MerveilleuseChiang-Mai

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BOUGAINVILLEA SPECTABILIS Will. (Le) - Feuang-Fa (เฟื่องฟ้า)



BOUGAINVILLEA SPECTABILIS Will. (Le)
Feuang-Fa (เฟื่องฟ้า)


 
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Quelques bougainvilliers sous forme de bonzaïs ou dans la nature.

 

Si la plante que nous appelons ''bougainvillier'' était laissé à son état sauvage, elle couvrirait Chiang-Mai au point de faire de la rose du Nord ... la Bougainvillée du Nord.
Cette liane ou cet arbuste est tantôt du féminin ou du masculin ; son genre dépend du nom qui le suit. Ainsi quand cette liane est appelée ''Bougainvillée'' elle est du genre féminin, et quand on la nomme ''Bougainvillier'' elle se rapporte au masculin.
Arbuste sarmenteux ?... ou liane de bel aspect  ?... c'est au choix. Le bougainvillier réunit les deux caractéristiques et dans chacun des cas ses inflorescences sont toutes plus belles les unes que les autres.

D'emblée, précisons que la grande variabilité macromorphologique des Bougainvilliers et leurs mutations fréquentes rendent difficiles tant leur identification que leur classification.

 


Quelques noms vernaculaires du ...


                                                   Bougainvillea Spectabilis Will. :


Bougainvillie, Drillingsblume (Allemagne) - Bougainvillea, Paper flower, Purple Bougainvillea (Angleterre) - Santa Rita (Argentine - Bolivie - Paraguay - Uruguay) - Ceboleiro, Buganvilia, Espinho-de-santa-Rita, flor-de-papel, pataguinha, pau-de-roseira, primavera, riso, roseiro, roseta, santa-rita, sempre-lustrosa, três-marias (Brésilien-portugais) - Sekku-Pan (Birmanie) - Bugambilia (Cuba, Guatemala, Mexique, Philippines) - Ye Zi Hua (Chine) - Veranera (Colommbie, Nicaragua, San Salvador, Costa-Rica, Panama) - Buganvilla (Espagne) - Bougainvillée, Bougainvillier (France) -Napoléon (Honduras) - Baganbilas (Bengali) - Booganbel (Hindi) - Bouganvila (Konkani) - Cherei (Manipuri) - Booganvel (Marathi) - Kagithala Puvvu (Telugu) (Inde) - Bougenvil, Bunga Kerta, Kembang Kertas (Indonésie) -Bugenbirea, Ikadakazura (Japon) - Ka dat (Dok) (Laos) - Pokok bunga kertas (Malaisie) - Papelillo (Pérou du nord) - Feuang-Fa (เฟื่องฟ้า) - Dok Tagn Baï (ดอกต่างใบ) (Bangkok) - Dok Khom (ดอกโคม) (Chiang-Mai) - Toub-Djin (ตรุษจีน) (Chonburi - Pattaya) (Thaïlande) - Tu hû (Annam) Cây hoa giấy (Viet-nam)

 


Les synonymes du ....              Bougainvillea spectabilis Willd.



Bougainvillée - Bougainvillea
Buginvillée comm.
Buginvillaea commers. Juss. 1789 - (1)
Bougainvillea brasiliensis Brasilia - Räeusch. 1797 - (2)
Bougainvillea spectabilis Willdenow. 1799 - (3)
Tricycla spinosa Cavanilles (Non valable) 1801 - (4)
Buginvillaea commers. Juss. Lamarck. 1803 - (5)
Buginvillæa bracteata Pers. - 1805 - (6)
Buginvillæa peruviana Humboldt & Bonpland 1808 - (7)
Tricycla spectabilis (Willd.) Poiret & Lam. 1817 - (8)
Bougainvillea brasiliensis Wied-Neuw. 1820 - (9)
Bougainvillea peruviana Nees & Mart. (illegitime) - 1823 (10)
Josepha angusta Vellozo - 1825 & 1827 - (11)
Bougainvillea brasiliensis (Choisy) Lund (Invalide)  1849 (12)
Bougainvillea speciosa Schnizl. (1843-1846) 1850 - (13)
Bougainvillea spectabilis var. glabra (Choisy) Hook. 1854 - (14)
Bougainvillea spectabilis var. hirsutissima J.A.Schmidt - 1872 (15)
Bougainvillea spectabilis var. parviflora (J.A.Schmidt) Martius (15)
Bougainvillea spectabilis var. virescens (Choisy) J.A.Schmidt (15)
Bougainvillea spectabilis var. typica (Willd.) Heimerl - 1896 (16)

 

Nota bene : Cette liste est loin d'être exhaustive et certaines espèces sont illégitimes ou invalides mais en botanique il y a beaucoup de classifications et de re-re-classifications ?!... par exemple, ''The plant list'' prend en considération 18 genres, la NCB 5 genres alors alors ?!...
A noter que la Tricycla spinosa de Cavanille n'a effectivement rien à faire dans cette liste. Elle n'a qu'une fleur et non trois dans l'involucre.
Heimerl était - soi-disant - un grand spécialiste des Nyctaginacées, mais je n'ai pas trouvé de publication concernant ses travaux.


Références des ouvrages concernant les synonymes ci-dessus.

(01)  Antonii Laurentii de Jussieu Généra plantarum p.91 - 3è parag.
        d’Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836)
(02) Nomenclator Botanicus - omnes plantas -
       3è. edt.  p. 112 - alinéa 807 de Raeuschel Ernst Adolf (18è/19è)  
(03) Species Plantarum Tome 2 part. 1 - page 348 alinéa 767
       de Carl Ludwig Willdenow (1765-1812)
(04) Icones et descriptiones plantarum - Vol.6 p 78-79 planche 598
        de  Antonio José Cavanilles (1745-1804)
(05) Histoire naturelle des végétaux classés par familles -
       volume VIII - pages 98 & 99
       de Jean-Baptiste Pierre-Antoire de Monet de Lamarck
(06) Synopsis Plantarum - Volume 1 - page 418 -article 956
       de : Christiaan Hendrick  Persoon (1761-1836)
(07) Plantae Aequinoctiales - Vol. 1 -page 174 & 175, Planche 49.
       de : Alexander von Humboldt (1769-1859) & Aimé Jacques
      Bonpland (1773-1858)
(08) Encyclopédie Méthodique Botanique - Suppl. Vol. 5 p.359
       de Jean Baptiste de Lamarck (1744-1829)
       & Jean Louis Marie Poiret (1755-1834)
(09) Beitrag zur Flora Brasiliens Volume 1 - pages 39, 40 & 41.
       de : Alexander Philipp maximilian zu Wied-Neuwied (1782-1867)
(10) Nova Acta Physico-Medica Academiae Caesareae Leopoldino
       Carolinae Naturae Curiosum Volume 11 - page 39.
       Christian Gottfried Daniel Nees von Esenbeck (1776-1858)
(11) Flora Fluminensis seu descriptionum - 1825 - page 154 - al.157
       Florae Fluminensis - (Illustrations) 1827 - Vol. 4 - planche 16.  
       de : José Mariano da Conceição Vellozo (1742-1811)
(12) Prodromus systematis naturalis - pars XIII - page 437
        de De Candolle - article rédigé par Jacques Deny Choisy
        (1799-1859) - Niels Tønder Lund (1749-1809)
(13) Iconographia Familiarum Naturalium Regni vegetabilis Vol. 2 -
        p. 261 (t.104) de Adalbert Schnizlein (1814-1868)
(14) Botanical Magazine 80: texte 4811 & pl. 4810.
        Showy Bougainvillea : article de John William Hooker
       (1795-1865).
(15) Flora Brasiliensis - Vol. 14 - petro 2 - page 351.
       Johann Anton Schmidt (1823-1905)  
(16) Botanische Jahrbücher für Systematik, Pflanzengeschichte und
       Pflanzengeographie Volume 21 - page 623.
       Heimerl Anton (Haymerl Anton) '1857-1943)



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Photo 1 : Bougainvillea spectabilis Willd. Collection des vélins du muséum national d'histoire naturelle Vol 75 t.57 (1836) (Une œuvre d'Adèle Riché (1791-1887) (Source Gallica.bnf)
Photo 2 : Bougainvillea spectabilis Willd. Natural History Museum, London The Endeavour Botanical illustrations (1768) Sydney Parkinson
Photo 3 : Bougainvillea spectabilis Willd. Collection des vélins du muséum national d'histoire naturelle Vol 75 t.57 (1836) (Une œuvre d'Adèle Riché (1791-1887) (Source Gallica.bnf)

 


Signification du nom binominal :


Le genre : Bougainvillaea


C'est le botaniste Philibert Commerson qui, de passage au Brésil à l'occasion de la première circumnavigation Française ou tour du monde en bateaux (5/12/1766-16/03/1769) décrivit le premier cette liane qu'il cueillit dans un bois tout près de Rio-de-Janeiro. Comme ce spécimen n'avait pas de nom il le baptisa ''Buginvillaea'' en hommage au chef de cette expédition : le comte Louis Antoine de Bougainville. ''Buginvillæa'' deviendra ''Bougainvillea'' et ''Bougainvillée'' et ''Bougainvillier''.

