine donne naissance à deux feuilles primordiales. Leur grande particularité est d’être laticifère, c’est-à-dire produisant un latex laiteux ou aqueux blanc, jaune, rouge ou transparent selon les espèces.

Presque toutes les Papaveraceæ contiennent des alcaloïdes qui font que beaucoup, à des degrés différents, sont toxiques.

 

Description du papaver orientale :

 

 

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                          Quelques anciennes représentations du papaver orientale :

 

Photo 1 : Une illustration d’un papaver orientale, le papaver orientale tenuiter incisim, ad caulem floridum‘’ de Claude Aubriet parue dans ‘’Corollarium Institutionum Rei Herbariae‘’ de 1703. Part. Tabulae Generum Recens Institutorum. (Folio recto n° 11 - image sur annotée n° 500) (Réf. Bpt6k6324482z) - (Source : Gallica BNF)  

Photo 2 : Une illustration d’un papaver orientale (*) parue dans la revue Horticole n° 67 page 58, de 1895 1e série avec l’intitulé ‘’Pavot d’Orient vivace varié‘’. (Source : Google & BHL Biodiversity Heritage Library).

Photo 3 : Pratiquement la même illustration que la précédente (*) mise en couleur et parue dans la revue Horticole n° 67 de 1895 4e série (Plante-illustrations &

(*) L’auteur de l’article, S. Mottet, souligne que certains botanistes remettent en cause la différence faite entre le papaver orientale et le Papaver Bracteatum. Pour ces botanistes il s’agit d’un même individu, à savoir le papaver orientale.

 

Nota : Ne pas confondre le ‘’papaver orientale‘’ avec le papaver somnifère.

La description du ‘’papaver orientale‘’ qui suit est celle qu’en a faite Joseph Pitton de Tournefort en cours de voyage. C’est donc la première description écrite du papaver orientale.

 

Nota Bene : En retranscrivant cette description, seuls quelques mots ont vu leur orthographe changée. Il s’agissait de faire correspondre leur orthographe avec celle en usage actuellement ; ainsi par exemple, le ‘’petit doit‘’ a été retranscrit ‘’le petit doigt‘’, ‘’laict par lait, et ‘’feüille‘’ par ‘’feuille‘’ etc ...

 

La racine du papaver orientale :

 

La racine de cette plante est grosse comme le petit doit et longue d’un pied, blanche en dedans, brune en dehors, fibreuse, pleine d’un lait blanc-sale très-amer et très-acre. (Description Pitton de Tournefort.)

 

Le ‘’papaver orientale‘’ est une plante vivace, c’est-à-dire une plante qui peut vivre au moins trois saisons durant. Sa racine principale, à laquelle se rattachent de nombreuses racines fibreuses, est dite pivotante et forme une espèce de cylindre fusiforme ligneux composé de vaisseaux irrigant une masse subéreuse.

 

 

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                                                    Quelques racines de papavers :

 

Photo 1 : Illustration du ‘’papaver Pleno Flore‘’ du botaniste italien Pietro Andrea Mattioli, (1501-1578) de 1586, extrait de la publication allemande ‘’Kreuterbuch deß hochgelehrten und weitberühmten Herrn‘’ de Bearbeiret von Joachim Camerarius le jeune (1534-1598) (Magsamen Mohe - Chapitre 64 - Folio 369 r.) (Source : http://www.digibib.tu-bs.de/?docid=00040143 – Google)

Photo 2 : Illustration des : papaver flore pleno rubrum et papaver eraticum extraite de : ‘’Hortus Eystettensis‘’ du botaniste allemand Basilius Besler (1561-1629) paru en 1623 (Vol. II - Duodecimus ordo, page 324 folio 6 Verso) (Source BHL- Biodiversity Heritage Library & Biblioteca Digital del Real Jardin Botanico de Madrid.).

