MerveilleuseChiang-Mai

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ROITAWARABARN - BAANDHEWALAI

 

ROITAWARABARN - BAANDHEWALAI

(ร้อยทวารบาล – บ้านเทวาลัย)

 

ROÏTHAWARABAN – BANTHEWALAÏ (*)

Roï-thawaraban – Ban-Thewalaï

 

LA PROPRIETE DES DIEUX ET DES DEESSES ?!...

 

Adresse : 79/7 soï 2 Suthep road –

Tél : 086 – 1929699  & 089 - 4335380

E-mail : pandas_photoshop@yahoo.co.th

 

                            Ouvert tous les jours de 8.00 à 19 heures

                                              L’entrée est gratuite

                    (Il existe un tronc pour participer aux travaux futurs)

 

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Photo 1 : Roïthawaraban – Banthawalaï ou la Propriété des dieux et des déesses vu depuis la rue voisine de la propriété.

Photo 2 : Un plan d’accès à Roïthawaraban-Banthawalaï depuis la porte Suan Dok. A = Art Centre M. Universitaire - B : Musée des maisons Kalaê – W : Wat Faï Hin – R : Restaurant Galae.

Photo 3 : Roïthawaraban – Banthawalaï ou la Propriété des dieux et des déesses vu depuis la cour des voisins. Au premier plan, un panneau (mur) coulissant sur lequel est peint une scène du ‘’Ramakian‘’ avec le singe ‘’Hanuman‘’ (หนุมา).

 

 

Le nom de … ‘’ROÏTHAWARABAN – BANTHEWALAÏ‘’ (*) laisse un peu pantois et d’autant plus, qu’il ne suggère pas grand-chose, sauf pour un autochtone. Par ailleurs comme il concerne un tout nouveau lieu, ce dernier n’a pas encore la notoriété qui pourrait pallier au manque d’information du nom.

 

Le maître des lieux, Monsieur Khem Maruekapitak (เข้ม มฤคพิทักษ์), 62 ans, présente sa modeste propriété comme une galerie, voire un musée. Et effectivement nombre d’œuvres y sont présentées, tant à l’extérieur qu’a l’intérieur des locaux  sauf que … ces œuvres ne sont pas à vendre mais … à regarder, voire à prier ?!...   

 

En fait, trois idées ont présidé à la création de ‘’ROÏTHAWARABAN – BANTHEWALAÏ‘’, un lieu magique qui est sorti de terre à la seule initiative de ce particulier, Monsieur  Khem Maruekapitak (เข้ม มฤคพิทักษ์).

 

La première d’entre elles était de créer un centre d’art de peintures thaïes traditionnelles ; c’est-à-dire issues de l’héritage de l’art d’Ayutthaya (1350-1767) et de Rattanakosin (**) (1782-) et non … du Lanna. (Il n’y a donc rien de l’art Lanna.)

La seconde était d’ouvrir le centre au plus grand nombre d’artistes pour en faire un creuset d’échanges artistiques.

Enfin la troisième était de sacraliser le centre en donnant aux dieux et aux déesses les plus en vue, un droit de cité en leur dressant, pour certains d’entre eux, un autel.

 

Alors pour les raisons qui précèdent ‘’ROÏTHAWARABAN – BANTHEWALAÏ‘’ tient tout à la fois de la galerie et du temple à ciel ouvert d’où le nom de ‘’PROPRIETE DES DIEUX ET DES DEESSES‘’ que je propose pour que tout un chacun puisse se faire une idée de ce nouveau lieu sortant de l’ordinaire et un tantinet extraordinaire.  

 

 

(*) L’expression ‘’ROÏTHAWARABAN‘’ (ร้อยทวารบาล) se compose de deux mots : roï (ร้อย) qui est tout à la fois la transcription du chiffre 100 et le nom d’un titre militaire ; et, thawaraban (ทวารบาล) qui se traduit par ‘’divinités gardiennes‘’.

Le terme de ‘’BANTHEWALAI‘’ (บ้านเทวาลัย) est aussi formé de deux mots. Le premier, Ban (บ้าน) qui veut dire maison, habitation, propriété, village et le second thawalaï (เทวาลัย) qui sert à designer un paradis ou un temple.

Tous ces mots pourraient signifier que ‘’ROÏTHAWARABAN – BANTHEWALAÏ‘’ n’est rien d’autre qu’un sanctuaire ou une résidence terrestre des dieux.

(**) Rattanakosin se prononce Rattanakosine.

 

 

 

                 ROÏTHAWARABAN – BANTHEWALAÏ 

                                                            ou :

                     LA PROPRIETE DES DIEUX ET DES DEESSES‘’

 

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Photo 1 : Le chalet principal de la propriété vu depuis la cour de cette propriété. Il comporte deux étages, mais il semblerait qu’un … ‘’petit‘’ troisième soit en cours de construction.

Photo 2 : Le maître des lieux : Monsieur Khem Maruekapitak (เข้ม มฤคพิทักษ์), âgé de 62 ans, aujourd’hui à la retraite et autrefois professeur d’économie à l’université de Chiang-Mai.

Photo 3 : Une petite bâtisse qui aujourd’hui ne se visite pas. Mais qui sait si demain elle ne sera pas, elle aussi, un lieu d’exposition ?...

 

 

 

ROÏTHAWARABAN – BANTHEWALAÏ ou La PROPRIETE DES DIEUX ET DES DEESSES est une petite propriété nichée au pied du Doï Suthep dont l’aventure a commencé en 1998 (2541).

Le domaine comporte deux maisonnettes en bois de teck avec dans la cour, pour le moment, quatre chefs-d’œuvre dont le plus imposant est une image de Phra Ganesha, ou Phra Phikanet (พระพิฆเนศ) ou encore Phra Phikanesuan (พระพิฆเนศวร).

 

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                                L’image de Phra Ganesha (พระคณปติ).

Cette image (statue) en bois d’ébène mesurerait 6 mètres de haut et pèserait environ 5 tonnes. Elle est l’œuvre d’un sculpteur originaire de San Patong (สันป่าตอง) près de Chiang-Mai, Monsieur Oros Lamoon (โอรส ละมุน) qui livra son travail deux ans après avoir donné le premier coup de burin.    