 

 


Le comte Louis Antoine de Bougainville : (1729-1811)

 

Nota : Ce qui suit est une page d'histoire à laquelle la vie de Bougainville est intimement liée. Alors je me suis un peu étendu sur le sujet qui m'a passionné. Bien entendu le lecteur n'est pas obligé de me suivre. Si tel était le cas qu'il ... saute ... tout ce qui concerne Bougainville. Ce qui, entre nous, serait dommage !... car il est toujours intéressant de connaître l'histoire de son pays mais !.... 

 

Le comte Louis Antoine de Bougainville était le quatrième enfant d'un notaire établi dans la paroisse de Saint Merry à Paris. Ses ancêtres avaient fait fortune dans le commerce, ce qui signifie qu'il n'avait pas d'origine noble contrairement à ce que certains biographes ont cherché a démontrer au moyen d'un petit village picard nommé ...  Bougainville.
Sa mère, Marie Françoise d'Arbouin, (1700/1734) qu'il perdit à l'âge de cinq ans, était la sœur d'un proche collaborateur de Madame de Pompadour (1721-1764) favorite de Louis XV (1710-1774). Cette ... ''Marquise'' ... alors très en vue n'aurait pas été - paraît-il - sans aider le jeune Bougainville dans le cours de ses promotions ?... (Mais !... comment le prouver ?.... et ... en avait-il besoin car Bougainville ne manquait pas de ressources.)  
Son père (1686/8-1756) voulut en faire un avocat, alors le jeune homme obtempéra. Il étudia le droit et fut reçu avocat au parlement de Paris, mais ... Edouard Goepp (1830-1903) et Emile L. Cordier écrivent qu'il n'a jamais étudié le droit ?... En 1753 Bougainville s'inscrivit aux mousquetaires noires, ce qui le conduisit à devenir aide-major (Adjudant major) au bataillon provincial de Picardie, province d'origine de sa famille écrivent certains biographes mais ... cela resterait à prouver.
Parallèlement au droit et aux langues anciennes, Bougainville se lança aussi dans des études mathématiques, adolescent il avait alors sympathisé avec deux de ses voisins de Saint Merry, Jean le Rond d'Alembert (1717-1783) et Alexis Claude Clairaut (1713-1765), deux célèbres mathématiciens de l'époque. Ces sommités l'avaient pris sous leur aile et initier à cette discipline. De ce fait et compte tenu de brillantes études, dès l'âge de 22 ans il écrivit le premier volume de son ... ''Traité du calcul intégral'' qu'il publia en 1752 alors qu'il était depuis quinze jours sous les drapeaux de sa majesté Louis XV. Cette publication attira sur lui l'attention de l'académie des sciences et ... la faveur du comte d'Argenson (1696-1764) alors ministre de la guerre, auquel il avait dédié son livre.
En 1754, grâce aux relations de son oncle, il devient l'un des douze aides de camp de François de Chevert (1695-1769) en poste à Sarrelouis. De Chevert était alors ''le'' chef envié de tous les soldats. C'est auprès de lui que Bougainville fera son véritable apprentissage militaire, selon nombre d'auteurs.
Les manœuvres au camp de Sarrelouis s'achevant le 23 septembre, le 12 octobre 1754 il accompagne à Londres, en tant que 3ème secrétaire, le duc de Mirepoix. Ce dernier avait été nommé ambassadeur extraordinaire pour régler au mieux les incidents survenus dans la vallée d'Ohio au canada entre Français et anglais.
Lors de ce séjour outre-manche, Bougainville s'initia à l'épineuse question des limites franco-Anglaises au Canada. A cette occasion il se lia d'amitié tout en se créant des inimités avec des personnalités anglaises telles que le futur amiral Georges Townshend (1715-1769) pour l'amitié, et le futur général James Wolfe (1727-1759) pour l'inimitié ; une inimité que partageait avec lui son ami Townshend.
Bougainville les retrouvera cinq ans plus tard, en 1759 ... au Canada. Un territoire dont Bougainville était loin d'imaginer à l'époque, qu'il allait jouer un rôle important dans son histoire et ... dans sa vie. C'est aussi durant ce séjour que son initiateur aux mathématiques, d'Alembert lui entrouvrira les portes de la société Royale de Londres.
A la fin de cette mission londonienne, le 14 Février 1755, il était nommé Lieutenant au régiment des dragons d'Apchon en Franche Comté, puis en Septembre, il rejoignait le lieutenant général François de Chevert (1695-1769) au camp de Richemont près de Metz, en Lorraine.
 
Peu avant la publication de son deuxième volume concernant son traité mathématique, il est reçu le 8 janvier 1756 à la Société royale de Londres. Cette même année, vraisemblablement sur les recommandations de François de Chevert, il est nommé aide de camp du brigadier général Louis-Joseph de Saint-Véran, marquis de  Montcalm (1712-1759) en partance pour la nouvelle France avec ses troupes. Bougainville embarquera avec lui à Brest, le 3 Avril 1756, à bord de ''Dame Licorne'' pour cette ... nouvelle France. Une terre découverte par un explorateur Vénitien au service des anglais, Sébastien Cabot (1477-1557) en 1497 et dont Jacques Cartier (1491-1557) prendra possession au nom de la France en 1534.

 

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Photo 1 : Le philosophe, écrivain, mathématicien et encyclopédiste Jean le Rond d'Alembert (1717-1783) une lithographie de Henri-Joseph Hess (1781-1849) d'après une oeuvre de  Jules Jallain - Don de M. Verkerlin (Gallica-bnf - CIBP 1377)
Photo 2 : Le comte Louis Antoine de Bougainville (1729-1811) une lithographie de 1835 du peintre, dessinateur et lithographe Antoine Maurin (1793-1860) (Gallica bnf)
Photo 3 : François Chevert (1695-1769) Lieutenant général des armées du roy. Une estampe de M. Jean Baptiste André Gauthier-Dagoty (1738-1786) extraite de  "Galerie Françoise ou Portraits des hommes et des femmes célèbres qui ont paru en France" paru en 1770.

 


Durant cette année 1756 va commencer la guerre de sept ans (1756-1763) où vont s'affronter de nombreux pays et ... en divers endroits de la planète. Cette guerre pourrait revendiquer le titre de 1ère guerre mondiale ?!.... Les alliances traditionnelles ont volé en éclats, alors il y a maintenant d'un côté, l’Angleterre et la Prusse et de l'autre la France l’Autriche et l'Espagne.

Au Canada la situation n'est pas des plus brillantes, tant militairement que civilement car, outre le peu d'effectif militaire, le gouverneur général Pierre Rigaud de Vaudreuil (1698-1778) fermait les yeux sur nombre de délits comme les malversations et les concussions de ses fonctionnaires, tant par faiblesse que pour mieux - peut-être - ''avoir prise sur eux'' ?!.... ; au sujet de ces conduites répréhensibles, Montcalm dira qu'il assistait à ... ''un spectacle de désordres et d'abus que je ne peux réprimer'' et que ... ''les officiers de la colonie volaient comme des mandarins'' !....
C'est le 13 mai 1756 que le dit Montcalm et ses troupes accompagnés de Bougainville débarquent au Canada. En les accueillant, le gouverneur général de Vaudreuil fit bon cœur contre mauvaise fortune ; car en rédigeant sa demande d'effectifs, il avait précisé à son ministre, le comte d'Argenson ... ''Je ne vois pas la nécessité d'avoir d'officier général de France à la tête des bataillons''. Or les hommes de troupe venaient de débarquer avec à leur tête un officier général, le marquis de Montcalm dont le seul tort, vis à vis de Vaudreuil, fut d'être au Canada sur ordre de son ministre. Vaudreuil n'en eut cure et d'emblée détesta Montcalm.   
Trois mois suffirent pour que l'antipathie de Vaudreuil vis-à-vis de Montcalm éclatât au grand jour. Ce fut le 14 août 1756, date de la victoire de Chouagen (fort Oswego) que le gouverneur s'attribua, alors qu'elle revenait sinon à Montcalm, du moins à chacun d'eux. Au fil des jours cette inimitié se transforma en rivalité et en ''haines invétérées'' au point que Vaudreuil, du fait de son titre et de ses prérogatives, préparait des plans de campagne s'en en informer Montcalm qui ... finissait par en être instruit ... par le public. Bref leur collaboration était loin d'être ce qu'elle aurait dû être ?!...   

Au cours de la campagne de 1757, outre quelques insuccès et succès militaires, le 10 juillet très exactement, au Saut Saint-Louis, après avoir présenté sa candidature, Bougainville est adopté par la famille amérindienne des tortues, et solennellement intronisé chef de guerre iroquois sous le nom de ''Garoniatsigoa'' ce qui signifie ''Grand ciel en courroux''. Mais la guerre continue et non sans succès.

