MONUMENT DE LA VICTOIRE 01 (Guerre franco-thaïlandaise 1)
MONUMENT DE LA VICTOIRE (Le) (1)
อนุสาวรีย์ชัยสมรภูมิ (VICTORY MONUMENT)
LE PRÉLUDE au MONUMENT
OU
LA GUERRE FRANCO-THAÏLANDAISE de janvier 1941
(Une guerre méconnue.)
On ne peut pas disserter sur le conflit franco-thaïlandais sans parler du Japon, car il fut omniprésent d'un bout à l'autre des événements. Alors commençons par donner quelques informations sur cet acteur avant de parler du fameux conflit.
Aux environs de 1900 les grandes puissances, l'Angleterre, l'Allemagne, la Russie, la France et le Japon se partagent la Chine.
Les relations franco-japonaises avant le conflit franco-thaïlandais.
Lorsque le Japon entre dans la cour des grands, à partir de 1860, la France entretien avec lui de très bons rapports.
Ainsi par exemple en Chine, les armées françaises et japonaises après avoir combattu de conserve les Boxers avec leurs alliés, (1899-1901) entreront dans Pékin côte à côte pour fêter leur victoire.
Après la première guerre mondiale, une mission d'aviateurs français ira au Japon pour aider ses militaires à se constituer une armée de l'air, alors inexistante.
Soit dit en passant que c'est en France, pratiquement tout à la fin des combats de 1918, que furent formés les premiers pilotes de chasse … siamois … venus à la dernière minutes prêter main forte à la France et ses alliés !...
Nos relations avec le Japon commencèrent à se distendre au début des années 30, à cause de leur intervention en Manchourie, qui deviendra le Manchoukouo et à la tête duquel ils mettront ''Pou Yi'' … le dernier empereur chinois.
Dès lors ses visées expansionnistes en territoire Chinois devenaient le secret de polichinelle.
Peu sensible aux hauts cris des occidentaux via la SDN (*) le Japon va poursuivre ses harcèlements auprès de la Chine et l'envahir au point d'occuper, après 1937, une bonne partie de ses côtes maritimes, et de fouler de leurs bottes toute la région située au nord de Nankin et au-delà de Pékin. (Voir la carte ci-dessous).
Dans le reste de la Chine c'est le chaos. D'un côté il y a Mao Tse Toung, de l'autre Tchang Kaï-Chek, et quelques brigands ou chefs de guerre, qui cherchent à tirer profit de la situation.
(*) La SDN, Société Des Nations, était l'ONU de l'époque. Les Etats-Unis refusèrent leur participation alors que le Japon et le Siam furent parmi les membres fondateurs.
Pour obtenir de l'aide et surtout du matériel de guerre Tchang Kaï-Chek se tourne vers l'occident, qui va lui accorder des secours.
Pour le ravitailler il n'y a alors que trois couloirs possibles, l'URSS, la route Birmane, dite de Mandalay, tenue par les Anglais et … le chemin de fer français qui relie Haiphong au Tonkin, à Yunnanfou, aujourd'hui Kunming au Yunnan.
La voie française était alors, et de loin, la plus praticable, la plus économique et surtout celle qui permettait un grand débit d'acheminement.
Alors le Tonkin, sous administration française, devint l'un des couloirs servant au transit du ravitaillement, tant en matériels stratégiques qu'en vivres, de l'armée nationaliste chinoise en lutte contre les Japonais. Ce qui n'était pas du goût des Japonais … évidemment !...
A gauche : La carte de l'extension de l'empire Japonais avant 1939.
La 1ère étape rattacha au Japon Taïwan et Sakhaline en passant par la Corée.
La 2ème étape fut la main mise sur la Mandchourie dont il transforma le nom en … Mandchoukouo avec Pou Yi comme ''empereur''.
La 3ème étape visait la conquête de la Chine, déjà bien amorcée d'après la carte.
Au centre : La carte de l'Indochine Française avant le conflit de 1940. Elle se constituait alors du Cambodge, du Laos et du Viêt-Nam qui lui-même était formé de trois territoires et/ou états : le Tonkin, l'Annam et la Cochinchine.
