PHRA BOUDDHA SIHING (3) (Le)
LE PHRA BOUDDHA SIHING
OU
SINHALA DE CHIANG-MAI
(Ma lecture de la chronique)
Troisième partie
Dans le chapitre précédent nous avons vu que ‘’Pra Ruang‘’ appelé aussi ‘’Sri Indraditya‘’ avait été proclamé roi de Sukhothai et qu’il avait réuni sous sa couronne nombre de petits villages au point de constituer un royaume suffisamment conséquent pour qu’il inspire la crainte et le respect de ses voisins.
Mais la crainte et le respect ne suffisent pas à un roi qui ambitionne de devenir … roi theravadin ; c’est-à-dire portant le titre de roi universel comme l’empereur Ashoka, et que seule la possession de livres sacrés, d’images (statues) et de relique peut lui conférer !....
George Cœdès (1886/1969) poursuit sa traduction de la Jinakalamali comme suit :
C’est-à-dire !...
Un jour, le roi de Sukhothai, ‘’Sri Indraditya‘’ eut envie de voir la mer. Accompagné d’une foule innombrable de guerriers, il descendit le fleuve Nannadi (2) et arriva à Nakhon Si Thammarat où régnait alors le roi ‘’Siri Dhamma-raja‘’. Celui-ci, apprenant l’arrivée du roi de Sukhothai, sortit à sa rencontre et organisa une fête.
Le commentaire :
En fait le roi ‘’Sri Indraditya‘’ avait en tête une autre idée que celle de voir la mer puisqu’il va se rendre à Nakhon Si Thammarat alors dépositaire et … ‘’centre missionnaire‘’ d’un bouddhisme d’une grande pureté.
Pour voir la mer il suffisait à ‘’Sri Indraditya‘’ de parcourir 450 kilomètres environ, c’est-à-dire à vol d’oiseau et à quelques kilomètres près, la distance entre Sukhothai et l’embouchure du Chao Phraya.
Or ‘’Sri Indraditya‘’ va doubler le trajet de son voyage puisque Nakhon Sri Thammarat se situe à environ mille kilomètres de Sukhothai, 954 écrivent les guides.
Quand on sait que pour aller de Chiang-Mai à Bangkok distant d’environ 600 à 700 kilomètres selon le mode de transport, au XVIIIe siècle il fallait, par voie fluviale et pendant la saison des pluies 17 jours pour … descendre à Bangkok et 50 jours pour ‘’monter‘’ à Chiang-Mai parce qu’il fallait … remonter le courant du fleuve Ping. En saison sèche, 35 jours étaient nécessaires pour descendre et 66 jours pour remonter ?!.... soit un voyage aller-retour de … trois mois ?!...(4)
Ce désir de voir la mer tenait donc plus de l’expédition militaire que du voyage de plaisance d’autant, précise le texte, que Sri Indraditya était accompagné … ‘’d’une foule innombrable de guerriers‘’. (5)
Si … Phra Ruang (Sri Indraditya) avait voulu rallier à sa couronne de nouveaux vassaux, il n’aurait pas agit autrement. En fait, une autre raison a du motiver ce voyage … celle de rapporter des textes (Tipitaka) et des reliques de Bouddha, car à l’époque le grand centre du Bouddhisme theravada c’était … Nakhon Si Thammarat ?!... et … le propre d’un grand roi bouddhiste c’est de mettre ses pas dans ceux de l’empereur Ashoka pour être, sinon son égal au moins un digne successeur.
En 1057 le roi birman Anawrahta était allé chercher les textes sacrés et les reliques dont il avait besoin pour s’affirmer en tant que roi protecteur du bouddhisme, à Thaton ; deux siècles plus tard, à quelques années près, en 1256 c’est le roi de Sukhothai qui s’en va quérir à Nakhon Si Thammarat des … ‘’symboles du bouddhisme‘’ qui devraient faire de lui un roi incontesté, protecteur du bouddhisme theravada.
En d’autres circonstances ce voyage aurait été à risques, mais vers 1256 Sri Indraditya peut descendre vers le sud en toute quiétude, parce que la géopolitique lui est très favorable.
A l’est, à Angkor, Jayavarman VIII est plus occupé à diriger la destruction des images de Bouddha dressées par ses prédécesseurs, Jayavarman VII et Indravarman II, qu’à reprendre en main la barre d’un empire qui va à vau l’eau ; à l’Ouest, l’empire de Pagan montre des signes de faiblesse au point d’avoir relâcher son emprise sur Nakhon Si Thammarat, au sud, à Nakhon Sri Thammarat précisément, le roi est ‘’retenue‘’ au Sri Lanka et, à Sukhothai les deux fils de Sri Indraditya, dont Ramkhamhaeng et … vraisemblablement … son beau père Pho Khun Pha Muang, veillent sur la ville.
Comme je viens de le rappeler, le roi de Nakhon Si Thammarat ou un prince, est au Sri Lanka. De ce fait la ville est fragilisée militairement et dirigé, non par un roi, mais vraisemblablement un vice-roi. Ce dernier, à l’arrivée de Sri Indraditya, n’a d’autre choix que de résister ou prêter allégeance, car c’est bien d’allégeance dont il va s’agir comme nous allons le voir plus loin.
(1) Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, Bang Klang Hao, Pho Khun Bang Klang Hao, Rocarāja, Radrārāja, Phra Ruang et Sri Indraditya, sont les noms d’une seule et même personne ; le premier roi t’aï de Sukhothai et le fondateur de la dynastie des Ruang.
(2) George Cœdès donne le fleuve Ménam (Chao Phraya) pour la Nānnadï et Hans Penh l’affluent du Ménam, c’est-à-dire le Nān.
Personnellement je me demande pourquoi Sri Indraditya n’aurait pas tout simplement descendu le Yom ; c’est-à-dire le fleuve qui passe à l’est de Sukhothai et à une dizaine de kilomètres seulement ?!...
Le Yom est un affluent du Nan qui lui-même se jette dans le Ping ?!...
Par ailleurs c’est à la longitude (Distance Est-ouest) de Sukhothai que le Nan est le plus éloigné de Sukhothai. Alors quelle idée que d’aller emprunter le Nan ?!...
Le Yom prend sa source dans le Phi Pannam, et au cours de ses 735 kilomètres arrose Phrae, Si Satchanalai, Sawan Khalok, et Sukhothai.
(3) Siridhammanagara est un des nombreux noms en pāli de Nakhon Si Thamma Rat.
Il est intéressant de décomposer ce nom : Siri est un titre de vénération qu’on peut traduire par saint, dhamma signifie ‘’enseignement de Bouddha‘’ et nagara se traduit par ville.
Autrement écrit, ‘’Sri Indraditya‘’ se rend donc dans la ville sainte qui détient l’enseignement du Bouddha, ce qui n’est pas rien !... et … très important pour les fidèles bouddhistes pour qui ce nom a des résonnances qui échappent à un occidental, et pour cause.
Mais … au XIIIe siècle la ville de Nakhon Si Thammarat portait-elle bien ce nom ?... Un nom qu’elle devait avoir au XVIe siècle ?...
(4) Concernant le voyage Sukhothai/Nakhon Si Thammarat, il faut savoir que le terrain est moins accidenté que celui que traverse le Ping. De ce fait ce voyage a du se faire plus rapidement.
(5) Cette expédition n’est pas sans faire penser aux croisades. En effet, si certains croisés de haut rang partaient délivrer le tombeau du Christ sans arrières pensées, d’autres, rêvaient de lier le spirituel au matériel, c’est-à-dire partaient avec l’intention de se créer un fief qu’il ne leur était pas possible d’avoir en France ?!...