Ainsi, un mois plus tard, le 9 août à ''fort William Henry'' appelé aussi ''fort George'' les anglais capitulent. Dans l'impossibilité de nourrir ses 2.296 prisonniers, Montcalm les libère sur parole, c'est-à-dire à la condition de ... ''ne pas combattre la France pendant 18 mois''. Le roi d'Angleterre déclarera nulle cette victoire et refusera que cette condition soit respectée. Il est vrai que nombre de ces prisonniers furent massacrés par les indiens alors alliés des Français et sans que ces derniers purent vraiment faire cesser le massacre ?!...

 

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Photo 1 : Une archive de l'Université de Montréal concernant la victoire du 14 août 1756 à Chouagen - fort Oswego pour les anglais - après un siège d'une semaine.
                            La capitulation de fort William Henry et le massacre qui suivit :
Photo 2 : ''Le massacre de fort William Henry'' une gouache sur papier de Ron Embleton (1930-1988).
Photo 3 : ''Montcalm tente d'arrêter les Amérindiens (Hurons) qui attaquent les soldats et les civils anglais quittant Fort William Henry''. Une gravure sur bois d'Alfred ou Albert Bobbett (1824-1888) d'après une peinture de Felix Octavius Carr Darley (1822-1888). Cette oeuvre a été réalisée entre 1870 et 1880.
Nota : La plupart des amérindiens s'alliaient non pas, par patriotisme mais, par intérêt. Car après les combats ils se livraient à des pillages pour prendre les biens des vaincus qu'ils n'hésitaient pas à massacrer ... l'alcool aidant !...
A fort William les anglais se sont rendus, de ce fait les amérindiens ont été privés de leur ''revenus'' habituels après combats, puisque ... pas de combat.
Les français, incapables de nourrir 2000 prisonniers, les ont alors libérés sur parole. De ce fait les amérindiens ont été lésés de leurs butins. Alors au départ de ces prisonniers les amérindiens se sont sauvagement jetés sur eux, à savoir des gens sans défense, au grand dam des français, pour les dépouiller. Les troupes de Montcalm, et Montcalm lui-même, ont bien tenté de s'interposer pour arrêter le massacre mais ce fut en vain. La tuerie fut effroyable. 

 


Comme lors de la campagne de 1757, la suivante compta quelques échecs et de brillants résultats dont le plus remarquable fut celui du 9 juillet 1758, la victoire de Fort Carillon.
Bougainville, aux côtés de Montcalm, pour qui il avait une réelle admiration, d'ailleurs partagée, fut de toutes ces opérations, fleurant bon la victoire.

Ailleurs, c'est-à-dire en Allemagne, aux Indes, au Sénégal, et aux Antilles il en allait tout autrement, la France ne connaissait, pratiquement, que défaite sur défaite. Alors la victoire de Fort Carillon sera montée en épingle et célébrée avec fastes pour tenter de faire oublier, un temps durant, tous ces autres échecs. Le roi Louis XV ira même jusqu'à ordonner que soit chanté un ''Te Deum'' dans toutes les églises de France ?!...   
Suite à la victoire de fort Carillon, qui n'avait fait que reculer d'une campagne la main mise anglaise sur le canada, si des renforts n'arrivaient pas,  ... ''fatigué de la jalousie mesquine et du mauvais vouloir du marquis'' ... de Vaudreuil ... Montcalm demanda comme seule et unique récompense son rappel en France. Ce rappel lui sera accordé, mais Louis XV refusera de le signer. Alors Montcalm restera au Canada.
Bougainville qui fut de toutes ces victoires, blessé par un coup de feu à la tête à Carillon, aura lui, pour ... récompense un brevet d'aide de maréchal des logis.     

L'urgent besoin en hommes, en armes et en vivres, la disette se transformait en famine, mirent d'accord Vaudreuil et Montcalm pour envoyer un émissaire à Paris afin de plaider la cause du Canada. Ils confièrent cette mission à Bougainville qui embarquera le 5 novembre 1758 à bord de ''la Victoire'' commandée par le lieutenant Jacques Canon, (Cannon ou Kanon). La Victoire accostera à Morlaix le 20 décembre 1758.
Durant ce même automne, le commissaire des guerres, un homme de qualité et remarquable pour sa compétence, André Jean Baptiste Doreil (d'Aureil), qui était arrivé en fin de mission, rentrait en France. Pour ce faire il s'embarqua à bord d'une flûte baptisée ''l'Outarde'' qui, pour éviter les corsaires anglais, et peut-être retarder l'un des passagers de ''l'Outarde'', abordera en ... Espagne.
Tous deux, Bougainville et Doreil, furent reçu à Versailles, mais à des dates différentes. Hélas, leurs requêtes resteront sans suite. Quant au passager à retarder, c'est-à-dire l'envoyé ''secret'' de Vaudreuil, car le gouverneur par duplicité avait envoyé son propre émissaire, un certain major Michel Jean Hugues Péan, il attend toujours d'être reçu.
Péan s'était embarqué, soi-disant pour des raisons médicales, sur le même bateau que Doreil. Alors Doreil, qui n'était pas dupe, et le capitaine du navire s'étaient entendus pour que la mission de Péan tourne court. Ce qui a été le cas !.... Doreil, lui aussi, n'appréciait pas Vaudreuil et encore moins sa gestion.

Bref !... la mission de Bougainville confirma que le Canada ne devait rien attendre de Madame de Pompadour, d'autant que la France, liée par un traité à l'Autriche, alors en guerre avec la Prusse au sujet de la Silésie, avait engagé dans ce conflit armé, dont elle n'avait RIEN à gagner plus de 200.000 hommes ?!...
Alors que le Canada, où la France avait TOUT à gagner, en manquait cruellement ?!... d'où la confirmation de l'expression née après le traité d'Aix la Chapelle d'octobre 1748 ... ''Se battre pour le roi de Prusse'' c'est-à-dire se battre pour ne rien obtenir. (Dans le cas présent c'était ... ''contre'' le roi de Prusse.)

Le retour de Bougainville avec le grade de colonel, ce qui en étonnera plus d'un (Faut-il y voir la main de Mme de Pompadour ?...) se fera à bord du ''Chézine'' qui, partit le 28 mars 1759 abordera à Québec le 10 ou 12 mai 1759. Le 20 octobre 1758 Montcalm était nommé Lieutenant général, un grade qui le mettait au-dessus de Vaudreuil mais ... qui n'allait que compliquer la situation.
Bougainville rentrait avec les mains pratiquement vides, ou avec si peu .... ''mais très peu'' ... comme dira Montcalm ... ''quand on a rien, peu, c'est déjà beaucoup''.
Cinq mois plus tard les anglais lancent une offensive sur Québec. Le 13 septembre le général James Wolfe, un piètre stratège et une vieille connaissance de Bougainville, perd la vie en héros lors de cette offensive, et le 14 ce sera Montcalm qui perdra la sienne.

Le brigadier général George Townshend, remplacera James Wolfe à la tête des armées britanniques et se retrouvera face aux unités de son ami ... le colonel Bougainville. Québec capitulera et George Townshend acceptera toutes les demandes des vaincus pour quitter les lieux avec tous les honneurs ... peut-être par amitié pour Bougainville ?!....
Un an plus tard ce sera Montréal avec 2.000 hommes contre ... 30.000 qui tombera le 8 septembre 1760.

Bougainville fait prisonnier rentrera en France sur parole. En mars 1761, suite à une entrevue avec le roi d'Angleterre, il est autorisé à servir dans l'armée d’Allemagne et devient ainsi l'aide-de-camp de Jacques Philippe de Choiseul-Stainville (1727-1789), futur ministre de la marine et frère cadet d’Etienne François de Choiseul (1719-1785) alors ministre principal de Louis XV et protégé de ... Madame de Pompadour ?!...

 

 

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Photo 1 : Pierre Rigaud, marquis de Vaudreuil gouverneur de la nouvelle France. (Bibliothèque et archives du Canada.)
Photo 2 : Une gravure extraite du ''monde illustré'' Vol.16 n°797 p.232, en date du 12/8/1899. Elle représente Montcalm blessé à mort, qui, soutenus par trois grenadiers, entre dans Québec.
Photo 3 : ''Mort du marquis de Montcalm-Gonzon'' Une gravure sur cuivre de 50 X 60 cm de Juste Chevillet (1729-1790/1802 ?..) de 1784, d'après le tableau de François Louis Joseph Watteau de Lille (1758-1823) de 1783. Un palmier figure dans la scène ?!...
Photo 4 : Une gravure de Louis Joseph de Gonzo marquis de Montcalm, extraite de ''L'album universel’’, Vol. 19 n° 11 page 245 du 12/07/1902) .

 


Suite à la paix de Paris, signée le 10 février 1763, Bougainville alors âgé de 34 ans abandonne la vie militaire pour celle de navigateur. Il rêve alors d'aventures, à savoir fonder en Amérique une nouvelle colonie pour compenser la perte du Canada. L'archipel des Malouines lui semble tout indiqué pour cela, d'autant que stratégiquement il permettrait de contrôler l'entrée du détroit de Magellan qui conduit vers les mers du Sud.
Cet archipel, vraisemblablement et sous toute réserve, découvert par le capitaine anglais John Davis (vers 1550-1605) en 1592 était parfois visité par des bâtiments en provenance de Saint-Malo ; c'est pourquoi l'explorateur et géographe, Amédée François Frézier (1682-1773), l'avait appelé ''Les Malouines''. Cet espion de Louis XIV était aussi et d'abord botaniste. C'est lui qui, par exemple, rapporta en 1714 à Plougastel la ... ''fraise'' du Chili (Freizh en breton). Hommage lui fut rendu en appelant cette plante non pas .... Frézier mais ... fraisier ?!...

