MONUMENT DE LA DEMOCRATIE 02 (Contexte de l'époque)
MONUMENT DE LA DEMOCRATIE 02
อนุสาวรีย์ประชาธิปไตย
Avertissement : Cette chronique est précédée d'une autre, qu'il vaut mieux avoir lue pour aborder le texte qui suit.
Le royaume de Siam devient …
… le royaume de Thaïlande.
Résumé sur la situation au couronnement de Rama VII:
Lorsque Rama VII arrive au pouvoir, le 26 novembre 1926, il hérite d'une situation financière catastrophique. Puis comme un malheur n'arrive jamais seul, le Siam est aussi victime de catastrophes naturelles et, des effets de la grande dépression américaine, qui sera marquée par le fameux jeudi noir du 29 octobre 1929 (Le Krach boursier de New York). Car c'est déjà la … mondialisation.
Rama VII pour tenter de redresser la situation va diminuer les effectifs des fonctionnaires, leurs salaires et, en plus … imposer leurs nouveaux traitements.
En trois ans l'armée, par exemple, verra son budget amputé de 40%.
Cela va faire beaucoup de mécontents parmi les militaires d'autant que les postes les plus élevés sont l'apanage des princes et qu'il n'y a pas d'avancement envisageable pour nombre de fonctionnaires de hauts rangs.
Alors lorsque se crée le parti du peuple, qui n'a je le rappelle de ''peuple'' que le nom, un certain nombre de militaires vont y adhérer avec l'espoir de retrouver leurs avantages et …peut-être plus ?!... tout du moins pour ceux de hauts rangs.
A gauche : Rama VII Ou Prajadhipok ou encore Phra Pokklao Chaoyuhua (พระปกเกล้าเจ้าอยู่หัว) (1893-1925-1935-1941)
Au centre : Pridi Banomyong (1900-1983) (ปรีดี พนมยงค์)
A droite : Plaek Phibun Songkhram (1897/1964) (แปลก พิบุล สงคราม)
Alors ensuite ?...
Pridi Banomyong (1900-1983) (ปรีดี พนมยงค์) en voulant transformer la monarchie absolue en monarchie constitutionnelle ne voulait rien d'autre que le partage du pouvoir et un peu plus de justice pour tous. Les militaires eux, vont allés plus loin et carrément prendre le pouvoir en laissant de côté les idées de partage.
Le deuxième ''Premier ministre'' sera un militaire, et le troisième aussi.
En 1939, c'est le général Plaek Phibun Songkhram (1897/1964) (แปลก พิบุล สงคราม) qui est alors au pouvoir, et cela depuis le 20 décembre 1938. Il a succédé à un autre militaire dont il était l'un des fils spirituels, Phraya Phahon (1887-1947) (พระยา พหล).
Malgré sa lourde charge de ''Premier ministre'', Phibun garde le ministère de la défense et continue d'assurer le commandement en chef des forces armées qu'il détenait dans le ministère précédant, sous Phraya Phohon.
Puis, comme si cela ne lui suffisait pas, pour conforter et asseoir son pouvoir, il va successivement prendre aussi la tête du ministère de l'intérieur et de celui des affaires étrangères.
Alors avec tous ces portefeuilles en main, il va gouverner le royaume d'une main de fer et comme un véritable despote, lui qui au départ, alors qu'il était étudiant à Fontainebleau, n'envisageait rien d'autre que de doter le Siam d'une constitution … encore que ?!... sait-on vraiment ce que pensent les gens ?...
Phibun a d'autant plus les mains libres que le nouveau et futur roi, Rama VIII (1934/1946) (*) a tout juste treize ans en 1938.
C'est alors un jeune adolescent qui poursuit ses études en Europe, à Lausanne en Suisse ; alors à Bangkok un conseil de régence le représente.
Ce conseil ne s'opposera pas vraiment à Phibun qui très vite apparaîtra sous son véritable jour.
