POLYALTHIA LONGIFOLIA ou FAUX ASHOKA
POLYALTHIA LONGIFOLIA ou FAUX ASHOKA :
Attention : Certains noms communs de plantes peuvent servir à désigner différentes espèces. C’est le cas du nom … ‘’Ashoka‘’.
Autrement écrit le mot ‘’Ashoka‘’, sans autre précision, désigne le : ‘’Saracca Indica‘’ de la famille des fabacées ; et le couple de mots ‘’faux ashoka‘’ se rapporte au ‘’polyathia longifolia‘’ de la famille des annonacées. Il n’y a donc aucun point commun entre eux … mis à part le mot … ‘’Ashoka‘’.
Ces précisions vous été données pour ne pas faire d’erreur. Cependant rien ne vaut l’emploi des noms botaniques pour ne JAMAIS en faire !...
Quelques alignements de ‘’Polyalthia longifolia var. pendula‘’ ou ‘’faux Ashoka‘’ à Chiang-Mai.
Quelques noms vernaculaires du POLYALTHIA LONGIFOLIA :
L’arbre mât, arbre à mâture, champa vert, faux ashoka, sapin indien (France) – Indienbaun (Allemagne) - False Ashoka, the Buddha Tree, (*) Cemetary Tree, Indian mast tree, Indian Fir tree, ashok tree, India Greenstar (Angleterre) - Arthaw-Ka, Lan-tama, Thinbaw-te (Birmanie) -Chang Ye An Luo (长叶暗罗) (Chine)–
Inde : Asopalav (Gujarati) – Debdaru (Hiindi) – araNamaram, Asati (Malayam) - Ashoka, Devadari, Kastadaru, Ulkatah (Sanscrit) -
Glodogan tiang (Indonésie) – India Lanutan (Philippines) - asoka india (อโศกอินเดีย) ou asoka senkaberiane (อโศกเซนต์คาเบรียล) (Thailande). Cây Hoàng Nam, Cây Huyền diệp (Vietnam)
Le POLYALTHIA LONGIFOLIA et quelques uns de ses synonymes :
Arbre de mâture (Sonnerat) (1782)
Basionyme : (*) Uvaria longifolia Sonnerat (1782).
Guatteria Pavoni G.Don (1782)
Guatteria Ruiz & Pav. (1794)
Uvaria altissima Pennant (1798) (Nom illégal ?...)
Unona longifolia (Sonnerat) Dunal (1817)
Uvaria longifolia Lam. (Canang à feuilles longues)
Uvaria Linn Juss. (1817) (Canang)
Uvaria longifolia Blume (1825)
Polyalthia Blume. (1830)
Uvaria longifolia Ruiz & Pav. Ex G.Don (1831)
Guatteria longifolia (Sonnerat) Wallich (1832)
Unona longifolia Steud (1841)
Uvaria longifolia Roxb. (1846)
Polyalthia longifolia (Sonnerat) Thwaites. (1864)
Polyalthia longifolia Benth & Hook f.
Polyalthia longifolia (Benth) Hook f. & Thomson (1872)
Polyalthia longifolia (Benth) Hook f. var pendula
(*) Le Basionyme correspond au premier nom botanique reconnu donné à une plante ; ce nom sert de référent aux suivants, il est comme la tête d’une dynastie botanique.
Avant de se voir attribuer un genre définitif et parfaitement adapté au plus grand nombre de ses particularités, le faux ashoka s’est vu reléguer dans les genres : Unona, uvaria, et guatteria.
Le premier d’entre eux, l’unona, fut créé par le fils de Linné, (Carl von Linné le Jeune – 1741-1783) pour nommer une plante du Surinam, une contrée voisine de la Guyane française. Cette plante, qui portait alors le nom de ‘’Peyricoboom‘’ deviendra ‘’Unona discreta L f.‘’ puis ‘’Xylopia discréta L.f.‘’.
Bien que le genre unona appartienne à la famille des annonacées ou annonnaceae, nombre de botanistes ont considéré que quantité de caractéristiques du faux ashoka n’étaient pas suffisamment en adéquation avec celles du genre unona, alors ils identifièrent le faux ashoka au moyen d’un autre genre.
