WESSANDORN, LE PRINCE CHARITABLE - 547ème JATAKA 1/6
WESSANDORN, LE PRINCE CHARITABLE - 547ème JATAKA 1/6
(L'avant dernière renaissance du futur bouddha Sakamuni.)
มหาเวสสันดรชาดก
(Maha Wetsandon Chadok) ou (Maha Wessandon Chadok)
Et aussi Vessantara jātakā
- Première partie –
L'illustration trouvée en couverture d'un livre consacré au Wessantara.
(พระเวสสันดรชาดก)
Avant propos :
En Thaïlande, Bouddha et le roi sont les deux fondamentaux sur lesquels repose, à l'heure actuelle, la société. En tant que … ''chakravartin'' c'est à-dire ''roi universel'' le roi thaïlandais est le défenseur et le régulateur de la loi bouddhique.
Bouddha et le roi sont tellement solidaires l'un de l'autre que parfois leur distinction n'est pas évidente.
Ainsi lorsqu'un roi de la dynastie des Chakri meurt son successeur fait couler une image de Bouddha en son souvenir. (*) Autrement écrit le roi décédé est représenté par un bouddha mais … il n'est pas bouddha ?!...
Les images (statues) de Bouddha ou ses représentants, comme celles du roi actuel, Rama IX, sont partout, y compris celles du grand-père de Rama IX … le roi Rama V (1853-1868-1910) à qui les Thaïlandais vouent un véritable culte.
Pas un touriste, de retour en son pays, ne peut dire qu'il n'a pas vu une représentation de l'un ou des autres.
Photo 1 : Une ''Image'' du roi actuel Rama IX qu'il est fréquent de voir dans la plupart des temples de Chiang-Maï.
Photo 2 : Quelques novices avec leur bol à aumônes, dans une rue de Chiang-Maï. (Photo de 2010.)
Photo 3 : Quelques novices du Wat Chédi Luang transportant ''un'' Phra Boudda Pojjana Varaporn (พระพุทธพจนวราภรณ์) plus vrai que nature !....
Le saint homme à été incinéré le 18 janvier 2010. Comme cette photo date 2012 il s'agit donc … d'une ''image'' !....
Photo 4 : ''L'offrande de l'aumône'' rue Chang Khlan à Chiang-Maï. Une manifestation ayant rassemblée plus de 1.200 moines et qui a lieu tous les ans vers la même époque !... (Photo d'octobre 2010)
Cette omniprésence de Bouddha est la résultante d'un certain nombre de facteurs. L'un d'entre eux a pour nom … jātakā-s, jātakāni-s ou encore jātakāmalā-s pour ne citer que ces noms.
Ces jātakā-s furent à l'origine des contes populaires, des fables, des allégories et que sais-je encore ''revus et corrigés'' pour les besoins de la cause bouddhique !... Leur objet était alors de rendre accessible au commun des mortels et surtout aux fidèles de Bouddha, une partie du canon bouddhique plus connu sous le nom de ''Tipitaka'' (พระไตรปิกฏ) ou encore les trois corbeilles.
Le mot Jātakā est d'origine pali et signifierait ''naissance'' pour ''jā'', et légende, histoire, conte pour ''takā''. Dans les faits il est compris comme ''histoires des vies de Bouddha'', ou plus exactement … ''histoires des renaissances de Bouddha''.
Car Bouddha avant d'atteindre l'éveil a été un ''bodhisattva'', c'est-à-dire un ''être destiné à recevoir l'illumination''. Alors en tant que tel, il s'est réincarné un certain nombre de fois en divinité, en homme, en animal, et en oiseau, mais … paraît-il … jamais en femme ?!... (*) … pour parfaire son état de ''bodhisattva'' et parallèlement aider les hommes à se réaliser … spirituellement.
(*) Un article de Wikipédia dit le contraire au sujet de la femme ?!... Selon le rédacteur de cet article Bouddha se serait réincarné en femme ?!... Si quelqu'un peut confirmer ou infirmer ?...
Certains de ces jātakā-s, tout du moins ceux composés à partir du IIIe siècle av JC auraient été consignés vers l'an 103, mais ce fut surtout vers le XIVe et XVe siècle qu'ils furent rédigés en langue pali.
Un recueil en pali, le ''nidâna-kathâ'' (นิทานศรัทธา), réunit 547 de ces jātakā-s, Dans les faits il en existerait plus, d'autant que se sont rajoutés des jātakā-s apocryphes c'est-à-dire non reconnus ''officiellement'' par les autorités bouddhiques ?!...
Au Laos le ''Pannajataka'' ou ''Ha Sip Xat'' (*) c'est-à-dire le recueil des cinquante jaka-s laos, compterait 27 contes originaux sur les 50 composants l'ouvrage ?!... ce qui porterait le nombre des jātakā-s à pas moins de 574 !... voire 624 si l'on tient compte de ceux du chapitre suivant ?!...
Louis Finot (1864-1935) qui fut le 1er directeur de l'EFEO, (1900) en comparant trois recueils de jātakā-s dont le ''Zimmé Pannāsa'' (birman), le ''Pannajataka'' (Laos et Lanna) et quelques autres d'origines Khmères, tous rédigés en pāli, mais dans un ''mauvais'' pali précise l'un des traducteurs, constata qu'ils n'avaient en commun que … 15 jātakā-s. La compilation birmane en comptait 26 originaux, la Laotienne 27 (**) et la Khmère 24 !...