(*) Rama VIII, (1925/1946) ou Phra Chaoyuhua Ananda Mahidol (พระเจ้าอยู่หัวอานันทมหิดล) ou encore Anantha Mahidon (อานันทมหิดล) était le neveu de Rama VII. Il est aussi le frère aîné du roi actuel Rama IX. Il accéda au trône en 1934 à l'âge de 9 ans.
A gauche : Mahidol Adulyadej, prince de Songkhla. (1892-1929) (มหิดล อดุลยเดช). Il était le 69ème enfant de Rama V (Chulalongkorn) qui avait plus de 150 femmes mais seulement … 4 reines officielles.
Mahidol Adulyadej est considéré en Thaïlande comme le père de la médecine moderne. Il a été, entre autres, médecin à l'hôpital Mac Cormic de Chiang-Maï.
C'est aussi le père de deux rois, Rama VIII et de Rama IX, l'actuel roi de Thaïlande.
Au centre : Sangwal Talabhat Sri Nagarindra (1900-1995) (นางสาว สังวาลย์ ตะละภัฏ ศรีนครินทรา) une infirmière qui lia sa vie à Mahidol Adulyadej en 1920. Elle perdit son époux … neuf ans plus tard.
De leur union naquit trois enfants : (De gauche à droite) Ananda (1925-1946) le futur Rama VIII, Bhumibol (1925) le benjamin et futur Rama IX, Galyani Vadhana (1923-2008) l'aînée des trois, et future professeure de français.
A droite : Deux tout jeunes hommes d'environ treize ans. C'est sur les deux photos Ananda Adulyadej prince de Songkhla (1925-1946) et futur Rama VIII. Il est né le 20 septembre 1925 à Heidelbergen en Allemagne et mort dans des conditions encore non élucidées au palais royal de Bangkok le 9 juin 1946.
Le programme de Phibun tient en trois mots : nationalisme, militarisme et anticommunisme.
Alors dès 1939, soit à peine un an après ses prises de fonctions, le Siam (สยาม) devient le Prathet Thaï (ประเทศไทย) ou Thaïlande, c'est-à-dire le pays des T'aïs, mais de tous les T'aïs, les Thaïs et les T'aïs. (*) Ceux qui sont dans le Siam et … au dehors du Siam !...
Ce changement de nom en dit long sur les intentions, les utopies et la mégalomanie de cet homme. Ce n'est pas par hasard s'il va s'aligner sur les idéologies de l'Italie d'abord puis de l'Allemagne et du Japon ensuite.
Donc Phibun reprend le flambeau du nationalisme ethnique (le Siam au Siamois) (**) que dans les années 20, Rama VI (1881-1910-1925) (Vajiravudh) avait déjà brandi.
Cependant, à mon humble avis, Rama VI a créé ce nationalisme ethnique dans un esprit autre que celui de Phitbun, même si dans les deux cas les chinois ont servi de bouc émissaire.
Rama VI a vécu en Angleterre 9 ans, de 13 ans à 22 ans. (1894 à 1902). C'était alors un tout jeune homme. Le nationalisme européen ne datait que d'une trentaine d'années et en France nous étions en pleine affaire Dreyfus. (1895-1906)
Ce sont ces images et les idées qui en découlaient qu'il a rapportées au Siam et qui n'étaient peut-être pas parfaitement assimilées.
En empruntant aux Européens leurs idées nationalistes, Rama VI ne voulait rien d'autre que donner une identité commune à tous ses sujets, comme il les a forcé à prendre une identité personnel avec un nom et un prénom.
Par ailleurs il ne faut pas oublier que les Chinois, du temps de son père Rama V, pour ne pas payer les nouveaux impôts, levés pour la modernisation du pays, ont été à l'origine de sérieux troubles. (*)
Leurs intérêts personnels passaient avant ceux du Siam, et leurs révoltes successives ont fragilisé dangereusement l'unité du Siam qui était loin d'être un fait accomplit.