A noter qu’au XIIIe siècle un roi chrétien détenteur de reliques était lui aussi auréolé d’un grand prestige au sein de la chrétienté, et devenait comme le protecteur de la papauté. C’est en 1238, presqu’à la même date, que Louis IX a acheté la soi-disant couronne du Christ.
Par ailleurs, et à titre de comparaison, en 1927 lorsque Prajadhipok dit Rama VII vint à Chiang-Mai, son équipage comptait … 87 éléphants. Pour subjuguer les foules, impressionner des chefs de village et … le roi de Nakhon Si Thammarat, Sri Indraditya se devait d’être à la tête d’une escorte, peut-être aussi conséquente ?!....
Photo 1 : Carte situant Sukhothai par rapport à Nakhon Si Thammarat
Photo 2 : Un portrait, sorti de l’imagination d’un artiste, de ‘’Sri Indraditya‘’ trouvé dans le Wat Klang de Phitsunalok.
Photo 3 : Carte de l’aire de la légende du bouddha Phra Sihing.
George Cœdès (1886/1969) poursuit sa traduction de la Jinakalamali comme suit :
C’est-à-dire !...
Le roi de Nakhon Si Thammarat fit part à Sri Indraditya, roi de Sukhothai, des miracles qu’il avait entendu raconter au sujet d’une image de Bouddha, c’est-à-dire le Phra Sihing, se trouvant dans l’île de Sri Lanka.
Le roi de Sukhothai dit alors : ‘’Me serait-il possible d’aller là-bas ? ‘’
‘’Non, répondit le roi de Nakhon Si Thammarat, cela est tout à fait impossible, car quatre divinités puissantes gardent cette île de Sri Lanka, à savoir, Sumanadevarāja, Rāma, Lakkhana et Khattagāma.‘’
Alors les deux rois envoyèrent un messager à Lanka, après quoi Sri Indraditya s’en retourna à Sukhothai.
Le commentaire :
D’emblée les deux rois ‘’fraternisent‘’, à cœur ou à contrecœur, et très vite Sri Indraditya fait part de sa demande, à savoir obtenir de la cité sainte d’où partent les missionnaires theravada, c’est-à-dire Nakhon Si Thammarat, des reliques.
Grâce à ces reliques Sri Indraditya est certain de rehausser sa gloire auprès de ses sujets et, éventuellement, devenir le nouveau roi theravadin !... On peut rêver ?!....
Mais, le roi de Sukhothai n’était pas le seul à caresser ce rêve. Quelques années plutôt, vers 1247, Candrabhānu le roi de Nakhon Si Thammarat, (1) entendit s’approprier des reliques qui se trouvaient au Sri Lanka ?!...
Au début du XIIIe siècle la pureté de la doctrine bouddhique n’était plus l’apanage du Sri Lanka, mais du Sangha de Nakhon Si Thammarat. De ce fait, l’enseignement de Bouddha n’était plus prêché par les bikkhus Sri Lankais, mais par des missionnaires de Nakhon Si Thammarat. (2) Alors Candrabhānu dut trouver logique que les reliques se rapportant à la doctrine soient à Nakhon Si Thammarat et non plus au Sri Lanka ; à moins que … des intentions plus personnelles et moins louables, comme se couvrir de gloire grâce à ces reliques, soient entrées en jeu ?!....
Toujours est-il que le roi ou le vice roi Candrabhānu (1) s’embarqua pour le Sri Lanka et qu’il y fut reçu comme un … ennemi, tout roi bouddhiste qu’il était. Car les Sri Lankais n’avaient pas l’intention de céder la moindre de leurs reliques.
Une bataille s’engagea et … Candrabhānu fut défait. Alors, tandis qu’il préparait sa revanche quelque part sur l’île de Lanka, au même moment, à Nakhon Si Thammarat le roi de Sukhothai envisageait de se rendre … au Sri Lanka.
Ce dernier, en dépit des mille kilomètres qu’il venait d’accomplir se disait donc prêt au voyage. C’est dire l’importance qu’il attachait au fait de posséder le palladium qui allait protéger son royaume et ainsi rehausser son prestige ?!...
Bref !... pour posséder l’image miraculeuse du Bouddha Sihing, Sri Indraditya était prêt à affronter tous les dangers.
Bien évidemment, le roi de Nakhon Si Thammarat s’empressa alors de dissuader le roi de Sukhothai de ce projet en mettant en avant le danger que représentaient les quatre divinités (3) qui protégeaient l’île de Lanka. Des divinités dont les trois dernières ne sont pas à proprement parlé des gardiennes puisqu’il s’agit des ‘’héros‘’ de la célèbre épopée mythologique indienne du Rāmāyana, que les bouddhistes se sont appropriés et qu’on trouve en Thaïlande sous le titre de ‘’Ramakien‘’ (รามเกียรติ์) ou ‘’Ramakian‘’. (4)
Autrement écrit le respect et la crainte qu’inspirent le seul énoncé des noms de ces soi-disant ‘’gardiens‘’, Rama n’est autre qu’un avatar du dieu Vishnu, suffit à décourager les plus hardis et surtout les dévots les plus attachés au bouddhisme theravada, à moins d’être un insensé et un impie, ce qui n’est pas le cas du roi de Sukhothai dont l’intention est d’être un roi theravadin hors du commun.
De ce fait une requête commune fut envoyée au roi du Sri Lanka, et Sri Indraditya s’en retourna à Sukhothai … vraisemblablement au grand soulagement du roi de Nakhon Si Thammarat qui dut, sans doute, faire allégeance comme nous le verrons plus loin.
(1) D’après Michel Jacq-Hergoualc’h, ‘’Candrabhānu‘’ … ‘’ne serait qu’un titre qui désignerait vraisemblablement l’héritier de la couronne‘’… de Nakhon Si Thammarat.
Lors du XIIIe siècle il semblerait que la péninsule malaise ait été vassalisée par le royaume du Tambralinga, (Ligor) c’est-à-dire Nakhon Si Thammarat. C’est vers 1230 que ce royaume se serait désolidarisé de Srivijaya (Çrivijaya).
(2) Sous le règne de Sri Indraditya, la ville qui détient la pureté de la doctrine c’est … Nakhon Si Thammarat, mais du temps du thera Ratanapannā, l’auteur de la Jinakālamāli, c’est … le Sri Lanka. Alors seules les reliques ou les images venant du Sri Lanka sont en mesure de répondre aux attentes du roi de Sukhothai et … d’émerveiller, et de subjuguer les fidèles pour qui est écrite la chronique.
(3) Les bouddhistes Sri Lankais ont fait leurs, les dieux d’origine indienne, mais ils ont aussi leurs dieux tutélaires propres. Parmi les noms que cite le thera Ratanapannā, l’auteur de la Jinakalamali, les trois derniers, Rāma, son demi-frère Lakkhana (Laksmana) et Khattagāma sont des personnages du Rāmāyana, une épopée mythologique qui a pour cadre le Sri Lanka des origines.
Rama est le héros de cette fresque et Laks son demi-frère.
Khattagâma, Skanda ou Kartikeya est un dieu à 6 visages. C’est le dieu de la beauté de la guerre et de la sagesse, et c’est lui qui a vaincu les Titans. Il n’intervient dans le Rāmāyana que le dernier jour, celui de la grande bataille, pour neutraliser l’arme fatale de Brahmastra, qui aurait du tuer Rama.
