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MENGRAÏ - 02 LES DIFFERENTS CONTEXTES AVANT SA NAISSANCE

LES DIFFERENTS CONTEXTES AVANT LA NAISSANCE DE MENGRAÏ.

 

 

 

Le contexte géographique :

 

La région qui verra s'épanouir le Lanna était à la fin du XIIe et au début du XIIIe  siècle, et d'ailleurs encore un peu aujourd'hui, comme relativement très protégée des influences extérieures de l'époque.

 

En effet, de par sa situation géographique le Lanna, qui se situait sur les bas flancs de la grande chaîne mourante de l'Himalaya, était au nord, comme protégé par ces montagnes, et au sud, comme défendu par la jungle.

 

Jusqu'à pratiquement la fin du XXe siècle, c'est-à-dire les années 1980, les seules et uniques ''grandes'' voies de communication en ces régions étaient les cours d'eau.

 

Ainsi par exemple, les routes qui allaient partir de Chiang-Maï n'iront pas au-delà des trente kilomètres !...

 

 

Le futur Lanna était donc alors comme une contrée un peu perdue qui n'appartenait pas vraiment à un groupe ethnique bien précis, mais dont néanmoins la lutte pour l'hégémonie du pouvoir régional était loin d'être absente.

 

 

Cependant c'était sur ce sol que venaient mourir les dernières lames des tempêtes, qui grondaient aux quatre points de son horizon et qui concernaient tant la vie politique que culturelle ou spirituelle des grands royaumes de ces temps-là.

 

 

Alors le Lanna ne sera, et ne demeurera qu'un royaume de seconde importance, contrairement à ses grands voisins, comme Pagan, le Tibet, Dali, la Chine, le Champa et les empires mongols et Khmers, pour ne citer que les plus proches et les plus concernés.


Le contexte démographique :

 

Avant l'arrivée des T'aï-s (1) les terres du futur Lanna étaient déjà peuplées, mais très peu. Et elles le resteront, même après l'arrivée des T'aï-s.

 

Le peuplement de Chiang-Maï, par exemple, sera l'une des grandes préoccupations de Mengraï. Car en cette contrée la main-d'œuvre faisait toujours défaut pour assurer l'essor d'un royaume.

 

Alors à cette époque, non seulement les populations étaient corvéables à merci, mais aussi ''transportables'' pour ne pas écrire … déportées selon les besoins ou les nécessités du moment.

 

Il faudra attendre l'ère de la colonisation et les progrès de la médecine pour voir, à partir des années 1920, augmenter judicieusement la densité de la population du Lanna.

 

Les Wa-s, (ou Lawa) (2) (ลัวะ) dont il y a encore aujourd'hui des descendants, figureraient parmi les populations les plus anciennes connues à ce jour à avoir foulé les terres du futur Lanna.

 

Il a été mis à jour près de Chiang-Maï quelques vestiges de leurs cités, dont : Vieng Jethaburi et Nopburi. (3)

 

 

 

Ensuite ce furent les Môns, peut-être venus de l'Inde, mais rien n'est moins sûr, qui après s'être établis en Birmanie remontèrent, depuis les plaines centrales de Bangkok, jusque dans le sud du Lanna.

 

Vers la fin du VIe siècle la civilisation dite de Dvaravati, se mit alors à fleurir. Elle s'éteignit vers le XIe siècle en raison, peut-être, de l'arrivée des Khmers. Mais cela reste à prouver, d'autant que d'autres possibilités ayant conduit à sa fin semblent aussi possibles.


Cependant, une citée Môn-e, dont on reparlera, perdura jusqu'à la fin du XIIIe siècle. Il s'agit de Hariphunchai (ou Haribhunjaya ou encore Müang Hărĭphunxăi.), plus connue aujourd'hui sous le nom de Lampun, (ลำพูน) dont Mengraï s'emparera le 23 avril 1281.

 

 

 

Enfin, s'étalant sur plusieurs siècles, et à partir du 1er siècle de notre ère, des T'aï-s, venant du Yunnan, Sipsongpanna ou Xishuangbanna, descendront vers les plaines centrales de Bangkok en se laissant guider par les cours d'eau. (4)

 

Au fur et à mesure de cette lente avancée, près de quatre siècles, ils s'organiseront en petites chefferies n'hésitant pas à s'allier par le sang avec les autochtones alors en place, c'est-à-dire les Môns, voire les Khmers.

 

 

 

L'histoire locale :

 

Ces petites chefferies, par le biais des allégeances, formèrent alors des petits royaumes avec à leur tête l'une d'entre elles, en général la plus ''forte''.

 

Mais il suffisait d'un retournement d'alliance pour qu'une cité ''suzeraine'' se retrouvât vassale d'un ancien vassal devenu ''suzerain''.

 

Les petits royaumes ainsi formés, devenaient eux-mêmes tributaires de plus grands.

 

 

Au VIIIe siècle le ''grand royaume'' qui entendait imposer son hégémonie sur cette région, était le royaume de Dali. (937-1253) (5)

 

Et son roi d'alors, Khun Borom, vers 750 envoya l'un de ses fils gouverner, ou prendre en main, tout une contrée située au nord du futur Lanna et d'où naîtra, sur la rive du Mékong, la ville de Chiang-Saen, et le petit royaume du Yonnok.


Ce fils, Lao Chong (639-759) (6), sera le fondateur de la dynastie des Lavacankarāja qui, après avoir connu des heures de gloire, en connaîtra de beaucoup plus sombres, au point de céder sa place à une autre dynastie.

