MerveilleuseChiang-Mai

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SOURICEAU D'OR AUX YEUX DE BERYL (LE) (2ème partie)



LE SOURICEAU D'OR AUX YEUX DE BERYL 


(2ème partie)


Mais lorsque le ramasseur de bois mort et la pauvresse se présentèrent devant lui, il se surpassa dans son art divinatoire, car après les avoir priés de s'asseoir il leur demanda deux minutes de patience.

 

 ''.-     Le temps d'un aller et retour, précisa-t-il. ''

 

Et effectivement, les deux visiteurs n'étaient pas encore assis que le brave homme était déjà de retour, et accompagné d'un serviteur. Ce dernier, avec infiniment de précautions, portait sur ses deux avant bras un roulotté merveilleux, tissé de fils d'or et d'argent qui devaient en faire une pièce inestimable et unique au monde.


'
'.-   Je vous attendais, leur dit alors tout simplement le vénérable vieillard, cet homme, poursuivit-il en leur désignant son serviteur, comme vous le voyez, porte la pièce qui vous fait défaut pour fêter vos retrouvailles. ''

 

 

A ces mots, le couple se regarda, sans très bien comprendre où le Brahmane voulait en venir.

 

Car ce dont ils avaient besoin c'était d'une robe sortant un peu de l'ordinaire et non d'un rouleau de brocart dont les ors et les argents allaient réveiller la convoitise et la jalousie des plus honnêtes gens.

 

''.-   Vous vouliez que je vous aide, reprit le Brahmane, alors prenez cette pièce d'étoffe. Elle est précieuse à bien des titres. Ainsi, il suffit que l'un d'entre vous la pose sur ses épaules pour qu'elle se transforme tout aussitôt en l'habit que vous souhaitez porter.

 

       Un ange venu du ciel me l'a confiée tout spécialement pour vous. Car votre foi dans les trois joyaux, vos actes méritoires, et l'attention toute particulière que Bouddha porte sur vous, font que vos souhaits ne peuvent que se réaliser.

 

       Prenez grand soin de cette pièce d'étoffe. Car un don du ciel peut en cacher un autre. Et ce qui n'a plus d'utilité aujourd'hui peut en avoir demain !...

 

       Maintenant, allez en paix mes amis, et restez fidèle aux enseignements du Bouddha. Grâce au respect que vous leur porterez, vous ne manquerez jamais de rien. ''

 

Puis il se leva, les enjoignit d'en faire autant, et les raccompagna sur le seuil de sa porte avec la bonhommie qu'un brave homme peut témoigner à ses petits enfants.

 

Tout avait été dit, et tout avait été fait, sans que les deux visiteurs n'eussent prononcé le moindre mot.

 

Par contre, sur la route du retour leurs langues allèrent bon train. Jamais l'homme et la femme ne s'étaient autant parlés en si peu de temps, même à l'époque de leur vie antérieure.


Leur conversation ne tarissait pas. Car pour ne pas s'avouer qu'ils étaient pressés d'endosser la pièce d'étoffe, il fallait toujours qu'ils trouvassent quelque chose à se dire.

 

Mais, lorsqu'ils prirent quelques distances avec la ville, et se trouvèrent carrément en rase campagne, l'idée qui leur taraudait l'esprit finit par triompher de leurs convenances et de leur infinie patience.

 

Car tout d'un coup, et de conserve, ils se turent. Puis ils se regardèrent intensément, et dans un silence d'une densité portée à son paroxysme ils se prirent par la main, et coururent se cacher derrière un rideau d'herbes Kha qui se trouvait à proximité.

 

Et là, derrière ces grandes herbes, dont les plus hautes d'entre- elles atteignaient plus de la brasse (1), à l'abri des regards indiscrets et à tour de rôle, ils se couvrirent les épaules avec le rouloté d'ors et d'argents.

 

 

Le Brahmane les avait pourtant prévenus, mais dès la première métamorphose du tissu, ils n'en crurent pas leurs yeux. En un clin d'œil la pauvresse avait été revêtue d'une toilette royale. Puis dans les secondes qui suivirent, elle porta une parure identique à celles des femmes qui accompagnent les caravaniers les plus riches venant des royaumes d'occident.

 

 

Comme la pauvresse ne se lassait pas d'essayer toilette sur toilette, et que la nuit commençait à tomber, son compagnon, fort aimablement d'ailleurs, dut mettre un terme à son jeu d'essayage.