C’est aussi ce Khattagâma qui se serait trouvé face à Bouddha lors de la seconde visite de ce dernier dans une petite île au nord de Lanka, Nāgadīpagamanam ou Nāgadīpa, c’est-à-dire l’île des Nagas. En cette île Bouddha aurait mis fin à une querelle entre deux Nagas, Mahodara et Cūlodara, réciproquement oncle et neveu, et accepta de rendre une visite au roi des nāgas Maniakkhika.
La troisième et dernière visite de Bouddha aurait eu lieu à Kalyānigamanam ou Kalyāni pour répondre à l’invitation du roi des Nagas Maniakkhika.
Quant à sa première venue au Sri Lanka elle aurait eu lieu à Mahiyanganathūpa en la présence de Sumana.
Sumanadevaraja ou le roi des dieux Sumana fut, voici plus de 6.000 ans l’un des mauvais génies (Yaksas) qui sévissaient dans l’île de Lanka avant de devenir la grande divinité tutélaire de l’île. C’est donc une divinité typiquement Sri lankaise.
Alors qu’il était un monstre il se trouva face à face avec Bouddha en haut d’un mont. Sa conversion fut instantanée. Comme Bouddha lui remis une mèche de ses cheveux, Sumana s’empressa de construire le stupa de Mahiyangana pour la déposer.
En le quittant Bouddha aurait laissé l’empreinte de son pied gauche au sommet du lieu de leur rencontre. De ce fait ce mont fut appelé le Sri Pada (*) ou Sumanakūta, Samangira, ou encore Samanthakūta, car Sumana en est le gardien particulier. Sumana, signifierait ‘’le soleil du matin levant ‘’ ou ‘’le bienveillant‘’.
(*) Sri Pada signifie : la sainte empreinte du pied de Bouddha. A l’arrivée des portugais à Lanka le Sumanakūta devint le pic d’Adam, car cette empreinte de 1 mètre 65 ne pouvait être, pour les portugais, que celle de Saint Thomas venu prêcher le christianisme dans la région ?!...
Le thera Ratanapannā aurait pu citer Vibhisana, un autre dieu tutélaire et ancien Yaksa. On dit qu’il serait aussi le frère de Ravana, l’ancien roi de Lanka qui enleva la belle et merveilleuse Sita ou Sida, la fiancée de Rama. Tous ces personnages nous ramènent au …. Rāmāyana.
(4) Le Ramakien (รามเกียรติ์) se traduit par Rama-dignité-honneur soit ‘’le Glorieux Rama‘’ ou ‘’A la gloire de Rama‘’. Le … charisme du nom ‘’Rama‘’ est tel que le fondateur du Siam le prince U Thong (1314-1369) reçu le nom de ‘’Ramathibodi‘’ et … tous les rois de la dynastie des Chakri, depuis Vajiravudh (Rama VI) porte le titre de Rama qui, je le rappelle, est un avatar de Vishnu tout comme les rois Thaïlandais.
Cette épopée indienne que les Siamois ont adaptée à leur us et coutumes est devenue le Ramakien ou Ramakian ; un classique écrit et réécrit de nombreuses fois, et plus particulièrement après le sac d’Ayutthaya en 1767 qui réduisit pratiquement à néant la littérature siamoise. Celui qui, aujourd’hui, ferait référence serait issu de la ‘’plume‘’ de Rama II.
Le Wat Muen San de Chiang-Mai et le Ramakien
Les peintures murales du Wat Phra Kaew, lequel abrite le bouddha d’émeraude, se composent de 178 scènes illustrant le Ramakien. Ces scènes sont ici reprises au moyen du métal repoussé.
Photo 1 : Scène 82 : Un gros plan du roi de Lanka, le démon Tosakan ou Ravana. (Photo 26.11.2011)
Photo 2 : Scène 25 : Le roi des singes Hanuman vient de réaliser que Rama est un avatar de Phra Naraï (Vishnu) alors il offre ses services à Rama et donne son arc à Phra Lak le frère de Rama. (Photo – 2012)
Photo 3 : Scène 82 : Un gros plan de Rama ou Phra Ram. (Photo 2010)
George Cœdès (1886/1969) poursuit sa traduction de la Jinakalamali comme suit :
C’est-à-dire !...
L’envoyé des deux rois arriva dans l’île de Sri Lanka et délivra son message au roi de cette île, qui lui donna la statue du Phra Sihing, après l’avoir adorée pendant sept jours et sept nuits.
Le messager mit la statue dans une jonque et partit.
La jonque, agitée par la violence du vent, heurta un récif et se brisa ; mais la statue resta sur une planche qui, par la puissance du roi des Nâgas, flotta pendant trois jours et arriva dans le voisinage de Nakhon Si Thammarat.
Le commentaire :
Quand on sait que le roi ou le vice-roi ‘’Candrabhānu‘’ de Nakhon Si Thammarat se trouvait dans l’île de Lanka et qu’il préparait une deuxième offensive contre Parākkamabāhu II (1236-1271), alors le roi de l’île, (1) il semble peu vraisemblable que le messager ait été reçu par ce dernier ; et ensuite, que l’image du Phra Sihing lui ait été donnée d’autant que, comme nous l’avons vu, il n’existe aucune preuve de l’existence de cette image. Tout semble même indiquer que cette image de Bouddha n’existerait pas … tout du moins celle attribuée au Sri Lanka ?!...
Suivent le naufrage et la statue restée sur une planche. Cette chronique a été rédigée au XVIe siècle c’est-à-dire à une époque où le Sri Lanka avait retrouvé son rôle de … ‘’leader‘’ ou de ‘’modèle‘’ au sein du Bouddhisme theravada, ce qui n’était pas le cas au XIIIe siècle.
L’auteur de la chronique fait fi de ce détail, et surement volontairement car en son temps c’est le Sri Lanka qui a les faveurs des fidèles. Alors l’image doit, et ne peut venir que du Sri Lanka.
En ce temps là, les reliques corporelles et les images sacrées (Statues) étaient considérées comme de puissantes sources de protection, car elles étaient sensées être Bouddha lui-même. (2)
Elles étaient aussi l’une des principales formes de … ‘’publicité‘’ pour les nikāyas (sectes, obédiences, faï/phāy) (3) bouddhiques. Un membre ou thera d’un nikāya ‘’découvreur‘’ ou ‘’possesseur‘’ d’une relique était forcément plus crédible qu’un membre d’une autre secte n’ayant que son discourt pour convertir autrui.
Ensuite, sans vouloir faire de la psychanalyse à trois sous, ce ‘’mini conte‘’ du Bouddha qui s’échoue après avoir dérivé sur une planche pendant trois jours, sous l’œil et la protection du roi des nagas, c’est faire passer le message que la pureté de la doctrine vient du Sri Lanka et de nulle part ailleurs. Elle arrive contre vents et marées, protégé par celui qui a toujours secouru Bouddha, Mucalinda le roi des nāgas.
Enfin, signalons que si le thera Ratanapannā était un conteur qui savait capter l’attention de son public, la géographie, par contre, n’était pas sa tasse de thé. En effet, Nakhon Si Thammarat se trouve sur la côte Est de la péninsule malaise et non sur la côte Ouest. Or le Phra Sihing ne pouvait s’échouer que sur la côte Ouest. A moins que le roi des nagas se soit chargé de donner du crédit aux paroles du thera en faisant franchir l’isthme de Kra d’ouest en est à l’épave ?!....