Le second genre qui lui fut attribué, l’uvaria, comme le précédent, comptait parmi les cinq genres du ‘’Genera plantarum - ordo XVI – titré ‘’Anonae les Anones‘’ de Antoine Laurent de Jussieu paru en 1791. Ces cinq genres étaient : ‘’anona L.‘’, ‘’unona L.f.‘’, ‘’uvaria L.‘’, ‘’cananga Aublet‘’, et ‘’xilopia L. Aublet‘’.
Le genre uvaria regroupait selon des critères morphologiques des plantes originaires d’Asie et d’Afrique, mais tropicale et australe sur les deux continents. Seulement, là encore, certains botanistes considérèrent que le faux ashoka n’y avait pas sa place.
Le troisième genre, le guatteria que ses créateurs, Hipolito Ruiz (1754-1815) et José Antonio Pavon (1754-1840) dédièrent au botaniste italien de Palerme Jean Baptiste Guatteri, une fois encore, à cause de l’affinement des critères morphologiques, vint à ne plus répondre aux spécificités des nouveaux venus asiatiques en général et du faux ashoka en particulier.
Ce sera le germano-hollandais Karl Ludwig Blume (1796-1862) qui permettra au faux ashoka et … ses cousins germains … d’avoir, une fois pour toutes … un genre.
Ce botaniste passa neuf ans, de 1817 à 1826, à Java et fit paraître le 30 avril 1830 un ouvrage écrit entre 1827 et 1828 intitulé ‘’Flora Javae insularum nec non adjacentium nova‘’ dans lequel figurait au chapitre V, consacré aux ‘’Anonaceae Juss-Richard‘’ un genre nouveau plus adapté au faux ashoka … le genre ‘’Polyalthia‘’.
Dans son ouvrage, Karl Ludwig Blume commence par récapituler quatre genres d’anonaceae, c’est-à-dire (I) - uvaria Linn, (II) - unona Linn fils, (III) - artabotrys R. Brown et (IV) - anaxagorea aug. St Hillaire (1825).
Ensuite il écrit : (V) : Polyathia en rappelant Polyandria, Polygynia Linn., puis, unonae et Guatteriae sp. Blume.
Suivent quelques caractéristiques générales comme : ‘’calice triparti, ou quelquefois cupuliforme et indivisé. Pétales 6, anisomères, ordinairement connivents. Etamines en nombre indéfini. Ovaires nombreux … etc…etc … ‘’
L’extrait se termine par : ‘’Ce genre propre à l’Asie équatoriale renferme 5 espèces, à savoir : Polyathia subcordata, Polyathia elliptica, Polyathia cuneiformis, Polyathia kentii et Polyathia macrophylla. Les premiers d’une longue série qui aujourd’hui compte plus de … 160 espèces.
Photo 1 : Une gravure de ‘’l’arbor nigra parvifolia‘’, un tout premier ‘’polyalthia‘’ devenu … ‘’polyalthia sp.‘’. Elle est parue dans ‘’l’Herbanium amboinense‘’ (ouvrage posthume) de Georg Eberhard Rumphius (1627-1702) (Vol. 3, p.10, t 5 - 1743).
Photo 2 : Carl Ludwig Blume (1796-1862) le botaniste créateur du genre polyalthia.
Photo 3 : Une gravure du ‘’Spina vaccarum‘’ parue elle aussi dans ‘’l’Herbanium amboinense‘’ (ouvrage posthume) de Georg Eberhard Rumphius (Vol. 5, p.21, t - 1747). Carl Ludwig Blume renomma cette annonacée ‘’artabotrys suaveolens‘’ et fit paraître le dessin de Rumphius en reprenant la description dans : ‘’Annals of the Royal Botanic Garden Calcutta‘’ (Vol. 4 : t 61 – 1893).
Nota bene : Le nom commun de cet arbor nigra parvifolia est le pamelesian des Indes néerlandaises.
Signification du nom binominal :
Le genre Polyalthia :
Le mot Polyalthia se compose de deux mots d’origines grecs dont le second a été latinisé.