 

 

Bref !... Le coupon d'ors et d'argents pouvaient reproduire sur le champ et à l'infini tous les vêtements existant de par le monde. Alors grâce à lui, la grande fête qu'allaient donner les deux sujets s'annonçait sous les meilleurs auspices. L'hôtesse allait pouvoir faire honneur tant à son époux qu'à ses invités et à l'événement à fêter en portant une robe de circonstance.

 

(1) La brasse équivaut à environ un mètre quatre-vingt.


Dans les jours qui suivirent, les deux conjoints préparèrent avec fébrilité, mais aussi avec beaucoup d'attention, leur fête.

 

Car ils voulaient que ces agapes marquassent avec éclat tant le début de leur nouvelle vie en commun, que les retrouvailles qui concernaient leur ancienne union dans une vie antérieure.

 

 

Pendant ce temps, et toujours du fond de sa grotte de Vijula, Bouddha, tout en méditant, continuait à veiller au bien-être du ramasseur de bois mort et de sa compagne.

 

Et lorsque la fête ne fut plus qu'à quelques jours, il se dit que l'heure était venue de permettre à cet homme et à cette femme de se délivrer de la pauvreté à tout jamais, eu égard à leurs actes méritoires.

 

Alors, du fin fond de sa caverne, le Bodhisatta se dématérialisa et alla se réincarner auprès d'un couple de souris dont la femelle venait de mettre bas.

 

Ces petits animaux vivaient alors sur la rive de l'Acîravatî, (ƒ) l'une des rivières les plus connues du royaume de Bâranasî.

 

 

Le jour de la naissance de leur portée, les deux souris ne savaient plus où donner de la tête.

 

Car non seulement elles héritaient de sept petits, mais l'un d'entre eux sortait de l'ordinaire.

 

En effet, tandis que six des souriceaux portaient un fin pelage de poils gris, et arboraient des yeux de couleur noire, semblables à ceux de leurs parents, le septième et dernier né, était lui, tout recouvert de tout petits poils d'or, et possédait des yeux verts et brillants comme le béryl !

 

Après maintes et maintes observations les parents durent se rendre à l'évidence. Les poils du dernier né, bien qu'aussi fins, aussi beaux et aussi souples que ceux de ses frères et sœurs, au lieu d'être d'origine animal, étaient bel et bien en or.


Quant à ses yeux, bien qu'aussi vifs, aussi expressifs et aussi attendrissants que ceux de ses frères et sœurs, au lieu d'être de chair et de sang, étaient bel et bien en pierre précieuse.

 

Mais pour ce couple de souris, en bons parents, les particularités du petit dernier n'allaient pas les empêcher de l'aimer tout autant que ses frères et sœurs.

 

 

Hélas, le jour où le petit dernier né des souriceaux mit le nez dehors pour la première fois, à cause des reflets du soleil sur son pelage d'or, et sur ses yeux d'émeraude, il attira sur lui, et en l'espace d'un éclair, le regard de tous les prédateurs de la région.

 

Heureusement, comme le souriceau d'or aux yeux de béryl ne manquait ni de ressources ni d'agilité, voire de ruse, il parvenait toujours à échapper aux dangers qui s'abattaient sur lui, ou qui l'attendaient sur son passage.

 

Mais la chance ne dure qu'un temps, même pour les souriceaux d'or aux yeux de béryl, car il n'est pas rare, en ce bas monde, de rencontrer plus rapide que soi, ou plus malin.

 

Et, il peut être dans l'ordre des choses que la supériorité d'autrui serve à l'accomplissement d'événements prévus … depuis la nuit des temps !...

 

Bref !... Un chasseur, qui avait l'habitude de prendre son gibier sur la rive de l'Acîravatî, non loin du nid des souris, aperçu le souriceau d'or aux yeux de béryl dès sa première sortie du nid.

 

Et il observa d'autant mieux le souriceau, que ce dernier, loin de fuir l'abominable prédateur humain, tourna et retourna autour de lui jusqu'à lui passer une vingtaine de fois entre les jambes.

 

Autrement dit, si le souriceau d'or aux yeux de béryl avait voulu attirer l'attention du chasseur sur lui, il n'aurait pas agi autrement.

 

Et ce fut en le voyant trottiner à ses pieds, que l'idée de le capturer vivant, germa dans l'esprit du braconnier. Car, pensa-t-il :

 

''.-   Cette ''drôle de bestiole'', comme il disait, pourrait faire un excellent jouet pour mes gosses. ''


Alors cet être sans scrupule, qui ne respectait rien, ni la vie des animaux et encore moins les cinq et huit préceptes enseignés par Bouddha, imagina sur le champ un piège pour attraper vivant le souriceau d'or aux yeux de béryl !...