(1) Le débarquement en différents ports du Sri Lanka par les troupes du roi Candrabhanu de Nakhon Si Thammarat est relaté dans plusieurs textes Sri Lankais dont : le Culavamsa (*) et le Puja Valiya, un traité littéraire composé par un moine proche du roi d’alors, Parākkamabāhu II (1236-1271).
Il est précisé, dans le 34ème chapitre de ce traité, que ce débarquement aurait eu lieu la onzième année du règne de Parākkamabāhu II, c’est-à-dire en 1247 ; et que Candrabhānu exigeait que lui soit remis la relique de la dent sacrée et … le bol de bouddha … rien de moins !...
Dans un autre chapitre extrait celui-là du ‘’Hatthavanagalla Vihara-vamsa‘’, un texte contemporain mais postérieur de quelques années au Puja valiya, il est écrit que Candrabhānu … ‘’avait trompé le monde entier, en faisant croire qu’il était au service de la religion. Des forces militaires considérables avaient précédé la venue de Candrabhānu‘’ et que … ‘’ce dernier avait jugé plus rapide de prendre le trône du Sri Lanka‘’.
C’est en 1262 que Candrabhānu lancera sa deuxième offensive contre Parākkamabāhu II. Il y trouvera la mort lors des combats. Alors le rêve de Nakhon Si Thammarat de devenir la nouvelle Lanka prendra fin.
(*) Le Culavamsa est la chronique principale du Sri Lanka. Elle a été écrite sous le règne de Parākramabhāhu IV (1302-1326) qui était le petit fils de Parākkamabāhu II.
(2) En Angleterre et en France, à la même époque le seul fait, paraît-il, de toucher le vêtement du roi guérissait, soi-disant, des écrouelles. (Les écrouelles étaient des fistules purulentes d’origine tuberculeuses, situées au niveau du cou.)
(3) A Chiang-Mai, par exemple, entre le XVe et XVIIIe siècle il existait deux grandes obédiences, aujourd’hui disparues. Il y avait le ‘’fai Suan‘’ du Wat Suan Dok qui se disait attaché à la tradition, et le ‘’fai Pa‘’ du Wat Padeng qui lui était lié à la communauté religieuse (sangha) Sri Lankaise.
Photo 1 : Une carte des principaux cours d’eau thaïlandais :
(Le nom entre parenthèse est celui de la source du fleuve.)
Le Ping 658 km (Khun Ping) - le Wang 392 km (Phi Pan Nam Range) affluent du Ping – Le Yom 787 km (Bun Yuen village) affluent du Nan – Le Nan 740 km (Luang Prabang Range).
C’est au confluent du Ping et du Nan que naît le Chao Phraya ou Ménam 372 km. Les eaux du Pa Sak 513 km (Montagne de Petchabum) se jettent dans le Chao Phraya.
Photo 2 : L’isthme de Kra
Photo 3 : Une peinture murale du Wat Monthian de Chiang-Mai pouvant figurer un départ en direction de Lanka. (Photo – 17.03.2013)
George Cœdès (1886/1969) poursuit sa traduction de la Jinakalamali comme suit :
C’est-à-dire !...
Dans la nuit, une divinité envoya un songe au roi de Nakhon Si Thammarat, Siridhammarâja, lui montrant l'arrivée de la statue du Bouddha Phra Sihing comme s'il y assistait réellement. Dès l'aurore, le roi envoya des navires dans toutes les directions. Lui-même partit sur un navire à la recherche de la statue, et sur l'indication du roi des Devas, (1) il vit la planche (sur laquelle était la statue), la ramena et lui rendit hommage.
Ensuite le roi de Nakhon Si Thammarat, Siridhammarâja, envoya un message au roi de Sukhothai, Sri Indraditya, pour lui annoncer qu'il avait reçu la statue du Bouddha Phra Sihing. A cette nouvelle, Sri Indraditya vint à Nakhon Si Thammarat et emmena la statue à Sukhothai où il lui rendit hommage.
Le commentaire :
La découverte de l’image est racontée, là encore, à la manière d’un véritable conte, et montre l’état d’esprit des gens d’alors que rien n’étonne. Pour eux, l’origine de l’image du Bouddha Phra Sihing est un fait acquis, elle vient du Sri Lanka, alors que c’est loin d’être le cas.
Concernant le dernier paragraphe, le lecteur peut se demander : pourquoi le roi de Nakhon Si Thammarat envoie-t-il un messager à Sukhothai, alors qu’il aurait pu, par le biais d’une ambassade, faire remettre l’image du Bouddha Phra Sihing à qui de droit ?...
Pour accréditer son récit l’auteur de la Jinakālamāli se sert de deux voyages, sans rapport avec l’image du bouddha Phra Sihing, mais avérés historiquement, car le premier, comme le second pourraient se rapporter à l’allégeance de Nakhon Si Thammarat à Sukhothai et non au bouddha Phra Sihing ?... (2)
A cette époque, un vassal concrétisait son allégeance en remettant à son suzerain le palladium (3) de sa cité. Cet acte signifiait qu’il se mettait sous la protection de ce dernier.
La statue ou le Bouddha dit Phra Sihing qui fut ‘’emmenée‘’ à Sukhothai n’était-il pas le palladium de Nakhon Si Thammarat ?... (4)
Un palladium d’autant plus précieux qu’à Nakhon Si Thammarat l’art du bronze était maitrisé ce qui n’était pas le cas à Sukhothai. A Sukhothai l’art du bronze n’apparaîtra qu’au début du XIVe siècle, c’est-à-dire après ou en fin de règne de Ramkhamhaeng (1279-1318).
Bref, le thera Ratanapannā avait besoin d’un événement exceptionnel pour ‘’glorifier‘’ la venue du Phra Sihing à Sukhothai et ces deux expéditions ne pouvaient mieux tomber. Elles ont été parfaitement adaptées à la situation ; tout du moins c’est ce que je pense et … ce que je suggère n’est pas forcément la réalité, une réalité dont d’ailleurs fait fi la légende en question car on ne sait toujours pas d’où vient le Phra Sihing ?!...
(1) Les devas (♂) et les devis (♀) sont originaires du panthéon indien. Le bouddhisme les a adoptés.
De ce fait, ces dieux célestes sont les gardiens de la doctrine, et des modèles de bonnes renaissances, car ils sont soumis à la loi du karma ; ce qui signifie qu’ils sont mortelles, y compris les plus grands d’entre eux comme Indra et Brahma. Un pieu bouddhiste peut devenir un deva.
En règle générale ces devas sont des génies bienfaisants qui protègent, guident, et jouent les intermédiaires en faveur des fidèles. Ces derniers n’ont rien à craindre de leur part, car ce sont des puissances qui leur sont acquises. Donc, nul besoin de les propitier, c’est-à-dire de leur faire des offrandes pour s’attirer leurs bonnes grâces. Leur bienveillance est spontanée et naturelle.
Le roi des devas ne peut-être que le dieu Indra mais … son nom n’est pas donné, alors ?!....
(2) L’allégeance de Nakhon Si Thammarat à Sukhothai est un fait avéré. Il reste à savoir quand elle a eu lieu.
Si elle a eu lieu à l’occasion du premier voyage, l’allégeance aurait été faite sous le règne de Sri Indraditya et non de l’un de ses fils, Ban Muang (Pālarāja) ou Ramkhamhaeng ?!...
Par contre, si l’allégeance a été faite lors du second voyage, c’est-à-dire après 1257 elle se rapporterait au règne de l’un des deux fils de Sri Indraditya.