Photo 3 : Illustration des : papaver flore pleno rubrum et papaver eraticum extraite d’une troisième édition, celle de 1713, de : ‘’Hortus Eystettensis‘’ du botaniste allemand Basilius Besler (1561-1629) paru en 1713 (Vol. II - Duodecimus ordo, page 324 folio 6 Verso) (Source google).

 

 

La tige du papaver orientale :

 

Ordinairement les tiges sont de la hauteur d’un pied et demi ou deux, épaisses de trois ou quatre lignes, droites, fermes, vert-pâle, hérissées de poils blanchâtres, roides, longs de trois lignes, si ce n’est vers le haut où elles sont couvertes de poils ras. (Description Pitton de Tournefort.)

 

Les tiges, de forme cylindrique, sont robustes et mesurent entre 70 centimes et un mètre. Elles sont annuelles, uniflore et à feuilles alternes. Elles ne se ramifient pas hors de terre.

Leur épiderme comporte quelques stomates (petites ouvertures permettant à la plante de respirer) et est couvert de nombreux poils épars, rudes et blanchâtres ce qui le rend scabre.

 

 

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                                               Quelques tiges de papavers :

 

Photo 1 : Une illustration d’un papaver bracteatum, frère jumeau du papaver orientale, extrait de ‘’Atlas des plantes de jardins et d’appartements exotiques et européennes‘’ de Désiré Georges Jean-Marie Bois (1856-1946) paru en 1896. (Page 19 & planche 19) (Source : Gallica BNF)

Photo 2 : Ce papaver orientale est une œuvre de William Curtis (1746-1799) parue dans le Botanical Magazine Volume I & II de 1787. (Vol. 1 – page et planche 57) (Source BHL- Biodiversity Heritage Library).

Photo 3 : Une aquarelle d’un Papaver orientale de l’artiste d’origine Indienne Milly Acharya (1951-2019). (Source : The Hunt Institute of Botanical Documentation.)

 

 

Les feuilles du papaver orientale :

 

Les feuilles ont un pied de haut et sont découpées à peu près comme celles du Coquelicot en plusieurs parties jusques vers la côte. Ces pièces ont environ deux pouces et demi de long sur neuf ou dix lignes de large. Elles sont vert-brun et comme luisantes sur certains pieds, recoupées sur les bords à grosses dents pointues et terminées par un poil blanc, semblables à ceux qui couvrent les feuilles, et tous ces poils sont aussi roides et aussi longs que ceux des tiges. Chaque tige ne soutient le plus souvent qu’une fleur. (Description Pitton de Tournefort.)

 

Les feuilles de couleur vert-jaune au début de leur apparition, puis vert-brun à maturité, sont aussi hispides que la tige, c’est-à-dire recouverte de poils blanchâtre forts, robustes et allongés. Ces poils sont surtout présents sur la face inférieure des feuilles ; ces feuilles sont dites pennatilobées et pinnatifides (découpées de façon symétrique par rapport à la nervure centrale). Elles mesurent entre 15 et 25 centimètres de long sur 3 à 6 centimètres de large. 

 

 

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                                                 Quelques feuilles de papavers :

 

Photo 1 : (Explications en caractères Russes ou Cyrilliques ?! ...)

Photo 2 : Une illustration à l’encre noire représentant les papavers : Involucratum M Pop, Bracteatum Lindl, (repéré de trois étoiles rouges) Commutatum Fisch & Mey, Chelidoniifolium Boiss & Buhse, et Ambiguum M. Popextraite. Cette illustration est extraite de l’œuvre de Vladimir Leontievitch Komarov (1869-1945) intitulée ‘’Flora of the U.S.S.R‘’. Il s’agit de 30 volumes, plus un répertoire global, édités entre (1934-1964). (Volume VII de 1937 – Genus 556 p. 456 et Planche 41- p. 467) (Source BHL- Biodiversity Heritage Library).

Photo 3 : Un lectotype de papaver Orientale Linn. (Un lectotype est spécimen qui sert de référence nomenclaturale en l’absence d’un holotype qui lui, a servi, pour la première fois, à décrire un individu d’une espèce donnée.)  (Source : La Linnean Society of London).