Le premier terme, ‘’poly‘’ vient du grec ‘’polus‘’ (πολύς) qui en latin a donné ‘’plus‘’ lesquels signifient : beaucoup, nombreux et plusieurs.
Le second terme, ‘’althia‘’ du mot latin althaea ou althea, latinisé à la mode botanique vient lui aussi du grec, de althainô (ἀλθαίνω) ou althaia (ἀλθαία) qui veulent dire guérir ou plus exactement, avoir le pouvoir de guérir. Cela en référence à l’écorce de ces arbres qui en décoction aurait le pouvoir de guérir certaines maladies.
Le mot maladies est au pluriel car la première partie du mot nommant le genre indique que ces écorces ont le pouvoir de guérir non pas une maladie mais … plusieurs.
Ce genre a été créé par Karl Ludwig Blume (1796-1862) et est apparu pour la première fois dans son ‘’Flora Javae insularum nec non adjacentium nova‘’ paru en 1830.
L’espèce Longifolia :
L’expression se compose de deux mots, tous deux latinisés, se rapportant à la description des feuilles de l’arbre ; des feuilles longues ou de longues feuilles.
Le mot latin longi signifie long, voire étendu. Et le vocable latin folia est la forme plurielle de folium qui signifie … feuille.
Conclusion : Le faux ashoka ou Polyalthia longifolia est un arbre aux propriétés de remise en forme possédant de longues feuilles.
Pierre Sonnerat (18 août 1748 – 31 mars 1814)
… et l’arbre de mâture (1782)
‘’… l’arbre est fort grand et très droit, ce qui lui a fait donner le nom d’arbre de Mâture. … Il est une espèce d’Uvaria de Linné.‘’
Extrait des pages 260 à 262 du livre ‘’Voyage aux Indes Orientales et à la Chine: fait par ordre de roy … ‘’ de Pierre Sonnerat, volume 3.
Pierre Sonnerat est un français originaire de Lyon. Il est la première personne à avoir décrit le Polyalthia longifolia.
Sonnerat était le fils de Benoite Poivre, cousine germaine de Pierre Poivre (1719-1786) un homme dont le nom s’attachera à une épice et qui était tout à la fois botaniste, agronome et administrateur colonial. C’est à lui que Pierre Sonnerat devra sa ‘’protection‘’, et à Philibert Commerson (1727-1773) dont il fut le dessinateur, ses connaissances botaniques. Ces deux personnalités, chacune à leur manière, auront influencé sa carrière et ses voyages.
Pierre Sonnerat a passé son enfance à Lyon, une ville alors florissante grâce à ses manufactures d’étoffes. C’est dans l’un de ces ateliers qu’il exerça son premier emploi, celui de dessinateur ; ce qui signifie qu’il a vraisemblablement fréquenté, place du change, l’académie gratuite de dessin ouverte ‘’pour le progrès des arts et celui de la manufacture‘’. Car avoir des dons est une chose, et posséder une technique en est une autre.
Pierre Sonnerat embarquera en tant qu’écrivain de vaisseau mais sa curiosité, son goût pour l’histoire naturelle et ses talents de dessinateurs feront de lui un naturaliste reconnu par ses pairs dont … Adanson, Jussieu et l’anglais Bank.
Pierre Sonnerat est l’auteur de deux ouvrages :
- ‘’Voyage à la nouvelle Guinée ‘’ (Philippines et îles Moluques.) (1776)
- ‘’Voyages aux Indes orientales et à la chine‘’. (1782)
Pour ceux que cela intéresse, Madeleine Ly-Tio-Fane de l’île Maurice lui a consacré une étude, pas toujours flatteuse, car il aurait signé de son nom des écrits ne lui appartenant pas, entre autres indélicatesses !... Heureusement ?... pour Sonnerat !... ses écrits et ses dessins nous sont restés alors que ses … amoralités sont tombées dans l’oubli … sauf pour Madeleine Ly-Tio-Fane.