 

 

 

Quelques mots sur Ganesh ou Ganesha (คณปติ) :

 

 

Ganesha symbolise l’union entre l’infiniment grand et l’infiniment petit et, entre le divin et l’humain.

 

 

 

Il existe plusieurs légendes au sujet de Ganesha. L’une d’elle, concernant sa naissance, tirée du ‘’Shiva purāna‘’, raconte que Ganesha est le fils ‘’naturel‘’ de la déesse Parvatī, (Bhavani). Comme Parvatī est la parèdre (1) de Shiva, (2) Shiva serait alors le père … adoptif de Ganesha.

 

Cette légende commence par l’entrée intempestive de Shiva en sa demeure, alors que Parvatī prenait son bain. Par pudeur, sans doute, Parvatī se mettra alors en quête d’un serviteur pour qu’un tel incident ne se reproduise plus.

 

Ce sera à l’occasion d’un autre bain, que Parvatī trouvera ce serviteur. Lors de cette toilette, avec des onguents et quelques cellules de sa peau, elle façonnera un être d’une beauté exceptionnelle dont elle fera son serviteur mais aussi … son fils. Ganesha venait de prendre vie.

 

Quelque temps plus tard, alors que Parvatī prenait un autre bain, son fils et jeune serviteur interdira à Shiva d’entrer chez lui. Ce dernier, fou de rage qu’on lui interdise l’entrée de sa maison, tranchera la tête de l’enfant qui roulera  fort loin de son corps et, se perdra. La mort de Ganesha mettra en peine et en fureur la belle Parvatī.

 

Pour apaiser la colère de sa parèdre, l’impulsif Shiva, tranchera la tête du premier venu et la posa sur le corps de l’enfant qui ainsi, retrouvera vie mais sous une apparence très différente ; car le premier venu fut … un éléphant ?!.... (J’ai résumé très succinctement cette légende, car le récit est beaucoup plus compliqué et à rebondissements.) 

 

 

Une autre légende tirée du ‘’Brahma vaivarta purāna‘’ raconte que c’est le regard maléfique de Saturne qui fit s’envoler la tête de Ganesha. Autrement écrit, dans les deux cas, et moult autres légendes, la véritable tête de Ganesha fut remplacée par celle d’un éléphant.

 

Ganesha a un frère … ‘’Skanda‘’, qui fut conçu directement par Shiva sans le recours d’une femme, contrairement a Ganesha qui fut l’œuvre de Parvatī sans l’intervention de Shiva. ‘’Skanda‘’ est parfois considéré comme l’incarnation de Shiva et est appelé de différents noms comme Kārtiketa, Kumāra, Guha, et bien d’autres. Tantôt Ganesha est l’aîné, tantôt il est le cadet ?!...  

 

La multiplicité des légendes n’est pas faite pour rendre les intrigues plus simples.

 

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                Quelques animaux fabuleux de la forêt Himaphan (หิมพานต์)

Photo 1 : Asadorn Vihok ou Atsadon Wihok (**) (อัสดรวิหค) est un animal de l’Himaphan constitué d’un corps de cheval ailé comme ceux de : Durong Paksin (ดุรงค์ ปักษิณ) et Hemarah Atsadon (เหมรา อัสดร). Ce qui le différencie de ses … ‘’cousins germains‘’ … c’est sa tête d’oiseau. (En principe la queue et les sabots sont noirs.)

Photo 2 : Quelques unes des ribambelles composées avec les animaux fabuleux de la forêt Himaphan. Ces séries de petits tableaux constituent le pourtour et le haut du premier étage du bâtiment de la propriété des dieux et des déesses.

Photo 3 : Koja Seeha (คชสีห์) ou Kodchasih, Khotchasī, Khotchasing, Gajasimba et encore Gajasingha (**) : C’est un animal au corps de lion avec une tête d’éléphant surmontée d’une crête de coq. Il y en a deux, en bronze, devant l’entrée du ministère de la défense à Bangkok, car il est le symbole de cette institution et figurait sur l’ancien emblème thaïlandais créé en 1783.  

 

Nota bene : D’après la cosmologie bouddhique la forêt Himaphan (หิมพานต์) (*) se situerait au bas du mont Méru. Les humains ne peuvent plus la voir mais peuvent encore … l’imaginer … et ils ne s’en privent pas !...

(*) Himaphan (หิมพานต์) se prononce Himapan.

(**) Pour l’orthographe en caractères romains de ces animaux fantastiques, je me suis référé à ‘’THAILEX travel Encyclopaedia‘’ car le nom de chacun d’eux a de multiples orthographes, qui ne figurent pas toutes tant, parfois, il y en a.

 

 

 

Ganesha n’a qu’une défense d’où l’un de ses nombreux noms de ‘’Ekadanta‘’ ou ‘’Ekdanta‘’, Phra Ekthanta (เอกท้นตะ) c’est-à-dire ‘’Une seule dent‘’.

 

A ce propos, une légende raconte que Ganesha aurait cassé l’une de ses défenses pour écrire le Mahābhārata sous la dictée du sage ou rishi Vedvyās (Veda Vyāsa). Vyāsa est aussi connu sous le nom de Devanāgarī.

 

Par ailleurs, le ‘’Brahmānda purāna‘’, un autre texte, révèle qu’elle aurait été cassée par Parashurāma ou Rama à la hache, le sixième avatar de Vishnu, lors de son combat contre le ‘’Maître des cohortes‘’.

 

Bref, toujours est-il que Ganesha n’a qu’une défense.

 

Ganesha possède quatre bras (Les quatre veda-s) dont les attributs tenus par chacune de ses mains sont :

1.- La hache ‘’parashu‘’, dont le rôle est de sectionner toutes entraves négatives ou matérielles gênant ceux qui cherchent la vérité.

2.- Le nœud coulant ‘’pasha‘’, qui sert à saisir l’Erreur (Moha), l’ennemie de ceux qui cherchent la vérité.

3.- Le crochet ‘’ankusha‘’, qu’utilise le cornac pour conduire son pachyderme et qui symbolise la maitrise de Ganesha sur le monde.

4.- Le bol de friandises ‘’modaka-patra‘’, qui met en exergue la générosité de Ganesha envers ceux qui s’adressent à lui et qui méritent ses bienfaits.