 

Mais la lignée ne s'éteindra pas. Elle continuera même son existence, mais plus en retrait.

 

Le royaume créé par les ''Lavacankarāja'' connut donc le sort des principautés suzeraines déchues redevenant de simples vassales !...

 

 

Puis par un retournement de situation dont seule l'histoire a le secret, vers les années 1160, (7) un certain Lao-Meüng  issu de cette ancienne dynastie des Lavacankarāja la reporta sur le devant de la scène régionale et tout en même temps … au pouvoir.

 

Ce Lao-Meüng n'était autre que le grand-père de Mengraï.

 

A cette époque, Louis VII dit le Jeune, (1120-1137-1180) régnait sur la France. Il venait de perdre son ministre Suger et de divorcer d'avec Aliénor d'Aquitaine.

 

 

Comme son aïeul, pour affermir son pouvoir Lao-Meüng mit à contribution ses fils. Il en envoya un premier à Fang (ฝาง) pour gouverner cette région, et un second à Pha-Yao (พะเยา) avec la même mission.

 

Ce dernier se montrera un excellent administrateur et épousera une Mône.

 

Quant au troisième de ses fils, Lao-Meng, le père de Mengraï, il restera auprès de son père et prendra sa succession à sa mort.

 

 

Le Royaume de ''Yonnok'' ou de ''Hiran Nakorn Ngeun-Yang'' (8) fut donc à l'origine du Lanna que le petit fils de Lao-Meüng, Mengraï, allait créer dès sa venue à la tête du ''Yonnok''.


 

 

     

      Les renvois :

 

 

(1)  Le mot t'aïs, écrit de cette façon, s'applique à tous les groupes Thaïs (Les Thaïs noirs, Thaïs Lu-s, Thaïs Yai-s (Chans) les Yuan-s etc…etc …)

 

 

(2) Les Wa-s ou Lawa-s seraient une race regroupant différentes tribus, dont les La-s, Lua-s, Milukka-s et Tamilla-s selon leur implantation territoriale, et dont on ne connaît pratiquement rien.

 

 

(3) Des chapitres sont consacrés à ces villes.

 

 

(4)  A l'heure actuelle, il semblerait qu'on puisse écrire, sans trop faire d'erreur, que les T'aï-s entre le VIIe et IVe siècle avant J.C vivaient dans le sud-est de la chine et au nord du Tonkin, aux abords du fleuve rouge. (Yuan Jiang en Chinois et Sông Hông en Vietnamien.).

     

      Ce fleuve, long de 1.200 kilomètres environ, prend sa source dans le sud de la Chine, dans le Yunnan, non loin du lac Erhai. Il traverse le Yunnan d'ouest en est et pénètre au Viêt-Nam pour se  jeter dans le golfe du Tonkin. On peut dire qu'il relie la ville de Dali à Hanoï.

 

      Pour des raisons trop longues à développer ici, ces T'aïs ont été contraints à l'immigration. Alors les uns sont descendus vers le Sud et ont essaimé dans le nord Viêt-Nam, c'est-à-dire le Tonkin, mais aussi le Laos. Tandis que d'autres ont remonté le cours du fleuve rouge vers l'ouest, pour émigrer dans le Yunnan.

 

      Ils s'installèrent alors aux alentours du lac Erhai auprès d'autres tribus arrivées là bien avant eux.

 

 


      Mais si d'aucuns s'arrêtèrent près du lac Erhai, d'autres bifurquèrent vers le sud en direction de la Birmanie et de la plaine de Bangkok en passant par le futur Lanna, qui fut pour certains leur destination finale.

 

      Au VIIIe siècle, sous l'œil bienveillant de l'empereur de Chine, c'était les Han qui étaient alors au pouvoir, et sous la houlette d'un certain Piluoge, (皮邏閣) six de ces tribus s'unissent pour former le royaume de Nan-Zhao (皮邏閣) auquel participèrent vraisemblablement des T'aï-s.

 

(5)  Le royaume de Nan-Zhao ou Nan-Chao (679-902) qui précéda le royaume de Dali signifierait littéralement les royaumes du sud. En 737 la ville de Taïhe (ou Yangjumie 陽苴咩 ou Yamen) en devint la capitale.

 

      Le royaume de Nan-Chao s'écroula en 902 et pendant 35 ans trois dynasties tentèrent de s'imposer à la tête de celui-ci, mais en vain.

 

      Puis un nommé Duan Siping sortit du lot des candidats et fonda une nouvelle dynastie. Il établira alors sa capitale à Dali d'où le nouveau nom de ce royaume, le royaume de Dali (937-1253) né des cendres du royaume de Nan-Chao.

 

(6)  Les chroniques disent que Lao Chong (639-759) aurait  vécu jusqu'à l'âge de cent vingt ans et qu'il aurait été roi à l'âge de 16 ans. Comme elles donnent l'année de 759 comme date de son décès il serait alors né en 639.
Mais ces dates sont toujours à prendre avec précaution. Car si la précision Suisse est une chose, la précision T'aï-e en est une autre …mais une tout autre !...

 

(7)  1195 serait plus vraisemblable. ( ?!...)

      Lao-Meüng (ou Lao-Kheŭn voire Lao-Kiang ou encore khun Muang) était le 23ème
       descendant de la dynastie des Lavacankarāja.

 

(8)  Voir la légende tirée des Chroniques à ce sujet.





02/09/2009
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