Pierre Sonnerat, excellent dessinateur, avait l’œil à tout,
Ci-dessous quelques exemples de son esprit éclectique :
Photo 1 : Une planche d’instruments de musique indiens. (1782)
Photo 2 : Une planche représentant le port de la ville de Canton. (1782)
Photo 3 : Une planche représentant le dieu indien de l’amour ‘’Manmadin‘’
(Source des planches : Gallica.bnf.fr)
THWAITES, GEORGE HENRY KENDRICK (1811-1882)
Enumeratio Plantarum Zeylaniae and Enumeration of Ceylan plants.
La comptabilité mène à tout à la condition d’en sortir. C’est ce que fit le comptable Thwaites, qui tout en exerçant cette profession s’intéressa à l’entomologie et la botanique en général et plus particulièrement à la botanique microscopique. C’est lui qui démontra que les diatomées n’étaient pas des animaux mais des algues. A la suite de cette découverte, le français Jean Pierre François Camille Montagne (1784-1866) lui dédira en 1845 le genre Thwaitesia algues.
À partir de 1839 il sera le correspondant de Bristol de la société botanique de Londres. En 1846 il professera à l’école vétérinaire de cette ville, puis à l’école de médecine.
La notoriété de cet éternel célibataire fera qu’en 1849, prenant la suite de George Gardner (1812-1849), il est nommé surintendant des jardins botaniques de Peradeniya, à Ceylan. De surintendant il deviendra directeur, et rédigera son œuvre capitale de 1859 à 1864, ‘’Enumeratio Plantarum Zeylaniae and Enumeration of Ceylan plants‘’ qui lui vaudra d’être élu membre de la royale société le 1er juin 1865 et de recevoir quelques autres distinctions.
Sa santé déclinant il prendra sa retraite en 1879 à Candy ou il s’éteindra le 11 septembre 1882 à l’âge de 71 ans.
Quelques planches de ‘’polyalthia longifolia‘’.
Photo 1 : Une planche de Pierre Sonnerat sous-titrée ‘’L’arbre de mâture‘’ (Uvaria longifolia Sonnerat) parue dans son ouvrage ‘’Voyages aux Indes orientales et à la chine‘’. (1782). Cette planche est reprise par Thwaites sous le nom de ‘’polyalthia longifolia (Sonnerat) Thwaites‘’ et paraît dans son ‘’The Flora sylvatica for southern india‘’ (Vol.1 t 38 – 1869-1874).
Photo 2 : Une planche du Guatteria longifolia (Sonnerat) Wall. devenu ‘’polyalthia longifolia Wall‘’ et ‘’polyalthia longifolia (Sonnerat) Thwaites‘’ dans le ‘’The Flora sylvatica of southern india‘’ (Vol.1 t 38 – 1869-1874) du Major Richard Henry Beddome (1830-1911).
Photo 3 : Une planche d’un ‘’polyalthia longifolia (sonnerat) Thwaines‘’ (Polyaltia longifolia Benth & Hook f.) parue dans le ‘’Indian medicinal plants‘’. (Vol 1. T 29 – 1918) du lieutenant-colonel K R Kirtikar, et du major B D Basu.
La classification des Polyalthia :
Les Polyalthia appartiennent à la famille des annonacées ou annonnaceae, une famille créée en 1789 par le botaniste français Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836) à partir du genre ‘’annona‘’ ; un genre qui servait à désigner des arbustes tropicaux originaires pour la plupart d’Amérique, quelques uns d’Afrique, mais aucun d’Asie. (*)
Cette famille compte plus de 2.000 espèces originaires d’Amérique, d’Afrique et d’Asie, tropicale et équatoriale dans le cas des trois continents.
Ces espèces concernent plus d’une centaine de genres, dont les polyathia qui, à l’heure actuelle (2015) répertorie plus de 160 espèces endémiques à l’Afrique orientale y compris Madagascar la réunion et Maurice, à l’Asie équatoriale y compris le sud de la chine et les philippines, et à une partie de l’Australie et de la nouvelle Guinée.
(*) L’origine du nom ‘’annona‘’ a été l’objet de bien des controverses.
D’un côté, le jésuite espagnol Jean-Eusèbe Nieremberg (1590-1658) écrit que ‘’annona‘’ viendrait du mot ‘’annon‘’, un vocable appartenant au vocabulaire des Taïno pour désigner un fruit.
