MerveilleuseChiang-Mai

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RONDS-DE-CUIR SEVISSENT ... TOUJOURS ET PARTOUT !... (LES)

LES RONDS-DE-CUIR SÉVISSENT …

                … TOUJOURS ET PARTOUT !...

 

 

Quand un vicomte rencontre un autre vicomte, qu'est-ce qu'ils se racontent ?... des histoires de vicomtes nous dit la chanson !... (*)


Et quand un Farang rencontre un autre Farang, sur quoi porte leur harangue ?.... sur des histoires de Farangs nous amène à constater la vie d’expatriée !....

 

En général, ce sont surtout les Thaïs qui font les frais des harangues de Farangs. Car leur façon de faire n’est pas tout à fait semblable à celle de ces derniers, et de loin s’en faut !....

 

Mais il n’y a pas mieux que les fonctionnaires, surtout ceux chargés des visas, pour déclencher les rires et les catilinaires au sein d’un groupe d’expatriés.

 

Et je dois dire que la dernière histoire de visa qui m’a été racontée ne manquait pas de sel.

 

Mais ne sommes-nous pas en Thaïlande ?... Un pays où les cuisiniers ont la main un peu lourde sur les épices ?....

 

Alors pourquoi les fonctionnaires ne pourraient-ils pas, à défaut d’être lourds sur quelque chose, être à cheval sur le règlement ?....

 

 

Trêve de bavardages, venons-en à notre sujet, ou plutôt à notre citoyen, qui malgré son statut conféré par la République de son pays natal, la France, préfère vivre dans un royaume plutôt qu’en terre républicaine.

 

Donc, Pierre est Français. Il vit  à Chiang-Mai depuis des années, et avec des comptes bancaires plutôt bien garnis, et même un peu trop à mon avis. Car avec le baht on n’est jamais à l’abri d’une surprise. C’est un garnement plein de vie et plein d’allant qui peut descendre tout aussi vite qu’il est monté. Mais, chacun voit midi à sa porte ?!...


Donc Pierre étant tombé sous le charme du Lanna et de ses créatures de rêves, pour pouvoir rêver en toute légalité doit faire renouveler son visa tous les ans.

 

C’est un visa non-immigrant de catégorie O-A, dit visa de long séjour. Et pour obtenir celui-ci à l’immigration de Chiang-Maï, entre autres documents, le demandeur doit produire une lettre de sa banque certifiant que son compte est bien créditeur d’au moins 800.000 bahts, soit environ 16 à 17.000 euros !...

 

D’ailleurs certaines banques, dont la Bangkok-Bank, non satisfaites des profits qu’elles peuvent faire grâce au cumul de ces dépôts, profitent de la situation pour racketter au passage de trois cent bahts tous leurs clients qui ont besoin  de cette certification.

 

Il y a des jours où la Thaïlande est hors de prix, surtout quand il s’agit de faire payer le Farang. Car la lettre est toute simple : trois lignes maximum qui doivent demander dix minutes de frappe tout au plus !...

 

Mais c’est 300 bahts, soit environ le salaire journalier d’une employée de banque !....

 

Bref !... Pierre a deux comptes et avec plus de 800.000 bahts sur chacun d’eux. Alors pensait-il, ‘’si les fonctionnaires doivent me chercher des poux ce ne sera pas pour les 800.000 bahts !.... ‘’ Et bien si, Pierre se trompait. Ce fut à cause de ces 800.000 bahts qu’il dût en découdre toute une matinée.

 

Cette matinée là, dès neuf heures, Pierre se présenta à l’immigration avec tous ses formulaires parfaitement remplis, toutes les photocopies demandées, et même ses deux carnets bancaires pour le cas où !....

 

Comme il était le premier, il s’était dit naïvement qu’en trois coups de tampons tout allait être réglé.

 

Seulement voilà, en Thaïlande comme en France le règlement, c’est le règlement, et il est le même pour tout le monde. Pierre allait l’apprendre à ses dépens !....


Au début, tout alla très vite. Normal puisque Pierre avait tous ses papiers, et même ceux dont il n’avait pas besoin.

 

Et puis un tout jeune fonctionnaire, dont l’encre du diplôme ne devait pas être tout à fait sèche, demanda à Pierre son carnet bancaire.

 

L’âme sereine, Pierre s’exécuta. Puis commença à s’inquiéter quand il vit que le zélé serviteur du royaume mettait un certain temps à lui rendre son bien.

 

Et Pierre eût raison d’avoir des craintes car l’heureux gagnant avait découvert que sur le compte bancaire il y avait 826.204 bahts et non pas 825.150 comme c’était écrit sur la lettre bancaire !...

 

 

A cause de ces 1.054 bahts de différence Pierre allait vivre un cauchemar, qui aurait fait le bonheur de Courteline.

 

En effet, comme les deux chiffres ne correspondaient pas entre eux, d’après le jeune rond-de-cuir le visa ne pouvait plus être accordé.

 

Pierre tenta bien d’expliquer que pendant que la secrétaire s’était mise à taper sa lettre de certification, le caissier en avait profité pour porter un reliquat d’intérêts sur son avoir.

 

Mais le jeune fonctionnaire resta sourd à ces explications. Il n’avait qu’une idée en tête : que les deux montants soient identiques, un point c’est tout.

 

Alors il conserva la lettre bancaire de Pierre, et pria ce dernier d’aller à sa banque faire régulariser la situation.

 

En passant, je me permets de faire remarquer qu’avec sa lettre d’un coût de 300 bahts, la banque récupère en dix minutes le tiers des intérêts qu’elle avait versés à Pierre !...

 

 

Bref !... Pierre obtempéra certain que sa banque pourrait invalider momentanément les intérêts qu’elle lui avait si généreusement octroyés et versés.


Hélas !... pour des raisons informatiques et comptables la banque ne put et ne peut annuler ce genre d’opération !...

 

Par contre, moyennant trois cent bahts elle pouvait refaire une lettre de certification du nouveau montant. Ce que Pierre refusa tout net, pour le principe.

 

Chacun des partis, l’immigration, Pierre et la banque, campa sur ses positions toute une matinée. Et Pierre en fut pour quelques allers et retours entre la banque et l’immigration.

 

Et puis après un énième retour à sa banque Pierre tapa du poing sur la table, c’était moins risqué qu’avec un représentant de l’administration, et menaça carrément de changer de banque sur le champ si !....

 

Alors sentant l’orage gronder, le directeur de l’agence bancaire prit son courage à deux mains, ainsi que le téléphone, et appela l’immigration.

 

Que se dirent-ils ?... Pierre n’en sut rien et n’en saura jamais rien. Mais du côté banquier la conversation n’était pas des plus calmes. Ce qui est très rare au Lanna !...

 

Lorsque Pierre, à la demande de son banquier, se représenta à l’immigration, il retrouva alors tous ses biens dont son passeport, et avec sur l’une de ses pages … le fameux visa !....

 

 

L’odyssée de Pierre a fait la joie des farangs de Chiang-Mai. Mais il y a fort à parier pour qu’elle fît aussi celles des banquiers et des fonctionnaires. Car selon le narrateur la version n’est jamais tout à fait la même !...

 

En effet quand on raconte une histoire c’est souvent pour se donner le beau rôle. Sinon pourquoi le vicomte raconterait-il des histoires de vicomtes quand il rencontre un autre vicomte ?....

 

(*)    Paroles de Jean Nohain, musique de Mireille dont Maurice Chevalier fit un tube avant l’heure des tubes.



17/01/2010
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