MerveilleuseChiang-Mai

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DOLICHANDRONE SPATHACEA (L.f.) K. Schum.

DOLICHANDRONE SPATHACEA (L.f.) K. Schum. (1889)

 

DOLICHANDRONE SPATHACEA (L.f.) Seem. (1863)

 

   

 

 

Tous ces ''dolichandrone spathacea'' s'élèvent place Tha Phae à Chiang-Maï. Ils sont le long des remparts et dépassent la dizaine d'individus.

Nota : sur la photo de gauche le 4ème arbre n'est pas un ''dolichandrone spathacea''.

 

 

Avant de prendre son appellation définitive de :

DOLICHANDRONE SPATHACEA (L.f.) K. Schum.

Cet arbre a reçu de nombreux autres noms formés, très souvent, à partir des mêmes qualificatifs ou de qualificatifs synonymes. Jugez-en plutôt :

 

Bigonia javanica Thunb.

Bigonia longiflora Willd. ex DC

Bigonia longissima Lour. (1790)

Bigonia spathacea L.f. (1781)

Dolichandrone longissima (Lour.) K. Schum.

Dolichandrone rheedii (Spreng.) Seem

Dolichandrone (Fenzl) Seem

Dolichandrone spathacea (L.f.) Baill. Ex Schum.

Lignum équinum Rumph.

Nir pongelion Rheede

Pongelia longiflora Rafin

Spathodea diepenhorstii Miq. (1861)

Spathodea longiflora Vent. (1807)

Spathodea loureiroana DC (1845) ou Spathodea loureiriana DC

Spathodea luzonica Blanco (1845)

Spathodea rheedii Spreng

Spathodea rostrata Span.

 

Ces ''qualificatifs'', sur lesquels nous reviendrons, permettent de donner une idée au sujet de la morphologie ou de certaines caractéristiques de l'individu.

 

Tous ces noms sont sortis de l'imaginaire des naturalistes d'autrefois, via le grec le latin ou un  collègue à honorer.

Dans ses pays d'origines cet arbre était loin d'être anonyme. Il avait aussi, et a toujours, un nom. En voici quelques uns … parmi tant d'autres :

  

Au Lanna : Khè Khao (แคขาว) à Chiang-Maï – Khè Pa (แคป่า) ou Khè Phou Ho (แคพูฮ่อ) à Lampang (ลำปาง) et aussi Khè Na (แคแน) ou Khè Foï (แคฝอย).

 

En d'autres régions de la Thaïlande : … Khè Tha Lé (แคทะเล) Khè Name (แคน้ำ) et encore … Khè Pa (แคป่า) à Roi-Et (ร้อยเอ็ด) comme au Lanna - Khè Toui (แคตุ้ย) – Khè Saï (แคทราย) à Nakhon Ratchasima (นครราชสีมา) - Khé Kèt (แค่เก็ต) - Khé Foï (แคฝ่อย) – Khé Yok Dam (แคยอกดำ)

 

(Nota : En Thaïlande on a un peu tendance à mélanger les espèces !...)

 

Et dans les pays voisins … Gourou singha (Bengale) -Kelaju – Toi – Towi – Tuih – Tuyi – Tuwi à Bornéo - Diyadanga au Sri Lanka – Nir pongiliun au Kérala et alentours (Langue Malayalam) - Bockshoorn ou Buux-Horn aux ex Indes Neerlandaises - Caju cuda en Malaisie - Tue aux Philippines - Vilpadri - mankulanchi - pannir  en langue Tamoul – Quao au Vietnam.

 

Ce bref panorama de noms en langues vernaculaires définit l'aire géographique endémique de cet arbre qui s'étend de l'Inde à la nouvelle Calédonie.

 

   

 

 

Photo 1 : Une gravure concernant le ''dolichandrone spathacea''. Cette gravure est extraite d'un livre du XVIIIe, vraisemblablement sur la flore de la cote de Coromandel (Côte Sud-est de l'Inde, côté Sri Lanka). L'arbre est alors appelé ''Bigonia spathacea''. Sur cette gravure les feuilles sont plus ''arrondies '' qu'en réalité.

 

Photo 2 : L'aire géographique propre au ''dolichandrone spathacea''. L'étendue de cette aire est probablement due à la graine de l'arbre dont la particularité est d'être ''équipée'' pour voguer au fil de l'eau et … des courants marins !...   

 

Photo 3 : Une autre gravure du ''dolichandrone spathacea'' mais, étant donné l'époque de la gravure, il est appelé ''Nir pongelion'' qui doit venir de la langue Malayalam donc de … ''Nirpongiliun''.