 

Parfois Ganesha lève un bras droit avec la paume en avant ; ce geste signifie qu’il domine toutes les situations. (3) Dans le creux de la main de ce bras figure la syllabe sanscrite ‘’om‘’ ou ‘’aum‘’ () le son à partir duquel le monde se serait créé.

 

Enfin, une guirlande de cinquante fleurs, la ‘’mālā‘’ peut compter parmi ces accessoires ; chacune des fleurs symbolise une lettre de l’alphabet sanskrit dont leur nombre est de … cinquante.

 

 

Le Chiffre quatre est attaché à la personne de Ganesha. Ainsi, c’est lui qui créa les quatre types d’êtres (Dieux, hommes, anti-dieux et serpents), les quatre castes (Brahmanes – Kshatriyas – Vaishyas - Shudras), les quatre étapes de la vie : Kāma, source de création via le plaisir, Artha, la richesse et la prospérité en tant que fruits du travail, Dharma, le devoir de se conformer au droit et à la moral, Mohsha, la libération du cycle des réincarnations, et, pour en finir, toutes choses qui vont par quatre.

 

Ganesha n’a pas quatre mais trois épouses : Siddhi, (Le succès) Buddhi, (L’intellec) et Radhi, (La richesse).

 

Ganesha se nomme de 108 façons différentes (4) : il y a donc Ganesha (Souverain-des-catégories et Principe-du-nombre), puis Gajānana (Face-d’éléphant),  Gajādhipa (Roi-des-éléphants), Ganapati (Régent-des-catégories), Ganadhyaksha (Chef des serviteurs de Shiva),  Jyeshatha-rāja (Roi des ancêtres), Kirti ou Krati (Seigneur de la musique), Lambodara (Seigneur-au-gros-ventre) Vighnarāja (Seigneur-d’obstruction), Vighneshvara (Maître-des-obstacles), Vināyaka (Meilleur-des-guides), etcetera … etcetera …

 

 

En conclusion, Ganesha est aussi le dieu des arts, de l'éducation, de l'intelligence, de la prudence et de la sagesse, pour ne citer que ces quelques spécificités. Il a une telle notoriété qu’il est le premier dieu invoqué lors d'un rituel, ou à l’occasion d’une demande personnelle ; car sa faculté de détruire et de raser les obstacles n’est pas sans permettre tous les espoirs. Il résout tous les problèmes, alors après cela n’allez pas vous étonner qu’il ait son image (statue) dans pratiquement tous les temples.

 

 

Pour être aussi complet que possible … une souris ou un rat appelé Mūshaka ou Mūshika lui sert de vāhana (monture céleste).

 

 

(1) Une parèdre n’est autre que l’épouse d’un dieu.

(2) Shiva est l’un des trois dieux de la trimūrti brahmanique. Ces dieux sont : Bhrama le dieu créateur, Vishnu le dieu protecteur et Shiva le dieu tout à la fois destructeur et conservateur.

(3) L’une des images de Bouddha face à Mara, la symbolisation du mal pour les bouddhistes, reprend ce geste de victoire. Il s’agit de la 27ème attitude ; Bouddha arrêtant l’épidémie. (ปางหามพยาธิ).

(4) Officiellement Ganesha a 108 noms, dans les faits sa popularité est telle qu’il en a beaucoup… beaucoup plus.

 

 

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                                       L’image de Garuda (พระครุฑ).

La gravure de Garuda sur un bloc de verre de 3 mètres 50 sur 4 mètres 50 faisant 12 millimètres d’épaisseur et pesant 1 tonne 5. Cette gravure est l’œuvre de Monsieur Awirut Umphet (อวิรุทธ์ อุ้มเพชร). Elle lui aurait demandé plus d’un an de travail. L’oeuvre a été installée en 2013 dans la propriété des dieux et des déesses.

 

Photo 1 : Une peinture de Garuda transportant Vishnu.

Photo 2 : Le bloc de verre sculpté consacré à Garuda accompagné de deux animaux de la forêt Himaphan.

Ici, Garuda combat avec les serpents, ses ennemis héréditaires ; à ses côtés l’artiste a sculpté deux animaux de l’Himaphan. Il semblerait qu’à la droite de Garuda ce soit Koja Seeha (คชสีห์) ou Gajasingha (คชสีห์), dont nous avons déjà parlé, le lion à tête d’éléphant surmonté d’une crête de coq. De même, à la gauche de Garuda il semblerait que ce soit Rajasiha (ราชสีห์) le lion royal. Ces deux animaux figuraient sur l’avant dernier emblème Siamois créé en 1793 à la demande de Rama 1er. et remplacé par Garuda en 1911. (Il m’a été très difficile de réaliser cette photo pour des raisons d’éclairage.)

Photo 3 : Détail de la tête de Garuda

 

 

Quelques mots sur Garuda (ครุฑ) :

 

 

Garuda symbolise l’enseignement de Vishnu (Le dharma, le verbe de Vishnu) contenu dans les purānas (1), car il est celui qui est chargé de dispenser l’enseignement du Bhagavat (Autre nom de Vishnu).

Garuda est un être mythique mi-oiseau et mi-homme. Pour beaucoup l’oiseau est un aigle et pour d’autres ce serait un vautour.

En Inde les deux oiseaux sont sacrés mais la culture hindoue est plus favorable aux vautours qu’aux aigles. Un vautour a donné sa vie pour sauver Sita l’épouse de Rama. Les vautours sont les grands équarisseurs des défuntes vaches sacrées. Alors !... Garuda ne serait-il pas un vautour plutôt qu’un aigle ?... En tout cas, vautour ou aigle, Garuda réside dans l’arbre Shalmali.

 

 

 

Pour connaître au mieux la légende de Garuda, il faut se reporter à plusieurs textes. Ainsi la première section du Mahābhārata (L’Ādiparvan) (Chapitre XVI à XXXIV) raconte les années de … ‘’jeunesse‘’ de Garuda.

 

Dans ces textes il a pour père Kashyapa (Vision), et pour mère Vinatā (Celle-devant-qui-le-savoir-s’incline). Cette Vinatā désirait avoir deux enfants. De ce fait elle couvera deux œufs.

 

Du premier œuf naîtra Aruna dit le rouge. Aruna aura pour fonction de conduire le char du soleil. Sa particularité est d’être sans jambe car sa mère, Vinatā, brisa la coquille de son œuf avant terme. Aruna n’était alors qu’àmoitié formé.

