MerveilleuseChiang-Mai

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FLAMBOYANT ROYAL (Le)


FLAMBOYANT ROYAL (Le) ou

DELONIX REGIA (Le)

Au lanna : (Hagn-Nok-Yougn - หางนกยูง)

 

                                    

 

Le Delonix regia, ou le Flamboyant royal, est un arbre endémique du nord et du nord-ouest de l'île de Madagascar, (*) régions de Antsiranana (Diego Suarez) et de Mahajanga (Majunga).

 

(*) L'île de Madagascar, de par son histoire géographique, possède une flore et une faune unique au monde. Il y a sur cette île des espèces bien particulières qui n'existent nulle part ailleurs. Le delonix regia est l'une de ces nombreuses et rares espèces.

 

Paradoxe, tandis que l'espèce du delonis regia prolifère dans le monde entier, elle est entrain de s'éteindre dans les forêts malgaches où elle est née !...

 

 

C'est avec les Français, et l'arrivée des premiers esclaves noirs, entre 1638 et 1660, que le flamboyant royal, s'implante dans les ''îles d'Amérique'', en fait dans les caraïbes, et plus précisément dans l'île de saint Christophe (*) à Basseterre (**) où Philippe de Longvilliers chevalier de Poincy, (1583-1660) (***) assure la charge de gouverneur de toutes les îles d'Amérique au nom du roi de France. (Louis XIII  1601-1610-1643)

 

(*) L'île en fait était partagée entre les Français et les Anglais qui avaient alors pour ennemi commun les Espagnols. Aujourd'hui, et depuis 1983 l'île de saint Christophe et celle de Niévès forment la plus petite nation des Amériques.

(**) Ne pas confondre cette ville de Basseterre située à Saint Christophe, avec la ville de Basseterre sise en Guadeloupe.

(**) Il sera remplacé deux ans durant, de 1645 à 1647 par Noël Patrocle sieur de Thoisy avec qui il fut en lutte.

 

 

Le chevalier de Poincy fait donc importer le flamboyant royal pour agrémenter et ombrager la colonie française. Ce sera en son honneur que le flamboyant royal s'appellera tout d'abord le Poinciana regia.      

Puis il faudra attendre près de deux siècles, 1820, pour que le botaniste et naturaliste, aujourd'hui Tchèque, mais à son époque Autrichien, Wenzel ou Wenceslas Bojer, (1797-1856) alors en poste à l'île Maurice et à l'occasion d'une visite à Madagascar, découvre le  Poinciana regia, auquel fut ajouter en 1829 son nom … Bojer.

 

Il va alors l'introduire et le planter à l'île Maurice. Ce sera principalement à partir de cette époque que le flamboyant royal ira conquérir, les terres tropicales de l'Asie du sud-est, dont Singapour en 1840.

 

 

Chacun des pays d'accueil lui trouvera un nouveau nom, ''Gulmohar'' en Inde, ''Krishnachura'' au Bangladesh, ''Merak'' en Indonésie, ''Semarak API'' en Malaisie, ''Seinban'' en Birmanie, ''Phuong'' au Vietnam, ''Caballero'' aux Philippines, et ''Tone-Hagn-Nok-Yougn'' - ต้นหางนกยูง en Thaïlande ; ce qui signifie l'arbre ''queue de paon''.

 

Sans passer en revue tous les pays du monde, citons encore les noms de, fleur de paradis, orgueil de Chine, fleur de paon, crête de coq, ou encore, haies fleuries.

 

 

Malgré cet éventail de noms, les botanistes lui en trouvèrent un nouveau ''delonix regia'' (*)

 

(*) Le premier vocable ''delonix'' est formé par deux mots d'origines grecs, ''délos'' (Λήλoς) et ''onux'' (ovuξ).

Le premier ''délos'' signifiait ''claire'' ''visible''. Ce mot a très certainement été pris en référence  au côté ''prestigieux'' et très voyant de l'arbre. (Délos est aussi l'homonyme d'une des célèbres Cyclades grecques qui jouit d'un passé extraordinaire. C'est là que naquirent Apollon et Artémis.)

Le second ''onux'', devenu en latin ''onix'' signifiait ''griffe''. Ce mot a vraisemblablement été choisi en référence aux fleurs du flamboyant qui font effectivement penser, en les voyant, à de petites griffes.