(*) L'existence de ce recueil a été révélée en 1875 par Léon Feer (1830-1902) ; qui fut linguiste et professeur de Tibétain aux langues orientales de Paris de 1864 à 1873. Il eut lui-même comme professeur Philippe-Edouard Foucaux (1811-1894) 1er ''tibétologue'' français, auteur d'une grammaire de langue tibétaine (1858) … entre autres choses.
(**) Henri Deydier, (1922-1954) membre de l'E.F.E.O. confirma dans son ouvrage intitulé ''Introduction à la connaissance du Laos'' que les 27 jātakā-s du recueil Laotien étaient bien des originaux.
Photo 1 : Louis Finot (1864-1935) Un archéologue et orientaliste qui fut mis à la tête de la mission archéologique indochinoise en 1898. Cette dernière deviendra l'Ecole Française d'Extrême Orient EFEO en 1900 ; une institution de recherches scientifiques dont Louis Finot fut le 1er directeur.
Photo 2 : Une carte de l'Asie situant ''approximativement'' la Sogdiane.
Photo 3 : Henri Deydier (1922-1954) est devenu membre de l'EFEO en 1950 et en cette même année son représentant permanent au Laos. C'est à Luang Prabang, à la suite d'un accident aérien qu'il quittera notre monde. Peu avant sa mort il publiera : ''Lakapāla'' génies totems et sorciers du nord Laos, et n'aura de cesse à faire des recherches sur le ''Rāmāyana'' Laos et le … ''Panna-Jataka''.
Originaire de l'Inde, sans pour autant être des récits du maître, mais plutôt de certains de ses disciples dont certains ne l'auraient jamais connu, ces jātakā-s se sont répandus dans toute l'Asie, Gandhara (Sogdiane), (*) Tibet, Chine, Asie du Sud-est, Indonésie (Java) et Sri Lanka.
Dans chacune de ces régions les jātakā-s se sont enrichis et ont évolué indépendamment les uns des autres ce qui a eu pour conséquence d'avoir généré quelques différences entre eux, mais sans avoir altéré l'enseignement dont ils étaient porteurs.
(*) Il a été retrouvé à l'emplacement de l'ex Sogdiane ou Sogdie, qui deviendra le Gandhara et les états modernes d'aujourd'hui d'Afghanistan, d'Ouzbekistan et de Taddjikistan, des jātakā-s rédigés en iranien ancien. Les Sogdiens qui parlaient cette langue, fondèrent la ville de Samarkand vers le VIe/Ve siècle av. JC. … c'est-à-dire, à quelques années près, du temps de la naissance de Bouddha.
Le jātakā le plus populaire dans le monde bouddhique et le plus à l'honneur est le 547ème c'est-à-dire le dernier du ''nidâna-kathâ''.
Ce jātakā raconte la dernière réincarnation du futur Bouddha Sakyamuni, celle où il fut le prince Wessandorn (เวสสันดร) ou Wessantara en Pāli.
C'est un jataka qui met l'accent sur l'importance du don de soi, un don qui doit aller jusqu'à l'extrême … jusqu'à son paroxysme. (*)
Cependant, malgré sa grande popularité, seules les populations de langue thaïe l'ont intégré dans leurs célébrations religieuses, sans doute, en tout cas pour le Siam … la future Thaïlande, dans un souci d'unification et de centralisation du pays ou de ''thaïfication''. Mais nous reviendrons sur cet aspect du sujet dans les chapitres suivants.
(*) Dans ce jātakā, à chaque fois qu'il est demandé un don au principal intéressé, le prince Wessandorn (เวสสันดร), celui-ci répond :
.- O ciel, puisque je suis prêt à donner mon cœur et mon sang, (C'est-à-dire mon propre corps) je peux tout aussi bien donner …. tous mes biens … mes enfants … ma femme !...
C'est donc bien un don de soi qui va au-delà du paroxysme.
Autrefois, et encore maintenant au Tibet – je crois ? – tous les cadavres n'étaient pas incinérés mais laissés comme proie aux prédateurs carnivores divins, terrestres et aériens. Car le défunt faisait don de son corps aux divinités.
''D'après le bouddhisme, c'est un acte fort méritoire pour un Siamois que celui d'ordonner qu'après sa mort son corps soit mangé par les vautours sacrés du vat-saket, (Un Wat de Bangkok) et les parents du défunt se font un devoir d'accomplir ses dernières volontés et d'assister respectueusement au festin. Ces repas ont lieu tous les jours''. (Page 70).
Pour connaître la suite du texte qui précède, qui est un témoignage, lire le livre ''Siam et les Siamois'' de l'abbé Similien Chevillard (1843-1906) paru en 1889 à la librairie Plon.
Dans de nombreux livres datant du début du XXe siècle les auteurs font état des odeurs pestilentielles, venant du Wat Skaket, qui se répandaient sur la ville de Bangkok.
Cette pratique de laisser les corps aux appétits du monde ''animal divins'' perdura fort longtemps puis, fut interdite pour des raisons sanitaires.
Un ami thaïlandais me racontait que lors de son enfance, vers les années 60, le ciel de Bangkok pullulait de corbeaux qui aujourd'hui ont complètement disparu, contrairement à Rangoun (Birmanie) où j'en vu en grands nombres jusque dans les années 2005 !... Les corbeaux sont des oiseaux carnivores qui n'hésitent pas à s'attaquer, et à plusieurs quand il le faut, à des proies de la grosseur d'un mouton.