Bougainville obtient du ministre de la marine, Jacques Philippe de Choiseul-Stainville dont il fut l'aide de camp, l'autorisation de mettre en œuvre son projet à la condition que ce soit à ses frais.  Bougainville n'en demandait pas plus. Il rallie à son projet son cousin Nerville, son oncle d'Arbouin ainsi que deux marchands malouins grâce auxquels, et peut-être aussi grâce à Madame de Pompadour ?... il fait construire et armer, sous la direction de Nicolas-Pierre Guyot-Duclos (1722-1794), deux bâtiments : une frégate, ''l'Aigle'' et une corvette, le ''Sphinx'', qui lèveront l'ancre le 15 septembre 1763, soit ... sept mois après la signature de la paix de Paris.
Tandis que Nicolas Pierre Guyot-Duclos commandera ''l'Aigle'', le commandement du ''Sphinx'' sera donné à François Chenard de la Giraudais (1727-1776), un malouin et ancien du Canada. Quant à Bougainville, il échangera son titre de Colonel avec celui de ... Capitaine de vaisseau.
Le Capitaine de Vaisseau Bougainville partit alors avec à son bord 29 colons, sous l'œil quelque peu courroucé de certains officiers de marine dont l'avancement passait de grade en grade et qui trouvaient à redire sur une nomination que rien ne justifiait ?!... sauf peut-être l'intervention de Madame de Pompadour dont les bienfaits vont prendre fin le 15 avril 1764, date de la mort de cette dame très influente ... de son vivant ... évidemment ?!...

Les deux bâtiments arriveront aux Malouines le 2 février 1764, le 4 une croix sera plantée sur une petite montagne, le 17 les hommes s'établiront sur terre et le 21 la première pierre de la pyramide du fort de Port Saint-Louis sera posée. Puis le 5 avril 1764 Bougainville prendra solennellement possession de l'archipel au nom du roi de France. La cérémonie se clôturera par un Te Deum, des coups de canon et des ''vive le roi''.
Le 8 avril, laissant sur place les 29 colons, avec à leur tête Monsieur de Nerville, Bougainville s'en retournera vers Saint-Malo pour y mouiller le 26 juin 1764.
Deux mois plus tard, alors que Bougainville est en France, la gazette d'Amsterdam du 13 août, une gazette en français tenue par des huguenots d'origine française réfugiés en Hollande, apprend à ses lecteurs qu'une colonie Française prend pied aux Malouines. Cet article va tomber sous les yeux de Jerónimo Grimaldi (1706-1789) un Italien francophile alors chargé du ministère des affaires étrangères à Madrid depuis le 14 octobre 1763. Auparavant, il était l'ambassadeur d'Espagne à Paris.
Le ministre espagnol va s'empresser de demander confirmation de cette information à José Joaquin de Viana (1718-1773) alors gouverneur de Montevideo.
   
Pendant ce temps, à Versailles Bougainville, a-t-il lu la Gazette (?) fait savoir qu'il a pris possession de terres inconnues pour la France, alors Louis XV ratifie un acte de possession en date du 12 septembre ; puis de retour à Saint-Malo Bougainville recrute de nouveaux colons qu'il embarquera le 6 octobre et débarquera le 5 janvier 1765. Il réitèrera l'opération 9 mois plus tard.

Le 27 avril de la même année, quand il reprend le large, pour aller chercher d'autres colons, il laisse derrière lui une colonie qui prenait figure, comptant 80 colons y compris un état-major payé par le roi.

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Photo 1 : Une carte des îles Malouines publiée en 1770 de Jacques-Nicolas Bellin (1703-1772) membre de l'académie de marine.
Photo 2 : Une carte de la pointe de l'argentine publiée en 1770 de Jacques-Nicolas Bellin (1703-1772) membre de l'académie de marine.
Photo 3 : Une gravure de Port Louis - page 362 - Planche IX
Nota bene : Toutes ces gravures sont extraites de ''Histoire d'un voyage aux iles Malouines, fait en 1763 & 1764'' - Tome II de Antoine-Joseph Pernety (1716-1801) - édité en 1770 - (Gallica.bnf).

 

 

Sur une île voisine de l'archipel, le 25 janvier 1765 les anglais à l'initiative du commodore Byron plantent leur drapeau au lieu-dit ''port de la croisade'' et s'en vont ne laissant âme qui vive. Un an plus tard, en Janvier 1766, les anglais reviennent, rebaptisent les lieux ''port Egmont'', et installent une colonie. Puis en décembre leur frégate ''Jason'' vient mouiller en face de Port-Louis. Son capitaine Macbride,  descend à terre, et suite à une entrevue quelque peu orageuse menace les français de les déloger, puis ... il ... ''remit à la voile le même jour.''.
Cette intervention donne à penser que la France et l'Angleterre vont à nouveau se retrouver face à face. Mais entretemps le roi d'Espagne est entré en jeux et a revendiqué auprès de la France, son alliée, la souveraineté des Malouines qui font, selon ses dires, partie intégrante de ses possessions d'Amérique du Sud.
La diplomatie va bon train. Mais la France reconnait la souveraineté espagnole à la condition que son allié occupe l'archipel. Ce qui sous-entend que les anglais doivent partir et ... que les colons et Bougainville doivent être dédommagés des frais qu'ils ont engagés pour créer ''Port Louis'' et s'y installer. La France n'a donc pas vendu les Malouines à l'Espagne, pas plus que l'Espagne a acheté les Malouines à la France.

Fin 1765, pour ravitailler les Malouines, l'Aigle repart de Saint Malot et le roi, Louis XV, joint à ce ''ravitailleur'' une flûte appelée "l'Etoile" qui elle, part de Rochefort. Elle arrivera aux malouines le 15 février 1766 et l'aigle 8 jours plus tard, c'est-à-dire le 23 février 1766.
Sur ces entrefaites, un courrier du roi arrive et demande à Bougainville de mettre le cap sur Madrid avec la mission de poser les bases d'un accord au sujet de la remise des Malouines à l’Espagne. Alors le 9 avril 1766, Bougainville met les voiles sur Madrid où il arrivera le 29 mai.
Un deuxième voyage en Espagne, qui va durer du 2 septembre au 15 octobre, va conclure ces accords.

Il n'est pas interdit de penser, comme le suggèrent certains auteurs, mais rien ne permet de l'affirmer, que Bougainville voyant ''Port Louis'' perdu pour la France, et préférant le voir aux espagnols plutôt qu'aux Anglais, n'aurait pas été étranger à la réclamation de Madrid, ou plutôt de Jerónimo Grimaldi, ancien ambassadeur d'Espagne à Paris que Bougainville devait compter sinon comme ami du moins parmi ses relations. Si ce fut le cas, Bougainville n'aura eu qu'à se féliciter car ....  
A l'issu de ce deuxième voyage Madrilène, Bougainville reçoit de la cour de Madrid en dédommagement financier la somme de ... 618.108 livres 13 sou et 11 deniers. L'arrêt de cette tentative de colonisation fut donc l'origine et la source de la fortune de Bougainville.
D'un autre côté, la cour de Versailles, pour le dédommager ... moralement ... (De tout temps, la France a toujours été très généreuse ; mais à la condition qu'elle n'ait pas à toucher aux cordons de sa bourse.) va lui donner le choix entre un voyage de découvertes autour du monde ou le gouvernement des îles de France (l'archipel des Mascareignes) et de l'île de Bourbon, aujourd'hui île Maurice, et îles Rodrigues pour les plus importantes des Mascareignes, et île de la Réunion pour l'île de Bourbon.
Bougainville, comme écrira son fils Hyacinthe de Bougainville (1781-1846) alors commandant de ''La Thétis'': ''Avide de célébrité et doué d'une activité prodigieuse, Bougainville n'hésita pas : il saisit avec empressement l'occasion de courir à de nouveaux hasards" d'autant que, poursuit Hyacinthe ... "... il eut l'honneur d'attacher son nom à la 1ère expédition autour du globe par les Français."  Tout était, et tout est dit dans ces quelques lignes !... .
Nommé commandant d'une frégate en cours de construction, appelée ''La Boudeuse'' Bougainville, à peine rentré d'Espagne se précipite tout début novembre de 1766 à Nantes. Là, son capitaine de brûlot Duclot-Guyot, le capitaine en second, veillait au bon armement de "La boudeuse". Le 15 novembre 1766, ''La Boudeuse'', armée de 26 canons de 12, leva l'ancre et quitta Mindin, situé dans l'estuaire de la Loire, pour relâcher à Brest. Puis le 5 décembre 1766 elle largua les amarres avec à son bord 263 personnes.