 

Du deuxième œuf sortira Garuda. Pour avoir un fils … ‘’dans son entier‘’ Vinatā couvera cet œuf cinq cent ans de plus que le premier.

  

Kashyapa a une seconde épouse : Kadrū (Coupe-d’immortalité), qui elle voulait mille enfants. Ce seront des ophidiens qui sont plus généralement appelés des serpents.

 

Une inimité existait entre les deux femmes, et à la suite d’un pari gagné par triche avec l’aide de ses nombreux enfants, Vinatā devint l’esclave de Kadrū.

 

Garuda va délivrer sa mère de cette soumission et vouer une haine éternelle aux enfants de Kadrū. De ce fait, Garuda deviendra l’ennemi héréditaire des serpents dont il fera son unique nourriture.

 

Seul son demi-frère Shesha, (Çesha) le roi des serpents, celui qui servit à baratter la mer de lait, qui est identifié aux cycles du temps et qui porte le poids de l’univers, échappera au sort de ses tricheurs de frères. Il est écrit dans certains textes que Shesha et Garuda ’ont des rôles parallèles et n’entrent pas en conflit‘’.

 

Ainsi, c’est sur Shesha que repose Vishu endormi. Vishnu prend alors le nom de Nārāyana (Reposant-sur-les-eaux). Alain Danielou rajoute : ‘’Nārāyana‘’ peut aussi vouloir dire ‘’demeure-de-l’homme‘’ ou ‘’Demeure du savoir‘’.

 

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                   La propriété des dieux et des déesses : (suite de la visite)

              Quelques autres gravures sur verre à l’intérieur de la maison :

Photo 1 : Le dieu Brahma, l’un des trois dieux de la Trimūrti hindoue, le dieu créateur, reconnaissable à ses quatre visages. Il est sur son vāhana, un hamsa ou hongsa. L’hamsa laisse parfois sa place à une oie, un cygne ou encore un paon.

Photo 2 : Les quatre vantaux d’une porte fenêtre avec à gauche ‘’Brahma‘’, en gros plan sur la photo de gauche, au centre et à droite une gravure sur verre de Vishnu chevauchant Garuda.

Photo 3 : L’un des représentants des douze signes du cycle duodénaire (Zodiac chinois) le bœuf. Les onze autres signes ont aussi leur place au premier étage de la propriété des dieux et des déesses.

 

 

 

Garuda (suite)

 

En portant secours à sa mère Vinatā, la route de Garuda va croiser celle de Vishnu dont il deviendra la monture ou le vāhana, mais aussi, et c’est le plus important … le porte-parole.

 

Le nom de Garuda se traduit par ‘’Verbe-ailé‘’ ce qui signifie qu’il porte le ‘’verbe‘’ c’est-à-dire la parole ou l’enseignement de Vishnu. Le ‘’dit‘’ de Vishnu prime sur la … ‘’personne‘’ de Garuda. Une légende raconte comment Hari (Vishnu) donna la chair de son bras pour apaiser la faim de Garuda. Garuda est nourri de la pensée de Vishnu.

 

Par exemple, l’un des purānas, (1) appartenant aux six purānas vishnuites, (2) intitulé ‘’Garuda purana‘’ développe la pensée de Vishnu sans dire le moindre mot sur la légende de Garuda. Et lorsque Garuda intervient, dans un poème ou un autre, c’est pratiquement toujours pour glorifier Vishnu et dispenser son verbe, sa parole.

 

Dans l’harivamśa, (3) Garuda donne à Vishnu le nom de ‘’Dieu aux six qualités‘’. (4)  Ce poème relate les descentes successives de Vishnu ou Hari sur terre. Ces descentes ou incarnations sont plus communément appelées ‘’avatars‘’.

 

C’est à l’occasion de ces ‘’avatars‘’ que Vishnu ou Hari-Nārāyana sous différentes identités rétabli l’ordre sur terre, conformément aux grandes lois cosmiques de l’univers.

 

Du point de vue religieux Vishu est Hari, c’est-à-dire celui qui enlève, celui qui efface l’ignorance et ses effets.

 

 

Garuda a pour épouse Unnati  (Le Progrès) appelée aussi Vināyakā (Reine-du-Savoir) dont il eut six fils : Su-mukha (Beau-visage), Su-nāma (Beau-nom), Su-netra (Bel-œil), Su-varcas (Belle-vigueur), Su-ruk (Bel-éclat), Su-bala (Belle-force),

 

Garuda porte plusieurs noms : il y a donc Garuda (Verbe-ailé), puis …Dākshya (Fils-de-l’art-rituel), Gaganeshvara (Dieu-du-ciel), Kāshyapa (Fils de Vision), Khageshvara (Dieu-des-oiseaux), Nāgāntaka (Destructeur-des-serpents), Pakshirāt (Chef-des-oiseaux), Suparna (Le bien-ailé), Tārkshya (Fils-du-mouvement), Vajrājit (Plus-vif-que-l’éclair), Vināyaka (Roi-des-oiseaux, ou roi-du-savoir).

 

 

 

(1) Les purānas sont des poèmes dédiés à un dieu, dont l’initiateur, pour certains d’entre eux, serait le dieu lui-même.

(2) Les six purānas consacrés à Vishnu (Vishnu purāna, (IVèsiècle) Bhāgavata purāna, (IXe-Xèsiècle) Nāradiya purāna, Garuda purāna, Padma purāna et Varāha purāna.) parlent de la création, des observances religieuses, des fêtes, d’astrologie, de médecine, etcetera … etcetera, en rapport avec Vishnu.

(3) L’harivamśa, ou harivāmça date des IIe-III siècle. C’est un long poème en trois parties, postérieure au Mahābhārata et antérieur aux purānas vishnouites.

Le titre de cette suite de vers peut se traduire par : ‘’histoire de la famille d’Hari‘’ ou ‘’la généalogie d’Hari‘’. Hari est l’un des nombreux noms de Vishnu.

Dans les tribunaux indiens les serments sont prêtés sur l’Harivamśa. C’est dire combien cet ouvrage est important.

(4) Les six qualités ou ‘’guna‘’ de Vishnu sont : jñāna, bala, aiśvarya, śakti, tejas, et vīrya, des qualités coéternelles.