 

Si le Nir pongelion  est bien synonyme de ''dolichandrone spathacea'' la fleur du ''dolichandrone spathacea'' est de couleur … blanche !....

Or celle-ci est de couleur tirant sur le mauve comme celle du ''dolichandrone falcata seem'' ?!...

Ce qui signifierait :

Ou le ''Nir pongelion'' n'est pas synonyme de ''dolichandrone Spathacea '',

Ou il s'agit d'un ''dolichandrone falcata seem'' et non d'un ''Nir pongelion''.

 

 

Il couvre plus précisément : Le Sri Lanka, l'Inde, la Birmanie, la Thaïlande – donc le Lanna – le Laos, le Cambodge, le sud Viêt-Nam, la Malaisie, le Sumatra, la Java, le Bornéo,  les Philippines, la pointe nord-est de l'Australie, Les Célèbes, les Moluques, la Papouasie, la nouvelle Guinée, la Micronésie, et … loin dans le pacifique les îles Solomon, les nouvelles Hébrides (Vanuatu) et la Nouvelle Calédonie.

 

Si cet espèce d'arbre est allé se développer aussi loin dans les îles du pacifique c'est vraisemblablement grâce à ses graines. Car sa graine est parfaitement adaptée pour se laisser porter par les courants océaniques.

 

Cependant rien ne dit qu'au lieu de naviguer d'ouest en Est les graines en question ne seraient pas allées d'Est en ouest. La nature n'en est pas à une surprise ou un paradoxe prêt !...   

 

 

ARRÊT SUR LE NOM :

 

DOLICHANDRONE :

 

Le nom du genre se compose de deux mots.

''Dolicho'' qui vient du grec ancien ''Dolikhos'' (δολιχός) (*) qui signifie loin, long, voire allongé et étiré.

Et de ''Androne'' ou peut-être ''Chandrone'' ( ?) un mot pour lesquels je n'ai pas trouvé d'arguments satisfaisants pour en donner une signification.

 

Aucun botaniste faisant autorité, ou article d'encyclopédie ancienne ne donne les raisons qui ont contribué à la création de l'un ces mots.

 

Alors je me contenterai de vous soumettre quelques hypothèses concernant ''androne''. Et, si quelqu'un en sait un peu plus sur les raisons qui ont présidé à la création de ce mot, ses explications sont d'ores et déjà les bienvenues.

 

1/ ''androne'' pourrait venir du grec ancien ''andros'' (νδρός) qui signifie homme, voire individu ?!...  

2/ ''androne'' pourrait aussi mettre à l'honneur un homme. En Grèce un médecin portait le nom d'Andron ou  Andrônis.

En France c'est un nom de famille où il y eut, à défaut de botaniste, de grands pharmaciens ou apothicaires.

3/ ''androne'' est aussi le nom d'une ville d'une grotte, d'un lieu dit etc… etc…

 

Voilà, vous en savez autant que moi. Mais rien ne dit que dans toutes ces propositions il y ait la bonne ?!...

    

 

(*) Lors des anciens jeux olympiques, la course de fond d'une longueur de 4.614 mètres 48 avait pour nom ''Dolikhos''.

 

 

SPATHACEA

 

Ce nom d'espèce sert à désigner les plantes donnant naissance à des spathes. C'est donc en latinisant le mot ''spathe'' que les botanistes ont créé celui de ''Spathacea''.

 

Le mot ''spathe'' vient lui-même du latin ''spatha'' qui servait à désigner une arme blanche à double tranchant, en fait, une longue épée.

 

Quant au latin ''spatha'' il est issu du grec ancien ''spáthē'' (σπάθη) qui servait à désigner une large lame.

 

Nos ancêtres les gaulois se servaient d'une arme appelée ''spathe''.

 

En botanique la spathe est comparable au calice d'une fleur, à la différence qu'au lieu d'être constitué de cinq sépales il se compose d'une seule et unique feuille ou … sépale. C'est donc un calice monosépale.

 

C'est à l'intérieur d'une spathe, appelée aussi bractée, que se développe une fleur, et c'est lorsque la spathe s'ouvre que la fleur éclos.

 

     

 

 

Photo 1 : La spathe est encore refermée sur elle-même et contient la fleur.

Photo 2 & 3 : La spathe s'est ouverte et la fleur commence à éclore.

Photo 4 : La fleur a vécu et est tombée au sol. Il ne reste que la spathe et le pistil qui au fil des jours va se transformer en fruit. En général la spathe tombe une journée ou deux après la fleur.

 

 

L.f est l'abréviation botanique du fils du botaniste suédois Carl von Linné (1778-1707), Linné fils (1783-1741).