 

 

La fleur du papaver orientale :

 

Chaque tige ne soutient le plus souvent qu’une fleur, dont le bouton qui a dix-huit ou vingt lignes de long, est couvert d’un calice à deux ou trois feuilles (sépales) membraneuses, creuses, blanchâtres sur le bord, et hérissées de poils.

 

Ces feuilles (sépales) tombent quand la fleur s’épanouit, et l’on s’aperçoit alors qu’elle est composée depuis quatre jusques à six feuilles, (pétales) longues de deux pouces et demi sur trois pouces et demi de large, arrondies comme celles des autres Pavots et de la couleur du Coquelicot. Elles sont plus ou moins foncé, avec une grosse tache à l’onglet, laquelle est aussi plus ou moins obscure. Les feuilles (pétales) intérieures sont un peu plus étroites que les extérieures, et tiennent fortement contre le pédicule ; souvent même elles ne tombent que deux jours après que la tige est coupée.

 

Le milieu de la fleur est rempli par un pistil long d’un pouce, oblong, sphérique sur quelques pieds, vert-pâle, lisse, arrondi vers le haut en manière de calotte purpurine découpée en pointe sur les bords, et relevée d’environ une douzaine de bandes violet foncé, (stigmates) poudreuses, lesquelles, partant du même centre, viennent se distribuer en rayon et se terminer à une des pointes qui sont sur les bords.

 

Ce pistil est surmonté par une grosse touffe d’étamines à plusieurs rangs, grisdelin luisant, chargées chacune d’un sommet violet foncé, (anthère) poudreux, long d’une ligne et demi sur demi ligne de large. La Plante rend un suc limpide, mais le pistil est rempli d’un lait blanc-sale très amer et très acre, de même que la racine. (Description Pitton de Tournefort.)

 

 

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                                    Quelques détails de fleurs de papavers :

 

Photo 1 : Un bourgeon de Papaver Bracteatum Lindl. (Photo de Petr Vobořil).

Photo 2 : Un tableau botanique représentant les différents organes du papaver Bracteatum. Cette œuvre dite ‘’Jung Koch Quentell‘’ est le fruit de la collaboration entre trois allemands chargés d’éducation : le professeur et directeur d’école Heinrich Jung, l’artiste peintre et biologiste Gottlieb von Koch (1849-1914) et le biologiste Friedrich Quentell. (Source : le Randolph collège – département de biologie & d’Histoire Naturelle – Virginie - USA)

Photo 3 : Ce tableau numéroté 119 est l’œuvre de Claude Aubriet. Il a été réalisé avant son voyage du Levant et détaille un pavot en général, sans autre précision. Ce n’est donc pas un papaver orientale. Cette planche est extraite de ‘’Aquisextensis [ … ] Institutiones rei herbariæ‘’ Vol. 2 – Tableau 119 - année 1700 (Source : Gallica BNF)

 

La fleur du papaver orientale est terminale et solitaire. Elle commence à se manifester à l’extrémité d’une tige sous la forme d’un bouton qui sous la contrainte de son poids penche vers le sol. Ce bouton dit floral, de forme elliptique ovoïde est hérissé de poils, lui aussi. D’après Pitton de Tournefort, les Turcs et les Arméniens mangent ces boutons mais n’en retirent pas d’opium. Les grecs de leur côté, mangent les boutons de coquelicot en salade.

 

Lorsque vient l’éclosion, le bouton se redresse, les deux sépales, parfois trois, qui constituent l’enveloppe de ce bouton, et le calice de nombreuses fleurs, se désolidarisent et tombent au sol. Le papaver orientale est donc une fleur sans calice.

 

Chacun de ces sépales est concave, blanchâtre à l’intérieur, libre et caduc. Parfois, après la chute des sépales, 2 à 4 petites bractéoles (mini-feuilles) tantôt entière tantôt pennatifides comme les véritables feuilles, subsistent à la base de la fleur. (C’est le cas du papaver bracteatum.)