Tout en haut à droite, en territoire Chinois, la petite tâche marron titrée ''Guang Zhou-Wan'' (Là encore les orthographes ne manquent pas) était une concession française en Chine, au même titre que Hong Kong aux Anglais, qui sera laissée en 1946.
A droite : La carte des chemins de fer de l'Indochine Française quelques années avant 1920.
Remarque : La Thaïlande s'appelait alors, encore le Siam, et son réseau ferroviaire n'avait rien à envier à son voisin. Le Siam était ''sur un pied d'égalité'' avec l'Indochine … française. Ce que je trouve remarquable. C'est pourquoi je le souligne.
Le chemin de fer serait arrivé à Chiang Mai en 1921 ( ?...) d'autres textes parlent de 1938 ( ?...) !...
Les relations franco-thaïlandaises avant le conflit.
Depuis le traité du 23 mars 1907 (*) et jusqu'à l'arrivée au pourvoir du premier ministre le Maréchal Phibun Songkhram (1897-1964) (แปลก พิบุล สงคราม) le 16 décembre 1938, les relations entre la France et le Siam sont plutôt bonnes.
Autrement écrit, cela signifie que pendant une trentaine d'années aucun conflit n'est venu ternir les relations franco-siamoises.
Hélas, en recevant les rennes du pouvoir Phibun va mettre un terme à ces bons rapports car il a des projets d'annexions territoriaux que les Français ne sauraient accepter.
(*) Avec le traité du 23 mars 1907 le Siam restituait au Cambodge, sous protectorat français, les provinces de Battambang, (พระตะบอง) de Siem Reap, (เสียมราฐ) donc y compris Angkor, et de Sisophon (ศรีโสภณ) qu'il avait annexées en 1863, au grand dam des Cambodgiens qui avaient perdu alors une grande partie de leur patrimoine culturel … et plus de 20.000 km2 de territoire environ.
En contrepartie les Siamois prenaient possession de Dan Saï (ด่านซ้าย) au sud de Louang Prabang (หลวงพระบาง) et du port de Krat (*) (ตราด) dans le golfe de Siam.
Je donne ces précisions parce que ce sont ces territoires, plus celui du Laos situé à l'ouest de Louang Prabang, que vont commencer par revendiquer les … Thaïlandais en 1940, avant d'avoir les yeux plus gros que le ventre, comme nous allons le voir.
(*) Autrefois Krat (กราด) s'écrivait aussi Kratt et maintenant il s'écrit Trat ou Trad, c'est au choix ?!...
A gauche : La carte de l'Indochine avec en blanc cassé les territoires revendiqués par les Thaïlandais en 1940.
Les deux points verts correspondent aux … ''territoires de Dansaï et de Kratt'' … cédés par le gouvernement français au Siam le 23 mars 1907. (Article II du traité).
Au centre : Une carte de la province Laotienne de ''Xayabouri'', à l'époque ''Nam Houng'' ou royaume de Louang Prabang, revendiquée par la Thaïlande.
A droite : une carte détaillant les provinces Cambodgiennes de ''Battambang'', ''Sisophon'' et ''Siem-Reap'' revendiquées et obtenues par la Thaïlande en 1941.
Nota bene : Les deux dernières cartes ont été réalisées à partir de cartes thaïlandaises qui comportaient quelques erreurs que j'ai recopiées pour respecter les cartes d'origines, et de celles contenues dans l'atlas de la mission Auguste Pavie de 1879-1895. Seuls les noms diffèrent, car j'y ai porté ceux qui sont en cours actuellement. La ville de Tbeng Meanchey au Cambodge est placée au bon endroit mais, je ne garantis pas si elle est du bon côté de la frontière car je n'ai trouvé aucune précision quant à son appartenance de l'époque ... siamoise ou française ?...
Photo de Suda57@hotmail.com
A gauche : Une illustration de la remise de Krat et de Koh Xang (Ko Chang) par les autorités siamoises au représentant français suite au traité du 13 février 1904.
