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WESSANDORN, LE PRINCE CHARITABLE - 547ème JATAKA 4/6

 

WESSANDORN, LE PRINCE CHARITABLE -  547ème JATAKA 4/6

(L'avant dernière renaissance du futur bouddha Sakamuni.)

                               มหาเวสสันดรชาดก

                           (Maha Wetsandon Chadok) ou (Maha Wessandon Chadok)

                                   Et aussi Vessantara jātakā

 

                         - Quatrième Chronique –

         … et première partie de la Troisième partie …

 

 

 

Les jātakā-s sont à l'origine des contes populaires. Alors dans la présente chronique le jātakā intitulé ''Wessandorn le Prince charitable'' est réécrit très librement comme s'il était un conte occidental mais, en prenant soin de ne rien enlever à son contenu symbolique et religieux.

L'objet de ce  jātakā est de mettre en valeur le don de soi. Ce don est la 1ère des 10 vertus qu'un ''bodhisattva'', c'est-à-dire un être destiné à recevoir l'illumination pour ensuite devenir un Bouddha, doit faire sienne par un mode de vie adéquate au cours de ses différentes réincarnations.

En conséquence ce jātakā narre et détaille le parcours qui a conduit le ''bodhisattva'' ou le prince Wessandorn à porter à son paroxysme ce don de soi dont l'acte ultime de générosité est de donner son corps, ses yeux et son sang.

 

Nota bene :

Pour en savoir plus sur l'origine des jātakās, et comment la peinture murale du Lanna s'est éteinte et a été remplacée par des fresques communes à toute la Thaïlande, veuillez vous reporter à la 1ère chronique de cette série.

 

 

                     

 

 

Fresque réalisée par des T'aï Yai, donc des Shans au début du XXe siècle. (Vers les années 1900).

Photo 1 : Une fresque murale du Wat Buak Krok Luang (วัดบวกครกหลวง) de Chiang-Mai hors les murs (Est) de plus de 120 ans (en 2013) qui avec celles du viharn Lai Kham (วิหารลายคำ) du Wat Phra Singh Woramahaviharn (วัดพระสิงห์วรมหาวิหาร) de Chiang-Maï intra-muros, sont les deux plus anciennes peintures murales de la région de Chiang-Mai. (Il y en existe encore dans d'autres villes du Lanna.)

 

Elle est de style Lanna, et illustre le jātakā ''Wessandorn le Prince charitable'' ou ''Vessantara'' au moyen de nombreuses scènes entremêlées qui au fur et à mesure du conte seront reprises en gros plans.

 

 

 

                                    Vessantara jātakā

 

Chapitre 1 : Les dix souhaits ou Les dix faveurs

กัณฑ์ที่ 1 - Thot phon (ทศพร) - (un chapitre de 19 stances)

 

Il était une fois, dans le plus haut des cieux, un dieu qui s'appelait Indra, Phra Indra (พระอินทร์). Phra Indra n'avait de cesse qu'à œuvrer pour le bien de l'humanité et de se mettre au service de Bouddha.

Lorsque commence notre histoire, Indra préparait la venue sur terre d'un … bodhisattva ; c'est-à-dire d'un être dont le destin était de devenir un Bouddha pour guider l'humanité dans les temps futurs.

De nombreuse fois déjà, ce … bodhisattva était venu sur terre, tant pour se préparer à sa grande mission que pour aider les hommes.

Cette fois son destin était de porter à la perfection ''sa'' générosité. Il devait apprendre à tout donner, y compris ses yeux, sa chair et son sang.

Pour descendre sur terre et se réincarner en homme, Indra devait lui trouver des parents qui soient dignes de cette mission !...

 

Déjà le roi des dieux savait qui allait être le père du bodhisattva.

Il s'agissait du fils du roi ''Sivi Maharaj'' (สิวิมหาชาติ). Un roi qui régnait en la bonne ville de Jayatoura (Vidarbha) appelée aussi Sivi et dont la femme allait mettre au monde un garçon qui prendrait le nom de …. Sanjay (สัญชัย), Phra Chao Krung Sanjay (พระเจ้ากรุงสญชัย) ou le prince Sanjay. (Prononcer San'chaï)

Pour être la mère du bodhisattva, Indra s'était adressé à la fille d'une Deva dont les vies antérieures avaient été remarquées et remarquables.