 

Ce sera sa description du ''Bigonia spathacea'' qui fera référence jusqu'en 1889. Car cette année là paraîtra la description du ''Dolichandrone spathacea'' de Karl Moritz Schumann qui n'est rien d'autre qu'une description ''améliorée'' du ''Bigonia spathacea''.

 

 

K. Schum est l'abréviation botanique du naturaliste allemand Karl Moritz Schumann (1851-1904).

 

Karl Moritz Schumann occupa le poste de conservateur du jardin botanique de Berlin en 1884 et le conservera  jusqu'à son décès, c'est-à-dire pendant 20 ans.

 

En collaboration avec le Français Edouard Bureau (1830-1918) il rédigera, entre autres ouvrages, le volume VIII, consacré au ''bignoniaceae'' de la ''Flora brasiliensis'' de l'explorateur et botaniste allemand Carl Friedrich Philipp von Martius (1794-1868).

 

De tous ses travaux celui qui marque incontestablement son œuvre est celui sur les cactus. Il est l'un des tout premiers botanistes à avoir décrit ces plantes.

 

Ses ''descriptions'' paraîtront entre 1897 et 1899 sous forme de 13 livrets où il détermine 21 genres et décrit 578 espèces.

Ce sera le premier ouvrage sur les cactaceae ou … Kakteen !...

 

 

 

   

 

 

Photo 1 : Une lithographie d'un ''Phyllocactus hybr. Victoria regia Hort. Bornem, extraite du ''Blühende Kakteen'' ou ''Iconographia cactacearum'' de Karl Moritz Schumann (1851-1904), Robert Louis Auguste Maximilian Gürke (1854-1911) et Friedrich Karl Johann Vaupel (1876-1927), une monographie publiée en 1904 aux éditions Julius Neumann.

  

Photo 2 : Le naturaliste allemand Karl Moritz Schumann (1851-1904).

 

Photo 3 : Une lithographie d'un ''Echinocactus Blankii'' extraite du ''Blühende Kakteen'' ou ''Iconographia cactacearum'' de Karl Moritz Schumann (1851-1904), Robert Louis Auguste Maximilian Gürke (1854-1911) et Friedrich Karl Johann Vaupel (1876-1927), une monographie publiée en 1904 aux éditions Julius Neumann.

 

 

 

Le dolichandrone spathacea appartient à la famille des Bignoniacées (Bignoniaceae). Une famille créée par Antoine-Laurent de Jussieu (1748-1836) en 1789.

 

Elle compte aujourd'hui plus de sept cents espèces regroupées en quelques cent-vingt genres, dont celui des ''dolichandrones'' qui eux-mêmes comptabilisent quelques vingt-cinq espèces dont celle des ''spathacea''.

 

Les bignoniacées sont des plantes dicotylédones, c'est-à-dire dont la graine donne naissance à deux feuilles primordiales et dont leurs nervures sont ramifiées. Ils ont comme particularités d'être des plantes gamopétales c'est-à-dire avec une corolle aux pétales soudés, ou caliciformes c'est-à-dire dont la fleur est en forme de calice.

 

La famille des bignoniacées se constituent d'arbres, d'arbustes, de lianes, de plantes grimpantes et d'herbes (rarement) qui poussent dans les régions tropicales, mais aussi tempérées.

 

     

 

 

Ces ''dolichandrone spathacea'' s'élèvent place Tha Phae à Chiang-Maï, alors évidemment ils servent à accrocher bien des ''choses'' et font office, entre autres, de poteaux électriques. C'est pourquoi vous voyez ''pendouiller'' quelques fils ou quelques boitiers par où passe, ou arrive le courant !...

Ce qui permet de recharger la batterie d'un portable ou d'un objet du même genre. Nos places parisiennes ne disposent pas de ces … ''commodités'' liées au monde moderne !...

 

Nota : J'ai mis la photo de droite pour bien montrer la façon dont les branches secondaires s'élèvent (très à la verticale) d'une branche primaire.

 

 

Description du  dolichandrone spathacea

 

Comme son nom l'indique, ainsi que nombre de ses synonymes, le dolichandrone spathacea est un arbre qui s'étire vers les cieux. Il y a dans son allure une certaine élégance. Son tronc est lisse, long et comme cannelé en certains endroits.

 

A l'image du tronc, ses branches s'élancent et s'étirent aussi vers les cieux.

 

Ce ne sont donc pas des branches qui s'étalent autour du tronc mais qui accompagnent et rehausse l'élégance de la silhouette de l'arbre. Elles épousent sa ligne faite de verticalité.

 

Lorsqu'une branche a poussé à l'horizontale elle est le départ de branches secondaires qui s'élèvent verticalement.