A centre : Dan Saï est aujourd'hui connu pour sa grande fête de Boun Pha Wet, (บุญผะเหวด) mettant en scène les Phi-s (esprits). Elle dure trois jours. Elle n'a pas vraiment à voir avec cette chronique, mais comme il est question de Dan Saï, cette photo l'égaye un peu … alors pourquoi s'en priver. Et puis, connaissiez-vous cette fête ?... Maintenant c'est fait. Elle a lieu courant janvier et est hélas !... mobile … encore une histoire de lune !...
A droite : Pour les collectionneurs de timbres une série concernant cette manifestation a été émise le 23 juin 2007 sous le numéro 821.
Quelques mots au sujet du maréchal Phibun :
Lorsque le poste de premier ministre est confié à Plaek Phibun Songkhram celui-ci est encore tout auréolé de sa victoire d'octobre 1933 contre les troupes du prince Boworadet (1877-1953) (พระองค์เจ้า บวรเดช). (*)
(*) En octobre 1933 le prince Boworadet prit la tête d'une rébellion.
Ce partisan de la monarchie absolue entendait défendre les prérogatives des royalistes qui venaient d'être exclus du gouvernement formé par les partisans de la monarchie constitutionnelle.
Lors du gouvernement précédent les royalistes purs et durs avaient tenté d'éliminer les ''tenants '' de la monarchie constitutionnelle. Ces derniers n'avaient donc fait que reprendre à leur compte les méthodes des premiers. C'était alors un point partout, mais Boworadet ne l'entendait pas de cette oreille. Il leva des troupes pour tenter de restaurer la monarchie absolue.
Les troupes qui se rallièrent à l'appel du prince Boworadet furent battues par celles commandées par un certain … Phibun, qui alors fut considéré comme le sauveur de la …démocratie !... (A lire sans rire !...)
Plaek Phibun, premier ministre et premier dictateur de la Thaïlande moderne, vint étudier en France, aux écoles de guerre de Poitiers et de Paris.
C'était un mégalomane et un fervent admirateur de Benito Mussolini, (*) qui en 1936 était devenu maréchal d'Italie pour avoir conquis, dans des conditions scandaleuses et honteuses, l'Ethiopie et donner ainsi à l'Italie un empire et fait de son roi, Victor Emmanuel III (1869-1900-1946-1947) un empereur.
Comme Benito Mussolini Plaek Phibun rêvait d'un grand empire, un grand empire T'ai, ''le grand Siam'', comme il disait, et il était prêt à tout pour y parvenir.
Ce n'est donc pas par hasard si, à peine un an après son accession au pouvoir, la Thaïlande, c'est-à-dire le pays de tous les T'ais, devint le nom officiel du Siam.
Ce changement de nom était porteur de tout un programme de conquêtes.
Pour s'en convaincre il suffit de savoir que dès 1937, Phibun exerçait déjà un rôle important au sein du gouvernement, les dépenses militaires se taillent une part de lion dans le budget national, et les Siamois sont appelés à faire un service militaire de … deux ans.
De ce fait en 1938 le Siam augmente ses effectifs militaires, et peut compter sur un nombre important de réservistes.
Puis à partir d'avril 1939 les casernements d'Udon, (อุดรธานี) de Korat (โคราช) et de Prachinburi (ปราจีนบุรี) sont renforcés en infanterie, artillerie, chars et aviation.
Enfin, en Juillet de la même année, l'armée de l'air reçoit pas moins de 130 nouveaux appareils !... et la marine entre dans la seconde phase de sa rénovation !...
Avec ce bref récapitulatif nul ne peut dire que la Thaïlande aura été prise de court par cette guerre, et qu'elle ne l'avait pas … prévue … pour ne pas écrire … préparée !...
Cependant d'après les ''blogueurs thaïlandais'' ces préparatifs n'auraient été décidés que dans un esprit défensif, c'est-à-dire à seule fin de préserver l'intégrité territoriale de la Thaïlande face à la France.