 

Le second vocable ''regia'' désignait en latin le ''palais royal''. Avec le temps, le sens ''royal'' éclipsa le sens ''palais'' pour donner par exemple lex regia, c'est-à-dire la loi royale ou encore la via regia, la voie royale ; celle qui conduisait les pèlerins de Kiev à saint Jacques de Compostelle, entre autres exemples.

                        

                                   

 

Le delonix regia appartient à la famille des Fabaceae ou Fabacées, (*) ex-famille des Papilionacées. (**) Une famille qui compte trois sous-familles et plus de douze mille espèces.

 

L'une de ces sous-familles, celle des caesalpiniaceae ou caesalpiniacées, répertorie deux mille espèces dont le delonix regia ou flamboyant.

 

(*) Le nom de ''fabaceae'' ou ''fabacée'' vient du latin ''faba'' qui signifie ''fève'', et concerne les plantes dont le fruit se présente sous forme de gousses contenant des graines.

(**) Le nom de ''papilionaceae'' ou ''papilionacée'' a été donné aux plantes dont la fleur fait penser à un papillon.

 

 

Dans cette sous-famille, le genre des delonix Raf. (*) compte aujourd'hui, 11 espèces, dont 9 sont endémiques à Madagascar et qui, pour certaines, n'ont été découvertes qu'en 1995 ; c'est-à-dire depuis une quinzaine d'années seulement.

 

Les espèces propres au delonix Raf. sont les suivantes :

 

1/ Delonix boiviniana (Baillon) (**) Capuron 1968 - (A fleurs jaunes et blanchâtres.)

2/ Delonix brachycarpa (R. Vig) Capuron 1968 - (Endémique du Sud-est de Madagascar – plateau de l'Ankara.)

3/ Delonix decaryi (R. Vig) Capuron 1968 ou Delonix adansonoides - (Endémique du sud de Madagascar – région de Tuléar – Delonis à fleurs blanches)

4/ Delonix floribunda (Baill.) Capuron 1968 – (Endémique du Sud-est de Madagascar. Delonis à fleurs blanches jaunes et légèrement orangées.)

5/ Delonix leucantha (R. Vig) Du Puy, P.B. Phillipson & R. Rabevohitra 1995.

6/ Delonix pumila Du Puy, P.B. Phillipson & R. Rabevohitra 1995. (Endémique du Sud-est de Madagascar – région de Tuléar. C'est un arbre nain.)

7/ Delonix regia (Bojer ex Hook) Raf. 1837 (var.flavida Stehlé)

8/ Delonix tomentosa (R. Vig) Capuron 1968 (Endémique du nord de Madagascar – plateau de l'Ankara.)

9/ Delonix velutina Capuron 1968. (Endémique du nord de Madagascar – Région de Diego-Suarez – espèce la plus menacée.)

 

10/ Delonix elata (L) Gamble 1919. – (Se trouve en Afrique de l'est, Moyen-Orient, Inde, et Asie du Sud-est – Delonis à fleurs blanches et jaunes et étamines rouges.)

11/ Delonix baccal (Chiov) Baker f. (Endémique de l'Ethiopie, du nord du Kenya et de la somalie.)  

 

 

(*) Dans toutes les revues de botanique, le delonix est donné pour synonyme de poinciana. Cependant, le botaniste Guy Edouard Roberty (1907-1971) faisait une différence entre les poinciana et les delonix. D'après lui, les fruits du premier sont à valves ligneuses alors que les fruits du delonix sont à valves coriaces.

Le poinciana aurait-il ''muté'' et serait-il devenu une nouvelle espèce ?... en tout cas sa remarque est restée lettres mortes auprès de ses confrères ?!...

 

(**) Henri Ernest Baillon (1827-1895) est un botaniste et un médecin français, qui a écrit de nombreux ouvrages dont ''L'Histoire des plantes'' en 13 volumes, publiée chez Hachette entre 1867 et 1895, accessible par Gallica (BNF)  et dont je me sers avec gourmandise.

 

Le numéro d'ordre en rouge signifie que l'espèce est en voie d'extinction.

 

 

 

Le delonix regia ou flamboyant, est un arbre qui mesure entre cinq ou dix mètres de hauteur, voire vingt mètres. (*) De loin il ressemble à un parasol, et développe une multitude de grappes de fleurs rouges qui en font surtout un arbre d'ornementation et d'ombrage.