 

 

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                   La propriété des dieux et des déesses : (suite de la visite)

                                    Quelques bois peints du 1er étage :

Photo 1 : Phra Mae Gongka ou Khongkha (พระแม่คงคา) l’une des deux filles du mont Méru. C’est aussi la déesse du Gange aux eaux purificatrices. Elle est ici sur son vāhana, un makara (มกร) ; une créature aquatique mythique dont les représentations varient selon les régions. Cela va du crocodile au lion aquatique en passant par des recompositions très imaginatives.

Au Lanna le Makara ou Mom (มอม) ou encore touamom (ตัวมอม) est une espèce de lion aquatique servant de monture au dieu des nuages le dieu Patchunna (เทพปัชชุนนะ). Le dieu des pluies, quant à lui porte le nom de Makaraphahon (มกรพาหน) un nom où on trouve ‘’Makara‘’ (มกร) (le lion aquatique) et ‘’Phahon‘’ (พาหน) dont je n’ai pas trouvé de traduction satisfaisante pour en proposer une.

Photo 2 : L’un des recoins du premier étage.

Photo 3 : Phra Mae Thorani (พระแม่ธรณี) la déesse de la terre. C’est elle que Gautama, le futur Bouddha, dont l’éveil est très proche, prend à témoin lorsque Mara (la personnification du mal) cherche à le détourner de cet éveil.

En réponse à Gautama, Mae Thorani alors essore ses cheveux et de l’eau, symbolisant tous les mérites acquis par Gautama, va s’en écouler … et à flot. L’importance de ces flots est telle qu’ils emporteront Mara et ses sbires. C’est ensuite que Gautama atteindra l’éveil et deviendra … Bouddha.   

 

 

 

Garuda et la Thaïlande :

 

En Thaïlande, Garuda est appelé Khrouth (ครุฑ). Il est depuis 1911 (1) l’emblème du royaume et de la royauté. Comment pouvait-il en être autrement pour celui qui est le vāhana de Hari ou Nārāyana,  Nārāï (นารายณ์) pour les thaïlandais, c’est-à-dire Vishnu, ou plutôt une des formes de Vishnu ?!...

 

Le premier roi de la dynastie Chakri, (2), fut Chao Phraya Chakri, (1737-1809) (เจ้าพระยาจักรี) alors général de l’armée siamoise. Après sa prise du pouvoir en 1782, il fonda Bangkok et se fit couronner sous le nom de Phra Yot Fa (พระยอดฟ้า). Lors de son intronisation Nārāyana/Vishnu fut prié d’incorporer le monarque. (3) De ce fait Phra Yot et ses successeurs sont comme des dieux ou …la réincarnation de Nārāyana/Vishnu au royaume du Siam puis de Thaïlande.

 

Aussi n’est-ce pas par hasard si Phra Yot Fa choisira pour emblème le ‘’Chakri‘’ (4), traduira et adaptera pour ses sujets le ‘’Rāmāyana‘’ qui en Thaïlande porte le titre de ‘’Ramakian‘’ et où Rama, ou Ram, incarne la loi cosmique ou Dharma à laquelle chacun doit se conformer pour que règne l’ordre et la justice.

 

Rétroactivement, sous le règne de Vajiravudh donc, Phra Yot Fa Chulaloke recevra comme nom de règne celui de Rama 1er. Une façon comme une autre pour ne plus douter que les rois Siamois puis Thaïlandais sont bien des réincarnations de Vishnu/Nārāyana dont Rama ou ram fut l’avatar.

 

Garuda porte donc sur son dos le dharma en la personne des rois successifs de la dynastie des Chakri, qui sont de fait des représentants et des protecteurs du dharma bouddhique.  

 

 

 

(1) Le roi Vajiravudh (1881-1925) dit Rama VI, fils du roi Chulalongkorn (1863-1910) dit Rama V, pour hisser le siam au même rang que les puissances occidentales, mais aussi pour affirmer sa différence avec elles, modifia nombre de concepts royaux siamois.

Ainsi, et entre autres, il remplaça le drapeau par celui que nous connaissons aujourd’hui, les armoiries de la dynastie Chakri par l’emblème de ‘’Garuda‘’, et chaque roi de la dynastie Chakri reçu un nom de règne, celui de Rama. Avec le roi actuel, Bhumibol Adulyadej, nous en sommes au 9ème règne de la dynastie Chakri, d’où son titre de Rama IX.

 

Rāma, prince d’Ayodhyā, un nom qui n’est pas sans faire penser à Ayutthaya l’ancienne capitale Siamoise d’autant que Ayutthaya s’écrit aussi ‘’Ayudhya‘’, n’est autre que l’acteur principal d’une des plus grandes épopées indienne, le Rāmāyana.

Ce roi exceptionnel et mythique, soucieux du respect du Dharma, (La doctrine ou le verbe de Vishnu) après moult combats pour mettre fin aux agissements de ceux qui troublaient l’ordre établi, aurait apporté le bonheur et la paix à son peuple durant ‘’trēta-yuga‘’, c’est-à-dire 1.296.000 ans.

 

Rāma est … le 7ème avatar ou le 20ème, c’est selon les traditions … qui ne manquent pas, de … Vishnu, c’est-à-dire la 7ème descente ou … réincarnation de Vishnu sous la forme de Nārāyana  ou Rama sur terre ?!...

 

(2) La dynastie Chakri se dit en Thaïlande : ‘’Ratchawong Chakri‘’ (ราชวงศ์ จักรี)

 

(3) Autrefois, lorsqu’un roi gagnait une guerre il déportait en son royaume une partie de la population du vaincu. Ainsi il se procurait de la main-d’œuvre et maintenait son ennemi en état d’infériorité.

Un vainqueur se devait aussi de neutraliser les puissances protectrices au service de ses ennemis, voire de s’approprier les ‘’accumulateurs‘’ de ces forces, (a) ou les personnes détenant les pouvoirs magiques capables de mettre en place, à leur avantage, ces puissances d’un autre monde ou, d’entrer en relation avec elles voire avec les dieux.

 

Pour ces raisons, en 1431, (b) lorsque les Siamois prirent Angkor, les brahmanes (c) attachés à la personne du roi Khmer, ont été amenés manu militari à Ayutthaya. De ce fait la cérémonie de couronnement d’un roi Siamois prit un tour nouveau, car dès lors le dieu Shiva fut invité à incorporer la personne royale, comme à Angkor. Le roi siamois devenait comme une représentation de Shiva, un interlocuteur privilégié de Shiva, sans que les autorités bouddhiques trouvent à redire.