Ils poursuivent … ''les hommes qui prirent ces décisions le firent en connaissance de cause car la moitié d'entre eux avaient fait leurs études en France'' !... (Sic) (Des hommes qui devaient penser beaucoup de bien des Français ou avoir gardé un mauvais souvenir de leurs études !...)
On croit rêver en lisant de telles choses !...
(*) Pourquoi Mussolini et pas Hitler ?... parce que Mussolini entra sur la scène politique mondiale onze ans avant Hitler.
Mussolini fut au pouvoir en 1922 alors qu'Hitler y arriva en 1933, un an après le coup d'état du 24 juin 1932 qui au Siam instaura la monarchie constitutionnelle. Le monde était alors en pleine ébullition un peu partout.
Par ailleurs la ''conquête'' de l'Ethiopie se termina en 1936, c'est-à-dire deux ans avant l'arrivée au pouvoir de Phibun qui entre 1920 et 1927 était étudiant en France. Mussolini n'était donc pas un inconnu pour lui, mais un exemple. CQFD.
Photo 1 & 2 : Phibun en 1940, le 8 octobre, haranguant la foule tel un tribun Romain au balcon du ministère des armées qui se trouve juste en face du palais royal de Bangkok. C'était là qu'était venue se terminer et disloquer la grande manifestation anti-française.
Photo 3 : Phibun en 2011, moins agressif et plus serein mais c'est … au musée de cire de Madame Tussauds de Bangkok.
Phibun ne s'embarrassait pas de préjugés. C'était un homme qui était à l'affût de toutes les opportunités pouvant servir ses dessins mais, avec une vue à court terme.
C'était un Thaïlandais bon teint qui, comme la plupart de ses compatriotes … y compris d'aujourd'hui, vivait dans l'ici et le maintenant c'est-à-dire sans vraiment envisager toutes les conséquences à long terme pouvant découler de ses actes.
Alors dans un premier temps, sa diplomatie ménage la chèvre et le chou. En fait, Phibun joue un double jeu.
Son pays signe un traité d'amitié avec le Japon, et s'engage à ratifier un traité de non-agression avec la France et l'Angleterre, que la France signera le 12 juin 1940 et que la Thaïlande … doit toujours signer.
A l'occasion de ce traité le représentant thaïlandais aurait même laissé entendre qu'en cas de conflit mondial, la Thaïlande pourrait s'allier à la France, si … la France leur rétrocédait certaines provinces indochinoises.
Mais la France, atteinte parfois de surdité, n'entendit pas la requête !...
Voyons maintenant l'état de la France avant le conflit.
L'état de la France avant le conflit :
A cette époque, en 1939, en Europe les choses vont de mal en pis. À la surprise générale, les armées allemandes envahissent la Pologne, puis les Pays-Bas et la Belgique, et enfin la France.
Les Allemands ont fait fi des neutralités et sont entrés en France par où ils étaient censés ne pas y pénétrer … la Belgique … puisqu'elle était neutre !...
Les Français qui s'attendaient à une guerre de résistance derrière leur ligne Maginot, qui n'a donc servi à rien, en sont pour leurs frais.
Les Allemands mènent une guerre offensive et d'attaque, sans respecter le droit international.
Alors c'est la débâcle, mais une débâcle sans précédent au point que le 17 juin 1940 la France capitule.
Cependant malgré sa capitulation, l'état français va conserver ses colonies. Car l'Allemagne se prépare déjà à l'invasion de l'URSS. Elle a donc d'autres chats à fouetter et surtout, besoin de toutes ses unités en Europe.
Hélas, dans les colonies françaises la situation militaire est loin d'être brillante. Ainsi en Indochine, les moyens pour défendre nos possessions sont nuls et les armes obsolètes.
Par ailleurs ceux qui auraient pu nous aider pensent d'abord à leurs intérêts.
Ainsi les Etats-Unis se sont drapés dans leur neutralité et les Britanniques se sont repliés sur Singapour. Ils vont indirectement ( ?!...) et … en toute amitié … laisser faire les Thaïlandais dans l'utopie d'obtenir leur neutralité.