Alors Rama VI pour ces raisons, et d'autres, se méfiait des Chinois. Leurs puissantes associations pouvaient du jour au lendemain remettre en cause l'ordre établi, et par voie de conséquence l'unité du pays.
Rama VI s'est servi du nationalisme pour créer une unité ''nationale'', et réunir autour de sa personne tous ses sujets.
(*) Les troubles furent menés par des responsables d'associations chinoises, qui étaient alors riches et puissantes. Les révoltes les plus importantes eurent lieu dans le nord, à Chiang-Maï en 1889, le Nord-est, à Khon Kaen en 1895, et en 1902.
Ces régions venaient d'être annexées depuis un siècle et auraient très bien pu, pour s'émanciper, demander l'aide des colonisateurs ?!...
Le Cambodge l'avait bien fait en 1863 !... alors pourquoi pas eux ?...
Alors que Phitbun, comme Mussolini et Hitler s'est appuyé sur le nationalisme en vue de conquêtes territoriales et d'une véritable épuration, y comprise religieuse.
Mais l'objet de cette chronique n'est pas de débattre sur ce ''nationalisme ethnique'', alors je n'irai pas plus avant à son propos.
(*) Le nom de Thaïlande ne sera officialisé qu'en 1949 mais il était déjà utilisé en 1939.
(**) Un communiqué gouvernemental de l'époque précisait qu'en changeant le nom du royaume il s'agissait … ''d'établir un nom officiel du pays'' … correspondant …''au nom de la race'' … de ceux qui le peuplent.
On ne peut pas être plus clair.
Phibun reprend aussi à son compte une idée chère aux partisans du nationalisme ethnique : ''l'unification des peuples T'aï-s''.
Cette ''réunion'' passait tout aussi bien par l'assimilation que par l'exclusion.
Alors d'un côté, il va forcer à l'assimilation les minorités ethniques du Nord (Lanna) et du Nord-est (Isaan) afin d'affirmer un peu plus la souveraineté du Siam sur leurs terres … devenues siamoises, et de l'autre côté il va s'attaquer aux chinois qu'il désigne comme étant un danger pour l'intégrité nationale.
Ne pas oublier que la Chine a toujours été le suzerain du Siam, et que le roi Taksin (1734-1767-1782) (พระเจ้า ตากสิน) après avoir chassé les Birmans et redonné son indépendance au Siam en 1767, a tout aussitôt envoyé une délégation en Chine pour se faire reconnaître comme roi du Siam, autrement écrit … pour prêter allégeance !...
En 1931, par exemple, soit sept ans plutôt, à la suite de l'invasion de la Manchourie par les Japonais, les chinois du Siam avaient boycotté les produits nippons. Or Phibun était pro-japonais !... et apparemment quelque peu rancunier !...
A gauche : La carte du Siam lors du règne de Phra Bouddha Yodfa Chulalok (1737-1782-1809) (พระ พุทธ ยอดฟ้า จุฬาโลก) ou Rama I le fondateur de la dynastie actuel et de Bangkok.
Ce fut son prédécesseur Phra Taksin, qui chassa les Birmans du Siam et du Lanna, avec l'aide du Lanna, et commença la conquête des royaumes voisins.
Au centre : La carte du Siam à la fin du règne de Chulalongkorn ou Rama V.
En pratiquement un demi siècle … de 1863 à 1910 … le Siam fondit comme neige au soleil. Le principal acteur de ce démembrement fut la France qui la première ''s'installa'' en 1863 au Cambodge, (*) depuis la Cochinchine (Saigon) d'où elle était déjà. .
A droite : Une carte donnant les dates du démembrement du grand Siam.
A l'ouest, le Tenasserim (Mergui) ou Tanintharyi ne resta pas longtemps sous l'autorité Siamoise car les Birmans les chassèrent de cette contrée à peine conquise le 16 janvier 2336 (1783 ou 1782).
