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SOURICEAU D'OR AUX YEUX DE BERYL (LE) (4ème partie)



LE SOURICEAU D'OR AUX YEUX DE BERYL



QUATRIEME ET DERNIERE PARTIE




Et puis un jour, comme tout à une fin, même les missions divines, le souriceau d'or aux yeux de béryl, prit congé de ses hôtes.

 

 

Et après les avoir prévenus de son départ pour la forêt de l'Himavant afin que s'accomplisse son propre destin, il leur dit :

 

''.-   A partir de maintenant comportez-vous en conformité avec tous les bons usages et sans exception.

      

       Observez non seulement les cinq et huit préceptes, mais par la méditation, témoignez de votre compassion à tous ceux   qui vous entourent. Et donnez vos biens sans compter.


Car tous vos actes méritoires vous conduiront vers de bonnes renaissances. Vous obtiendrez grâce à eux, les trois bonheurs en étant cent et mille fois plus heureux que le plus heureux des hommes.

 

       Par contre, si vous jouissez de tous vos biens égoïstement, ils s'envoleront, et vous glisseront entre les doigts, pour vous laisser encore plus miséreux qu'avant.

 

       Car tous vos actes déméritoires vous conduiront vers de mauvaises renaissances. Vous n'obtiendrez, à cause d'eux, que de la peine et de la souffrance dans chacune de vos réincarnations en ce bas monde. ''

 

 

Puis, laissant échapper de ses yeux deux énormes pierres précieuses, le souriceau d'or aux yeux de béryl déploya de longs poils qui prirent la forme d'ailes et s'envola vers l'Himavant, une forêt extraordinaire peuplée d'êtres hors du commun, comme le souriceau d'or aux yeux de béryl.

 

 

 

Bien sûrs, le ramasseur de bois mort et sa femme continuèrent à respecter les enseignements de Bouddha. Tous les jours ils accomplissaient de nombreux actes méritoires, sans oublier de faire l'aumône.

 

Mais leurs dons furent si nombreux et si spectaculaires qu'on commença à en parler dans tout Bâranasî !... Très vite, il ne fut plus question dans la ville que de la piété et de la générosité du ramasseur de bois mort et de son épouse.

 

Pas une conversation ne pouvait se nouer, sans qu'il en fût dit un mot. Alors de jour en jour une foule de plus en plus dense, se pressait vers la très riche demeure du ramasseur de bois mort. Car nombre de gens espéraient recevoir quelques dons.

 

 

Comme la vie citadine n'avait pas l'habitude de voir passer ces raz-de-marée humains, le chef de la garde royale s'en émut auprès du roi Brahmadatta. Car selon lui  l'ordre public ''n'était plus ce qu'il était''.


Alors le roi Brahmadatta le pria de lui amener sur le champ les fauteurs de troubles, et manu-militari si le besoin s'en faisait sentir.

 

Ce fut ainsi, et sans rien avoir demandé, que le brave ramasseur de bois mort et son épouse se retrouvèrent face au roi Brahmadatta.

 

 

Brahmadatta était un souverain juste et bon, et qui respectait dans les moindres détails le ''Dasarājādhamma'', c'est-à-dire les dix règles de conduite que Bouddha enseignait aux rois, et aux rois seuls.

 

Aussi, quand il entendit de la bouche du ramasseur de bois mort le récit de toutes ses aventures il conclut séance tenante, et sans avoir l'ombre d'un plus petit doute, qu'il avait en face de lui, non un fauteur de troubles, mais un grand et saint dévot, respectueux des enseignements de Bouddha.

 

Et il se dit aussi, que cet homme, au lieu de recevoir des coups de bâtons, comme c'était alors la coutume pour châtier les coupables, méritait d'être donner en exemple, tant aux générations présentes que futures, et une récompense exceptionnelle, mais laquelle ?...

 

Pour débattre de la forme et du contenu de cette récompense exceptionnelle, le roi Brahmadatta invita tous ses dignitaires, chapelains, (purohitas) brahmanes et notables à se rendre sur la place publique.