On n'a pas toujours les alliés qu'on mérite, et on doit faire avec ceux que les circonstances nous donnent … hélas … surtout quand il s'agit des Anglais !...
Néanmoins, pour être honnête, les Américains cesseront de fournir la Thaïlande en avions de combat.
Conclusions :
En juin 1940 le Japon et la Thaïlande ne pouvaient pas rêver d'une meilleure situation ; le premier pour avancer ses pions en Chine et en Asie du Sud-est ; et la seconde pour déposséder la France du Laos et du Cambodge …. tout du moins dans un premier temps car les Thaïlandais vont très vite se montrer gourmand, voire insatiable !...
Le début des hostilités franco-thaïlandaises :
Dès l'annonce de la capitulation française, le 17 juin 1940, comme le général de Gaulle, les Japonais réagissent au quart de tour puisque le 18 juin ils demandent à la France la fermeture de la frontière sino-tonkinoise, qu'ils obtiennent d'emblée.
Le Japon va donc pouvoir prendre pied en Chine avec beaucoup plus de facilité.
Quant à la Thaïlande, elle n'hésite pas à faire savoir à la France que la ratification du traité de non-agression est une formalité qui lui semble maintenant sans intérêt !... ben voyons !...
Puis dans la foulée Bangkok lance des campagnes anti-françaises, dont il reste toujours un petit quelque chose à l'heure actuelle chez certains thaïlandais. D'ailleurs en classe on apprend toujours aux enfants que l'agresseur fut la France et que la Thaïlande n'a fait que se défendre !...
Ce sont d'abord des campagnes de presse.
Les unes remettent en cause les traités, vieux de plus de trente ans, qui soi-disant auraient été signés sous la contrainte.
Les autres demandent la restitution des provinces concernées par le traité de 1907 et s'apitoient sur le sort de leurs ''compatriotes'' qui les habitent, car les Français les maltraiteraient !...
Des manifestations vont emboiter le pas à ces campagnes et tout ce remue-ménage et ''remue-méninges'' va être l'occasion d'instiller dans l'esprit de la population l'idée d'un grand empire thaïlandais qui réunirait tous les t'aïs … d'Indochine, du sud de la chine, (Sip Song Panna au Yunnan) et même de l'Inde du nord-est.
Le Maréchal Phibun ne voyait pas grand, mais démesurément grand. Sa mégalomanie alla jusqu'à faire éditer des cartes géographiques comme si l'empire thaïlandais était déjà une réalité sous sa dictature ?!... (*)
(*) Hélas je n'ai pas trouvé la moindre de ces cartes. Cependant elles sont attestées par de nombreux auteurs … Farangs … car … curieusement les auteurs Thaïlandais d'aujourd'hui n'en parlent pas, tout du moins ceux dont j'ai parcouru la prose !... Il y a toujours une exception à la règle … surtout en Français … alors peut-être y en a-t-il une en Thaïlande ?... qui sait ?!...
Le 8 octobre 2483 (1940) Une grande manifestation anti-française traverse Bangkok. Tous ses participants sont prêts au ''suicide collectif'' pour sauver l'intégrité territoriale nationale. (Sic)
Pas une voix ne s'élèvera pour dire que le territoire national a été constitué d'annexions successives !... et qu'à son échelle le Siam s'est et se conduit très exactement comme la France !...
Parmi les manifestants … mais sans plus de précisions …
Photo 1 : … ''les étudiants de l'université de Thammasat …''
Photo2 : … ''des jeunes femmes chantant hardiment … ''
Photo 3 : … ''des jeunes gens en uniforme de soldat …''
Ensuite ce sont des tracts qui sont distribués et lancés par des avions, tout au long du Mékong. Il y a d'un côté l'image du bouddha et de l'autre des slogans anti-français.
Comme peu de gens savaient lire, pour pallier à cet analphabétisme, des hommes du service de la propagande thaïlandaise vont revêtir la robe safran et s'infiltrer du côté français pour prêcher la ''bonne parole'' du père, (*) et aussi pour espionner … autant faire d'une pierre deux coups !...