Le 31 Janvier 1767 Bougainville mouille dans la baie de Montevideo, une possession espagnole, et le 28 février il fait voile vers les Malouines. Là, le 1er avril il remet officiellement l'archipel aux Espagnoles et attend durant deux mois l'arrivée de son ravitailleur, une flûte baptisée l'Etoile, qui tarde à venir. Ce ravitailleur est commandée par le capitaine Chenard de la Giraudais, et compte parmi ses passagers, l'astronome Verron, l'ingénieur cartographe Charles Routier de Romainville et ... le médecin botaniste Philibert de Commerson accompagné de son très ... mais très fidèle valet ... Jean Barret.
Comme les vivres s'épuisent à bord de "La Boudeuse" cette dernière doit mettre le cap sur Rio le 2 juin, où Bougainville avait donné rendez-vous à de la Giraudais, en cas de problème.
''La Boudeuse'' arrive à Rio le 21 juin 1767 où l'attend ''L'Etoile" depuis le 13 juin. Les deux bâtiments sont alors en eau portugaise et ne lèveront l'ancre que le 15 juillet. C'est donc entre le 13 juin et le 15 juillet 1767 que Commerson et son aide cueilleront dans les bois voisins de Rio, une plante alors inconnue qui prendra le nom de ... ''Bougainvilliers''.

C'est aussi à cette époque, le 15 juin 1768, que le ministre principal Etienne François de Choiseul (1719-1785) rajoute à la couronne de France ... la Corse. Là encore il ne s'agit pas d'un achat, mais d'une remise de dette en échange d'une île. Une habile manœuvre qui cloua le bec aux anglais et qui ... surtout, les empêcha de contrôler la méditerranée en installant une base militaire comme à Gibraltar en ... Corse. La Corse n'avait alors qu'un intérêt stratégique, mais ... quel intérêt !.....

Bref !... Sans toutes ces aventures le bougainvillier aurait été découvert par un autre botaniste et porterait alors ... un autre nom ?!.... Comme quoi en ce bas monde tout tient à peu de chose !... si l'on peut dire !... En tout cas Bougainville n'était pas du genre à avoir les deux pieds dans le même sabot.


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Photo 1 : ''Arrivée de Bougainville à Tahiti à bord de la Boudeuse'' une gouache sur papier de 43 X 75 cm. d'Albert Brenet (1903-2005) peintre officiel de la marine en 1936.
Photo 2 : Louis Antoine de Bougainville une huile sur toile de l'école française du XVIIIe siècle ayant servi de modèle à la photo suivante.
Photo 3 : Louis Antoine de Bougainville une photo d'Albert Harlingue (1879-1963) d'après le tableau précédent. (Gallica bnf)
Photo 4 : Une carte présentant la première partie du Voyage de Bougainville, celle qui s'achève sur la cueillette du Bougainvilléa spectabilis Will.
1/ Départ de Brest le 5/12/1766 - 2/ Arrivée à Montevideo le 31/01/1767 (Mise au point de la remise des malouines avec les Espagnols) départ de Montevideo pour les Malouines le 28/02/1767 - 3/ Les Malouines - Remise de Port Louis le 01/04/1967 - La Boudeuse attend l'Etoile, faute de Vivre elle part pour Rio le 02/06/1767 - 4/ Arrivée à Rio de Janeiro le 21/06/1767 ou l'attend l'Etoile - 5/ Départ de Rio de Janeiro des deux bâtiments pour poursuivre le tour du monde le 15/07/1767.

 

Philibert Commerson : (Martyr de la botanique)


Philibert Commerson (1727-1773) était un médecin explorateur et naturaliste dévoré par la passion des plantes dès sa plus tendre enfance. Son père espérait en faire un notaire comme lui, mais Philibert, l'aîné de ses sept enfants, préféra la médecine au barreau ; car l'histoire naturelle était alors l'une des grandes disciplines de la médecine. Une discipline que le jeune élève avait transformé en passion, et que lui avait fait découvrir un cordelier, le père Garnier son professeur de 3ème.

En 1748 Philibert Commerson entre à la faculté de Montpellier, et en 1754 il en ressort avec un grade de docteur. Quatre ans plus tard, en sillonnant sa région, il était le possesseur d'un herbier hors du commun qui lui valut une telle notoriété que le botaniste Antoine Gouan (1733-1821) originaire de Montpellier, et qui le premier en France adopta la nomenclature binominale du Suédois Carl von Linné, le fit connaître à ce grand botaniste de l'époque.
Peut-être pour le mettre à l'épreuve ?... Carl von Linné lui proposa alors de réaliser un descriptif sur les  poissons de la méditerranée. Commerson accepta, et le résultat de sa monographie lui valut, non seulement les compliments, mais aussi nombre de cadeaux de ... la reine de Suède (Louise-Ulrique de Prusse - 1720-1782), à l'origine de la demande de cette recherche ichthyologique.


En 1760 Commerson se marie avec Mademoiselle Antoinette Vivante Beau qui passera de vie à trépas deux ans plus tard en mettant au monde un garçon, Anne-François-Archambaud. Pour prendre soin de son éducation une jeune gouvernante d'origine Bourguignonne, Jeanne Baret (1740-1807) sera engagée. Elle a alors 22 ans et Commerson en a 35.

L'intelligence de la jeune femme et son intérêt pour la botanique vont en faire une collaboratrice hors pair pour Commerson et, très certainement ... un peu plus qu'une excellente aide botaniste ?!....

En 1764, sur l'insistance de son ami d'enfance, de cinq ans son aîné, Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande (1732-1807) un brillant astronome, le couple vient s'installer à Paris ou le savoir botanique de Commerson fit l'admiration des plus grands ; au point que le mathématicien l'abbé Jean Baptiste de Lachapelle (1710-1792) et le médecin consultant du roy Pierre Isaac Poissonnier (1720-1798) (1), tous deux de l'académie des sciences le recommandèrent au ministre de la marine le duc de Pralin (1712- 1785) qui alors, envisageait d'envoyer une expédition aux terres australes avec la mission de faire des recherches d'histoire naturelle. De ce fait, le ministre demanda à Commerson de lui présenter un projet concernant la fonction d'un botaniste attaché à ce genre d'expéditions. (2)

Les propositions que lui remit Commerson séduisirent le ministre, au point que ces dernières servirent par la suite d'instruction et de guide pour les voyages similaires et, que Commerson se vit proposé le poste de botaniste du premier tour du monde jamais fait par la France.

Commerson, devenu entre-temps ''Médecin naturaliste du Roy'' Louis XV (1722-1774) accepta à la condition de pouvoir être accompagné de son valet, dont il ne pouvait se passer pour des raisons ... soi-disant ... de santé, un certain Jean Barret de ... treize ans son cadet ?!... Ce qui fut accepté sans forme de procès !...  (3)

De ce fait, le couple confia le tout jeune Archambaud, alors âgé de quatre ans et demi, à l'un de ses oncles maternels entré dans les ordres ; puis il embarqua à Rochefort le 1er Février 1767, à bord d'une ''flûte'' baptisée ''l'étoile'' pour aller rejoindre le Comte de Bougainville qui devait attendre l'Etoile à bord de ''La Boudeuse'' à Port Louis dans les îles Malouines au large de l'Amérique du sud.

En cours de traversée, la flûte fut victime de gros temps ce qui la retarda par rapport aux prévisions. Alors conformément aux ordres reçus, au lieu de se rendre à Port Louis, l'Etoile, commandée par le capitaine François Chenard de la Giraudais se rendit à Rio où elle jeta l'ancre le 13 juin 1767, après trois mois de voyage. Quelques jours plus tard, le 21 juin 1767 arrivait la Boudeuse. Puis de conserve les deux bâtiments quittèrent le port de Rio en date du 15 juillet 1767 sans aucun regret, car l'accueil des Portugais, Rio était alors sous leur autorité, avait été des plus désagréables. Les officiers, par exemple, ne pouvaient circuler librement et aller au-delà de la ville.  

Bref !... c'est entre le 1er et le 14 juillet 1767, en se référant aux inscriptions attachées aux échantillons (Brasilia.rio de janeiro & locis vicinis. Julio. 1767) qu'au Brésil dans les bois près de Rio-de-Janeiro que Commerson ou Barret (?) cueillit cinq spécimens d'une plante qui prendra le nom de ''Buginvillaea'' en hommage au chef de son expédition ... le comte de Bougainville.