 

Et lorsque toutes les personnalités de Bâranasî se retrouvèrent sur la grande place de la ville, le roi Brahmadatta leur dit, en désignant le ramasseur de bois mort :

 

''.-   Mes bons et fidèles conseillers, cet homme possède un cœur pur et noble.  Il concilie, avec art et bonheur, la foi, la sagesse et la vertu.

 

       Pour tout cela, il mérite d'être récompensé mais il faudrait que son exemple nous serve à tous y compris aux générations futures.

 

       Aussi, si l'un d'entre vous à une idée, pour qu'il en soit ainsi, elle est la bienvenue. Maintenant, je vous écoute. ''


Alors, sortant de l'assemblée des grands du royaume, un sage et vieux brahmane, que connaissaient fort bien le ramasseur de bois mort et son épouse pour l'avoir consulté à plusieurs reprises, demanda très humblement et très respectueusement à prendre la parole. Et après qu'elle lui fut donnée, il dit :

 

''.-   Ô roi, votre décision d'accorder une récompense exceptionnelle à cet homme est juste et bonne car je connais cet homme et aussi le moindre de ses mérites.

 

       Il est digne d'être fait brahmane, d'être élevé au rang de Mahâsetti et de recevoir un nom pour entrer à jamais dans la mémoire collective de vos sujets. Et je pense que le nom de ''Suddhasumanasetthi'' devrait lui seoir comme un gant !

 

       A l'énoncé de ce nom, aujourd'hui vos sujets, et demain les générations futures, se prosterneront. Car il est le symbole de celui qui a trouvé refuge dans les trois joyaux, observé les cinq et huit préceptes, accompli de nombreux actes méritoires et fait l'aumône sans jamais compter.

 

       Mais … qu'il soit fait selon votre volonté, ô grand roi. ''

 

Puis, n'ayant plus aucune déclaration à faire, dans un grand silence le vieil homme se prosterna et regagna sa place parmi les siens.

 

 

Alors quelques murmures parcoururent l'assemblée des notables. Puis soudain, rompant ce brouhaha semblable à des ronron-nements sourds, d'un même cœur et en levant les bras, toute la gent des notables, et sans exception, clama :

 

''.-   Ô grand roi, donnez à cet homme le nom de ''Suddhasumanasetthi'' et qu'il soit fait selon ce qui vient d'être dit. ''

 

Le roi, qui n'attendait que cette réponse, donna alors au ramasseur de bois mort le prestigieux nom de : ''Suddhasumanasetthi''.

 

Puis ''Suddhasumanasetthi'' et son épouse reçurent le titre de brahmane, et leur couple fut promu au rang de Mahâsetti.


Enfin, et toujours en accord avec sa cour, le roi Brahmadatta offrit aussi, au nouveau couple de brahmane, un éléphant blanc harnaché d'ors et d'argents, cent bœufs, cent buffles, cent hommes et cent femmes comme esclaves, et cent charrettes chargées d'or et d'argent.

 

D'ailleurs, à partir de ce jour là, la fortune du couple fut multipliée par cent et par mille, voire par cent mille.

 

Alors dans leur vie présente, comme dans celles à venir, ils vécurent à jamais à l'abri du besoin ; car toujours ils bénéficièrent de richesses considérables, et d'une opulence qu'ils n'auraient jamais pu soupçonner !...

 

 

 

De sa lointaine forêt de l'Himavant, le souriceau d'or aux yeux de béryl n'avait rien perdu de tout ce qui s'était passé à Bâranasî.

 

Et le soir où se clôturèrent les fastueuses cérémonies, organisées par le roi Brahmadatta en l'honneur de ses deux protégés, il ferma les yeux satisfait d'avoir parfaitement rempli sa mission auprès du ramasseur de bois mort et de sa femme, ou plutôt de …. ''Suddhasumanasetthi'' et de son épouse !...

 

 

 

L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais c'était oublier l'enveloppe charnelle de Bouddha restée en pleine méditation dans la grotte de Vijula près de la ville de Kosambhi !...

 

Et c'était aussi faire peu de cas du souriceau d'or aux yeux de béryl dans lequel l'esprit de Bouddha s'était ''momentanément'' réincarné pour récompenser un couple d'êtres méritants !...

 

Donc, le souriceau d'or aux yeux de béryl se trouvait maintenant dans la forêt de l'Himavant.