Les temples étaient de parfaites tribunes et Bouddha un précieux ''collaborateur'' à qui on pouvait faire dire ce qu'on voulait sans qu'il pût s'y opposer. (**)
(*) Les Thaïlandais en parlant de Phibun le désignait sous le nom de pho (พ่อ) c'est-à-dire de père ; et un père en Thaïlande c'est quelqu'un d'extrêmement respecté. Lorsque le père parle il n'y a plus qu'à … filer droit et … sans dire un mot !....
Le père est aussi le guide familial, tout comme Mussolini fut le guide de l'Italie, Hitler le guide ou führer de l'Allemagne !...
(**) Le clergé thaïlandais est loin d'être une communauté indépendante du pouvoir. Le roi Rama IV en réformant le sangha, pour en faire pratiquement une religion nationale, y avait mis à sa tête un membre de la famille royale !...
À deux reprises, courant Septembre 1940, un mémorandum concernant les revendications territoriales thaïlandaises, est remis au représentant Français.
Quelques incidents de frontière vont même être perpétrer pour faire réfléchir et intimider les Français.
Mais ces derniers s'entêtent, et refusent la moindre rétrocession territoriale.
Alors dès octobre 1940 les accrochages se multiplient et deviennent de plus en plus conséquents, car l'artillerie et l'aviation Thaïlandaises entrent en scène alors qu'aucune déclaration de guerre n'a été signifiée à la France.
Les villes de Vientiane, Thakhet, Savannakhet et Paksé au Laos ainsi que celles de Stung-Treng, Sisophon, Battambang au Cambodge sont bombardées par la puissante aviation thaïlandaise, alors équipée de Curtiss et de bimoteurs Gleen Martin … made in USA !... et, de bimoteurs Mitsubishi.
En réponse à ces actes de guerre, incursions en territoire français et violation de l'espace aérien, le gouverneur général français ou ''Gougal'' (*) l'amiral Jean Decoux (1884-1963), le 7 octobre 1940, finit par donner l'ordre à ses militaires de riposter mais, sans pénétrer en Thaïlande.
Puis des raids de représailles seront ordonnés mais … seulement de nuit à cause de la vulnérabilité de nos … ''coucous''.
(*) Le mot ''Gougal'' est l'abréviation de Gouverneur Général d'Indochine. Ce fut l'amiral Jean Decoux qui de juillet 1940 à septembre 1945 assuma cette difficile et lourde charge.
J'ai tout lu au sujet de cet homme. Certains en font un Vichyssois aux ordres de Pétain, un antigaulliste et que sais-je encore !....
Certains de ceux qui l'ont remplacé, nommés par le général de Gaulle, ont été loin de lui arriver à la cheville quant à leurs résultats !... Je ne citerai aucun nom pour éviter toute polémique.
Personnellement je pense que l'amiral Jean Decoux mérite le respect et la reconnaissance des Français. C'était un homme qui, coupé de tout et sans aucun moyen, géra au mieux une situation plus que délicate. Il a rendu à la France ses colonies indochinoises et méritait ses félicitations plutôt qu'un procès dont au final, il sortit blanchi et la tête haute. Ne disait-il pas ''Il vaut mieux perdre l'Indochine en la défendant qu'en la trahissant''.
Chaque camp dispose d'environ 50.000 hommes. Mais tandis que la Thaïlande peut concentrer ses effectifs et qu'elle dispose de 300.000 réservistes, les forces françaises sont divisées en autant de points stratégiques qu'en compte l'Indochine, et les ¾ de ses troupes sont originaires des colonies, c'est-à-dire peu formées à l'art militaire.
Côté matériel la France est encore plus mal lotie. Il suffira pour s'en convaincre de comparer les caractéristiques des deux avions en photo quelques chapitres plus bas.
Elle a en face d'elle un adversaire très bien équipé, tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif. Sur terre, en l'air et sur mer la supériorité thaïlandaise ne fait aucun doute.