Quatre de ces échantillons sont encore visibles aujourd'hui à l'herbier national de France du Museum de Paris (Deux sont conservés dans l'herbier général et deux dans l'herbier de Jussieu) ; quant au cinquième il a rejoint l'herbier de l'institut de botanique de l'université de Montpellier. Il est répertorié sous : (MPU 018937; P. Schäfer, pers. comm.). (4)

 

(1) Pierre Isaac Poissonnier était aussi inspecteur général de la médecine, chirurgie et pharmacie de la Marine et des Colonies.
(2) Les missions scientifiques prenaient alors le pas sur les expéditions colonisatrices. Mais le côté scientifique n'excluait pas forcément la mise en place de colonies lorsque l'occasion s'en présentait comme par exemple à  ... Tahiti. Néanmoins, cette mission scientifique a été la première à inclure un botaniste à son bord.
(3) En trompant son monde et surtout en défiant l'ordonnance royale de 1689 qui interdisait la moindre présence féminine à bord, Commerson mettait en jeu sa carrière. mais !... ''Amour amour quand tu nous tiens on peut bien dire ... adieu prudence'' (La Fontaine le Lion amoureux.)
Le nom de Jeanne Baret dite de "Bonne foi" comme la nommait Commerson dans le 8ème alinéa de son testament, est aussi orthographié des façons suivantes : Jeanne Baré, Madame Barre et, de Barre. Elle même se disait Jeanne Mercedier, veuve d'Antoine Barnier, dite de Barre.
Nota bene : Dans la revue ''Phytokeys'' du 3 Janvier 2012, les botanistes Eric Tepe, Glynis Ridley et Lynn Bohs de l'université de l'Utah (Etats-Unis) décrivent une petite plante découverte sur les hauteurs du Sud du Pérou, qu'ils ont nommé ... ''Solanum baretiae'' en l'honneur de ... Jeanne Baré !...
(4) Commerson mourut le 13 mars 1773 d'une pleurésie sur l'ile Maurice. Deux ans plus tard Jeanne Barret, qui se mariera à Maurice pour des raisons "pratiques", rapportera à Paris 32 caisses contenant plus de 6.000 espèces différentes dont 3.000 nouvelles parmi lesquelles 1.108 venaient d'Amérique et ... le fameux spécimen qui prendra le nom de bougainvilliers. Le roi, pas trop rancunier, lui fit verser une pension qu'elle méritait très largement !....

 


Pour en savoir plus sur la vie de Commerson, qui est un vrai roman d'aventures, lire son éloge funèbre rédigé par son ami, l'astronome Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande. Elle a été publiée en 1775 dans le journal de physique de l'abbé Rozier.

 



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Photo 1 : L'un des cinq échantillons de Bougainvillier rapporté de Rio par Jeanne Baret (Commerson étant décédé en cours de voyage) tel qu'il est présenté et possible de le voir au musée d'histoire naturelle de Paris.
Photo 2 : Un portrait de Philibert de Commerson. Il est extrait d'un document intitulé ''illustrations de voyage autour du monde par la frégate la Boudeuse et la flûte l'Etoile" conservé à la Bibliothèque national. Ce portrait est accompagné par l'image suivante, et c'est apparemment la seule et unique image le concernant.
Photo 3 : Une gravure d'un "Bougainvillea peruviana Bonplant" extraite de ''plantes équinoxiales" de Humboldt et von Bonpland - Volume 1 - tableau 49 paru en 1808. Cette gravure figurait à la gauche du portrait de Philibert de Commerson, avec comme seul intitulé : "La Bougainvillée" c'est pourquoi je l'ai inséré ici mais .... ce n'est pas un Bougainvillea Spectabilis Willdenow.


L'espèce : Spectabilis


le mot ''spectabilis'' est un mot latin ; un adjectif qui se rapporte à ce qui est visible, ce qui est en vue, ce que tout le monde peut voir. Ovide (43 av.JC- 18) Pline (23-79) l'employaient dans le sens de ce qui mérite d'être vu, de ce qui est remarquable, beau, brillant, éclatant de victoire, distingué et honorable. Tacite (58-120) l'employa dans le sens d'honorable, et de titre d'un haut dignitaire.
Bref cet adjectif ou ce nom, qualifie ''remarquablement'' le Bougainvilléa qui mérite d'être vu ou, à défaut d'être vu, qui attire l'attention. Ce qui a pour conséquence que le Bougainvilléa ne passe jamais inaperçu qu'il mérite ou non ... d'être vu ?!...


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Photo 1 : Une gravure d'un Bougainvillea spectabilis Will. de l'illustrateur Louis Denis Fossier (1744-1781) extraite de "Tableaux encyclopédique et méthodique des trois règnes de la nature : botanique" de Jean baptiste Lamarck et Pierre Antoine de Monet -  Planche 294 du volume 2 paru en 1793 ou du recueil de planches faisant suite à la 1ère édition.
Photo 2 : Reprise colorée de l'image précédente trouvée sur la toile sans explication.
Photo 3 : Une gravure d'un bougainvillea spectabilis Will. appelé alors "Bougainvillée remarquable" parue dans "Annales de flore et de pomone" ou "journal des jardins et des champs" par Rousselon : Vol 2 Planche 24 (1833-1854)
Photo 4 : Une branche de Bougainvilliers photographiée en 2000 dans une rue de Chiang-Mai.

 


L'abréviation botanique du botaniste : Willd.


Will. est la norme abréviative de Karl Ludwig von Willdenow (1765-1812) un botaniste et pharmacien Allemand né à Berlin le 22 Août 1765.
Il était le fils d'un apothicaire, alors c'est tout naturellement qu'il fut initié à la pharmacie. Pour compléter cette formation son père l'envoya d'abord à Halle en Saxe-Anhalt pour étudier la médecine et ensuite à Langensalza (aujourd'hui Bad Langensalza), dans le länder de Thuringe, pour apprendre la chimie auprès de Johann Christian Wiegleb (1732-1800), alors à la tête d'un laboratoire de pharmacie chimique.
En 1789, âgé de 24 ans, il reçoit son ''diplôme'' ou titre de docteur en médecine, ce qui met fin à ses études. Alors Willdenow retourne à Berlin, s'y marie et se plonge dans la rédaction de différents ouvrages dédiés à la botanique, une discipline qu'il excellait par-dessus tout.

Ses publications lui valurent d'être, successivement, en 1794 admis à l'académie des sciences de Berlin et en 1798 de se voir attribuer la chaire d'histoire naturelle du collège royal de médecine ; puis un peu plus tard, en 1801, celle de botanique. Enfin, comme pour couronner sa carrière, la direction du jardin botanique de Berlin lui sera confiée.
Sa notoriété berlinoise lui vaudra en 1811, d'être invité avec sa famille à Paris, tous frais payés, pour décrire les milliers de plantes que ses confrères Alexander von Humblodt (1769-1859) et Aimé Bonpland (1773-1858) venaient de rapporter d'Amérique du sud.
Mais à Paris, sa notoriété berlinoise perdit de son éclat, de ce fait et après huit mois d'un travail quelque peu ... dilettant et peu convaincant, Willdenow prit le chemin du retour en promettant de terminer ses descriptions à Berlin. Fauché par la mort le 10 juillet 1812 ... il ne les terminera pas ?!...
D'après certains auteurs, des jaloux ?... Willdenow avait l'art de se faire remettre gracieusement nombre de nouveaux spécimens en oubliant de ... renvoyer l'ascenseur. C'était, d'après eux, un homme peu ''partageux'' ; d'ailleurs précisent-ils, Willdenow, contrairement à la plupart de ses confrères n'a jamais formé d'élèves distingués comme le fit par exemple ... un certain von Linné.
Faisons foin des polémiques, suivent quelques-uns des nombreux ouvrages de  Karl Ludwig von Willdenow :
1787 : Prodomus fiorae Berolinnensis
1790 : Historia amaranthorum
1797-1810 : Species plantarum une oeuvre en cinq volumes dont le Vème contient la description du Bougainvilléa spectabilis.


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Photo 1 : Une gravure représentant un "Bougainvillea spectabilis Willd." appelé alors "Bougainville éclatante". Elle est extraite de "Herbier général de l'amateur" (1839) (Deuxième série) de Jean Louis Auguste Loiseleur-Deslongchamps (1774-1849) - Vol 1 - page et planche 25. la gravure est précédée d'un texte.
Photo 2 & 4 : Portraits de Karl Ludwig von Willdenow (1765-1812).
Photo 3 : Une planche d'un "Bougainvillea spectabilis Willd." tirée de l'oeuvre "Le jardin des plantes" (1842) de Pierre Bernard et Louis Couailhac.


La famille des ''Nyctaginacées'' :


L'origine du nom de la famille :


Le Bougainvillea spectabilis Willd. ... appartient à la famille des ''Nyctagineæ'' ou ''Nyctaginaceæ'' ou encore ''Nyctaginacées'', des noms qui dérivent d'un genre créé par Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836), en 1789, le genre ''Nyctagines'' ''Nyctage'', ''Nyctago'' ou ''Nictago'' que Jussieu, lui-même, déclinera à nouveau en ''Nyctagineæ'' ou ''Nyctaginaceæ'' ou encore ''Nyctaginacées'' pour en faire, non plus un genre, mais une famille de plantes.
Ce nouveau genre, ''Nyctago'', dû à la découverte de nouvelles spécificités botaniques, se substituait alors au genre ''Mirabilis'' établi par Linné pour désigner des plantes que le commun des mortels appelle ''belle de nuit'', et dont la particularité est d'avoir des fleurs sensibles à la lumière. De ce fait ces fleurs s'épanouissent durant la nuit et restent closes le jour.