 

Une forêt extraordinaire où se côtoient toutes sortes d'animaux fabuleux que seuls quelques artistes du monde des hommes sont capables de peindre ou de sculpter, parce que leur sensibilité les transporte au gré de leur imagination dans des univers qui sont interdits aux communs des mortels.


Dans l'Himavant, comme sur terre, Bouddha, en l'occurrence le souriceau d'or aux yeux de béryl sacrifiait aussi aux cinq et huit préceptes.

 

D'ailleurs, le jour ou commence ce récit, était un jour de pleine lune, que les bouddhistes désignent sous le nom ''d'uposatha''. (ƒ)

 

Et ce jour là, le souriceau d'or aux yeux de béryl observait avec la plus grande rigueur les huit préceptes. C'est-à-dire les cinq préceptes habituels, plus les trois préceptes particuliers aux jours ''d'uposatha''.

 

 

Tandis que le souriceau d'or aux yeux de béryl se tenait dans l'observance des cinq et huit préceptes,  tout en haut du mont Méru, là où se trouve le séjour des dieux, le trône en pierre (1) du roi des dieux, Indra, se mit à chauffer.

 

Car c'est ainsi qu'Indra, le roi des dieux, est alerté lorsque son attention mérite d'être retenue.

 

Alors comme à son habitude, du plus haut des cieux, Indra se pencha sur les différents mondes et autres univers qui l'entourent pour découvrir ce qui pouvait avoir justifié l'incandescence soudaine de son trône en pierre.

 

Ce fut alors qu'il aperçut dans la forêt de l'Himavant le souriceau d'or aux yeux de béryl. Et en le regardant une pensée lui vint à l'esprit.

 

''.-   L'éminent ''Bohisatta'' qui a pris possession de cette           enveloppe animale est appelé a devenir le refuge de tous les    hommes.

 

       Alors il serait temps, et juste, que moi, le roi des dieux je l'aide à en finir avec cette existence de souriceau d'or aux yeux de béryl et qu'il accomplisse sans tarder ses perfections (2) afin de retrouver enveloppe humaine. ''.

 

 

(1)   Le trône en pierre du roi des dieux, Indra, a pour nom : ''Pandukamasilapâda''.

 


Et en moins de temps qu'il ne lui fallut pour le penser, Indra se retrouva dans la forêt de l'Himavant sous les traits d'un vieil homme, dans les habits d'un brahmane, et à quelques pas du souriceau d'or aux yeux de béryl !...

 

 

Le souriceau d'or aux yeux de béryl n'avait ni vu et ni entendu venir le brahmane. Alors il le regarda surpris et lui dit :

 

''.-   Quel bon vent vous amène par ici vénérable vieillard ?...

 

''.-   Mon charmant petit, lui répondit le brahmane, avec un léger tremblotement dans la voix pour affirmer son très grand âge, j'ai tant jeûné avant et durant l'uposatha d'hier, que j'en ai aujourd'hui la tête qui tourne.

 

       Alors je pense qu'il me faudrait combler un petit creux que j'ai dans l'estomac. Or en voyant ta taille, tu corresponds tout à fait à ce dont j'ai besoin pour calmer ma petite  fringale ! ''

 

 

Loin de s'offusquer de la demande du brahmane, le souriceau d'or aux yeux de béryl, tout au contraire s'en réjouit.

 

Car elle allait lui permettre d'accomplir l'acte méritoire suprême : faire le don de son corps, ce dont tout bon bouddhiste rêve.

 

Alors la réponse du souriceau d'or aux yeux de béryl ne se fit pas attendre :

 

''.-   Noble brahmane, en attendant que je me prépare, allumez vite un feu de bois, et dès que les flammes jailliront vous pourrez faire de moi votre repas. ''

 

 

Et tandis que le brahmane allumait un feu au moyen de son seul regard, le souriceau d'or aux yeux de béryl se retira à quelques brasses du brahmane pour être seul quelques instants.

 

Et là, il s'ébouriffa trois fois de suite pour que les poux et autres parasites s'en allassent de sa fourrure aux poils d'or et ne périssent pas dans les flammes à cause de lui. Puis prenant tous les dieux et toutes les divinités à témoins il leur dit :


''.-   Vous tous qui me regardez, soyez les témoins des mérites que je vais acquérir en faisant les dons de mon sang, de ma chair et de ma vie, au brahmane ici présent.