 

Ainsi, dans l'une de ses vies antérieures, alors qu'elle parfumait une cellule où résidait le bouddha, cette Deva avait fait le vœu d'enfanter un bouddha.

Dans une autre, cette fois là elle était la sixième des sept filles du roi Kikiraja, (พระเจ้ากิกิราช) la princesse Suthamma, (พระนางสุธรรมา) c'était alors son nom, était toujours par monts et par vaux à donner l'aumône.

Enfin dans une troisième vie, une vie encore à venir,  il était convenu que sous le nom de Maya, ou la princesse  Siri Maha Maya (พระนางสิริมหามายา) elle mettrait au monde … Bouddha lui-même !...

 

Cette fois encore la jeune Deva accepta d'emblée la demande du dieu Indra mais, après avoir donné son acceptation elle demanda au dieu des dieux … 10 faveurs !... que ce dernier lui accorda sans la moindre restriction !...

 

      

 

 

 

                     Illustrations des ''dix souhaits'' au Lanna selon les époques.

 

Peinture réalisée vers la fin du milieu du XXe siècle. (Avant les années 1950).

Photo 1 : Une peinture murale du viharn du Wat Bouppharam (วัดบุพพาราม) de Chiang-Mai hors les murs. (Est)

 

Peinture réalisée à partir du milieu de XXe siècle. (A partir des années 1950).

Photo 2 : Une peinture murale du viharn du Wat Fon Soï (วัดฟ่อนสร้อย) de Chiang-Mai intra-muros.

 

Peinture réalisée fin du XXe et début du XXIe siècle. (Néo-Lanna) (A partir des années 1990 … environ.)

Photo 3 : Une fresque du viharn du Wat Sri Ping Muang (วัศรีปิงเมือง) de Chiang-Maï hors les murs. (Sud).

 

 

Chapitre 2 : LE JARDIN D'EDEN DE L'HIMALAYA :

กัณฑ์ที่ 2 - Himaphan (หิมพานต์) - (un chapitre de 134 stances)

 

Ainsi qu'Indra l'avait prévu, quand il fut en âge de se marier le jeune Sanjay (สัญชัย) n'eut que l'embarras du choix, car toutes les jeunes filles alentours ne rêvaient que de lui.

Les astrologues de la cour, après avoir consulté les augures, lui conseillèrent d'épouser la fille du roi de Maddaraja ; la princesse Phusadi, (พระนางผุสดี) une princesse, comme Indra le savait, aux vies antérieures remarquées et remarquables et, à la beauté incomparable ; car avant qu'elle ne se réincarne Indra avait accepté que ses dix souhaits deviennent réalité …

1.   avoir un corps tout en délicatesse !...

2.   avoir des cheveux d'une noirceur éternelle !...

3.   avoir des yeux aussi noirs que ceux d'une biche !...

4.   avoir des sourcils comme le noir de ses yeux !...

5.   avoir des seins d'une éternelle jeunesse !...

6.   avoir un ventre d'un bel arrondi lorsqu'elle serait enceinte !...

7.   avoir un fils bon et charitable !...

8.   naître sous le nom de Princesse ''Phusadi'' !...

9.   devenir la reine du beau et riche royaume de ''Sivi '' !... et …

10.               pouvoir sauver un prisonnier sur le point d'être exécuté !...

Alors comme il avait été dit, sa beauté fut conforme à ses vœux, elle devint reine de Sivi et … quelque temps plus tard son ventre prit la forme d'un bel arrondi.

Lorsque son enfant vint au monde, elle était en ville au côté de son mari, dans le quartier des commerçants. Et là, à la stupéfaction générale, à peine sorti des entrailles de sa mère, l'enfant se mit debout, demanda un sac de mille pièces d'or et … donna l'aumône jusqu'au dernier sou.