(*) A noter que le protectorat avec le Cambodge fut signé le 11 Aout 1863, mais les Siamois n'acceptèrent leur perte de suzeraineté, contraints et forcés, qu'en 1867.
Ce sont les Cambodgiens qui pour faire face aux Siamois demandèrent l'aide de la France. Mais il ne faut pas être dupe les Français n'attendaient qu'une occasion pour étendre leur empire colonial. Car il y a fort à parier que la France serait allé ''aider'' les Cambodgiens … de toute façon !...
La France a toujours été généreuse, ce n'est un secret pour personne !...
Le rêve de Phibun c'est de reconstituer le ''grand Siam'' du début de la dynastie des Chakri, voire même de l'agrandir.
Il aurait été persuadé qu'à court terme les petits états allaient disparaître au profit de plus grands.
Il est vrai que les signes annonciateurs d'un deuxième conflit mondial et d'un nouveau partage du monde ne manquaient pas de se manifester à l'époque.
Pour la petite histoire, et pour bien montrer que Phibun prenait ses rêves pour la réalité, sur les cartes de géographie qui furent éditées au Siam à l'époque, les régions convoitées par Phibun étaient carrément colorées de la même teinte que le Siam. Comme si elles avaient déjà été conquises !...
Phibun revendiquait non seulement le Laos, les territoires Chans (ou Shans) de Birmanie, une partie du Cambodge et de la Malaisie, mais aussi certaines régions de l'Inde, du Tonkin, de la Chine, et même … du Tibet d'où seraient originaires certains T'aï-s. (*)
(*) Ces régions sont indiquées par des croix blanches sur la carte de gauche. Je n'ai … hélas … pas retrouvé la carte en question. Mais, je ne désespère pas !...
Bref, Phibun Songkhram, va se faire le chantre d'un nationalisme exacerbé, et marginaliser les communautés étrangères dont, et surtout, celle des Chinois.
Dès juillet 1938, donc avant même que Phibun n'accède à la fonction de ''Premier ministre'', comme dans les années 20, les chinois du Siam sont qualifiés de juifs d'Extrême-Orient !
Hélas pour le Siam cette mise à l'écart allait aussi avoir des effets néfastes sur sa vie économique. Car les chinois étaient irremplaçables en bien des domaines et en de nombreux secteurs d'activité. (*)
(*) La population chinoise avait augmenté en l'espace de 13 ans (de 1918 à 1931) de 50%. Elle atteignait alors, le chiffre de 1.500.000 personnes, et pour la première fois, à cause de ce nationalisme à tout va, l'assimilation des chinois allait poser des difficultés dans le temps.
Phibun ne prenait pas de demi-mesures …lisez plutôt …
- Les journaux en langues chinoises sont interdits.
- Les écoles chinoises sont fermées.
- Les enfants de chinois nés au Siam ne sont plus Siamois de fait.
- Les permis de séjour pour les Chinois augmentent de 600% en 5 ans.
- Une liste de 27 métiers sont interdits aux étrangers.
- Le président chinois de la chambre de commerce est assassiné.
- Et caetera … et caetera …
A gauche : 1880 - Les éléphants de guerre de Rama V.
Au centre : 1870 - deux photos de fantassins de Rama V
A droite : Juillet 1893 - l'armée siamoise en campagne.
Rama V (*) (1853-1868-1910) accède au pouvoir en 1868. Il n'a que 15 ans et son armée compte … 2.000 hommes.
En 1893, alors qu'il a quarante ans, et qu'il sent que son royaume aiguise certains appétits, il cherche à lever 180.000 hommes. C'est un échec … 5.000 hommes seulement se feront enrôler.
Alors les Français mettront la main sur le Laos et les Anglais sur les états Shans sans avoir eu vraiment une armée en face d'eux.
En 1897, lors de sa 1ère tournée Européenne il est stupéfié par les armées allemandes et anglaises. (Pas un mot sur l'armée française ?!...)