Ce peuple amérindien, aujourd’hui disparu, peuplait les grandes Antilles dont, l’île Hispaniola connue de nos jours sous les noms de Saint Domingue et Haïti.
Alexandre de Théis (1765-1842) dans son glossaire de botanique paru en 1810, ironise à ce propos en se demandant comment ce jésuite né en 1590 avait bien pu faire pour connaître la langue d’un peuple rayé de la carte du monde quelques 70 ans plutôt ?!....
Ce génocide des Taïno, dont les espagnols furent les grands artisans, concerna près de trois à quatre millions d’âmes ?!... Plutôt que d’accepter la maltraitance et le déshonneur infligés par les conquérants, tous les Taïno, ou presque, passèrent volontairement de vie à trépas, y compris les femmes enceintes qui se faisaient avorter avant de mourir.
D’un autre côté, l’ex-mercenaire et naturaliste allemand Georg Everhard Rumphius (1627-1702) avance que le nom d’annona viendrait du malais ‘’manoa‘’ ou ‘’menona‘’ à Banda, une ville au Nord de l’île de Sumatra.
(N’a-t-il pas été dit qu’aucune espèce d’annona n’était originaire d’Asie ?...)
Enfin, Carl von Linné (1707-1778), car c’est lui qui créa ce genre, ne se serait-il pas plutôt inspiré de la manière dont les indigènes des Amériques récoltaient sur l’année les fruits de certaines espèces d’arbres ?!...
Dans ce cas, ‘’annona‘’ viendrait tout simplement du latin annus (avec 2 ‘’n‘’) qui en français a donné ‘’année‘’, et qui signifie récolte ou provision d’une année ?!...
Compte tenu de ces trois propositions, le lecteur n’a plus qu’à en choisir une ou, qui sait … adopter les trois ?!...
Polyalthia longifolia (Sonnerat) Thwaites
Le Polyalthia longifolia serait endémique du Sri Lanka des côtes de l’Inde orientale. Le genre polyalthia quant à lui, couvre une partie de l’Asie du Sud-est dont Singapour et Java ; puis la Réunion, Maurice, Madagascar, la côte de l’Afrique équatoriale, le sud de la chine, les Philippines la côte australienne Nord-occidentale et la Nouvelle Guinée.
Photo 1 : Une rangée de polyalthia longifolia fraîchement étêtés. C’était en 2014.
Photo 2 : Une carte présentant l’aire de développement des polyalthia longifolia.
Photo 3 : La même rangée de polyalthia longifolia quelques mois plus tard, six mois si ma mémoire me reste fidèle. Ce sont donc des arbres qui poussent très vite.
DESCRIPTION du Polyalthia longifolia (Sonnerat) Thwaites. (1864)
‘’L’arbre est fort grand & très droit, ce qui lui a fait donner le nom d’arbre de Mâture.‘’ (Pierre Sonnerat)
Au Lanna le polyalthia longifolia ou plus exactement le polyalthia longifolia variété pendula (*) se rencontre planté en file indienne. Ce rideau végétal a pour but de protéger des vents, des bruits, voire de la curiosité des voisins, ou encore d’ombrager certaines routes.
Le polyalthia longifolia ressemble à nos ifs ou peupliers, car sa silhouette est de forme conique et très élancée. Certains d’entre eux mesurent jusqu’à 20 mètres. L’arbre, au tronc droit d’environ 20 à 35 centimètres de diamètre, voire un peu plus, j’en ai vu un d’au moins 50 centimètres de diamètre, et à l’écorce raboteuse de couleur brune, est relativement flexible. Le tronc de quelques uns d’entre eux est parfois couvert d’espèces de bosses. Ce n’est pas un arbre odoriférant à proprement parler, mais son écorce a des propriétés aromatiques.
Tous les ans ceux qui s’élèvent devant chez moi sont étêtés, ce qui a pour conséquence de permettre le développement de troncs annexes, c’est-à-dire à des branches de tête de se développer de conserve avec le tronc initial et, de constater une repousse rapide des troncs ou des branches de tête.