Ce même jour une éléphante mis bas un éléphanteau blanc que le peuple accueillit avec allégresse, car c'était un signe de prospérité pour le royaume. Grâce à lui les récoltes ne manquerait plus d'eau et allaient être belles et abondantes.

Le prince fut appelé ''Wessandorn'' et l'éléphanteau Patchai Nak ou Patchai Nakène (ปัจจัยนาค ou ปัจจัยนาเคนทร์).

 

Au cours de son enfance le prince Wessandorn n'avait de cesse qu'à donner tous ses biens, y compris les plus chers et les plus précieux. Au début les bénéficiaires de sa générosité s'empressèrent de s'en plaindre à son père, le roi. Mais lorsque le roi demanda des explications à son fils,  Wessandorn lui répondit du haut de ses quatre ans :

''Père … je ne dois pas m'attacher aux bijoux et aux objets de valeur que je possède. Si je devais donner mes yeux pour que les aveugles voient, mon cœur et mon sang pour que les malades retrouvent la santé je le ferai avec le plus grand des plaisirs, car il n'y a pas de plus grand don que celui de sa personne.

Après avoir entendu ces paroles son père, non sans une pointe de fierté à l'égard de son fils, le laissa désormais donner tout ce que bon lui semblait !...

 

     

 

 

 

         Illustrations du jardin d'éden de ''Himalaya'' ou ''l'offrande de l'éléphant''.

 

                                                                   En Isaan

Peinture réalisée au début du XXe siècle. (Vers les années 1920).

Photo 1 : Un extrait d'une fresque murale du Wat Sanuan Wari Phatthanaram (วัดสนวนวารีพัฒนาราม) de la province de Khon Kaen (ขอนแก่น).

 

                                                                   Au Lanna

Fresque réalisée au début du XXe siècle. (Vers les années 1900).

Photo 2 : Un extrait d'une fresque murale du viharn du Wat Buak Krok Luang (วัดบวกครกหลวง) de Chiang-Mai hors les murs (Est).

 

Peinture réalisée vers la fin du milieu du XXe siècle. (Avant les années 1950).

Photo 3 : Une peinture murale du viharn du Wat Bouppharam (วัดบุพพาราม) de Chiang-Mai hors les murs. (Est).

 

 

Quand il fut en âge de se marier le prince Wessandorn épousa la princesse Mathri (Maddi), (พระนางมัทรี) la fille de Phra Matula (พระมาตุลา) ou de Maddaraja, (มาททาราชา) le roi d'un royaume voisin.

Cette princesse lui donna deux beaux enfants, d'abord un garçon Jali, (ชาลี) et ensuite une fille Kanha (กัณหา) ou Kanhajina. (กัณหาชินา) Mais malgré tout l'amour que le prince Wessandorn portait à sa famille, il n'arrêtait pas, à dos de son éléphant blanc de faire la charité et de soulager les miséreux.

 

Un jour, alors qu'il était en tournée de bienfaisance, des envoyés d'un royaume voisin, dont la paupérisation allait grandissante en raison d'une sécheresse persistante, vinrent lui demander … le don de son éléphant blanc !...

Le prince Wessandorn fut d'abord étonné par la demande, puis après réflexion il mit pied à terre, la trompe de son pachyderme dans la main du chef des huit brahmanes et leur dit … ''Je ne dois pas m'attacher aux biens que je possède. Si je devais donner mes yeux pour que les aveugles voient, mon cœur et mon sang pour que les malades retrouvent la santé je le ferai avec le plus grand des plaisirs, car il n'y a pas de plus grand don que celui de sa personne. Alors que ce présent aide votre royaume à retrouver le bonheur et la prospérité. ''

 

Le cœur en joie les brahmanes s'en retournèrent dans leur pays mais … sous les hués et les jets de pierres des sujets du royaume de Sivi ; car ces derniers étaient persuadés, qu'avec le départ de l'éléphant blanc, leur pays perdait son palladium et allait courir à la désolation.

 

Le roi du royaume de Sivi qui redoutait depuis toujours un acte de ce genre, en accord avec ses ministres et les plaignants venus l'alarmer, décida alors d'exiler son fils afin de mettre les biens du royaume à l'abri des convoitises des rois voisins … peu scrupuleux !...