 

Et, lorsque son invention machiavélique fut mise au point, il rentra chez lui en se frottant les mains pour y préparer le matériel nécessaire à sa fabrication.

 

Puis il coucha, impatient d'être au lendemain, et s'endormit en voyant déjà ses … ''gosses'' maltraiter et jouer avec le souriceau d'or aux yeux de béryl.

 

 

Tandis que le chasseur rabattait ses lourdes paupières et sombrait dans le néant de sa vacuité, à un bon yojana de chez lui, dans la demeure du ramasseur de bois mort, le sommeil avait déjà achevé son œuvre depuis bien longtemps.

 

Car si la fête n'était plus qu'un lointain souvenir, ses fatigues par contre, comptaient encore parmi les réalités du quotidien. Alors chacun des deux époux, depuis cinq ou six nuits, tombaient de sommeil à peine couchés. 

 

Cependant, durant cette nuit là, et alors que le ramasseur de bois mort dormait  profondément, sa femme, elle, vers le petit matin, se laissa happer par un rêve … un tantinet … énigmatique.

 

En effet, elle rêva qu'elle était en chemin pour aller dénicher un trésor déposé par le soleil, qui commençait alors tout juste à émerger, majestueusement, de derrière l'horizon.

 

Car, d'après certaines légendes, lorsque le soleil se lève, il aurait pour habitude de laisser derrière lui, juste sur les lieux de son lever, un trésor ; mais un trésor qui ressemble à tout, sauf à un trésor !...

 

Donc, la femme avançait légère et confiante, certaine qu'elle allait dénicher ce trésor. Quand brusquement, surgissant de terre, tel un diable de farces et attrapes bondissant hors de sa boîte, une espèce d'individu hors norme, traînant avec lui toute la laideur du monde, vint s'interposer entre la pauvresse et l'astre du jour.


Et cette monstruosité, dont la marcheuse ne percevait que l'horrible silhouette, d'un noir plus noir que la suie, l'empêcha de poursuivre son chemin, tout en lui cachant entièrement le soleil.

 

 

Après quelques secondes de stupeur, somme toute normales, bien décidée à ne pas se laisser impressionner par ce vis-à-vis, la femme du ramasseur de bois mort au moyen de quelques mouvements de tête fort appropriés, chercha à saisir quelques-uns des traits de cet être abominable.

 

 

Mais, ses efforts restèrent vains !

 

Pas un indice ne lui permit de savoir si elle avait en face d'elle un scélérat, ou plus simplement un malotru qui ne respectait rien, et qui sans vergogne foulait des pieds tant la beauté d'un lever de soleil que les égards qui sont dus à une femme.

 

 

Comme le temps passait inexorablement, et que la détestable crasse s'obstinait à camper sur sa position, interdisant tout passage, l'atmosphère allait en s'alourdissant.

 

Et puis soudain, alors que la tension était à son comble, au beau milieu de l'abominable forme difforme, là où devait se trouver son nombril, l'apparition d'une espèce de petite lueur blanchâtre vint tout désamorcer.

 

 

D'abord de contours imprécis, ce halot falot, au fur et à mesure que sa teinte s'affirmait, prenait une forme zoomorphe.

 

Puis, lorsque la couleur de l'objet qui se révélait fut identique à celle des tuiles vernissées qui recouvrent les temples, des gouttes d'eau d'or et d'argent se mirent alors à suinter sur la terre cuite.

 

Car cet objet en forme de petit rongeur, tenu par l'incroyable et odieuse créature, était une gargoulette.

 

Mais une gargoulette magique d'où naissait une source d'eau intarissable à la fois fraîche et parfumée, et dont le filet charriait tout autant d'eau que de pépites d'or et d'argent !...


La femme, séduite par cet objet en forme de petit animal, n'avait d'yeux que pour lui, et elle alla jusqu'à oublier la présence du monstre qui lui faisait face.

 

Alors celui-ci, mettant à profit ce moment d'inattention, dans un grand éclat de rire diabolique, et juste après avoir fait mine de lui tendre la gargoulette, envoya la poterie rejoindre la cime des arbres les plus hauts !...

 

En voulant rattraper l'objet de sa fascination, la pauvresse s'élança sans prendre garde.