Le Wat Saket de Bangkok en novembre 2010.
Le renoncement du corps dans le bouddhisme ancien était une pratique très courante. Le moine chinois Faxian, (Environ 340- environ 420), a rapporté dans ses écrits de voyages (De 399 à 412) ''Notes sur les pays bouddhiques'' que dans l'Inde du nord-ouest il existait quatre stupas qui chacune se rapportait à un don du corps, celui de la chair, des yeux, de la tête et du corps.
La légende du Bodhisattva Sujāti (Le bien né) ou Sujantu (Le bon enfant) dont il existe 4 versions en chinois et qu'on retrouve dans un recueil médiéval japonais (Konjaku Monogatari Shu) (*) raconte comment ce prince a nourri ses parents des lambeaux de sa chair, et comment le renoncement de son corps l'a conduit à la Bouddhéité et au trône de son pays d'origine, dont son père avait été chassé. (**)
Un autre Bodhisattva, Sadāprarudita, se met en vente et ouvre ses veines pour purifier un sanctuaire. Il donnera son corps par deux fois.
Dans le sutra de la lumière d'or, le prince Mahāsattva renonce à son corps en se jetant du haut d'un rocher pour nourrir une tigresse affamée sur le point de dévorer ses deux tigrons.
Les textes bouddhiques classiques concernant le renoncement de son corps ou le don de son corps sont nombreux. Il existe même des représentations artistiques sur le sujet dans l'art du Gandhāra et … du Japon. (Pagode Hōryūji ou sont sculptés 4 scènes sur le sujet.)
Entre le Ve et le Xe siècle nombre de bonzes chinois se suicidaient par le feu, non pour des raisons de mal-être, mais par conviction religieuse. L'immolation était alors un renoncement du corps, un don du corps porté à son paroxysme pour atteindre la bouddhéité. Il est fait état de cette forme de renoncement dans de nombreuses biographies de moines chinois.
Aujourd'hui les dites immolations par le feu des moines tibétains sont en fait, pour chacune d'elles un ''renoncement du corps'' … un don porté à son paroxysme. Ce n'est donc pas qu'une immolation de protestation, le geste va bien au-delà spirituellement.
(*) Le ''recueil'' intitulé ''Konjaku Monogatari Shu'' est en fait une suite de 31 rouleaux (maki-s) dont certains ont été perdus, et qui rapporte 1059 historiettes. Si on devait en faire une édition le livre comporterait pas moins de 1.500 pages.
(**) Pour ceux qui veulent en savoir plus sur ces dons du corps il leur suffit de lire les ''500 contes et apologues extraits du tripitaka chinois'' de Edouard Chavannes (1865-1918). Ces contes se partagent entre quatre tomes parus entre 1910 et 1934 aux Editions Leroux et réédité dans leur intégralité par les éditions Maisonneuve.
Au Laos, tous les ans, dans chaque temple, mais à des dates différentes selon les temples, ce jātakā est lu à l'occasion d'un ''boun'' ou fête d'acquisition de mérites. Il s'agit du Boun Pha Vet (บุญพระเวส ou งานบุญพระเวส) ou la fête d'acquisition de mérites de Phra Wessandorn, certains disent la fête du monastère ; l'une des trois plus grandes fêtes célébrées au Laos avec le boun Kanthin et le boun bang fay ou fêtes des fusées.
Cette fête, qui se décide au gré du désir et des moyens financiers d'une communauté locale, voire d'un mécène, permet à ses participants d'obtenir des mérites qui viendront bonifier leurs vies futures. (*)
En Isaan, dans le Nord-est de la Thaïlande, c'est durant la saison sèche entre février et avril que ce jātakā est récité.
(*) Le fait de faire recopier un jātakā pour en faire don à un temple, donne aux commanditaires beaucoup de mérites, mais … point trop n'en faut !... Car se trouver à la tête d'un lot de mérites considérables peut signifier que la vie présente n'a plus de raison d'être et qu'elle peut se … clore !...
Alors pour ne pas précipiter … le cours des événements … les commanditaires se mettent à plusieurs pour faire recopier un jātakā. Ainsi les mérites sont partagés et, qui sait !... la renaissance future quelque peu repoussée ?!...
Bien renaître est une chose désirée de la part de tous bouddhistes, mais ces derniers considèrent aussi que la vie présente est un bien qu'il ne faut pas dédaigner !.... ''Lâcher la proie pour l'ombre'' serait-il un adage universel ?!...
Au Lanna c'est pendant les fêtes de Yee-peng et de Loï krathong réunies, tout du moins à Chiang-Maï, (*) marquant la fin de la saison des pluies (Vassa) et le début des récoltes, que ce jātakā est récité dans les temples.
(*) Les fêtes de Yee-peng et Loï krathong ont lieu fin octobre début novembre, voire milieu novembre. C'est la deuxième lune qui détermine la date de cette fête.
Il existe dans ce site de nombreuses chroniques sur ce sujet.
Quelques illustrations concernant le 2ème chapitre du Wessantara.
Himaphan (หิมพานต์) - (un chapitre de 134 stances).
Le Prince Wessandorn fait don de l'éléphant blanc ''Patchaï Nak'' le palladium du royaume de son père aux représentants d'un royaume voisin. Ce qui va provoquer l'ire des sujets de son père et l'exil de Phra Wessandorn.