Chao Phraya Chakri en se faisant sacrer roi devenait lui, non pas un avatar de Shiva mais de Nārāyana/Vishnu dont le vāhana n’est autre que … Garuda.

En résumé : Il y a eu l’ère d’Ayutthaya avec Shiva et il y a l’ère Rattanakosin (Bangkok) avec Vishnu.

 

(a) Chao Phraya Chakri, après le sac de Vientiane en 1778 s’empara du Bouddha d’émeraude, considéré alors et aujourd’hui, comme un … ‘’accumulateur‘’ de forces protectrices, un palladium. Ce Bouddha trône aujourd’hui au Wat Phra Kaew de Bangkok dont les peintures murales relatent les différents épisodes du … Ramakian ; Le Bouddha d’émeraude fut dès lors considéré comme le palladium (Protecteur) de la Thaïlande parce que générateur de forces bienfaitrices et protectrices.

(b) 1431 correspond en France au règne de Charles VII et à la mort de Jeanne d’Arc.

(c) Les brahmanes Khmers étaient les célébrants des rites liés à la sacralisation de la personne royale. C’étaient eux, et eux seuls, qui pouvaient … inviter Shiva à s’incarner dans le corps du roi. Il était donc impératif, pour les Siamois, de les amener à Ayutthaya pour que le roi Siamois puisse lui aussi communiquer avec les dieux de la Trimūrti et rivaliser avec le roi Khmer, voire le dominer. 

(4) Le Chakri s’inspire du chakra, l’arme en forme de disque de Vishnu dont la puissance de destruction est sans limite. A l’intérieur du Chakri figure un trident ou trishula (Le triśūla est une arme à trois pointes), l’arme céleste du dieu Nārāyana, l’une des formes de Vishnu.

Chakri était aussi, du temps d’Ayutthaya, un titre militaire réservé aux plus grands chefs de guerre.

Le titre de Chao Phraya Chakri fut donné au futur Rama I par le roi Taksin, dont il fut l’un des officiers. Taksin (1734-1767-1782) libéra le Siam et le Lanna de l’occupation Birmane.

Le chakra est aussi la symbolisation du dharma, la doctrine de Bouddha dont le roi Thaïlandais est le protecteur.

 

Nota bene : Quand on découvre la … ‘’face cachée‘’ de la royauté thaïlandaise on comprend mieux le respect des Thaïlandais vis-à-vis de leur roi et de leur monarchie.

 

 

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                 L’image de Kwan Yin (Guan Yin ou Guānyīn) (พระกวนอิน).

Cette image en bois de teck d’une hauteur de 4 mètres et d’un poids avoisinant les 800 kilos, est aussi l’œuvre de Monsieur Oros Lamoon (โอรส ละมุน).

Photo 1 : L’image de Kwan Yin en plan général.

Photo 2 : Kwan Yin tient dans la main gauche une brindille de saule dont elle use à des fins médicinales et pour répandre la miséricorde autour d’elle. (Le saule est une plante apotropaïque c’est-à-dire qui conjure le mauvais sort, qui le détourne.) 

Photo 3 : Kwan Yin tient à la main droite un récipient contenant une eau ‘’miraculeuse‘’ qu’elle répand pour purifier les lieux et les être impurs.   

Photo 4 : Kwan Yin se tient debout au cœur d’une fleur de lotus, symbole de pureté et de fécondité. Cette fleur repose sur le dos d’un dragon, symbole de haute spiritualité, de force et de pouvoirs créatifs. C’est comme le Yin (lotus) et le yang (dragon) qui ne faisant qu’un, concourent à l’harmonie du monde. 

 

 

 

Quelques mots sur Kwan Yin (กวนอิน) :

 

 

Kwan Yin symbolise la miséricorde et la compassion. Elle appartient au panthéon du Bouddhisme Mahayana (grand véhicule) et non Hinayana ou theravada (petit véhicule). Mais il n’est pas rare de la découvrir dans certains Wats de Chiang-Mai.

 

 

 

Kwan Yin est une déesse qui porte secours aux gens qui souffre.

 

Sa … ‘’sortie de l’ombre‘’ diffère selon les légendes, mais des légendes d’origines chinoises. Pour les uns ce serait la réincarnation du Bodhisattva Avalokitésvara (1) mais sous l’aspect d’une femme, (2) et pour les autres un syncrétisme cultuelle ne faisant qu’un du Bodhisattva Avalokitésvara et d’une princesse chinoise appelée Miao-Chen ou Miao Shan. (3)

 

La compassion du Bodhisattva Avalokiteśvara était telle qu’il aurait fait le vœu de secourir tous les êtres sans exception, avant de se sauver lui-même, y compris de délivrer tous ceux qui souffrent dans les enfers‘’. Puis, comme pour renforcer ses paroles il alla jusqu’à déclarer ‘’Que ma tête se fende en deux si je ne respecte pas mon vœu‘’.

 

Avalokiteśvara respecta son vœu, mais il lui fut difficile de porter son regard sur toutes les souffrances alors … non seulement sa tête se fendit en deux, mais éclata en plusieurs morceaux. Son père céleste, le Dhyāni-Bouddha de l’Ouest, Amitābha Eupame (Lumière incommensurable ou lumière infinie) avec les morceaux de sa tête en créa onze autres ; ce qui permit à ‘’Avalokiteśvara‘’ de mieux porter son (ou ses) regard sur la souffrance des hommes.

 

Cette légende est, vraisemblablement, à l’origine de l’image de la déesse ‘’Kwan Yin‘’ avec mille bras, des bras tendus vers ceux qui souffrent, et de l’œil figurant à l’intérieur de la paume de la main de chacun de ces bras ; ces yeux signifiant que la déesse voit le moindre appel à l’aide.

 

 

(1) ‘’Avalokiteśvara‘’ est un mot sanskrit, qui s’analyse et se dissèque comme suit :

1/ ‘’ava‘’ signifie de haut en bas

2/ ‘’lokita‘’ qui a pour racine ‘’lok‘’ veut dire tout à la fois : voir, regarder d’un point de vue … ‘’matériel‘’ et, ‘’prendre en considération‘’ d’un point de vue plus … ‘’humaniste‘’.