C'est ainsi que le genre ''Belle de nuit'' ou ''Mirabilis'' devint le genre ''Nyctago''. Cette ''Belle de nuit'', dite ''faux jalap'' qui servit de plante type à ce genre prit alors le nom de ''Nyctago jalappa'', et la belle de nuit à longues fleurs devint ''Nyctago longiflora'' etc... etc ...
C'est donc la particularité de cette fleur, celle de fleurir la nuit, qui est à l'origine de la création de ''Nyctago'', un mot inspiré du grec ''nux'', et ... ''nuktos'' qui signifie ... nuit.  

Cependant ce fut l'anglais John Lindley (1799-1865) qui le premier fit usage du mot ''Nyctaginaceæ'' pour désigner son 161ème ordre dans son ''Natural System of Botany'' paru en 1830. (Voir page 213 de l'édition de 1936). Sous la plume de Robert Brown (1773-1858) le mot apparaît dans le Prodromus systématis Naturalis de Candolle page 421 de 1810 ce qui faisait écrire à Lecoq et J. Juillet dans leur dictionnaire botanique de 1831 que ...  ''cette famille de plantes appartient à l'hypocalicie de Monieur de Jussieu et aux monochlamydées de Monsieur de Candolle''.

Les particularités de la famille des ''Nyctaginacées'' :


Cette famille des ''Nyctaginaceæ'', est une famille de plantes dicotylédones qui se singularisent par un involucre (*). Elle compte plus de trois cent cinquante espèces qui se répartissent en une trentaine de genres; des genres dont le nombre varie selon les classifications, c'est-à-dire, en 2016, entre dix-neuf, vingt-cinq et trente-trois.
Ce sont essentiellement des espèces herbacées, des arbustes persistants ou caducs, grimpants et épineux dont les deux espèces dominantes seraient celles des genres Bougainvilléa et Mirabilis (Belle de nuit)
Toutes les espèces de cette famille sont dites pantropicales et pour la plupart concentrées en Amérique tropicale et subtropicale. Seul le genre ''phaeoptilam" (mono spécifique) est endémique du Sud-ouest de l'Afrique.
Le Bougainvillea spectabilis lui, est originaire d'Amérique du Sud, et plus précisément de la côte atlantique, comme il a été écrit plus haut. Le spécimen référent a été cueilli dans un bois près de Rio-de-Janeiro.
La plupart de ces espèces sont considérées comme des plantes d'ornementation. Elles ont été introduites par les occidentaux dans de nombreuses régions du monde. De ce fait, le Bougainvilléa est présent dans les deux hémisphères et plus particulièrement dans toutes les régions des pays dits chauds parmi lesquels figurent la Thaïlande et ... le Lanna.
Un spécimen a été introduit en France en 1833. Planté dans les jardins du roi il a fleurit pour la première fois en avril et mai 1736, et depuis précise l'auteur il fleurit tous les ans à la même époque.

 

(*) L'involucre ou involucrum est l'une des caractéristiques majeures des différents genres de cette famille. Suivant ces genres le mot involucrum est suivi de ... mirabilis, polypophyllum, damophyllum, uniflorum, calyciforme, triflorum etc... etc...
L'involucre, mot masculin, est la réunion de feuilles (bractées) se trouvant à la base d'une inflorescence, c'est-à-dire d'une fleur seule ou d'un groupe de fleurs partant d'un même point comme les baleines d'un parapluie. Cet involucre prend différentes formes selon la morphologie des plantes, d'où les mots de involucre uniflore (une fleur) multiflore, ombelliflore etc... etc...

 

 

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Photo 1 : Une gravure d'un "Bougainvilléa Spectabilis Will." extraite de la ''Revue horticole" - 55è année (1883) page 393 - figure 72. Cette gravure présente, en haut et à droite un involucre vu extérieurement.  
Photo 2 : Une aquarelle de Jules Eudes (1856-1938) d'un ''Bougainvillea spectabilis Will." (1929). En bas à gauche il y a un involucre vu intérieurement.  
Photo 3 : Une image provenant d'un dessin extrait du "Dictionnaire de botanique"  Tome 1 - page 463 d’Henri Baillon.

 


Description du Bougainvillea spectabilis Willd.


 

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                   Le Bougainvilléa spectabilis Will. est une plante d'ornementation :
Photo 1 : Un Bougainvillier vu au Wat du Doï Saket le 21.11.2015. Il doit bien atteindre une vingtaine de mètres de haut ?!...
Photo 2 : Un Bougainvilléa vu dans une rue de Chiang-Mai
Photo 3 : Un Bougainvilléa spectabilis var. latéritia Hort. Angl. Cette gravure n° 466 est extraite du 13è volume de l'illustration horticole de 1866. A l'origine cette œuvre du lithographe belge François Stroobant (1819-1916) aurait été publiée dans une parution de son compatriote Ambroise Verschaffelt (1825-1886).

 


Le tronc ou la tige du : Bougainvillea spectabilis Willd.


Le Bougainvillea spectabilis Willd. est un arbuste dont la tige ligneuse se divise dès sa base en rameaux sarmenteux, grimpant et flexueux, qui sont pubescents dans leur jeunesse. Ces rameaux s'accrochent, grâce à des ''dents d'accroche'' que sont devenus les pédoncules, et montent ainsi jusqu'à des hauteurs de vingt mètres ; voire peut-être plus, comme ce fut le cas en 1844 dans les serres de Chatsworth house en Angleterre. (Voir la photo ci-dessus pour s'en convaincre) Le tronc ou tige, comme les sarments sont couverts d'une écorce grisâtre.
Les rameaux sont alternes et couverts de dents d'accroche d'environ 2 à 3 centimètres de long pour un diamètre de 2 ou 3 millimètres. Ces dernières ou ex-pédoncules, naissent à l'aisselle des feuilles et ne sont pas vraiment acérés, mais suffisamment rigides pour blesser et permettre aux rameaux de s'accrocher aux supports se trouvant à leur proximité. Certaines de ces dents sont droites, c'est-à-dire sans ramification ou pédicelle à leur extrémité, alors que d'autres se terminent en forme de ''Y'' ou d'un "I" d'où partent des pédicelles plus fragiles et en nombre variable.
Donc à l'origine, ces ''dents d'accroche'' sont les ''pédoncules'' dont le rôle est de porter les pédicelles ou, quand il n'y en pas, les involucres constitués de trois feuilles de couleur, dites bractées, et à l'intérieur desquelles vont naître les fleurs, une fleur par bractée. Lorsque cet ensemble floral que constitue l'involucre se détache, ces ''pédoncules'' et ''pédicelles'' restent sur le rameau et durcissent au fil des jours pour devenir rigides et constituer ces espèces de dents d'accroche qui vont alors permettre au rameau de s'arrimer ou s'agripper à un support.


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Photo 1 : Un rameau sarmenteux du Bougainvillier du Wat Doï Saket.
Photo 2 : Les tiges ligneuses d'un Bougainvillier au départ d'un support, posé pour son extension aérienne, vu à Chiang-Mai.
Photo 3 : Un rameau dont les pédoncules, naissant dans l'aisselle des feuilles, sont devenus des dents d'accroche. Les points rouges marquent le départ de pédicelles portant les involucres, ou le point d'attache des involucres.



La feuille du : Bougainvillea spectabilis Willd.


La feuille du Bougainvillea spectabilis Willd. peut être solitaire ou former un petit bouquet avec une ou deux de ses semblables. Mais dans chacun des cas elles sont alternes.
C'est une feuille pétiolée dont le pétiole, suivant la grandeur de la feuille, varie entre un centimètre, et un centimètre et demi. Il est légèrement pubescent.
La feuille est de forme ovale arrondie ou ovale elliptique aigue mais se termine par une pointe non acérée qui la fait ressembler à une goutte d'eau. Ses nervures sont dites pennées, incurvées sur le dessus dont le limbe est vert foncé, et en relief sur le dessous dont le limbe est vert pâle. Elles sont légèrement pubescentes des deux côtés.
Les feuilles revêtent différentes dimensions. Les plus grandes mesurent 6/8 centimètres de long sur 4/5 centimètres de large; et les plus petites entre 3 et 4 centimètres de long sur 2,5 centimètres de large.


 

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                                                  Quelques feuilles de Bougainvilliers



La fleur du : Bougainvillea spectabilis Willd.


L'une des particularités du Bougainvilléa spectabilis est d'avoir des fleurs discrètes et insignifiantes. Ce qui attire l'œil ce ne sont pas ses fleurs, mais ses involucres pétaloïdes, c'est-à-dire les bractées de vives couleurs à l'intérieur desquelles prennent vie les fleurs qui s'ouvrent à la tombée de la nuit pour une durée de cinq ou six jours. Autrement écrit, ce sont ses bractées qui donnent à la plante son éclat et qui attirent les pollinisateurs. Les couleurs des bractées de ces involucres varient entre le violet, le rouge, le rose, l'orange, et le blanc, y compris les mélanges de couleurs.  
Les bractées de couleur, sont de petites feuilles, plus petites, dans tous les cas, que les feuilles vertes. Ce sont elles qui constituent l'involucre. Elles vont à chaque fois, et toujours, par trois.
L'involucre peut-être solitaire ou constituer des grappes. Dans tous les cas il naît à partir d'un même et frêle pédicelle d'environ un centimètre de long, qui est relié à un pédoncule plus robuste de 2 ou 3 centimètres de long. C'est ce pédoncule qui est destiné à devenir l'une des nombreuses dents d'accroche du Bougainvilléa lorsque l'involucre s'en détachera. Ce pédoncule naît toujours à l'aisselle d'une feuille et se termine par un ou plusieurs pédicelles dit frêles.
Le pédicelle dit frêle, dès son extrémité se partage en trois espèces de filaments qui vont s'affermir, grossir et constituer la nervure centrale de chacune des trois bractées ; des bractées dont les dimensions avoisinent  les 3,5 centimètres de long sur 2,5 à 3 centimètres de large. La couleur de chacune des bractées est identique d'un côté comme de l'autre ; et leur aspect est un peu celui du papier crépon.