Photo 1 : Un extrait d'un manuscrit Khmer rédigé en pali sur papier Khoï. (New-York Public Library.)
Photo 2 : Une peinture sur coton originaire du Lanna et datant du XIXe siècle. (Bristish Museum – Département des antiquités orientales.)
Photo 3 : Un extrait d'une fresque datant du début du XXe siècle, se trouvant au Wat Buak Krok Luang (วัดบวกครกหลวง) de Chiang-Maï hors les murs – (Est) - route de San Kamphaeng près de l'hôtel ''Mandarin Oriental''.
Au Siam, c'est-à-dire à Bangkok, une version spéciale de ce jātakā appelée alors ''Maha Jāti Kham Luang'' (มหาชาติคําหลวง) ou ''Nagnseu Kham Luang'' (หนังสือคําหลวง) (Le livre du grand jataka) ou encore ''Desana Maha Jāti'' (เทศน์มามหาชาติ) (Sermon de la grande réincarnation) était (est ?) récitée dans le temple royal lors des trois temps forts de la retraite des moines qui dure trois mois consécutifs ; c'est-à-dire le premier jour de cette retraite, à la pleine lune de mi-juillet , en son milieu, fin août/début septembre, et le dernier jour, à la pleine lune d'octobre/novembre, ce qui correspond à Yee-peng et Loï krathong au Lanna.
Sous le règne du roi Chulalongkorn dit Rama V, entre 1868 et 1910 voire au-delà '' … sa récitation était devenue une coutume nationale … '', et les offrandes qui étaient faites au récitant, c'est-à-dire au moine lecteur, devaient être en rapport au contenu du chapitre lu !... (*)
(*) Le ''rapport'' entre le chapitre lu et les offrandes était souvent … tiré par les cheveux mais il en existait un. Il pouvait tout aussi bien concerner le nombre de stances du chapitre, alors il était offert autant de petits cierges ou de cigarettes que ce nombre de stances ; ou avoir rapport à un mot comme … par exemple … ''repas'' alors il était offert des petits mets.
La popularité de ce jātakā lui a valu d'être traduit du pali en des langues locales très tôt. (1) Au Siam il a été réécrit sous différentes formes, en prose (roï-Keaw) (ร้อยแก้ว), en vers (raï) (ร่าย) (2) mais aussi sous forme de poèmes (Klone) (กาพย์ ou กลอน), ou de ballades (Khologn) (โคลง), pour ne citer que ces genres.
Vers les années 1930, (3) sans doute dans un souci d'assimiler plus rapidement les populations du nord (Lanna) (4) et du nord-est (Isaan) (*) une version de ce jātakā est paru sous le titre de ''Aning gatha phan'', (le fruit du mérite des mille khatha-s) (พันชาติ).
C'était un récit de mille stances découpé en 13 chapitres. Un découpage en corrélation avec les douze signes du cycle duodénaire, c'est-à-dire les douze signes zodiacaux chinois, ceux qui correspondent à une année et non à un mois.
(1) D'autres jataka-s ont aussi été traduits en langues locales très tôt … bien évidemment.
(2) Le ''raï'' (ร่าย), ''dham soï'' au laos, est une forme poétique qui consiste à faire rimer le dernier pied d'un vers avec l'un des pieds des trois ou quatre premiers pieds du vers suivant.
En utilisant le mot ''ร่าย'' avec un copier-coller vous pouvez, avec un peu de chance, sur internet, tomber sur une explication graphique de cette forme poétique.
(3) Le Siam ne prendra le nom de Thaïlande que le 24 juin 1939.
(4) Au Lanna, la langue écrite et parlée était le yuon, une langue plus proche du Laos que du Siamois. Le Siamois fut imposé aux populations du Lanna et de l'Isaan avec une autorité … brutale et sans concession !....
Nous reparlerons de cette ''thaïfication'' dont ce jātakā fut l'un des moyens.
Si les Siamois reprochent, et à juste raison, au Birman l'impitoyable sac d'Ayutthaya, il faut savoir qu'ils ne se sont pas mieux comportés vis-à-vis de Vientiane en 1778.
''La raison du plus fort est toujours la meilleure !... '' (La Fontaine – Le loup et l'agneau.)
Par ailleurs il ne faut jamais perdre de vu que le bouddhisme thaïlandais est sous le contrôle de l'état, (*) et qu'il n'y avait pas, à l'époque, de meilleure ''courroie de transmission'' pour faire connaître aux fidèles les décisions royales et les ''inviter'' à s'y conformer.
(*) Les premiers ''Phra Sanghara-s'' de la dynastie des Chakri, c'est-à-dire les chefs religieux suprêmes du bouddhisme thaïlandais ou Sangaraj-s, (Le pape des Bouddhistes à l'échelon Thaïlandais.) étaient choisis parmi les membres de la famille royale !...
En novembre 1975, une autre version, titrée en français ''Wessandorn le prince charitable'', fut éditée par l'institut des études Asiatiques de l'Université Chulalongkorn.
Cette dernière, en prose et succincte puisque ne faisant que 75 pages, mais respectant les treize chapitres de la version de 1930, fut l'œuvre de Madame Jit Kasem Sibunruang (สีบุญเรือง) et, diffusée en quatre langues pour toucher des publics, anglophone, chinois, francophone mais aussi … thaï.