 

Ensuite, quatre pétales, parfois six sur deux rangs, voire plus en certains cas, se chevauchant brièvement, tous et tout fripés se déploient. Ces pétales, libres et hypogynes (Placés sous l’ovaire) forment alors la corolle de la fleur, une fleur bisexuée, qui peut atteindre jusqu’à 20 cm de diamètre, et va se bercer au gré des vents à l’extrémité de sa tige sans la faire ployer.

 

Les pétales ressemblent à de grandes ailes de papillons largement obovales d’environ 3 à 7 cm de long sur 3,5 à 8 cm de large, ils sont souvent de couleur rouge-orangé luisant, parfois violette ou panachée, mais rarement blanche, ce qui peut se produire. Entre le rouge et le blanc les couleurs se présenteraient sous 9 à 10 tons. Tous les pétales, quel que soit leur couleur, ont un macule noir-violet à leur base.

 

Ces pétales, libres et caducs, tombent à leur tour après quelques jours et laissent apparaître les organes reproducteurs de la fleur ; organe mâle et organe femelle ce qui fait du papaver orientale une fleur hermaphrodite, mais, une fleur qui ne s’auto-féconde pas. Le pollen d’un papaver ‘’A‘’ va féconder des papavers voisins, et le pollen de ces papavers voisins va féconder le papaver ‘’A‘’.

 

 

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Photo 1 : Une planche détaillant successivement : A/ le bouton floral, B/ le pétale, et C/ la capsule ou l’ovaire. … de : 1/ le papaver bracteatum Lindl, 2/ la papaver pseudo-orientale et 3/ le papaver orientale Lin. (à qui il manque sa tache noire-violette en bas de pétale). Cette planche est extraite de : ‘’Annals of the Missouri Botanical garden‘’ de 1974 - Vol 61 - p 283.  Les dessins sont de Léonardo Mourré. (BHL – Biodiversity Heritage Library)

Photo 2 : Une vue transversale de la fleur du papaver orientale dont le nom des principaux organes est indiqué. (Source : Bakgrundsbilder : pxhere.com - CC0 Allmängod) 

Photo 3 : Un papaver Orientale perdant ses pétales. Cette œuvre, la 5è d’une série de six, intitulée ‘’métamorphosis‘’ ou ‘’cycle de vie d’un papaver orientale est de l’artiste Vivienne Rew. Métamorphosis 5, nommé plus particulièrement ‘’Fading Beauty‘’ (Déclin d’une beauté) est une aquarelle sur papier de 45 X 45 cm (2015). Pour cette œuvre Vivienne Rew a reçu le 1er prix du concours d’illustration Botanique au salon ‘’RHS London Art Show‘’ Botanical 2017 et une médaille vermeille pour ses 6 peintures ‘’métamorphose‘’. Pour plus de précision : http://vivrewbotanicalart.myportfolio.com 

 

 

L’organe mâle :

 

Autour d’une capsule de forme ovale (l’ovaire) rappelant celle d’une Toupie ou d’une poire, prenant naissance à la base de cette capsule, se dressent une multitude de fins filaments d’environ 10/12 mm de long (filet staminal) avec à leur extrémité une anthère (poche à pollen) oblongue de couleur noire/violette d’environ 1mm de long, ce sont les étamines, l’organe mâle de la fleur.

Ces étamines sont dites hypogynes parce que prenant naissance sous l’ovaire, et biloculaires parce que l’anthère possède deux loges.

Ces loges, qui s’ouvrent spontanément (déhiscence marginales), permettent alors au pollen de se répandre sur les pavots voisins par le biais des insectes ou des vents.

L’extrémité des étamines arrivent à la hauteur des stigmates, donc, ne les dépassent pas.