 

       Et que par cet acte méritoire il me soit accordé de devenir un ''omniscient'' dans les temps qui s'annoncent. ''

 

Après cette supplique, le souriceau d'or aux yeux de béryl trottina allègrement jusqu'aux pieds du brahmane. Il le regarda avec un sentiment d'une infinie reconnaissance puis il se laissa attraper par le bout de la queue !

 

 

Mais, lorsque le brahmane lâcha le souriceau d'or aux yeux de béryl au-dessus des flammes, un immense lotus, de la taille d'une roue de charrette géante, non en bois mais en gemme d'émeraude, jaillit de terre tout en déployant ses larges pétales pour recevoir en son cœur et en son sein le Boddhisatta !...

 

Pas un poil de la fourrure du souriceau d'or aux yeux de béryl ne fut brûlé, et encore moins roussi !....

 

Le petit animal, et à son grand étonnement, était encore bel et bien vivant, et au beau milieu d'un lotus en béryl, extraordinaire.

 

 

 

Mais tandis que le lotus continuait à s'épanouir comme pour rendre gloire au Tathâgata, c'est-à-dire au Bouddha encore sous la forme d'un souriceau d'or aux yeux de béryl, la terre aux alentours se mit à trembler, les eaux des océans à submerger les rivages sur plus de mille yojanas, et une infinité de sombres nuages à déverser des torrents de pluie.

 

Tout prenait des allures de déluge universel.

 

 

D'ailleurs, ces événements aux apparences catastrophiques provoquèrent la frayeur tant des habitants de l'Hymavant que de tous ceux qui peuplaient les mondes et les univers environnant.

 

Le mont Méru lui-même, c'est-à-dire le refuge des dieux, alla jusqu'à trembler sur sa base, et à vaciller en son sommet !...


Tout en se réjouissant de ces colossaux phénomènes surnaturels, car ils témoignaient de l'accomplissement d'un très grand prodige, le brahmane félicita le souriceau d'or aux yeux de béryl tant pour sa grande énergie (viriya), la quatrième des perfections, que pour son désir de vouloir devenir un omniscient (sabaññu) et atteindre la sagesse, la sixième des perfections.

 

Puis il lui dévoila sa véritable identité et conclut :

 

''.-   Tes perfections pour cette vie, sont maintenant achevées. Et il est grand temps pour toi de retourner à Vijula. Car c'est en toi que les hommes doivent trouver refuge.

 

       Alors qu'il en soit fait ainsi. ''

 

 

Et Indra s'en alla comme il était venu, c'est-à-dire, comme sur la pointe des pieds, sans être vu et entendu !...

 

 

 

Les poils d'or et les yeux de béryl du souriceau d'or aux yeux de béryl perdirent alors de leur éclat.

 

Et très vite le petit animal se transforma en un petit tas de poussière qu'un coup de vent, d'un souffle preste et élégant dissipa dans les airs et sur le sol de la forêt de l'Himavant !....     

 

 

 

 

Au même moment, sortant de sa grotte de Vijula, près de  Kosambhi, Bouddha, empreint d'une grande sérénité, retrouvait tous ses disciples.

 

Alors tout aussitôt, ceux-ci lui firent part que le Brahmane ''Suddhasumanasetthi'' et son épouse le priaient de leur faire l'honneur de venir à leur table en compagnie d'eux tous.

 

Le Tathâgata, c'est-à-dire le Bouddha, accepta l'invitation, et tous se rendirent chez le Brahmane, où ils furent accueillis à bras ouverts.


Au cours du repas, et à la demande de ses disciples qui buvaient son enseignement, ''l'omniscient'' pour les instruire de son expérience leur raconta une histoire merveilleuse et édifiante.

 

Ce fut l'histoire du … souriceau d'or aux yeux de béryl !

 

 

 

 

 

 

 

                                                 Fin.



NB: Pour avoir l'explication de certains mots voire le chapitre suivant ''LE PETIT LEXIQUE EXPLICATIF''.

 



12/03/2010
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