Pour être le plus complet possible, du côté profane ( ?!) … en tout cas hors sangha ( ?!...), ce jātakā a inspiré des auteurs dramatiques, littéraires, musicaux et picturaux !...
Quelques illustrations concernant le 6ème chapitre du Wessantara.
กัณฑ์ที่ 6 : CHULAPHON (จุลพน ) - (un chapitre de 35 stances)
Le chasseur Chetabut, au moyen de ses chiens, est chargé de protéger le prince Wessandorn des importuns. Le brahmane Chuchok, un homme détestable, est l'un de ces indésirables qui cherche à approcher le prince pour en tirer parti.
Les chiens de Chetabut vont le prendre en chasse. Pour leur échapper Chuchok se réfugie en haut d'un arbre et va abuser de la naïveté du chasseur.
Photo 1 : Une peinture murale de plus de 100 ans du viharn du Wat Buppharam (วัดบุพพาราม) de Chiang-Maï hors les murs – (Est) - rue Thae Phae. (Photo 2013)
Photo 2 : Une peinture murale à partir des années 50, du viharn du Wat Chet Yod (วัดเจ็ดยอด) de Chiang-Maï hors les murs – (Nord-Ouest) - (Photo 2013)
Photo 3 : Une peinture murale à partir des années 50, du viharn du Wat Phra Chao Mengraï (วัดพระเจ้าเม็งราย) de Chiang-Maï intra-muros. (Photo de 2008)
Photo 4 : Une peinture murale des années 2000, du viharn du Wat Loï Khro (วัดลอยเคราะห์) de Chiang-Maï hors les murs – (Est) - rue Loï Khro.
Ces peintures murales représentent 3 périodes :
1/ avant 1950 – 2 & 3/ après 1950 et d'après un modèle commun, c'est ce que j'appelle la ''thaïfication'' et 4/ à partir des années 1980 style néo-Lanna – le retour à l'identité d'origine mais tout en restant uni au Siam et à l'Isaan au sein de la Thaïlande.
Ces derniers, des artistes peintres et des dessinateurs, se sont exprimés en créant des œuvres uniques pour certains d'entre eux, mais aussi des œuvres démultipliées pour ceux qui ont illustré des éditions littéraires, des jeux d'images sous forme de cartes à jouer et des planches édifiantes. Nous dirions aujourd'hui, pour les planches édifiantes … des posters à caractère religieux.
Cette imagerie créée pour répondre aux goûts du plus grand nombre, dont la piété faisait et fait encore bon ménage avec la superstition, a connu un tel succès qu'elle a été reproduite sur les murs intérieurs de la plupart des temples de Thaïlande, qu'ils soient du sud, du centre de nord-est ou du nord !...
Les peintres qui se sont ''attelés'' à ces reproductions furent beaucoup plus des copistes que des créateurs. Très peu ont fait œuvre d'imagination, et seule, pratiquement, leur technique permet – éventuellement – de faire la différence entre une même reproduction d'un temple à l'autre ?!...
Il suffit pour s'en convaincre de regarder les peintures murales 2 et 3 des photos précédentes.
Il n'empêche qu'un art religieux pictural thaïlandais s'est développé insidieusement et vraisemblablement avec l'assentiment du pouvoir politique. Car les fresques murales ne se peignent pas sans un certain nombre de consultations, d'accords et d'autorisations. (*)
C'est ainsi qu'au fur et à mesure de la création de ces fresques à l'intérieur des temples, et de certaines de leurs dépendances, les peuples composant la Thaïlande se référèrent, non seulement à des textes identiques … en alphabet thaï, mais aussi à une même imagerie religieuse originaire de Bangkok !... C'est un des aspects de ce que j'appelle la … ''thaïfication''.
Le Siam semblait alors assimiler au mieux ses annexions de culture bouddhique du nord et du nord-est, mais … pas celles de culture musulmane du sud, et pour cause !...
Quelques temples construits avant la fin du XIXe siècle.
Temples de style Lanna : Les temples étaient alors en bois, quelque peu influencé par l'occupant birman, pas bien grand, puisque peu de monde, et pour cause … Chiang-Maï fut abandonné de 1776 à 1796.
Pour repeupler la région et ''ressusciter'' la ville de Chiang-Maï, le nouveau roi Phaya Kawila (พญากาวิละ) (1742-1782-1816) après avoir chassé les birmans, va … ''remettre des hommes (*) dans la ville comme on met des légumes dans un panier'' pour reprendre sa formule, en déportant à Chiang-Mai, manu militari, des milliers d'individus originaires du Sipsongpanna, une province du sud de la Chine d'aujourd'hui.
(*) En fait le mot employé était Kha (ข้า) qui se traduit par esclave ou serviteur et non homme !... (On comprend ainsi mieux l'état d'esprit de l'homme.)
Photo 1 : Le Wat Ton Kwain (วัดต้นเก๋วน) un Wat du début du XIIIe siècle rénové et classé. Il a été rebaptisé Wat Indrawat Pra Dou (วัดอินทราวาส-ประดู่) (Nom du dieu Indra + nom d'un ancien supérieur, Wat Pra Dou) à Chiang-Maï hors les murs – (Sud-ouest) - route d'Hang Dong. (Photo de 2010) Un Wat où il y a peu à voir mais … très beau et d'une sérénité remarquable.