En 1898, de retour au Siam il décrète la conscription nationale. L'armée comptera alors … 20.000 soldats … 5.000 marins et 35.000 réservistes.
(*) Une chronique lui sera consacrée.
De leur côté, la France et le Royaume-Uni vont aller rejoindre, sur le banc des ennemis héréditaires du Siam, … la Birmanie.
A l'intérieur du Siam, pour ''unifier'' la population et faire naître un sentiment national, différentes initiatives vont être prises dont … la construction de monuments ou d'établissements publics comme les universités. (L'université de Thammasat en 1934 – et par la suite, entre autres, l'Université des beaux-arts)
Les architectes et les artistes doivent alors glorifier le sentiment ''national'' au travers de leurs œuvres au point que ce message doit d'être évident aux yeux de tous.
Ainsi par exemple, après le coup d'état de 1932 il fut demandé au sculpteur et peintre Italien Corrado Feroci de rédiger un cahier des charges pour créer une école des beaux arts à Bangkok. Mais … pas n'importe quelle école.
Il s'agissait certes, de former des artistes aux techniques et à l'esthétique occidentales mais, qui soient capables d'exalter le sentiment national. Les intentions étaient clairement exprimées et, sans équivoque.
Ce fut dans ce contexte de nationalisme à tout crin, qu'arriva la déroute Française de Juin 1940, qui bien évidemment, dans le monde en général et en Asie du sud-est en particulier, modifia le jeu des partenaires en présence.
En Asie du Sud-est, cherchant à tirer profit de cette nouvelle situation, et contrairement à leurs engagements, les Thaïlandais (et non plus les Siamois) après avoir prudemment obtenus le feu vert des japonais, diront certaines sources, alors que d'autres affirmeront que ''les deux pays étaient de mèche'' s'attaquent à l'Indochine Française s'en même déclarer la guerre à la France.
Cette guerre Franco-Thaïlandaise sera de courte durée. Quatre mois tout au plus, d'octobre 1940 à Janvier 1941. (*)
Elle se terminera très exactement le 28 janvier 1941, suite à l'ultimatum et ''l'arbitrage'' quelque peu partial du Japon que la France est contrainte d'accepter.
(*) Pour en savoir un peu plus sur la guerre Franco-Thaïlandaise lire la chronique s'y rapportant et intitulée la guerre Franco-Thaïlandaise''.
A noter d'ores et déjà que dans tout ce que j'ai pu lire d'écrits thaïs il n'est pas fait état des incidents de frontière dont les Thaïlandais étaient à l'origine.
Encore aujourd'hui, pour les Thaïlandais, c'est le bombardement de Nakhon Pathom par les Français qui a été la raison de leur entrée en guerre … alors qu'il n'était qu'une réponse aux provocations thaïlandaises !....
Le 16 janvier 1941, sur terre, l'armée française lance une contre-offensive sur les troupes Thaïlandaises stationnées à Yang Dang Khum (ยังแดงคุม) et Phum Preav (ภูมิแพร่).
Ce sera une catastrophe pour les français. Les légionnaires devront battre en retraite. Mais les tanks thaïlandais immobilisés par l'artillerie française ne pourront se rendre maître du terrain.
A gauche : Le drapeau du 5ème Régiment Etranger d'Infanterie surnommé le régiment du Tonkin. (1930-2000) (Un corps de légionnaires)
Au centre : L'amiral Yuthasartkosoln (), le 1er ministre Phibun (ป. พิบุล) et le colonel Luang Swasdironarong ou Sawasdironarong (หลวง สวัสดิ์รณรงด์) posent pour la postérité en mettant en évidence le drapeau pris lors de l'affrontement de Phum Preav, au 3ème bataillon du 5ème REI commandé par le major Belloc.
A droite : Suite à leur ''victoire'' du jour, Po Phibun, ''la force suprême'', (*) décore le ''brave et courageux'' (*) major Khun Nimmankonlayuth (ขุนนิมมานกลยุทธ.).