3/ ‘’īśvara‘’, lui, se traduit par seigneur et maître.

En conclusion le mot ‘’Avalokiteśvara‘’ peut vouloir dire : ‘’Le seigneur qui regarde d’en haut‘’ ou encore ‘’Le seigneur qui regarde le monde avec compassion‘’, voire ‘’le seigneur qui prend en considération ou en pitié‘’ ce qui définit parfaitement le personnage.

 

(2) Un Bodhisattva a le pouvoir de se réincarner sous la forme qui lui semble la plus appropriée par rapport à une situation. Autrement écrit il peut prendre l’aspect d’un homme, d’une femme, d’un animal, d’un oiseau voire d’un insecte.   

 

(3) Miao-Chen ou Miao Shan était la fille du roi Zhōu Xuan Wang (827-781 av.JC). (a) Dès son plus jeune âge elle voulait se consacrer à la vie religieuse, ce qui n’était pas du goût de son père. Cependant il la laissa devenir nonne en demandant à la supérieure du monastère de lui mener une vie d’enfer pour qu’elle change d’avis. Cette demande eut pour effet de conduire la jeune nonne à la mort.

 

Tandis que son corps restera sans vie quelque part dans la nature, son esprit va se retrouver en enfer pour soulager les souffrances des damnés. Du fait de cette présence les sinistres lieux deviennent un véritable paradis, ce qui n’est pas du goût de leurs gardiens. Alors ces derniers vont demander à Bouddha d’intervenir.

 

Suite à cette intervention Miao-chen va renaître sur une île et devenir la protectrice des pêcheurs.

 

Sur son île, elle vient à apprendre que son père est devenu pestiféré et qu’il a perdu la vue. N’écoutant que sa miséricorde et sa générosité elle se rendra auprès de lui et lui donnera à manger la chair de son bras (Comme Vishnu avec Garuda) tout en lui faisant le don de ses yeux.

 

Touché par la compassion de sa fille, le roi qui retrouvera la santé et la vue, se vouera à la sainteté. Cet acte de foi rendra alors les yeux et les bras à sa fille qui ne cessera d’être compatissante envers tous ceux qui viendront la prier.

 

(a) Il semblerait que ce soit le 11ème roi de la dynastie des Zhōu occidentaux, Ji Jing (姬靜) dont le nom posthume est Xuan Wang, le roi Wang. Mais les légendes sont les légendes, tout n’est pas … paroles d’évangile. Ainsi la trame de cette légende varie quelque peu d’un récit à l’autre et, j’ai même lu par exemple, que le roi en question régnait, non pas en Chine mais à Sumatra ?!... nous sommes bien loin du Bouddhisme Mahayana ?!...

Toujours est-il que dans tous les récits Miao Shan garde le beau rôle. 

 

 

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                   La propriété des dieux et des déesses : (suite de la visite)

                     Quelques motifs décoratifs d’un laque du 1er étage :

Parmi les arts décoratifs propres à l’art d’Ayutthaya et Rattanakosin il y a la laque et les incrustations de nacre. La laque est dite ‘’Lai-rot-nam‘’ (ลายรตนำ) ce qui se traduit par laque noir et or.    

Photo 1 : Détail d’un laque noir et or d’une porte d’armoire à manuscrits. Il s’agit du bas de la porte gauche qu’on retrouve en son entier sur la photo suivante.

Photo 2 : Toile peinte représentant les deux portes d’une armoire à manuscrits décorées par le procédé de laque noir et or.

Photo 3 : Détail d’un laque noir et or du haut de la porte gauche de la toile peinte de la photo précédente.

 

 

 

Le Bodhisattva ‘’Avalokiteśvara‘’ serait originaire de l’Inde, mais son charisme, via la route de la soie, vers le 1er siècle le fit connaître en Chine sous le nom de ‘’Kouan Che In‘’ (Celui qui entend les cris des femmes) ; puis au fils des siècles, ce sera au Tibet sous celui de ‘’Chienzeri‘’ ou ‘’Chenresi Vanchoug‘’, (Le puissant qui regarde avec les yeux), au Japon sous celui de ‘’Kwannon‘’, en Corée ‘’Gwan-eum‘’ et au Vietnam ‘’Quan Âm‘’ ou ‘Tượng Quán Thế Âm‘’ ; en résumé, le culte de ce Bodhisattva a grandi là où s’est développé le bouddhisme Mahayana.

 

Au Tibet, dont ‘’Avalokiteśvara‘’ deviendra le protecteur, les dalaï-lamas sont considérés comme des incarnations successives de ce Bodhisattva. Ce qui signifie que le dalaï-lama actuel est une réincarnation du Bodhisattva Avalokiteśvara. (1)

 

Le culte d’Avalokiteśvara pénétra au Tibet vers le VIIe siècle, et sa première réincarnation humaine aura lieu sept siècles plus tard en la personne du Lama Gedun Trubpa ou Gedun Drupa (1391-1474) qui rétroactivement deviendra le 1er dalaï-lama. Le titre de ‘’dalaï-Lama‘’ n’entrera en vigueur qu’à partir du 3ème grand lama, Sonam Gyatso (1543-1588).   

 

 

Autrement écrit, Avalokiteśvara tient une place particulière et privilégiée dans le panthéon du Bouddhisme Mahayana (Grand véhicule). Mais cette place a d’abord et toujours été tenu par un être de sexe masculin.

 

Puis pour des raisons qu’on ignore et à une date inconnue, en Chine, une déesse, peut-être par la vertu de dhyāna, (2) a été conçue à partir d’Avalokitésvara, ou plutôt du Bodhisattva ‘’Kouan Che In‘’ (Nom Chinois d’Avalokitésvara) … la Bodhisattva Kouan In, ou Guan Yin. Une femme qui, tout comme un Bodhisattva homme, aurait connu l’éveil mais qui a voulu rester sur terre pour soulager la misère et la détresse du genre humain.

 

Déjà sous la dynastie des Tang (618-907) le peintre Wou Tao-tseu (Wu Daozi) (680-755 environ) avait croqué un ‘’Kouan Che In‘’ aux pieds nus quelque peu efféminé. Puis sous la dynastie des Song (960-1279) nombre d’images (Statues) d’Avalokiteśvara (3), mais d’un Avalokiteśvara aux traits androgynes, ont été créées.