 

L'exil eut l'art de satisfaire tout le monde. Alors les plaignants quittèrent le palais rassérénés, tandis que le roi tiraillé entre  la pureté des intentions de son fils et la nécessité de gouverner avec sagesse son royaume, se dirigea vers les appartements du prince Wessandorn pour lui demander de quitter … à jamais … le royaume de Sivi.

A l'annonce de son exil, sans s'émouvoir le prince répondit à son père ''Père la charité est ma raison d'être. Si je devais donner mes yeux pour que les aveugles voient, mon cœur et mon sang pour que les malades retrouvent la santé je le ferai avec le plus grand des plaisirs car il n'y a pas de plus grand don que celui de sa personne. Nul ne peut ébranler ma volonté même si l'on devait me couper en sept morceaux. ''

 

    

 

 

 

         Illustrations du jardin d'éden de ''Himalaya'' ou ''l'offrande de l'éléphant''.

 

                                                                   Au Lanna

 

Peinture réalisée par des Shans à une époque indéterminée ?!...

Photo 1 : Un extrait d'une fresque murale de l'ubosot du Wat Papao (วัดป่าเป่า) de Chiang-Mai hors les murs (Nord) – Ce Wat est fréquenté par des Shans ce qui explique les tenues vestimentaires des personnages.

 

Peinture réalisée à partir du milieu de XXe siècle. (A partir des années 1950).

Photo 2 : Une peinture murale du viharn du Wat Chetawan (วัดเชตวัน) de Chiang-Mai hors les murs. (Est).

 

Peinture réalisée fin du XXe et début du XXIe siècle. (Néo-Lanna) (A partir des années 1990 … environ.)

Photo 3 : Un extrait d'une fresque néo-Lanna du viharn du Wat Loi Khro (วัดลอยเคราะห์) de Chiang-Mai hors les murs (Est).    

 

 

Chapitre 3 : L'EPISODE DE L'AUMONE :

กัณฑ์ที่ 3 : THAN KAN (ทานกัณฑ์) - (un chapitre de 209 stances)

Le lendemain matin, le prince Wessandorn après avoir distribué tous ses biens, alla prendre congé de ses parents avec à ses côtés sa femme, la princesse Mathri, et ses deux enfants Jali et Kanha.

Car pour être certaine de suivre son mari dans son exil pour partager son sort, depuis la veille au soir, la princesse s'attachait à chacun de ses pas. Elle ne voulait pas que par charité il s'en aille sans elle et leurs enfants.

 

La veille au soir déjà, le prince Wessandorn avait tenté de persuader son épouse de l'oublier et de prendre un nouveau compagnon. Car il estimait que les siens n'avaient pas à subir la conséquence de ses actes.

Mais la princesse Mathri argumenta tant et si bien que le prince s'était laissé fléchir et avait accepté que sa femme et ses enfants soient de son exil.

 

Alors, après des adieux touchants, le prince et sa famille s'installa dans un char attelé à quatre magnifiques chevaux qui, sans plus attendre, dans un trot d'une élégance rare, prirent la route de l'exil, la chaussée de la forêt des austérités !...

 

Chemin faisant, quatre brahmanes se mirent au travers de la route de l'attelage et demandèrent au prince l'aumône de ses quatre chevaux. Sans hésiter une seule seconde le prince Wessandorn les leur donna tout en disant ''la charité est ma raison d'être. Si je devais donner mes yeux pour que les aveugles voient, mon cœur et mon sang pour que les malades retrouvent la santé je le ferai avec le plus grand des plaisirs, car il n'y a pas de plus grand don que celui de sa personne.

 

Le dieu des dieux, Indra, qui veillait au bon accomplissement de son œuvre fit alors en sorte pour que quatre biches remplaçassent ''miraculeusement'' les quatre chevaux.

 

    

 

 

 

             Illustrations de ''l'épisode de l'aumône'' ou ''l'offrande de l'attelage''.

 

                                                                   En Isaan

Peinture réalisée au début du XXe siècle. (Vers les années 1920).