Photo 2 : Le Wat Buppharam (วัดบุพพาราม) de Chiang-Maï hors les murs – (Est) - rue Thae Phae. (Photo 2013)
Photo 3 : Le Wat Lok Moli (วัดโลกโมฬี) de Chiang-Maï hors les murs – (Nord) près de la douve. Ce jour là, un film se tournait. (Photo de 2009)
(*) Pour mieux comprendre la situation il faut savoir qu'entre 1911 et 1947, soit en 36 ans, la population thaïlandaise est passée d'environ 8.300.000 à 18.000.000 d'habitants, et que de 1947 à 1960, soit en 13 ans, (moitié moins) elle a progressé de …52% !... pour se ralentir dans les années 1980 puis, reprendre.
Louis Gabaude donne une illustration significative concernant ce ''boum'' démographique. Il écrit que la population Siamoise de 1911 (8.300.000) était semblable, à quelques unités prêtes, à celle de la Gaule sous Jules César (52 av. JC) et qu'en 1996, la France et la Thaïlande comptaient chacune 60.000.000 d'habitants. Autrement écrit, la France à mis 2000 ans pour passer d'une population de 8.000.000 à 60.000.000 alors que la Thaïlande n'a eu besoin que de … 85 ans !...
En 2.000 la Thaïlande comptait 61.000.000 d'habitants dont 92,95% étaient bouddhistes !.... et 5,25% seulement … musulmans.
Ce qui signifie que pour se réunir et remplir leurs devoirs religieux, les laïcs bouddhiques ont du faire agrandir leurs temples ou a défaut construire de nouvelles salles de réunion (sala) et … les aménager, voire les décorer lorsque que leurs finances le permettaient ?!...
En Thaïlande le temple est un lieu de passage obligé. C'est au temple que se fêtent tous les événements. Rien ne se fait en dehors du temple. C'est autour d'un temple que se crée une communauté et non le contraire. Le temple est donc comme le cœur de cette communauté.
Concernant ''l'état des finances'' des temples, il faut aussi savoir que dans les années 1980 la Thaïlande a connu un boum économique. De ce fait une classe moyenne a émergé, et le revenu des plus défavorisés s'est aussi amélioré ; ce qui signifie que les dons aux temples ont suivi cette … amélioration des revenus.
Cette poussée démographique d'avant 1980, et l'augmentation des dons aux temples après 1980, ont été à l'origine, tout d'abord d'un besoin de constructions et ensuite de l'éclosion d'une vague de peintures murales.
En Thaïlande, comme partout ailleurs, après le clos et le couvert, vient l'aménagement intérieur de son ''toit'' ou … de son temple.
Quelques temples construits à partir de la fin du XIXe siècle et jusqu'en 1950.
Les murs de ces temples sont maçonnés, sans style particulier sauf pour les toitures, intérieurement plus vaste, car la population est en augmentation.
Au Lanna Phra Sri Vitchai (1878-1938) (พระศรีวิชัย) en 20 ans de 1918 à 1938 aurait rénové ou reconstruit plus d'une centaine de temples !... dont beaucoup à Chiang-Mai.
Photo 1 : Le Wat Buppharam (วัดบุพพาราม) de Chiang-Maï hors les murs – (Est) rue Tha Phae. (Photo 2013)
Photo 2 : Le Wat Pa Daeng (วัดป่าแดง) de Chiang-Maï hors les murs – (Nord-ouest) près du Wat U Mong (Photo 2010)
Photo 3 & 4: Le Wat Nantaram (วัดนันทาราม) de Chiang-Maï hors les murs – (Sud) (Photo 2010) Regardez bien ces deux photos, la plus ancienne n'a pas de stuc autour de ses fenêtres, alors que la plus récente en a. Ces stucs vont devenir la règle à partir des années 1950. Certains Wats sont de véritables châteaux de stucS.
Ces nouvelles constructions et ces nouvelles peintures murales ont profité à la ''thaïfication'', c'est-à-dire à la domination de la culture siamoise sur toutes les autres ; car l'art architectural et les fresques murales copiaient les modèles de Bangkok.
En conséquence l'architecture locale s'est effacée au profit d'une architecture nouvelle un peu ''tarte à la crème'' (Ce n'est que mon avis concernant les stucs) et les fresques, quand il y en avait, disparaissaient sous des fresques copiées d'après des images édifiantes bouddhiques venant des marchés de Bangkok ; des images qui font penser à des images d'Epinal pieuses, sans âme et sans vie. (Là encore ce n'est que mon avis.)
De ce fait, du nord au sud et d'est en ouest, de nombreux temples se ressemblent, et leurs fresques, à un détail près, sont pratiquement identiques !....
Mais par le biais des temples et de leurs fresques la Thaïlande, jeune nation, donnait au monde une image d'unité, destinée – sans doute - à faire oublier sa main mise sur quelques royaumes voisins. Cette ''thaïfication'' a eu pour conséquence voulue, de donner le coup de grâce aux cultures propres de ces royaumes.
Le bouddhisme fut, et est donc, un précieux allié de cette … ''thaïfication''.
Une ''thaïfication'' qui ne peut se réaliser qu'avec le concours de certaines personnes mises en place. Ainsi ce sont les supérieurs des temples qui ont le dernier mot concernant les affaires de leur Wat, et ces supérieurs ne doivent pas leur nomination au hasard, mais au pouvoir en place !...