 

Alors elle bouscula l'ignoble sire, et …se réveilla … en sursaut.

 

 

Son retour à la réalité fut si brutal et si violent qu'il en réveilla son mari. Et alors, sans perdre une minute, elle se mit à lui raconter tout son rêve, et dans les moindres détails.

 

 

Le ramasseur de bois mort qui n'était pas un expert dans le décryptage des rêves mais qui pressentait qu'il était porteur d'un message d'importance, proposa à sa femme d'aller en parler au Brahmane.

 

Comme son épouse trouva l'idée excellente, ils se mirent en route sur le champ, mais non sans voir emporté avec eux la pièce d'étoffe brodée d'ors et d'argents que le brahmane leur avait confiée.

 

''.-   Nous n'en avons plus l'utilité, avait dit le mari, alors le brahmane sera sûrement content de la récupérer pour en faire don à quelqu'un d'autre. ''

 

Sa femme partageait bien cet avis, mais comme elle s'était attachée sentimentalement à ce roulotté d'ors et d'argents, elle l'aurait bien volontiers conservé !...

 

Et puis sa foi dans les trois joyaux, sa volonté de rester fidèle aux enseignements de Bouddha et son désir d'accumuler les actes méritoires, eurent rapidement raison de ses petites réticences.


La route était longue, entre leur demeure et celle du brahmane, mais la curiosité leur avait donné des ailes. Car le soleil n'était pas encore levé qu'ils étaient déjà devant la porte de celui qui a réponse à tout.

 

Mais à cause de l'heure matinale ni l'un ni l'autre n'osait frapper au portail de la maison du vieil homme, de peur sans doute de le réveiller et de risquer de le mettre de fort mauvaise humeur.

 

''.-   Vous avez bien fait de ne pas avoir perdu de temps, leur dit alors une voix qu'ils reconnurent instantanément, et vous avez bien fait de ne pas tambouriner à ma porte, car vous auriez réveillé tout le voisinage sans pour autant m'alerter. Comme vous le voyez, je vous attendais. Je savais qu'au retour de ma promenade aurorale, j'allais vous trouver devant chez moi.

 

       Vous savez, à mon âge on ne dort plus beaucoup alors j'en profite pour aller de bon matin par les chemins et aussi dans les rêves d'autrui, sentit il bon de préciser. C'est le privilège de l'âge. ''

 

Puis se tournant vers la femme du ramasseur de bois mort il poursuivit :

 

''.-   Femme, c'est un beau rêve que vous avez fait. Vous êtes sur le point de recevoir les fruits de tous vos actes méritoires.   La fortune et l'abondance sont à votre porte. Mais écoutez       bien ce que j'ai à vous dire à ce sujet !... ''

 

Le brahmane regarda tour à tour et, avec attendrissement, chacun de ses deux visiteurs. Puis il poursuivit :

 

''.-   La quête que vous allez entreprendre dès maintenant n'est pas sans risque. Mais si vous n'écoutez que votre cœur et si vous ne vous fiez qu'à votre sentiment vous n'aurez à l'avenir qu'à vous en féliciter.

 

       Dès aujourd'hui, et sans plus attendre, remontez le cours de l'Acîravatî en direction de l'est. Et marchez jusqu'à ce que vous trouviez un trésor qui ressemble à tout, sauf à un trésor.

 

       Celui-ci sera pour vous la source de richesses considérables et d'une opulence que vous ne pouvez pas soupçonner. ''


Comme le vieillard venait de s'interrompre un court instant, le ramasseur de bois mort voulut en profiter pour lui rendre le roulotté d'ors et d'argents.

 

Mais d'un geste le brahmane l'interrompit et lui dit :

 

''.-   Non non, cette pièce d'étoffe vous appartient. Elle est à vous, et à vous seuls. Car elle est unique et n'a été tissée que pour vous. Personne d'autre que vous ne peut la posséder.

 

Alors prenez-en grand soin. Et souvenez-vous de mes paroles lors de notre première rencontre, ''un don du ciel peut en cacher un autre '', et ''ce qui n'a plus d'utilité maintenant peut en avoir demain'' ou peut-être bien … dans les heures qui viennent !...

 

       Maintenant, allez-en paix mes amis, il est temps que vous partiez pour que s'accomplissent les desseins divins.