 

La profusion de ces œuvres en trois dimensions pourrait signifier qu’à cette époque, plus qu’à une autre ?... les populations vivaient dans une grande insécurité (Invasions Mongoles.) et mettaient tous leurs espoirs en ce Bodhisattva d’où un culte en expansion (profusion des statues) et une dérive vers une féminisation d’Avalokiteśvara ?!... car qui mieux qu’une mère vient au secours de son enfant ?...

 

Toujours est-il que vers le XVIe siècle, trois siècles plus tard, les toute premières images de ‘’Kouan In‘’ la représentèrent portant un enfant dans ses bras ou sur ses genoux ; vers le XVIIIe siècle Kouan In avait à ses côtés deux enfants ‘’Chan-ts’ai‘’ un garçon et ‘’Long-Niu‘’ une nagi.      

 

Kouan In fut aussi représentée au milieu des eaux, assise sur un rocher symbolisant le Mont Potalaka (1) avec à ses côtés un vase et une branche de saule. Cette image l’assimilait parfois à la déesse ‘’Ma-tso-po‘’ la déesse de la mer.

 

Aujourd’hui ses images varient selon de nombreux critères dont plus particulièrement la légende de Miao Chen ou Miao Shan, dont il existe 33 attitudes plus ou moins définies. Mais l’imagination des artistes et les appétences de ses adeptes font que beaucoup d’images de cette Bodhisattva, malgré leur nombre considérables, restent encore à créer.

 

Kouan In s’orthographie de bien des manières : Gouan In - Guan Yin – Kuan Yim - Kwam Im – Kuan Yin et en thaï กวนหยิน mais aussi กวนอิน … et … j’en oublie très certainement, d’un côté comme de l’autre ?!...  

 

 

(1) La résidence du dalaï-lama à Lhassa au Tibet, porte le nom de ‘’Potala‘’. Le Potala est la demeure mythique du Bodhisattva Avalokiteśvara.

L’autre chef religieux du Tibet est l’incarnation du Bouddha Amitabha, le père d’Avalokiteśvara, et la ‘’supérieure générale‘’ de tous les ‘’couvents‘’ de femmes du Tibet est l’incarnation Pārvatī la parèdre de Shiva.

Le mot potalaka qui sert à désigner le mont servant de piédestal à Kouan In au milieu des eaux, dérive vraisemblablement de l’association des mots potala et loka. Le premier désigne la demeure mythique d’Avalokiteśvara et le second est synonyme de monde et paradis.

(2) Un Dhyāni-Bouddha a la possibilité de pouvoir créer, à partir de sa propre substance, un Dhyāna-Bodhisattva, qu’on pourrait comparer à un ‘’fils céleste‘’ ; dans le cas présent, une ‘’fille céleste‘’.

Amitābha, le Bouddha de l’Ouest aurait créé à partir de sa substance le Bodhisattva Avalokiteśvara.    

(3) De nombreux musées de par le monde possèdent une image (Statue) d’Avalokiteśvara réalisée sous la dynastie des Song. Tapez ‘’Song Avalokiteśvara‘’ sur votre ordinateur et vous constaterez que ces images sont nombreuses et que le sujet est beaucoup plus féminin que masculin.  

 

 

                                                         Bref !...

 

                             ROÏTHAWARABAN – BANTHEWALAÏ

                                                             ou

                      La PROPRIETE DES DIEUX ET DES DEESSES

 

... donne à voir à regarder et à se cultiver surtout si vous vous intéressez à l’art d’Ayutthaya et Rattanakosin mais ne cherchez surtout pas quelque trace du riche passé du Lanna, vous ne trouverez RIEN !....

 

Cependant la culture siamoise et celle du Lanna ont en commun le … bouddhisme. Et la visite de ce lieu peut contribuer à vous aider à mieux comprendre certaines peintures ou sculptures Lanna. Ainsi, par exemple, Kwan Yin est de plus en plus présente au Lanna, surtout dans les nouveaux temples chinois mais aussi … bouddhiques.

 

 

Cette propriété me fait un peu penser à la maison du facteur Cheval, car c’est un merveilleux bazar qui demande un peu d’ordre. Certes, l’ensemble est loin d’être terminé, plus de 50 artistes auraient déjà apporté leur contribution à ce petit trésor en devenir, mais déjà la propriété vaut le détour. Ce … détour peut se coupler avec la visite du Musée des maisons du Lanna, (Maisons Kalê) voire le Wat Umong ou le Wat Suan Dok.

 

Au rez-de-chaussée il y a un stand où des ‘’souvenirs‘’ sont proposés au public et ou se trouve un tronc pour participer à la suite des travaux d’embellissement car … l’entrée est libre et gratuite.

 

Nota bene : On peut accéder à la propriété en voiture et s’y garer, il y a un tout petit parking, mais on peut aussi stationner sur le bas côté de la rue qui surplombe la propriété.

 

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Photo 1 : Une œuvre représentant Brahma ou Phra Phrom (พระพรหม) sur son vāhana, un hamsa ou hongsa. Elle est en attente d’être accrochée au-dessus de la porte d’entrée de la propriété. Elle est contre un mur dans un coin de la cour au côté de Shiva.

Photo 2 : Une peinture de Shiva sur sa monture le taureau Nandi. Shiva est reconnaissable au croissant de lune près de sa couronne, à son 3ème œil sur le front (jñāna cakşus) et à sa trishula (trident). L’œuvre est à la fois peinture et ‘’Lai-rot-nam‘’ (ลายรตนำ)  à savoir laque noir et or dont j’ai déjà parlé. A noter que le mot ‘’lai-ลาย‘’ signifie dessin et ‘’rotman-รตนำ‘’, arroser mais … le verbe ‘’arroser‘’ recouvre ici un sens religieux car c’est ce mot ce qui sert à désigner une cérémonie … d’aspersion, et le … lai-rotman servait surtout à décorer les ustensiles ou meubles religieux.

Photo 3 : Anupong Kid-arn (อนุพงษ์ คีดฉ่รน) un  artiste reproduisant une scène du Ramakian.    

 

 

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                                                  Monsieur Khem Maruekapitak (เข้ม มฤคพิทักษ์)

 

 

 

                                                                                     Jean de la Mainate - Décembre 2014



26/12/2014
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