Les branches du polyalthia longifolia (Sonnerat) Thwaites
Les branches du polyalthia longifolia mesurent entre un mètre ou deux pour un diamètre d’environ 2 ou 3 centimètres. Ce sont des branches relativement flexibles qui ont tendance à retomber.
Du fait de cette propriété, plus excessive sur certains arbres que d’autres, le botaniste Joseph Dalton Hooker (1817-1911) le fils du botaniste William Jacks Hooker (1785-1865) d’où son abréviation botanique de (Hook f.) en a conclu à deux type d’espèces, celle aux branches ‘’droites‘’ et celle aux branches tombantes qu’il a nommé : variété pendula d’où : le polyalthia longifolia (Benth) Hook f. var pendula.
Parfois la variété aux branches ‘’droites‘’ est appelée polyalthia longifolia var. angustifolia Thwaines.
Les feuilles du Polyalthia longifolia (Sonnerat) Thwaites
‘’Ses feuilles sont simples, lancéolées, étroites, longues de sept à huit pouces, glabres, entières, ondulées à leur bord, portées sur de courts pétioles, & se terminent chacune par une pointe fort effilée. Elles sont situées alternativement sur les branches.‘’ (Pierre Sonnerat)
Les jeunes feuilles, à leur naissance, sont couleur ‘’brun-cuivré‘’ ; puis au fur et à mesure de leur croissance elles passent du vert clair au vert foncé à leur maturité.
Les feuilles poussent alternativement et obliquement par rapport à la branche qui les portent, et non perpendiculairement. Autrement écrit, l’apex de la feuille (son extrémité) est pointé vers le sol. Un court pédoncule, 7 millimètres environ, les relie à leur branche.
Le dessous de la feuille, d’un vert plus clair que le dessus, se présente sous forme penniveine, c’est-à-dire dont la nervure centrale est saillante et les nervures latérales pennées à la manière d’un plume d’une dizaine de centimètres. Le nombre de ces nervures latérales varie entre 18 ou 24 paires.
La base de la feuille peut-être cunéiforme ou obtuse arrondie, mais dans tous les cas son extrémité (apex) se termine par une pointe très effilée (acuminée). Leurs bords ondulent et forment comme une vague. La plupart d’entre elles mesurent entre 11 et 25 centimètres de long sur 3 à 8 centimètres de large.
Les fleurs du Polyalthia longifolia (Sonnerat) Thwaites
‘’Les fleurs sont assez petites & disposées en grand nombre par bouquets ombelliformes sur la partie des rameaux qui est dénuée de feuilles.
Sa fleur a un calice petit à trois divisions, courtes & en coin, & couvert en dehors d’un duvet blanchâtre.
Une corolle à six pétales lancéolés pointus, longs de trois ou quatre lignes, & de couleur jaune. Un grand nombre d’étamines qui font des anthères sessiles ou sans filamens sensibles, & qui recouvrent en grande partie le pistil.
Plusieurs pistils qui sont des ovaires nombreux & ramassés de manière qu’ils semblent n’en former qu’un seul. Les styles sont très courts, cachés sous les anthères, & terminés chacun par un stigmate simple.
Les ovaires deviennent des bayes ovales, obtuses, pédiculées, uniloculaires, ne contenant communément qu’une graine arrondies. Les pédicules de ces bayes naissent d’un point commun qui auparavant était le centre de la fleur. .‘’ (Pierre Sonnerat)
Les fleurs, légèrement odorantes peuvent être utilisées en parfumerie. Elles apparaissent sur des branches dépourvues de feuilles ou presque, et là, elles forment des bouquets, des fascicules axillaires ou opposés aux feuilles. Certaines sont solitaires et naissent directement sur la branche. Leur diamètre est de 2,5 à 3,5 centimètres et leur couleur jaune.
Leur pédoncule, pubescent, d’un diamètre d’environ 2 millimètres, mesure entre 3 et 4 centimètres.
Les sépales, larges et courts, vaguement triangulaires, sont au nombre de trois et dits ‘’valvaires‘’ parce que indépendants les uns des autres.