 

L’organe femelle :

 

Le pistil (Ensemble de l’organe femelle) prolonge la tige du papaver et se présente d’abord sous l’aspect d’une capsule ovoïde lisse, sans poils ; cette capsule est l’ovaire du papaver qui, dans son cas, est dit : ‘’supère ‘’parce que situé au-dessus des pétales, et ‘’uniloculaire‘’ parce que … unique.

 

L’intérieur de cet ovaire est cloisonné verticalement jusqu’à former entre 4 et 20 loges à placenta pariétaux où se rattachent toutes les ovules par l’intermédiaire d’un funicule (cordon nourricier) propre à chacune des ovules en attente de leur fécondation.

Extérieurement la capsule, tout en se rétrécissant à son sommet, se prolonge par un large mais très court style. Une espèce de disque dentelé, par autant de dents qu’il existe de loges, coiffe la capsule. Sous ce disque, sessile, (rattaché directement) au niveau du style, il y a encore, autant de petites ouvertures, pores ou valves, qu’il existe de loges à placenta ; et sur le disque les stigmates, sont eux aussi, d’un nombre équivalent au nombre de loges à placenta.

 

Ces stigmates se présente sous forme de bandelettes agencées à la manière d’une étoile ou des rayons d’une roue de bicyclette.

 

 

 

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Photo 1 : ‘’Métamorphosis 1‘’ ou ‘’La coupe transversale d’un bourgeon‘’ de papaver Orientale, une œuvre de toute beauté et d’une parfaite précision. Cette œuvre, la première d’une série de six, intitulée ‘’métamorphosis‘’ ou ‘’cycle de vie d’un papaver orientale est de l’artiste Vivienne Rew. Métamorphosis 1 est une aquarelle sur papier de 45 X 45 cm (2015). Pour plus de précision : http://vivrewbotanicalart.myportfolio.com 

Photo 2 : L’ovaire d’un papaver orientale en cours de fécondation. Celui-ci est originaire du jardin royal d’Angleterre près de l’orangerie à Kew. (Source : The Herbarium Catalogue, Royal Botanic Gardens, Kew. Published on the Internet http://www.kew.org/herbcat)

Nota bene : La fiche signalétique de Gardens Kew lui donne cinq synonymes : Papaver dzeghamicum Medw. – Papaver grandiflorum Moench. – Papaver lateritium subsp. Monanthum (Trautv.) Kadereit – Papaver paucifoliatum (Trautv.) Fedde.

Elle précise que le ‘’papaver orientale‘’ est arrivé en Europe en 1717. En fait il a été introduit en France en 1703 par Joseph Pitton de Tournefort, et à Londres en 1714 par l’apothicaire James Petiver (1658à1665 ?-1718) à qui Charles plumier a dédié la genre Petiveria. (source : Gardeners Dictionary de Philip Miller (1691-1771) nombreuses éditions à partir de 1731).

Photo 3 : Ce tableau numéroté 120 est l’œuvre de Claude Aubriet. Il a été réalisé avant son voyage du Levant et détaille l’ovaire d’un pavot en général, sans autre précision. Ce n’est donc pas un papaver orientale. Cette planche est extraite de ‘’Aquisextensis [ … ] Institutiones rei herbariæ‘’ Vol. 2 – Tableau 120 - année 1700 (Source : Gallica BNF)

 

 

Le fruit du papaver orientale :

 

Lorsqu’un stigmate reçoit un grain de pollen correspondant aux critères adéquates, ce grain est ‘’autorisé‘’ à fabriquer son tube pollinique qui va, de l’intérieur de l’ovaire, le conduire jusqu’à une loge à placenta ou il va féconder les ovules s’y trouvant.

Dans le même temps, la capsule va durcir et changer de couleur. Elle passe du vert au brun et devient alors une espèce de fruit en forme de coque. Puis lorsque toutes les ovules ont été fécondées, c’est-à-dire lorsqu’elles sont devenues des graines, elles vont prendre le chemin de la liberté par le biais des ouvertures ou valves existantes sous le chapeau dentelé de l’ovaire.   