(*) Dixit la légende thaïlandaise de la photo.
Bien évidemment, la médiation Japonaise se fait en faveur des Thaïlandais dont les revendications territoriales étaient devenues alors … gargantuesques.
Ce ne sont plus quelques provinces que la France cède à la Thaïlande, mais quelques … 70.000 Km2 !... (*) Pourquoi se gêner lorsqu'on a l'avantage ?!...
(*) Pour se détendre un peu : Un internaute thaïlandais, qui pour une fois n'avait pas recopié bêtement ce qu'écrivaient ses petits camarades, et il a eu tort, donne le chiffre de 24.039 km2 !... ce qui est évidemment faux. Mais ce qui est encore plus faux c'est qu'il rajoute … '' … soit environ 15 millions d'hectares. '' !....
Or un Km2, jusqu'à preuve du contraire fait 100 hectares et 24.039 Km2 en font deux millions quatre cent trois mille neuf cents !...
Cette remarque confirme ma chronique ''un et un font-ils bien deux ?... ''. Une chronique où je raconte que les Thaïlandais sont fâchés avec les chiffres. Car s'ils n'ont besoin que d'un doigt pour compter jusqu'à ''un'' sans hésitation, passé le chiffre ''deux'', sans une … calculette … ils sont perdus.
Cependant de par son attitude, et compte tenu de son manque de moyens, la France a limité la ''casse''. Et c'est avec le japon que la France a négocié et non avec la Thaïlande. Ce qui montre la haute estime que le Japon portait à son … ''allié'' d'alors !... (*) Un allié qui était à ses bottes et non à ses côtés.
Aujourd'hui les Américains ne se comportent guère mieux avec les leurs !...
(*) Les Thaïlandais racontent à qui veut bien les écouter que leur pays n'a jamais été colonisé. C'est presque vrai.
Les Anglais et les Français n'ont pas colonisé le Siam pour ne pas rééditer le précédent de Fachoda de 1898, d'autant qu'alors il valait mieux qu'ils unissent leurs forces pour éventuellement faire face à une Allemagne dont la montée en puissance les inquiétait.
Pour cela ils ont signé le 8 avril 1904 la fameuse … ''Entente cordiale'' où il est question dans le 3ème protocole de la délimitation des zones d'influence de chacun en Asie du sud-est.
Certes, il n'est pas écrit explicitement de faire du Siam un état tampon. Mais comme toujours en politique il faut savoir lire entre les lignes.
Donc, la Thaïlande n'a pas été colonisée parce que Français et Anglais se sont mis d'accord implicitement pour ne pas le faire.
Maintenant, regardons du côté du Japon.
La Thaïlande a été l'alliée du Japon lors de la deuxième guerre mondiale. Mais il semblerait que le Japon ait beaucoup plus traité son alliée en tant que vassal que d'égal à égal. Car les cartes géographiques japonaises de l'époque présentant leur empire ne faisaient aucune différence entre les pays conquis et les pays alliés. Il y avait un empire japonais et … la Thaïlande faisait partie intégrante de cet empire … point.
Alors : la Thaïlande a-t-elle été colonisée par le Japon, ou simplement occupée ?...
Il faut reconnaître qu'à la fin de la 2ème guerre mondiale la Thaïlande a admirablement su tirer son épingle du jeu, et d'autant mieux que les Américains avaient besoin d'installer des bases dans la région. La lutte contre le communisme primait !...
Alors … occupée par les Japonais ou colonisée ?....
Ah !... rien n'est simple en politique et puis la page est maintenant tournée depuis pas mal d'années.
Alors laissons aux Thaïlandais le plaisir de se faire plaisir dans la mesure où leur plaisir ne porte pas atteinte au nôtre.
A gauche : Tokyo le 9 mai 1941 – signature de la convention de paix franco-thaïlandaise.