Pour mémoire, le grand saint patron du Lanna Phra Kruba Sri Wichaï (1878-1938) (พระครูบาศรีวิชัย), un saint moine, dont la vie est racontée dans ces chroniques et dont aujourd'hui tous les bouddhistes du Lanna se revendiquent, a eu maille à partir avec le sangha du Lanna, pas le sangha de Bangkok mais du Lanna et, par deux fois il a été arrêté (1908 et 1920), par deux fois il a du se rendre à Bangkok pour s'expliquer au sujet de certaines prises de position. Il était alors carrément soupçonné de séparatisme … par les siens … et … au plus haut niveau ?!...
Certains textes laissent même entendre qu'en 1908 ''on'' aurait voulu le piéger ?!...
Viennent ensuite des temples aux murs extérieurs recouverts de nombreux stucs.
Photo 1 : L'un des derniers rénovés : le Wat Pa Daet (วัดป่าแดด) de Chiang-Maï hors les murs – (Sud). (Photo 2013)
Photo 2 : Le Wat Buppharam (วัดบุพพาราม) de Chiang-Maï hors les murs – (Est) rue Tha Phae. (Photo 2013) Il y a dans ce Wat les trois styles de bâtiments.
Photo 3 : Le Wat Hua khuang (วัดหัวข่วง) de Chiang-Mai intra-muros. (Près de la porte Chang-Puak) (Photo 2010)
Par voie de conséquence la culture qui a porté certaines populations comme celles du nord (Lanna) et du nord-est (Isaan), qui les a nourris pendant des siècles a été anémiée puis a fini par passer de vie à trépas.
C'est donc à juste titre que Laohason Phanuphong (อาจารย์ ภานุพงษ์เลาหสม) (*) a pu écrire … ''l'art du Lanna est mort à la fin du XIXe siècle'' … c'est-à-dire quelques temps après son annexion par le Siam en 1892 … en fait, pour être plus précis, c'est au début du XXe que l'art du Lanna s'est éteint.
Le ''vainqueur'' (Le Siam) a poussé son avantage sans faire dans le détail et encore moins dans la dentelle !....
Alors en raison de ce qui précède, hormis quelques fresques centenaires, les murs intérieurs de la plupart des temples du Lanna sont couverts de reproductions qui manquent de caractère et surtout … d'âme. (**)
Les peintres qui les ont reproduites ne semblent pas avoir cherché à s'investir outre mesure ?!....
(*) Laohason Phanuphong (อาจารย์ ภานุพงษ์เลาหสม) est enseignant aux beaux arts de la faculté de Chiang-Mai.
En 1908 et 1920, Phra Kruba Sri Vichaï (1878-1938) (พระศรีวิชัย) qui reçut à titre posthume le nom de ''Nak-bun-hegn-Lanna'' (นักบุญแหงลานนา) c'est-à-dire de ''saint patron du Lanna'' eut, comme je l'ai déjà signalé, maille à partir avec les autorités Siamoises qui voyaient en lui un agitateur et … un séparatiste !...
Plus près de nous en 1983, alors que venait de s'ouvrir la faculté des Beaux-arts de Chiang-Maï, l'un des professeurs, Vithi Phanichphant (a) (อาจารย์ วิถี พานิชพันธ์) reçu la visite du ministre de l'éducation de l'époque qui s'inquiétait qu'on puisse enseigner l'art et la culture du nord dans un département d'art thaïlandais. (sic.)
Vithi Phanichphant le rassura avec la verve qui lui est propre et quand il raconte cette anecdote il ne peut s'empêcher de conclure par … '' Il pensait que nous étions … ''séparatistes'' !...
Je n'exagère donc pas dans mes propos. Pour mémoire l'annexion du Lanna par le Siam date de 1892 soit … 91 ans plutôt. Nos révolutionnaires de 1789 n'ont pas fait mieux en imposant le Français aux Bretons et autres communautés !...
(**) Certains temples ont leurs murs intérieurs entièrement blancs. D'autres, en plus des 13 scènes classiques du jātakā Wessandorn, présentent des événements antérieurs ou postérieurs, c'est-à-dire intermédiaires à ces 13 scènes majeures, mais aussi d'autres jataka-s, voire des portraits de saints bonzes et, bien sûr des scènes concernant la vie de Bouddha.
(a) Vithi Phanichphant se trouve aussi écrit Phanijphand, Phanitchaphan et Vithi, Withi. Cet homme en poste aux Beaux arts de Chiang-Maï, est une des sommités universitaires concernant les arts la culture et les traditions du Lanna. De ce fait il joue un rôle de premier plan dans la renaissance de la culture Lanna mais dit-il … mon action n'est pas un retour aux racines, mais à partir des racines existantes mettre en œuvre une prolongation de notre héritage'' ce qui pourrait s'appeler développer un ''courant néo-Lanna'' voire une ''école néo-Lanna'' ?!...
Ces fresques murales ont été copiées à partir, principalement, des œuvres de trois artistes, Pednekar, Phra Thewaphinimmit (พระเทวาภินิมมิต) (1888-1942), et Hem Vajakorn ou Khru Hem (ครู เหม เวชกร) (1903-1969) mais aussi de quelques autres.
Quelques mots sur ces artistes.
Le premier d'entre eux, Pednekar, était d'origine indienne et ne semble pas avoir mis les pieds en Thaïlande ; mais ses œuvres y furent diffusées par le biais d'une compagnie indienne la ''Phutthabucha Kanphim'' (พุทธบูชาการพิมพ์) (Impressions du vénéré Bouddha) installée à Bangkok et qui aujourd'hui n'existerait plus.