Par ailleurs, n’oublions pas que le roi Candrabhānu, en 1262 trouva la mort lors d’une deuxième campagne militaire lancée depuis le Sri Lanka contre le roi de cette île. Alors … peut-être qu’à Nakhon Si Thammarat ‘’on‘’ trouva plus sage de faire allégeance à Sukhothai après cette date, et par la même occasion d’envoyer des moines pour répondre à l’invitation de Ramkhamhaeng qui voulait faire du bouddhisme theravada la religion de son royaume ?....
Hélas !... je n’ai pas trouvé plus de précisions.
Bref !... une dizaine d’années environ semblent séparer les deux … ‘’expéditions‘’ de Sukhothai à Nakhon Si Thammarat. Mais le Thera Ratanapannā ne s’est pas … ‘’embarrassé‘’ … de ces dix années.
Sous Ramkhamhaeng le bouddhisme Mahayana et Theravada ainsi que le brahmanisme et l’animisme coexistaient en son royaume en bonne intelligence.
(3) Le palladium est un objet doué soi-disant d’une puissance protectrice extraordinaire. Dans le monde bouddhique c’est souvent une image (Statue) de bouddha. Cette dernière protège la communauté à laquelle elle appartient de tous les dangers.
Par exemple, pour que Bangkok soit bien protégée, Rama Ier (1782-1890) son fondateur, y rapporta de Sukhothai 2.128 images de Bouddha (Statues) ?!... en plus de toutes les images de Bouddha venant d’Ayutthaya et … d’ailleurs ?!...
A l’époque il y eut tant de statues qu’il fût difficile de leur trouver un … logement ?!... Grâce à tous ces Bouddhas la ville de Bangkok est, soi-disant, bien gardée et bien protégée.
(4) À Sukhothai au Wat Tra Kuan il a été trouvé de nombreux Bouddhas dont certains seraient les premiers de l’art de Sukhothai. Ils ont été influencés tant par l’art Sri Lankais que par celui de l’école de Chiang-Saen dite aussi de Chiang-Mai, qui date du Xe et XIe siècle.
Quelques peintures murales où figurent des devas et devis
Photo 1 : Wat Duang Di – Un reste de laque rouge et or sur un coffre de manuscrits du Ho-trail (หอไตร) (Bibliothèque).
Les devas ou devis sont encore bien visibles. (Photo – 2009)
Photo 2 : Wat Buppharam – Une peinture d’une centaine d’années où les devas, tels une unité militaire, partent au combat. (Photo – 12.04.2013)
Photo 3 : Wat Daphai – Descente de bouddha sur terre après un séjour au Tāvatimsa où il enseigna sa mère. A la gauche de Bouddha Phra Phrom tenant un parasol et à sa droite Indra en vert. (Photo – 05.03.2013)
George Cœdès (1886/1969) poursuit sa traduction de la Jinakalamali comme suit :
C’est-à-dire !...
Le roi Sri Indraditya fit faire à Sri Satchanalai (1) un grand et magnifique stupa en briques et en pierre, enduit de chaux blanche, et (un mandapa) tout en cuivre doré, ayant l'aspect d'un char céleste. Ensuite, il rassembla les habitants de Sri Satchanalai, de kamphaeng phet, de Sukhothai, de Phitsanulok (2), et de plusieurs autres villes, et inaugura solennellement le grand sanctuaire. Le roi de Sukhothai Sri Indraditya mourut après avoir accumulé toutes sortes de mérites.
Après lui, son fils Ramkhamhaeng (3) régna à Sukhothai, et y rendit aussi un culte à l'image du Bouddha Phra Sihing. Après lui régna Po Khun Ban Muang (3), qui continua le culte de la statue du bouddha Phra Sihing. Après lui régna son fils Udakajjotihatarâja, (4) qui adora la statue du bouddha Phra Sihing. Après lui régna Lideyyarâja, (5) qui lut nommé Dhammarâja, parce qu'il avait étudié les Saintes Ecritures. (6)
Le commentaire :
Un sanctuaire fut construit en la ville de Sri Satchanalai pour exposer le Phra Bouddha Sihing. Malheureusement il ne reste plus rien aujourd’hui du Sri Satchanalai d’antan et à plus forte raison du sanctuaire ?!....
Quant au bouddha Sihing il n’y a rien de nouveau à son sujet concernant son iconographie.
Le dernier paragraphe énumère la liste des rois de Sukhothai, non sans erreur, (7) qui tous portèrent un culte au Bouddha Phra Sihing. Ce qui signifie que ce bouddha resta à Sukhothai au moins un bon siècle ; un siècle durant lequel Sukhothai se familiarisa avec l’art du bronze et coula ses propres images dans un style particulier à Sukhothai, puisque la ‘’production‘’ artistique de Sukhothai fait l’objet d’une école, l’école de Sukhothai (fin XIIIe-XVe siècle.) ?!...
Au décès de Lideyyarâja ou Pho Khun Lithaï, Ayutthaya va intervenir dans les affaires de Sukhothai qui de fait va finir par devenir vassal d’Ayutthaya. C’est le début de la fin du royaume de Sukhothai.
(1) Sajjanâlayapura, Sajjaniilai, Sejaniilai, qui signifierait ‘’Demeure de bonnes personnes‘’, était la ville sainte des brahmes du nord. Elle correspond à la ville de Sri Satchanalai, une ville jumelle de Sukhothai qui pourrait être plus ancienne que Sukhothai et autre que la Sri Satchanalai d’aujourd’hui ?!....
Au XIVe siècle, tandis que Sukhothai va se développer, Sri Satchanalai va sombrer dans l’oubli. Par exemple, lorsqu’en 1347 le vice-roi Lithai quitte Sri Satchanalai pour le trône de Sukhothai, plus aucun vice-roi ne lui succédera, et on ne reparlera plus de la ville.
Souvent Sri Satchanalai, Chaliang et Sawan Khalok se confondent et d’autant plus que les noms auraient été inter changés à plusieurs reprises et pour différentes raisons ?!... Ainsi par exemple, les villes se déplacent pour s’adapter aux dérives fluviales, pour mieux résister aux pillages, ou encore parce que telle est la volonté du souverain ?!...
L’ancienne et la vraie Sri Satchanalai serait, d’après Michael Vickery, tombée dans l’oubli. Puis la ville de Chaliang, une ville différente de l’ancienne Sri Satchanalai, aurait été rebaptisée Sri Satchanalai pour ensuite prendre le nom de Sawan Khalok sous Ayutthaya ?!...
Toujours est-il qu’aujourd’hui il y a trois villes, et que chacune d’elle porte l’un de ces noms.
(2) La ville de Jayanāda, ou Jayanādapura appelée aussi Xaināt et Sangkhlaburi est toujours à ce jour non identifiée, cependant …
a/ Le prince Damrong, (1862-1943) frère de Rama V, passionné d’histoire, émet l’hypothèse que Jayanāda, Dvisākha, Chainat/Sangkha Buri seraient une seule et même ville. George Cœdès rejoint cet avis.
b/ Pour l’historien américain Alexander Brown Griswold (1907-1991), Dvisākhanagara, Song Kaew, (*) Jayanāda, qui serait un ancien nom de Bisnuloka, s’appliqueraient à Phitsanulok.
A mon avis Griswold doit être dans le vrai et pour des raisons plus psycho-magiques que matérielles. Pour mieux cadrer avec le récit je reviendrai sur la question un peu plus bas.