Photo 1 : Un extrait d'une fresque murale du Wat Sanuan Wari Phatthanaram (วัดสนวนวารีพัฒนาราม) de la province de Khon Kaen (ขอนแก่น).

 

                                                                   Au Lanna

Fresque réalisée au début du XXe siècle. (Vers les années 1900).

Photo 2 : Un extrait d'une fresque murale du viharn du Wat Buak Krok Luang (วัดบวกครกหลวง) de Chiang-Mai hors les murs (Est).

 

Peinture réalisée par des Shans à une époque indéterminée ?!...

Photo 3 : Un extrait d'une fresque murale de l'ubosot du Wat Papao (วัดป่าเป่า) de Chiang-Mai hors les murs (Nord) – Ce Wat est fréquenté par des Shans ce qui explique les tenues vestimentaires des personnages.

 

 

 

Avec l'attelage de biches, les voyageurs eurent l'impression de glisser en douceur sur un coussin d'air. Mais ce plaisir ne dura qu'un temps. Car lorsque les enfants demandèrent à mettre pied à terre pour se dégourdir les jambes, un brahmane que personne n'avait vu venir demanda l'aumône du char.

Sans hésiter un seul instant le prince Wessandorn le lui donna tout en disant : ''la charité est ma raison d'être. Si je devais donner mes yeux pour que les aveugles voient, mon cœur et mon sang pour que les malades retrouvent la santé je le ferai avec le plus grand des plaisirs car il n'y a pas de plus grand don que celui de sa personne. ''

 

A peine le prince Wessandorn avait-il terminé de prononcer ces mots que les biches s'étaient volatilisées dans la nature comme par enchantement et que le brahmane et son char en avaient fait tout autant !...

 

N'ayant pas d'autre solution que de poursuivre sa route à pied, le prince Wessandorn prit son fils jali dans ses bras, tandis que la princesse Mathri en fit autant avec la petite Kanha. Puis serrant bien fort contre eux leur enfant,  le couple s'enfonça dans la forêt et alla droit devant lui, en prenant soin de ne jamais quitter la chaussée de la forêt des austérités !...

 

    

 

 

 

             Illustrations de ''l'épisode de l'aumône'' ou ''l'offrande de l'attelage''.

 

                                                                   Au Lanna

 

Peinture réalisée vers la fin du milieu du XXe siècle. (Avant les années 1950).

Photo 1 : Une peinture murale du viharn du Wat Bouppharam (วัดบุพพาราม) de Chiang-Mai hors les murs. (Est).

 

Peinture réalisée à partir du milieu de XXe siècle. (A partir des années 1950).

Photo 2 : Une peinture murale du viharn du Wat San Pa Liang (วัดสันป่าลียง) de Chiang-Mai hors les murs. (Sud-est).

 

Peinture réalisée fin du XXe et début du XXIe siècle. (Néo-Lanna) (A partir des années 1990 … environ.)

Photo 3 : Un extrait d'une fresque néo-Lanna du viharn du Wat Ta Mai I (วัดท่าใหม่ อิ) de Chiang-Mai hors les murs (Sud).

 

 

Chapitre 4 : LA MARCHE DE L'EXIL ou LA JOURNEE DE PHRA VET

กัณฑ์ที่ 4 : VAN PHA VET (วนปเวสน์) - (un chapitre de 57 stances)

 

Les époux marchèrent tant et tant sur la chaussée de la forêt des austérités, que la fatigue les obligea à se reposer quelques heures durant.

 

Mais le dieu Indra, qui ne perdait pas de vue les exilés, sut avec habileté détourner la chaussée de la forêt des austérités pour que le prince et son épouse découvrent, à un détour de cette chaussée, une sala !...

Ce havre de repos était situé à l'entrée de la grande et belle ville de Madhura Nakhorn. (มาตุลนคร) Une cité où la princesse Mathri avait passé toute son enfance au côté de son père, le roi Phra Matula, (พระมาตุลา) le roi de Madhura Nakhorn, une ville qui ne manquait pas de noms !...