Au centre : La zone d'occupation japonaise ou … L'empire japonais ( ?...) dans le sud-est asiatique lors de la seconde guerre mondiale.
A droite : Saigon le 31 janvier 1941 – signature de l'armistice, qui précéda la convention de paix franco-thaïlandaise. Il se signa à bord du croiseur japonais ''Natori'' ancré près de Saigon.
A franchement parler, dans cette guerre Franco-Thaïlandaise il n'y a pas vraiment eu de vainqueur et de vaincu, même si alors l'armée Thaïlandaise était supérieure en nombre et beaucoup mieux équipée que les forces Françaises.
Cependant les Thaïlandais, sans doute par manque de hauts faits militaires et à l'époque pour nourrir leur nationalisme à tendance fascisante, s'attribueront la victoire.
Les Français eux, se satisferont de médailles. Ils savent parfois être modestes … étonnant non ?... Mais une fois n'est pas coutume, heureusement !...
Phibun, quelque peu mégalomane comme je l'ai déjà écrit, devait rêver de devenir l'égal de Napoléon ou d'un grand conquérant.
A l'époque il avait déjà ses champs Elysée, l'avenue Ratchadamnenklang (ราชดำเนินกลาง), son arc de triomphe, le monument de la démocratie, (อนุสาวรีย์ประชาธิปไตย) alors il ne lui manquait plus que les victoires pour y organiser de grands défilés comme à Rome et à Berlin, n'oublions pas que c'était un admirateur de Mussolini, et aiguiser la fibre nationaliste de ses compatriotes.
A défaut de grandes victoires il va faire d'une suite d'escarmouches et d'une déconfiture navale (*) un nouvel Austerlitz.
(*) Au lendemain du 16 janvier 1941, donc le 17, la flotte française au large de l'île de Koh Chang (เกาะช้าง) coulera les ¾ de la flotte thaïlandaise !... rien de moins !...
Pour le commémorer il fera ériger à Bangkok, le ''monument de la victoire''. Un monument qui s'élève au beau milieu de la ville, et qui ressemble beaucoup plus à un monument aux morts qu'à une architecture glorifiant une triomphale victoire, voire même un simple haut fait d'arme.
Mais … on a les victoires qu'on peut à défaut d'avoir celles qu'on mérite.
Avec la défaite japonaise, en 1947, la France récupèrera les territoires en question au grand dam des Thaïlandais qui, pour certains, nous garderons un chien de leur chienne ... encore maintenant … oui oui oui !...
Certains vont même jusqu'à comparer ces 70.000 Km2 à l'Alsace-Lorraine ?!.... oui oui oui !.. alors à quand la revanche ?...
Outre ces considérations d'ordre matériel et d'amour propre, humainement quelques 3.000 personnes auront laissé leur vie pour rien, mais vraiment pour rien … comme d'ailleurs dans la plupart des guerres !...
Mais la Thaïlande à son monument de la victoire !...
Si encore il était beau !.... mais … même pas !...
A gauche : Les troupes Thaïlandaises défilent à la suite de leur … victoire avenue Sanam Chai (ถนน สนามชัย). On reconnaît d'ailleurs le mur d'enceinte du palais royal.
Au centre : le monument de la Victoire … même pas beau !...
A droite : 26 avril 1941 - Les troupes françaises à défaut de parader s'offre une remise de légions d'honneur. C'est alors l'amiral Jules Terraux (1883-1951) qui préside la cérémonie.
Ce texte appartient à un ensemble de cinq chroniques toutes classées dans la rubrique ''Tout sur le Siam''
Monument de la démocratie 01 - Naissance de l'idée de démocratie
Monument de la démocratie 02 - Contexte de l'époque
Monument de la démocratie 03 - Mise en œuvre du monument
Monument de la démocratie 04 - Symbolique du monument
Et … si vous voulez en savoir plus !....
http://www.anac-fr.com/2gm/2gm_93.htm
http://lefildangkor.canalblog.com/archives/2011/06/03/21317099.html
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