 

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Photo 1 : Une gravure composée d’organes de papaver orientale. Il s’agit d’une œuvre du Hollandais Jacobus Marie Prange (1904-1972) pour le national Herbarium Nederland. Elle est répertoriée sous le numéro L 0939608. (Source : Naturalis Biodiversity Center – Hollande)

Photo 2 : Une coupe transversale d’un papaver orientale contenant ses graines. (Source : Net.)

Photo 3 : Un papaver Bracteatum de l’herbier de la bibliothèque Universitaire Moretus Plantin de l’Université de Namur. (Belgique)

 

 

Joseph Pitton de Tournefort disait de son pavot, le futur ‘’papaver Orientale‘’ :

 

Cette belle espèce de Pavot se plaît fort au Jardin du Roy, (aujourd’hui le jardin des plantes, le plus beau jardin d’Europe à l’époque) et même en Hollande (Jardin de Leyde, l’un des plus anciens du monde) où nous l’avons communiquée (donné des graines) à nos amis. Mr Commelin, très-habile Professeur de Botanique à Amsterdam, en a donné la figure.

                                                     (Joseph Pitton de Tournefort)

 

 

Le ‘’papaver orientale‘’ a été vu pour la première fois par Joseph Pitton de Tournefort aux environs Erzeron ou Erzerum l’ancienne capitale Arménienne, aujourd’hui ville turque. Il arriva dans cette ville le 15 juin 1701 et s’adonna à ses recherches botaniques les 19 et 20 juin 1701. Claude Aubriet en fit un premier dessin. (Vol. II page 276).

Joseph Pitton de Tournefort fit d’Erzeron un camp de base pour explorer toute la région. De ce fait, il quitta la ville le 6 juillet 1701 pour se rendre à Telfis la capitale Georgienne. Il s’engagea dans cette nouvelle étape sans emporter de graines car Erzeron était l’une des étapes sur le chemin de son retour.

Ce sera donc sur la route de son retour vers Paris, après avoir vu le Mont Ararat, là où se trouveraient des vestiges de l’arche de Noé, que Joseph Pitton de Tournefort repassera à Erzeron le 29 Aout 1701 et récoltera, entre cette date et le 1er Septembre 1701, des graines de Papaver Orientale. (Vol. II page 383).

 

 

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Les principales étapes de l’itinéraire suivi par Joseph Pitton de Tournefort en Asie mineure.

(En rouge l'aller et en vert le retour vers Marseille via quelques autres étapes.)

 

Nous faisons commencer le périple de Joseph Pitton de Tournefort en Asie mineure après sa halte de Constantinople, et nous l’arrêtons à son arrivée à Smyrne, son départ pour Marseille.

 

 

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Photo 1 : Une gravure sur bois représentant Joseph Pitton de Tournefort, réalisée en 1863 et extraite de la collection ‘’Histoire populaire de la France‘’. Cette gravure est l’œuvre d’Auguste Charles Lahure (1809-1887). (Gravure de 27 X 34,4 cm.)

Photo 2 : Un tableau représentant Joseph Pitton de Tournefort, réalisé en 1848 par Jean Baptiste Antoine Martin dit Baptistin Martin (1818-1901) d’après une gravure d’Etienne Jehandier Desrochers (1668-1741) (Une huile sur toile de 72 X 60 cm – accrochée à Versailles.) (Source collection des musées de France – réf : MV4339)

Photo 3 : Une gravure représentant Joseph Pitton de Tournefort réalisée entre 1708 et 1741 par Etienne Jehandier Desrochers (1668-1741). (Gravure de 15,2 X 10, 7 cm extraite de ‘’Recueil de portraits.) (Source : British Muséum – référence Bb,14.550)

Nota bene : C’est de cette gravure dont s’est servi Baptistin Martin pour peindre sa toile, celle présentée en Photo n°2.