Les Français sont donc dans une situation peu enviable ; d'autant que l'Amiral Decoux, outre les agressions thaïlandaises et la menace japonaise qui l'oblige à garder des troupes au Tonkin, doit aussi faire face à deux mouvements insurrectionnels, l'un au nord, au Tonkin, et l'autre dans le sud-est de la Cochinchine, tout près de Saigon. Les communistes commençaient alors à se manifester.
Comme je l'ai déjà écrit, en octobre, les Français se tournent tout naturellement vers les Etats-Unis et vers les Britanniques pour obtenir de l'aide.
Il s'agissait alors de débloquer certains avoirs français pour acheter de l'armement et non pas pour en quémander, et de transporter des troupes, qui étaient stationnées à Djibouti et dans d'autres colonies, jusqu'en Indochine.
Le soi-disant ''ami'' américain consent tout juste à suspendre ses livraisons d'armes et de matériels militaires à la Thaïlande, et de conserve avec les Britanniques, ces ''grands amis'' s'engagent aussi, à tout mettre en œuvre pour aider la France mais … en passant par la voie diplomatique !...
Les américains avaient-ils déjà des visées sur l'Indochine Française ?... Je le pense sincèrement !
Toujours est-il que la France doit faire sienne de la devise ''aide-toi le ciel t'aidera''.
Alors non seulement les Français doivent économiser leurs munitions, mais pour éviter des pertes matérielles ils répondent de nuit aux bombardements thaïlandais qui eux, se perpétuent dans la journée, et dont le ''professionnalisme'' des pilotes fait l'admiration des Français (*).
(*) Les premiers pilotes Siamois ont été formés par les Français à la fin de la 1ère guerre mondiale ?... Ce qui signifie que ceux qui avaient une vingtaine d'années en 1918 en avaient une petite quarantaine en 1941. Car vingt trois ans … seulement … séparent les deux événements ?!...
Photo 1 : Un Potez 25 de l'armée française.
Le 1er vol de ce type d'appareil date de … 1925. Cet avion en bois, en toile et en métal a été l'avion de Jean Mermoz (1901-1936) et de Henry Guillaumet (1902-1940) … des grands noms de l'aéropostale.
Ses caractéristiques : 450 cv - vitesse maxi 180 Km/h - rayon d'action : 760 km.
Les militaires l'utiliseront jusqu'en 1943 et plus particulièrement en … Indochine.
Photo 2 : Une des toiles accrochées au musée des forces royales aériennes (พิพิธภัณฑ์ของกองทัพอากาศ) de Don Muang près de Bangkok, montrant les exploits des aviateurs thaïlandais lors de la guerre franco-thaïlandaise.
Ce musée est consacré à l'une des … '' forces majeures de protection et du maintien de la souveraineté nationale comme lors de la guerre contre l'Indochine-française '' !... (Sic) Comment s'étonner du ressentiment anti-français !...
Adresse : route 171 Phaholyothin Don Muang Bangkok 10210
(เลขที่ 171 ถนนพหลโยธิน เขตดอนเมือง กรุงเทพ ฯ 10210)
Photo 3 : Un Mitsubishi Ki-30 de l'armée thaïlandaise. Le premier vol de cet appareil date de 1936.
Ses caractéristiques : 950 cv - vitesse maxi 423 Km/h - rayon d'action : 1.700 km. (Relisez les caractéristiques du Potez 25 pour vous convaincre du déséquilibre matériel entre les deux armées !...)
704 exemplaires furent construits jusqu'en 1941. Fin 1942 ils serviront aux opérations kamikazes.
Lors de mes lectures en … terrain adverse … j'ai relevé que les Thaïlandais prétendent que c'est la France qui a ouvert les hostilités la première.
D'après eux, tout aurait commencé le 28 novembre 2483 (1940) (Certains parlent du 26 ?). Ce jour là nos avions auraient bombardé la région de Nakhon Phanom, (นครพนม) ce qui n'est pas tout à fait vrai.
Ce jour là nos avions, un Potez 25 et trois Morane, effectuaient un vol de reconnaissance dans les environs de Nakhon Phanom.