 

La petite famille allait pour s'endormir dans cet abri de fortune, quand la princesse fut reconnue par les sujets de son père. Alors Mathri, son mari et ses enfants furent invités à se rendre au palais où ils reçurent le plus grand accueil.

 

Au petit matin, alors que le prince Wessandorn et sa famille allaient prendre congé du roi Matula, celui-ci, dont l'âge avait blanchi les cheveux, proposa sa couronne au prince Wessandorn.

 

Le prince déclina l'offre car, lui expliqua-t-il ''Je dois vivre en retrait du monde pour méditer et parfaire la pratique du don. La charité est ma raison d'être. Si je devais donner mes yeux pour que les aveugles voient, mon cœur et mon sang pour que les malades retrouvent la santé je le ferai avec le plus grand des plaisirs, car il n'y a pas de plus grand don que celui de sa personne. ''

A regret, le roi Matula les laissa partir, mais sans perdre de temps il chargea le meilleur de ses chasseurs à veiller à la sécurité de ses visiteurs et à l'accès de leur refuge … et cela … à leur insu !...

    

 

 

 

                Illustrations de ''la marche de l'exil'' ou ''La journée de Phra Vet''.

 

                                                                   En Isaan

Peinture réalisée au début du XXe siècle. (Vers les années 1920).

Photo 1 : Un extrait d'une fresque murale du Wat Sanuan Wari Phatthanaram (วัดสนวนวารีพัฒนาราม) de la province de Khon Kaen (ขอนแก่น).

 

                                                                   Au Lanna

Fresque réalisée au début du XXe siècle. (Vers les années 1900).

Photo 2 : Un extrait d'une fresque murale du viharn du Wat Buak Krok Luang (วัดบวกครกหลวง) de Chiang-Mai hors les murs (Est).

 

Peinture réalisée par des Shans à une époque indéterminée ?!...

Photo 3 : Un extrait d'une fresque murale de l'ubosot du Wat Papao (วัดป่าเป่า) de Chiang-Mai hors les murs (Nord) – Ce Wat est fréquenté par des Shans ce qui explique les tenues vestimentaires des personnages.

 

 

 

Tandis qu'ils étaient à se reposer à Madhura Nakhorn, le dieu Indra avait chargé l'architecte divin, Phra Visvakarman, (พระวิศวกรรม) de construire pour eux, deux abris au plus profond de la forêt des austérités, tout à côté du lac Mucalinda. (มุจลินท์)

 

Lorsque la petite famille arriva en vue de ces deux abris, Wessandorn et Mathri s'inclinèrent pour remercier les dieux de prendre soin d'eux. Puis Wessandorn s'installa dans la première sala tandis que Mathri et les deux enfants en firent autant dans la seconde.

 

Alors chacun, dans sa sala, quitta ses vêtements royaux, s'enveloppa d'un tissu blanc, se couvrit les épaules de peaux de bêtes, et releva ses cheveux pour en faire un chignon. Sous cette nouvelle apparence commença une vie d'ermite faite de pauvreté, d'abstinence, de méditation et … d'observance des 10 préceptes. (*)

 

Wessandorn, très vite, fut connu comme le prince charitable. C'était disait-on un homme qui n'avait rien, mais qui donnait le peu qu'il avait.

 

En fait Wessadorn possédait encore une femme et … surtout … deux enfants qu'un certain Chuchok, (ชูชก) un brahmane sans scrupule, comptait bien s'approprier en abusant de la charité du prince.

Car cet homme infâme savait que la charité était la raison d'être de Wessandorn, et que ce dernier vivait en retrait du monde pour méditer et parfaire sa pratique du don.

 

Le prince Wessandorn ne dit-il pas … ''La charité est ma raison d'être. Si je devais donner mes yeux pour que les aveugles voient, mon cœur et mon sang pour que les malades retrouvent la santé je le ferai avec le plus grand des plaisirs car il n'y a pas de plus grand don que celui de sa personne. '' ?...

 

 

(*) Les dix préceptes ont été édictés du temps de Bouddha. Autrement écrit, ils étaient encore inconnus du commun des mortels du temps de Wessadorn. Mais … un conte est un conte.