 

       Et surtout, n'oubliez pas de restez fidèle aux enseignements du Bouddha. Grâce au  respect que vous leur porterez, vous ne manquerez jamais de rien. ''

 

Puis très paternellement, l'interprète des livres sacrés et des rêves profanes posa ses vieilles mains, nacrées de tâches brunes, sur les omoplates de ses deux patients.

 

Et d'une légère pression il les encouragea à aller de l'avant en marchant droit devant eux.

 

C'est-à-dire vers l'endroit où le soleil allait très bientôt se lever !...

 

 

Le cours de l'Acîravatî, après avoir flâné langoureusement en rase campagne durant mille ou mille cinq cents brasses, sortait ensuite d'une obscure forêt, une forêt fantasmagorique.

 

Une région dans laquelle les deux époux ne s'étaient jamais aventurés, comme d'ailleurs la plupart des habitants de Bâranasî.


Car d'après les dires de ces derniers, il était dangereux de se hasarder dans ce bois … fantasmagorique, surtout après le coucher du soleil et … avant son lever !...


L'immense sylve fantasmagorique avait acquis cette mauvaise réputation à la suite de diverses et de nombreuses disparitions humaines qui auraient été causées par sa végétation.

 

En effet, la flore de ce bois était si dense qu'en certains coins, sans l'intrusion inopinée d'un rayon de soleil, l'œil le plus sensible et le plus exercé n'était guère plus efficace que les deux yeux d'un aveugle.

 

 

Alors les quelques téméraires qui s'y seraient perdus, et dont on affirmait entendre leurs appels au secours lors des nuits de pleine lune, seraient encore à chercher leur chemin de retour.

 

Car à Bâranasî, on vivait alors jusqu'à cinq mille ans, et un siècle dans la vie d'un homme, même pour retrouver son chemin, ce n'était pas la mer à boire  !...

 

 

 

Bref !... Les ténèbres du soir, dans maints espaces de cette forêt tropicale, régnaient en maître, de nuit comme de jour. Alors, il était tout simplement et tout bonnement dangereux de s'y aventurer !....

 

 

Cependant, le ramasseur de bois mort et sa femme voulaient trouver leur trésor et comme le brahmane leur avait dit de marcher en direction de l'est, ils n'avaient pas d'autre choix que de pénétrer dans l'obscure et fantasmagorique forêt.

 

Alors l'homme, en tant qu'ancien ramasseur de bois mort et fin connaisseur de la ''chose sylvestre'', dit à sa femme, et avec un certain bon sens :

 

''.-   Femme, ne me perds jamais des yeux. Et ne nous écartons jamais du bord de la rivière. Car c'est elle, quoi qu'il arrive, qui nous ramènera à la ville.

 

 

Puis s'encourageant mutuellement au moyen d'un regard et d'un sourire empreints d'affection, ils se courbèrent, passèrent sous les premières frondaisons, et entrèrent dans la forêt fantasmagorique.


Après avoir marché un bon moment, en composant avec la végétation et la pénombre, ils avaient fini par voir le soleil se lever.

 

Alors sur la berge de la rivière, dans l'obscurité profanée par quelques rayons timides et indiscrets certaines ombres prenaient quelques couleurs. Et certaines d'entre elles, même, s'animaient.

 

C'était tout simplement la nature qui se réveillait, et en étroite communion avec l'astre du jour.

 

 

 

L'attention des deux époux fut alors très vite sollicitée par toutes sortes de choses. Car la nature, en cette forêt comme partout ailleurs, ne manquait pas de sujets d'émerveillement.

 

Mais très vite, ce furent des éclats de lumière, semblables aux effets d'un rayon de soleil qui ricoche sur la surface d'un miroir, qui intriguèrent les deux aventuriers, quelque peu … innocents et inconscients des dangers qui les attendaient !...

 

 

Instantanément, ces rayons leur donnèrent la conviction qu'ils allaient toucher au but de leur quête. Alors ils hâtèrent le pas.

 

Mais plus ils se rapprochaient du lieu, d'où jaillissaient à profusion, les éclats du soleil, et plus les flashs se raréfiaient et devenaient de moins en moins intenses. C'était comme si l'énergie, qui était à la source de cette lumière, s'épuisait.

 

 

Alors, tenaillée par une espèce d'appréhension bizarre, qu'elle ne pouvait plus contrôler, et malgré les conseils de prudence donnés par son mari, la femme se mit à courir à en perdre haleine.

 

Quelque chose, dans le plus profond de son cœur, lui disait qu'il fallait éviter le pire.


(suite dans la 3ème partie.)



12/03/2010
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