La formation fut attaquée par un avion … seulement, alors le capitaine Horvatte riposta et fit mouche. Blessé, le pilote Thaïlandais, vraisemblablement Sanit Nuanmanee, (ศานิต นวลมณั) fut obligé d'atterrir en catastrophe à Muang Lakhon (เมืองละคร) ce qui permis aux Français de faire demi-tour sans dommage et, compte tenu de mes lectures ''françaises'' sans avoir déversé la moindre bombe, mais sait-on jamais ?!...
Quelques heures plus tard l'aviation thaïlandaise à partir d'Aranyaprathet (อรัญประเทศ) bombardait Takket et Savannakhet.
Après soixante dix ans il serait peut-être bon que nos amis thaïlandais modifient certaines des versions officielles de l'époque !... non ?...
Car courant octobre, c'est-à-dire bien avant novembre, leur aviation ne s'est pas privée d'attaques et de délestages de bombes comme je l'ai déjà écrit plus haut.
Alors les Français ont riposté, mais il ne semblerait n'avoir fait que des bombardements de représailles, sur Udon, (อุดรธานี) Prachinburi, (ปราจีนบุรี) Srisaket, (ศรีสะเกษ) Sakon Nakhon, (สกลนคร) Muang Lakhon, (เมืองละคร) Aranyaprathet (อรัญประเทศ) et Wadhanar ou Wattana (วัฒนา) pour ne citer que ces villes.
Nakhon Phanom n'a donc pas été ce qu'écrivent les Thaïlandais. Mais un événement monté en épingle pour les besoins de leur cause. Ce qui est … de bonne guerre !...
Le sous lieutenant Sanit Nuanmanee (ศานิต นวลมณั) mort au combat le 23 décembre 2483 (1940).
Un héro national qui est à la guerre Franco-thaïlandaise ce que Guynemer fut à la guerre de 14/18 mais, sans son palmarès d'avions abattus … heureusement pour les aviateurs français !
Alors que les Thaïlandais harcèlent les forces Françaises tout au long du Mékong, environ 1.800 kilomètres, du côté du Tonkin les japonais s'agitent !....
Il ne fait alors pas l'ombre d'un doute, que les deux pays s'entendent sur le dos de la France, que le Japon a manipulé la Thaïlande, et qu'il lui a apporté son aide matérielle dès le mois de septembre 1940.
En effet, lors de ce mois de septembre et les mois suivants, des cargos Japonais ont été vus débarquant du matériel de guerre à Bangkok.
C'étaient, disaient alors les japonais, d'anciennes commandes, et non de nouvelles, qu'ils honoraient.
Mais, personne n'était dupe !...
Bref !... tandis que les harcèlements sur terre, en l'air et aussi sur mer, vont se poursuivre bon an mal an jusque dans les premiers jours de janvier 1941, le 10 de ce mois l'armée thaïlandaise va passer à l'offensive.
La Thaïlande aurait alors adressé une déclaration de guerre à la France le 7 Janvier 1941. (*)
(*) Je n'ai trouvé cette information de déclaration de guerre du 7 janvier 1941 que dans les textes thaïlandais ?!....
Ce sont les opérations de ce mois de janvier 1941 que je vous propose de découvrir dans la chronique suivante.
Mes sources sont celles que j'ai relevées chez la plupart de mes confrères écrivant sur le net. Alors je ne pense pas nécessaire de les redonner. Cependant je n'y ai pas trouvé le livre de Pierre Gosa.
Alors comme c'est un livre intéressant, très bien documenté, en voici les coordonnées (Prix 18 €) :
Le conflit franco-thaïlandais de 1940-1941
La victoire de Koh-Chang de Pierre Gosa
Nouvelles Editions latines, Paris, 2008
(Je l'ai trouvé chez L'HARMATTAN 16, rue des écoles – 75005 Paris.
A découvrir aussi
- L'HISTOIRE DU DRAPEAU THAILANDAIS 01
- L'HISTOIRE DU DRAPEAU THAILANDAIS 02
- MONUMENT DE LA DEMOCRATIE 03 (La mise en oeuvre du monument)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 308 autres membres