(*) Song Kheaw signifie ‘’ville au confluent de deux branches ou rivières‘’ Phitsanulok est effectivement au confluent du Nan et du Khek ou Kwaï qui se jette dans le Nan. Cœdès donne Song Khve comme un ancien nom de Phitsanulok ?!...
(3) Ce n’est pas Ramkhamhaeng qui succéda à Sri Indraditya, mais son frère aîné, Pālarāja ou Pho Khun Ban Muang (1257-1277/8). Ce ne sera qu’à la mort de cet aîné que Ramkhamhaeng, alors vice roi de Sri Satchanalai montera sur le trône de Sukhothai.
Le thera Ratanapannā a interverti les deux règnes et se montre ainsi, aussi mauvais historien que géographe, et … ce n’est pas tout comme vous allez le lire !....
(4) Udakajjotihatarâja/Udakajjotthatarâja (*) ou Pho Khun Lœithai (1298-1347) fils de Ramkhamhaeng était en visite en Chine lors du décès de son père. (Sukhothai avait fait allégeance à la Chine.) De ce fait une régence ou un intérim a été mis en place entre le règne de Ramkhamhaeng et celui de Lœithai. ‘’L’intérimaire‘’ aurait été Pu Saïsongkhram (ปู่ไสยสงคราม).
Lœithai se trouve aussi orthographié : Lö Thaï, Lodaiya, (en Pali) et Sua Thai c’est-à-dire le tigre T’aï. (Les t’aïs sont les migrants d’alors et les thaïs les habitants de la Thaïlande. Autrement dit, un t’aï peut être thaï alors qu’un thaï n’est pas forcément d’origine t’ai.)
A noter que dans quelques chronologies thaïes, dites officielles, Pu Saïsongkhram et Pho Khun Lœithai ne font qu’un ?!...
(*) Dans sa traduction de la Jinakalamali George Cœdès à son 4ème renvoi donne le nom de Nam Thuam et explique que ce nom signifie ‘’plonger dans l’eau‘’, et qu’il pourrait s’agir d’une allusion à la noyade de Sri Indraditya. Personnellement j’ai cru que Nam Thuam était l’un des noms de Lœithai. En fait il n’en est rien.
D’après A. B. Griswold Nua Nam Thuam ne serait qu’un usurpateur qui se serait installé sur le trône de Sukhothai alors que le véritable héritier, Lithaï s’attardait à Sri Satchanalai plus préoccupé de cosmologie et de bouddhisme, sans doute, que de pouvoir temporel.
Nua Nam Thuam ou Nam Thom, à l’arrivée de Lithaï à Sukhothai, aurait-il été plongé dans l’eau par les partisans de Lithaï pour mettre fin à son usurpation ?... Je l’ignore mais on peut l’imaginer ?!...
(5) Lideyyarâja ou Pho Khun Luethaï ou Lithaï (1347-1368 ou 1374/76) fils du roi précédent (Lœithai) et petit fils de Ramkhamhaeng fut sacré roi sous le nom de Suryavamça Rama Maha Dharmaraja Dhiraja ou Mahathammaracha I. Avant d’être roi de Sukhothai il fut l’uparaja (vice-roi) de Sri Satchanalai.
Ce 7ème roi de la dynastie des Ruang est l’auteur des trois mondes (Traibhūmi Brah Ruang) de ce fait il est aussi nommé Phra Maha Thammaracha 1er (พระมหาธรรมราชาที่ 1). Phaya Lithai (พระยาลิไทย) s’écrit aussi : Mahādharmarāja, Lidaiya, Lü Taï, Li Taï et … Lithai.
(6) Lithaï est vraisemblablement l’auteur du traité de cosmologie bouddhique des trois mondes ou Traibhūmi rédigé en 1345. Ce traité a été traduit en partie par Georges Cœdès et Charles Archaimbault.
(7) Comme nous l’avons vu, entre le règne de Pho Khun Lœithai (1298-1347) et de Pho Khun Lithaï (1347-1374) un usurpateur, Nua Nam Thuam, est monté sur le trône de Sukhothai. Cet usurpateur était vraisemblablement à la solde d’un certain Vattitejo dont nous reparlerons. ‘’L’usurpateur‘’ aurait eu pour nom celui de Pho Khun Nguanamthom (1347) ou Pho Khun Ngua Nam Thom.
Pho Khun était alors synonyme de roi.
A noter que dans la chronologie officielle Thaïe Pho Khun Lœithai et Pho Khun Ngua Nam Thom devenus Phaya (roi) ont un règne dit … ‘’incertain‘’ … et leur date de règne se chevauchent ?!... Alors ne soyons pas plus royaliste que le roi et laissons les historiens dirent ce qu’il en fût très exactement ?!... Cependant l’hypothèse de l’usurpation n’est pas pour nous déplaire !...
Photo 1 : Si Satchanalai : Le Wat Chang Lom (Photo - Décembre 2012)
Photo 2 : La route de Phra Ruang reliant Sukhothai à Si Satchanalai.
Photo 3 : Sukhothai : Le Wat Mahathat. (Photo - 12.02.2014)
George Cœdès (1886/1969) poursuit sa traduction de la Jinakalamali comme suit :
C’est-à-dire !...
Sous son règne, Phra Ramathibodi 1er, roi d'Ayutthaya (1), de retour d’une campagne militaire au Cambodge, profita d'une famine qui venait de se déclarer à Phitsanulok, une cité appartenant au royaume de Sukhothai, pour s'emparer de cette ville sous prétexte de venir y vendre du riz.
Il chargea l’un de ses grands mandarins ou princes nommé Khun Luang Pha Ngua, gouverneur ou roi de Suphan Buri (2), d'administrer Phitsanulok, puis il s'en retourna à Ayutthaya.
Le roi de Sukhothai, Pho Khun Lithaï ou Dhammarâja envoya alors de nombreux présents à Phra Ramathibodi 1er le roi d’Ayutthaya en lui demandant de lui rendre la ville de Phitsanulok. Phra Ramathibodi 1er rendit cette ville à Pho Khun Lithaï roi de Sukhothai et Vattitejo s'en retourna à Suphan Buri. Alors le roi de Sukhothai confia le gouvernement de sa cité à sa sœur cadette Mahâdevï, celui de kamphaeng Phet à son grand conseiller Tipanna âmacca (3), et lui-même s'en fut à Phitsanulok avec la statue du Bouddha Phra Sihing à laquelle il continua de rendre un culte.
A la mort du roi Phra Ramathibodi 1er (1369), souverain des royaumes du Cambodge et d'Ayutthaya, Vattitejo quitta Suphan Buri et conquit le royaume du Cambodge (4). Puis Pho Khun Lithaï le roi de Sukhothai étant mort à Phitsanulok (1376), Vattitejo quitta Ayutthaya, prit Phitsanulok et ramena la statue du bouddha Phra Sihing à Ayutthaya où il continua son culte.
Le grand conseiller Brahmajeyya prit Sukhodaya (5). Tipannâmacca, qui régnait à kamphaeng Phet envoya sa propre mère au roi d'Ayutthaya dont elle devint favorite. Une fois, au cours d'une conversation amicale, elle demanda au roi une statue du Buddha en cuivre, et grâce à cette ruse (6) s'empara de la statue du bouddha Phra Sihing qu'elle fit transporter dans un bateau et envoyer en toute hâte à kamphaeng Phet. Tipannarâja, rempli de joie, fit une grande fête en l'honneur de la statue du bouddha Phra Sihing.