 

 

     

 

 

 

                Illustrations de ''la marche de l'exil'' ou ''La journée de Phra Vet''.

 

                                                                   Au Lanna

 

Peinture réalisée vers la fin du milieu du XXe siècle. (Avant les années 1950).

Photo 1 : Une peinture murale du viharn du Wat Bouppharam (วัดบุพพาราม) de Chiang-Mai hors les murs. (Est).

 

Peinture réalisée à partir du milieu de XXe siècle. (A partir des années 1950).

Photo 2 : Une peinture murale du viharn du Wat du Chédi Liam (วัดเจดีย์เหลี่ยม) de Chiang-Mai hors les murs. (Sud-est).

 

Peinture réalisée fin du XXe et début du XXIe siècle. (Néo-Lanna) (A partir des années 1990 … environ.)

Photo 3 : Un extrait d'une fresque néo-Lanna du viharn du Wat Sri Ping Muang (วัศรีปิงเมือง) de Chiang-Maï hors les murs. (Sud).

 

 

 

                                                         FIN

                           … de la 1ère partie de la troisième partie

 

Nota bene : Pour en savoir plus sur les fresques murales du Lanna n'hésitez pas à consulter la Thèse de Sébastien TAYAC ; c'est un très bel ouvrage. Il s'en trouve une à l'EFEO de Chiang-Mai.

 

                     ''WESSANDORN LE PRINCE CHARITABLE''

La suite de la 2ème partie du conte librement raconté en 5ème chronique.

 

Le petit plus !...

 

     

 

 

 

                        Connaissez-vous le Wat Ta Mai I (วัดท่าใหม่ อิ)

 

                    Au Lanna et à une vingtaine de kilomètres de Chiang-Mai ?

 

Photo 1 : Le viharn du Wat Ta Mai I (วัดท่าใหม่ อิ) de Chiang-Mai hors les murs (Sud).

 

Photo 2 : L'artiste qui a peint les fresques du Wat Ta Mai I (วัดท่าใหม่ อิ) de Chiang-Mai hors les murs (Sud) à l'oeuvre. C'était en 2009/2010.

 

Photo 3 : L'Ubosot du Wat Ta Mai I (วัดท่าใหม่ อิ) de Chiang-Mai hors les murs (Sud).

 

Nota bene : Il y a aussi dans ce Wat quelques sanctuaires assez particuliers dédiés aux arahants (Saints moines) aux rhris (Officiants animistes) aux esprits et … des toilettes de luxe y compris pour les VIP, dans ce coin perdu c'est vraiment inattendu.

 

Bref, le Wat Ta Mai I (วัดท่าใหม่ อิ) est un peu comme une très jolie maison de poupées propice à la méditation et à la prière. (Il est toujours ouvert et couru des fidèles.)

 

Si l'envie vous prend d'y aller, vous pouvez faire d'une pierre trois coups.

1/ Juste avant ce Wat, rive gauche et en empruntant un pont d'une voie, il y a le Wat Ko Klang (วัดเกาะกลาง) dont les peintures murales valent d'être vues. (Si le viharn est fermé demandez à vous le faire ouvrir. Il y a toujours un moine qui se promène dans la cour.)

2/ Juste après le Wat Ta Mai I (วัดท่าใหม่ อิ), là encore rive gauche, il faut donc retraverser la rivière,  il y a le Wat Pa Gnio  (Kruba Than Djaï), (วัดป่างิ้ว – ครูบาทันใจ) (un mélange de néo-Lanna et de mauvais goût assez particulier mais … à voir car ce sont de curieux mélanges indiens et autres. Au fond du Wat ''on'' fabrique de grandes statues, je dirais même des statues géantes !...

 

Pour se rendre au Wat Ta Mai I (วัดท่าใหม่ อิ)

Pour s'y rendre depuis Chiang-Maï, longer le fleuve du côté rive droite. Puis, 100 mètres avant le pont de la route 1269, ou le carrefour, prendre sur la droite le soï et rouler sur 100 mètres environ.

 

Bonne visite.   

 



30/04/2013
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