 

Cet arbre peut atteindre une vingtaine de mètres.

 

Le dolichandrone spathacea est un bois léger qui sert à la fabrication d'objets usuels consommables et sans grande valeur comme des caisses, des allumettes et des jouets.

 

A Java, par exemple, il est transformé en flotteurs. Aux Philippines il sert à façonner des chaussures. Et en beaucoup d'endroit il se termine son existence en charbon de bois.

 

   

 

L'écorce du dolichandrone spathacea est de couleur brun-clair, voire un peu blanchâtre. Elle est striée longitudinalement et couverte en certains endroits de lenticelles qui lui donnent de la rugosité.

 

J'ai lu que cette écorce servait en certains endroits comme ''poison de pêche''. Ce qui signifierait que mise dans de l'eau ses sécrétions endormiraient les poissons et que les … soi-disant pêcheurs n'auraient plus qu'à les saisir à la main ou au filet !...

 

   

 

Les feuilles du dolichandrone spathacea sont des folioles de forme ovale ou elliptique, irrégulièrement découpées sur les cotés et qui se terminent par une pointe, de ce fait ce sont des feuilles acuminées.

 

Les plus grandes mesurent une dizaine de centimètres sur quatre ou cinq de large. Toutes sont pourvues, sous leur dessous, de nervures enflées (domaties).

 

Ces feuilles sont appelées folioles parce qu'elles constituent des pennes qui à ''l'âge adulte'' atteignent entre trente et quarante centimètres.

 

Ces pennes sont formées par des folioles opposées deux à deux et peuvent compter entre 7 à 9 couples de folioles. L'extrémité d'une penne se termine toujours par une feuille  sans vis-à-vis, une foliole veuve en quelque sorte ?!....

 

 

   

 

 

Photo 1 : La fleur sort de son enveloppe protectrice ou spathe.

 

Photo 2 : La fleur vers 18 heures.

 

Photo 3 : La nuit est tombée, il devait être 21 heures. L'ouverture de la fleur s'est faite très rapidement, en 2 ou 3 heures.

 

 

Les fleurs du dolichandrone spathacea sont des fleurs nocturnes, c'est-à-dire qui ne s'épanouissent que durant la nuit. L'arbre donne alors l'effet d'être recouvert de gros flocons, ce qui ne manque pas de charme.

 

Au Lanna il est en fleur fin Mars et courant Avril.

 

Ces fleurs, de couleur blanche, ont la forme d'une trompette ou d'un entonnoir de forme effilée d'une quinzaine de centimètres.

 

Du fait de cette forme leur corolle est monopétale, c'est-à-dire d'un seul bloc, et se termine par cinq lobes très irréguliers et très découpés.

 

     

 

 

Photos 1 & 2 : Deux fleurs photographiées de nuit.

 

Photos 3 & 4 : Deux fleurs tombées au sol.

 

 

Les quatre étamines, dites didynames parce que au nombre de quatre, sont comme soudées à la corolle sur une bonne partie de leur longueur.

 

Comme cette corolle se situe sous l'ovaire, on dit aussi qu'elle est hypogyne.

 

D'après mes observations, une corolle qui s'ouvre vers les 20 heures le lendemain midi est tombée au sol en laissant à découvert le pistil. 

 

En général les boutons des fleurs poussent en petit groupes pouvant aller jusqu'à six ''individus''. Mais il est rare que toute l'inflorescence fleurisse en même temps.

 

Ces inflorescences sont dites terminales et ''cauliflores'' parce qu'elles naissent directement sur des rameaux ou sur le tronc.

 

Nota : Je ne reviens pas sur le calice ou ''spathe'' dont nous avons déjà parlé à l'occasion du nom de l'espèce.

 

     

 

 

Photo 1 : Après que la corolle soit tombée au sol, il ne reste de la fleur que cette petit tige, le pistil, où va se développer le fruit.

 

Photos 2 & 3 : Quelques gousses encore attachées à leur arbre mais sans graines.

 

Photo 4 : Un gros plan sur une gousse au sol qui, elle aussi est sans une graine !....

 

 

Les fruits du dolichandrone spathacea se présentent sous la forme de très longues gousses mesurant entre trente et soixante centimètres si ce n'est plus.

 

Ces capsules cylindriques, striées longitudinalement,  renferment des graines qui sont disposées sur quatre rangs.

 

Ces graines, de couleur jaune paille, spongieuses et ailées ont la particularité de pouvoir se disperser par flottabilité. Ce qui leur permettrait de se laisser porter par les courants marins sur des milliers de kilomètres.

 

Cette graine réduit en poudre aurait la particularité d'apaiser la nervosité.

 

       





17/04/2012
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