Le commentaire :
Cette chronique pourrait s’intituler ‘’Le Bouddha Phra Sihing au royaume de Sukhothai‘’ car elle relate son arrivée et son départ de Sukhothai.
Dans ce passage l’auteur ré-énumère, non sans erreur, la généalogie des rois de Sukhothai et quelques unes des … ‘’altercations‘’ … au sujet de Phitsanulok avec les rois d’Ayutthaya.
Pourquoi Phitsanulok et pas kamphaeng Phet ?.... ou une autre ville ?... A mon avis, et ce n’est que mon avis, parce que la ville de Phitsanulok porte un nom charismatique qui ouvre la voie à tous les rêves de puissance. Phitsanulok vient de Vissanuloka, Vishnuloka qui signifie le ‘’monde de Vishnu‘’. (Vissanu = Vishnu et loka = terre ou monde). Or les rois siamois, via Rama, le Rama du Ramakien, sont l’un des avatars de Vishnu, y compris le roi actuel Rama IX.
Aussi, n’est-ce pas par hasard si le prince d’U-thong se fait sacrer sous le titre de Rama … thibodi (รามา – ธิบดีที่) c’est-à-dire … Rama le maître et souverain.
A cette époque, les images de bouddha ainsi que certains noms et lieux sont détenteurs d’un … ‘’capital‘’ à la fois protecteur et magique. Avant l’affrontement physique, les camps adverses se font une guerre secrète, nous dirions aujourd’hui … psychologique, via des individus soi-disant aptes à rendre inoffensives les défenses magiques des adversaires, et à s’allier des puissances immatérielles.
Bref, Phitsanulok ne peut être que la ville de Rama, l’avatar de Vishnu. Qui la détient renforce son pouvoir, d’autant que … se l’approprier signifie détenir les bouddhas qui s’y trouvent et qui sont autant de puissances protectrices. Le roi maître de Phitsanulok augmente son charisme aux yeux des siens et donne à réfléchir à ses adversaires.
Or, c’est à Phitsanulok que se trouve le Phra bouddha Sihing un puissant palladium mais aussi, … et curieusement le Thera Ratanapannā n’en parle pas, le Phra bouddha Jinaraj (พระพุทธชินราช) (7) coulé vers 1357, avec le Phra Si Satsada et le Phra Phuttha Chinnasi, sous le règne et à la demande … précisément … du roi Pho Khun Lithaï (1347-1374), l’auteur des trois mondes … autant de bonnes raisons pour faire main basse sur Phitsanulok et rehausser son charisme auprès des populations. (Aujourd’hui, le Phra Bouddha Jinaraj est le 2ème bouddha le plus vénéré en Thaïlande, juste après le Bouddha d’émeraude.)
Le roi Pho Khun Lithaï, très versé dans les écritures saintes, devait inspirer sinon de la crainte du moins un certain respect d’où, vraisemblablement, la restitution de la ville. Mais après sa mort il en ira tout autrement, Vattitejo devenu roi d’Ayutthaya sous le titre de Boromma Ratchathirat 1er, s’accaparera tout aussitôt de Phitsanulok et … du bouddha Phra Sihing qu’il emportera carrément à Ayutthaya.
Ensuite Ayutthaya va intervenir dans les affaires de Sukhothai qui de fait va finir par devenir vassal d’Ayutthaya. Ce sera le début de la fin de ce grand royaume.
Le texte semble indiquer que Sukhothai a laissé partir le bouddha Phra Sihing sans réagir et que son nouveau lieu de résidence fut Ayutthaya. Alors dans la prochaine chronique nous nous transporterons à … Ayutthaya.
(1) Somdet Phra Ramathibodi Ier ou Ramadhipati Suvannadola (*) (1350-1369) fut d’abord connu sous son nom de prince : Chao U-Thong parce qu’il était précisément le prince de la ville d’U-Thong qui prendra le nom de Suphan Buri. Aujourd’hui le nom officiel de ce roi est : Somdet Phra Ramathibodi 1er (สมเด็จพระรามาธิบดี ที 1).
En 1349, alors qu’il portait le titre de Chao U-Thong, c’est-à-dire Prince de la ville d’U-Thong, il soumet Sukhothai gouverné par Pho Khun Lithaï. Un an plus tard, Chao U-Thong fonde Ayutthaya et devient alors roi, sous le nom de Phra Ramathibodi 1er (1350-1369). Ayutthaya, qui dans l’épopée indienne et le Ramakien est appelée Ayodhya, était la ville de … Rama !...
En 1352 il part en campagne contre les khmers et un an plus tard se rend maître d’Angkor. Suite à cette prise, il reprend à son compte la tradition monarchique Khmère qui va faire de lui comme un avatar de Bouddha, c’est-à-dire un Bouddha-raja qui, néanmoins se considère aussi comme un avatar de Vishnu puisque dans son titre figure … ‘’Rama‘’ qui n’est autre qu’un avatar de Vishnu.
A son retour de campagne, en 1354 il conquiert Phitsanulok, (Le monde de Vishnu) qu’il remet en apanage à un certain Vattitejo dont nous avons déjà parlé et dont nous reparlerons.
(*) Suvannadola et U-Thong ont la même signification à savoir : le berceau d’or.
(2) Vattitejo, qui reçu la ville de Phitsanulok en apanage et deviendra dans un premier temps Khun Luang Pha Ngua roi de Suphan Buri, ex U-Thong, ex Suvarnabhumi, ex Si Suphannaphumi et ex Thawarawadi pour ne citer que ces noms, était le beau frère de Phra Ramathibodi 1er.
L’une des ambitions de Vattitejo était de faire main basse sur le royaume de Sukhothai et de ce fait, de Phitsanulok et du … Bouddha Phra Sihing. Il n’est pas impossible que Nua Nam Thuam, dont nous avons parlé, ait été à sa solde.
En 1370 Vattitejo succédera à son beau-frère son le nom de Boromma Ratchathirat 1er (1370-1388). Il deviendra donc le 3ème roi d’Ayutthaya … après avoir évincé son neveu, le futur et grand Naresuan. Ce dernier reprendra le trône d’Ayutthaya mais dans un premier temps il a du se contenter de celui de Lopburi.
(3) D’après George Cœdès ‘’Tipanna‘’ serait un titre. Il signale aussi que dans la chronique de ‘’Sihingabuddharupanidana‘’, Sbn en abgéré, ce grand conseiller est aussi appelé ‘’Nanatissa‘’. Donc, Tipanna āmacca, Tipannamacca, Tipannarāja et Nanatissa sont des noms qui se rapportent à une seule et même personne, le grand conseiller du roi Lithai.
(4) La chronique d’Ayutthaya place cette campagne du vivant de Phra Ramathibodi 1er, ce qui semble logique car au décès du roi d’Ayutthaya, Vattitejo n’aura qu’un but : monter sur le trône d’Ayutthaya à la place de son neveu, le futur Naresuan.
(5) Georges Cœdès écrit qu’il n’a trouvé nulle part ailleurs que dans la Jinakālamāli cette prise de Sukhothai. Or dès que Vattitejo devient roi d’Ayutthaya sous le nom de Boromma Ratchathirat 1er (1370-1388), entre 1370 et 1378 il ne lança pas moins de 6 attaques contre Sukhothai. La dernière, celle de 1378 et celle dont il doit s’agir, se solda par le partage du royaume de Sukhothai en deux ‘’provinces‘’.