La corolle se compose de 6 pétales bisériés, (Placés sur deux rangs) valvaires, lancéolés, pointus et longs de treize à quinze millimètres chacun.
Les étamines sont nombreuses, et tronquées à l’apex. (Sommet de la fleur). Le pistil ou gynécée est formé de 20 ou 25 carpelles glabres longs chacun de 1 ou 2 millimètres, et groupés en fascicule. Il y a un ovule par carpelle.
Les fruits du Polyalthia longifolia (Sonnerat) Thwaites
Les carpelles en se transformant en fruit vont se présenter sous forme de grappes. Chaque fruit se compose de 4 à 8 méricarpes (loges dans lesquelles se développent les graines, une graine par loge) stipités (La graine est liée au fruit par une petite attache). De forme ovoïde, les plus gros fruits vont mesurer entre 20 et 25 millimètres de long et dans leur partie la plus renflée avoir un pseudo-diamètre de 15 millimètres environ.
Vert à l’origine le fruit vire au violet au fur et à mesure qu’il mâture. Après trois bons mois le fruit atteint sa maturité et ressemble alors à une olive noire.
La graine, de forme ovoïde, et de couleur brun pâle est protégée par une chaire de couleur orange d’environ 2 millimètres d’épaisseur.
Cette graine de 15 millimètres de long et d’environ 1 centimètre de diamètre dans sa partie la plus large, comporte une rainure longitudinale fermée sur elle-même, elle est comme un méridien autour de la terre, à la différence que le tracé de cette rainure forme un méandre ou une sinuosité de part et d’autre de la graine.
Cette graine, coupée en deux, contient une espèce d’amande retenue à son tégument par de petites fibres de 3 millimètres. Le tégument (écorce de la graine) présente une épaisseur de 0,5 millimètre environ.
Les fruits ne sont pas à proprement parler comestibles. Mais en cas de pénurie alimentaire ils seraient les bienvenus, cependant il faudrait en manger beaucoup, même pour calmer une petite faim, car ils ont peu de chair.
En général ces fruits font le délice des chauves-souris et des renards-volants qui jouent alors le rôle de propagateurs de l’espèce.
Le petit plus :
Le bois du polyalthia longifolia est utilisé pour fabriquer des boites, des crayons et de longs mâts. Des fibres sont extraites du tronc et de l’écorce.
Le polyalthia longifolia appartient à la médecine ayurvédique, c’est dire qu’il est utilisé depuis la nuit des temps en médecine douce.
Traditionnellement son écorce ferait baisser la tension artérielle et la fièvre (pyrexie), stimulerait la respiration, ferait merveille pour les maladies de peau, le diabète, les rhumatismes, les ménorragies (Cycles menstruels) et … les piqûres de scorpion.
L’huile extraite des graines serait indiquée en cas de fractures osseuses.
Actuellement des recherches sont faites concernant ses activités antioxydantes et antimicrobiennes.
Comme les Indiens d’Inde, les Javanais en font un usage médical.
L’écorce et surtout celle des racines, aurait des propriétés aromatiques.
Outre ses qualités thérapeutiques cet arbre est aussi un arbre sacré symbole de beauté et de santé. Il y en aurait au moins un dans chaque temple hindou. Ce n’est pas par hasard si les feuilles du polyalthia longifolia servent de model aux festons qui ornent les linteaux des portes des temples hindous.
Lors de la fête des lumières, ‘’Diwali‘’, qui correspond en bien des points au Yee Peng ou Loy Krathong des gens du Lanna, il est fait la chasse à la saleté sous toutes ses formes.
Ainsi durant le deuxième jour de ces festivités les corps et les habitats sont lavés (Chasse à la saleté) et sont ensuite purifiés avec des feuilles de polyalthia longifolia ?!...
Ce deuxième jour porte les noms de : Narak chaturdashi – Chhoti Diwali – Choti Diwali ou encore Kali Chaudas ; et la purification se fait au moyen de feuilles et de branchages de … Asopalav ou polyalthia longifolia.
Je crois n’avoir plus rien à rajouter et vous avoir intéressé.
Jean de La Mainate Avril 2015
Juillet 2015
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