 

Son bois tendre, peu durable est surtout un bois de feu. Cependant si le Delonix velutina Capuron 1968 est en voie de disparition, c'est parce que les autochtones s'en servent pour construire des canoës ; et comme la demande en canoës est plus forte que le reboisement !...

 

 (*) Il y aurait à Porto-Rico un flamboyant mesurant trente deux mètres de haut et dont le diamètre du tronc atteindrait 105 centimètres. Cet arbre est le symbole national de l'île.

Le delonix regia est aussi l'arbre emblématique de la Chine.   

 

 

A Chiang-Maï, une bonne centaine de flamboyants s'élèvent sur la berge intra-muros de la douve. (*)

 

(*) Les flamboyants se situent plus particulièrement à l'angle sud-ouest, l'angle Cheng Kou Huang (แจ่งกู่เฮือง) du côté de la rive intra-muros ouest, à l'extrémité de la rue Arak, (ถนนอารักษ์) où j'en ai compté une bonne quarantaine. Mais si ce sont les plus nombreux, ce ne sont pas les plus beaux !...

 

Il y en a aussi beaucoup, environ vingt-cinq, sur la rive intra-muros sud, entre l'angle sud-ouest, encore l'angle Cheng Kou Huang, (แจ่งกู่เฮือง) la porte Suan Prung, (ประตูสวนปรุง) et la porte Chiang-Maï. (ประตูเชียงใหม่)  Ils sont tout au début de la rue Bamrung Buri (ถนนบำรุงบุรี) qu'il suffit de remonter.

 

Curieusement, il n'y en a aucun sur la berge extra-muros de la douve ?!...

 

Il est aussi possible de voir des flamboyants en bien d'autres endroits, tant intra-muros, qu'extra-muros. Car ils ne manquent pas.

 

                                              

 

Les feuilles du delonix regia sont alternes, munies de stipules et bien souvent pennées. Selon les espèces leurs paires varient entre cinq à dix ou de onze à dix-huit.

 

 

Les fleurs du delonix regia sont hermaphrodites et n'apparaissent, dans le meilleur des cas, que lorsque l'arbre atteint sa dixième année. Parfois quelques années supplémentaires sont nécessaires pour le voir fleurir.

 

                                           

 

La fleur du delonix regia est irrégulière et constituée de cinq pétales. Le pétale supérieur, ou l'étendard, est le plus large et marbré. Les deux pétales latéraux, plus étroits, forment les ailes de la fleur. Et les deux derniers pétales, ceux du bas, qui ont pour nom la carène parce qu'elles ressemblent à une carène de vaisseau, renferment les étamines ; dix longues étamines exsertes, c'est-à-dire faisant saillie.

 

                                                   

 

Les fruits du flamboyant royal, sont des gousses qui ressemblent à une espèce de sabre dont la longueur peut atteindre plus de 60 centimètres, et la largeur 5 centimètres. Chacune d'elles contient entre trente et soixante graines d'environ deux centimètres, qui font penser aux noyaux des dattes. Elles sont toxiques.

 

 

Les graines entrent dans la fabrication de colliers, et d'instruments de musique du type maraca, hochet ou shak-shak (chak-chak).

 

Elles ont aussi des vertus médicinales et toxiques (poison) car elles aident au suicide et à l'avortement.

 

 

Petite pharmacopée des delonix :

 

Leurs racines seraient fébrifuges. (Qui fait baisser la fièvre)

 

Leurs feuilles seraient un excellent analgésique. (Qui rend insensible à la douleur.)

 

Leurs jeunes tiges utilisées comme brosse à dents auraient raison des gingivites.

 

Leurs fleurs, qui parfois se mangeraient en salade et d'où peut-être extraite une teinture rouge, pour ceux qui ont des fleurs rouges, seraient vermifuges.

 

En infusion, leurs écorces, rameaux, feuilles et fleurs seraient utilisées pour traiter des cas de diarrhée, de dysenterie, de choléra, de shigellose, de parasitisme du sang et de babesiose. 

 

Bref !... un arbre qui n'a volé ni son nom et ni sa réputation.

 

 

                                                

        

 

 

 

Si la flore malgache vous intéresse particulièrement, avec le site dont l'adresse suit, vous serez plus que comblé.

www.biodiv.be/madagascar/biodiversity/fol_mono_biodiv/

 




03/06/2010
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