La première eut Sukhothai pour capitale et fut laissée au roi d’alors, c’est-à-dire à Phaya Leu Thai ou Phra Maha Dhamma Racha II (1376-1399), descendant de Lithaï qui en retour accepta la suzeraineté d’Ayutthaya.
La seconde eut Kamphaeng Phet pour capitale et fut laissée au grand conseiller du roi Lithaï, Tipanna āmacca. Kamphaeng Phet était alors le siège des forces armées de Sukhothai. Autrement écrit Sukhothai n’avait plus les forces nécessaires pour se rebeller.
(6) Concernant cette ruse, la chronique ‘’Sihingabuddharupanidâna‘’ que je n’ai pas lu, serait, paraît-il, plus ‘’people‘’ ?!...
(7) le Phra bouddha Jinaraj (พระพุทธชินราช) s’écrit aussi Chinaraj ou Chinnarat ce qui signifie ‘’Victoire et roi‘’ soit … ‘’Roi victorieux‘’. Phra bouddha Jinaraj serait une représentation de la perfection royale, c’est-à-dire le roi des rois ou Chakravartin ; le Chakravartin est celui qui observe à la lettre les 10 vertus royales bouddhiques ou ‘’Dasarājādhamma‘’ ou ‘’Chakravartidhamma‘’.
Ces trois bouddhas en bronze de 3 mètres 75 de haut sur 2 mètres 85 de large ont été coulés à partir d’un même modèle par les meilleurs artisans fondeurs de Chiang Saen, Lamphun et Si Satchanalaï assistés de quelques brahmes et certainement du prince Si Satha (*) et de ses artisans de Gampola du Sri Lanka.
Malgré le talent de ces fondeurs, la coulée du dernier des trois bouddhas, ne se fit pas sans mal. Elle aurait nécessité trois tentatives et … l’intervention d’un personnage vêtu de blanc, (Indra ?...) sorti de nulle part et parti tout aussi mystérieusement qu’il était apparu. Toutes les personnes présentes s’accordèrent pour dire que ce dernier Bouddha était le plus réussi des trois ?!....
(*) Vers 1345 le prince-moine Si Satha ou Sri Sraddha de Sukhothai, soi-disant neveu de Ramkhamhaeng, après 10 ans passés au Sri Lanka revint à Sukhothai accompagné d’artisans de Gampola et de Mahiyangana, deux villes du Sri Lanka. Alors apparurent à Sukhothai des stupas en forme de cloche et … des bouddhas dans l’attitude ‘’Māravijaya‘’ (Victoire sur Māra) avec les jambes repliées sur le mode ‘’Virāsana‘’ et non plus ‘’Vajrasana‘’ comme les jambes du Bouddha Phra Sihing du Wat Phra Sihing ?!....
Phitsanulok la ville de Vishnu … Phra Naraï … Rama et autres avatars
Photo 1 : Ce Phra Attharos de 18 coudées, environ 9 mètres de haut, appartient au complexe du Wat Phra Si Rattana Mahathat de Phitsanulok.
Phitsanulok était à l’époque une ville frontalière stratégique. Elle est actuellement le siège de l’état-major régional nord de la Thaïlande.
Ce Phra Attharos, n’est autre qu’une image de Bouddha terrassant Māra. Il est orienté vers l’Est, vers l’empire khmer dont il faut se protéger. Car ce type d’image était alors considéré comme possédant un capital magique capable de mettre en déroute les ennemis de la cité qu’elle était censée protéger.
Chiang-Mai a encore son Phra Attharos de 18 coudées (18 est un chiffre magique et sacré.). Ce Phra Attharos est visible à l’intérieur du Wat Chédi Luang.
Photo 2 : Le Bouddha Phra Chinnarat, une image de 3 mètres 75 de haut et de 2 mètres 50 de large. Elle repose dans le Viharn nord du Wat Si Rattana Mahathat.
Les deux autres images coulées à l’identique et à la même époque, Phra Si Satsada et Phra Phuttha Chinnasi, ont été transportées à Bangkok et installées dans le Wat Bowonniwet sous le règne du roi Mongkut dit Rama IV (1851-1868)..
Quelques années plus tard, sous le règne du roi Chulalongkorn dit Rama V c’est le bouddha Phra Chinnarat qu’il était question de ‘’déménager‘’ au Wat Benchamabophit (Temple de marbre) de … Bangkok. Comme la population s’y est opposée, ce fut une copie, réalisée sur place, qui fut envoyée à Bangkok et sous laquelle repose aujourd’hui les cendres de Rama V..
Photo 3 : Le nouveau Phra Attharos du Wat viharn Thong (Viharn d’or) de Phitsanulok. Cette copie remplace l’original de 10,75 m. en bronze qui a été emporté à … Bangkok sous le règne de Nangklao dit Rama III (1787–1851) vraisemblablement en 1829. L’original ‘’Phra Attharos Srisukhot Thotsapon Yanabophit‘’ s’élève aujourd’hui au Wat Saket, Srageath, Srakesa ou Sraket (La montagne d’or) et est censé protéger Bangkok de ses envahisseurs.
(Photos du 12.02.2014)
Selon nombre d’experts, les courbes et l’expression sereine du visage du Phra Bouddha Chinaraj seraient le résultat d’une parfaite osmose de l’art de Chiang-Saen et de Sukhothai. Un art qui aurait alors atteint son apogée. Le Phra Bouddha Chinaraj est d’ailleurs l’une des plus belles images de Thaïlande et la plus vénérée après le Bouddha d’émeraude.
Par ailleurs cette image, comme celles de Chiang-Saen met en scène un Bouddha prenant la terre à témoin, c’est-à-dire dans l’attitude Māravijaya (Victoire sur Māra) mais, comme celles du Sri Lanka, ce Bouddha a les jambes repliées sur le mode ‘’virāsana‘’. Il y a là un ‘’mélange‘’ des deux traditions, celle de Chiang-Saen et du Sri Lanka.
Pour les raisons qui précèdent il n’est pas impossible qu’à cette époque l’image du Bouddha Sihing, qui se trouve aujourd’hui dans la chapelle Phra-Thinang Phutthaisawan du musée national de Bangkok, ait été fabriquée à Sukhothai en se référant, certes à l’iconographie de Lanka mais dans un style propre à Sukhothai ?!...
Comme cette hypothèse est tout à fait plausible nous la faisons nôtre à défaut d’une autre possibilité qui peut-être se fera jour dans les chroniques suivantes.
Photo 1 & 3 : La copie du bouddha Phra Chinnarat sur la route de Bangkok photos prises entre 1901 et 1910.
Photo 2 : Le visage du Bouddha Phra Chinnarat. (Photo du 12.02.2014).
Photo 1 : La copie de l’image du Bouddha Sihing, qui se trouve aujourd’hui dans le musée nationale de Bangkok à quelques pas de la chapelle Phra-Thinang Phutthaisawan qui fait partie du musée national de Bangkok.
Photo 2 : Une statuette en Bronze de 11 cm. 4, originaire du Sri Lanka, datant du IXe siècle.
Photo 3 : L’image du Bouddha Sihing, qui se trouve aujourd’hui dans la chapelle Phra-Thinang Phutthaisawan du musée national de Bangkok.
L’image du Bouddha Sihing, qui se trouve aujourd’hui dans la chapelle Phra-Thinang Phutthaisawan du musée national de Bangkok, a-t-elle été fabriquée à Sukhothai en se référant à l’iconographie de Lanka mais dans un style propre à Sukhothai ?!...
Là est la question ?!....
Suite avec la quatrième chronique
Jean de la Mainate – Juillet 2015
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