 

Ces deux portraits posthumes, celui de Lahure et de Desrochers, ont-ils été inspirés par l’état physique de Joseph Pitton de Tournefort dans lequel il devait se trouver lors de son voyage du Levant, ou à son retour en France ? ….

 

 

Le voyage de Joseph Pitton de Tournefort commença à Marseille le 27 mars 1700 et prit fin dans le même port le 3 juin 1702.

 

 

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L’itinéraire simplifié, suivi par Joseph Pitton de Tournefort pour effectuer son voyage du Levant ; simplifié parce que Joseph Pitton de Tournefort passa beaucoup de temps à visiter la plupart des îles des Cyclades.

 

Le récit de son voyage paru, après son décès, sous le titre de ‘’Relation d’un voyage du Levant fait par ordre du roy‘’. Il s’agit de la réunion des vingt-deux lettres qu’il adressa au Seigneur Jérôme de Pontchartrain, alors secrétaire d’état à la marine et secrétaire d’état à la maison du roi.

 

La première édition de cette œuvre parue en trois volume courant 1717. Une seconde édition, toujours en trois volume suivra en 1727 puis beaucoup d’autres en deux ou trois volumes. La présente chronique se réfère à la première édition de 1717.

 

 

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Photo 1 : Une illustration d’un papaver floribundum ou Arménian poppy que Joseph Pitton de Tournefort avait appelé ‘’papaver orientale tenuiter incisim, ad caulem floridum‘’  que Claude Aubriet dessina. (Corollarium Institutionum Rei Herbariae‘’ de 1703).

Cette illustration d’un papaver floribundum est l’œuvre de Sydenham Edwards et est   parue dans le ‘’Botanical Register ou Exotic plants cultivated in British Gardens‘’ Volume II de 1816 – illustration 134. (Source : BHL Biodiversity Heritage Library).

Photo 2 : Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) le botaniste français qui découvrit et apporta dans ses bagages, depuis l’Arménie, le ‘’papaver Orientale‘’. Ce portrait mis en couleur est une copie de l’œuvre du peintre, illustrateur et Graveur Henri Rousseau et du graveur sur bois Fortuné Louis Méaulle (1844-1901) (*) parue dans la ‘’Vies des savants illustres du XVIIè siècle‘’ de Guillaume Louis Figuier (1819-1894). (Volume IV de 1869 – 16è illustration figurant entre les pages 300 & 301.). (Source Gallia – Bibliothèque nationale de France).

Photo 3 : Une illustration d’un ‘’papaver orientale‘’ alors appelé ‘’papaver flore rubro‘’. Elle est extraite de ‘’Flora exotica quæ Sub Lætis auspiciis …‘’, une œuvre de l’allemand Johann Gottfried Simula, parue en latin, en 1720. (Source : Botany Library at the Natural History Museum, London.)

 

(*) En faisant mes recherches pour rédiger ces quelques lignes sur le papaver orientale, j’ai découvert que Fortuné Louis Méaulle était aussi illustrateur et qu’il avait mis son talent au service d’un journal … ‘’Le petit journal‘’ en signant la une de son supplément du dimanche du 20 Septembre 1897. Cette première page était consacrée à un hôte de la France, à savoir le roi de Siam Chulalongkorn dit rama V.

 

 

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C’est fou ce qu’on peut apprendre et découvrir avec la botanique ! .... 

 

                    

                    C’était la belle aventure du Papaver Orientale. J’espère qu’elle vous aura intéressé, tout comme elle a su me passionner.

 

   

 

                                                         Jean de la Mainate Aout 2020

 

 

 

 

Nous remercions tout particulièrement :

Gallia Bibliothèque Nationale de France

Les nouvelles revues en ligne du portail Persée

BHL – Biodiversité Héritage Library

Plant-illustration.com

Et … Google qui souvent trouve plus rapidement un document détenu par l’une des quatre sources précédentes. MAIS … rien ne vaut l’original car il y a à lire ! ....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



31/08/2020
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