Chaque bractée donne vie à une fleur qui prend naissance au premier tiers de la nervure centrale. Il s'agit d'un petit tube d'un vert légèrement teinté de la couleur de la bractée, d'environ un centimètre et demi de long, pour deux millimètres de diamètre. Ce tube pubescent, n'a pas une circonférence parfaitement ronde, mais anguleuse. Il est légèrement renflé sur sa première moitié et se termine à son extrémité par une petite boule de la même couleur que les bractées. La fleur est alors en bouton.
La surface de cette minuscule boulette est constituée par les cinq sépales de la fleur. Lorsque cette dernière éclot le calice gamosépale à cinq sépales pétaloïdes, minuscules, s'ouvrent ; alors se développe une corolle gamopétale à cinq pétales soudés entre eux. Ils forment ainsi une espèce de collerette à cinq dents de couleur blanche d'un diamètre d'environ 7 à 8 millimètres au milieu de laquelle apparaît le sommet des étamines de couleur jaune.  


 

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Photo 1 : Jeunes feuilles et jeunes bractées.
Photo 2 : Un dessin explicatif repris d'un dessin muet concernant un Bougainvilliéa Sanderiana Glabre (Bougainvillée Glabre de Sander) extrait du ''Traité d'Horticulture pratique" de Georges Bellair (1860-1939) page 1088 - figure 518.   
Photo 3 : Un involucre en pièces détachées.

 


L'appareil reproducteur de la fleur :

 

La fleur est hermaphrodite.


Le gynécée ou pistil (Appareil femelle) : L'ovaire, unique, glabre et oblong, est très légèrement pédiculé c'est-à-dire porté par un très court pédicule. Il est dit supère parce que situé au-dessus de l'implantation de la corolle. Cet ovaire ne contient qu'un seul ovule anatrope, c'est-à-dire renversé à 180° et non droit (orthotrope), à deux téguments.  De cet ovaire s'élève un frêle et long style, plus court que les étamines, qui porte un stigmate capité, ce qui signifie que l'extrémité du style est arrondie.
Rappel : Le stigmate attire le pollen qui va atteindre l'ovule pour la féconder par le biais du style dont l'intérieur est creux.


L'androcée (Appareil mâle) : L'androcée  se constitue de cinq étamines alternisépales, c'est-à-dire disposées en alternance par rapport aux sépales, auxquels s'ajoutent trois étamines épisépales. Les filaments de ces huit étamines, inégaux les uns par rapports aux autres, sont plus courts que le tube de la corolle et très légèrement soudés à leur base (filaments dits monadelphes). Ils portent à leur extrémité un anthère arrondie ou sac à pollen.


La pollinisation se fait par le vent, les insectes voire en certaines contrées les oiseaux.

 
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Photo 1 : Une fleur vue de face. Au centre de cette fleur on aperçoit les anthères jaunes des étamines.
Photo 2 : Une fleur vue de profils ce qui permet de découvrir le renforcement basal du tube corolaire et ses aplats.
Photo 3 : Une gravure de la famille des " Nictagineae Jussieu", qui n'est autre qu'un Bougainvillier mis en pièces détachées, extraite de ''Iconographia familiarum naturalium regni vegetabilis" page 261 - planche 104, du botaniste allemand Adalbert Schnizlein (1814-1868).
Photo 4 : Une gravure d'un Bougainvillea spectabilis Will de Walter Hood Fitch (1817-1892) extraite du Curtis's botanical Magazine Vol. 80 - planche 4.810 - paru en 1854
Photo 5 : Une image des étamines d'une fleur d'un Bougaincillier provenant d'un dessin extrait du "Dictionnaire de botanique"  Tome 1 - page 463 d’Henri Baillon.



Le fruit du : Bougainvillea spectabilis Willd.


''Le sommet du périgone (de la corolle) s'enroule en spirale pour enfermer le fruit, qui est un akène, enveloppé par la base persistante et accrescente du calice ''. (Principes de Botanique (1907) de Robert Chodat).



La graine du : Bougainvillea spectabilis Willd.


''La graine a un embryon à larges cotylédons ordinairement courbés autour d'un albumen amylacé ou charnu.''

 



Petite pharmacopée :


La plupart des plantes originaires de l'Inde, font parties de la pharmacopée de la médecine ayurvédique. Alors les effets de ces plantes sont très connus du fait d'avoir fait ... leurs preuves.
Le Bougainvillier ne vient pas de l'Inde, alors ses vertus curatives ou nocives restent à découvrir. Cependant, les Philippins en font déjà quelques usages, mais dans des cas bien particulier et localement.
Les Philippines ont été colonisées au XVIe siècle (1565) par les Espagnols. Ces derniers se sont installés en Argentine vers 1536. Les Espagnols auraient-ils importé le Bougainvillier aux Philippines dès le XVIe siècle ?... ce qui pourrait expliquer l'usage qu'en font médicalement, et régionalement les Philippins !?...

Actuellement des chercheurs s'intéressent aux diverses propriétés du bougainvillier. D'après leurs recherches, toujours en cours, le bougainvillier aurait au moins deux vertus, celles d'être un antibactérien et un antidiabétique. Antibactérien grâce au méthanol contenu dans ses feuilles, et Antidiabétique parce qu'il renfermerait du ''D-pinitol'', une substance qui permet de traiter les troubles associés à l'insulinorésistance. Le D-pinitol est un type de sucre intervenant dans la sécrétion de l'insuline.
Outre ces qualités ''bienfaitrices'' le Bougainvillier ne serait pas sans avoir des propriétés ''nocives''.
En effet, toujours d'après ces mêmes chercheurs, le bougainvillier serait un anti-fertilité et un antihyperlipidemic. Un anti-fertilité parce que des extraits de ses feuilles ont eu pour effets, sur des souris, d'agir sur leurs organes reproducteurs. Ces effets se caractérisaient par la dégénérescence des gonades, ovaires pour les femelles et testicules pour les mâles ; et antihyperlipidemic, c'est-à-dire agissant sur les lipides contenu dans le sang.
Par ailleurs, dans un tout autre domaine, il semblerait que le Bougainvillier soit un excellent capteur de métaux lourds, ce qui signifie qu'il serait en capacité de réduire la pollution engendrée par le plomb. Il absorberait et adsorberait, c'est-à-dire retiendrait à la surface de ses feuilles et rameaux, le plomb contenu dans la terre, l'air et les eaux.

Alors attendons encore un peu pour en savoir un peu plus médicalement sur les différentes propriétés du Bougainvillier.   

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Un arbre aux multiples aspects ....
                                                                            ..... comme la décoration :

Les Bougainvilliers sont souvent présents au sein de haies ou de tonnelles ; ils en constituent même, parfois, le seul élément. Le plus souvent, les deux espèces qu'on y trouve sont les deux les plus connues à savoir : Le Bougainvilléa spectabilis Will. et le Bougainvilléa glabra Choisy. C'est aussi à partir de ces deux espèces qu'ont été, et que sont, créés de nombreux cultivars.

 



Le langage du Bougainvillier :



Là encore, chez nos fleuristes, le Bougainvillier n'a pas l'antériorité de la rose ou du muguet. Alors il ne bénéficie pas, comme eux, d'un éloge panégyrique sans borne. Néanmoins les fleuristes n'hésitent pas a lui donner les qualités que le sieur de Bougainville était censé posséder à savoir le goût de l'aventure, l'intrépidité, et ... pourquoi pas le besoin de conquérir, mais de conquérir pour conquérir c'est-à-dire assouvir un désir immédiat et non envisager une relation dans la continuité.

Comme une femme avertie en vaut deux, rien ne l'empêche d'offrir cette fleur à l'homme qui fait battre son cœur mais ... c'est à ses risques et périls ... du moins si elle envisage ... la continuité ?!...  Outre le fait d'être offert en amour, le Bougainvillier peut aussi marquer des événements tels qu'un anniversaire ... des remerciements, voire la fête des pères, car l'homme le plus intrépide finit bien un jour ou l'autre par être ... papa ?!...



Merci à : Gallica BNF (Bibliothèque Nationale de France) &  
B H L (Biodiversity Heritage Library) pour tous les livres mis à disposition.

 

                                                                             Jean de La Mainate - Juillet 2016




19/07/2016
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