Le deuxième, Phra Thewaphinimmit (พระเทวาภินิมมิต) (1888-1942), un fils d'agriculteur, a vu le jour dans le centre de la Thaïlande sous le nom de ''Si Thiamsinchaï''. Il exercera son art sous trois rois, Rama V, Rama VI et Rama VII.
Vers l'âge de 9 ans il part pour la grande ville de Nakhon Ratchasima pour apprendre à lire et à écrire. Il y apprendra aussi l'art de peindre grâce à Phra Achan Bunthung (พระอาจารย์บุญถืง) dont il sera l'élève durant sept ans. Ce professeur lui donnera aussi la main de sa nièce qui elle lui donnera sept enfants.
A 21 ans, le futur Phra Thewaphinimmit entre dans l'administration, et plus particulièrement dans le département des beaux arts, qu'il quittera une trentaine d'années plus tard en 1940, non sans avoir gravi de nombreux échelons puisqu'il terminera comme chef de la section des manuels à la division des arts traditionnels du département des beaux arts.
Il enseignera le dessin aux futurs rois Rama VIII et Rama IX, et fut l'ami du prince Naris, (1863-1947) ou Narisara Nuvattiwongse (พระยา นริศรา นุวัดดติวงศ์) le père de l'artisanat et des artisans thaïlandais, et aussi le concepteur et superviseur du temple de marbre le Wat Benchamabophit.
Pour transmettre son savoir Phra Thewaphinimmit a écrit un certain nombre d'ouvrages dont le célèbre ''Samut Tamra Laï Thaï'' (สมุดตำราลาย ไทย).
Photo 1 : Vithi Phanichphant (อาจารย์ วิถี พานิชพันธ์) est professeur aux Beaux-arts de Chiang-Mai et fer de lance de la mise en œuvre d'une renaissance de la culture du Lanna.
Photo 2 : Une très rare photo de Phra Thewaphinimmit (พระเทวาภินิมมิต) (1888-1942)
Photo 3 : Une collection de la série d'images de Phra Thewaphinimmit concernant ''Le prince Charitable''. Elle a servi de model à de nombreux peintres. La présente série fut photographiée au Wat Nantaram (วัดนันทาราม) (2013). (Elle est en très mauvais état mais certainement d'origine.)
Photo 4 : La dernière image de la précédente série mais … en bien meilleur état !....
Le troisième, Vajakorn Hem ou Khru Hem (*) (ครู เหม เวชกร) (1904-1969), est originaire de Bangkok.
Son enfance souffrira d'une ambiance familiale peu favorable à une bonne scolarité, d'autant que le jeune garçon ne s'intéressait qu'à la peinture et au dessin.
Comme les fées veillaient sur lui, durant son adolescence il fit la connaissance du peintre Italien Carlo Rigoli (1883-1962) alors chargé des fresques du palais des réceptions à Bangkok. Celui-ci le prendra sous aile quelques temps durant, et lui enseignera la peinture.
Après bien des pérégrinations marquées par son goût des sensations fortes et son amour pour le dessin, en 1930, il a alors 27 ans, il est chargé, après sélection et en vue du 150ème anniversaire de Bangkok, de rénover la peinture murale 69 du Ramakien du Wat Phra Kaeo, le Wat du Bouddha d'émeraude.
Cette rénovation lui ouvre les portes de la maison d'édition Phloenchit pour illustrer des textes de Sao Bunsanœ. C'est alors le succès, un succès qui le conduira à ouvrir sa propre maison d'édition et à collaborer avec de nombreuses autres car un bon illustrateur n'est pas forcément un bon gestionnaire.
Il sera l'auteur de nombreuses histoires de fantômes, et le roi actuel lui demandera des huiles sur toile pour offrir à ses hôtes de marque.
Khru Hem a laissé plus de 50.000 œuvres, aujourd'hui très recherchées des collectionneurs.
Le MOCA de Bangkok (Museum Of Contemporay Art) expose 48 illustrations de Khru Hem se rapportant à l'un des monuments de la littérature Siamoise, le poème épique ''Khun Chang, Khun Phaen'' (ขุนช้าง ขุนแผน).
(*) Hem Vajakorn s'écrit aussi Hem Wetchakon, ce qui semblerait plus logique ?!... et Khru se prononce Krou.
Nota bene : Les dates de vie des deux dernières personnalités varient parfois de un ou deux ans. Alors elles ne sont pas à prendre au pied … du chiffre.
Photo 1 : Vajakorn Hem ou Khru Hem (ครู เหม เวชกร) (1904-1969)
Photo 2 : La couverture de l'album du prince Wessadorn (สมุดภาพพระมหาเวสสันดร) composé des illustrations de Khru Hem.
Photo 3 : L'une des illustrations de cet album, le vil Chuchok lors du repas qui va le conduire de vie à trépas.
Photo 4 : La belle Nang Wanthong (นาง วันทอง) un portrait de l’héroïne du poème épique ‘’Khun Chang, Khun Phaen
Nota bene : Pour en savoir plus sur les fresques murales du Lanna n'hésitez pas à consulter la Thèse de Sébastien TAYAC. Une très belle œuvre. Il s'en trouve une à l'EFEO de Chiang-Maï.
'' WESSANDORN LE PRINCE CHARITABLE''
La suite en deuxième partie
(15 – CONTES ET LEGENDES)
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